Je ne sais pas si je suis content ou en colère après mon copain. Évidemment, je trépigne d'impatience à l'idée de le revoir, ce qui est normal. Mais son absence m'a détruit à un tel point que j'ai aussi des raisons de lui en vouloir. Qu'il soit parti loin, ce n'était pas le souci. Mais je n'ai même pas eu de nouvelles. Même pas un signe de vie et je dois dire que c'est frustrant. Lorsque j'ai reçu sa lettre, j'était content et en colère. J'ai envie de le serrer dans mes bras, de lui faire des câlins, de l'embrasser. Mais je ne sais pas quelle sera ma réaction face à lui tout à l'heure pour être franc. Et si je m'emportais face à lui ? Si je devenais soudainement violent ? Je ne sais pas trop. Je suis partagé en fait, mais il n'est plus l'heure de se questionner. Je dois me préparer et revêtir un beau costume pour l'occasion. Je trouve que c'est nécessaire en tout cas et j'espère qu'il aura eu la même idée que moi. Aujourd'hui, c'est une rencontre entre deux hommes nouveaux. Il a dû se reconstruire et moi, j'ai dû faire la même chose après son départ.

J'ai donné rendez-vous à Jackson dans le bar "Le Rustique". C'est ici que je venais noyer mon chagrin lorsque je pensais à lui. Et je n'hésiterai pas à le lui dire, je veux qu'il comprenne le mal que j'ai eu aussi. Mais j'ai peur qu'en allant trop loin il veuille me quitter. Cependant, ça serait l'hôpital qui se fout de la charité comme on dit. En partant de la maison, je remarque que le temps est plutôt clément, surtout pour l'automne. Aucune raison de s'en plaindre après tout. Parler dans un endroit Moldu peut paraître risqué, mais, tant pis. On s'éloignera de toute manière. Il n'est pas question que nous fassions une gaffe, surtout en sachant que je suis encore étudiant. En arrivant devant le bar, j'observe les alentours et ne vois pas la voiture que j'ai connu. En a-t-il changé ?. Je m'arrête devant les portes et inspire un bon coup.

- Bon, c'est le moment d'y aller, dis-je à demi-voix.

Lorsque je pousse les portes, je le vois, en face. J'y vais ? Ou je le laisse venir à moi ? J'estime que c'est à lui de revenir vers moi. Et s'il le fait, il aura mon pardon. Et un bisou en prime, bien sûr !

Mon petit cœur bat la chamade. En observant mon petit ami de loin, je trouve qu'il a changé. Beaucoup trop. Malgré tout, mes sentiments à son égard restent inchangés, je ne ressens rien de différent. Juste de la tristesse et de la colère après ce que j'ai enduré pendant son absence si longue. Il boit dans son verre avant de se lever. Je n'ai qu'une envie, c'est de lui sauter au coup et l'embrasser. Mais je dois me contenir pour qu'il comprenne. Et il comprendra, j'en suis sûr. Je dois lui faire confiance, même si c'est dur à présent. Et il doit sûrement s'en douter. C'est ce que traduisait plus ou moins la lettre qu'il m'a envoyé. Lorsqu'il s'approche de moi, je commence à me liquéfier sur place, littéralement. Il m'a toujours fait fondre. Et il le fera toujours. Il arrive à quelques centimètres de moi. J'observe ses lèvres. J'ai de nouveau envie de les goûter avec une passion dévorante. Mes yeux se portent plus haut, mon regard désormais plongé dans le sien. Puis, il me parle :

- Ethan… Je suis ravi de te voir. Tu a tellement changer. Tu à l'air d'être encore plus mûr. Et… Tu est toujours aussi beau qu'avant.

Je redécouvre le son de sa voix. Elle aussi m'avait manqué. Mais je hausse un sourcil lorsqu'il m'appelle par "Ethan". Ethan... Je ne réponds plus à ce prénom depuis peu, mais il ne le sait pas encore. Je dois d'ailleurs le lui annoncer. Il me complimente, ça fait toujours plaisir. Je n'ai pas eu cette chance pendant trois fichues années. Les plus longues de ma vie. Je reconnais que j'ai beaucoup grandi et que j'ai pris davantage d'assurance. Heureusement d'ailleurs. Son comportement, après ses paroles, me semble un peu étrange. Pourquoi se frappe-t-il doucement la tête ? Il n'a pas l'air bien tout d'un coup. Est-ce qu'il me cache quelque chose ? Est-ce qu'il a changé d'avis sur notre relation ? Est-ce autre chose ? Des milliers de possibilités fusent dans ma petite tête. Je ne peux pas encore lui demander. Nous avons des choses à régler avant.

- J'ai pris la table la plus éloignée. On pourra parler tranquillement si tu le souhaite.

J'observe le coin qu'il a choisi et il me semble parfait. Sans dire un mot, pas encore du moins, je lui prends doucement la main ce qui me procure une sensation très agréable. Je me sens empli de chaleur comme il y a quelques temps. J'ai l'impression de revivre à nouveau, comme si j'avais quitté la Terre pour subitement revenir plus vivant. Changé. Mûr. Et différent aussi. Nous arrivons à la table et nous asseyons. Je commande un petit chocolat chaud avant de m'adresser à l'homme de ma vie :

- Déjà, il faut que tu saches un truc Jackson... Je réponds au prénom Ezequiel maintenant. Lorsque tu es parti, je n'arrivais plus à me faire à l'idée qu'on m'appelle Ethan. Chaque fois, j'entendais ta voix prononcer ce prénom et ça m'était insupportable. J'ai donc prit la décision de changer.

Il va falloir qu'il se fasse à ce nouveau prénom. Moi-même j'ai du mal encore, parce que c'est une habitude à prendre. Pendant 17 ans on m'appelait Ethan et du jour au lendemain, on m'appelle Ezequiel. Je sais que ça fait très... bizarre comme prénom, beaucoup me l'ont dit. Mais je m'en moque bien.

- Tu as aussi beaucoup changé. Mais tu es resté très beau malgré tout. Je vais d'abord te dire ce que j'ai sur le cœur et je te demanderai de ne pas m'interrompre avant que j'ai terminé. Ce n'est pas facile tout ce que j'ai à dire, sache-le. Ensuite, tu pourras toi aussi me dire tout ce que tu souhaites et je t'écouterai. Mais avant tout, j'ai besoin de faire quelque chose si tu permets...

Je ne peux plus résister. Je prends sa belle tête entre mes mains avant de l'embrasser langoureusement. Je l'aime cet homme. Je l'aime. A mourir !

Nous sommes enfin installé à table et j'attends mon chocolat avec impatience. Toute cette histoire, ces émotions m'ont littéralement donné soif. Ce n'est pas tous les jours que l'on vit une telle situation après tout. Sur la table se trouve déjà son propre verre qu'il a terminé juste avant de venir à moi. C'est peut-être un peu bête, mais je n'aime pas l'idée qu'il boive de trop. J'ai énormément de choses à lui dire et certaines choses, dont une en particulier pourrait bien le mettre en colère. Et je sais que les effets de l'alcool peuvent être... désastreux. J'ai énormément subi à cause de ça pendant mon enfance. Mon père buvait énormément. Il était très impulsif, très colérique et malheureusement, j'ai connu la violence physique avec les coups répétitifs. J'avais droit à ça, quotidiennement. Je le revois, ses yeux empli de haine parfois. Il me terrifiait. Aujourd'hui, il repose en paix et malgré ça, il me manque terriblement. Mais j'en oublie presque la raison pour laquelle je me retrouve dans ce bar. Je détache mon regard de ce verre pour me concentrer sur ce qui est essentiel : ma relation avec mon copain. Je constate qu'il n'ose pas me regarder. Il doit sûrement culpabiliser et il peut. Après tout, j'ai beaucoup souffert. Lui aussi, certes. Mais il m'a écarté de sa vie durant trois longues années. Je comprends ce que les gens ressentent quand ils perdent l'amour de leur vie.

Il daigne lever les yeux et me regarde enfin. Il a attendu que je parle pour faire ça quand même. Est-ce qu'il m'aime vraiment encore ? J'ai peur que ce ne soit plus le cas. Mais je suis sûrement parano, comme je le suis souvent. Sa main, elle se serre davantage, comme s'il se sentait mal. Je suis certain qu'il me cache des choses, mais quoi ? Il sait qu'il peut me parler. J'ai survécu à trois ans d'attentes. Qu'est-ce qui pourrait m'arriver de pire actuellement ? Une mauvaise nouvelle ? Ouais, ça ne sera pas la première d'une longue série. Son changement physique s'est très certainement accompagné d'un changement psychique, c'est relativement plausible et cohérent. Il renvoie l'image d'une personne qui porte un lourd fardeau qu'il ne peut pas confier à n'importe qui. Mais je ne suis pas n'importe qui, je suis son petit ami il me semble. Il faudrait voir à ce qu'il n'omette pas ce détail important. Lorsque je l'embrasse, il se laisse faire. Son corps se détend au fur et à mesure. C'est signe qu'il se sent bien. Sa main touche mon torse, mais il y a comme une réticence. Je le répugne ou quoi ? Il me repousse violemment avant de donner un coup sur la table. Les gens nous regardent avec des yeux ronds. Comme si nous étions des bêtes de foire. J'ai honte.

- Vous avez un problème ?!? Vous n'avez jamais vu des gays ? Allez vous faire foutre espèce de sang-de-bourbe !

Je suis... littéralement choqué par son attitude. Mais qu'est-ce qui lui prend ? On va s'attirer des ennuis comme ça. Il aurait pu s'en tenir à son "Vous avez un problème ?!?". Mais non, il en a un peu trop rajouté. Je ne sais pas ce qui me choque le plus entre le fait qu'il mentionne le terme "sang-de-bourbe" ou qu'il ai oublié que je suis né-Moldu. Il insulte ma famille et par extension, il m'insulte aussi. Je lui en veux encore plus qu'avant. Même si j'étais un sang-pur, je ne tiendrai pas ce type de discours. Pourquoi ? Parce que mon éducation a été très stricte sur les propos déplacés. Pas chez lui visiblement. Je découvre une autre facette de cet homme. Je lui jette un regard noir. Mes yeux se remplissent de larmes. Mais je ne dois pas pleurer maintenant. Je veux lui montrer que je suis fort et il va comprendre qu'il n'a pas à tenir un tel discours. Il recule, s'éloigne de mois une nouvelle fois et détourne le regard. Mais qu'est-ce que tu fous à la fin ? T'as perdu la tête ou quoi ?

- Ethan... Je suis désolé... Pour le moment, évite de me toucher je te prie... Il en vas de ta sécurité et des moldus qui nous entourent. Nous pouvons parler mais évitons les contacts aussi proches. Me tenir la main cela peut encore passer. Je... Je ne suis plus le Jackson que tu a connu. Mais parlons d'abord de toi. Je veux savoir ce que tu as fait durant ces 3 dernières années. Je veux savoir ce que tu a enduré à cause de moi. Parle moi de toi puis tu pourra me poser toutes les questions que tu voudra. Je te dirais tout, sans omettre aucun détail, même ce que je n'ai jamais dit à personne.

C'est Ezequiel, tu n'écoutes vraiment rien en fait... Bref, ce n'est qu'un détail, moi-même j'ai eu du mal à me faire à mon propre prénom. Je suis complètement sidéré par ses paroles. Il laisse couler une larme sur sa joue, comme s'il avait vraiment de la peine. Enfin, je ne doute pas de ça, bien sûr. Mais est-ce le moment de regretter ? Le mal est fait à présent. Je ne dois pas le toucher, je ne peux que lui tenir la main. Ben alors là, même pas en rêve après ce que tu as dit. Je retire donc précipitamment ma main tout en lui lançant un regard colérique. Tu vas voir, la roue tournera un jour ou l'autre. J'ai beau t'aimer, tu vas comprendre ce que j'ai enduré. Je le pense, mais au fond, je ne serai pas capable de le faire souffrir. Je suis trop humain pour ça. J'ai maintenant besoin de parler et il m'en donne l'occasion. Tiens-toi bien mon grand, j'ai beaucoup de choses sur le cœur.

- Alors, déjà, tu n'as pas intérêt à insulter les moldus devant moi une nouvelle fois, parce que si tu ne m'as jamais vu en colère, ça pourrait bien se produire. Je te rappelle que je suis moi-même né-Moldu au cas où ça t'aurait déjà échappé ! Je n'en reviens pas que tu ai dit une telle chose et crois-moi, je rajoute ça sur la liste des choses que j'ai à te pardonner.

Ma respiration est saccadée à cause de la colère. On dirait que je manque de souffle, d'oxygène, mais je ne veux pas être interrompu, alors je dois vraiment me lancer.

- Bref, en dehors de ça, si tu veux que je te parles de moi et de ce que j'ai enduré, il n'y a pas de soucis. Il y a cependant une chose dont je te parlerai, mais ça sera plus tard. J'ai encore besoin de clarifier les choses de mon côté. Bon, de mon côté, que veux-tu que je te dises ? J'ai enduré une souffrance énorme en ton absence. Je comprends ce que les gens disent quand ils perdent l'amour de leur vie. Je t'ai perdu Jackson, trois ans. Tu n'as pas idée de ce que je ressens. Je suis déçu, triste... Vide. Voilà, c'est le mot. Je suis vide. J'aimerai savoir ce que tu as fait, si tu as rencontré quelqu'un, si tu as trouvé qui tu étais comme tu le souhaitais. Et j'ai surtout envie de savoir qui tu es vraiment. Tu as changé Jackson, physiquement et... mentalement aussi. Je ne suis pas aveugle. Et tu as tout intérêt à me dire la vérité. La suite de notre relation ne dépend que de toi, je peux te l'assurer. Estime-toi heureux que je ne t'ai pas quitté et que je t'ai attendu.

Je dois avouer que je me sens... mieux après lui avoir balancé tout ça à la tête. Il a intérêt à être franc avec moi. Sinon, je prends mes affaires et il n'aura plus l'occasion de me voir. Cependant, je ne peux pas lui dire ce qu'il y a eu à Poudlard. Déjà qu'il a été violent avant... Alors là, je suis foutu.

Je sais que j'ai été froid avec lui. Mais est-ce que j'avais le choix ? Non. Je me dois de le faire réagir comme je peux. Il m'a clairement déçu et je ne suis pas encore prêt à lui pardonner. Ça viendra, mais pas maintenant. La souffrance que j'ai enduré, il ne l'a pas connu. En tout cas, il ne l'a pas ressenti de la même manière que moi. Ce qu'il ne sait pas, c'est ce qu'il y a eu entre moi et un autre élève de Poudlard. Mais comment vais-je lui annoncer ça ? Notre relation est déjà entachée par ces événements affreux. L'élément déclencheur reste la mort de sa mère. Je comprends que ce n'est pas quelque chose de simple. Mais est-ce une raison pour partir sans donner de nouvelles ? Partir en laissant ses proches derrière soi, sans qu'ils ne puissent comprendre quelque chose. Mes regard se porte à nouveau sur lui et je le vois sidéré par les propos que je lui tiens. En même temps, tu l'as cherché mon grand. Ne fais pas comme si tu étais étonné, parce que je vais vraiment m'énerver pour de bon. Actuellement, je n'ai qu'une envie, c'est de partir. Tu me dégoûtes. Mais je t'aime. Je suis indécis... A mesure que je lui parle, j'ai la nette impression qu'il se retient de répondre. C'est comme s'il y avait un duel dans sa tête. Peut-être est-ce bien le cas ? Il me prend alors par la main avant de m'emmener dans un endroit plus calme. Heureusement, surtout après les insultes qu'il a balancé. Et les gens n'ont pas du comprendre un traître mot d'ailleurs.

- Ethan... Ce prénom va me manquer... Je vais avoir du mal à m'habituer mais je ferai un effort, Ezequiel. Tu veux savoir ce que j'ai fait durant 3 ans . Bien. Mais sait que c'est une très longue histoire. Si tu as des questions, garde les en tête, tu ne pourras les poser que quand j'aurais fini. Commençons... Durant la première année de mon absence, il ne sait pas passer grand-chose. Je cherchais des réponses à mes questions, j'ai visité de nombreux lieux, poser énormément de questions. Mais je n'ai pas eu de nombreuses réponses. Finalement c'est elle qui est venu à moi. Jorgio et Lucianno Emerenziana, respectivement mon oncle, frère de mon père, et mon frère jumeau. Celui-ci était avec notre oncle quand le meurtrier de mes parents est arrivé. Jorgio n'a pas réellement cherché à nous retrouver, préférant protéger son neveu. Sans le savoir, nous avons partagé les mêmes classes et les mêmes profs, ils étaient venus se cacher ici en Angleterre. Jorgio est un pro-mangemort et il a éduqué Luciano dans ce sens. Ils m'ont expliqué l'histoire de ma famille, les Emerenziana, j'ai pris ce nom et me suis révélé au Ministère de la magie italienne. J'ai donc hérité de la demeure familiale de mes parents. Mon cle et mon frère ont essayé de me faire changer d'avis sur les Mangemorts, au départ j'ai résisté puis... Jorgio m'a torturé. Durant 1 an et demi, ce qui est long... J'ai subi le sort impardonnable de l'endoloris, mais aussi d'autres sorts, j'ai eu de nombreuses entailles, des fractures, des bleus... Et durant mes séances de torture, Jorgio me parler des mange morts, me disait que si je les suivais, je n'aurais plus à subir tout ceci. Moi qui pensais que j'allais mourir par ses mains en restant dans la lumière. Finalement... J'ai craqué. J'ai changé.

Mon prénom va te manquer, mais c'est de ta faute. Tu n'as qu'à assumer. Je suis dur, je le sais. Mais je ne pensais pas que je serai envahit par des pensées aussi noires, aussi sombres que ça. Un frère jumeau ? Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire encore ? Et comment ça se fait qu'il n'a pas le même nom de famille que toi ? J'suis déjà perdu dans les explications. Un pro-mangemort ce Jorgio... je commence à comprendre quelle est la raison du changement de comportement à Jackson, mais je ne dis rien. Je le laisse terminer. Si ça se trouve, il confirmera mes craintes plus tard. Et si son frère jumeau a été éduqué dans cette optique, c'est une mauvaise chose. Je ne tiens pas à fréquenter ces gens et encore moins une famille comme ça. Mais ils sont tous complètements dingues dans cette famille en fait. Ainsi, tu as été torturé après avoir reçu ton héritage. Je comprends, mais... pourquoi tu n'es pas parti ? Franchement, tu es un sorcier ou non ? Je suis sûr que tu n'as pas saisi les bonnes occasions, mais passons. Je vais finir par me calmer. Je dois le faire, sinon, je vais partir en vrille. Tu n'as pas eu besoin de dire que tu as changé. Je l'ai vu immédiatement. Il fait une pause et enlève sa veste, puis sa cravate. Il laisse apparaître son torse. Je suis littéralement choqué. Je recule, doucement, mais je recule. J'ai peur de lui. Est-ce normal d'avoir peur de son copain ? Non. Des cicatrices et blessures font leurs apparition. Au secours ? Son dos apparaît lorsqu'il retire sa chemise. Je ne peux pas regarder, je lui fais comprendre d'un signe de main que c'en est trop. Il me regarde à nouveau et poursuit son récit :

- De cette torture existe désormais deux voix. L'une représente la lumière. L'autre des ténèbres. Elles sont dans ma tête et se battent afin de prendre le contrôle de mon corps. Voilà pourquoi j'ai des gestes bizarres, ou que je deviens violent. Voilà pourquoi j'ai traité les moldus de sang de bourbe, la voix maléfique a pris le dessus. J'ai vu un Mangemort et un Phénix. Le premier m'a torturé, encore... L'autre m'a promis de m'aider. Je suis sûr que je peux m'en sortir grâce à lui. Et grâce à toi. La voix lumineuse t'aime énormément Ezequiel. Je t'aime énormément Ezequiel. Quand j'étais encore en Italie, j'ai tenté de nombreuses fois de me suicider, je ne pouvais pas revenir vers les personnes que j'aime en étant comme ça ! Je n'ai jamais réussi à mourir. JAMAIS !

Voilà, c'est à ça que j'ai pensé quand il m'a parlé des mangemorts. Je suis quasiment inexpressif, je ne sais pas quoi dire. Je lui en veux à mort à cause de ses actes. Et en même temps, je ne peux pas m'empêcher d'être empathique à son égard, parce que je lui porte de l'amour. Même si je souhaitais presque qu'il souffre autant que moi, je regrette. Il ne méritait pas ça, mais pas du tout. Personne ne le mérite d'ailleurs. Tu penses t'en sortir grâce à moi ? Oui, c'est possible. Mais il me faudra du temps. Tu m'aimes, mais tu ne me l'as pas prouvé depuis trois longues années. Si tu avais réellement eu l'envie de te suicider, tu l'aurais fait je suppose. Or, tu es là, et heureusement. J'ai envie de pleurer, les larmes montent déjà toutes seules, mais je me retiens. Ce n'est pas le moment de craquer. Je veux lui prouver que je suis fort. Pas faible. Il envoie soudainement un coup de pied dans une chaise qui traverse toute la pièce. Je suis pétrifié. Il recommence à me faire peur. Pitié, laisse-moi tranquille, je n'ai rien fait. Rien.

- Ezequiel Espinosa. Tout ce que viens de te dire Jackson est vrai. Je me présente, Emerenziana ! La voix maléfique.

Immédiatement, je me lève et sors ma baguette magique. Je commence à réfléchir à un sortilège, mais rien ne me vient en tête. Et pourtant, je suis relativement bon en sortilège. Je n'ai pas le temps de réfléchir davantage qu'il m'embrasse alors que je m'étais de nouveau assis. Au fond de lui, il ne pourra pas me faire de mal physiquement. J'en suis sûr. Je sens la chaleur de ses mains se diffuser sur mon visage. J'adore.

- Finite incantatem

A la fin de ce long baiser, il utilise ce sortilège afin de révéler une cicatrice sur sa joue et une brûlure dans son cou. Et là, son regard change. Il a l'air d'être lui-même. Il est amoureux. Passionné. Tout ce que j'aime chez lui.

- Ezequiel. Je t'en supplie. Aide moi à redevenir l'homme que j'étais. J'arrive à me contrôler seulement en ta présence... Ezequiel. Je me suis battu avec deux sorciers en arrivant en Angleterre. Ma sœur a disparu. Et j'ai besoin de toi au sein de l'ORC, auprès de moi. Seul toi et l'ORC arrivent à me sentir bien. Veux-tu m'aider ?

Évidemment que je vais t'aider, mais laisse-moi du temps, c'est tout ce que je demande. Je sais que tu as traversé d'horribles choses, mais malheureusement, on ne peut pas revenir en arrière. Il se met à pleurer, se laisse tomber à genoux tel un homme en pleine détresse. Je laisse une larme couler sur ma joue. Il fait de la peine.

- Écoute, je n'ai pas encore de questions pour le moment, j'ai juste... besoin de réfléchir à tout ça. Tu as longuement parlé et je t'ai écouté, mais j'ai besoin de temps pour penser à tout ça de manière reposée. J'imagine que ce n'est pas la réaction et la réponse que tu attendais, mais je suis désolé. Je ne peux pas te proposer mieux pour le moment. Ce que je vais faire, c'est... mal venu de ma part. Mais je suis encore sous le choc et j'espère que tu comprendras. Je t'aime, sache-le. N'oublie jamais ça. Je... je dois...

Je me lève, ramasse ma baguette magique et m'éclipse de la pièce. Ne me retiens pas, c'est tout ce que je veux. Laisse-moi au moins quelques jours ou semaines le temps de me retrouver moi-même et de penser à tout ça. Je t'aime Jackson.