Le parc de Pré-Au-Lard

Le silence fût brisé par un bref merci, qui s'envola immédiatement à travers une bourrasque de vent. Puis, l'homme entreprit d'allumer la clope que la jeune sorcière lui avait donné. Elle s'apprêtait à partir, cette situation devenait quelque peu gênante. Personne ne parlait, l'individu semblant plongé dans ses pensées. Puis, il releva son regard vers elle. C'était bizarre. Axelle était habituée aux regards pervers, mais ce n'est pas ce genre de regard qui l'observait présentement. Des yeux curieux, troublés, que Higgs la brune soutint.

- Vous n'avez pas cours aujourd'hui ? Je suppose que vous êtes en dernière année à Poudlard ? demanda-t-il finalement.
- Euhh.. non. Non, on a pas cours le samedi, rétorqua la jeune sorcière avec un sourire gêné.

Il était un peu à côté de la plaque, non ? Pourtant, il ne semblait pas faire parti de troisième âge. Certes, il possédait quelques ridules au coin des yeux, mais son visage n'était pas sillonné par les rides et aucun cheveux blanc venait strié sa chevelure. Mais ce n'était pas ça le plus curieux. Un autre détail vint titiller la curiosité de la jeune fille. Il avait supposé que la Serpentard se trouvait en dernière année avec une certaine assurance. La connaissait-il ?

- Et oui, je suis en dernière année... répondit-elle, sceptique, relevant ses yeux azurés vers lui.

Il y a quelques temps, Higgs la verte n'aurait fait aucun drame à ce propos. Mais voilà, elle ne pouvait plus se permettre cette insouciance. Axelle n'était plus une enfant et, d'ici quelques mois, elle ne serait plus protégé par Poudlard. L'ennemi pouvait se trouver partout.

- Dites, nous nous sommes déjà croisés quelque part ? laissa échapper la sang-pur.

Ahh oui... le samedi... férié...

Aleor avait misé juste : Axelle était bien en dernière année. Cependant, la situation était tendue, certainement car Axelle l'était, et cela se comprenait, car Aleor savait des choses qu'Axelle ne devinait pas et qui l'auraient tout autant surpris. Malgré tout, l'homme ne semblait pas totalement étranger au regard de la fille de Clyde Higgs car celle-ci lui demanda :

Dites, nous nous sommes déjà croisés quelque part ?

Le visage d'Aleor avait changé subitement, et ce dernier était parti loin dans ses pensées. Peut-être que le peu de temps passé avec sa nièce avant la disparition du parrain avait suffit à ce qu'Axelle retienne le visage de son oncle ? Le seul fait qu'Axelle avait eu l'impression d'avoir déjà vu Aleor était pour lui un signe de réconfort et même de joie. Et d'ailleurs, comment cacher ce secret alors qu'Axelle donnait toute occasion à dévoiler cela, ce qui méritait d'être crié aux toits, le retour d'un oncle et d'un parrain disparu. Mais il fallait garder le secret, c'était comme ça...

Il se pourrait bien... il y a bien longtemps, car je suis revenu que depuis peu ici.

Non, le secret n'était définitivement pas tenable, il fallait partir avant de ne faire une gaffe. C'est ainsi que sans rien dire, Aleor fit demi tour et prit le chemin de sa chambre d'hôtel. Mais a peine quelques pas furent franchis qu'il se retourna subitement et revint précipitamment vers sa nièce et lui dit d'un air presque paniqué :

Axelle ! Oui parce que c'est bien comme ça que tu t'appelles, je le sais. On s'est déjà croisés quelques parts, il y a dix sept ans à peu près, lorsque tu étais... petite. Et tu pourrais croire que je t'espionnais mais pas du tout, le hasard des choses a fait que nous nous croisons ici, dans ce parc. Je te reconnais, tu as le même regard que ton père, mon frère. Je suis ton oncle Axelle, ton parrain même !

Aleor était tout excité et n'avait su par quoi commencer. D'un geste de tête, il désigna la cigarette que sa nièce tenait entre ses doigts et remarqua :

A l'époque tu ne fumais pas encore, alors il me faut quand même te faire la remarque, c'est pas bien Axelle. Tes parents le savent ?

Aleor n'avait pas remarqué, mais pendant qu'il avait avoué à Axelle son identité, il avait, d'un geste de bras, jeté sa cigarette qui était retombée et s'était éteinte dans la neige.

Pensif, un peu perdu même, l'homme marmonna quelque chose par rapport au samedi qui était férié. Cependant, la dernière interrogation de la verte et argent fit réagir l'étranger. Il sembla se renfermer encore plus dans ses pensées et son regard paru troublé. Quelques secondes s'envolèrent et la jeune sorcière allait ajouter quelque chose lorsque l'homme répondu :

- Il se pourrait bien... il y a bien longtemps, car je suis revenu que depuis peu ici.

Il était resté évasif et, n'ajoutant rien d'autre, il fit demi-tour, s'éloignant. La bouche légèrement entrouverte de stupéfaction, la sang-pur le regarda s'éloigner. Alors qu'elle-même allait poursuivre son chemin, l'individu fit volte-face et en quelques enjambés fut de nouveau posté face à Higgs la verte. Pourtant calme quelques minutes auparavant, l'étranger était dorénavant agité. Ses pupilles dilatées étaient un signe d'excitation, tout comme ses mains qui gesticulaient dans toute les direction.

- Axelle ! s'écria-t-il, comme frappé par un éclair de génie. Le ton de sa voix prouvait qu'il n'était plus calme, car le débit était plus rapide et saccadé. Oui parce que c'est bien comme ça que tu t'appelles, je le sais. On s'est déjà croisés quelques parts, il y a dix sept ans à peu près, lorsque tu étais... petite. Et tu pourrais croire que je t'espionnais mais pas du tout, le hasard des choses a fait que nous nous croisons ici, dans ce parc. Je te reconnais, tu as le même regard que ton père, mon frère. Je suis ton oncle Axelle, ton parrain même !

Splaf. Claque mental monumental. Hébétée, elle fixa celui qui prétendait être son parrain et qui avait tout dévoilé d'un bloc. N'avait-elle pas le même parrain que Zoey, soit l'un de ses oncles du côté maternel ?

- À l'époque tu ne fumais pas encore, alors il me faut quand même te faire la remarque, c'est pas bien Axelle. Tes parents le savent ?

Sa phrase s'était terminée sur un ton plus enfantin, bien qu'il réprimandait la jeune fille. Cette dernière, muette, secoua la tête de gauche à droite. Et comme pour approuver ses dires, il avait jeté sa propre cigarette dans la neige. Ce à quoi la Higgs failli répliquer un «hey !», elle avait déjà de la difficulté à s'en procurer sans soucis et voilà qu'il en gaspillait une. Cela confirmait cependant ses précédents soupçons ; c'est bel et bien le nom de son père qu'elle avait entendu.

- Et pourquoi il ne m'a jamais parlé de vous ? Tu as trahis la famille ? C'est pourquoi tu t'es enfuis ?lança-t-elle, un peu sur la défensive, mais encore abasourdie par cette incroyable nouvelle.

C'est vrai, pourquoi on ne lui avait jamais parlé de cette homme ? Dans un geste nerveux, elle tira une nouvelle bouffée sur sa cigarette qu'elle cracha dans les airs quelques instants plus tard.

{RP unique}

Aaaah, Pré-au-Lard... Ses boutiques animées, sa cabane hurlante et ses légendes, ses grands parcs mystérieux...

Era était de retour ici, à sa plus grande tristesse. Elle ne pouvait s'empêcher de repenser à Alice, et à surtout à sa disparition. Son ancienne demeure n'était pas bien loin. Depuis des semaines maintenant elle cherchait son amie, ne sachant pas ce qui lui était arrivé, et ni même si elle était toujours vivante. Toujours était-il qu'aujourd'hui la jolie rousse n'était pas ici pour chercher son amie, mais pour faire son boulot. Elle tenta alors de chasser ses problèmes de son esprit, et avança d'un pas décidé à travers les rues du village sorcier.

L'hiver était vigoureux, comme chaque année. La neige recouvrait le sol et, ça et là, elle tombait des branches des arbres, trop alourdies par son poids.

Ce jour-là il ne neigeait pas, en revanche un vent glacial venait fouetter le visage de la rouquine qui s'emmitoufla davantage dans sa cape.

C'était le week-end, jour de sortie pour les élèves de Poudlard qui pouvaient s'octroyer quelques heures de détente à fureter dans les bars et les boutiques magiques. Era les enviaient un peu. Bien qu'informés du retour des mages noirs, les enfants, en tout cas les plus jeunes, avaient ce pouvoir de redevenir insouciants à la moindre occasion. Quelle aubaine ! Mais le monde des adultes étaient différent, plongé dans la crainte, l'angoisse, pour diverses raisons. Et lorsque l'on est Auror, il est encore bien plus compliqué de se détacher des ennuis de la communauté. En réalité c'est même impossible, puisque son job consiste à, justement, protéger la communauté autant qu'elle le peut...

Toute à ses pensées, la jeune femme remarqua à peine les élèves rieurs traversant les rues du village pour se rendre d'un magasin à un autre, et ses pieds la menèrent directement vers le parc de Pré-au-Lard. Après tout, rien hormis les rires des étudiants n'avaient attiré son attention jusque là. Elle ferait un nouveau tour du village à son retour, se disant que maintenant qu'elle était ici, elle allait voir si rien de suspect ne nécessitait son intervention.

Le parc était agréablement silencieux. Ni les rires, ni les discussions ne venaient troubler le calme qui régnait. Enfin presque. Des éclats de voix, à la fois enthousiastes et nerveux vinrent troubler la quiétude du parc. Era fronça les sourcils, et vit un peu plus loin, un homme se hâter vers une jeune fille. La sorcière regarda la scène de loin, prête à agir si besoin. Finalement, elle desserra l'étreinte de sa main sur sa baguette cachée dans la poche de sa cape. Ce n'était rien d'autre qu'un homme euphorique qui s'adressait manifestement à une de ses connaissances.

Malgré tout, la sorcière resta quelques minutes de plus dans le coin, s'asseyant sur un banc et faisant mine de lire le journal pour être sûre que tout allait bien. La discussion des deux sorciers allait bon train, pas de haussement de voix, pas de soucis. Era pouvait continuer sa marche tranquillement. Elle se trouva quand même un peu ridicule sur le coup. Voir le mal partout, douter de tout le monde... En même temps, avec les derniers derniers événements, rien ne la rassurait vraiment et elle préférait douter de quelqu'un plutôt que de passer à côté d'un éventuel problème grave. La sorcière passa devant les deux seules personnes présentes et à priori innocentes, et s'enfonça dans le parc pour en faire le tour.

Rien, nada. Les seules âmes qu'elle croisa furent quelques animaux qui détallèrent à son approche. Alors enfin, la sorcière regagna la sortit du parc, et prit la direction de la cabane hurlante.

Axelle était portée sur la défense, elle restait sur ses gardes et était encore sceptique sur ce que lui avait annoncé Aleor, après tout, ce dernier s'y attendait, et c'était d'ailleurs la raison pour laquelle il n'avait voulu se révéler aux autres. Il regrettait peut-être même d'avoir fait part de son identité à Axelle, mais il était trop tard pour faire demi tour. Sa filleule demanda :

Et pourquoi il ne m'a jamais parlé de vous ? Tu as trahis la famille ? C'est pourquoi tu t'es enfuis ?

Aleor prit un air vexé et rétorqua :

Je sais bien n'avoir pas été enfant exemplaire chez les Higgs mais je pensais avoir marqué les esprits un peu plus que ça...

Le fait qu'Axelle n'ait pas été mise au courant de la présence d'un dernier frère dans la famille, de plus qui était son parrain, était chose étrange. Mais peut-être la famille Higgs avait fait un tabou de sa disparition ? Peut-être même qu'eux savaient ce qui lui était arrivé ?

En tout cas, je n'ai trahi personne, je... me suis absenté.

Aleor ne voulait pas encore révéler le fait qu'il avait disparu et que lui même ne savait pas ce qu'il était devenu les dix-sept dernières années précédent sa réapparition à Pré-au-Lard, la chose était encore trop invraisemblable et Axelle ne l'aurait probablement pas cru.
Il fallait admettre que la fille de Clyde était belle, elle devait attirer les garçons de Poudlard sans nul doute, mais ce qui irritait Aleor chez elle, c'était définitivement cette cigarette, même si lui fumait également. D'un geste brusque, il attrapa la cigarette d'entre les doigts de sa filleule et la balança dans la neige. Puis il finit par dire :

Enfin voilà, je suis Aleor, Higgs, ton oncle et parrain.

L'air douteux et les questions pièges d'Axelle ne plurent pas à Aleor qui fronça les sourcils, un air outré empreint sur le visage qui lui rappelait effectivement les Higgs. Il déclara ne pas avoir été un enfant exemplaire, mais ne pensais pas qu'il avait été oublié à ce point ! Il va sans dire que la Serpentarde était intriguée. Pourquoi ne lui avait-on jamais parlé de cet oncle, ce parrain ? Après tout, il devait être important -et apprécié- si Clyde lui avait confié ce rôle.

- En tout cas, je n'ai trahi personne, je... me suis absenté, expliqua-t-il, non sans hésiter, sortant ainsi la sinople et argent de ses pensées.

Leurs regards se croisèrent à nouveau et, tout-à-coup, les ressemblances physiques qu'il avait avec les autres membres masculins de la famille lui apparaissaient soudainement évidentes. Elle allait ajouter quelque chose lorsque, sans prévenir, sa cigarette s'enfuit de se lèvres et s'écrasa dans la neige. La sorcière se retint de gueuler et lança simplement un regard noir.

- Enfin voilà, je suis Aleor, Higgs, ton oncle et parrain, lança-t-il d'un ton semi-bourru, toujours embêté par la relation qu'entretenait Axelle avec la cigarette.

L'information était lentement mais sûrement assimilée par la filleule de l'individu. C'était étrange et elle ne concevait toujours pas pourquoi sa disparition avait été tabou. Malgré les informations qu'elle avait eu sur le cas de son frère, Axelle ne pouvait s'empêcher d'y voir là une étrange coïncidence. À croire qu'il planait une malédiction chez cette famille.

- Alors, comme tu le sais, je suis Axelle Higgs et enlever ma cigarette alors que je la fume ne fera pas en sorte que j'arrêterais. Je le ferais simplement lorsque tu ne seras pas à, nuance. En prime tu devras endurer mon caractère merdique car je suis en manque de nicotine.

Et après une brève pause elle ajouta :

- Enchantée.

C'était troublant. Comment combler dix-sept ans d'absence ? Comment Aleor voyait-il son rôle de parrain : présent ou non ? Higgs la verte devrait s'habituer à ce nouvel individu dans son entourage.

- Et, euh, maintenant ? C'est la première fois que je découvre un parrain caché, je suis un peu novice... Papa sait pour ton retour ?

Alors, comme tu le sais, je suis Axelle Higgs et enlever ma cigarette alors que je la fume ne fera pas en sorte que j'arrêterais. Je le ferais simplement lorsque tu ne seras pas à, nuance. En prime tu devras endurer mon caractère merdique car je suis en manque de nicotine.

Elle ajouta :

Enchantée.

Elle était drôle Axelle, cela faisait plaisir de la revoir, et quand bien même elle allait recommencer à fumer dans le dos de son parrain, comme elle l'avait annoncé sur un ton provocateur et énervé, c'était sa filleule et elle n'avait pas l'air de se faire mener dans la vie, et c'était important.
A ce propos, répondant dans la provocation, Aleor sortit son propre paquet de cigarettes et en sortit une qu'il alluma tout en rétorquant :

Très bien... Enchanté.

Axelle avait également posé une question pertinente, celle qui montrait son désir de savoir comment allait s'envisager la suite du retour de son parrain au sein de la famille, au sein de sa propre vie en fait.

Et, euh, maintenant ? C'est la première fois que je découvre un parrain caché, je suis un peu novice... Papa sait pour ton retour ?

Aleor reprit un ton pensif, les yeux rivés vers un arbre blanc qu'il ne regardait absolument pas. Gardant son regard sur l'arbre, recrachant la fumée mêlée à la vapeur, il répondit :

Non il n'en sait rien, personne n'est au courant, à part toi, et il aurait peut-être mieux fallu que tu n'en saches rien non plus.

Les yeux bleus d'Aleor se tournèrent vers l'adolescente et il continua :

Je compte sur toi pour garder le secret car je ne comptais pas annoncer mon retour tant que je ne sais pas d'où je suis revenu.

Aleor expliqua alors brièvement sa disparition et son retour à Pré-au-Lard et ses recherches depuis trois mois qui lui avaient permis de se souvenir des Higgs notamment.

D'ailleurs, si personne ne t'a parlé de mon existence, je ne crois pas qu'ils aimeraient me savoir de retour ; non, c'est une mauvaise idée et il faut que tu le gardes pour toi, absolument.

Un légère bourrasque suffisamment fraîche vint faire trembloter Aleor qui ajouta encore :

Pour le moment, il faut que je me stabilise, j'ai pas forcément de travail. Les Aurors c'est terminé pour moi a priori, mais je me demandais justement si je ne pouvais pas profiter d'être ici pour enseigner un certain temps à Poudlard, ça gagne bien ça non ? Il faudrait que je trouve un pseudonyme par contre, sinon ça ne marcherait pas bien sûr. En étant à l'école, tu ne pourrais pas me trouver une place quelque part ?

La question était intéressante, sa situation se serait améliorée s'il parvenait à être professeur au sein de l'école de Poudlard. Cependant, la chose n'était pas aisée compte tenu du fait qu'il avait disparu il y a longtemps de cela et qu'il fallait qu'il maintienne le secret au niveau de son identité. Il se voyait déjà professeur de défense contre les forces du mal, ou d'enchantement, pour mettre en oeuvre ce qu'il avait fait durant sa courte expérience chez les aurors.

Toujours dans et esprit de provocation, Aleor enfouit sa main de sa poche, tout près de son arme. Il en ressortit un paquet de cigarettes pratiquement neuf et, d'un geste rapide, en attrapa une qu'il porte à sa bouche. Il adressa un bref regard à la jeune fille et, tout en allumant sa cigarette il rétorqua qu'il était enchanté.

Lorsque la Serpentard mentionna son père, l'individu sembla se perdre dans ses pensées. Ses yeux fixèrent un arbre quelques mètres plus loin, ignorant momentanément la jeune fille. Puis, il répondit enfin :

- Non il n'en sait rien, personne n'est au courant, à part toi, et il aurait peut-être mieux fallu que tu n'en saches rien non plus.

Ça y est. Axelle était à nouveau mêlé à des secrets scrupuleux. Ça en devenait presque lassant. Avec un regard autoritaire il mentionna compter sur elle pour qu'elle ne divulgue rien. Il résuma ces derniers mois et la Higgs ne pouvait s'empêcher de penser qu'il s'agissait d'un drôle de récit. Aleor restait évasif, pourquoi ?

- D'ailleurs, si personne ne t'a parlé de mon existence, je ne crois pas qu'ils aimeraient me savoir de retour ; non, c'est une mauvaise idée et il faut que tu le gardes pour toi, absolument.

La sorcière ne répondit pas, signe qu'elle n'était as entièrement disposée à tenir le secret. Ne remarquant pas trop ce scepticisme, monsieur Higgs poursuivit. Il parla de se stabiliser, mais sans travail cela allait être risqué. Fixant toujours la jeune fille, elle sembla lui donner une idée, car il parla immédiatement de Poudlard. Les yeux d'Axelle devinrent rond, mais il racontait n'importe quoi ! C'était insensé.

- Il faudrait que je trouve un pseudonyme par contre, sinon ça ne marcherait pas bien sûr. En étant à l'école, tu ne pourrais pas me trouver une place quelque part ? termina-t-il.

Ce n'était pas un peu risqué ? Un pseudonyme ? Ce n'était pas le seul détail à régler et Aleor semblait persuadé que la préfète pouvait lui faire une place à Poudlard. Elle se voyait déjà devant le bureau de Renata qui la transpercerait de son regard glacial. Sans doute l'accuserait-elle de vouloir faire entrer un Mangemort dans la place.

- Si t'es vraiment le petit frère, tu sais que notre famille a son lot de secret et sans doute que ta disparition est tabou pour les ouï-dires et non car ils ne t'aiment pas, débuta la jeune fille, tortillant nerveusement ses mains, ne sachant trop comment poursuivre.

- Pour ce qui est de Poudlard, oui, il y a des postes. À chaque fin de semestre, et même avant, le tier des profs se barrent en courant. J'crois qu'on est des vrais monstres. Mais... euh, je vois pas comment je peux convaincre Harsting ? Surtout si t'as un pseudonyme ? C'est risqué, hein. Poudlard, c'est plus aussi joyeux que dans ton temps...

Si t'es vraiment le petit frère, tu sais que notre famille a son lot de secret et sans doute que ta disparition est tabou pour les ouï-dires et non car ils ne t'aiment pas.

Quoi qu'il en soit je ne peux me montrer maintenant à eux, je comptes sur toi Axelle.

Aleor était têtu, et Axelle avait sans doute raison, mais l'homme s'était mis en tête de ne pas se révéler à la famille et il restait ferme sur sa position, rien n'allait le convaincre.
Maintenant qu'il voyait sa filleule en dernière année de l'école des sorciers, l'idée d'Aleor était claire, il allait voir la directrice qui allait être la seule à être mis au courant de sa vraie identité.

Pour ce qui est de Poudlard, oui, il y a des postes. À chaque fin de semestre, et même avant, le tiers des profs se barrent en courant. J'crois qu'on est des vrais monstres. Mais... euh, je vois pas comment je peux convaincre Harsting ? Surtout si t'as un pseudonyme ? C'est risqué, hein. Poudlard, c'est plus aussi joyeux que dans ton temps...

L'oncle d'Axelle fronça les sourcils et demanda :

Je crois qu'il n'y a pas eu une scolarité où un élève n'a pas connu une année plus malheureuse que les autres à Poudlard, mais ça n'a jamais dépassé plus d'un an.

Il lui sourit, et reprit :

Tu vas voir, je vais réussir à être professeur ici, et n'auront à se cacher que ceux qui apporteront malheur à l'école, tous ces mangemorts et compagn...

Aleor s'arrêta net sur sa dernière phrase. Peut-être Axelle était-elle mangemort elle aussi, à suivre le chemin de quelques oncles de la famille Higgs ? Aleor en avait connu plus d'un des mangemorts au sein de sa famille, et il ne les détestait pas pour autant, même s'il combattait contre eux du temps où il était Auror. C'était aussi peut-être une raison du fait qu'il ne veuille se montrer au jour chez les Higgs, peut-être certains étaient-il à l'origine de sa disparition ? Bon, si Axelle était un mangemort, tant pis pour elle, cela n'allait pas être la raison de quitter à nouveau sa filleule pendant d'autres années encore. Et puis, Aleor n'était plus Auror, alors il était plutôt neutre et poursuivait des fins qui lui étaient personnelles à présent.
Aleor changea rapidement d'air et changea de sujet :

Bon et dis-moi, tu as ta soeur jumelle à l'école ?

Les yeux de l'étrange homme montèrent vers le ciel bleu et il marmonna quelques mots incompréhensibles. Soudain il rebaissa son regard vers sa filleule et s'écria :

Zoey ! C'est Zoey qu'elle s'appelle, pas vrai ?!

C'était toujours une impression formidable que de récupérer un bout de sa mémoire et Aleor s'en réjouissait à coeur joie et il faisait part de son excitation à Axelle. Lui revint en tête celle qui devait être la cousine d'Axelle, c'est-à-dire la fille d'Eloïse. Il enchaîna :

Et Kyara aussi ! Ta cousine n'est-ce pas ? Elle est là aussi ?!

Il y en avaient d'autres encore des enfants chez les Higgs, mais sans doute les deux filles étaient revenues à la mémoire d'Aleor car elles avaient le même âge qu'Axelle. Plein de questions commencèrent à arriver dans la tête du sorcier et il voulait à présent tout savoir, mais il fallait du temps afin qu'il se mette à jour des nouvelles de la famille.

- Quoi qu'il en soit je ne peux me montrer maintenant à eux, je comptes sur toi Axelle, fit-il d'un ton grave.

Il eu un instant de silence, pendant lequel la sorcière fit un bref hochement de tête, n'ayant pas d'autre choix que d'accepter. Après tout, sa vie ne se résumait qu'à garder des secrets. Les paroles de la jeune fille, à propos de Poudlard et surtout la réputation des élèves, n'eut pas l'effet escompté. Dorénavant, Aleor était prêt coûte que coûte a rencontrer la directrice et devenir professeur.

Tu vas voir, je vais réussir à être professeur ici, et n'auront à se cacher que ceux qui apporteront malheur à l'école, tous ces mangemorts et compagn...

Stoppant net sa phrase, Aleor leva un regard suspicieux vers sa filleule qui resta d'abord de marbre avant d'offrir un sourire qui la discréditait illico de toute acte malveillant. De toute façon, elle n'eut pas à défendre son innocence, l'individu qui s'avérait son parrain poursuivit sur un tout autre sujet : sa soeur. Il lui demanda si elle aussi était à Poudlard, ce à quoi la sinople et argent répondit aussitôt par un drôle de regard. Elles étaient jumelle, les chances qu'elle ne soit plus à Poudlard étaient plutôt minces.

Alors qu'elle allait répondre convenablement il leva pratiquement les bras au ciel hurlant le prénom de Higgs la rouge. Aleor semblait récupéré des bribes de son passé : ses yeux pétillaient et un sourire presque niais s'était dessiné sur son visage. Il mentionna ensuite Kyara et Axelle hocha la tête en guise de réponse.

Toujours stupéfait, l'homme écouta les quelques détails que la sorcière dévoila. Sans parler du tabou entourant presque chaque membre de sa famille, elle mentionna ses frères et ses parents. Sans sen rendre compte, les deux Serpentards avaient traversé le parc. La fin d'après-midi approchait et cela signifiait le retour d'Axelle à l'Académie de Sorcellerie.

Finalement, la rencontre entre Aleor et Axelle s'était plutôt bien passée, en tout cas la jeune sorcière n'avait pas eu de gros doutes sur ce que lui avait dit son oncle, un illustre inconnu encore quelques temps auparavant. Ils avaient traversé le parc à tranquille allure tandis que miss Higgs raconta à son parrain les nouvelles de la famille, certaines qui le surprirent, d'autres auxquelles il s'attendaient et qui le faisaient sourire.
Lorsqu'ils revinrent sur l'endroit où ils s'étaient rencontrés, Aleor leva la tête vers le ciel. Le soleil, encore hivernal, se couchait doucement derrière les hauts arbres du parc et l'air se faisait frais. Mr Higgs dit :

Je suppose qu'il est temps pour toi, et puis... tu as suffisamment passé de temps avec un vieux qui se prétend être de ta famille.

Souriant, il ajouta :

En tout cas tu m'a conforté dans l'idée de trouver un travail à Poudlard, dès demain je demanderais si une place est libre.

Il se mit à rire seul et dit :

Mr. Aleor Hi... Smith, Smith sera mon pseudonyme. Mr Aleor Smith, professeur de... défense contre les forces du mal, ça c'est classe non ?

Défense contre les forces du mal, c'était la matière qui lui avait tellement plu à Poudlard et qui lui avait été évidemment bénéfique lors de son expérience en tant qu'Auror. Il commença à faire quelques pas vers le village de Pré-au-Lard puis se retourna et ajouta :

Et n'oublies pas de ne rien révéler aux autres, personne ne doit connaitre mon identité !

Aleor avait eu du mal à se retourner, quelque chose lui manquait, il ne savait pas quoi faire. Peut-être fallait-il saluer sa filleule en la prenant rapidement dans ses bras ? Ce n'est pas ce qu'il fit en tout cas, il sortit une cigarette de son paquet, l'alluma rapidement et fit un bref signe de la main à Axelle et pris le chemin de la sortie, lançant tout de même plusieurs regard en arrière car au fond, il n'en revenait toujours pas de voir Axelle Higgs alors qu'elle avait dix-sept ans.

Pv : Ivy Stormer

Après avoir siroté leur bierraubeurre bien chaude dans la véranda des Trois Balais, Ivy et Klaus décidèrent de marcher un peu afin de conclure la soirée. Soirée qui par ailleurs avait prit une bien étrange tournure. Le jeune homme n'aurait jamais cru passer un aussi bon moment en compagnie de l'élève de Serpentard et encore moins être aussi déstabilisé par ses grand yeux noisette. D'habitude si impassible - même avec la gente féminine - la demoiselle avait visiblement accomplit un exploit.

Les deux élèves venaient de quitter l'auberge et Klaus prit l'initiative de se diriger vers le parc de Pré-Au-Lard, réputé pour son atmosphère apaisante. La nuit venant s'ajouter à la beauté du lieu, le spectacle était à ravir. Un peu comme dans un film, tout était très cliché.
Après un rapide coup d’œil, Klaus remarqua que sa petite - elle était moins grande que lui - infirmière grelottait, lui donnant un air tout à fait charmeur. Le garçon fit mine d'ôter sa cape mais se ravisa finalement. Il supposait qu'il devait lui céder mais il ne pouvait se résigner à faire ce geste si ridiculement mielleux. Tant pis, sur ce coup il n'allait pas faire d'effort.
Il était tout de même content d'avoir prit sa cape, tout cela c'était joué sur le fait qu'il sortait d'un cour de vol. Une légère brise se leva, comme si la température n'était pas assez fraîche.

Comment avait il pu en être arrivé là ? Il l'avait invité sans même connaitre son nom. Et maintenant le voilà marcher à ses côtés en direction d'un parc. Il se prenait pour un héro de roman à l'eau de rose ou quoi ? Quoi qu'il en soit il apprécié le moment et il décida finalement d’arrêter de se torturer l'esprit. Ok, il se sentait bien avec Ivy. Il ne voulait absolument pas que cette escapade se termine.
Il s'arrêta alors brusquement puis attrapa le poignet de la jeune femme pour lui imposer l'arrêt.

" - C'qui faut pas faire... "

Il ne pouvait se résigner à la laisser crever de froid. Il ôta sa cape et lui déposa délicatement sur les épaules. Lui il ne lui restait qu'un misérable pull noir frappé de l'écusson de Gryffondor, par dessus un tee-shirt rouge.
Il afficha une expression agacé afin de caché sa gêne, puis ils pénétrèrent le parc.

Ivy et Klaus quittèrent la chaleur des Trois Balais pour le froid et l'obscurité du village de Pré-au-Lard. Mais malgré tout ça, Ivy passait un très bon moment et elle avait accepté avec plaisir la proposition du Gryffon. Elle se demandait ce que pourrait penser ses amis Serpentard si ils la voyait en compagnie d'un Gryffondor, mais elle laissa vite cette pensée de côté, ne se souciant pas de ses camarades.

Les deux jeunes gens marchaient dans les rues du village. Il y avait encore un peu de monde à cette heure là, dont la plupart était des élèves qui rentraient au château. La jeune fille grelottait, elle qui n'était pas vraiment frileuse, et Klaus le vit. Il l'arrêta et la prit par le poignet. Ivy s'efforça de ne pas se crisper, le contact de la main de Klaus n'étant pas si désagréable.

" C'qui faut pas faire... "

La Serpentard se sentait gênée. Il n'était pas obligé de lui passer sa cape, et pourtant il le faisait quand même. Elle regarda ses pieds, ne sachant que dire pour s'excuser. Elle n'avait pas eu le temps d'emporter un pull ou sa cape, puisqu'elle ne savait pas qu'elle allait sortir. Ivy esquissa un sourire.

" Tu n'es pas obligé. Je peux supporter le froid encore un peu, je pense."

Maintenant, ça allait être à Klaus d'avoir froid, alors elle eut une idée. Elle fouilla maladroitement dans son sac et en extirpa sa baguette. Avec un petit "Lumos" elle produirait un peu de lumière et de chaleur, ce qui n'était pas négligeable.

" Lumos".

Le bout de la baguette s'éclaira. Les mains d'Ivy étaient réchauffées par la chaleur émise et l'obscurité naissante était brusquement coupée par la lumière de la baguette. Ivy pouvait voir sans gêne le visage de Klaus.

Les voilà entrés dans le parc de Pré-Au-Lard. Le jeune homme avait certes un peu plus froid que tout à l'heure mais il le supportait plutôt bien. Après tout il était quelqu'un de plutôt coriace, dans à peu près tout les domaines.
Ivy utilisa un sortilège pour éclairer, dans l'espoir de réchauffer un peu Klaus. Sans réel succès. La chaleur émise par le sortilège Lumos était très faible.
Le garçon était un peu gêné. Elle se tenait face à lui, le regardant sans bouger. Comme si elle attendait quelque chose.

Lui il se contentait de la regarder béa. Sous ses airs de princesse Ivy arrivait tellement à se rendre attendrissante. Surtout quand elle grelottait, il regretta presque de lui avoir donné sa cape.

" - Je crois que j'aurais encore besoin de vos services, mademoiselle l’infirmière. "

Un peu d'humour pour faire passer tout ça. En réalité il ne savait absolument pas quoi faire ou dire. Elle le troublait bien plus qu'il ne le pensait. Cependant il ne montrait rien, par fierté peut-être ?

Ivy sentit une gêne s'installer. Elle ne s'y connaissait pas en rendez-vous amoureux, mais elle savait plus ou moins que ce genre de moment était propice à un baiser. Cette idée ne déplaisait pas à la jeune fille, mais elle tenta tout de même de la chasser de son esprit. Les deux adolescents étaient plantés là dans un silence persistant, et Ivy hésitait à dire n'importe quoi qui puisse briser ce silence, mais elle ne savait pas quoi dire, elle était...subjuguée.

" Je crois que j'aurais encore besoin de vos services, mademoiselle l’infirmière. "

Ivy rit doucement. Là, elle ne savait vraiment pas comment réagir et par défaut, regarda tout autour d'elle. Elle sentait que c'était le moment pour embrasser le jeune homme, mais elle ne savait pas comment s'y prendre. Au fond d'elle, elle espérait que ce serait lui qui ferait le premier pas, ce qui lui éviterait de se prendre un vent ou de mal faire. Elle se rapprocha quand même du jeune homme, leurs corps étaient en contacts. Elle sourit timidement, et si Klaus était un peu doué, on pouvait lire dans les yeux noisettes de la Serpentard qu'elle attendait quelque chose sans oser l'avouer.

Depuis ce fameux geste qui consistait à donner sa cape à Ivy, Klaus savait qu'il aurait dut tenter quelque chose. Encore plus quand elle se mit à rire et que d'un pas timide elle s'était rapprochée de lui, jusqu'à mettre en contact les deux corps.
Klaus la regardait, faire attendre une fille était dans ses principes. Pour plusieurs raison en fait. D'abord parce qu'il voulait entretenir son image, de plus cela l'amusait. Et puis surtout pour être sûr de pas se manger un gros vent, ce qui soyons honnête, n'arrivait jamais...

Donc machinalement - presque par habitude - il lui saisit lentement la joue de sa main droite, la passant sous ses cheveux bruns.
Il resta figé. Que faisait il ? Il allait encore consommer, pour la laisser. Comme il avait l'habitude de faire. Mais cette perspective l'effrayait. Cette fille, Ivy, il ne voulait pas lui faire de mal et encore moins la laisser partir.
Mais il ne pouvait pas aller contre sa nature. Il était perdu.
Il lui caressa la joue un moment, le sourire aux lèvres.

" - Je peux pas faire ça. "

Il soupira.

" - Je vais te faire du mal, je ne veux pas. Et puis tu sais, la réaction de tes potes de Serpentard... "

Il se sentait honteux. Gros connard.
Il ôta sa main.

" - Il te faut quelqu'un de bien. Ivy. "

Ce manque de confiance était la chose la plus horrible qui pouvait arriver à Klaus. Lui qui se sentait intouchable, il était vaincu.

HRP

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