Saison 29, automne.




Il était assez tôt ce matin là, et pourtant elle sort du château, un gros grimoire à la main, en quête d'une place discrète sous un arbre. Il fallait qu'elle s'entraine dur, et qu'elle réussisse, cette-fois. Ça faisait deux mois qu'elle est rentrée à Poudlard, et n'était toujours pas parvenue à jeter le moindre sort. Chose qui ne faisait qu'accentuer son sentiment de ne pas appartenir à ce monde, qu'il devait y avoir erreur ou quelque chose de ce genre. Tous les autres élèves de sa classe avaient eu au moins une réussite sur un sort, ou à défaut quelque chose c'était au moins passé, elle rien. Même dans les autres matières c'était l'échec. Personne ne disait rien, mais elle commence à sentir des regards se poser sur elle, ou des sourires en coins quand elle tient sa baguette en main. Mais Historia fait mine de rien, mais commence au plus profond d'elle même à se méfier de tout le monde, alors elle évite les regards et marche le plus rapidement possible dans les couloirs pour s'isoler.

Alors c'est ainsi que pendant ses jours de repos elle se lève à l'aube tous les matins pour s'entrainer à l'abri des regards, à sa place habituelle en dessous de cette arbre près du lac. Personne ne la jugerait ou viendrait la déranger ici. Sortant son grimoire, elle le feuillette jusqu'à la page désirée. "Lumos" un sort qui apparemment fait jaillir une lumière de sa baguette, un sort basique et élémentaire. Clairement pas pour tout le monde. Les yeux fermés, la jeune serdaigle tache de se concentrer. " "Lumos" Rien. Ce n'était que la première tentative après tout.
"Lumos  !!" Et ce fut ainsi pendant des heureux.

A bout de force et de patience, Historia jeta de colère sa baguette sur le sol, à quoi bon s'acharner. Autant les laisser tous se rendre compte qu'elle n'avait pas de place ici et la renvoyer chez elle, elle ne demandait que ça après tout. Posant sa tête sur des jambes, elle attend que le temps passe ainsi.

Ce silence était apaisant, le bruit du lac coulant paisiblement, le doux chant des oiseaux qui commençent à se réveiller eux aussi...Ses paupières se ferment lentement, le résultat de longues nuits d'insomnies et de stress. Bien que frissonnante, le sommeil l'emporte, mais pour combien de temps ? L'aiglonne se met à rêver. Elle rêve de son école qu'elle a quitté, bien que cette dernière ne lui manque en rien, elle s'imagine y revenir et jeter des sorts à ceux qui avaient par le passé profité ou rie d'elle.  Pas nécessairement des sorts méchants, mais surtout des sorts rigolos comme celui qui fait pousser des furoncles ou double le volume des dents. Sa petite sœur est dans son rêve également, hilare de cette scène. Quand à mère, elle ne douterait de rien, criant pour qu'on se concentre sur nos études au lieu de rire comme des folles.

Une voix brise le silence, arrachée de son rêve elle se réveille en sursaut, ramenée à la dur réalité. Une femme se tenait devant elle, son visage était glaciale et austère, quand à son regard qu'elle ose à peine croiser, il lui semble aussi chaleureux que son ancienne professeur de piano. Elle lui rappelait vaguement quelque chose, elle l'avait sans doute aperçu parmi les enseignants sans y prêter plus d'attention. Ainsi elle était découverte, depuis combien de temps cette femme l'observe ? Peut être depuis son arrivée ici. Dans tous les cas la mascarade avait assez duré. Un étrange sentiment de soulagement l'envahit, elle va enfin rentrer dans son monde. La fillette avait certes ressenti de la joie en recevant sa lettre, pensant avoir enfin trouvé sa place dans ce monde, or ce c'était pas le cas. Clairement pas.

La blonde se lève sereinement, et s'avance vers la grande femme. La supercherie avait quand même duré un certain temps avant que quelqu'un s'en rende compte, pas très magique tout ça. Elle essquiesa un sourire en coin à la pensée de ce mot. Ce fut malgré tout une belle expérience, au moins elle savait que la magie existe, elle avait pu voir ici des merveilles. La seule crainte qu'elle porte en elle était le fait de perdre sa mémoire, ils en avaient le pouvoir, elle l'avait lu dans un quelconque bouquin. Mais Historia avait pris ses précautions, tous ce qu'elle avait vu était consigné dans son journal, qu'ils essayent de le lui prendre pour voir.


- C'est vrai, je ne sais pas comment c'est arrivé, mais il y a erreur sur la personne, je n'ai rien de magique.  Dit-elle d'une voix paisible en jouant machinalement avec sa baguette.


Jetant un coup d'oeil à cette dernière, elle se rend compte qu'elle non plus elle n'allait pas pouvoir la garder. Autant s'en débarrasser maintenant ça sera moins douleureux plus tard. Soupirant, elle la lui tend.

- Tenez, quelqu'un en fera meilleure usage que moi.

La suite ne lui plait clairement pas, elle semble convaincue qu'elle a sa place ici ect. Pourquoi elle avait peur de ma baguette d'ailleurs, je lui jette un vague coup d’œil avant de la cacher. Professeur d'Enchantements hein ?  Heureusement pour elle qu'elle ne m'avait pas eu en cours alors, la médiocrité aurait été un euphémisme. Elle en redemande, je vais devoir la convaincre que je n'ai rien à faire ici, et après ça peut-etre qu'elle daignerait à prévenir les autres et me ramener chez moi. Je soupire, je ne suis plus à ça près de me ridiculiser, alors autant continuer encore un peu.
Je me retourne vers l'arbre derrière moi avant de prononcer pour la centième fois la formule. "Lumos" Toujours rien. Je retente encore d'une voix devenue fatiguée et sans conviction, j'en avais assez de me fatiguer pour rien et de jouer au clown, la comédie a assez duré.

- Vous savez depuis que je suis ici je n'ai pas réussi à jeter un sort, ce n'est pas aujourd’hui que ça fonctionnera.

Je croise les bras, elle va enfin se décider à faire quelque chose j'espère, les autres professeurs eux persistent, je ne sais pas pourquoi. Ils sont payés pour ça j'imagine. Mais elle, de ce que j'ai compris n'était plus enseignante, elle n'avait donc plus besoin de jouer le jeu des professeurs encourageants qui persistent sur un talent caché ou un génie endormi. Elle pouvait peut-etre être elle même et me descendre en me disant la vérité, j'ai d'ailleurs le sentiment qu'elle en meurt d'envie, son regard ne trompe pas, et ce genre de regard je ne le connais que trop bien.

Pathétique, eut l'effet d'une claque pour elle. Mais c'est ce qu'elle était après tout, ce qu'on lui répète  inlassablement depuis son enfance. Pas assez bien, n'arrivera jamais à rien, trop faible, trop fragile, trop stupide...elle les avait toutes entendues. Même dans ce nouveau monde ces propos l'ont suivi, mais à quoi s'était-elle attendue après tout ? Ce n'est pas une vulgaire lettre adressé par un hibou qui allait la changer, ni même un bout de bâton ou un déguisement de sorcière. Elle ne répondit rien, son visage est fermé, son sourire effacé, cette femme lui fait un peu penser à sa mère. Froide, hautaine, méprisante enfin surtout méprisante envers elle.

Le contact froid de la main de ce serpent sur son bras la ramène brusquement à la réalité.  Où l'emmène t-elle ? Chez la directrice ? C'était terminé c'est bon. Elle allait pouvoir enfin retrouver son monde, qui n'était certes pas plus tendre envers elle, mais au moins constitué de gens sans magie. Non...elle l'entraine vers le lac, prise de panique elle tente de se défaire de son emprise mais en vain. Historia ne savait pas nager, et avec ses chaussures et sa robe elle allait forcément couler.  Ses parents lui avaient toujours refusé des sorties à la plage ou quoi, et elle n'avait jamais voulu aller à la piscine avec son école se prétendant toujours malade.

L'eau froide la fit immédiatement frissonner, comment faisait les élèves pour s'y baigner l'été ? Elle s'était toujours jurée d'y rester bien loin, elle savait cette endroit rempli de créatures louches en plus d’être glaciale. Et elle avait surtout beaucoup trop honte de son corps pour se dévêtir. La femme continue son laïus, sur l'histoire moldu, que la jeune serdaigle connait parfaitement pour le coup, surtout cette partie là. Alors c'est ainsi qu'on allait être fixé, c'est peut-être après tout la meilleure chose à faire, Rester au fond du lac, ou en ressortir rassuré.
Avant qu'elle n'eut le temps d’approfondir la question, elle se retrouve avec une immense pierre à la main, voulait-elle la tuer ? "Mais...je..." Sans avoir eu le temps de finir ses mots, elle se retrouve propulsée dans le lac.

C'était si prévisible hein ? Le froid remplit immédiatement son corps, la rendant presque incapable de faire le moindre mouvement. Le poids de la pierre et de ses vêtements l’emmènent lentement vers le fond ouvrant lentement les yeux, elle peut encore apercevoir la surface. Elle aurait pu lâcher cette pierre essayer de se dévêtir et de débattre pour remonter et essayer de nager vers le bord à la façon moldu. Mais le voulait-elle vraiment ? Elle veut essayer, voir si elle est vraiment digne d’être ici, savoir si c'était simplement une erreur et de toute façon elle ne tenait pas beaucoup à sa vie. Alors elle se laisse lentement couler, s'agrippant de toute ses forces à la pierre, refusant de la lâcher, s'attendant peut-etre à une manifestation divine, il y avait-il un dieu pour les sorciers d'ailleurs ? Elle sent l'eau remplir ses poumons, elle ne voit plus la surface à présent, elle ne voit plus grand chose même, l'obscurité entache sa vision, ses yeux fatigués commencent à se fermer lentement. Tout est paisible sous l'eau et aux portes de la mort elle ne ressent plus la peur ni le froid ou la solitude.

Une lumière éclatante l'éblouie quelques instants, avant d’être de nouveau propulsé vers la surface, plus violemment cette fois. Ce n'était pas terminé. L'oxygène remplit ses poumons, lui faisant recracher toute l'eau qu'elle avait ingurgité prise d'une violente quinte de toux elle relève sa tête confuse et penaude. Etait-elle l'auteur de ce miracle ? Elle lâche brutalement la pierre et marche droit vers la femme froide la regardant cette fois droit dans les yeux.

- Peut-être qu'il n'y avait pas eu erreur, finalement.

Elle était déjà prête à partir, elle aurait très bien pu rester au fond c'était pareil. Il n'y avait vraiment aucune place pour les faibles dans cette école. Mais elle n'en faisait plus partie maintenant, elle avait affronté ses peurs et ne s'était pas enfuie comme une lâche, et plus important elle savait à présent qu'elle appartenait bien à ce monde. Elle sort du lac la tête droite, une main dans ses cheveux pour les essorer, et un sourire aux lèvres. Son dortoir, elle qui pensait ne plus jamais y revenir elle y avait sa place à présent, elle n'avait plus à se sentir de trop. Elle savait qui elle était, une née moldue qui aurait à la fois la puissance magique, et la science de la technologie moldu. Et au lieu d'avoir honte ou de renier une de ces deux parties d'elle, elle allait les assembler et n'en faire qu'un.


Elle jette un coup d’œil à la femme brune sur qui elle ne connaissait pas grand chose, mais quelque chose lui dit qu'elles seraient amenées à se recroiser. Un "merci" s'échappe de ses lèvres gelées, presque inaudible, elle ne sait pas si elle l'avait entendu mais qu'importe. L’Écossaise jette un dernier regard vers le lac avant de prendre la direction du château.




Fin du RP !

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