Tu ne sais pas bien ce qu'il vous attend durant cette sortie. T'as même pas cherché à savoir en fait. Deux trois jours en dehors du château, t'as signé tout de suite. Même si Lefebvre t'a fait flippé la dernière fois à te foutre une main aux fesses. Pas grave, tant que ça ne se reproduit pas, on va dire que c'est totalement involontaire. C'était totalement involontaire, hein oui ? Oui, c'est vachement rassurant de te dire ça. Alors pas besoin d'avoir peur de lui, il reste le prof complètement déjanté et plutôt cool de d'habitude. T'as rempli un sac à dos de vêtements et de tout ce dont tu pourrais avoir besoin. Du style brosse à dent et savon, tout ça tout ça. En revanche, parchemins et plumes sont restés bien sagement dans ton dortoir. Flemme de jouer l'élève modèle. Arty sera là pour t'aider au pire, les moldus, il connaît.

T'as pris ta baguette aussi. Evidemment. Impensable pour toi de sortir dix minutes sans elle, alors plusieurs jours, c'est même pas la peine d'y penser. Tu vérifies plusieurs fois que t'as rien oublié. T'as aussi glissé de quoi fumer dans une des poches de ta veste. Cigarettes, ou plus si nécessaire. Tu continues à ne pas boire. Tu refuses de toucher la moindre goutte d'alcool pour le moment. Mais t'as repris la fumette. Occasionnellement. Mais voilà, au cas où, t'as de quoi pallier à un besoin soudain de perdre pied avec la réalité. Tu parcours les couloirs, sac sur le dos. Oublié l'uniforme inconfortable de Poudlard. Aujourd'hui, c'est jean, van's et veste bleue à capuche. Bon, celle là, elle change jamais, c'est comme ta veste porte bonheur. Pas moyen que tu t'en sépares.

Tu ne tardes pas à arriver devant la salle. Et Lefebvre est là. Etrangement, ce type a beau changé de physique à chaque fois que tu le croises, tu ne peux pas ne pas le reconnaître. Peut être son style vestimentaire. Ou ses cheveux. Ou ses yeux. Ou juste lui. Il est totalement déjanté, à côté de la plaque. Et tu te rends compte que t'es tout seul avec lui pour l'instant. Oula, t'as décidé de pas avoir peur de ses avances, mais quand même, c'est pas un peu dangereux pour ton intégrité physique et mentale là ? Tu secoues légèrement la tête. Tout va bien se passer, tes camarades ne vont pas tarder à arriver. Tu t'adosses contre le mur du couloir et il te salue. Alors t'esquisses un sourire pour lui répondre.

- Bonjour, Professeur. Vous... Rayonnez aujourd'hui. Magnifique la tenue, ça vous va à merveilles.

C'est ironique tout ça. Tu comprends même pas comment il ose se montrer en public accoutré de la sorte. Mais venant de lui, c'est pas choquant. Alors tu te sens obligé de provoquer un peu. Même si t'es à peu près certain qu'il va vraiment prendre ça pour un compliment.

La semaine de cours était presque terminée. Presque, car il restait un dernier cours. Sauf que celui-ci allait durer tout le weekend. Il s'agissait d'un voyage scolaire, un voyage dans le monde des moldus, car le cours auquel il allait assister était un cours d'études des moldus. C'était la toute première fois que Galway assistait à un tel cours, il faut dire qu'il s'agissait d'une option et que lui-même était né-moldu, ce cours ne présentait donc pas grand intérêt et il lui avait préféré d'autres options, le cours Soin aux créatures magiques, toujours utile pour renforcer sa culture du monde magique défaillante, et l'arithmancie, sa matière préférée, bien qu'elle soit la plus difficile à étudier parmi toutes les matières .

Mais deux raisons l'avaient incité à participer à ce cours. La première est qu'il s'agissait d'un voyage scolaire de deux jours, loin du château. Cela lui ferait beaucoup de bien de décrocher des révisions, les BUSE arrivant à grand pas. Passer ses soirées et et ses weekend plongés dans ses notes de cours et ses grimoires était vraiment usant à force. D'autant plus qu'il avait particulièrement forcé toute la semaine et le weekend dernier pour pouvoir faire cette escapade dans le monde des moldus l'esprit tranquille, il serait à l'heure dans son planning de révision dimanche soir.

Mais ce désir de faire une pause dans ses révisions n'était pas la raison principale. Il songeait à assister à un cours d'études des moldus depuis qu'il avait assisté à un cours d'une autre matière, Histoire de la Magie. En dehors de certaines turbulences, ce cours avait été passionnant car il parlait d'un débat qui semblait au centre du combat entre Mangemorts, Aurors et membres de l'Ordre, le code international du secret magique. Il s'était rendu compte que pour traiter ce sujet et les conséquences que pourraient avoir la révélation du monde magique aux moldus, il fallait comprendre la manière dont les sorciers percevaient les moldus.

Bien sûr, l'objet principal de la matière était de faire découvrir aux sorciers ayant grandi dans des familles sorcières le monde des moldus, que Galway connaissait très bien, il serait donc pas très intéressant d'assister à l'ensemble des cours. Mais assister à un cours lui donnerai un bon aperçu de la manière dont les sorciers percevaient les moldus, le genre d'interrogations qu'ils pouvaient avoir, les clichés aussi, à quel point ils étaient informés sur les technologies moldues, leur manière de vivre. Et ce voyage scolaire d'un weekend semblait l'occasion parfaite pour avoir cet aperçu. Galway espérait pouvoir mieux comprendre leur point de vue au cours de ce weekend, pour pouvoir mieux défendre le sien.

Il avait fait son sac pendant le déjeuner, il y avait mis des vêtements moldus de rechange, des vêtements chauds comme des vêtements froids car il ne connaissait pas la destination du voyage. Et puis l'essentiel pour faire sa toilette également. Rien de superflu, il ne s'agissait pas de se trimbaler un sac de 30 kilos pendant deux jours, même si le sortilège Relevium était bien pratique dans ces cas là. Puis il arriva devant la salle. Il y avait déjà Azaël devant, ainsi qu'un adolescent avec un accoutrement pour le moins... étrange.

Il mit plusieurs secondes à se rendre compte qu'il s'agissait du professeur qui allait les accompagner tout le weekend. Vraiment ? Il semblait moins mature que la plupart des élèves de cette école ! Et puis il s'agissait d'un voyage scolaire, les étudiants s'accordaient toujours un peu plus de liberté en dehors des murs de l'école, Galway avait eu l'occasion de s'en rendre compte. Et si les professeurs les plus charismatiques, comme Evan, avaient parfois des difficultés pour tenir leur classe dans une salle de cours normale, qu'est-ce que ce serait avec cet enseignant qui serait seul à encadrer 22 élèves loin du château ? Mais enfin il ne fallait pas juger trop vite. Galway alla se présenter à l'enseignant qu'il n'avait jamais vu auparavant.

-Bonjour Professeur, je suis Galway Lynch, étudiant en cinquième année à Serpentard.

Ce qui est important c’est certains objets. Une boussole par exemple, une bougie, une vieille enceinte moldue, une boîte à musique, une réplique de squelette de dinosaure en tout petit. Il ne pouvait pas se passer de certains trucs, surtout qu’il ignorait où est-ce qu’ils se rendaient exactement, alors autant être prévenant. Puis il avait attendu toute la journée, trépignant. Où est-ce qu’ils allaient, pour combien de temps, pour quoi exactement, est-ce qu’il y aurait des monstres ? Alors forcément, ça le fait tergiverser, il doute un peu, mais c’est confus. A la fois il a hâte, et d’un autre côté, il se dit que ce n’est pas forcément hyper rassurant de ne pas savoir dans quoi ils se lançaient exactement. Mais c’était un espion idéaliste, un aventurier, un baroudeur, il ne pouvait pas être autrement que curieux et enthousiaste, impossible. Différents scenarii lui avaient traversé l’esprit, mais bon, dormir dans une grotte de dragon et avoir un correspondant moldu ne semblait pas être des choses très probables. Alors il se contentait juste de prendre grandes inspirations.
Avec soin il avait fait son sac, il n’avait pas vraiment l’habitude et sûrement qu’il avait oublié des choses. Après tout, d’habitude c’était sa mère qui s’en chargeait, elle le faisait tellement bien et avec joie. Mais s’il n’avait pas oublié une chose, l'étoile de son sac-à-dos, son pyjama dragon qu’il aimait d’amour, vraiment. C’était l’occasion de le sortir et de le faire briller. Alors il y va, avec grand plaisir.

Le pas dansant, il se rend à la salle d’études des moldus. Il salut les quelques tableaux, déborde d’aura lumineuse. Parce qu’en vrai, s’échapper de Poudlard et des règles, et du règlement, et des tours de gardes des Aurors, c’était absolument génial. Puis bon, découvrir de nouveaux horizons afin de parfaire sa carrière de chenapan, ce n’était pas si mal. Alors il avait hâte, comme ça. Et puis malgré tout, il pouvait chasser toutes les peurs et les vagues noires qui l’entouraient, parce qu’il savait quelque part qu’il serait accompagné d’Azaël et que rien ne pourrait lui arriver. C’est beau quand même, avouez. Une totale confiance en son pote qui pourrait le protéger, s’il le voulait vraiment. Alors forcément, le sourire était aussi de mise. Sourire qui s’agrandit indéniablement devant la tenue du professeur d’Etudes des moldus. Il commençait à connaître un peu Lefebvre, et il l’aimait bien, beaucoup. Arty le regardait avec des yeux admiratifs, il aurait pu prévenir qu’ils pouvaient immédiatement revêtir leur plus beau pyjama. Il l’aurait fait, sans aucun doute, au lieu de se mettre en tenue de marcheur de 50 ans dans les Alpes en été. Aucun jugement dans cette phrase.

- Monsieur ! Vous êtes superbe ! Parce que c’était absolument vrai, ça débordait d’étincelles d’allégresse dans sa voix. Vous savez que moi aussi j’ai un pyjama dragon absolument trop beau ? J’vous le montrerai. Il tourne la tête, un peu, voir qui est arrivé. Et puis la joie ne retomba pas. Parce qu’il n’avait pas vraiment prêté attention, tant l’apparence de son professeur le fascinait. Ah ! Azaël !

Et puis il y avait l’autre aussi, le préfet de Serpentard, mais ça, ce n’était pas important, quoi qu’il était absolument très gentil ce garçon. Mais maintenant, arrivé devant la salle de classe, devant la silhouette de son pote contre le mur, Arty pouvait être absolument rassuré. Il se détourne du professeur en dodelinant de la tête, et se rapproche de son pote, les mains sur les bretelles de son sac à dos, tout à fait prêt avec sa bouille d’ange, on dirait un parfait scout, sans confession, on lui donne tout à ce petit, vraiment.

- T’es prêt ? Est-ce que… Odette ? Il s’arrête, fouille ses poches, balance son sac à dos vers l’avant, elle est là, cachée, soupir de soulagement. Il n’avait pas oublié sa fidèle amie, enfin, celle qui pouvait l’aider dans certaines situations. Il remet son sac à dos bien en place. Ça fait gling gling, à se demander vraiment qu’est-ce qu’il avait mis exactement dans son sac à dos. On va pas voir de dragons hein durant cette sortie ? C’est dommage. Mais t’inquiète pas, j’te protégèrai des méchants moldus qui voudraient de faire du mal.

Clin d’œil, il rit. Il se demanda alors, si son pote serait vraiment ravi de le voir là, l’accompagner pour une sortie scolaire, parce que du coup, forcément, ça n’allait pas être de tout repos.

Pour être tout à fait honnête, Castielle n'avait pas la moindre idée de pourquoi elle s'était inscrite à ce cours. Les Moldus, c'est bon, elle connaissait, question suivante merci ! Pourtant en début d'année quand elle a dû choisir ses options elle n'avait pas réfléchi au moment de cocher la case EDM de son formulaire. Après coup elle s'était dit *Bah ça peut être amusant* tout de suite suivi par *Mais si un abruti sort une saloperie je risque de lui mettre mon poing dans la figure* La jeune fille se rassura en se disant que les Sorciers détestant les Moldus de toute leur âme devaient certainement fuir ce cours comme la peste et que même s'il y avait quelques réfractaires dans le groupe, ils avaient au moins eu l'ouverture d'esprit d'essayer de voir et de comprendre une autre facette du monde dans lequel nous vivions tous et toutes. En d'autres termes : elle se jura de se montrer patiente et de ne pas jouer des poings à la première remarque déplacée de la part du premier venu.

Quand l'Américaine avait vu que le cours était en réalité une sortie de plusieurs jours, elle sauta de joie et remercia mentalement la elle du passé pour avoir coché cette petite case ! Trois jours en dehors du château ! Trois jours ! Enfin, le retour à la civilisation ! Non parce que la magie c'était bien gentil et tout ce qu'on veut mais il n'empêche que le monde des Sorciers est resté bloqué dans une ère du temps de laquelle il avait apparemment beaucoup de mal à sortir. Pour en profiter un maximum elle avait fait une liste de choses à emmener avec elle.

Castielle s'était ruée dans sa salle commune à la fin de son cours précédent, retourna son sac dans son dortoir, renversa son contenu sur son lit dans une avalanche de livres de cours, d'encrier et de plumes. D'un coup de baguette elle le remplit à nouveau avec tout son matériel de voyage déjà préparé. Un rapide coup d’œil a tout cet attirail au moment de disparaître dans le sac, accompagné d'un *check !* mental, la rassurant qu'elle n'avait rien oublié d'essentiellement important.

C'est le pas impatient qu'elle arrive devant la classe d'Etude des Moldus. Il y avait déjà du monde dans le couloir. Evidemment, les Inséparables étaient là. Castielle se demanda s'ils avaient toujours été collés ensemble de la sorte. Est-ce que quelqu'un les avait déjà vu séparément à un moment de leur scolarité ? Depuis qu'elle était arrivée dans cette école elle n'avait aucun souvenir d'un des deux n'étant pas immédiatement suivi par l'autre. Il y avait aussi un autre Serpentard qu'elle n'avait jamais vu. En arrivant elle salua tout le monde d'un "Bonjour". Classique et surtout sans intérêt mais elle s'en fichait pour le moment.
Cette fois-ci elle ne fit pas l'erreur d'aller vers son préfet comme au cours de Défense. Si elle ne les avait jamais vu séparés, Tic et Tac, là, elle avait au moins compris qu'ils s'entendaient très bien entre eux et que ce n'est que lorsqu'une personne extérieure venait s'en mêler que ça merdait. Elle avait vu le phénomène se produire deux fois et les deux fois son intervention, peu importe sa nature, n'avait fait qu'empirer les choses.

Devant Sinus et Cosinus, on pouvait difficilement le raté, un ado tout droit échappé d'une convention style Japan Expo. Sur le coup Castielle le regarda avec des yeux ronds, surprise. Puis en le détaillant un peu plus elle ne put retenir un sourire de se dessiner sur ses lèvres. Si on devait chercher la définition de "Kawaii" dans un dico, ce serait une photo de ce garçon qu'on trouverait à côté ! Ceci dit ça la rassurait un peu.
Elle avait troqué son uniforme pour des vêtements moldus. Logique, vu le planning qui s'annonçait. Mais elle avait tout de même hésité à porter des habits un peu trop voyants... Dans le doute elle avait opté pour un pantalon noir simple avec des bottes de même couleur, la seule touche un peu détonante était son sweat shirt à l'effigie de la série Doctor Who. Ainsi elle ressemblait à une ado moldue de base. Et puis elle adorait ce sweat.

Castielle regarda une fois de plus l'intérieur de son sac. Tout était là. Tout était près. Elle avait tellement hâte ! En plus elle n'avait pas prévenu ses parents qu'elle sortait dans le cadre d'un cours d'école, elle comptait bien leur faire une surprise en chemin !
Elle se mit à attendre calmement que le reste des élèves arrivent, imaginant déjà la tête que ferait Dad quand elle lui enverrait le premier message.

Eurydice n'en pouvait plus de ces salles de classes étouffantes, de toute cette chaleur humaine qui se presse toute ensemble dans la joie et la bonne humeur. Il y avait quelques larmes et des cris qui se perdaient dans cette masse. Rien de bien important quand on y songeait. En finissant son dernier cours, elle avait ensuite fait un saut pour se changer, ne plus ressembler à une élève de troisième année en pleine crise d'adolescence. Elle n'avait pas eu le temps de la faire de toute façon. Elle préférait les crises familiales. N'est-ce-pas?
Elle enfila une combinaison bleu marine. C'était un tissu souple qui épousait ses courbes et elle la rehaussa d'une ceinture avec une boucle en forme de fleur. C'était sa petite touche de féminité. Elle serait très belle, éclairée par le soleil. Si seulement....

Ce professeur était parfait. Elle avait besoin d'air. Elle espérait de tout son cœur que ce ne serait pas des visites glauques dans des catacombes ou des cimetières parce que cela réveillerait ce qu'il y a de plus mauvais en elle. De terribles envies.
Il leur avait sûrement concocté quelque chose de loufoque. Et pourquoi pas tout simplement un carré de brin d'herbe, un morceau de ciel bleu à la découverte de la nature moldue ?
Allez arrête de rêver.... T'es en train de te faire du mal.

Trois jours sans alcool. Deux nuits. Elle allait avoir de beaux cernes bleus à la fin du séjour à force de s'empêcher de dormir. Elle serait toute endolorie. Tant pis. Refus catégorique de tomber dans les bras de Morphée. Elle ne voulait pas voir le reflet de la pitié dans les yeux de ses camarades. Quelle humiliation.

Son sac à dos sur l'épaule, elle s'avança vers la blondinette tout en mordillant une sucette à la pomme distraitement. Elle était comme un point de repère dans ce fol univers. Des boucles glissèrent dans son cou quand elle tourna sa tête couronnée d'une fine tresse.
Elia' était accompagnée d'un petit garçonnet inconnu. Elle ne ferait jamais de mal aux enfants, c'était un bon point pour lui. Puis, s'il était sage, elle partagerait les sucreries rangées dans son sac, sa nourriture par excellence. L'Anglaise salua son professeur d'un signe de tête discret puis elle alla effleurer le bout de la main d'Elhiya n'osant la prendre comme quand elles étaient seules. Douce caresse affectueuse. Sans effusion.Trop de petites mirettes à l’affût dans ce genre de situation.

Le jaune à ce moment lui arracha un hoquet aux yeux mais comme à son habitude, il était toujours aussi fascinant dans une dégaine marginale. Elle se sentait plus à l'aise avec ce professeur qu'avec la sévérité de certains même si cela pouvait revêtir un caractère excitant dans un autre contexte.
Arrête de penser à lui. C'est un ordre ma ptite dame !
Sa conscience était bien plus rationnelle qu'elle, guettant les moindres signes de la folie naissante.
Il ne fallait pas fermer les paupières pour ne pas que les images l'assaillissent. Quelles traîtresses.

Yeha!

Cours d’étude des moldu ! Enfin un cours ou je brille sans rien faire c’est bien ça. Si j’avais pris cette matière pour récolter des bonnes notes de façon rapide ? Totalement ! En plus aujourd’hui, sortie pédagogique. Ce qui veux dire, pas de tenue sorcier, sortie et tout. Ma valise prête, enfin sac de sport un peu grand, la sortie ne durant que quelques jours. Mes pyjamas acheté le matin même, chaussettes, boxer, champoing, gel douche, raso… ah non pas rasoirs, on s’en fiche. Bref serviettes, de quoi prendre des notes etc. La base quoi.

Je descends les escaliers et voit devant moi Lorelai qui semble ne même pas m’avoir vu. On a cours ensemble non ? Bon bah je la suis, bonne façon de ne pas se perdre au moins. J’essaye de la rattraper mais la demoiselle semble n’attendre personne. Elle entre dans la salle et je la suis machinalement. Rhaaa elle va jamais s’arrêter ?

Dans la salle plusieurs personnes sont présentes. La blondinette sadique avec le gosse des enfers par exemple. Franchement on me dirais que c’est sa mère, j’y croirais. Stebbins à coté déteint un peu plus sur le tableau. Pas de raison de leur dire bonjour dans tout les cas. Je lance par contre un sourire poli au préfet jaune avant de suivre la bleue. Eh mais c’est qu’elle va vite oh.

- Hey ! Tu m’esquive ou quoi ? Ca va ?

Je pose mon sac en souriant. Je me dis que Violet va nous rejoindre, en plus elles aiment toutes les deux dessiner ça se truve elles sont trop amies et moi j’étais pas au courrant. Je souris encore plus à cette idée et me retourne vers le prof.

- Bonjour Mons…. Whow trop cool !

La tenue du prof est géniale ! Tout en jaune, sauf le bonet. Bon en vra s’il avait mis un bonnet jaune aussi ça aurais été parfait, mais on peu pas tout avoir. Mais là il est entièrement assortis à ses vêtements, cheveux, pyjamas yeux… trop bien.

- Eh on va tous à une soirée pyjama moldu ?! Trop bien !

Je rigole mais sans plus attendre j’enlève mon tee-shirt et mon pantalon, me retrouvant en boxer devant l’assemblée. Pas grave, juste le temps de chercher mon pyjamas dragon et… le voici ! Un pyjamas dragon rouge.

- Vous avez de la chance M'sieur, je l’ai acheté dans la journée.

Pas sûr que tout le monde ait pensé à prendre son pyjama. Genre la tête en l’air qui est à coté de moi. Autant lancer la conversation.

- T’as pensé à prendre ton pyjama toi ? Je me demande ou on va aller. Y’a pas beaucoup de lieux où c’est habituel de marcher comme ça.

J’attends sa réponse et Violet. Je me demande si elle aura pensé à prendre son pyj. Peut-être pas.. Ca m’arrangerais quelque part. Quoi que peu de chance que le prof nous laisse nous mélanger. Quoi qu’au pire j’dis à Stebbins de prendre la chambre avec moi, Elhiya de prendre celle avec Violet et on inverse au cours de la nuit. En plus Violet et moi on peut transplaner… tranquille quoi. Ce serais cool de pouvoir aller visiter la ville de nuit comme ça, tous ensemble. J’suis sûre ça serais hyper drôle.

J’ai hâte.

Le préfet rouquin débarque, et fait son petit numéro de présentation à Lefebvre. Tu ne peux pas t'empêcher de lever les yeux au ciel devant la scène. T'as rien contre lui, mais il devrait se décoincer un peu, il est beaucoup trop sérieux ce type. Et ensuite, c'est Arty. Qui a l'air tout content, tout enjoué, tout en forme. Peut être malheureusement. Il lui dit qu'il a un pyjama dragon. Trop cool, t'en as un aussi, même qu'il est au fond de ton sac. Tu lui adresses un salut avec un léger sourire. T'es un peu content qu'il soit là quand même. La sortie sera un peu moins ennuyeuse. Quoi qu'elle risque de dégénérer à un moment ou à un autre.

- Pas de vrais dragons, non. Mais t'inquiètes pas pour moi, j'connais un peu les moldus quand même, j'passe suffisamment de temps à les côtoyer à Londres.

Sans compter que t'as bien dû te débrouiller dans leur monde quand t'étais chez ta tante, c'était pas sur elle que tu pouvais compter. Etrangement, même si la fascination que tu avais pour les moldus quand t'étais gosse ne t'est pas revenue, elle t'a tout de même pas mal servi pour ne pas trop détonner parmi eux. Et une fois certains contacts établis dans des quartiers pas très fréquentables, les choses ont commencé à se simplifier d'elles-mêmes. T'as utilisé leurs transports, leur monnaie, leurs commerces, leurs bars, leurs dealers, et leur façon de s'habiller. Que t'as totalement adoptée d'ailleurs. C'est même la première chose que t'as fait en arrivant à Londres à la disparition de ton père. Fini les robes de sorciers horribles et peu pratiques.

Tu n'as cependant pas grande connaissance de leur culture et de leur histoire en général. Alors autant dire que quand Arty te rabat les oreilles avec ses séries ou ses x-men, t'es complètement à côté de la plaque. Bref, y'a d'autres gens qui arrivent. Dont la blonde de ta maison que t'apprécie pas des masses et le gosse psychopathe. Bah voilà, elle a trouvé quelqu'un d'autre pour jouer à la maman visiblement. Il y a aussi le gryffy stupide. Ulysse. Qui commence déjà à se désaper. Tu hausses un sourcil, et ne comprends la manoeuvre que lorsqu'il sort son pyjama. Un pyjama dragon rouge. Il en a un aussi. C'est qu'il est pas si con que ça alors. Tu étires un sourire. Tout ça te donne une idée. Tu files un petit coup de coude à Arty en lui chuchotant :

- Met ton pyjama dragon aussi toi. Et joue le jeu.

Tu t'approches alors tranquillement du gosse de ta maison. L'air de rien. C'est que t'as rien contre lui, il est juste complètement cinglé, ça arrive, et c'est pas toi qui va juger. En tous cas, de ce que t'as compris, c'est le parfait petit sang pur qui n'y connaît rien aux moldus. Alors il y a moyen de s'amuser un peu. Tu t'accroupis en posant ton sac devant toi et prends la paroles tout en fouillant dedans à la recherche de ton pyjama dragon vert.

- Salut morveux. T'as pris ton pyjama j'espère ? Dans les soirées pyjamas moldues, ils mangent ceux qui n'en portent pas, tous crus. Et ils ont une préférence pour les enfants quand c'est comme ça. Tu sais, ils sont plus tendres alors c'est plus sympa pour eux...

Une fois ton pyjama trouvé, tu te relèves avec un sourire et tu t'éloignes un peu, histoire de retirer tes fringues. Tu gardes ton caleçon hein, faut pas déconner. Et t'enfiles ton pyjama dragon vert rapidement, parce que vu toutes les cicatrices que t'as, t'es pas hyper à l'aise torse nu en public. Et puis tu retournes vers tout le monde et ranges tes fringues dans ton sac. Nouveau regard un peu insistant vers Elius. Histoire qu'il comprenne bien que c'est pas une blague, et qu'il ferait mieux de se changer tout de suite.

Petite déception, il n’aurait pas à protéger Azaël contre des moldus, en même temps, sorciers moldus, il n’y avait pas tant de différence. Juste qu’il fallait peut-être qu’il prévienne, que parmi les moldus il y en a des méchants, du genre qui essaient de te noyer dans les toilettes, qui te volent ton déjeuner ou crèvent les roues de ton vélo. Parce qu’Arty savait ça, d’un autre côté, les sorciers vous envoient la gueule dans un mur, alors l’un ou l’autre. Toujours est-il que d’autres élèves arrivent, tous prêts et plus ou moins heureux de participer à cette fabuleuse sortie. Le Poufsouffle ne quitte pas son sourire. Même quand l’autre Gryffondor se met pratiquement nu pour enfiler son pyjama dragon. Ce n’est pas si étonnant, en réalité, qu’il en ait un lui aussi, tout rouge. Puis il veut ressembler à Lefebvre, ça, Arty pouvait très bien le comprendre, tellement il l’aimait d’amour avec son style décalé.
C’est alors qu’il reçoit un petit coup de coude, air surpris. Il écoute le Serpentard lui donner des ordres, sans même lever les yeux au ciel. Il hausse les épaules, après tout, pourquoi pas. « Oui mon général ! ». Il avait placé en lui une confiance aveugle, c'était impressionnant, il n’avait aucune limite, peu importe ce qui était prévu, il suivrait Azaël, sans hésitation. Il ne savait pas du tout pourquoi mais il obéissait.

Il le suit, tout proche, ils accostent Elius, et Zaza farfouille dans son sac à dos. Il écoute. Il se dit que si lui n’avait pas été moldu, il aurait gobé tout entier l’histoire du Vert & Argent, sans aucun doute, il se serait précipité dans les bras du professeur pour lui demander si c’était bien vrai, s’il allait mourir, et s’il était comestible. Mais là, il était dans cette position de force un peu, et il n’avait pas l’habitude, d’être celui qui inspire la crainte aux autres. Enfin non, faut pas s’emballer non plus, il accompagnait juste l’effrayant Aza, c’est tout, mais il était complice, tout de même. Le truc c’est qu’il y avait Elhiya, juste à côté, tout pas loin. Et elle savait bien que c’était une blague, sûrement, de mauvais goût. Mais peu importe.
Tandis que son pote s’éloigne pour enfiler son pyjama, il lui obéit vraiment, en restant sur place. Planté devant Yaya et Elius, il dépose son sac à ses pieds, fouille, le trouve puis se déshabille pour revêtir son magnifique pyjama dragon jaune. En plus, ça lui allait rudement bien, il était encore plus adorable ainsi. Il remet son sac à dos sur le dos. Il s’était déshabillé sans aucune gêne, la pudeur ne lui effleure même pas l’esprit, comme quoi, parfois ça avait du bon de s’inspirer du comportement d’Ulysse.

Il faut quand même noter que sur tous les élèves présents, il n’y en ait que trois qui avaient eu l’excellente idée de mettre leur pyjama, comme ça, pour le plaisir. Et ça ne formait pas un trio plaisant, enfin si, amusant, mais énervant aussi. Ou en tout cas qui n’annonçait rien qui vaille.
Et tandis qu’il tourne sur lui-même, les bras levés, il s’adresse à son amie et au petit :

- Il est beau inh ? Il me va super bien. Et c’est encore mieux quand on pense que ça va agir en bouclier vous savez. C’pour ça j’en ai pris un jaune, pour éblouir ceux qui veulent me manger ! Gnom gnom gnom. Et il mime des gens qui pourraient éventuellement avoir envie de le dévorer. Grand sourire. Puis c’est bizarre, le pyjama est plus doux que la dernière fois, moins jaune aussi maintenant qu’il regarde ses bras et son torse. Il s’interroge, vas-y-pas qu’ils avaient mis son fameux pyjama dragon au sèche-linge, ils savaient bien que ça ne pouvait que le détériorer. Il s’apprête à soupirer, et à ronchonner. Puis non, il baisse la tête, abattu et dépité. J’ai mis mon pyjama à l’envers.

Non mais franchement, il est pas sortable ce gamin. Il avait seize ans et venait de se ridiculiser parfaitement. Puis c’est-à-dire que maintenant il avait la flemme, il s’était déjà mis presque tout nu devant l’assemblée, il ne pouvait pas offrir une deuxième chance, c’est tout, c’était le coup d’une fois, quelque chose d’unique. La perle rare qui avait émerveillé ses fans, s’il faisait ça toutes les cinq minutes ça perdait de son charme, évidemment.