Petit appartement sur le Chemin de Traverse, il est dans un endroit légèrement reculé de celui-ci pour éviter le bruit ambiant qui se trouve souvent à cet endroit. Harmony y vivant seule quand elle est à Londres où n'étant en tout cas pas accompagnée de plus d'une personne, c'est un appartement modeste qui ne contient que ce dont a besoin une personne. L'entrée s'ouvre presque directement sur un petit salon comportant un grand canapé et de nombreuses bibliothèques, ainsi qu'un bureau dans un coin, lui aussi recouvert de livres. A côté du salon, ouverte, se trouve la cuisine assez grande pour cuisiner tous les plats qu'elle souhaite, même de façon moldue.

De l'autre côté de la petite entrée se trouve une porte donnant sur un petit couloir de passage affichant rapidement une porte qui s'ouvre sur la chambre de la Serdaigle. Un lit double s'y trouve ainsi que d'autres bibliothèques, accompagnées d'une commode comportant quelques potions étiquetées. Sur le côté qui reste se trouvent de nombreux placards où la jeune fille peut ranger toutes ses affaires.
Enfin, de l'autre côté de la chambre de nouveau dans le couloir se trouve une petite salle de bain.

Même si l'appartement croule sous les livres, la plupart ayant pour sujet la Médicomagie, l'autre partie traitant de toutes sortes de sujets  comme les plantes, les potions ou encore les créatures magiques ou malédictions, tout est bien rangé et à sa place, excepté peut être le Bureau sur lequel Harmony travaille qui est un peu plus en bazar quand elle est chez elle, ce qui n'est pas encore beaucoup le cas.

Je tourne, encore et encore, inlassablement, dans mon petit appartement. L'attente est insoutenable, le stress présent. La dernière lettre d'Emily m'a fait peur, elle a dit qu'il s'était passé quelque chose, mais quoi ? Elle doit m'en parler de vive voix et je l'ai invité à venir quand elle le voulait dans l'après-midi ou la soirée chez moi, sauf que maintenant, je suis condamnée à attendre ce qu'elle a a me dire comme un condamné attendrait de passer à l'échafaud.

Et ça me stresse.

Ne pas pouvoir sortir pour évacuer toute cette appréhension est encore pire que je le croyais. Car si je sors, je ne sais pas jusqu'où mon instinct me guidera pour que je fasse sortir toute cette pression de mon corps. Et si je m'éloigne, alors je risque de louper Emily a qui j'ai assuré que je serai là.

Donc je patiente.

Et en patientant, j'essaye de travailler mes cours de Médicomagie, sans grand succès. J'essaye aussi de faire un peu de rangement car je me suis étalée pendant mes séances de révisions entre deux services au Chaudron Baveur, et mon bureau n'a pas été des plus rangés dernièrement. Alors je mets de l'ordre dans tout ça, je trie, je range, je nettoie, tout pour ne pas penser à ce qu'elle veut me dire.

Elle pourrait arriver avec une formidable nouvelle, comme... je sais pas... Une adoption ? Mais non, je sais bien que non. Il s'est passé quelque chose, elle a dit. Et on ne dit jamais, jamais ça quand la nouvelle est positive. Alors une fois mon appartement rangé, je me remets à tourner en rond.

Et j'appréhende
Cette fameuse nouvelle.

Oiseau de mauvaise augure, je survol les lieux du regard cherchant l’endroit où je dois me rendre pour apporter mon mauvais présage. Que dis-je, si seulement cela pouvait être un présage, c’est bien plus que ça, un fait, une réalité quelque chose qui est bel et bien arrivé, impossible de faire marche arrière maintenant, pourtant ça n’est pas faute d’avoir tenté. Je passe devant les fameuses boutiques de la célèbre rue des sorciers à la recherche d’un petit appartement, à la recherche du repère de la brune qui doit sans aucun doute être prise de panique par mes mots, qui doit certainement en train de faire les cent pas dans son salon à attendre mon arrivée. Mais est-ce vraiment une bonne idée ? Peut-être devrait-elle ignorer la chose pour ne pas souffrir, mais ne rien lui dire serait sans doute pire, elle finirait quand-même pas l’apprendre un jour, donc autant que ça soit la bonne personne qui lui annonce la terrible nouvelle. Après, suis-je vraiment la bonne personne ? Qui peut juger être la personne qu’il faut pour annoncer ce genre de chose ? Je suis trop impliquée après tout, peut-être devrais-je restée en dehors de tout cela, mais maintenant il est trop tard pour se poser ce genre de questions, je suis déjà devant la bâtisse, je pourrais encore faire demi-tour et repartir, mais ça n’est pas mon genre, ou du moins ça n’est pas le genre de personne que je veux être. J’espère qu’Harmony a le cœur bien accroché car même si je dois bien avouer que j’ignorais ce qu’était devenu la relation entre-elles, mais à une époque elles étaient assez proches, assez pour qu’elle sache. Dans un sens, je me sentais mal à l’aise de débarquer après tout ce temps sans avoir pris ou donner de nouvelles juste pour annoncer une terrible nouvelle, se revoir après tout ce temps pour annoncer la perte d’une personne et pas n’importe quelle personne, enfin à mes yeux. Je voudrais qu’il se passe quelque chose, une attaque, une catastrophe naturelle, quelque chose qui fasse en sorte que je n’aie pas à faire cela, pourtant je l’ai voulu. Bon, rien ne semble arriver… il ne reste plus qu’à frapper à la porte.

Je tourne en rond, encore et encore, me rongeant les sangs tant le contenu froid de la lettre me fait peur.

J'ai un mauvais pré-sentiment
Un très mauvais pré-sentiment
Et s'il était arrivé quelque chose... A Amy ?

Je fais une nouvelle fois le tour de l'appartement, faisant presque une liste interminable de tous les gens auxquels je tiens dans ma tête pour savoir qui est blessé, qui pourrait avoir des soucis. Et plus j'y pense, plus je stresse car je ne veux qu'aucun mal arrive à aucune de ces personnes. Je n'ai pas pu tuer ou blesser un meurtrier, alors imaginer qu'il arrive quelque chose à un ou une ami(e) ?

Non.
Je ne veux pas l'accepter

Je regarde la porte toutes les minutes j'ai l'impression. Comme si grâce à ça elle allait arriver plus vite. Comme si d'un instant à l'autre, elle pouvait apparaître et rester derrière. Je porte mon ongle à ma bouche et je le ronge une n-ième fois tandis que je me force à ne pas regarder pendant plusieurs minutes dans cette direction. Je me pose sur mon lit, tape du pieds, regarde en l'air puis à gauche et à droite, comme si quelque chose allait apparaître, puis je ne tiens évidemment pas plus et je retourne à mes tours dans mon salon.

Je ne sais pas combien de kilomètres j'aurais parcouru aujourd'hui, mais je me suis très certainement autant dépensé que quand je cours à droite à gauche pour servir les clients au Chaudron Baveur. Je me gratte inconsciemment le bras et mon visage se tourne une nouvelle fois vers la porte.

Mais qu'est-ce qu'elle a donc à m'annoncer ?