Il y a quelque jour, la jeune femme avait reçu une missive particulière. L’une de celles dont on se demande s’il s’agit d’un piège ou d’un réel intérêt. Et c’était exactement la question qu’elle se posait. Ce qui explique sans doute pourquoi les doigts jouaient sur le bois, comme si, inquiète à l’idée qu’elle puisse tomber dans un traquenard, elle s’apprêtait à user de sa magie pour faire taire à tout jamais les éventuelles personnes qui se risqueraient à ce genre de méfait. Il fallait en vouloir pour tendre un piège à la jeune femme. Il ne fallait pas avoir peur des répercussions, ça faisait nul doute.

Elle ne savait pas comment elle reconnaitrait l’expéditeur de sa missive, elle ne s’était pas assurée de sa description physique via les lettres qu’ils s’étaient échangés. Elle était partie du principe que, s’il connaissait son nom, son prénom, et ce qu’elle avait fait, il ne faisait nul doute qu’il connaissait aussi son visage. Aussi, c’est lui qui la reconnaitrait, et non l’inverse. Ce qui donnait à son interlocuteur un avantage certain s’il s’agissait d’un piège.

A nouveau les ongles s’effritent sur les aspérités de la baguette, ça démange. Un camouflage aurait pu être envisagé, via polynectar par exemple. Pour jauger des intentions. Mais personne ne se serait montré si elle était venue sous un autre visage. Et puis, si c’était quelqu’un qui lui en voulait, il trouverait un autre moyen de l’atteindre, ça ne faisait aucun doute. Elle était habillée d’un simple jean quelque peu délavé, un débardeur d’une couleur qui se rapprochait du rouge sans être pour autant aussi sanguin que cela, et une veste noire avec capuche par-dessus. C’était l’avantage d’avoir grandi dans le monde moldu : elle pouvait s’y fondre dans la masse, sans être immédiatement reconnue par ses pairs, ou identifier comme hurluberlus par les moldus. Car les tenues vestimentaires des sorciers, si elles avaient évolués, resté tout de même … particulières.

Une fois arrivée sur le lieu du rendez-vous, les mains enfoncées dans les poches, triturant encore et encore cette baguette qui, pourtant, n’avait rien demandé à personne, la jeune femme s’adossa immédiatement au premier mur qu’elle vit. Ainsi, elle pouvait observer les gens qui allaient et venaient. La plupart d’entre eux ignorant la passerelle magique qui se trouvait là, à quelques mètres sous leurs yeux.

Les doigts frêles s’agitaient sur le bois magique, prêt à s’en saisir à la vue de tous pour agir si le besoin s’en ressentait. Elle n’était pas certaine que ce ne soit pas un piège, comme elle n’était pas certaine de l’inverse. C’était particulier comme sensation et terriblement dérangeant. Elle n’aimait pas ça. Alors elle avait hâte que le jeune homme se présente. Qu’il détaille ses intentions, fussent-elles bonnes ou mauvaises. Elle voulait juste être fixée de manière à ne savoir quel comportement adopté. Fort heureusement, elle n’attendit pas très longtemps puisqu’un jeune homme brun – 17 / 18 ans tout au plus ? se présenta à elle.

Le plus rassurant, dans tout cela, c’est que le gamin – parce que pour Elly tout ce qui n’a pas atteint 20 ans reste du domaine de l’enfant – s’éparpille en explication. L’ancienne auror cligne des yeux mais la tension accumulée dans ses muscles se dissipent, ses oreilles écoutent les propos du sorcier et bien qu’il semblait vouloir se contrôler, l’excitation était perceptible dans ses mots, dans le ton de sa voix ou encore dans les yeux qui pétillent d’impatience.

Il termine enfin sa parole en indiquant qu’il n’avait rien à offrir, qu’il mettrait ainsi le temps qu’il faudrait pour la payer si elle le voulait. Elle arque un sourcil, surprise de la proposition. Non pas qu’elle n’ait pas l’habitude d’être payée pour ses talents d’entraineuse (au Heurtoir, stop les esprits tordus) juste qu’elle n’avait pas l’habitude de cette manière de faire, qui, bien que motivée, avait tendance à être quelque peu extravagante. Elle a l’hésitation sur le bout de la langue, mais puisqu’elle est venue jusqu’ici, ce serait dommage de repartir de la sorte.

Alors elle s’exprime, doucement « Je euh suis flattée de l’intérêt que vous me portez Mister Orzeïn ». Une pause alors qu’elle regarde à droite, à gauche, pire qu’une dealeuse de drogue moldue. Elle continue sur la même lancée « Mais qu’espérez-vous apprendre auprès de moi ? Que puis-je vous apporter de plus que vos professeurs à Poudlard ? » car après tous les enseignants dans l’école de sorcellerie devait avoir un bon niveau d’enseignement et connaitre sans doute davantage de chose qu’elle.

La question était posée, et forcément, elle attendait une réponse qui soit un minimum construite et digne d’intérêt. Sans quoi elle repartirait aussi sec de là où elle venait, laissant la demande du jeune sorcier sans réponse. Mais, il y a quelque chose qui intrigue. Et la véhémence de la réponse ne tarde pas à éveiller l’intérêt de la sorcière. Il indique que l’école le dégoute, qu’il a besoin de plus d’apprentissage que ceux fournit par l’école. L’ancienne auror lève les yeux vers le ciel. C’est usant les jeune sorciers qui pensent devoir apprendre la plus grande magie avant de passer par la plus petite, la plus usuelle, habituelle. Mais elle ne répond rien, pas pour l’instant en tout cas.

Elle l’observe et sent sa colère qui grimpe à mesure qu’il s’exprime. Le front est plissé, le regard perturbé. On sent qu’il contient sa hargne alors que les mots continuent à se déverser. Toutefois, à mesure qu’il continue son propos elle pouffe de rire : les profs de Poudlard cyniques et séniles ? Avait-il seulement croisé le chemin de son professeur de métamorphose ? Elle se contente toutefois de faire tout commentaire et décroche clairement lorsque le jeune sorcier évoque des films ou dessins animés moldus d’un autre temps que l’ancienne auror ne connait pas. Elle note bien le compliment qui lui offre, mais cela ne suffira pas à la faire taire. Il doit comprendre.

« Vous savez Mister Orzeïn, avant de découvrir une magie plus viscérale, avant de découvrir des contrées de magie dont vous ignorez encore tout, il faut passer par la petite magie. Celle qui vous permet de contrôler votre flux magique. A vouloir aller trop vite, vous risqueriez de nombreux problèmes, pour vous, mais aussi  pour les personnes qui vous entourent ». Mise en garde faite. Si la sorcière était puissante, elle n’en oubliait pas moins les risques d’une magie inconsidérée et incontrôlée. Cela donnait rarement de bons résultats. « Il vous faut apprendre à contrôler un minimum vos émotions si vous espérez maitriser une magie plus grande ».