Bien entendu, passer une mauvaise nuit avait des effets néfastes sur le comportement. Jasmine n'échappait pas à cette règle. Ce matin-là, elle se sentait fatiguée et incapable de se montrer gentille au sociable. Elle agissait donc à l'opposé de son attitude habituelle.

- Et tu comptes rester ici longtemps, Jasmine?

Elle se força à sourire en levant les yeux au ciel. Il l'avait enfin appelé par son prénom. Ce n'était pas si compliqué ! La jeune femme se doutait bien qu'il ne devait pas forcément le connaitre avant qu'elle ne lui dise... Mais ! En tant que préfet, il disposait de quoi savoir son identité. Et puis, il savait son nom, alors pourquoi n'aurait-il pas su son prénom ? Jasmine secoua faiblement la tête, tentant de faire disparaitre la migraine qui s'emparait peu à peu de son esprit. A quoi bon se poser tant de questions ? Elle reporta alors son attention sur... Ebenezer ? Oui, ce devait être cela ! Il était préfet tout de même, son prénom avait été plusieurs fois prononcé dans la salle commune. Elle pensait donc ne pas se tromper. Elle le fixa et hocha la tête, confirmant ses paroles. Maintenant qu'elle était là, elle comptait bien rester. De toutes manières, elle ne parvenait pas à s'endormir, alors, qu'avait-elle d'autre à faire ?

Puis, le Bleu et Bronze enchaina sur une question qui la surprit fortement, l'empêchant de répondre pendant un moment, tant elle était étonnée qu'il lui demande ça...

- Tu veux en parler?

Il devait surement faire allusion à la raison qui l'empêchait de faire une nuit complète... Mais, en quoi cela l'intéressait-il ? Pensait-il qu'elle allait lui livrer ses cauchemars comme ça, alors qu'elle ne le connaissait même pas ? Alors, elle répondit précipitamment :

"Non, je n'ai rien à dire."

Puis, elle s'installa sur la première chaise qui se présentait à elle, fatiguée de rester debout. Elle laissa son regard se balader sur toute la pièce, avant de s'arrêter sur le lézard bel et bien mort.

"Et si, reprit-elle, tu m'expliquais pourquoi tu tiens tant à réveiller des morts ?"

Elle était consciente que sa question manquait cruellement de tact. Peut-être faisait-il ça par pur amusement, mais, cela pouvait tout aussi bien être pour une raison personnelle et douloureuse. Mais bon, faire preuve de douceur et de compassion était au delà des forces de Jasmine aujourd'hui. Autant aller droit au but. Décidément, elle n'était pas dans son état normal...

- Non, je n'ai rien à dire.

Ah... Bon... Fallait vraiment qu'il arrête de faire du social, déjà c'était pas son truc et en plus, à chaque fois ça tombait à plat. Un brin gênant comme situation d'ailleurs. Il se perdit dans la contemplation du tas de cendres, pas loin de ses pieds. D'un côté, on lui aurait posé la même question, il aurait envoyé bouler son interlocuteur sans ménagement ou lui aurait raconté des craques, au choix. Il releva la tête quand Jasmine s'assit sur la chaise la plus proche. Lui aussi il en avait marre d'être debout. Il se percha sur la table la plus proche, décala une pile de grimoires qu'il faudrait qu'il pense à remettre dans la réserve rapidement et attendit que l'intruse décide de partir. Il pouvait rester longtemps comme ça, immobile, à rien faire. Sauf que Jasmine avait l'air de vouloir aussi dire des trucs qu'il fallait pas dire...

- Et si, tu m'expliquais pourquoi tu tiens tant à réveiller des morts ?

Là, la situation devenait carrément pesante. Ebenezer planta ses yeux gris dans ceux de la fille et ne bougea plus d'un iota. Comme s'il allait lui répondre et lui raconter toute sa vie tant qu'à faire. D'abord, ses raisons n'étaient pas forcément valables. L'histoire de son chat disparu après une dispute entre sa sœur et lui n'était déjà pas le genre de truc qu'on déballait, ni le fait qu'il avait en partie apprit à lire sur un bouquin de nécromancie.

- Ça ne te regarde pas. répondit-il froidement.

D'un coup de baguette, il empila ses affaires qui traînaient un peu partout et effaça les inscriptions sur les murs. D'ailleurs, ça lui faisait penser qu'il n'avait plus de craies ce qui était légèrement problématique vu qu'il adorait les craies. D'un côté, pour un truc de moldu, c'était trop pratique: ça marquait partout, ça s'effaçait facilement, y avait pleins de couleurs différentes et il aimait bien les couleurs, surtout celle de la craie bleue... La prochaine fois qu'il irait dans le Londres non-sorcier, il irait acheter une tonne de craies. Sauf que pour le moment, son problème ce n'était pas les craies mais la squatteuse aux questions désobligeantes.

- T'as vraiment rien d'autre à faire?

Non, parce qu'hormis se regarder dans le blanc des yeux jusqu'au lever du jour, comme occupation il ne trouvait rien d'autre à part peut-être l'assassiner et tester son expérience avec qu'autre chose qu'un lézard... Sauf qu'il n'était absolument pas certain de réussir et que ce serait légèrement problématique de se retrouver avec un cadavre sur les bras. Il soupira et s'étira un bon coup avant de se remettre à fixer Jasmine.

Tandis qu'elle continuait de l'observer, Ebenezer répondit à sa question. Visiblement, elle ne s'était pas trompée, elle avait cruellement manqué de tact en la posant.

- Ça ne te regarde pas.

En effet, il fallait s'y attendre. Il avait tenté de faire la conversation en lui demandant si elle souhaitait se confier sur la raison qui l'empêchait de dormir. Seulement, elle l'avait envoyé bouler sans hésiter. Il était donc normal qu'il fasse de même avec elle.

"Pas faux," se contenta-t-elle de répondre, n'insistant pas.

Qu'avait-il de pire que les gens qui insistaient, prêts à tout pour percer à jour les secrets d'une personne ?
Jasmine se redressa, changeant de position sur sa chaise. Elle était fatiguée. Elle ne souhaitait qu'une chose : retourner sous les couvertures et dormir jusqu'au levé du jour. Mais, ce n'était même pas la peine d'essayer. Elle n'y arriverait pas.
Pour faire passer le temps, elle se mit à fixer son interlocuteur, qui rassemblait ses affaires. Il avait amené beaucoup de livres que Jasmine n'avait jamais aperçu à la bibliothèque. Pourtant, elle y passait énormément de temps.

*Ils viennent surement de la Réserve* pensa-t-elle.

- T'as vraiment rien d'autre à faire?

Elle leva les yeux vers le préfet, haussant un sourcil. Si elle avait autre chose à faire, elle ne serait certainement pas là. Qu'y avait-il à faire dans un château endormi, où les couloirs étaient interminables. Elle avait marché assez longtemps avant d'atteindre cette salle. Et, pour le moment, elle ne se sentait pas d'attaque à refaire le chemin inverse. De plus, elle avait froid dans les couloirs. Dans cette petite salle, il y faisait déjà meilleur. Elle secoua donc la tête en guise de réponse.
Puis, après un moment de silence, elle se leva et s'approcha de la table où le jeune homme avait empilé les livres. Elle s'empara du premier, et se mit à le feuilleter.

"T'es ici parce que tu n'arrives pas à dormir, ou parce que tu ne veux pas dormir ?"

Jasmine était consciente qu'elle risquait, qu'une fois de plus- il ne lui fournisse pas de réponse. Mais bon, malgré sa fatigue, elle n'aimait pas trop le silence quand deux personnes se trouvaient dans la même pièce, aptes à tenir une conversation. Elle s'était donc efforcée de trouver une question à laquelle il pourrait potentiellement répondre, même si elle n'était pas sûr qu'il le ferait.

Un simple signe de tête négatif en guise de réponse, il y avait vraiment des gens désœuvrés dans cette école. Du coup, il se retrouvait coincé avec une blonde insomniaque qui commençait à s'approcher dangereusement de ses bouquins. Il hésita d'ailleurs très fortement à lui refermer le grimoire qu'elle feuilletait sur les doigts juste pour lui faire comprendre qu'on touchait pas à ses affaires. Bon, Jasmine avait de la chance, elle tripotait le livre le moins intéressant qui contenait seulement le récapitulatif des runes qu'on pouvait utiliser pour à peu près tout et n'importe quoi. Elle aurait pu tomber sur le livre du dessous qui était déjà nettement plus gore...

- T'es ici parce que tu n'arrives pas à dormir, ou parce que tu ne veux pas dormir ?

Cette fille posait vraiment des questions bizarres encore que celle-ci était moins gênante que la précédente. Ça ne lui coûterait rien de répondre et le silence devenait un peu pesant. Il descendit de sa table, poussa la main de Jasmine loin de son livre, récupéra la pile de bouquins avant de se tourner vers sa camarade.

- Dormir est une perte de temps... marmonna-t-il.

Livres en main, il parcourut la pièce du regard pour voir s'il n'avait rien oublié. Il ramassa les quelques bouts de parchemins et les craies qui traînaient avant de se diriger vers l'entrée. Le jour commençait à se lever et il valait mieux qu'il remette tout en place avant que le vieux dragon qui faisait office de bibliothécaire pointe le bout de son nez. Ebenezer avait plutôt bien avancé dans son objectif. La prochaine fois, son reptile resterait vivant un peu plus longtemps, la fois suivante il tiendrait cinq minutes et ensuite il passerait à un petit mammifère jusqu'à ce qu'il atteigne finalement son but.

- Je vais remettre ça en place, tu viens?

Après tout, si Jasmine n'avait rien à faire et qu'elle avait l'air de vouloir squatter jusqu'au bout, elle avait qu'à l'accompagner dans la réserve. Elle pourrait même se rendre utile en faisant le guet. Le serdaigle sortit de la pièce, passant en mode ninja. Hors de question de se faire chopper deux fois dans la même nuit.

Jasmine continuait de feuilleter le premier livre de la pile, ne s'attardant pas sur ce qui pouvait y être écrit. D'après ce qu'elle avait pu comprendre, cette ouvrage était juste un récapitulatif des runes. Alors qu'elle devait en être à peu près à la moitié du bouquin, elle porta son regard sur le jeune homme, qui n'avait pas l'air ravi qu'elle touche à ses livres. Roh, ça va, elle avait bien le droit d'y jeter un petit coup d'oeil quand-même. Justement, le préfet poussa sa main, l'empêchant de tourner une page de plus. Il referma le livre et le posa sur la pile, qu'il prit ensuite dans ses mains.

- Dormir est une perte de temps...

Hum... Elle n'était pas tout à fait d'accord. Ok, elle se levait souvent tôt, même lorsqu'elle n'avait pas d'insomnies. Mais, c'était parce qu'elle avait été habituée à ça. Actuellement, elle comprenait que dormir était essentiel. Si elle avait son compte d'heures de sommeil, elle se sentirait certainement mieux. Son cerveau avait grand besoin de se reposer.

Ebenezer ramassa le reste de ses affaires, avant de se tourner vers la Bleue et Bronze.

- Je vais remettre ça en place, tu viens?

En place... C'est-à-dire dans la Réserve... C'est-à-dire dans un endroit interdit... Ce n'était pas une bonne idée. Mais, après tout, elle s'était baladée pendant une bonne heure dans les couloirs, alors que le soleil n'était même pas levé. Ça aussi c'était interdit, et pourtant elle ne s'était pas fait prendre. Et puis, les livres, ce n'était pas elle qui les avait empruntés, alors, s'ils se faisaient prendre, elle n'hésiterait pas à affirmer qu'elle ne faisait qu'accompagner. Mais, de toutes manières, ils ne se feraient pas prendre. Et, au moins, elle ferait quelque chose en attendant l'heure autorisant les élèves à sortir de leurs salles communes.

"Oui, j'arrive."

Elle suivit Ebenezer hors de la salle, commençant à marcher dans le couloir. Elle passa une main dans ses longs cheveux en fixant la pile de livre que tenait le jeune homme.

"Tu vas souvent dans la Réserve ?" demanda-t-elle.

Elle espérait qu'il savait tout de même ce qu'il faisait. Elle n'était vraiment pas du genre à enfreindre le règlement, et elle n'était pas sûre de savoir comment se comporter si un membre du personnel de l'école les surprenait.

La bibliothèque n'était pas loin de la salle, c'était la pièce juste deux portes à gauche. Avec un trajet aussi court, le risque de se faire surprendre était minime. Il ne fit donc aucune remarque quand Jasmine se mit à parler au milieu du couloir.

- Tu vas souvent dans la Réserve ?

Il supposait que c'était une question rhétorique parce que ça crevait quand même un peu les yeux qu'il ne passait pas son temps au rayon Histoire de la Magie à ressasser les guerres de gobelins. Il hocha la tête en prenant l'air mystérieux de circonstance et ouvrit doucement la porte de la bibliothèque qu'il avait déverrouillé plus tôt dans la nuit en allant chercher ses bouquins. Il attendit quelques secondes en tendant l'oreille pour vérifier que personne d'autre n'y traînait avant de rentrer dans la pièce.

- T'inquiète, normalement c'est calme et je me suis jamais fait prendre... chuchota-t-il à Jasmine qui n'avait pas forcément l'habitude de visiter la réserve en fin de nuit.

Il traversa tous les rayons normaux d'un pas rapide, zigzagant entre les étagères avant d'arriver à la section la plus intéressante. La réserve où l'endroit le moins recommandable de Poudlard, bourré de magie noire, de sciences très occultes et de vieux savoirs suffisamment pour faire exploser le Royaume-Uni si on y mettait les moyens, était très facilement accessible à l'élève lambda. Après, fallait juste bien choisir les livres à lire mais il commençait à avoir l’œil pour ça. Passant en revue sa pile de livres, il en tendit deux à Jasmine avant de lui montrer leur emplacement du doigt.

- J'ai laissé un bout de parchemin pour marquer leur emplacement d'origine, comme ça ni vu, ni connu... Tu t'en occupes? Je range les autres.

Il s'enfonça davantage dans la salle pour atteindre le rayon nécromancie. Il s'accroupit devant l'étagère la plus basse et repéra le premier fragment de papier. Il le retira délicatement avant de glisser le livre qui s'y trouvait. Les déplacements de bouquins étaient à éviter surtout lorsque les sujets traités étaient pas très courus. Il valait mieux pour tout le monde que la bibliothécaire ne remarque pas qu'un élève essayait de réveiller les morts... Il fit de même avec les autres grimoires, parcourut quelques titres de la rangée d'à côté et revint vers la blonde.

- Je propose qu'on rentre aux dortoirs. Comme ça, on pourra peut-être dormir un peu...

Parce qu'il avait quand même besoin d'un peu de sommeil, donc, il ne savait pas si l'insomnie de Jasmine était un peu passée, mais lui il voulait juste rejoindre son lit.

Jasmine n'avait pas l'air trop emballée à l'idée de rentrer à la salle commune mais elle acquiesça tout de même. Ils sortirent tous deux de la bibliothèque et Ebenezer referma soigneusement la porte à clé derrière eux effaçant ainsi toutes traces de leur passage. Le trajet se fit silencieusement et il ne s'en plaignit pas, le parlotage n'était pas son truc surtout tôt le matin. A part un ou deux tableaux réveillés et un peu grincheux, personne ne remarqua les deux serdaigles qui découchaient.

Arrivé devant le heurtoir, le préfet s'effaça pour laisser Jasmine répondre à l'énigme étant donné que c'était pas son fort. La salle commune était déserte et le feu presque éteint. Un petit peu somnolent, le petit brun se dirigea vers les escaliers menant aux dortoirs des garçons. Se retournant vers sa camarade d'excursion, il fronça les sourcils en voyant qu'elle n'avait pas l'air de vouloir rejoindre son lit. Les insomniaques avaient vraiment la vie dure. Elle lui souhaita quand même bonne nuit en lui souriant.

- Tu devrais en parler quelqu'un.... De tes insomnies, je veux dire... En tout cas, bonne fin de nuit à toi aussi.

Légèrement gêné par sa dernière déclaration un poil trop empathique, il rejoignit rapidement son dortoir, se déshabilla et se laissa tomber sur son lit. Il avait quand même réussi à faire bouger un lézard, petit sourire aux lèvres, il sombra dans le sommeil.

(RP avec Abbigail O'Flyfox.)

Myosotis venait de quitter la grande salle, après un bon repas. Elle était partie un peu plus tôt que prévu, laissant sa bonne amie Irina finir le repas seule.
Elle avait prévu ce soir de travailler son chant. Sa voix était un don qu'elle devait absolument garder. Chaque personne qui l'entendait tombait aussitôt sous le charme. Ses parents l'encourageaient à se perfectionner mais Myo ne voulait jamais. Elle préférait que sa voix reste "naturel". Mais bon... Il fallait tout de même s'entrainer un minimum.

Elle marchait dans le long couloir, son sac sur son épaule. Elle savait où elle devait aller pour être tranquille.
La jeune brune arriva devant la bibliothèque et dit:

- Et non, désolée... Cette fois ce n'est pas chez toi que je vais !

La jeune fille eut un petit rire et tourna la tête vers la petite porte que se situait juste à côté.
La plupart des gens qui passait devant n'y prêtait pas attention, mais Myo est très observatrice. La première fois qu'elle se rendit à la bibliothèque, elle l'avait remarqué. Et chaque fois qu'elle passait devant la petite porte, elle se demandait ce qui se cachait derrière.

*Peut-être un monstre à trois têtes, si ça se trouve*

Elle s'avança devant l'entrée de la petite pièce. La jeune brune regarda autour d'elle pour voire si des élèves la regardaient. Non, le champ était libre, tous le monde était occupé à s'empiffré de tarte à la citrouille.
Elle poussa délicatement la porte.

- Une classe ?!
Myo fut surprise, elle referma la porte derrière elle, déposa son sac parterre, et commença ses exercices.

Arpentant les longs couloirs de Poudlard, Abbigail cherchait un lieu où elle pourrait être seule, sans risque de se voir dérangée par quelque élève bruyant. En effet, tenant fermement la boite de son alto dans sa main droite, elle souhaitait s'exercer.

Depuis son entrée au célèbre collège de Sorcellerie, elle n'avait pas encore eu l'occasion de jouer une seule fois. Elle avait longuement hésité à amener avec elle son cher instrument, mais avait finalement renoncé car elle ne connaissait, à l'époque, pas la position des sorciers au sujet de la musique moldue. Il lui était finalement apparu que les musiques magique et moldue n'étaient pas si différentes, aussi elle avait envoyé un hibou à sa famille pour leur demander de lui faire parvenir au plus vite son alto. La fillette avait donc reçu le colis le matin même et, toute la journée, elle n'avait pu empêcher ses pensées de se diriger vers celui-ci.

Pressant le pas, elle était impatiente de pouvoir à nouveau sentir ses doigts sur les cordes fines et autour de l'archet. Décidément, s'abstenir de jouer pendant si longtemps n'était pas bon pour elle !

Elle s'arrêta finalement devant une petite porte à laquelle personne ne faisait attention.

*Peut-être est-elle condamnée puisque tout le monde l'ignore...* songea-t-elle.

La Serdaigle s'approcha de ladite porte et appuya, à tout hasard, sur la poignée. Finalement, la pièce n'était pas condamnée, puisqu'elle s'ouvrit sans manifester la moindre résistance.

Pénétrant à l'intérieur, elle découvrit qu'une jeune fille portant l'uniforme de Poufsouffle était déjà présente, s'exerçant à chanter dos à la porte. La première pensée d'Abbigail fut de sortir pour laisser tranquille la jeune chanteuse, mais c'était une si jolie voix qu'elle en fut tout bonnement incapable. Sans un bruit, la fillette s'assit sur la première chaise qu'elle rencontra et, fermant les yeux, s'abandonna à écouter la mélodie.

La fin de la chanson la fit malheureusement revenir à elle. Oubliant qu'elle n'avait même pas manifesté sa présence, elle s'exclama :

- Waouh !! C'était magnifique ! Tu as une voix sublime !

S’apercevant de son manque de politesse, elle rougit.

- P-pardon... ajouta-t-elle en bredouillant. Je ne voulais pas te déranger ! Je... J'écoutais juste et... Je... Enfin... Désolée !

La jeune fille se laissa emporté par la musique. Elle se sentait bien.
La jeune brune avait oublié à quel point ça la rendait de bonne humeur, elle se sentait vivante comme jamais.

Lorsqu'elle eut terminé une petite voix retentit derrière elle:

- Waouh !! C'était magnifique ! Tu as une voix sublime !

Myo sursauta. Elle fit volte face et vit une jeune fille avec l'écusson de Serdaigle accroché sur sa robe de sorcier.
Elle devait être en première.

- P-pardon... ajouta-t-elle en bredouillant. Je ne voulais pas te déranger ! Je... J'écoutais juste et... Je... Enfin... Désolée !

La Poufsouffle sourit. Ce genre d'intervention lui faisait penser à quelqu'un... À elle même !
Elle plongea ses yeux vert dans ceux de la petite Serdaigle:

- La curiosité est un vilain défaut, mais en aucun cas je peux te faire la remarque, car moi même suis une grande curieuse.

Les yeux de la jeune fille se tournèrent vers l'instrument que tenait la première année dans la main droite.

- Oh ! Tu fais de l'alto? Pourrais-tu me jouer un morceau ?

[RP avec Myosotis Aavery]

L'inconnue ne semblait pas avoir mal pris l'intervention d'Abbigail. Au contraire, la Poufsouffle sourit et ancra son regard dans celui de sa cadette.

- La curiosité est un vilain défaut, mais en aucun cas je peux te faire la remarque, car moi-même suis une grande curieuse, argumanta-t-elle.

La fillette rougit et se sentit embarrassée en entendant la première moitié de la phrase, mais se détendit en comprenant la suite : la chanteuse ne lui en tenait absolument pas rigueur. Heureuse de cette constatation, elle posa la main sur la boite de son alto, comme pour transmettre sa satisfaction à l'instrument, attirant ainsi le regard de son aînée sur l'objet.

- Oh ! Tu fais de l'alto ? Pourrais-tu me jouer un morceau ? demanda-t-elle.

Abbigail sentit une grande reconnaissance envers la jeune fille l'envahir : peu de gens parvenaient à différencier alto et violon et cette confusion avait toujours vexé la Serdaigle. Habituellement, la fillette se sentait mal à l'aise de devoir jouer en public, mais elle décida de faire une exception pour la chanteuse à la voix d'or et à l’œil expert en matière d'instruments à cordes frottées.

- Euh... Oui, d'accord ! En ce moment, je travaille l'Hymne à la Joie de Beethoven. C'est un morceau moldu parce que je suis Née-moldue, précisa-t-elle tout en ouvrant la boîte de son alto. Tu connais ?

Après s'être rapidement accordée, elle entama la mélodie. Jouer lui procurait une sensation d'incroyable bonheur. Il n'y avait que lorsqu'elle enfonçait l'archet dans les fines cordes qu'Abbigail se sentait aussi heureuse : nulle autre activité n'avait sur elle les mêmes vertus apaisantes et rassurantes. C'était comme si elle était protégée du monde entier et que, même si Poudlard entier s'effondrait sur elle, elle ne risquerait rien tant que retentiraient les notes profondes de son alto.

Fermant les yeux pour savourer le contact de ses mains sur le bois du manche et de l'archet, elle se noya volontairement dans le flot d'émotions qui émanait de la musique. La dernière note plana dans les airs pendant quelques secondes après la fin du morceau, comme si elle rechignait à disparaître définitivement pour laisser place à un silence froid et inquiétant.

Ouvrant les yeux et rougissant de gêne (décidément, jouer en public, même réduit, la mettait mal à l'aise !), Abbigail attendit le verdict de la Poufsouffle. Même si elle ne connaissait pas la jeune fille, il était évident qu'elle possédait des bases très solides en musique, c'est pourquoi son jugement comptait beaucoup aux yeux de la fillette.

- Euh... Oui, d'accord ! En ce moment, je travaille l'Hymne à la Joie de Beethoven. C'est un morceau moldu parce que je suis Née-moldue, précisa-t-elle tout en ouvrant la boîte de son alto. Tu connais ?

Oh oui, Myo connaissait. Malgré le fait qu'elle soit sorcière, elle avait des amies nées-moldus qui étaient folle dingue de ce certain "Beethoven". La jeune Poufsouffle, elle, n'en raffolait pas mais elle garda ses pensées pour elle. En aucun cas, elle ne voulait blesser la petite Serdaigle qui avait déjà l'air assez embarrassée comme cela.

Le jeune première année, commença à jouer. De fines notes sortirent de son instrument.
Myosotis se détendit d'un coup. La musique qui parvenait aux oreilles de celle-ci était si douce, n'importe quel petit enfant se serait endormi rien qu'à la première note jouée.

Ce fut un gros choc, lorsque la Serdaigle eut terminé. C'est comme si le temps c'était arrêté. La fillette regardait Myo avec des yeux ronds. Il fallut quelques secondes avant que la brune comprit qu'il fallait qu'elle se manifeste:

- Waaaa ! Je... Je ne sais pas quoi dire ! Pas une mauvaise note !

Myosotis était impressionnée par les compétences de sa nouvelle amie.

- D'ailleurs avec toute cette histoire, j'en ai même oublié le principal ! Je m'appelle Myosotis, je très enchantée de faire ta connaissance, petite virtuose de l'alto.

La jeune brune lui fit un clin d’œil en souriant.

[RP avec Myosotis Aavery]

Le verdict tant attendu tomba bien vite et mit du baume au cœur d'Abbigail.

- Waaaa ! Je... Je ne sais pas quoi dire ! Pas une mauvaise note !

Ce n'était vraiment pas dans ses habitudes, mais pour cette fois la Serdaigle accepterait le compliment qui lui était adressé sans broncher.

- Merci beaucoup ! répondit-elle avec un sourire rayonnant tout en serrant son précieux alto contre sa poitrine.

La fillette était fière de l'effet que sa musique avait produit sur la Poufsouffle qui s'était complètement détendue en l'entendant. En réalité, Abbigail considérait qu'elle n'avait pas tant de mérite que cela puisque son père, lui-même musicien (trompettiste pour être précis), avait tenu à lui enseigner cet art dès son plus jeune âge. Avec le temps, elle avait donc acquis une certaine dextérité et une certaine justesse.

*Il faut dire aussi que L'Hymne à la joie est le morceau préféré de mon grand-père, et que je travaille très dur pour le lui jouer à Noël* songea-t-elle, omettant cependant de formuler cette réflexion à voix haute.

L'inconnue la tira hors de ses pensées en reprenant la parole.

- D'ailleurs avec toute cette histoire, j'en ai même oublié le principal ! Je m'appelle Myosotis, je suis très enchantée de faire ta connaissance, petite virtuose de l'alto, salua-t-elle avec un clin d’œil.

- Je suis Abbigail, Abbigail O'Flyfox. Tout le plaisir est pour moi, chère chanteuse à la voix d'or, répliqua-t-elle en rougissant.

Malgré sa timidité, elle tendit la main vers sa camarade pour appuyer son discours. Myosotis lui paraissait être, en plus d'une très bonne chanteuse, une jeune fille fort sympathique.

- Tu veux que je t'accompagne à l'alto pendant que tu chantes ? demanda-t-elle après une légère hésitation.

- Je suis Abbigail, Abbigail O'Flyfox. Tout le plaisir est pour moi, chère chanteuse à la voix d'or, répliqua-t-elle en rougissant.

La petite Serdaigle sourit et tendit sa main que Myo s'empressa de serrer. Sa main était chaude. Elle avait rarement rencontré de jeune fille si polie, à cette âge.

- Tu veux que je t'accompagne à l'alto pendant que tu chantes ? demanda-t-elle après une légère hésitation.

Myosotis regarda la jeune fille avec un regard surpris; Jamais personne ne lui avait demandé ce genre de chose.
Et si elle faisait une fausse note... Et si elle avait d'un coup un blanc.

"Le ridicule ne tue pas..." ce dit la brune.

- D'accord ! Mais je te préviens je ne sais pas si je répondrais à tes attentes. Je n'ai jamais vraiment pris de cours...

La Poufsouffle sourit de nouveau à sa nouvelle camarade, qu’elle trouvait, soit disant passant, fort sympathique.

Myo se racla la gorge et fit vibrer ses cordes vocales.

[RP avec Myosotis Aavery]

La Poufsouffle avait accepté la proposition d'Abbigail de l'accompagner à l'alto pendant qu'elle chantait, mais le regard surpris qu'elle lui lança apprit à la fillette que Myosotis était un peu anxieuse à cette idée. Cette déduction fut, en effet, confirmée par les paroles de la jeune fille.

- D'accord ! Mais je te préviens je ne sais pas si je répondrais à tes attentes. Je n'ai jamais vraiment pris de cours...

D'un certain point de vue, la situation était assez amusante. Habituellement, c'était Abbigail qui était du genre peu sûre d'elle, et les personnes gentilles qu'elle avait la chance de rencontrer faisaient tout pour la rassurer et la mettre à l'aise. Aujourd'hui, la situation était inversée : c'était à elle de soutenir une chanteuse très douée qui doutait, à tord, de son talent.

- Ne t'inquiète pas, je suis sûre que tu seras parfaite ! Si tu n'as jamais pris de cours, c'est que tu as un don naturel pour le chant alors ! affirma-t-elle avec un sourire sincère.

En échange de ce compliment, la Serdaigle reçut un sourire.

Puis, Myosotis entama un nouvel air, tandis que la fillette improvisait une mélodie en accord avec la chanson. Elle ne connaissait pas cette musique, mais c'était un air doux et léger qui lui donnait irrémédiablement le sourire. Ou bien était-ce seulement le fait d'entendre l'union d'une si jolie voix avec le son profond de son alto, qui la rendait heureuse ? Au fond, peut importait car tout ce qui comptait à ses yeux était que pour rien au monde Abbigail n'aurait souhaité se trouver ailleurs à ce moment précis.