{L2} Salle de Soins

Quand il aperçut Mélina dans la pièce, il fut bien entendu surpris de la voir ce qui est normal quand on croit revenir dans une pièce que l'on avait laissé vide. Mais il salua la jeune phénix qu'il appela par son prénom. Mélina fut agréablement surprise qu'il la connaisse car elle ne se souvenait pas l'avoir déjà rencontrer. Elle se demanda même s'il n'y avait une étiquette coller sur elle avec marquée: Mélina, l'idiote qui venait de planter une flèche dans le bras de l'ancienne chef de l'ordre. Par contre, elle aurait bien savoir qui il était, mais elle ne préférait pas poser de questions, pour le moment.

Puis le phénix d'un calme à toute épreuve, qui rendait dingue la jeune femme, lui dit qu'il pourrait soigner Mione. Cependant, il n'allait pas assez vite à son gout. Mais Mélina décida de rien laisser transparaitre après tout, il devait savoir ce qu'il avait à faire mieux qu'elle, alors elle essaya de rester zen, Mione allait s'en sortir.

Elle observa ses faits et gestes, il prit sa baguette et la pointa en direction de Mélina, cette dernière pensa qu'il voulait reprendre le livre qu'elle avait caché dans son dos, mais non, il voulait simplement attraper une fiole qui avait une couleur dans les tons de rouge et il fit venir à lui une seringue. A la grande satisfaction de Mélina, il avait déjà trouvé le bon diagnostique et il avait de quoi la soigner. Elle était tellement absorber par ce qui l'entourait qu'elle entendit pas la question qu'il lui avait posé. Mais elle remarqua qu'il attendait qu'elle lui réponde et elle comprit qu'il voulait savoir où se trouvait la femme blessée et Mélina posa le livre discrètement et le précéda pour le conduire au salon:

Mione se trouva au salon, j'ai préféré l'installer confortablement sur le canapé, en attendant de trouver quelqu'un qui puisse lui venir en aide.

Ils se dirigèrent en direction du salon, où la jeune femme était allongée.

[HJ : J'avais prévu de poster sur le lieu de la libération, mais comme c'était terminé...je poste là si ça n'ennuie personne Smile

]

La liberté... Cette notion semblait tellement irréelle de nos jours. Si l'on demandait à n'importe qui ce qu'il désirait obtenir et conserver tout au long de sa vie, cette réponse n'apparaissait pas dans le top ten, loin de là... L'amour, la santé, l'amitié de ses proches, l'argent, la réussite... Tant de choses importantes aux yeux de tous. Aux yeux de Mione avant qu'elle ne se retrouve à la merci de deux mangemorts un
soir dans une rue londonnienne. A ce moment là, elle avait réussit, plus loin encore que ce qu'elle aurait pu espérer : un poste aussi élevé au ministère, elle n'en avait seulement jamais rêvé. Elle ne souffrait pas de pauvreté, même si ils ne roulaient pas sur l'or. Ses collègues de l'Ordre avaient formé au fil du temps une seconde famille, sa famille magique. Sa grossesse venait de lui être révélé et elle s'apprêtait à passer les huit mois restants le plus sereinement possible. Et bien sur elle avait son mari, qui s'était montré plus qu'heureux à l'annonce de la nouvelle. Elle pensait avoir tout à ce moment là.

Puis la vie avait basculée, de manière inattendue comme elle a coutume de le faire.
Elle avait perdu son travail, les élections se rapprochant surement (Mione n'était pas certaine de la période pendant laquelle elle avait été détenue). Elle risquait donc de ne pas pouvoir procurer à l'enfant qui viendrait les rejoindre, la vie qu'elle avait souhaité. Ces semaines de détention lui avaient fait perdre du poids et elle n'avait pu être suivie par un médecin comme sa situation l'aurait exigée. Sans compter qu'elle avait été coupée de tous ceux qu'elle aimait. Et elle l'ignorait encore à ce moment là, mais la personne qu'elle aimait le plus au monde avait choisit ce moment précis pour lui briser le cœur.

La liberté, voilà tout ce à quoi elle aspirait. Sa vie ne serait tout de façon plus jamais la même. Alors les discussions quand à savoir laquelle d'elle ou de Mangemort 88 irait jusqu'au point d'échange en première... Mione n'avait été avertie de l'échange et par là même de la possibilité d'une fin de captivité que le matin, lorsqu'on l'avait réveillé à l'aube pour lui annoncer. Tout le temps qu'avait duré le trajet, elle n'avait pas réussit à se persuader qu'elle pouvait éventuellement rejoindre les personnes qui lui étaient chères d'ici la fin de la journée. Mais lorsqu'elle était arrivée à l'endroit de l'échange et qu'elle avait pu apercevoir ces visages familiers, avant même que ceux-ci ne la voie, l'espoir était revenu, violent, explosant dans sa poitrine comme si elle respirait à nouveau après plusieurs semaines passées à seulement survivre.
Le reste de l'échange, elle ne l'avait suivie qu'à travers un brouillard, restant immobile tant qu'on le lui ordonnait, avançant qu'on on le lui avait demandé. Elle ne voyait plus qu'eux, ses amis. Une personne lui était inconnue dans le groupe, mais Mione se doutait de l'usage du Polynectar pour conserver l'anonymat. Et puis qu'importe. Zhad était là, livide, mais présent. Le temps qu'elle et l'autre prisonnière passèrent à traverser le peu d'espace qui les séparaient lui parut interminable. Mais enfin, elle se retrouva du bon côté, son cœur tambourinant dans sa poitrine et dans sa tête. *Que tout se finisse, vite...*

Un transplanage plus tard, ils se retrouvaient tous dans le hall du 23 chemin de la salamandre grise. Ils la conduire logiquement dans la salle aménagée pour recueillir les blessés ou toute personne ayant besoin d'un peu de repos. Mais ce qu'elle avait besoin c'était de se retrouver avec eux. De revivre enfin un peu.
Mione posa son corps endolori sur le matelas de la salle. C'était presque irréel après le temps qu'elle avait passé sans vraiment pouvoir dormir, dans un cachot crasseux et froid.
Elle releva les yeux, observant vraiment pour la première fois le visage du petit commando envoyé pour la récupérer. Zhad, Nathalie et Eurora - qui était en train de redevenir elle même - la scrutait, visiblement inquiets.

- Merci.

Ce fut tout ce qu'elle pu dire avant qu'une fatigue inévitable ne vienne la surprendre et qu'elle ne s'effondre sur le lit. Elle dormi plus de vingt-quatre heures, et lorsqu'elle se réveilla, elle parla longuement avec Nathalie, tentant de lui apporter le plus d'informations possibles, même si elle n'avait quasiment rien glané au long de sa captivité.

[HRPG: RP d'intégration d'Ailinn! N'hésitez-pas à y répondre! Chou, j'ai crée une situation comme ça, mais si t'as envie que je change, pas de soucis^^]

Une odeur de moisissure flottait dans l’air. La lumière était peu éclairante, elle n’était fournie que par les quelques rayons de soleil en cette fin d’après-midi glacière… La tapisserie orangée était délavée, et la fenêtre fermée à double tour… Cela faisait quelques temps que l’ordre n’avait pas utilisé cette salle. Cela se voyait aux instruments moldus posés parfaitement sur la table, au deux lits qui lâchaient des volutes de poussière dès qu’on s’y asseyait… Cette salle était de loin, celle que j’aimais le moins. La neutralité de la pièce, toutes les potions posées sur la table innocemment comme si elles n’avaient jamais servies. C’en était pesant ! Ce lieu signifiait la souffrance, des expériences, de la charcuterie pour qu’à la fin on y survive ou qu’on y meure ? Comment pouvait-on s’y sentir en sécurité… Personnellement, cela me donnait envie de vomir. Peut-être que j’arriverais à sortir toute l’amertume ? Je ne pensais pas, non. Une salle de soin était réellement pour moi, une annonce de mort…

J’ouvris subitement les yeux. Comme si quelque chose m’avait réveillé ! Ah oui… Mon épaule semblait brûler à petit feu. Mes jambes étaient éprises de courbatures et mon cœur palpitait dangereusement, comme s’il s’attendait à ce que mon estomac régurgite mon déjeuner. Ma gorge était nouée et j’essuyai rageusement mes larmes en jetant un coup d’œil à mon reflet. Des yeux noirs tout bouffis, les cheveux attachés en un chignon négligés, des lèvres en sang, j’étais dans un très mauvais état. Quand je repensais à tout à l’heure, j’avais une envie particulière de prendre tout le contenu de la table, et de le balancer par la fenêtre.
-Fait chier ! Criai-je en balançant ma baguette à l’autre bout de la pièce. Elle fit une étincelle et retomba lourdement sur le sol...
-Même pas tu veux t’casser…

Une haine indéfinie s’installa dans ma poitrine, ce qui me fit pousser un soupir emplis de colère. Je triturai les draps, je m’amusai à faire partir la poussière dans un souffle, quand j’entendis soudain un bruit dans les escaliers… Qui était-ce ? La nouvelle recrue au nom qui ne m’était pas très inconnue ? Aby m’avait parlé d’une certaine fille rousse, gentille comme tout, blablabla… Son nom m’était familier, mais… J’avais complètement oubliée par la suite. (A cause de verres de whisky pur feu)… En tout cas, j’espérais ne pas trouver Phoebe Monroe, cet abruti à l’ego surdimensionné qui aurait mérité une bonne claque…

Le sang est la sueur des héros.

Elenna n’était pas rentrée dans l’Ordre du Phénix par pur hasard. C’était un choix qu’elle avait fait, une philosophie qu’elle avait décidé de suivre. Depuis toujours, la jeune femme vivait pour espérer ne serait-ce qu’une fois frôler le bonheur d’une vie. Pourtant, si c’était ce qu’elle souhaitait pour elle-même, elle le voulait aussi pour les autres. Petite, il lui arrivait de penser à un monde de magie où la paix serait présente au quotidien et où chaque jour serait un souvenir meilleur que le précédent. Ce monde s’était montré être réel, un univers où sorciers et moldus cohabités sans même le savoir. Malheureusement, ses idylles et rêves les plus fous s’étaient avérés n’être possible que dans des contes de fées. Ici aussi le mal se terrait dans l’obscurité, attendant le bon moment pour en sortir et tout ravager sur son passage. L’un de ses buts, c’était cela, lutter contre la noirceur qui pouvait naitre dans le cœur de certains et protéger ceux qui en seraient probablement les victimes. Pour cet espoir de paix, la demoiselle serait prête à mettre en danger sa vie et c’était d’ailleurs ce qu’elle faisait au quotidien depuis qu’elle était devenue Phénix et Auror par la suite.

Où était-elle ? Que l’obscurité était pesante. Que cette sensation de vide était désagréable. Tout semblait désert. Rien n’avait disparu mais rien n’était présent à la fois. C’était comme si le monde avait décidé de se dissimuler aux yeux de la jeune femme. Elle avait beau regarder dans tous les sens, il n’y avait rien. Ni de haut, ni de bas. Pas de sol, ni de ciel. Tout n’était que noirceur et solitude. La belle avait la tête qui lui tournait mais comment s’allonger, comment fixer un point quand il n’y avait que le vide pour toutes questions et réponses. Elle se sentait partir en arrière, flotter dans cet univers où seul le mal semblait régner. La louve secouait la tête de droite à gauche, comme prise d’une folie sans pareil. Les larmes se mirent à couler sur ses joues de porcelaine alors qu’elle ouvrait la bouche pour hurler à l’aide. Aucun son ne sortit, rien. Alors elle essaya encore et encore, appelant au secours même si elle savait qu’elle ne recevrait rien en retour de ses cris de désespoir. Dans un dernier souffle, d’une voix étouffée de sanglots, ce fut un et un seul hurlement de douleur qui brisa ce silence effrayant…

Tout c’était passé si vite, si rapidement qu’Elenna n’avait pas pu prévoir les choses, du moins pas comme ça. Sur ces collines d’habitude si ordinaires, une nouvelle page de l’histoire allait s’écrire mais il fallait croire que la jeune femme ne serait pas l’héroïne du jour. Bondissant de sa cachette, la chef de l’Ordre du Phénix s’interposa entre la masquée et celle qui était devenue sa protégée. Crystal était l’une de leurs plus fidèles alliés, mais ce n’était pas une raison pour mettre sa vie plus en danger qu’elle ne l’était déjà. En quelques secondes, des sortilèges furent lancés, la Mangemorte fut projetée plus loin et une autre silhouette sortit de l’ombre. 2 adversaires pour 2 alliés. Voilà qui changeait la donne. L’homme en noir lança un sort électrique que la jeune femme dévia sans grand mal avant de se retourner pour repousser Crystal un peu en arrière et la protéger. Malheureusement, à trop penser aux autres, Elenna n’eut pas le temps de bloquer le second sortilège lancé par le mage noir. Bien que la distance entre les deux adversaires fût grande, elle fut percutée de plein fouet par cette épée violette qu’affectionnaient tant les Mangemorts, propulsée à quelques mètres plus loin alors que son corps tombait au sol comme une vulgaire poupée de chiffon. Inconsciente, perdue dans le néant…

Les Mangemorts l’avaient-ils achevé pour de bon ou ses fidèles alliés allaient-ils réussir à la mettre en sécurité le temps que sa vie ne soit plus en danger ?

Les Phénix étaient soit extrêmement stupides, soit ils avaient une confiance aveugle envers leur dernière recrue... Franchement, on le laissait se promener seul dans le quartier général, sans même lui avoir dit de ne pas trop fouiller, sans le surveiller... Bref, la première possibilité était envisageable, mais des idiots ne survivaient pas aussi longtemps. A moins que ce ne soient des idiots chanceux, très chanceux...

« Oh... Parfait... » grogna-t-il en entrant dans une pièce.

L'ambiance de cette salle le mettait à l'aise : une infirmerie, ou plutôt une salle de soins, il ne devait pas s'agir que de guérir quelques bobos et fièvres ici, le matériel étant plutôt varié et... moldu ? Il y avait de quoi faire des perfusions, des bandages en tous genres, bref, ce n'était pas un paradis pour le médicomage, mais il pouvait faire de nombreuses choses avec la magie et ce qu'il y avait ici... Oui, il allait probablement s'approprier l'endroit, en tant que médicomage, il était le plus apte à s'occuper de ce genre de choses (il laisserait la vaisselle et le ménage aux autres...).

« Ça manque d'ingrédients magiques... Faudra y remédier... »

Il pouvait se servir à Sainte-Mangouste, mais seulement avec le strict minimum pour ne pas attirer l'attention : il pouvait toujours piocher dans les réserves de l'hôpital magique sans qu'on lui pose de questions, au vu de son affectation au traitement de quelques patients de longue date, mais il n'allait pas pour autant dévaliser l'établissement : là-bas aussi ils en avaient besoin.

Alors qu'il s'occupait de ranger un peu mieux le matériel (pour faire de la place à ce qu'il avait déjà songé à récupérer), quelqu'un arriva en trombe, avec une telle hâte, dans un tel chaos qu'il lui était impossible de savoir si cette personne venait de transplaner ou non... Cette personne en étaient en fait deux, ou une et demi... Voire une et un dixième, songea-t-il en voyant l'état de leur cheftaine Elenna Benson, inconsciente, portée par une Abygaël complètement paniquée.

« Oh bordel... Pose la ici, je m'en charge... »

D'un geste brusque, il tira sa baguette magique et la pointa sur la sorcière inconsciente : elle n'avait pas l'air en mauvais état, mais sa présence ici et le comportement de l'autre femme lui faisait comprendre qu'il s'agissait de quelque chose de très grave, d'invisible... l'Avada Kedavra ? Non... Elle était toujours vivante...

Le médicomage lança alors un des sortilèges de médicomagie permettant d'améliorer l'état des patients : rien de bien miraculeux, mais cela faisait souvent gagner un peu de temps et empêchait les complications. Il fallait donc s'occuper d'un sortilège ayant causé des dommages internes... un Hostium Halitus pouvait en provoquer, mais il ne voyait pas de point d'impact... Ce devait être de la magie noire, car il sentait son propre sortilège faiblir. Il fallait donc passer au niveau supérieur, et sans la profusion d'ingrédients et matériel de Sainte-Mangouste.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? » grogna-t-il à l'adresse d'Abygaël.

D'un rapide coup d'œil, il évalua l'état de son ancienne "formatrice" (à prononcer "punching-bag") : elle ne semblait pas mourante, il n'avait pas à s'occuper de deux personnes à la fois, tant mieux...

Pour Elenna, il s'était emparé de quelques ingrédients aux propriétés curatives et les avait rapidement préparés en une sorte de "boulette", comme il aimait dire de manière absolument pas professionnelle, et avait fourré le tout dans la bouche de l'inconsciente, lui faisait avaler de force d'un coup de baguette (ah bah, si c'était toujours aussi simple pour leur faire avaler... les médicaments ).

« Des mangemorts, je suppose... Elle s'est reçu un p'tain de mauvais sort, de la magie noire... Je devrais pouvoir la sauver... »

Il n'ajouta rien de plus, la phénix n'avait pas d'autre choix que de se contenter d'un "devrait". Il allait probablement passer un bon moment à s'occuper de la chef, mais cela ne le dérangeait pas de "perdre" du temps pour aider les gens de cette manière là... Et puis, il fallait faire bonne impression ! Ou du moins faire impression tout court, donc la garder en vie !

« Y'a même pas d'extrait sublimé de genièvres... Ça aussi faudra que j'en pique à Sainte-Mangouste... »

Passant à nouveau sa baguette sur le corps de la jeune femme, le médicomage repéra bien vite l'endroit où le sort l'avait touché, à savoir au niveau du ventre. Sans vraiment se soucier de quoi que ce soit, il releva les vêtements de la femme pour dégager la "zone de travail". Soufflant lentement, il posa sa baguette et commença à se concentrer : la magie noire ne se laissait pas toujours guérir facilement, il allait douiller lui aussi, mais il avait l'habitude... Il l'avait déjà fait à de nombreuses reprises...

Eagle Place, bien. Le souffle court je portais Elenna jusqu'à l'étage. La salle de soins vite. Rurik était là, par bonheur. Je me déchargeais de mon fardeau sur le lit qu'il m'indiquait sans poser de question. Il savait ce qu'il faisait. Et même si c'était pas le cas, ce n'était pas exactement comme si j'avais le choix. Posant un regard exprès sur la petite blonde, il semblait à l'affût de la moindre information qui pourrait l'aider à la guérir.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Maléfice dans le ventre. Violet, une forme de flamme. J'sais pas ce que c'est mais elle s'est évanouie sur le coup.

La masse de muscle s'affairait autour de sa patiente, préparant une mixture étrange, un genre de pâte qu'il lui administra à l'aide de la magie. Vu son état j'aurais eu peur qu'elle s'étouffe mais je savais ne pas être en mesure de commenter quoi que ce soit. Ce mec était un tueur mais il savait s'y faire en médicomagie et je ne me basais pas que sur ses références pour affirmer ça.

- Des mangemorts, je suppose... Elle s'est reçu un p'tain de mauvais sort, de la magie noire... Je devrais pouvoir la sauver...

Non non pas des mangemorts voyons, c'est Crystal qui s'ennuyait trop à attendre que quelque chose vienne perturber notre guet-apens. Il croyait quoi sérieusement ? Quand on donne un petit rendez-vous aux mages noirs, 'faut effectivement s'attendre à ce qu'ils rappliquent. Je ruminais intérieurement, inutilement. Quelques jurons mentaux pour me défouler. Cela ne servait à rien de rager à voix haute, c'était stupide et ça allait le déconcentrer. Mais dans mes pensées je ne pouvais m'empêcher de le prendre pour un imbécile, tout en sachant pertinemment que ce soit faux. L'effet de la colère. En cet instant j'avais besoin d'être une c*nnasse.

- Y'a même pas d'extrait sublimé de genièvres... Ça aussi faudra que j'en pique à Sainte-Mangouste...

Monsieur continuait de parler tout seul. J'comprenais pas trop, la genièvre c'était une plante okay mais à part ça pf. Ses propriétés, avec quoi la coupler pour obtenir tels effets, comment l'extraire, où s'en procurer. Aucune idée. C'était pas mon truc. Moi j'étais dans mon coin avec ma frustration. Je voulais détruire quelque chose. J'avais rien alors je pris un morceau de papier qui traînait là et le déchirait machinalement.

- J'peux aider ? Faut te ramener quelque chose ? je lui demandais. Besoin d'être utile. 'Puis, je me disais que ça devait pas être facile pour lui de bosser avec quelqu'un qui alourdissait l'ambiance avec son énervement. Il y avait sûrement de quoi faire des recherches dans la bibliothèque du QG, si besoin était. Je me rappelais qu'il y avait quelques années en arrière, Frank ramenait des bouquins qui traitaient plus ou moins de magie noire. P't-être de quoi identifier le sortilège...

~~~~~

- Maléfice dans le ventre. Violet, une forme de flamme. J'sais pas ce que c'est mais elle s'est évanouie sur le coup.

Oui, c'est bien ce qu'il avait détecté... De la magie noire, typique des mangemorts (par qui d'autre aurait-elle pu être attaquée ? Il parlait surtout pour lui-même, en fait...). Le médicomage savait quoi faire, il espérait juste qu'il ne soit pas trop tard pour la pauvre femme.

- J'peux aider ? Faut te ramener quelque chose ? P't-être de quoi identifier le sortilège...

Levant les yeux vers son alliée, il reconnut la frustration, la peur et la rage mêlés dans un tel regard, un tel comportement : elle voulait faire quelque chose, elle voulait s'occuper pour pouvoir se donner l'illusion d'aider son amie. Mais elle était impuissante, il fallait juste qu'elle se la ferme et le laisse travailler. Dans cette situation, cependant, il ne l'envoya pas chier...

« Calme toi... Je n'ai pas besoin d'aide pour l'instant. Si c'est de la magie noire, je connais... J'ai l'habitude... »

C'était pas tout à fait comme ça qu'il avait voulu le dire, mais c'était comme ça que c'était sorti... Bah tant pis, au pire, qu'il ait touché à la magie noire dans des domaines se rapprochant à ce qu'il avait appris en médicomagie, ça n'était pas si horrible que ça, non ? Tant qu'il se contentait de mettre en avant le côté "guérison".

« J'aurais besoin de toi si elle se réveille trop brutalement sous le choc... Je serais pas en état de la calmer. »

Sa baguette toujours sur la peau de la chef des Phénix, il commença à incanter les sortilèges de guérison adaptés à cette situation : le mal avait causé de nombreux dégâts internes, mais il était encore possible d'inverser le phénomène, ou, dans le pire des cas, l'atténuer le plus possible. Mais tant qu'à faire, autant viser le mieux, non ?

Ses mouvements étaient presque millimétrés, sa concentration ne vacillait pas : Abygaël aurait pu se mettre nue et danser sur la table à côté de lui qu'il n'aurait pas été perturbé. Il était bel et bien différent lorsque sa profession magique était appelée. Le corps de la jeune femme fut alors agité de tremblements...

« C'est normal... Ne la touche surtout pas pour l'instant... »

Son ton demeurait froid, sa voix était toujours aussi rauque et propice aux grognements, mais l'on pouvait sentir que c'était important, et qu'il y tenait. C'était soit ça, soit la difficulté croissante à maintenir les sortilèges qu'il déployait pour sa chef. Sa main gauche se posa sur le lit, à côté de l'inconsciente : il commençait déjà à sentir ses forces s'amenuiser. Il se devait de tenir bon.

Elenna fut alors secouée d'un puissant spasme, son dos s'arqua légèrement, et une plainte s'échappa de sa bouche tandis que le sorcier retira sa baguette magique, posant sa seconde main sur le lit, secouant légèrement la tête pour reprendre ses esprits : le réveil de la jeune femme avait été précédé d'un choc magique qui l'avait passablement désorienté. Normalement, tout s'était bien passé, il espérait juste qu'elle avait aucune séquelle...

... Sauf qu'il n'était absolument pas en état de le vérifier pour l'instant, même un gamin de dix ans pouvait grimper sur le lit, se mettre devant lui et le pousser pour le faire tomber lourdement en arrière... Une bonne chose que l'Ordre du Phénix ne comportait pas de gamins, alors. Si Elenna devenait folle, tout reposait sur Abygaël.

~~~~~

C’était horrible. Tout simplement insupportable. Vous savez, lorsqu’on lit des livres ou l’on voit ces fameux films moldus qui nous parlent de la vie et de la mort, avec de doux mots il est souvent raconté qu’à l’approche de la fin, une légère lumière blanche vous apparait et vous guide vers la sérénité. Mais pas du tout. Mais alors PAS DU TOUT. Tout ce pouvait voir Elenna à cet instant présent c’était le néant. Un vide intersidéral, un espace noir sens plafond, sans sol, sans coin ou recoin, sans bord et sans moyen de se retrouver. Aucun gentil fantôme n’était là pour la guider et aucune lumière divine ne venait lui annoncer la route à suivre. Elle était désespérément seule et perdue, coincée pour l’éternité dans cet infini.

Peu à peu, la jeune femme ne sentait plus aucune partie de son corps, d’abord ses pieds, puis ses jambes, ses doigts puis ses mains entières, ses bras et sa nuque qui se paralysait. Bientôt, elle ne put plus bouger bien qu’esquisser le moindre mouvement dans un espace tel que celui-ci, tout semblait sans limite mais à la fois tellement oppressant. La seule chose qui laissait croire à Elenna qu’elle était encore en vie, c’était cette immense douleur qui paraissait lui crever les entrailles, ce trou béant qui dans son esprit, se dessinait sur son abdomen comme une marque de mort imminente. Elle avait mal et la souffrance bouffait petit à petit le reste de concentration qu’elle avait voulu garder pour sauver son âme et peut-être même sa vie. Elle sentait des larmes lui couler sur les joues et son corps se mettre à trembler, pris par ce qui ressemblait plus à des convulsions qu’autre chose. Mais que pouvait-il bien lui arriver dans son monde ? Etait-elle en train de subir les pires maléfices d’une bande de détraqués qui s’amusaient à danser sur la tombe de la chef de l’Ordre du Phénix ou un allié était-il en train de se battre pour sa vie à elle ?

Sa poitrine se soulevait à une rapidité incontrôlable. Du moins, c’était l’impression qu’elle avait dans le néant où elle se trouvait. La demoiselle essaya d’inspirer et d’expirer au maximum car plus les secondes passaient et plus elle sentait la vie quitter son corps. La douleur avait disparu pour laisser place à un vide insoutenable. Que pouvait-il bien se passer bon sang ? Elle ne ressentait plus rien. C’était donc cela mourir ? Souffrir le martyr pour ensuite se sentir partir sans pouvoir rien n’y faire ?

La mourante ferma les yeux, ou alors elle pensait le faire, déboussolée dans cette obscurité sans nom. Elle laissa alors son esprit vagabonder vers des contrées qui lui semblaient à présent bien lointaines. Le visage d’Alexander vint se dessiner dans les pensées de la jeune femme, son doux sourire et cette tendresse si caractéristique qui brillait dans son regard. Bon dieu qu’il était beau, qu’il était parfait et bien présent. Mais lui était encore envie. Enfin. Elle n’avait pas eu de nouvelle de lui mais Elenna savait qu’il ne se trouvait pas sur le champ de bataille où elle avait dû abandonner ses collègues mais surtout amis, sa seconde famille. Un élan de rage se mit à brûler au fond de ses entrailles. Elle n’avait rien pu faire, elle ne pouvait pas les aider et les avait peut-être mené à une mort certaine. Elle ne pouvait pas les laisser, elle ne pouvait tout simplement pas les abandonner. Pour l’Ordre du Phénix, pour ses amis et Alexander, elle devait se battre. Avec un peu de chance, quelqu’un là-haut l’entendrait. Il fallait qu’elle…

Un cri s’échappa des lèvres de la belle qui fut de nouveau ramené les pieds sur terre, si on pouvait le dire ainsi. La douleur venait de nouveau de percer son abdomen alors que son visage se tordait dans un rictus, les larmes gagnant de nouveau ses joues de porcelaine. Elle sentit son corps se contorsionner et son dos s’arquer dans un mouvement presque inhumain. Elenna se sentait revenir mais elle n’était pas la seule, la souffrance aussi faisait son grand retour et d’un coup, ses paupières s’ouvrirent, ses yeux remplis de larmes et son cœur battant la chamade. Celui-ci semblait vouloir s’échapper de sa poitrine et sa respiration haletante la fit paniquer encore plus. Où était-elle ? Où étaient les autres ? Tout était flou autour d’elle et elle aperçut seulement une silhouette imposante à ses côtés. Un Mangemort. Les sens endormis et le corps endolori, la jeune femme essaya dans un soubresaut de se relever tant bien que mal, laissant encore échapper un cri de douleur alors que sa remontée un peu trop rapide venait de lui rappeler pourquoi elle était là. A peine assise, elle perdit l’équilibre, manquant de tomber du haut de la colline où elle se trouvait. Ou peut-être n’était-ce pas exactement l’endroit où elle trouvait. Elle n’y voyait rien, que des ombres mais elle savait qu’elle était perchée sur quelque chose. Par instinct, la louve essaya d’humer rapidement ce qui se trouvait autour d’elle et un parfum fut son sauveur. Suicidaire, elle se jeta sur le côté, tombant de son perchoir, secouant la tête à droite et à gauche pour essayer d’apercevoir quelque chose. Comme une enfant apeurée, elle tendit les bras et laissa échapper un seul mot dans sa détresse, la seule chose qu’elle avait senti et reconnu. Elle aurait voulu crier mais seul un souffle fila de ses lèvres, comme un appel au secours.

" Aby... "

Le mec me disait de me calmer, je devais l'étouffer avec toutes ces questions lancées à la suite en reprenant à peine mon souffle, comme autant de sorts jetés en tempête. Il n'avait pas besoin d'aide, il connaissait oui, c'était son domaine la magie noire... Peut-être, non sûrement, j'aurais en d'autres circonstances tiqué à ce que j'aurais vu comme un aveu. La magie noire n'était qu'une partie d'un tout, on me l'avait inculqué, je le comprenais depuis peu, pourtant lui et la magie noire ça m'aurait fait peur. Moi et la magie noire, qu'est-ce que cela pouvait bien faire, je n'étais pas dangereuse, je n'avais pas une tête de tueur. Lui on le voyait on se disait c'est la main noire, le bras droit de la mort, le type qu'on envoie pour faire le sale boulot. Le cliché du géant débile, sauf que débile il ne l'était pas, et c'en était encore plus inquiétant.

Tout cela je n'y pensais pas, trop occupée par cette frustration qui me brûlait, moi mes nerfs ma patience, tout ça. Me calmer oui dans le fond il avait raison mais ne rien faire ? Angoisse. Rester là à regarder c'était

- J'aurais besoin de toi si elle se réveille trop brutalement sous le choc... Je serais pas en état de la calmer.

J'avais presque envie de rire, je ris peut-être, nerveusement. Lui pas en état ! Quelle blague. Je ne devais pas rire parce que si la guérison provoquait en Elenna des soubresauts que lui ne pouvait contenir, j'étais mal. Tout irait bien me disais-je sans me le dire, une absence de mots comme une indifférence, alors qu'il s'agissait juste de ne pas douter. Ne pas douter, c'était un peu y croire.

Rurik incantait, c'était subtilement différent de ses grognements habituels. La situation était inhabituelle et cela ne faisait que grandir mes angoisses. Cela se passait toujours vite, cela se jouait toujours à un rien. Quelques secondes de garde relâché et en un instant c'était la mort qui venait vous chercher. Presque par hasard. En un clin d'oeil, l'Ordre du Phénix sans chef. Cela avait quelque chose de si étrange et ridicule que cela en était risible.

Et puis il y eut les tremblements, ne pas la toucher c'était normal disait le médicomage, et après les tremblements un cri et ce choc impressionnant, lumineux sans que je pus en dire la couleur. De petites ondes de lumière empreinte de magie, tellement nombreuses, d'une intensité folle, disparues rapidement. Elle fut prise d'un spasme, lui fut étourdi sur le coup. L'air était alourdi par la magie, c'était difficile à décrire, oppressant et tendu comme en une soirée d'été où la foudre menaçait de frapper, imposant dans l'atmosphère sa présence menaçante. Le russe était hs cependant Elen' s'éveillant, je n'avais pas le loisir de paniquer. Réprimant mon inquiétude, je m'approchais immédiatement de mon amie qui commençait à avoir un comportement irrationnelle, s'agitant pour d'obscures raisons, finissant par tomber à terre. J'étais déjà sur elle, cherchant à la maîtriser pour ne pas qu'elle se fasse mal, tout en évitant d'être violente. Je me voulais rassurante, sentant la panique de ces mouvements.

- Elen' c'est moi okay, c'est Aby, tout va bien. Tout va bien, j'te l'jure ma vieille. On est là et on te laisse pas.

C'était nul, c'était nul et c'était tout ce qui me venait. Tant pis, j'étais là à la tenir fermement plaquée au sol, espérant que la suite de l'histoire ne fut pas "et elle tua son amie dans un excès de violence, mordit son guérisseur assommé et ils vécurent heureux et contaminèrent beaucoup d'enfants". Je m'en voulais de ne pas en savoir plus en magie noire, plus particulièrement en rituels de guérison et ses risques. Les morts-vivants par exemple, c'était courant comme complications ?

Le sorcier reprenait son souffle, même si c'était plus symbolique qu'autre chose : il n'était pas épuisé physiquement, le traitement de la magie noire avait surtout été une épreuve pour son esprit et ses réserves magiques. Il avait bien évidemment l'habitude de pousser ses limites au maximum avec la pratique de la légilimancie et de l'occlumancie, mais peut être que le fait de vouloir sauver sa chef lui avait fait payer un lourd tribut dans sa précipitation...

... Non, cela n'était pas possible, il ne pouvait pas s'attacher à elle, il ne la connaissait pas assez. Pourtant, c'était une sorte de symbole, comme la plupart des chefs, il était bien placé pour savoir ça. L'on avait pas intérêt à douter de ses intérêts et ses valeurs maintenant !

La blessée se réveilla brusquement, sans doute embrumée par l'évanouissement, la douleur et les effets secondaires un peu durs de la guérison qu'avait employé le médicomage : sa confusion était normale, la magie noire avait le chic de foutre en l'air l'esprit des gens, alors si en plus les traitements se devaient d'être suffisamment puissants pour réussir à soigner l'affliction causée, personne ne pouvait prétendre se réveiller comme une fleur après une telle épreuve.

Le russe, lui, se remettait donc lentement de cet effort magique : cela faisait quelques mois qu'il n'avait pas appliqué de traitement contre la magie noire, il avait légèrement perdu l'habitude (d'un autre côté, Sainte-Mangouste n'avaient pas des tas de patients affectés par la magie noire).

« Hrm... Elenna... »

Un cri de douleur couvrit ses paroles, et la jeune femme commença à se débattre avec l'air qui l'entourait, basculant violemment sur le côté, tombant au sol et se jetant presque sur Abygaël, comme s'il s'agissait de sa seule raison de s'accrocher à la vie.

- Elen' c'est moi okay, c'est Aby, tout va bien. Tout va bien, j'te l'jure ma vieille. On est là et on te laisse pas.

Poussant difficilement sur ses bras pour se redresser, ses muscles ayant l'impression d'avoir oublié leur job. À moins que son corps ait oublié comment faire fonctionner le cycle de Krebs, le privant de cette précieuse énergie... Heureusement, ce n'était que temporaire, il lui fallut quelques secondes pour reprendre son souffle et se redresser, ignorant les quelques vertiges qui l'assaillirent. Elenna était la priorité, il pouvait se reposer plus tard !

Contournant le lit pour rejoindre les deux femmes au sol, l'un essayant de rassurer l'autre et l'empêcher de gigoter un peu trop violemment, le visage du médicomage se transforma alors : il n'était pas du genre expressif, joyeux ou toutes ces choses dans le genre, mais étrangement, quand les choses étaient catastrophiques ou très mauvais signe... Cela se voyait quand même.

« Bordel, me dis pas que... » grogna-t-il un peu plus fort que prévu.

Si ça se trouvait, il n'avait pas été assez rapide, pas assez précis, pas assez doué... Elenna n'était peut être plus elle-même, peut-être était elle déjà folle, ayant perdu toute personnalité, toute raison, comme de nombreuses victimes n'ayant pas succombé à la magie noire mais ayant été suffisamment affecté par ses effets désastreux. D'ailleurs, son inquiétude n'avait sûrement pas échappé à Abygaël lorsque celle ci tourna brièvement le regard vers lui, sûrement pour trouver un peu d'aide ou de réconfort...

...Parce que si c'était le cas, c'était raté.

Vous vous êtes jamais demandé comment serait le monde si vous n’étiez plus là ? Comment réagiraient les gens autour de vous ? Quoique vous imaginiez, vous vous trompez. La mort n’a rien de romantique, elle est sombre et si vaste qu’elle peut engloutir n’importe lequel d’entre nous. La tristesse est comme un voleur dans la nuit, silencieux, incontrôlable, injuste. Il n’y a aucune honte à avoir peur, on a tous peur de quelque chose. Le secret, c’est d’identifier exactement d’où elle vient, parce qu’une fois que nous avons mis un visage dessus, là nous pouvons lutter, nous pouvons vaincre nos peurs et même les apprivoiser et en faire des forces... Ce soir-là, Elenna avait peur, peur de rester là, allongée sur cette table, peur de perdre sa vie et tout ce qui s’y rattacher, l’amour qu’elle portait à Alexander ou bien l’amitié qui la liait à ceux que les journaux appelés les partisans de l’Ordre du Phénix. C’est d’ailleurs cette angoisse qui l’avait poussé à se battre, à forcer son cœur à taper contre sa cage thoracique et à ordonner à ses yeux de s’ouvrir.

La jeune femme avait retrouvé un souffle de vie mais la totalité de ses repères semblaient avoir disparu. Où était-elle ? Que lui avait-on fait ? La douleur était cuisante et tout son corps souffrait le martyr mais elle voulait vivre et vivre encore, durant des jours, des semaines, des mois et des années. Elle avait encore tellement à faire et ne laisserait pas le plaisir aux mages noirs d’avoir eu sa peau. Chaque respiration était un vrai supplice, déchirant son ventre comme si quelqu’un s’amusait à planter un couteau dans son abdomen toutes les secondes. Mais ce n’était pas son heure, la chef de l’Ordre du Phénix ne pouvait pas laisser ce monde dans l’état dans lequel il était. Il lui fallait accomplir des miracles et elle le savait. Après tout cela, elle pourrait mourir en paix mais pour l’instant, son devoir l’appelait.

La fille aux cheveux de neige avait heurté le sol violemment, rebondissant heureusement sur son postérieur, cherchant à s’enfuir. Elle avait beau ouvrir les yeux le plus grand possible, elle ne voyait rien, comme si une multitude de larmes l’empêchaient de voir. Tout était flou et la panique prenait tellement le dessus que l’odeur familière de son amie Abygael la réconforta quelque peu. Essayant de se redresser, elle abandonna rapidement l’idée dans un rictus, la blessure à son ventre lui rappelant la soirée qu’elle venait de passer et un poids la tenant au sol. Le dos allongé sur le carrelage froid, Elen essayait de se concentrer sur la voix qui parvint à ses oreilles, la respiration haletante.

" Elen' c'est moi okay, c'est Aby, tout va bien. Tout va bien, j'te l'jure ma vieille. On est là et on te laisse pas. "

Des mots pitoyables. Tellement pitoyablement rassurants qu’Elenna en aurait ris en temps normal mais elle fut simplement rassurée par cette maladresse qui représentait parfaitement la petite brune. Dans le flou, la jeune femme remarqua la silhouette au-dessus d’elle qui la maintenait au sol mais une autre derrière approcha, plus imposante, plus effrayante. L’ancienne vendeuse de baguettes magiques fronça les sourcils, essayant de secouer la tête de droite à gauche pour retrouver ses esprits. Elle devait tout simplement avoir l’air d’une hystérique, mais elle voulait voir, c’était tout ce qu’elle demandait. Elle vivait de ses sens, au quotidien, ses qualités surdéveloppées qu’elle avait et voilà que sa vue ne lui répondait plus. Une voix rauque résonna dans un grognement…

" Bordel, me dis pas que... "

Bordel oui, c’était exactement le mot. Bordel qui était ce gros c*n qui jouait au plus malin et aux phrases à point de suspension. Que se passait-il ? Elenna sentit Abygael bouger au-dessus d’elle, pivotant certainement pour regarder l’homme qui avait parlé. La blessée, elle, ne remarqua qu’une seule chose. Maintenant que le parfum de son amie était bien ancré dans sa mémoire, la belle fronça le nez, empoignant les mains d’Aby doucement pour être rassurée. Dieu qu’elle détestait être dans cette position de faiblesse et l’odeur qui venait maintenant titiller son odorat ne lui plut pas. Elle fit une grimace comme un chat l’aurait fait s’il voulait feuler, montrant les dents comme l’aurait fait la bête en elle.

" Aby. Pourquoi ça sent le loup ? Aby ! Il faut que je vois... Qui est avec toi ? "

Elenna avait parlé certainement trop fort, peut-être même crié mais elle ne s’en était pas rendu compte. Elle avait mis tellement de temps à construire une phrase dans son esprit qu’elle n’avait pas réfléchis à comment celle-ci sortirait. La demoiselle ferma les yeux, gardant ses muscles contractés. Sa vision était altérée et son monde était maintenant flou. Il lui faudrait sûrement quelques minutes pour y voir de nouveau clair alors elle préférait clore ses paupières et se concentrer sur ce qu’elle sentait et sur ce qu’elle entendait…

J'avais cet espoir presque fou que mes paroles toucheraient le coeur d'Elenna, ramenant à elle une forme de raison. Oui, on est très vite niais quand on est inquiet. Et dans l'état où j'étais, on aurait pu coucher sur papier nombre de poèmes s'il aurait été possible de démêler et retranscrire mes pensées angoissées. Je n'avais pas vraiment le loisir de m'adonner au lyrisme et j'étais alors plus occupée à scruter mon amie avec toute l'attention du monde. Non seulement parce que j'étais soucieuse mais aussi parce qu'elle ne cessait de s'agiter. Sa tête en particulier remuait en tout sens, comme si elle fouillait dans l'air un indice infime qui saurait l'éclairer. Et ce n'était pas vraiment le meilleur endroit où secouer du chef, entre le carrelage dur et les pieds du lit il y avait de quoi se taper le crâne. Je n'étais pas encore certaine qu'elle soit guérie, quoiqu'il en soit je voulais éviter qu'une blessure à la tête vienne compléter son lot journalier.

Derrière moi, le mastodonte qui (je le supposais) avait pu analyser la situation, y allait de son commentaire expert. Il était curieux de retrouver un de mes jurons préférés dans sa bouche, avec ses intonations bourrues et son accent russe appuyé. Bordel, me dis pas que... En ces quelques mots je crus sentir du doute et peut-être même l'espace d'un instant, une once de ce qui ressemblait à de la panique. Dans sa voix d'ordinaire calme, égale, dont le grondement s'était fait plus fort. Je détournais le regard d'Elenna, cherchant le visage de Rurik. Que quelque chose dans son expression invalide mes précédentes hypothèses. Cela ne pouvait pas... être à ce point là ? ... non ? Il est possible que je fis, inconsciemment, le coup du regard suppliant. Le regard qu'on ne peut retenir, celui qui dit "pitié dis moi que tout va bien" en se passant de mots.

De ce que je captais de son expression éteinte, la réponse du médicomage pouvait se traduire par un " c'est la fin ". Cependant que je comprenais cela, pourtant avant que je n'en tire des conclusions qui, nous le verront, auraient été hâtives, mes mains furent agrippées. Je sentis la chaleur de la jeune femme aux cheveux neige, son inquiétude qui, plus que la mienne, avait besoin d'être calmé. Elle semblait vouloir parler mais il se passa quelques temps avant qu'elle ne mette des mots sur ce qui la bouleversait. Un moment pendant lequel je vis encore son agitation, comme si elle eût été prise d'une forte fièvre, de celles qui font divaguer.

Et lorsqu'elle ouvrit la bouche, ses cris me firent sursauter :

- Aby. Pourquoi ça sent le loup ? Aby ! Il faut que je vois... Comment ça il fallait qu'elle voit ? Ne voyait-elle pas ? Qui est avec toi ?

Encore une fois je me retrouvais à lancer un regard interrogateur à mon compagnon d'infortune. Pourquoi était-elle aveuglée ? Qu'est-ce qu'il se passait p*tain ? Je ne fis pas une nouvelle fois l'erreur d'attendre une réaction qui avait toutes les chances de donner raison à mes frayeurs. Une seconde plus tard j'étais de nouveau tournée vers Elen' déterminée à être le point fixe sur lequel elle pouvait s'appuyer. Elle avait besoin de moi, de la Aby' qu'elle connaissait, râleuse et railleuse.

- Il y a ce c*n de phénix que tu as eu la fabuleuse idée de recruter, tu sais celui... qui a failli me tuer le jour de son test d'entrée. Je me rattrapais in extremis. Okay, peut-être pas Aby à ce point. Parler de meurtre alors qu'elle était il y a peu dans un état d'hystérie, mauvaise idée. En un laps de temps aussi infime qu'un battement de cil, je me rattrapais : qui confond la vodka avec de l'eau.

Ma voix était certes moins moqueuse que d'habitude, mon ton moins acide et assuré, néanmoins j'étais relativement contente du résultat. En l'état des choses c'était de toute façon le meilleur que je pouvais donner. Il n'y avait plus qu'à espérer que cela fonctionne. C'était curieux, j'avais cette étrange impression de participer à une sorte de quizz. Un truc malsain dont la moindre réponse définissait notre avenir direct. Bonne réponse, Elenna se calmait et retrouvait un peu plus ses esprits. Mauvaise réponse... qui sait ? En tout cas ce n'était pas bon pour nous.

- C'est lui qui t'as guérie, ajoutais-je sobrement. Rurik dis à la dame que c'est bien toi et que c'est normal que tu pues, demandais-je à l'intéressé avec un pauvre sourire.

Elenna ne pouvait pas avoir succombé à la folie, non, c'était impensable (enfin si, mais autant éviter de l'envisager). Si ça se trouvait, elle était simplement un peu folle de base, et elle paniquait, ne comprenant pas où elle était ou bien ce qui s'était passé... C'était sûrement ça !

Abygaël retenait donc sa chef et amie pour lui éviter de gigoter sa tête un peu trop près du sol ou du pied du lit... bonne initiative. Récupérant de plus en plus ses facultés au fur et à mesure que l'impact de l'effort de guérison de la magie noire se dissipait. Le regard implorant de la jeune femme se posa sur lui... Et il ne put répondre à cette imploration silencieuse. C'était pas son rôle de rassurer les gens, il n'avait jamais été capable de le faire. Son visage resta annonciateur de mauvaises nouvelles comme si la chef de l'Ordre du Phénix s'était pris un Avada Kedavra de plein fouet. Oh oui bien sûr qu'elle n'était pas forcément condamnée... Mais donner de l'espoir ou essayer de voir le verre à moitié plein, c'était tout aussi difficile.

- Aby. Pourquoi ça sent le loup ? Aby ! Il faut que je vois... Qui est avec toi ?

Les yeux du russe s'ouvrirent davantage : elle n'était pas folle, non, mais sur le coup, il aurait peut-être préféré qu'elle le soit. Non, ce n'était pas possible, pas comme ça, bon sang ! Bon, que dire, maintenant ? Ce n'était absolument pas prévu... Comment pouvait-elle "sentir" cela ? La pleine lune était proche, mais pas tant que ça... Son soudain retour à la réalité et la douleur intense devaient avoir exacerbé tous ses sens d'un coup. Cela pouvait arriver, de temps en temps et sous certaines conditions dans le genre, qu'un loup-garou puisse en reconnaître un autre.

- Il y a ce c*n de phénix que tu as eu la fabuleuse idée de recruter, tu sais celui... qui confond la vodka avec de l'eau.

Eh, c'était pas très sympa ça... Elle lui en voulait toujours d'avoir été un peu trop violent lors de sa mise à l'épreuve ? C'était elle qui avait commencé et qui s'était transformée en hystérique, il n'avait fait que réagir, se défendre et contre-attaquer... Et hésiter un instant à la tuer... Il ne l'avait pas fait ! C'était ça qu'il fallait retenir, tout de même !

« Eh... J'te permets pas... » grogna-t-il en se rapprochant.

Mais déjà, la phénix enchaîna...

- C'est lui qui t'as guérie. Rurik dis à la dame que c'est bien toi et que c'est normal que tu pues.

Soupirant d'un air agacé, il se pencha. De sa voix rauque et froide, il s'adressa à Elenna.

« Du calme Elenna, tu es en train de délirer, c'est le choc de rétablissement. La magie noire t'a embrouillé le cerveau... »

Maintenant qu'il allait mieux, il tendit les bras pour la ramasser, faisant signe à Abygaël de se pousser : en général, dans une salle de soin, on écoutait le médecin, et si elle ne l'écoutait pas, de toute manière, elle savait qu'elle risquait un truc pas très cool, genre un coup de boule.

La cheftaine de l'Ordre pouvait bien se débattre ou non, il la porta sans grande difficulté, elle n'était pas très lourde, il n'y avait plus qu'à savoir si c'était son crâne ou sa poitrine qui était plein d'air. S'assurant qu'elle ne s'agite pas trop pour ne pas retomber, laissant à l'autre phénix le soin de la rassurer au besoin, il s'écarta, croisant les bras.

« Tes sens vont revenir correctement d'ici quelques instants... Tiens toi calme, bordel. »

Est-ce qu'Abygaël avait compris pour le coup du loup ? Difficile à dire, s'il pouvait éviter de révéler son statut de lycanthrope, tant mieux, et sinon, eh bien tant pis.

Les odeurs se mêlaient, les parfums s’entremêlaient et les ondes présentes s’amusaient à faire tourner en bourrique les sens de la jeune femme revenue d’entre les morts. Les yeux fermés, Elenna laissait sa nature lupine la guider à travers ce qui était pour elle le plus grand des noirs, l’obscurité la plus totale. Peu à peu, son corps réagissait peu à peu et semblait reprendre vie malgré la douleur qui faisait souffrir ses muscles et tiraillait chaque parcelle de peau qu’elle pouvait. Heureusement, la présence d’Abygael lui faisait un bien fou et sa voix avait su la réconforter malgré ses propos maladroits. Elle était en sécurité, certainement au Quartier Général de l’Ordre du Phénix. Oui c’était cela, tout lui rappelait sa seconde maison, les bruits, les fumets et la présence de ses alliés.

Pourtant, il y avait bien quelque chose qui chagrinait la louve. Elle humait sans arrêt l’atmosphère et ne parvenait pas à se détacher de ce qu’elle pouvait sentir. Durant de longues années, elle avait côtoyé des loups-garous, entre autre son frère de cœur, Dwayne, et elle savait quand un autre « monstre » se trouvait dans les parages. Il y avait un lycanthrope ici mais comment n’avait-elle pas remarqué que l’un des Phénix était comme elle ? Abygael ? Certainement pas, impossible. Izsa, Lilith et Ethan étaient encore élèves et ils n’auraient pas pu cacher cela longtemps. Alexander était animagus et son fiancé, elle le connaissait comme s’il avait vécu ensemble depuis toujours. Cliodhna détestait beaucoup trop ces monstruosités pour en être une. Il n’en restait qu’un, le « petit » dernier : Rurik. Elle ne connaissait rien de lui finalement et l’avait très peu croisé. La belle avait une confiance absolue entre ses alliés mais il fallait dire que pour le coup, elle avait quelques doutes.

" Il y a ce c*n de phénix que tu as eu la fabuleuse idée de recruter, tu sais celui... qui confond la vodka avec de l'eau. "

" Eh... J'te permets pas... "

" C'est lui qui t'as guérie. Rurik dis à la dame que c'est bien toi et que c'est normal que tu pues. "

" Du calme Elenna, tu es en train de délirer, c'est le choc de rétablissement. La magie noire t'a embrouillé le cerveau... "

Bingo. C’était lui le dernier être présent dans la salle mais était-ce aussi lui qui dégageait ce parfum lupin ? Qui était-il déjà ? Elenna avait les pensées embrumées et ne parvenait pas à mettre ses idées en ordre. La magie noire disait-il, c’était sûrement cela. Elle avait l’impression de devenir folle et ce n’était autre que le mal qui rongeait son cerveau. Il allait falloir encore quelques secondes pour qu’elle reprenne ses esprits. Abygael avait relâché la pression sur elle et la chef de l’Ordre du Phénix n’avait pas dit un mot de plus, bercée par les échanges de ses deux « amis ».

Après quelques secondes, le sol sembla se dérober sous la jeune femme qui crut sombrer de nouveau mais finalement, ce fut juste un courant d’air frais qui vint caresser son visage. Au début sereine, elle se rappela ce qui la dérangeait. Les bras puissants de Rurik venaient de la soulever du carrelage froid, les bras d’un autre loup-garou. Elenna remua encore la tête pour finir d’humer le parfum du colosse, maintenant sûre et certaine qu’il ne pouvait être totalement humain. Pourquoi l’avoir caché ? Avait-il honte comme elle avait été honteuse durant de longues années ? C’était étrange qu’un grand gars comme lui cache un terrible secret. Son dos toucha enfin la table de soin

" Tes sens vont revenir correctement d'ici quelques instants... Tiens-toi calme, bordel. "

Remuant encore un peu, Elenna fit la grimace devant tant de politesse inexistante. Il allait vraiment falloir qu’il arrête avec ces « bordels » celui-là. Elle décida enfin de se calmer et d’ouvrir de nouveau les yeux. Les formes refaisaient leur apparition et enfin la vue revint à la demoiselle. Elle posa son regard sur Abygael et ensuite sur Rurik. Le détaillant durant de longues secondes, l’Auror préféra se taire sur ce qu’elle avait deviné. S’il avait gardé sa nature secrète, il ne voulait certainement pas que la fille de Waddiwasi soit au courant. Remontant les mains vers son visage, elle se frotta les yeux, remua son nez comme à son habitude avant de se racler doucement la gorge. Elle se redressa légèrement, s’appuyant sur ses coudes en grimaçant avant de prendre la parole.

" Que s’est-il passé ? Les autres sont-ils rentrés ou pas encore ? Racontez moi ce qu’il s’est passé… "

[ LA d'Aby' pour la faire partir ]

Le médicomage n'essaya même pas de l'empêcher de bouger lorsqu'elle se redressa. Il avait l'habitude des patients qui n'en faisaient qu'à leur tête... Et là, il comprenait bien l'état dans lequel se trouvait Elenna, il était dans le même état lorsqu'il se prenait un mauvais coup, que ce soit en tant que chef mafieux ou commandant de police. Rester sur la touche, c'était affreux... Mais la chef de l'Ordre n'avait pas le choix...

- Que s’est-il passé ? Les autres sont-ils rentrés ou pas encore ? Racontez moi ce qu’il s’est passé…

Jetant un regard à Abygaël, il la laissa expliquer rapidement la situation : la bataille n'était pas vraiment terminée, et la mission était légèrement partie en couille (enfin ça c'était l'interprétation du russe).

« Elle risque plus rien... Tu ferais mieux d'aller voir s'il y pas d'autres blessés... »

L'on sentait dans sa voix qu'il voulait tellement partir au front, combattre, mais il savait pertinemment que n'ayant pas été briefé sur tous les points de la mission en cours du fait de son arrivée récente dans l'Ordre, il risquait de causer plus de tort qu'autre chose. Après un moment d'hésitation et un acquiescement de la part de la cheftaine, la propriétaire de Waddiwasi s'en alla, quittant un peu à contre-cœur sa chef et amie. Bon bah au moins tout le monde ne faisait pas ce qui lui plaisait parce que chacun savait que ce n'était pas la meilleure idée.

« Ça va bien se passer... T'étais en état critique... Heureusement que j'étais là. S'il y a d'autres blessés, je serais prêt... »

S'asseyant sur le bord du lit, préférant économiser ses forces au cas où il devrait soigner une autre personne atteinte par de la magie noire, il tourna son regard vers sa chef.

« Comment t'as deviné... pour ma lycanthropie ? »

Ce n'était pas la peine de nier, d'essayer de changer de sujet, il avait compris qu'elle était désormais sûre de ce qu'elle avait "senti". Et maintenant qu'ils étaient seuls, eh bien... Ils pouvaient en parler.

Le russe n'essayait pas vraiment de cacher ce qu'il était, il n'en parlait juste jamais, préférant que la plupart des gens ne soient pas au courant, pour s'épargner les confrontations avec ceux qui manquaient de tolérance. Il faisait ça pour leur bien, pour les protéger, parce qu'il savait pertinemment qu'il enrageait beaucoup trop facilement sur ce sujet là... Il tuait pour beaucoup moins que ça.

La tête lui tournait encore et une migraine semblait prendre un malin plaisir à lui tambouriner le derrière du crâne. Elle n’allait certainement pas s’en débarrasser de suite mais elle était vivante, c’était déjà bien non ? Peu à peu, tous ses souvenirs lui revinrent et ceux de la bataille aussi. Le plan était génial et bien ficelé mais il fallait se douter que la peur prendrait le dessus sur l’alliée que l’Ordre du Phénix avait pourtant bien choisi. Mais il n’y a aucune honte à avoir peur, nous avons tous peur de quelque chose. Le secret, c’est d’identifier exactement d’où elle vient, parce qu’une fois qu’un visage est mis dessus, là tu peux lutter, tu peux vaincre tes peurs et même les apprivoiser et en faire des forces... Les membres de l’Ordre du Phénix étaient aussi entraînés pour cela et il aurait fallu se douter que Crystal pouvait craquer. Elle en avait déjà fait beaucoup pour lutter contre le mal et accepter de mettre son existence en danger, ce n’était pas rien. Pour cela, Elenna l’en remerciait de tout cœur. Mais les choses n’avaient pas tout à fait tourné comme prévu.

Le piège tendu aurait dû surprendre les Mangemorts et c’était d’ailleurs ce qu’il s’était passé mais Crystal avait été en danger et la Chef de l’Ordre du Phénix ne pouvait laisser du mal être fait à sa précieuse alliée, elle qui avait déjà tant fait pour eux. Abygaël s’avança pour répondre aux interrogations de la fille aux cheveux de neige et lui résuma la situation. En effet, l’alliée eut peur et son instinct de survie avait pris le dessus, la poussant à lever sa baguette magique et à lancer le premier sortilège qui fut un véritable feu vert pour les assauts. La Mangemorte qui avait torturé Elenna pour Halloween s’était de suite mise à répliquer, ne s’attendant pas à ce que son sortilège soit arrêté par sa fidèle ennemie. S’interposant, la louve avait lancé les hostilités mais malheureusement, la masquée n’était pas venue seule, elle avait bien prévu son coup et son allié sortit de l’ombre pour l’aider. Prise au dépourvue, la Chef parvint à bloquer le premier sortilège mais pas le second qu’elle se prit de plein fouet. Voilà maintenant pourquoi elle était là. Abygael l’avait mise en lieu sûr, laissant les autres sur le champ de bataille.

" Elle risque plus rien... Tu ferais mieux d'aller voir s'il y pas d'autres blessés... "

Il n’avait pas tort. Ici, elle était en sûreté mais ce n’était pas le cas de leurs amis. Aby jeta un regard à Elenna qui acquiesça.

" Vas-y, ils vont avoir besoin de toi et moi j’ai besoin de savoir si tout va bien, si personne d’autre n’est blessé. Fais attention à toi. "

Sans plus attendre, la propriétaire de Waddiwasi s’éclipsa, accordant un dernier regard à son amie. Plus tard, Elenna devrait penser à la remercier. Dans l’Ordre du Phénix, des liens se tissaient et surtout des amitiés. Mais ce qui était bon à savoir, c’était que même si ces relations étaient fortes et fidèles, les Phénix savaient qu’ils se battaient pour autre chose et mettaient en pratique les ordres donnés par la tête de l’équipe. Ils devaient mettre de côté tout amour pour pouvoir vaincre les forces du mal. La demoiselle était fière d’eux, chaque jour un peu plus… Maintenant en tête à tête avec Rurik, ils allaient pouvoir parler un peu plus. Et non, elle n’était pas folle et savait ce qu’elle avait décelé chez le russe. D’ailleurs, ses sens aiguisés dus à des années de pratique ne la trahissaient jamais et le parfum de son allié était toujours le même, il n’avait pas changé en quelques minutes.

" Ça va bien se passer... T'étais en état critique... Heureusement que j'étais là. S'il y a d'autres blessés, je serais prêt... "

C’était un mec bien, à ne pas en douter. Derrière son regard ténébreux se cachait certainement un passé peu joyeux mais aujourd’hui, il était là pour l’Ordre du Phénix et faisait très bien sou boulot. Il semblait sincèrement prêt à intervenir au cas où d’autres seraient touchés comme la fille aux cheveux blancs. Il s’assit au bord du lit, visiblement épuisé par les sortilèges qui avaient sauvé la vie de sa chef avant de poser un regard sur elle, pleins de questions.

" Comment t'as deviné... pour ma lycanthropie ? "

Un mince sourire se dessina sur le visage d’Elenna qui se redressa un peu plus encore, s’asseyant sur son postérieur, les jambes croisées en tailleur aux côtés du colosse. Elle passa une fois de plus sa main sur sa frimousse pour finir de reprendre ses esprits et se racla doucement la gorge pour chasser sa voix rauque avant de prendre la parole.

" Parce que, disons que… je suis habituée à cette odeur ? Je suis un loup-garou aussi et depuis bien des années. Es-tu déjà allé en Norvège ? Les loups-garous présents là-bas sont doués d’une maîtrise à toute épreuve. Mon frère, loup-garou aussi, est allé passer quelques années avec eux, pour apprendre, les étudier puis est revenu ensuite ici. J’étais déjà loup-garou depuis bien plus d’années que lui étant donné que je l’avais moi-même mordu, sans le vouloir bien entendu. Tout ce savoir qu’il a emmagasiné, il ne pouvait le mettre à profit car le contrôle de son « être animal » n’est pas seulement une question de connaissance mais d’années d’expérience. Il m’a fait part de tout ce qu’il avait vu, appris et j’ai commencé à travailler cette maitrise de moi. Cela fait maintenant 11 années que je suis un loup-garou et depuis maintenant plusieurs années, j’ai appris et réussi à me contrôler mes transformations. "

C’était beaucoup d’informations à comprendre mais elle n’en avait pas fini là.

" Maintenant, chaque nuit de pleine lune, je peux prendre ma forme animale tout en gardant un contrôle sur ma conscience. Je ne suis plus l’animal sauvage et meurtrier que j’ai pu être à une époque. A ce niveau-là, mes facultés lupines sont aussi plus accessibles lorsque je suis humaine. Avec beaucoup d’efforts, je peux utiliser mon odorat ou un autre de mes sens même lorsque la lune n’est pas pleine. Mais cela ne fonctionne pas toujours et j’y travaille encore… Oh et je n’ai pas non plus besoin qu’il fasse nuit pour me transformer… "

Elenna était tendue. C’était beaucoup de choses à digérer et peu étaient ceux qui le comprenaient. Certains loups-garous l’avaient même envié et jalousé. Comment allait réagir le russe ?