Camille se sentit légèrement mal à l'aise en remarquant la présence de la vieille dame, derrière la rouquine. Au regard que cette dernière lui lança, la petite sorcière devina qu'elle l'accompagnait pour ses achats. La brunette n'aurait sûrement pas osé proposer à la rouquine de l'accompagner si elle avait comprit que cette adulte le faisait déjà.
Elle espéra secrètement de ne pas à avoir à lui parler, à elle, étant certaine de se trouver muette au moment de répondre. En plus de son blocage social, elle avait du mal à interagir avec des adultes inconnus autrement qu'à titre cordial, avec un vendeur ou un professeur, par exemple. Les seuls autres qu'elle avait croisé lui avait dégoûtés de toute autre expérience de ce genre (après tout, les invités de sa mère n'étaient que très rarement plus agréable à vivre qu'elle).
La voix amicale de la rouquine tira brusquement Camille de ses réflexions. Elle se présentait, acceptait la proposition, et tendait une main en sa direction en souriant. La petite sorcière baissa bêtement les yeux vers celle-ci, cherchant une explication à ce soudain entrain à lever une main tendue, avant de se souvenir que c'était une attitude que prenait David après s'être présenté aux invités de leur mère. La brunette secoua légèrement la tête pour chasser de ses pensées son frère, et entreprit d'accomplir les gestes adéquats pour répondre à cette incitation à un pas en avant dans la relation naissante, passant entre elles, du point de vue de Camille, du statut d'inconnues à connaissances. Ou quelque part entre les deux, en tous cas.
La brunette plia maladroitement le coude, puis agrippa d'une main raide celle de la fillette en face d'elle. Elle effectua par la suite un mouvement vers le haut, puis vers le bas avec son bras, tenant toujours la main de la prénommée Jude. Ce devait être bon. Camille ne ressentait aucune gêne à l'idée que son geste soit mal interprété, et à vrai dire, de cette pensée ne se forma même pas l'ombre. Elle n'avait pas apprit à penser de cette manière.
Soudain, Camille se rendit compte qu'une drôle de chaleur émanait de la rencontre entre les deux paumes. Sans savoir de quelle main précisément cette chaleur venait, par peur que celle-ci ne la brûle, elle retira vivement la sienne et la joignit à la deuxième, dans son dos. La chaleur sembla tenace, puisqu'elle vint de suite la brûler aux joues. La petite sorcière évita le regard de la rouquine, se tournant en direction de la destination choisie avec un léger signe de tête, incitant par ce fait Jude et, potentiellement, la vielle dame à faire de même.
Tout s'était passé à la vitesse d'un éclair, et la brunette ne se rendait compte qu'en attendant que la rouquine lui emboîte le pas que cette chaleur, une fois remontée au niveau de son visage, avait provoqué une sensation, inconnue jusqu'alors, au niveau de son ventre. Camille n'osa pas engager la deuxième partie de la conversation, confuse, se rappelant que la chaleur avait tout d'abord émané du contact physique entre les deux fillettes. La rouquine venait-elle de lui transmettre par quelque moyen cette drôle de chaleur ? Elle jeta un regard à Jude, sa figure boudeuse n'exprimant aucune émotion apparente, malgré le fait que la petite rousse commençait sérieusement à l'intriguer.