Chapitre 1 – La situation
(point de vue général)
La matinée commençait tôt dans la banlieue proche de Tokyo, et Katsuke faisait toujours parti des premiers debout, en général. En général, je dis bien, puisque ce matin-là, il ne semblait pas décidé à se lever. Recroquevillé en boule sous sa couette, le victorieux* semblait en grande bataille contre son oreiller, et ce n’était pas le jeune garçon qui gagnait.(*Katsu= victoire, victorieux)
- KAAAAAATSUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU-CHOUUUUUUUUUUUUUUU !!!! Brailla joyeusement sa petite sœur dans son oreille, toujours prête à le réveiller à sa manière.
- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAh ! lui répondit le concerné en se redressant brusquement, le rouge au joue, en mode panique.NAAAAN, J’VOUS JURE ! J’AI JAMAIS MANGE LES SUSHIS DE G… Hein ?
Katsuke se stoppa dans son élan en voyant Yumi (sa petite sœur) s’effondrer de rire par terre. Il devint encore plus rouge, si toutefois c’était possible, se leva mécaniquement, attrapa Yumi par le pyjama et alla la balancer de l’autre côté de la porte, puis il claqua ladite porte, ébranlant toute la maison. Même à travers, il entendait sa sœur rire aux éclats, ravie de sa bonne blague.
Grommelant, Katsuke balança sa couverture sur son lit. Il se débarrassa de son short, et s’empara d’un caleçon, d’un tee-shirt et d’un jean qui traînait piteusement dans son armoire. Ça faisait seulement deux semaines qu’ils avaient emménagé, et la chambre du jeune lycéen était déjà un vrai bordel !
- Katsuke, l’interpela sa mère à travers la porte, dépêche-toi, tu vas être en retard ! J’ai préparé ton petit déjeuner et ton déjeuner. N’oublie pas t…
- C’est bon, Ma’, je sais ! râla Katsuke en récupérant son sac qui s’était mystérieusement coincé entre le mur et l’armoire.
Il fourra ses livres et ses cahiers dedans sans faire attention. Bah, au pire, il aurait un ou deux cahiers en trop et des mangas à lire à la récré ! Une fois prêt, il ouvrit sa porte, esquiva sa sœur qui essaya de lui sauter dessus en hurlant comme une sauvage et descendit à toute vitesse jusque la cuisine. Le blond avala son bol de chocolat à la quatrième vitesse, manqua de s’étouffer, et attrapa une tartine tout juste sortie du grille-pain… et qui était brûlante, ce qu’il remarqua avec surprise quand sa main se mit à surchauffer.
- AAAAAÏÏÏÏEEEUh ! hurla-t-il, tandis que sa sœur se remettait à rire à plein poumons dans l’escalier.
Jurant à voix haute, le lycéen sortit dans la fraîcheur du matin et se mit à courir. Le lycée était loin, et il était en retard !
Arrivé à mi-chemin, il se permit une pause pour reprendre son souffle et croquer dans sa tart… ah, ben non, il devait l’avoir fait tomber en cours de route, parce qu’elle n’était plus dans sa main. Tant pis, il allait mourir de faim toute la matinée. Sa première journée commençait vraiment mal… Katsuke soupira, puis il reprit sa course folle, zigzagant entre les passants qui se faisaient de plus en nombreux.
Puis, comme il avait une fâcheuse tendance à ne pas regarder devant lui en courant, il percuta de plein fouet ce qui semblait être un poteau ! Un peu sonné, Katsuke vacilla.
- Hey, tu pourrais regarder où tu vas ! râla le poteau.
Abasourdi, le nouveau leva les yeux… et se retrouva face au mec le plus beau de la Terre entière (à ses yeux du moins). Ça avait tout d’une scène de film, lorsqu’une jeune fille pressée percute son prince charmant, à ce moment-là elle tombe et son prince l’aide à se relever et lui dépose un délicat baiser sur la bouche… Oui, mais voilà, il n’était pas une fille, bordel ! Malheureusement, comme il continuait à tanguer dangereusement d’un pied sur l’autre, l’inévitable arriva : il tomba sur les fesses. La chute lui arracha un cri de douleur et l’impression que son bassin venait de se fracasser. A son avis, dans le film, la fille devait tomber avec beaucoup plus de grâce… Rouge comme une tomate bien mûre et gémissant de douleur, Katsuke s’attendait à ce que le beau gosse dans lequel il venait de rentrer éclate de rire, mais il n’en fut rien. Le jeune homme se pencha après un instant d'hésitation et, inquiet, lui demanda si ça allait d'une voix étrange mais chaude et agréable.
- Ouais, ouais, nikel, dis-moi juste où est l’infirmerie que j’aille me faire recoller le coccyx, steu’plaît ! réussit à articuler Katsuke entre deux grincements de dent; son ton le surprit lui-même tant il était agacé d'être... content. De quoi? Aucune idée.
- Pas de problème ! En tout cas, tu t’es bien ramassé ! rigola gentiment l’inconnu en l’aidant à se relever à grand effort, en profitant au passage pour lui adresser un sourire amical et rassurant.
Il lui passa un bras sous l’épaule et l’autre… sous la pliure de ses genoux ! Et il le souleva comme s’il portait une princesse ! L'habilité de son geste surprit le jeune homme, mais il ne put s'empêcher de râler tant il était stupéfait.
- Héééééé ! Je peux marcher ! Ca va pas la tête ? Tu veux qu’on s’affiche ?! LACHE-MOIIIIIIIIII !! brailla Katsuke, mais son porteur se contenta d’éclater d’un rire magnifique tandis que le porté le tapait de toutes ses forces, en vain !
Bizarrement, et heureusement !, la cour du lycée était déserte (wouaaa quelle chance, il s’était ramassé juste devant le lycée !), et un simple regard en direction de la grande horloge qui surplombait les bâtiments le surprit : il n’était pas en retard, mais… une demi-heure à l’avance ! Il avait couru et s’était explosé le derrière… pour rien !
Quand ils arrivèrent devant la porte de l’infirmerie, celle-ci s’ouvrit sur une jeune femme aux longs cheveux blonds, très cliché, mais absolument ravissante. Apparemment surprise de voir quelqu’un à cette heure, surtout un jour de rentrée, elle sursauta légèrement. Mais elle se reprit bien vite en voyant qui se tenait là, et elle se mit de côté pour les laisser passer, sortant son plus beau sourire – un sourire de dragueuse mais qui, bizarrement, ni fit ni chaud ni froid à Katsuke qui, décidément, devait s'être fêlé plus que le coccyx.
- Bonjour Gaara ! Qu’est-ce-que tu fais là à cette heure ? Je te manquais à ce point-là après les vacances ? Ou tu t’es fait un bobo ? Raconte-moi tout, chéri ! se mit-elle à piailler comme une poule sortant ses plumes devant un beau coq, en ignorant parfaitement le vrai blessé de l’histoire.
Au mot « chéri », Katsuke se sentit frémir. Ce dénommé Gaara (tiens, comme dans Naruto !) sortait avec une fille comme… elle ? Surtout que, malgré ses airs de gentille infirmière sage, elle devait bien avoir une dizaine d’année de plus que lui et se comportait comme une pouf surexcitée à la vue d’un garçon lui plaisant.
- Ferme-là, Yuka, et donne quelque chose au nouveau, il est tombé sur le cul en arrivant et il s’est pété le coccyx.
- Oui, oui, ronchonna la dénommée Yuka en allant fouiller dans une étagère.
Katsuke remarqua à peine qu’on pouvait voir la culotte de l’infirmière à travers sa mini-jupe lorsqu’elle se levait sur la pointe des pieds (et elle devait le savoir, car elle jeta un regard chaud-bouillant à Gaara pour l’inciter à regarder… mais le garçon l’ignora royalement) mais il fut frappé par la froideur avec laquelle son « sauveur » (bah oui, il venait de l’amener à l’infirmerie !) venait de s’exprimer. Son regard chaleureux, son sourire et son ton tout aussi chaleureux avait disparu pour former un masque froid et las. Que s’était-il passé ?
- Ah, la voilà ! annonça triomphalement Yuka en brandissant un tube de crème. Oups, ma jupe ! gloussa-t-elle en remettant sa mini-jupe plus ou moins en place, tout en regardant à nouveau Gaara avec un regard de braise… bon sang, elle était folle de lui !
L’infirmière s’approcha de Katsuke (toujours dans les bras de Gaara, le beau brun – clair – n’avait pas l’air d’avoir envie de le lâcher pour l’instant), d’une démarche sensuelle à vomir.
- Chéwiii <3, laisse-moi ce petit garçon, je m’occupe de lui, va m’attendre dans la salle d’à côté s’il te plaît ! minauda-t-elle en me prenant comme si j’étais un chat qu’il venait de retrouver blessé dans la rue.
- Inutile, c’est non, pour la énième fois, trancha-t-il en la laissant me prendre avec un peu de réticence (quoi, il voulait la lui mettre lui-même, la crème ??). J’attends ton patient et je me barre. On a cours, après, je te signale.
Et sans demander son reste, il sortit en claquant la porte. Yuka perdit immédiatement son sourire charmeur, et elle reboutonna sa chemise (Katsuke n’avait pas non plus remarqué la vue imprenable sur l’abondante poitrine de l’infirmière, petit ange! ) et le traîna jusqu’au lit. Le blessé s’allongea sur le ventre, et il laissa la jeune femme lui baisser le pantalon et le caleçon sans broncher, la tête ailleurs. Et ses pensées revenaient toujours sur Gaara, qu’un mystère insondable entourait, à présent. Pourquoi s’était-il montré si chaleureux, et maintenant si froid ? Bien que cette froideur ne lui soit pas destinée, elle l’intriguait. D’autant plus qu’il ne connaissait le jeune homme que depuis moins de cinq minutes, alors qu'il avait la sensation de... le connaître depuis toujours.
L’infirmière lui tartina copieusement les fesses de crème, sans que Katsuke n’y fasse à attention, puis elle se mit à masser pour faire rentrer. En tant que bavarde, elle ne put s’empêcher de lui parler.
- Tu devrais te sentir honoré, te faire masser par la femme la plus sexy du lycée. A moins que tu ne sois pas déjà en kiffe sur une fille au point d’ignorer ma beauté ! roucoula-t-elle ; elle se vantait comme elle respirait, celle-là ! Mais dis-moi, tu es nouveau ? Je ne t’ai jamais vu. Tu es en seconde ?
- En première, répondit Katsuke en grimaçant. Puis, pris d’un doute énorme, il demanda : Dites, c’est bien le lycée Yukkuri, ici ?
- Bien sur, baka ! C’est le seul du coin ! se moqua-t-elle. Bon voilà, j’ai finit. Je te remet ton caleçon et ton pantalon, tu attends une dizaine de minutes, puis tu pourras y aller.
Joignant le geste à la parole, elle le revêtit, puis elle se dirigea vers son bureau et alluma l’ordinateur. Et voilà, dix minutes d’attente, à se faire chier.