Quoi de mieux que de faire le malade imaginaire pour éviter d'aller en cours ? Vous voici dans un lit, bien au chaud, en train de vous gaver de friandises ! Il a suffi d'avaler une pastille de gerbe ou d'user d'un autre stratagème pour qu'un membre du personnel diagnostique une maladie et vous voici au calme pour toute la journée ! Vous pouvez tirer les rideaux autour de votre lit afin d'avoir de l'intimité. Cependant attention à bien paraître malade lorsque l'infirmière viendra vous voir ! Elle n'est pas aussi dupe que les autres et n'aura pas de scrupules à vous renvoyer en cours en vitesse !

Alors qu'il était élève et à son plus grand déshonneur, Lionel n'avait jamais vraiment porté la maison Serpentard dans son coeur. Au contraire, les rares amis qu'il avait s'étaient vu répartir à Serdaigle et bien qu'il n'ai pas été chapeauflou, il ne comprenait pas trop comment il avait atterri dans les cachots le soir de son arrivée au château. Mais c'est en tant que prof qu'il avait pris conscience de la dimension de cette aversion. Non pas qu'il détestait la maison en elle même, mais certains de ses élèves avait un don pour l'écraser, lui et son manque de charisme. Or ce jour là, un lundi qui plus est, il s'était survenu du double cours d'Histoire de la Magie qu'il avait avec les septième année : Serpentard et Gryffondor ; une moitié dormait, l'autre sautait sur les tables. Au vu de tout ce qui se passait en dehors des cours et qui avait une réelle répercussion sur son morale, Lionel, en tant que bon prof, décida de ne pas y aller. Toutefois pour éviter les sanctions ou autre, il lui fallait une excuse et il demeura si longtemps au bord du viaduc en se demandant quoi faire que son cours avait déjà commencé sans lui.
L'historien se rappela alors de la réunion dans la salle des profs qui avait regroupé tout le corps du personnel de Poudlard. Cette réunion avait été l'occasion de rencontrer la charmante infirmière ébauchée quelque temps après lui et à qui il n'avait pas eu le courage de trop parler malgré la volonté. Cette fois serait l'occasion rêvée pour lui adresser la parole mais aussi pour tester ses capacités. Après lui avoir adressé une Patronus corporel, un furet de fumé argenté sensé l'appeler à la rescousse parce qu'il avait été attaqué par derrière, il pointa sa baguette sur sa tempe. Ce ne fut qu'après une longue respiration qu'il s'infligea un Cordisistero et s'écroula. Ne restait plus qu'a espérer que l'infirmière ne le laisserait pas mourir là...

Liv dansait. Oui, elle dansait, toute seule, dans son infirmerie. La nuit avait été calme, mais une fois de plus, elle avait préféré rester dormir au château plutôt que de rentrer à Londres. Cela avait été totalement inutile. Personne n'était venu la déranger en pleine nuit. Si bien que ce jour-là, l'infirmerie était vide. Elle avait fait un peu de paperasse, classé des dossiers, et puis voilà. Elle avait récuré l'infirmerie, elle avait nettoyé sa baguette et renouvelé son stock de potion. Toujours rien. Alors, elle s'était assise à son bureau et avait pensé. A sa vie, à ses envies, à tout. Et cela l'avait plus déprimé qu'autre chose. Son couple battait de l'aile, de manière sérieuse. Sa meilleure amie était désormais une personne qu'elle connaissait à peine, et franchement, se lancer dans la production de plante issue d'une hybridation entre kiwi et haricot avait été la pire idée qu'elle n'ait jamais eu. Sa vie était un fichu champ de ruines. Peu surprise de ce constat, la brune avait décidé de danser, toute seule dans son infirmerie. Peut-être que cela aurait le mérite de la distraire quelques secondes...

Sauf que, dans ce château, dès que l'on trouvait une occupation, il fallait être dérangé. Genre, c'était une règle universelle. A peine avait-elle esquissé quelques pas complètement ridicules, un Patronus en forme de furet argenté émergea. C'était un message d'urgence, émanant d'un professeur qui affirmait avoir été attaqué. Oh, la galère. Le sang de la brune ne fit qu'un tour. Après la mort de Renata, tout le monde était sur le qui-vive. Si un prof était attaqué, c'était peut-être le signe de quelque chose de plus grave. Il fallait qu'elle intervienne. Elle s'empara de sa baguette, et se rua hors de l'infirmerie, jusqu'au lieu qui lui avait été indiqué. Elle traversa rapidement les couloirs, et aperçu enfin un corps étendu sur le sol.

Il s'agissait de Fudge, un petit nouveau comme elle. Sans attendre, elle s'approcha rapidement, et tenta de prendre le pouls de sa victime. Rien, quedalle. Paniquée, la brune lança un sort de de Battements Cardiaque. Personne ne mourrait dans ce château, stop. Pas tant qu'elle serait infirmière. Le sort atteignit Lionel Fudge, mais rien n'indiqua que cela avait marché. Liv reprit son pouls. Rien. Mais c'était bizarre. Normalement, ce sort obligeait le cœur à battre quelques secondes. Mais là, rien. C'était même trop silencieux. Comme si...Comme si c'était une illusion et que le corps refusait de se faire entendre. D'un coup, les pièces s'assemblaient dans l'esprit de la brune. Si elle avait raison, alors ce ne serait pas grand chose. Restait à déterminer si quelqu'un lui avait fait cela ou si c'était volontaire. D'un #Mobilicorpus, la jeune femme fit léviter le corps inerte du professeur et se dirigea vers l'infirmerie, assez rapidement. IL n'y avait personne dans les couloirs à cette heure-là et tant mieux.

Elle rentra, toujours précédée de Fudge qui lévitait, inconscient. Elle le plaça sur un des lits isolés dans un coin de l'infirmerie, et tira les rideaux. Bien, le sort qu'elle allait utiliser lui était inconnu. Elle avait étudié la théorie lors de sa formation, mais Olivia ne l'avait jamais pratiqué. Il faut une première fois à tout...Elle prononça donc la formule #Moverecordis. L'éclair atteint le professeur...Cela semblait avoir marché, mais Liv ne préférait pas se prononcer. Elle espérait vraiment qu'il avait été victime d'un subterfuge de mort. Sinon...C'est qu'il était mort, tout court.

-Allez, ouvrez les yeux, par Merlin.

La jeune infirmière serrait des dents, sous le stress. Elle était apparemment calme, mais intérieurement, elle envisageait toutes les options. Si cela ne marchait pas...Non, elle ne voulait pas penser au fait que cela ne marcherait pas. Hors de question.

-Allez, ouvrez les yeux, par Merlin !
La voix était douce et chaleureuse, Lionel n'avait pas le courage de désobéir. Et à la vu du doux visage pâle et d'une extrême beauté penché à son chevet qui le regardait dans les yeux, il regrettait de ne pas les avoir ouvert plus tôt. Il avait chaud et se sentait apaisé sans qu'il ne comprit immédiatement pourquoi ; mais en regardant autour de lui, il réalisa qu'il n'était plus sur le viaduc mais confortablement installé à l'infirmerie. Les murs étaient propres et blanc, les vitres sur la façade donnait une superbe vue de là où il s'était écroulée. Les draps bordeaux de son lit pareils aux autres le tenaient fermement sans qu'il ne s'essaya à lutter pour s'en échapper. L'homme ne pu dégager son regard de celui de Samuel, lui qui ne regardait jamais personne dans les yeux. Il ne s'était pas trompé en la jaugeant à la réunion dans la salle des profs, il ne s'était pas trompé non plus en remettant sa vie entre ses mains délicates : elle l'avait sauvé.
Lentement, car sonné, sans doute, de l'expérience qu'il venait de vivre, Lionel se releva pour mieux voir l'infirmière. Elle portait un léger corsage blanc aux motifs de flocons et un vernis rouge assorti à ses lèvres soignées. Ses cheveux coiffés de près tombaient sur ses épaules comme une profonde rivière aux reflets bleus. Donc elle était belle. Il n'avait aucunement le courage de lui mentir mais s'il voulait rester, il n'avait guère le choix.
Merci, dit il, Vous m'avez sauvé. Je ne sais pas ce qui s'est passé, j'ai entendu le sort et il venait de si loin que j'ai eu le temps de vous envoyer le Patronus sans quoi... Je ne sais pas d'où venait ce sort mais j'imagine que j'étais très exposé sur le viaduc, sans doute un élève un peu joueur.
Il se tu. Non pas qu'il fut fatigué mais il avait soif. Prenant l'occasion pour remettre son coussin derrière son dos, il s'assit plus confortablement. Quant à son cours, manqué pour manqué, il aurait bien manqué toute la journée.
J'aimerais ne pas vous incommoder mais je boirais bien un peu de thé, et si vous n'avez rien à faire (or je crois savoir que c'est le cas) pourquoi ne viendriez vous pas le partager avec moi ?
Il se tu. Il n'avait pas l'intention de montrer quelque signe d'énergie que ce soit qui l'aurait renvoyé immédiatement en cours avec les mauvaises grâces de Samuels. Au contraire, il préférait rester à l'infirmerie... Avec elle de préférence.

Il avait ouvert les yeux. Enfin, il avait ouvert les yeux. Liv laissa échapper un léger soupir de soulagement. Il avait bien été victime d'un sort de subterfuge de mort. C'était étrange...Il avait sûrement été victime de la farce d'un élève. Ces gosses pouvaient être désespérants parfois. Bon, pour l'instant, le professeur avait l'air stable. Et il la regardait. L'infirmière détourna le regard un instant et attendit que le revenant brise le silence. Elle n'était pas très douée pour lancer les conversations. Enfin, elle n'était pas très douée quand elle était sobre.

Merci, vous m'avez sauvé. Je ne sais pas ce qui s'est passé, j'ai entendu le sort et il venait de si loin que j'ai eu le temps de vous envoyer le Patronus sans quoi... Je ne sais pas d'où venait ce sort mais j'imagine que j'étais très exposé sur le viaduc, sans doute un élève un peu joueur.

Oh, il n'y avait pas de quoi. Elle n'avait fait que son travail, qui était de s'assurer que tout le monde se portait bien dans cette école, et que personne ne mourrait sous sa garde. Elle allait répondre pour demander plus de détails et mettre le Directeur au courant de cette attaque, mais Lionel fut plus rapide qu'elle. Il reprit :

J'aimerais ne pas vous incommoder mais je boirais bien un peu de thé, et si vous n'avez rien à faire (or je crois savoir que c'est le cas) pourquoi ne viendriez vous pas le partager avec moi ?

Liv esquissa un petit sourire. Même malades ou attaqués par derrière, ils restaient anglais. Un thé ne serait effectivement pas de trop pour se remettre de toutes ces émotions. Elle acquiesca et s'excusa, avant de se diriger vers son bureau. Elle appela l'elfe dédié à l'infirmerie et commanda le thé. Bien pratique ces petites bestioles. Elle n'eut qu'à attendre quelques instants, et l'elfe revint avec un plateau, la théière et deux tasses blanches. Parfait. Elle se saisit du plateau et remercia l'elfe avant de le renvoyer aux cuisines. Elle retourna, chargée du breuvage vers le lit qu'occupait le professeur et posa le plateau sur la table de nuit attenante. Elle attira magiquement un tabouret et s'assied près du lit. Elle versa le thé, et tendit une tasse au professeur. Elle se servit elle-même, avant de prendre la parole.

-Alors, M. Fudge...Il faudra aussi penser à prévenir le directeur...Une attaque sur un professeur ne restera pas impunie.

Elle prit une gorgée du thé brûlant et bien fort, comme elle l'aimait. Elle avait bu beaucoup de café lors de son année sabbatique. Olivia travaillait à Ollivander's à cette époque là...Pour tenir le rythme, Antho' et elle avalaient des litres de café. Depuis qu'elle étai infirmière, elle avait redécouvert le plaisir d'une tasse de thé. Elle reporta son attention sur Lionel. Elle ne le connaissait pas vraiment. Ce serait l'occasion de faire plus ample connaissance. Elle reprit donc.

-Vous aussi vous êtes nouveau dans le personnel de Poudlard ? Depuis combien de temps êtes-vous arrivé ?

Et elle ajouta un petit sourire timide, avant de reprendre une gorgée de thé.

Lorsqu'il lui demanda le thé, Samuels sourit laissant apparaître des dents d'un blanc immaculé. Elle se retira un instant après s'être excusée de ce qu'elle lui faussait compagnie et il l'a vit dire quelque chose à son elfe de maison pour revenir avec deux tasses et se poser sur un tabouret à son chevet. Ha... elle était charmante. Comme elle se servait, elle s'adressa au malade : -Alors, M. Fudge...Il faudra aussi penser à prévenir le directeur...Une attaque sur un professeur ne restera pas impunie.  Lionel failli renverser son thé. Il était hors de question de prévenir Kholov pour un crime qui n'avait pas eu lieu, il aurait eu de sérieux ennuis. C'est peut-être parce qu'elle l'avait vu paniquer quelle lui demanda aussi banalement que possible depuis combien de temps il enseignait.

Et bien, commença Lionel comme s'il s'apprêtait à raconter quelque chose d'intéressant, Je suis agrégé en Histoire de la Magie et je devais commencer à enseigner l'année prochaine mais Harshing avait besoin de moi pour combler des espaces vides dans les emplois du temps. Mais finalement, ça m'aura permit de vous rencontrer. Il s'essaya à un sourire mais repris son discours peu convaincu. Je pense qu'il est inutile de prévenir qui que ce soit, j'aimerais éviter qu'on pense que je suis incapable de me défendre. Et je mènerai moi-même mon enquête pour savoir qui m'a agressé. Cela pourrait rester entre nous qu'en dites vous ?

Une chose était certaine : si l'infirmière décidait de parler de cette fausse attaque, il risquait d'y avoir de fâcheuse conséquences. Aussi Lionel préféra -t- il profiter de l'instant présent et débattre de banalités avec la jeune fille.

Excellent votre thé... (là c'était trop banal.) Parlez moi de vous, vous êtes arrivé après moi mais je n'ai jamais eu le temps de vous parler, à mon grand regret. Vous devez avoir beaucoup de travail non ?

Et il était réparti dans la banalité la plus déconcertante. Qu'importe n'importe lequel de ses mots serait un réconfort à côté de ceux des élèves auquel il aurait dû faire cours.

Olivia sirota tranquillement une nouvelle gorgée de thé. Elle regardait attentivement le professeur d'histoire de la magie. Il avait l'air un peu dans le gaz. Normal, il venait d'être attaqué par derrière. Sinon...Il était particulier. Il n'était pas très beau et avait l'air en marge du monde. C'était sûrement une personnalité atypique. Cela tombait bien, elle aimait bien les gens atypiques. Sans lui laisser le temps de penser plus, le professeur reprit. Il lui expliqua son parcours, mais aussi qu'il ne voulait pas perdre la face, et qu'il ne souhaitait pas que cette histoire s'ébruite. Cela fit tiquer la jeune femme. Si elle avait été à sa place, elle aurait retrouvé le coupable, et lui aurait fait passer un sale quart d'heure. M'enfin...Les hommes étaient ainsi. Ils plaçaient leur orgueil au dessus de tout. Elle n'avait rien à redire, alors elle le laissa continuer :

Excellent votre thé... Parlez moi de vous, vous êtes arrivé après moi mais je n'ai jamais eu le temps de vous parler, à mon grand regret. Vous devez avoir beaucoup de travail non ?

Oh le thé...Elle n'avait aucun mérite. Il était vrai qu'elle n'était pas très douée en cuisine. Elle savait à peine faire un café correctement. Mais, il n'empêchait que le thé était effectivement très bon...

-Tout le mérite va aux Elfes, pour le thé. Je suis incapable d'en faire un correctement. Sinon, oui, l'infirmerie, c'est beaucoup de travail. Mais j'aime beaucoup ça. Je suis,comme certains le diraient, une accro du travail.

Oui, Liv était même plus qu'accro. La dernière fois qu'elle était rentrée à Londres remontait à une semaine et demie, chez elle. Et aussi chez son copain. Et aussi chez sa meilleure amie. La situation était plus que tendue à l'appartement. Le trio qu'ils avaient été était devenu insupportable, dans ce huis-clos. Elle était bien mieux au château. Et puis, il valait mieux qu'elle reste là.

-Désolée, je suis assez pensive en ce moment....J'ai du mal à jongler entre ma vie privée et le boulot. Je ne suis pas de très bonne compagnie, excusez-moi.

Elle retourna le nez dans sa tasse, un peu gênée. Elle était quand même là pour s'occuper de lui, pas pour se lamenter sur sa vie.

-Désolée, je suis assez pensive en ce moment....J'ai du mal à jongler entre ma vie privée et le boulot. Je ne suis pas de très bonne compagnie, excusez-moi. 


Lionel sourit à ce signe de faiblesse apparent, Olivia s'était regroupée sur elle même un peu honteuse et particulièrement craquante. Elle sirotait son thé comme s'il lui plaisait vraiment et que Lionel avait eu la meilleurs idée du monde en le lui demandant. Ce dernier se redressa une fois de plus, la position qu'il avait dans ce lit était plus qu'inconfortable mais toujours moins que celle qu'il aurait eu face aux élèves : il ne regrettait pas son affront.

Ne dites pas cela, votre présence m'est agréable... Sans compter que vous venez de me sauver la vie.

Tout en disant cela non sans humour il riait intérieurement. Pendant une fraction de seconde il dû se concentrer pour ne pas laisser transparaître un regard moqueur qui n'aurait pas manqué d'alerter la jeune fille. Il pensait à ses élèves chez qui il discernait souvent ce regard mêlé d'une pointe d'insolence témoignant de sa propre médiocrité.

Vous savez, repris le professeur non sans intérêt, Je ne sais pas si je peux faire quelque chose pour votre vie professionnelle mais pour votre vie privée... Que diriez vous si je vous proposait un autre thé à Pré-au-Lard ?

Il se mordit aussitôt la langue, "un autre thé"... Pour le charisme, il faudrait repasser. Mais plutôt qu'un thé, il ne restait plus que les feuilles au fond de sa tasse vide qu'il venait de poser sur le plateau de son lit d'infirme. Il s'était demandé ce qu'il y voyait pour se risquer à une petite prédiction mais rien n'était apparu que des tâches très mystérieuses...

C'était plutôt cocasse. On avait déjà proposé à Liv de prendre un verre à Pré-au-Lard, mais jamais un thé. C'était original. Tout dépendait de l'heure. Elle faisait déjà des plans mentalement, calculant le meilleur horaire pour cette sortie. Elle n'était pas spécialement attirée par le professeur, mais elle avait envie de sortir un peu de ce château, sans retomber dans le huis-clos que constituait son appartement londonien. Même si c'était le temps d'un thé à Pré-au-Lard, même si elle voyait bien que le professeur en face d'elle appréciait ce qu'il voyait. Olivia replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille et continua de peser les pour et les contre. Elle avait omis de mentionner l'existence d'Anthony durant la conversation. Omission involontaire, mais présente. Et puis, on parlait de prendre un thé. Pas d'autre chose. Elle avait besoin de s'amuser un peu, flûte.

-Oh, ma vie professionnelle n'est pas la pire...Pour le thé, ce sera avec plaisir.

Liv ajouta un sourire un peu moins timide que les autres. Elle déposa sa tasse sur la table de chevet, et se leva. Constatant que le professeur avait terminé sa tasse, elle la récupéra également. Alors qu'elle s'activait, sa main frôla celle de Lionel. Elle fit comme si de rien n'était, et se retourna vers lui :

-Je vais débarrasser le thé, et revenir pour faire quelques examens supplémentaires, pour m'assurer que tout va bien. De toute façon, je pense vous garder jusqu'à la fin de la journée ici, peut-être même cette nuit aussi, en observation. Après ce qui vous est arrivé, ce serait préférable. Je ne pense d'ailleurs pas que vous puissiez assurer vos cours cette semaine...

Elle marqua une pause, songeuse. Il faudrait que la jeune infirmière songe à inventer une excuse pour la direction. Comme ça, Lionel ne perdrait pas la face, mais il pourrait quand même se reposer. Un Cordisistero n'était pas un sort anodin, et il avait de la chance de s'en sortir aussi bien. Donc, il lui fallait du repos. Une fois tout cela déterminé, Olivia attrapa le plateau et se dirigea vers son bureau. Avant de s'éloigner, elle se retourna :

-Et je pense qu'on pourrait se tutoyer et s'appeler par nos prénoms. Nous risquons de nous tenir compagnie encore quelques heures, ce sera plus simple.

Pour le plus grand plaisir de Lionel, Olivia avait accepté sa proposition d'aller à Pré-au-Lard. Mais elle avait hésité et ce n'était pas son esprit d'analyse qui permettait à Lionel de le voir mais bien le fait qu'elle avait franchement attendu quelque secondes avant de répondre. Le temps de terminer à son tour sa boisson et elle se releva de sa chaise pour prendre les deux tasses. L'infirme voulu l'aider mais il n'en eu pas le temps, au lieu de sa leurs deux mains se frôlèrent. La demi seconde qui s'écoula fut particulièrement intense alors qu'il sentait le contact chaud et presque électrique de sa main, il en oublia presque Luia. Olivia, elle, fit comme si il ne s'était rien passé et réuni les deux tasses d'un gestes fébrile.

-Je vais débarrasser le thé, et revenir pour faire quelques examens supplémentaires, pour m'assurer que tout va bien. De toute façon, je pense vous garder jusqu'à la fin de la journée ici, peut-être même cette nuit aussi, en observation. Après ce qui vous est arrivé, ce serait préférable. Je ne pense d'ailleurs pas que vous puissiez assurer vos cours cette semaine...


Il hésita un instant à se transformer en furet derrière son dos et disparaître, après tout, il avait obtenu un rendez-vous ; mais la curiosité concernant la suite des événements pris le dessus.

Et je pense qu'on pourrait se tutoyer et s'appeler par nos prénoms. Nous risquons de nous tenir compagnie encore quelques heures, ce sera plus simpl

Ça c'était une riche idée, Lionel sourit et pris la parole à son tour.

Tu as raison, Olivia, d'ailleurs tu as un si joli nom qu'il serait dommage de s'en priver. Une fois de plus il se mordit la langue, se rendant peut-être compte à quel point il était ridicule. Et je serais ravi de t'imposer ma présence pour les heures à venir. D'ailleurs si je dois m'arrêter pour la semaine, je pourrais peut-être repasser à l'infirmerie par la suite, qu'en dit tu ?

Il souriait de ce sourire qu'il savait stupide mais qu'il espérait touchant.

Liv rosit quand elle entendit qu'elle avait un joli prénom. On l'appelait rarement Olivia. Ses parents avaient opté pour Liv depuis qu'elle était bébé, et elle se présentait toujours sous son diminutif. Il sonnait plus enfantin et plus léger. Olivia, c'était un prénom d'adulte. Mais elle ne corrigea pas Lionel lorsqu'il l'appela ainsi. Elle appréciait même plutôt. C'est alors qu'il reprit.

Et je serais ravi de t'imposer ma présence pour les heures à venir. D'ailleurs si je dois m'arrêter pour la semaine, je pourrais peut-être repasser à l'infirmerie par la suite, qu'en dit tu ?

Il avait un sourire maladroit aux lèvres, un peu comme un enfant. Il semblait aussi timide et peu sûr de lui que Liv se sentait naïve et parfois, trop gentille. Comme s'il ne croyait pas qu'elle accepterait sa présence. Pourtant, entre personnes peu sociables, c'était plus simple. Alors, elle répondit au sourire par un autre sourire.

-Aucun soucis. On pourra s'installer dans le Bureau pour discuter. De toute façon, tu vas avoir besoin de surveillance...

Et elle se retourna, laissant sa phrase en suspend. Elle rentra dans le bureau et déposa le plateau sur la table. L'elfe chargé de l'infirmerie apparut immédiatement et débarrassa le plateau, avant de repartir avec un petit "plop". La brune récupéra sa baguette, et attacha ses cheveux d'un coup de baguette en une queue de cheval serrée. Ce serait plus pratique pour les examens. Elle souffla, et retourna dans la salle de l'infirmerie.

-Allez, c'est l'heure des examens. Il faut que je prenne ton pouls d'abord. Si ce n'est pas bon, je vérifierai que ton coeur va bien avec un sortilège de Vision par le son. Mais je pense que ça devrait aller. Je t'ai trouvé à temps.

Et heureusement. Plus le sortilège d'illusion était maintenu, plus il était difficile de s'en remettre. Mais là, ça devrait aller. La jeune femme retrouva son tabouret et attrapa le poignet de Lionel. D'un geste expert, elle appuya ses doigts pour repérer les pulsations, et compta, un oeil sur sa montre. Ok, c'était régulier et constant. Tout allait bien. Peut-être un peu rapide, mais c'était normal. Avec un sourire, la jeune femme reposa le bras du professeur sur le lit et reprit en souriant :

-Tout est bon. Je te garde quand même cette nuit, et tu pourras retrouver tes appartements demain matin.

À l'entendre parler, la jeune demoiselle qui tenait l'infirmerie n'avait pu empêcher ses pommettes de rougir légèrement. Et lorsqu'elle accepta qu'il repasse, le sourire de Lionel n'en fut que plus honnête.

Allez, c'est l'heure des examens. Il faut que je prenne ton pouls d'abord. Si ce n'est pas bon, je vérifierai que ton coeur va bien avec un sortilège de Vision par le son. Mais je pense que ça devrait aller. Je t'ai trouvé à temps. 


Délicatement pour ne pas le blesser leurs avec la plus légère douceur du monde, donc, Olivia prit le poignet du jeune homme où le contact se fit à nouveau très chaud et agréable. Il aurait voulu lui tenir la main mais c'était elle qui le tenait, non pas fermement mais en l'affleurant de ses doigts méticuleux. Le coeur de Lionel battait déjà rapidement mais il retint sa respiration pour l'accélérer d'avantage. La jeune experte ne s'en rendit pas compte, ou alors trop bien, car elle déclara qu'il n'y avait aucun problème. De cela, le professeur en était sur : il savait lancer un sort, fut ce sur lui-même.

-Tout est bon. Je te garde quand même cette nuit, et tu pourras retrouver tes appartements demain matin

Une fois de plus il souriait.

De toute façon, dit il, On dort sûrement mieux ici.

Les cours venaient à peine de reprendre que le bleu et bronze s'ennuyait déjà. Cette atmosphère scolaire était insupportable puisqu'il fallait respecter les horaires mis en place ; se trimbaler avec ses livres de cours bien lourds toute la journée ; faire ses devoirs ; aller à la bibliothèque pour faire des recherches, etc., etc. Il maudissait d'avantage les élèves qui s'amusaient à lever le bras durant le cours pour répondre aux questions des professeurs, qui n'était pas encore terminées... Dans le seul but d’engranger quelques minables petits points à leur maison. La compétition était tellement féroce que des élèves parvenaient à s'empoigner en dehors des cours pour quelques malheureux diamants de couleur dans le sablier. Fort heureusement, même si Leister faisait en réalité bel et bien parti de ce groupe d'élèves, il n'était pas à cheval sur les principes. Il était motivé d'apprendre mais il ne voulait pas être soumis. L'apprentissage devait se faire à son rythme et d'une manière bien précise. La rigueur était de mise seulement pour le Quidditch, merveilleux sport qui permettait aux élèves de se dépenser et de blesser les membres de l'équipe rivale quand cela était nécessaire. Rien qu'à cette pensée, le poing du bleu et bronze se referma. Il était impatient d'en découdre à nouveau sur le terrain, le dernier match s'étant soldé par une victoire de sa maison.

Mais ce qui l'emmenait à l'infirmerie, aujourd'hui, n'était pas du pas une quelconque maladie. Il n'avait tout simplement pas envie d'aller en cours et rien de mieux pour cela que de se porter souffrant ou de tout du moins de faire semblant. Il n'avait pas envie d'entendre la voix criarde du professeur d'histoire de la Magie ou encore celle du traître à la nation et pour échapper à ses bourreaux il avait rusé de malice comme à chaque fois. Il avait enfreint bon nombre de fois le règlement et ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait commencer à le respecter à la lettre. C'est donc insoucieusement qu'il allait quémander une lettre d’absence à l'infirmière de l'école. Dans la pièce assis sur une chaise, il regarda autour de lui ce qui se passait et constata que deux, trois lits étaient occupés par des élèves - visiblement eux - souffrants. Pas question de s'intéresser aux faibles pour le cinquième année, il n'était là que pour une chose : avoir un laisser passer pour glander toute la matinée bien à son aise dans les couloirs de l'école.

Il claqua ses mains l'un dans l'autre et se les frotta de joie. Cette journée s'annonçait intéressante, jusqu'à ce qu'il entendit une personne gémir au loin. « Qu'on achève les estropiés nom d'un gobelin » cria-t-il dans la pièce, dérangé par les lamentations soudaines. Pourquoi les fiévreux ne souffraient-ils pas en silence ? Devaient-ils se faire remarquer pour que l'on s'occupe d'eux ? Perturbé par les cris, il décida de s'en mêler et de mettre un terme aux souffrances de l'étudiant qui se plaignait un peu trop à son goût. Une bonne leçon lui ferait le plus grand bien se dit le minot. Marchant dans l'allée des lits, McKinley était occupé de localiser la source de ses tracas quand il aperçut une bleue et bronze assise sur un lit, qu'il ne connaissait pas. Il venait de trouver son alibi pour la journée !

Le regard vide et impassible, Leister jeta un coup d’œil à sa gauche, à sa droite à la recherche de l’une ou l’autre chose, propice à son absence des cours. Il hésita à crier victoire et attirer l’attention des autres personnes - dans la pièce - sur lui et se contenta d’un sourire narquois, vicieux à souhait. Le genre de tête qui faisait peur aux files. A son grand plaisir, il venait tout simplement de remarquer une serdaigle de son âge passablement amochée qui avait besoin, même si elle ne le savait pas encore, d’aide. Il s’approcha d’elle, d’un pas léger et fluide afin de se rapprocher de sa proie en toute discrétion. A sa hauteur, et ce avant même de lui adresser le moindre mot, il prit place à ses côtés sur le lit. Une fois assis, il la contempla de haut en bas et la jugea. Après un « Mhhh » graveleux et sourd, il lui dit « Bonjour. Nous ne nous connaissons pas mais pendant la prochaine heure, nous allons être les meilleurs amis du monde. Je t’en fais ma parole ». A la manière d’un forfait, il venait de s’attacher les services de la cinquième année qui se trouvait à quelques centimètres de lui.

Les bases posées, il était temps de passer aux choses sérieuses… Ce pour quoi il était là. S’en foutant un peu de la situation et de l’opinion de la brune, il reprit la conversation tout en exposant les faits un à un. Il aborda son absence en cours, l’envie de tomber malade et la raison de sa venue dans le local aux estropiés. Qu’elle soit pour ou contre c’était le cadet de ses soucis car elle n’aurait tout bonnement pas d’autres choix que de se plier aux caprices du bleu et bronze. Il s’avait être persuasif quand la situation s’y prêtait et elle allait l’apprendre à sa défaveur. « Bien entendu ta coopération me sera nécessaire en cas de questions. Je pense que ma réputation n’est plus à faire et que tu sais à quoi t’attendre, si jamais... » laissa-t-il échapper d’une voix fluette comme pour adoucir ses propos.

Le décor planté, il s’intéressa quand même à l’anglaise qui se trouvait devant lui. « Qu’est-ce que tu fais ici ? Quel bon vent t’amène ici ? » demanda-t-il interloqué. S’il voulait être cohérent, il valait mieux connaître la situation de la bleue et bronze.