Cours de Soins Aux Créatures Magiques n°5 : Joyeux Noël !

Un silence presque apaisant régnait, alors que Célya s'était assise sur un pouf à côté de Morgan. L'air était clair, pur, frais, et à part le bruissement des feuilles dans la Forêt Interdite non loin du cercle dégagé, rien ne venait troubler cette tranquillité. La blondinette se sentait presque bien, habillée chaudement, installée confortablement. Mais très vite, un crissement de pieds dans la neige se fit entendre. L'heure du cours approchait et les autres élèves arrivaient à leur tour, au compte-gouttes. Le calme allait bien vite devenir un simple souvenir, remplacé par les bavardages et les chuchotements. La blondinette s'étira, alors que l'élève suivant entrait dans l'espace dégagé de toute neige.

Il s'agissait d'un Gryffondor que Célya ne connaissait pas particulièrement. Du coin de l'oeil, elle le vit s'asseoir à l'écart, un bocal contenant une flamme entre les mains. Une idée intelligente quand on savait qu'on allait rester dehors dans la neige pour un bon petit moment. Bientôt, d'autres pas dans l'étendue immaculée troublèrent le silence et un autre élève de la Maison des rouge et or arriva à son tour. C'était une fille, et non n'importe laquelle : Eléna, une amie de la Serdaigle. Chaque fois, cette dernière repensait à la potion qu'elles avaient préparé dans les toilettes de Mimi Geignarde...

« Salut Célya. » dit la brunette en s'installant à côté d'elle.
« Salut Eléna ! » répondit l'intéressée gaiement.

La Gryffondor salua alors Morgan, ses lèvres s'étirant pour former un grand sourire. Célya ne savait pas pourquoi mais cela voulait dire quelque chose. Avaient-ils eu une sorte d'aventure tous les deux ? Peut-être une balade dans la Forêt ? Une rencontre fortuite au détour d'un couloir ? La jeune fille préféra ne pas demander ce que cela signifiait, c'était indiscret. Surtout que généralement, deux filles discutaient en l'absence de l'objet de leur conversation. Morgan était juste à côté d'elles, aussi Célya se tut.

Elle regarda une élève de Poufsouffle avancer parmi les poufs. Celle-ci salua les autres élèves présents. La blondinette reconnut alors Aurea, avec qui elle avait discuté à la bibliothèque quelques temps plus tôt. Une jeune jaune et noir plutôt sympathique. Célya observa ensuite l'autre Poufsouffle, qui se tenait à ses côtés, et se dit que finalement, si elle chuchotait, elle pourrait discuter avec Eléna. Mais quelques instants plus tard, Jasmine arriva à son tour.

« Salut vous ! Ça va ? » fit-elle en s'installant aux côtés d'Eléna.
« Salut Jasmine. Un peu froidement, je dois avouer ! Mais on n'est pas bien, là ? Et toi ? »

Bientôt, plusieurs autres élèves arrivèrent en même temps. Le petit groupe formé de Célya, Morgan, Eléna et Jasmine fut rejoint par une Serdaigle, Apoline, une amie de classe très sympathique aussi. Elle salua ses camarades en lançant un « Salut tout le monde » collectif et s'enquit sur le sujet du cours. C'était une très bonne question, la blondinette se le demandait également. Elle haussa les épaules et fit la moue, ayant eu un frisson dû à une légère brise fraîche. Oui, sur quoi porterait le cours de Soins aux Créatures Magiques ? Célya n'avait pas la réponse mais elle espérait que le reste des élèves arriverait rapidement et que le professeur Blanchet satisferait sa curiosité.

Leur petit groupe se mit à grossir peu de temps après l'arrivée de Charlie. Quatre Gryffondors étaient arrivés, au total. C'est bien! À quatre, ils pourraient certainement venir à bout de n'importe quel défi qui allait se dresser devant eux aujourd'hui. Comme on dit, quatre têtes valent mieux qu'une!

Ah... on n'dit pas ça? Vous êtes bien sûr?

Il y avait beaucoup de Serdaigles arrivé! Mais ça, ça n'avait rien de bien surprenant. Ils sont toujours à l'heure, les aiglons. Parmi eux, il y avait un môme avec un bien étrange choix vestimentaire en ce beau matin d'hiver! Et venant de Charlie, ce n'est pas peu dire! Des chaussettes en guise de gants... Bon, il a l'air idiot, mais c'est pas si bête. Malin, le gamin! Au moins, il ne perdra pas ses doigts. Elle regarda le petit et lui fit ce visage. Vous savez, CE visage! Celui que l'on fait lorsque l'on voit quelqu'un de visiblement dans le pétrin, mais que l'on n'a pas le temps, l'envie ou les capacités de l'aider. Vous savez de quoi il est question ici, allons: un sourire aux lèvres pincées avec un haussement des sourcils et parfois des épaules. Comme pour dire "Eh! Pas d'bole, mon gars!".

L'idée de son collègue Gryffondor, en revanche, n'était pas si mauvaise... quoi que bon, pas aussi brillante que l'idée de ne pas oublier ses gants, mais pas mal tout d'même! "Au moins, t'as pensé à prendre ta baguette!" Dit Charlie en ricanant un peu. "Mais c'est bien comme idée, ça. Y avoir pensé avant, on aurait pu faire un joli p'tit feu." Et manger des guimauves en plein cours, tant qu'on y est? En tout cas, ça ferait un cours très original, ça c'est sûr.

"Je pense que Miss Blanchet nous a réservé une belle surprise. D'après moi, ça risque d'être assez sportif, mais du moment qu'elle ne nous demande pas de jouer avec un gros Troll des montagnes adulte ça devrait le faire."

"Ah! Sportif, tu dis? Ça ouais, si c'est un troll, personne ici ne devrait avoir trop de mal à se tenir au chaud! Ça serait déjà ça. Va falloir faire gaffe à ton bocal par contre. Si jamais il le bouffe, j'ose pas imaginer comment ça pourrait se terminer!" Le divertissement serait le bienvenu, mais même Charlie doutait du résultat d'une rencontre avec un troll des montagnes. Oh, quoi que ça ne l'empêcherait pas de se donner à fond dans le cours. Plus c'est fou, plus c'est excitant. Eh pis ça fait un truc à raconter après. "Moi, j'dis que l'on va soit voir les fameux lutins du Père Noël OU le Bigfoot! J'crois que Miss Blanchet aime bien garder le suspense."

Le premier courageux étant Morgan, le préfet des poufsouffle, il montrait l'exemple et c'était tout à son honneur. Alors qu'il s'installait sur un pouff, le jeune homme lança quelques mots en Français. Il espérait voir des crabes de feu durant le cours. Pas de bol pour lui, il resterait à l'état d'un glaçon. Souriant, la brune lui rendit un bonjour dans sa langue natale avant de noter la présence du préfet sur son parchemin. Arriva ensuite une serdaigle se nommant Célya, la brune répondit à son bonjour par un hochement de tête.

Kyara en fit de même pour Alcofribas, un gryffondor qui arriva avec un petit bocal contenant une flamme, avec Elenna qu'elle connaissait déjà, ainsi qu'avec Aurea, une poufsouffle. Si les élèves arrivaient aussi rapidement, le cours allait pouvoir commencer sans tarder, ce qui était une bonne chose ! Tant pour Kyara que pour les élèves. Alors que la professeure de Soins Aux Créatures Magiques faisait la chose la moins trépidante au monde : marquer les élèves présents, une nouvelle arrivante se fit entendre.

- Hé, qu'est-ce qu'on va voir aujourd'hui, professeur? Le Grinch'?

Relevant la tête, Kyara foudroya du regard l'élève qui était une gryffondor. Apparemment elle avait laissé ses bonnes manières au chateau. La moindre des choses est de saluer une personne avant de lui demander des choses. D'ailleurs, la brune ne savait pas ce que pouvait être un grinch'. Un truc moldu surement ... Et après les gens s'étonnaient que les moldus étaient considérés comme inférieurs. Ils ne gagnaient pas des points sans un minimum de politesse.

- Euh en fait, oubliez ça. Bon matin.

Bon matin .... Kyara comptait la garder dans le collimateur elle ! Penchant sa tête sur le parchemin, la Française nota que Charlie était présente. Si elle comptait prendre le relais d'Izsa et d'Ebenezer, elle avait encore du travail. Poussant un petit soupir, Kyara salua ensuite les autres arrivants et elle constata que comme au cours précédent, il y avait une majorité de serdaigle et de serpentard. Bien que pour le moment, les serpents ne semblaient pas avoir le courage de braver le froid.

Alana se réveilla à l'aube comme tous les matins. Après une douche bien chaude et son soin du visage hebdomadaire afin de garder une mine radieuse, la jeune fille s'habilla avec un cardigan gris et une jupe noire, complétant sa tenue avec des collants en laine. Après un petit déjeuner équilibré, elle sortit de la grande salle et se retrouva face au froid qu'elle trouvait glacial. Le parc était recouvert de neige qu'elle allait devoir franchir. Elle serra son sac contre elle et s'élança. Ça y est, le plus dur était fait, désormais elle ne pensait plus à rien, juste à rejoindre le plus vite possible l'endroit où se déroulerait le cours de soins aux créatures magiques.

Quand la Quinn arriva au cours, elle remarqua qu'une petite dizaine d'élèves étaient déjà présents. Seulement un seul représentant de la maison Serpentard était déjà sur place. Elle prit place sur un pouf près de l'autre Serpentard, un peu à l'écart, et adressa un sourire de bonjour aux autres élèves. Elle regarda ensuite l'enseignante, qui était en train de fusiller du regard une autre élève. Alana avait intérêt à se tenir à carreaux, bien qu'elle n'était pas si turbulente que ça. Le problème, c'est qu'elle était tout simplement désintéressée.

- Bonjour Professeure.

Lana lui adressa un sourire forcé, mécontente de se retrouver en cours. Pourquoi avait-elle décider de venir, elle ne pouvait s'empêcher de regretter sa venue surtout qu'il faisait froid ! Elle souffla et commença à se recoiffer à l'aide de sa main, un de ses tocs ou tics, elle ne savait pas très bien, qui la suivait partout où elle allait. Lana mit son sac sur ses genoux, ne sachant pas si elle devait sortir un parchemin et une plume. Car avec le cours de soins aux créatures magiques, on ne sait jamais à quoi s'attendre. En effet, beaucoup des cours consistaient surtout à de la pratique et de l'écoute. La Serpentard leva sa main, d'un air un peu perdu.

- Madame Blanchet, faut-il se munir d'un parchemin et d'une plume ?

Elle espérait tellement que la réponse soit négative et qu'elle puisse tout simplement croiser les bras et attendre que le cours se finisse.

Le dortoir des garçons était encore bien silencieux lorsque Severus se réveilla pour assister à un cours de Soins aux Créatures Magiques. Se sentant à l'aise sous ses couvertures bien chaudes, le Serpentard n'ouvrit pas tout de suite les yeux. Il se trouvait dans cet état si agréable entre le sommeil et le réveil. Ayant l'impression de flotter, il força son esprit à laisser son corps s'éveiller petit-à-petit. Grâce à la potion prescrit par Kyara Blanchet, le jeune homme commençait à récupérer et à retrouver un sommeil réparateur.

Après quelques minutes, Severus ouvrit enfin les yeux. Ses mains s'emparèrent de sa montre. Elle indiquait six heures trente. Le jeune homme se leva car il ne devait pas s'attarder au lit plus longtemps. D'ordinaire, il se levait à six heures. Trente minutes de plus ne le mettaient pas vraiment en retard. Le Serpentard saisit donc ses affaires et fonça dans la salle de bain des garçons. Il profita de l'eau chaude pendant un moment car en traversant la Salle Commune, il avait entendu quelques élèves parler de chute de neige durant la nuit. L'hiver n'était pas vraiment la saison qu'il préférait en particulier à cause de l'atmosphère glaciale qu'il apportait au sein du château.

Après s'être habillé, l'étudiant de dernière année retourna dans son dortoir pour rassembler ses affaires de cours. S'emparant de sa sacoche de cuir noir et sa baguette, Severus se dirigea d'un pas tranquille vers la Grande Salle. Au passage, il n'avait pas oublié de se couvrir correctement pour affronter l'air glacial. Les couloirs commençaient déjà à être envahis d'élèves. S'asseyant à la table des Serpents, il prit un petit déjeuner en silence. Ses yeux s'attardèrent sur différents visages et ses oreilles écoutèrent les bavardages relatant les dernières nouvelles de la Gazette du Sorcier.

Lorsqu'il eut fini de manger, le Serpentard prit la direction de l'extérieur du château. Le cours de Soins aux Créatures Magiques avait lieu dehors aujourd'hui. Resserrant sa cape et son écharpe, Severus parcourut les quelques mètres qui le séparaient du cours de Kyara Blanchet. Constatant pas mal de traces de pas dans la neige, il ne fut pas surpris de voir que de nombreux élèves s'étaient déjà installés sur les poufs déposés là par Kyara. Cette dernière avait pris la peine de faire fondre la neige au préalable.

Le jeune homme repéra un pouf plutôt sympa. Avant de s'y installer, Severus salua respectueusement son professeur de Soins aux Créatures Magiques.

- Bonjour Professeur, dit-il en hochant la tête et en esquissant un sourire.

Le Serpentard s'assit calmement, posa sa sacoche à ses côtés et sortit sa baguette. Avec une certaine impatience, Severus commença à se questionner sur le sujet du cours. Rien n'était spécialement indiqué. Kyara avait décidément le don de les surprendre.

Une nouvelle serpentard arriva et Kyara l'identifia comme étant Alana Quinn. Encore une nouvelle tête pour le cours ! Lorsqu'il y avait des nouveaux, la Française prenait toujours la peine de savoir qui ils étaient. Au moins physiquement pour pouvoir mettre un nom sur une tête. Elle trouvait que ça ne faisait pas très professionnel de demander à chaque fois le nom de ses élèves. Saluant la demoiselle d'un hochement de tête, Kyara était en train de faire les comptes sur les élèves présents quand Alana posa une question.

- Madame Blanchet, faut-il se munir d'un parchemin et d'une plume ?

Kyara regarda attentivement la serpentard pendant quelques secondes afin de voir si elle était en train de plaisanter ou pas. Au vu de sa tête, ce n'était pas le cas. La brune se demanda alors ce qu'ils faisaient dans les autres cours. Dans le temps, l'ancienne serpentard n'aurait jamais débarqué en cours en demandant ça. C'était logique qu'il fallait un parchemin et une plume ! Elle voulait noter sur quoi ? Sa main ? Son bras ? Et avec quoi ? Sa salive ? Son sang ?

- Nous sommes en cours miss Quinn. Bien évidemment qu'il faut de quoi écrire ! Ce n'est pas encore les vacances et si vous comptez vous tourner les pouces pendant le cours autant partir de suite. Je suis sure qu'un de vos camarades vous donnera de quoi prendre des notes.

Un jour, Kyara ferait un livre avec toutes les absurdités des élèves. Demander s'il fallait de quoi écrire pour un cours ... c'était vraiment à se demander ce qui ne tournait pas rond. Il faudrait que la brune échange quelques mots avec Renata pour savoir s'il n'y avait pas un problème avec les membres du personnel.

D'autres élèves étaient arrivés après Wendy. L'un d'eux, un jeune homme de Serdaigle, avait même pris place à côté d'elle. La jeune fille observa chaque visage, essayant de graver dans sa mémoire les traits de chacun afin de pouvoir les reconnaître à l'avenir. Elle ne connaissait le nom d'aucun d'entre eux, et personne ne lui avait adressé la parole. Comme à son habitude, elle avait réussi sans effort à se fondre dans le paysage, à devenir invisible. Même la professeure n'avait pas semblé remarquer sa présence.

Une élève de Serpentard posa une question à l'enseignante, pour savoir s'il fallait sortir un parchemin et une plume. Wendy se demanda si l'élève avait déjà rencontré la jeune femme qui allait leur donner le cours, et, si tel était le cas, pourquoi avançait-elle une interrogation qui saurait, Wendy en était sûre, trouver une réponse bien sarcastique, comme seule la professeure de Soins aux Créatures Magiques en avait le secret. Sa prédiction se révéla en dessous de la vérité lorsque l'enseignante lança sa réplique cinglante et méprisante :

- Nous sommes en cours miss Quinn. Bien évidemment qu'il faut de quoi écrire ! Ce n'est pas encore les vacances et si vous comptez vous tourner les pouces pendant le cours autant partir de suite. Je suis sure qu'un de vos camarades vous donnera de quoi prendre des notes.

Haussant les sourcils en signe d'étonnement, Wendy jeta un regard discret à l'enseignante. Pourquoi se sentait-elle toujours obligée de se montrer détestable envers ses élèves ? La jeune Serpentard n'avait fait que poser une question (un peu comme elle lorsqu'elle avait rencontré la professeure) et avait reçu une réponse arrogante, voire carrément méchante. Wendy se tourna vers son voisin de pouf et se pencha délicatement vers lui, murmurant à voix très basse, pour que personne hormis le jeune homme ne puisse l'entendre :

- Salut, je suis Wendy. La prof est comme ça aussi pendant ses cours, ou c'est juste pour montrer qu'elle se croit supérieure à tout le monde ?

Les élèves arrivaient au compte-gouttes, pendant que Charlie déconnait gentiment avec Aly. C'était assez marrant d'être assis à ses côtés, de discuter, même si un froid glacial s'était répandu dans l'atmosphère autour d'eux.

- Au moins, t'as pensé à prendre ta baguette !

Assez préoccupé, le jeune homme hésita à répondre.

- Attends deux secondes..., il regardait la prof du coin de l’œil : Je crois qu'elle nous regarde... Tu...

En constatant son agacement il s'arrêtait net de parler. Mademoiselle Blanchet ne lâchait plus Cha des yeux, genre "Toi tu devrais te tenir à carreau avant que je te colle". Alcofribas n'avait pas forcément honte, il trouvait le comportement de la jeune Gryffondor plutôt original même.

Il décidait d'attendre plus calmement, tout en pensant à ce qu'ils allaient bien pouvoir faire aujourd'hui. Entre temps, deux autres sinoples rejoignirent le groupe. L'un d'entre eux était une fille, elle s'assit au côté des autres Serpentards, un autre s'assit seul à part.

La jeune fille des verts posa l'ultime question : fallait-il avoir apporté son parchemin et sa plume ?

- Nous sommes en cours miss Quinn. Bien évidemment qu'il faut de quoi écrire ! Ce n'est pas encore les vacances et si vous comptez vous tourner les pouces pendant le cours autant partir de suite. Je suis sure qu'un de vos camarades vous donnera de quoi prendre des notes.

En tout cas, maintenant la réponse était très claire pour le jeune Gryffondor. Il sortit la baguette de sa robe en la pointant vers le ciel, il donnait le bocal à Charlie. Dans un moment vif et assuré il prononça une formule.

- #Accio plume et parchemin !, il avait appris ce sort dans Le Livre des sorts et enchantements, niveau 4

Il devait attendre deux bonne minutes avant que tout ce dont il avait besoin arrive à lui. Des morceaux de parchemins attachés et une plume fonçaient dans sa direction, il s'élança et les rattrapa au vol. Il se rassit très vite.

- Tu vois, Charlie, ça c'est le sort qui m'a permit d'échapper un bon nombre de fois à tout un tas d'ennuis.

- Moi, j'dis que l'on va soit voir les fameux lutins du Père Noël OU le Bigfoot! J'crois que Miss Blanchet aime bien garder le suspense.

- Franchement je sais pas du tout, il y a tellement de possibilités... je dirais que ça peut être n'importe quoi, dès l'instant que ça n'est pas des dragons, des licornes, des reptiles ou des créatures aquatiques.

Arrivé dans les premiers, le serdaigle pris place sur un pouf et attendait que le cours commence quand soudain une élève posa la question :

- Madame Blanchet, faut-il se munir d'un parchemin et d'une plume ?

Leister se demandait s'il était au bon endroit et si c'était bien le groupe qui allait suivre le cours de Miss Blanchet. Il ne comprenait pas comment un élève ait pu oser poser cette question. C'était un cours donc forcément il fallait prendre note pour emmagasiner la matière pour les examens. La française, répliqua de manière forte.

- Nous sommes en cours miss Quinn. Bien évidemment qu'il faut de quoi écrire ! Ce n'est pas encore les vacances et si vous comptez vous tourner les pouces pendant le cours autant partir de suite. Je suis sure qu'un de vos camarades vous donnera de quoi prendre des notes.

Ce n'était pas le bleu et bronze qui allait prêter son matériel en tout cas, encore moins à une serpentard. Le minot n'était pas de très bonne humeur à la base mais grâce à Miss Quinn, la mauvaise humeur se dissipa pour laisser place à un sentiment de bonheur. Le sourire se présenta à ses lèvres quand soudain sa voisine l'aborda :

- Salut, je suis Wendy. La prof est comme ça aussi pendant ses cours, ou c'est juste pour montrer qu'elle se croit supérieure à tout le monde ?

Que dire ? Leister n'en savait fichtre rien car cela ne le préoccupait guère. « C'est mon premier cours de soins aux créatures magiques, je t'avoue et je ne connais pas Miss Blanchet plus que ça. La seule fois où j'ai entendu quelque chose sur elle, et encore, c'était des bruits de couloir, c'était à propos de sa relation avec un autre professeur. Pourquoi ? Tu n'aimes pas l'autorité ? Enfin bon, cessons cet aparté, je n'ai pas plus envie que ça d'être dans les griefs de la professeure et encore plus lors de mon premier cours ».

Le McKinley se mit à son aise car d'autres élèves n'étaient pas encore arrivés et donna un chocogrenouille à sa voisine « Tiens ! Mâche ! Tu pensera à quelque chose d'autre pendant ce temps-là ».

Charlie déconnait tranquillement avec son nouvel ami. Tout allait bien, mais elle avait comme une sensation étrange au niveau de la nuque. Comme si quelqu'un la fixait intensément. Et pis, il y avait comme un drôle de froid dans le cercle. Soudain, Aly se raidit un peu.

"Attend deux secondes... Je crois qu'elle nous regarde... Tu..."

Holy sh*t! Pensa Charlie qui s'était tournée légèrement pour voir de quoi le Gryffondor parlait. La professeure la fixait d'un regard sévère. Un regard méfiant, dur et qui n'entend certainement pas à rire. Ouhhhh, la réputation de Charlie la précédait-elle? Elle espérait seulement qu'elle ne mettrait pas Alcobrifas dans la Mer** parce qu'elle... euh... en fait, qu'est-ce qu'elle avait fait au juste? Peut-être que j'ai un truc entre les dents.

Peu importe! La Gryffondor n'avait pas froid aux yeux, et elle soutint le regard de Madame Blanchet sans broncher. Elle lui fit même un sourire sincère. Pourquoi pas? C'est mal parti on dirait! Pensa-t-elle lorsque finalement la professeure reporta son attention sur sa liste de présence alors qu'une nouvelle élève faisait son entrée. "C'est pas une liste de présence, c'est une liste d'épicerie! On aurait dit qu'elle allait m'bouffer." Chuchota Charlie à son voisin. Mouais, elle allait se tenir tranquille ce matin... enfin, autant que possible. Ça serait idiot de se faire coller dans un cours qu'elle apprécie bien. Elle continua donc de discuter tranquillement et se mit elle même au défi de se tenir tranquille ce matin. Cette prof a l'air d'une machine à colle.

"Madame Blanchet, faut-il se munir d'un parchemin et d'une plume?"

Plusieurs élèves s'étaient alors complètement tus pour regarder la brave Serpentard qui avait osé poser cette question. Alana Quinn, une blonde avec un air un peu perdu qui aussi avait décidé de braver le froid pour venir assister à ce cours. Bon, pour sa défense, elle n'était pas la seule à ne pas avoir tout son matériel! Alcobrifras, par exemple...

"Nous sommes en cours miss Quinn. Bien évidemment qu'il faut de quoi écrire! Ce n'est pas encore les vacances et si vous comptez vous tourner les pouces pendant le cours autant partir de suite. Je suis sure qu'un de vos camarades vous donnera de quoi prendre des notes."

Houla! D'accord, elle n'entend pas à rire, la Blanchet. Les sourcils hauts sur son front, Charlie se retourna très lentement vers Alco. Aïe, une chance que quelqu'un s'était risqué à poser la question avant qu'il ne se fasse prendre! D'un coup de baguette, il fit venir son matériel à lui. Bon, pas très subtile, mais au moins il allait évité les ennuis... et pis comme ça, la pauvre Serpentard saurait qu'elle n'était pas seule... enfin, pour c'que ça vaut d'être solidaire avec un Serpentard...

"T'as du bole, toi!" Rigola-t-elle alors qu'Aly attrapait ses choses. "Le sort le plus indispensable de l'histoire de la sorcellerie! Ou en tout cas, de l'histoire des étudiants qui ont des cours tôt le matin." Il est marrant, son collègue de Gryffondor! Ce cours promettait de ne pas être trop ennuyeux, en tout cas. "Si ce sort fonctionnait avec la chaleur, j'en connais quelques-uns qui aurait pas mal moins froid en ce moment."

Lorsque son voisin de pouf répondit d'un ton indifférent "C'est mon premier cours de soins aux créatures magiques, je t'avoue et je ne connais pas Miss Blanchet plus que ça. La seule fois où j'ai entendu quelque chose sur elle, et encore, c'était des bruits de couloir, c'était à propos de sa relation avec un autre professeur. Pourquoi ? Tu n'aimes pas l'autorité ? Enfin bon, cessons cet aparté, je n'ai pas plus envie que ça d'être dans les griefs de la professeure et encore plus lors de mon premier cours", Wendy se redressa en haussant un sourcil. Tant de vocabulaire dans la bouche d'un petit garçon de pas plus de douze ans la laissa pantoise. Le garçon lui tendit un chocogrenouille et lui dit :

- Tiens ! Mâche ! Tu penseras à quelque chose d'autre pendant ce temps-là.

Jugeant le jeune élève décidément bien impertinent, elle décida de retourner ses propres conseils contre lui en lui assenant une phrase bien sentie :

- Tu sais, si tu ne veux pas être dans les griefs de la professeure lors de ton premier cours, je te déconseille de déguster tranquillement ce qui aurait pu te servir de petit déjeuner devant elle. M'est avis que madame Blanchet n'apprécie pas plus ceux qui mangent pendant ses cours que ceux qui demandent si on doit sortir un parchemin et de quoi écrire... D'autre part, et pour te répondre, je n'ai aucun problème avec l'autorité du moment qu'elle vient des professeurs... Par contre, en ce qui concerne les ordres que se permettent de me donner les élèves, qui plus est plus jeunes que moi, c'est une autre histoire.

Observant attentivement la réaction du jeune homme, elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire à son attention. Cependant, bien qu'il se fut montré presque insolent envers elle, elle comptait bien lui faire comprendre que, malgré ses quelques années de plus que lui, elle ne souhaitait pas se montrer arrogante.

- Mais merci quand même pour le chocogrenouille, c'est gentil de ta part, ajouta-t-elle avec un clin d'oeil amical.

Il manquait encore trois élèves avant de pouvoir commencer le cours. Jetant un coup d'oeil à sa montre, la brune espérait pour eux qu'ils ne tarderaient pas. Au pire, ça ferait des points en moins. Ça ne changerait pas grand chose pour les Poufsouffle, vu qu'ils étaient derniers au classement des sabliers. Ça ne changerait pas non plus grand chose pour les Serpentard, mais en tant que premiers, ils se devaient de montrer l'exemple ! Perdre des points bêtement car ils n'étaient pas matinaux ne rendait pas bien.

Tapant son parchemin avec sa plume, la Française posa son regard sur Alcofribas qui avait sa baguette en main. Levant légèrement un sourcil, la brune regarda le gryffondor lancer un sort. Quelques minutes après de quoi écrire arriva vers lui et d'un bond il réceptionna le tout. Ainsi miss Quinn n'était pas la seule à penser qu'ils n'allaient pas avoir besoin de se fouler le poignet. Poussant un soupir, Kyara regarda ensuite un serdaigle qui était en train de petit déjeuner. Cela ne dérangeait pas la professeure de Soins Aux Créatures Magiques tant qu'il ne mastiquait pas bruyamment. De plus, s'il en mettait de partout, ça tomberait au sol ! Pas besoin de faire de ménage ! Croisant les jambes, Kyara regarda une nouvelle fois sa montre. Au loin, il y avait quelques élèves, peut-être que les trois manquants étaient dans le lot ...

Les élèves n'étaient pas très bruyants. Eléna était assise sur son pouf, à côté de Célya qui venait de la saluer en attendant que le cours commence. Eléna sortit tranquillement ses affaires, une plume, un parchemin et un peu d'encre. Elle en profita pour sortir également son manuel de soin aux créatures magiques qu'elle posa à ses pieds. Toujours pratique en cas de questions. À l'intérieur, un vrai bestiaire. Passant des animaux les plus basiques aux plus complexes, des plus dangereux aux moins communs.

Jasmine arriva ensuite et se mît aux côtés de la lionne. Elle leur demanda s'ils allaient bien. Eléna acquiesça d'un signe de tête après que Célya est fini sa phrase sur le temps hivernal. La Serdaigle avait entièrement raison. Il fessait froid, c'était un mois de décembre très froid. Et Kyara semblait aimer travailler dans le froid. À plusieurs reprises elle avait emmené ses élèves se promener en extérieur, dans la forêt glacée et dans l'eau froide.

Une Serdaigle nommée Appoline arriva et salua le groupe qui s'était forme en s'installant avec eux. Elle demanda ensuite s'ils avaient une idée du sujet du cours. Eléna haussa les épaules. Elle avait une petite idée, mais cette idée était assez complexe. Après tout, s'ils avaient vu des dragons et plongé sous l'eau avec des sirènes pourquoi ne pourraient-ils pas monter à dos d'Hippogrife ? Ça aurait été assez marrant, très dangereux également, car ces créatures étaient très susceptibles.

- Imaginez, que la prof nous fasse monter... , elle fit une pause, à dos d'Hippogrife. Ce serait original nan ? Vu tous les cours qu'elle a réalisé jusqu'à aujourd'hui ce serait possible nan ?

Attendant une réponse de la part de ses amis, elle tourna la tête pour voir ce qui se passait autour d'elle. Une Serpentard avait questionné la prof. Une question assez évidente, car elle demandait s'il fallait se munir d'une plume et d'un parchemin. Pas très malin de s'attirer les foudres du professeur dès le premier jour. Ils étaient censés être malin les Serpentard non ? Eléna observa Kyara, elle scrutait soigneusement l'assemblée à l'affût de tout. Plus que trois élèves et le cours pourrait commencer.

Trevor se leva, ce matin là, avec un mal de tête plus que douloureux. Il se redressa dans son lit, les sourcils froncés et une grimace de douleur collée au visage. Il s'appuya sur ses coudes, laissant sa couverture tomber sur ses jambes et révéler un torse musclé, et tourna la tête vers sa table de chevet. Des manuels scolaires étaient posés dessus, ainsi que sa baguette, du parchemin et des plumes. Trevor pencha la tête sur le côté et ouvrit légèrement la bouche. Dans ses yeux brillait un éclat d'incompréhension. Pourquoi avait-il sortit toutes ses affaires et les avaient-il posées ici ? Soudain son regard passa d'idiot à paniqué. Il avait complètement oublié son Cours de Soins aux Créatures Magiques auquel il devait assister le matin même. Il se dépêcha de se débarrasser de ses couvertures en lui donnant des coups de pieds et couru dans la douche, se préparant à une vitesse plus grande que celle de la lumière. Il fourra ses affaires dans un sac en bandoulière et mit son manteau, des gants, une écharpe et ses bottes, puis déboula dans la Grande Salle. Il eut le temps d'attraper une pomme et se remit à courir en mangeant sa pomme, tout débraillé et essoufflé.

Trevor arriva à l'endroit où le cours devait se donner. La plupart des élèves étaient déjà présent, mais il n'était pas en retard. Le grand brun couru les quelques mètres qui lui restaient à franchir pour rejoindre le petit groupe et s'arrêta enfin, les joues rouges et le souffle court. Il avait presque fini sa pomme, croqua dedans, puis salua les personnes présentes... sauf qu'il s'étouffa avec son morceau de fruit. Le Serpentard fut alors prit d'une quinte de toux violente. Il finit par attraper sa bouteille d'eau et en boire une grande lampée. Décidément, ce n'était vraiment pas son jour. Il adressa quand même un sourire qui aurait fait fondre plus d'une personne aux individus qui assistaient au cours.

- Bonjour tout le monde !

Il alla alors s'installer sur un pouf à côté d'un autre Serpentard. Celui-ci paraissait impatient, Trevor décida donc de ne pas le déranger. Ce ne fut qu'à ce moment qu'il remarqua qu'il faisait assez froid. Il croisa alors les bras sur sa poitrine, espérant pouvoir garder le peu de chaleur qu'il lui restait de sa course folle.

Ramenant ses cheveux derrière ses oreilles, Kyara était dans ses pensées lorsqu'un élève arriva en courant. Un serpentard se nommant Trevor. Un prénom ... assez original. S'arrêtant, l'élève croqua dans sa pomme avant de commencer à s'étouffer. Ça c'était de l'arrivée de ouf. Sortant sa baguette, la professeure de Soins Aux Créatures Magiques allait aider Trevor, mais ce dernier arriva tout seul à se sauver. Lançant un sourire qui laissa Kyara de marbre, le serpentard lança ensuite un bonjour avant de s'installer. Le cours promettait.

La Française nota la présence du jeune homme quand une chouette arriva et se posa gracieusement sur un coin du fauteuil de Kyara. Majestueux, la chouette tendit la patte et attendit que la brune prenne le rouleau de parchemin avant de repartir en laissant quelques plumes en souvenir. Époussetant l'accoudoir, Kyara déroula le morceau de parchemin. La missive lui apprenait que la poufsouffle manquante serait en retard peut-être même absente. Faisant la moue, la brune nota la précision sur son propre parchemin. Ainsi, il ne manquait plus que Levine et le cours pourrait commencer.

Il marchait d'un pas mesuré, ses longues capes noires claquant derrière lui d'un air menaçant à chacune de ses enjambées. Levine savait qu'il n'était pas loin d'un retard, mais il n'accéléra aucunement sa vitesse de marche. Il émergea finalement des escaliers qui menaient vers les cachots, prenant directement la direction des lourdes portes. Poussant les lourds battants, il ne fut pas surpris du froid qui l'accueillit à bras ouvert. Sans pour autant frissonner, le Serpentard continua son chemin, remarquant les nombreuses traces du passage des élèves dans la neige. Aucune hésitation, sans jamais se presser. Il savait qu'il n'arriverait pas en retard, une certitude qui lui fit légèrement ralentir le pas imperceptiblement.

Il repensa alors à sa nuit. A son insomnie qui commençait doucement, mais surement à le ronger de l'intérieur.

A son impossibilité de s'endormir pleinement, la peur - bien que le Koenig ne l'aurait jamais avoué - de revoir ces images, ses souvenirs, qui le terrifiaient, le terrorisaient. De revoir son père, impassible, levait le bras, baguette en main, lançant le Doloris avec une indifférence effrayante. Comme toujours. Pour que son fils apprenne, obéisse. Parfois, dans de rare moment de solitude, de détresse, il se demandait si son grand-père avait fait de même. Il l'espérait ; non pour pardonner son père de ce geste inhumain, plus pour le seul plaisir de savoir que ce sal*ud avait, lui aussi, souffert. Que, lui aussi, avait été humilié.

Il sortit sa montre à gousset, d'argent modulé ; l'heure affichée lui indiqua qu'il lui restait deux minutes avant le début du cours de Soins aux Créatures Magiques. Il n'accéléra pas, gardant la même allure. Distraitement, sans même y penser, il commença à jouer avec la montre, comme il l'aurait fait avec sa baguette si elle n'était pas coincée dans sa manche droite.

Il avait passé des heures à somnoler, entouré du brouillard qui séparait réalité et rêve, sans jamais sombrer complètement. Comment aurait-il pu ? Il était déjà vu comme étrange par certain ; fou, dérangé, devait certainement penser certain de ses camarades de Maison. Ils n'avaient pas totalement tord, après tout. Mais le Prince de Russie n'avait nullement l'envie que ces rumeurs deviennent plus insistantes à cause des cris qui lui auraient forcement échappé, durant ses cauchemars.

Finalement, lassé de ne pas pouvoir dormir, il s'était levé, à trois heures du matin. Le serpent n'avait même pas pris la peine de s'habiller, partant vagabonder, en robe de chambre, sans aucun but réel dans le labyrinthite qu'était les couloirs de Poudlard. Ça ne lui ressemblait pas ; il aurait normalement mis le temps à profit pour ses différentes recherches.

l'étudiant regarda l'heure, encore une fois. Il ne lui restait qu'une minute pour arriver, mais il ne se pressa pas plus. Il voyait le groupe de personnes, à présent, reconnaissant sans mal les poufs qu'il avait commencé à affectionner bien malgré lui. Il rangea sa montre ; il n'avait pas besoin que toute l'école sache qu'il se baladait avec des objets d'une certaine valeur dans ses poches. Puis repartit dans le capharnaüm qu'était son esprit.

Il avait été assez surpris de constater qu'il était l'un des premiers arrivés dans la Grande Salle. La faim lui avait tiraillé le ventre depuis plusieurs heures, mais, se baladant dans les hautes tours, il n'avait pas eu le courage de redescendre aux cuisines avant l'heure du petit déjeuner. Il avait mangé à sa faim, repartant avant que la salle ne commence à réellement se remplir, pour repartir vers les appartements des Serpentards.

Il s'y était préparé. Se lavant à l'eau brûlante, comme à son habitude, le sortant ainsi de l'espèce de brouillard dans lequel il n'avait cessé d'être depuis la soirée de la veille. Quand il en était sorti, il avait pris son temps pour se préparer, s'habillant tranquillement. Chaudement surtout. Il avait oublié ses vêtements légers au profit de vêtements chauds. Des vêtements aux nombreux sortilèges, de luxes. Le tout noir. Noir comme son âme, disait certain. Lui aurait plutôt dit, noir comme s'il portait le deuil.

C'était peut-être vrai. Ce demandant s'il n'allait pas renier sa famille, ses principes, pour fuir en lâche la Russie, les Koenig, ses futurs responsabilités de Maître des lieux ; considérer sa famille morte. Fuir le destin tout tracé où il épouserait une Sang-Pur choisi par son père dès ses études terminées ; fuir au lieu d'apprendre à contrôler la Russie, le Ministre de son pays, les affaires de la famille, les boutiques, les entreprises... A gérer les possessions des Koenig, plus exactement.

Il soupira, ne s'étant même pas rendu compte qu'il était finalement arrivé devant le troupeau d'élèves et de Miss Blanchet, la saluant poliment, le réitérant pour Severus. Le sinople s'assit avec calme, lentement, avec la dignité caractéristique des familles nobles. La dignité de sa famille, de la famille princière de Russie. Il n'avait même pas prêté attention aux autres élèves. Sortant de son sac de cuir, porté en bandoulière, parchemins, plume et encre, ainsi qu'un grimoire à la reliure de cuir, d'un noir profond, dont les gravures formant le titre n'était pas en alphabet latin ; cyrillique.

Il se retrouva une nouvelle fois dans ses pensées sans rien pouvoir y faire, s'emprisonnant lui-même, se coupant du monde extérieur sans même s'en rendre compte. Son regard d'un gris polaire se perdit sur le paysage sans même le voir, voilé.

Finalement préparé, coiffé avec soin, contrairement à ses habitudes où il gardait une certaine apparence négligée, créant une impression de nonchalance, il était sorti de nouveau dans les couloirs, se baladant dans les cachots sans se presser. Il savait qu'arriver en retard avec Kyara ne serait pas toléré, il avait l'impression de commencer à la connaitre. A l'apprécier, certainement, sans pour autant se faire des illusions : Kyara Blanchet était son enseignante, elle ne se risquerait jamais, supposait-il, d'entretenir une autre relation que purement professionnel avec l'un de ses élèves.

Il avait finalement pris la direction du cours d'un pas modéré, lentement, sachant qu'il avait encore le temps.

Il y était maintenant. Il s'efforça de se reconnecter avec le présent, chassant toute trace de sa sorte de transe physiquement, se composant un visage neutre, froid, le dos droit. Il attendit le début du cours, se demandant vaguement sur quoi il allait se porter... Quoique, après tout, la question ne se posait pas : il avait dû arriver avec trente, si ce n'était vingt secondes d'avance. Le cours allait forcement commencer dans la seconde qui suivrait, la professeure Blanchet dévoilant le sujet du jour. Il se força à la concentration, sachant pertinemment qu'il serait tenté plus d'une fois de repartir dans son monde. Or, il n'en avait pas le droit, pas maintenant. Pas entouré de potentiels ennemis.

Être toujours, à chaque instant, sur ses gardes et ne jamais montrer de signe de faiblesse, jamais. Une règle d'or. Sa règle d'or.