Toutou you too [Abandonné]

Saison 29 ;
A l'approche de l'hiver.
LA emprunté

Never too afraid of the cold
I wish somehow it burns me
C'était un pacte à passer avec soi-même, la partie vivante de nous, petit refuge stalagmitique dans les tréfonds d'un être qui brûle de voir, et de recevoir. Le pacte de vivre de bien plus que d'espoir. Elle ne savait pas si elle avait décidé de venir toute seule, ou si elle s'était laissée happer par d'heureux événements incalculables, en trop dans son calendrier mental.
Refuge intime en pleine consternation ; il ne neigeait pas encore, mais le froid des rues lui rappelait le Prague miséreux qui l'habitait encore parfois. Elle avait le don de voir les choses qu'elle ne voulait voir. Peut-être le possédaient-ils tous. Encore fallait-il l'admettre, ça aussi. Les œillères, c'était bien plus facile à porter que le poids de la vérité.

Bâtonnet de réglisse en bouche, Velina marchait déjà depuis plusieurs minutes, en ralentissant volontairement le pas à l'approche du quartier qu'elle connaissait comme étant le lieu de résidence de sa marraine. Alhena Peverell. Elle ne savait pas si c'était une bonne idée de lui rendre visite pour lui proposer une banale sortie sur le Chemin de Traverse. Mais elle avait sacrément la flemme de lui envoyer une missive bien plate pour quelque chose d'aussi excitant à ses yeux. Sortir avec Alhena, ça s'apparentait à quelque chose de bien trop cool et d'inédit pour se contenter de quelques traits sur du papier. Elle avait envie de voir sa réaction directe en lui proposant ça.
Parce que Velina était adulte maintenant. Elle avait toujours voulu y jouer, mais désormais, elle avait un boulot, des priorités, des choses de la vie d'adulte bien angoissantes en soi, mais qui lui permettaient de faire des trucs d'adultes, avec quelqu'un de particulièrement adulte. Elle pouvait toujours jouer, mais maintenant qu'elle l'était vraiment, les choses étaient différentes. Il fallait assumer le rôle et ses conséquences.
Dans ton for intérieur, y a un enfant qui pleure
Douleur aux pieds. D'aiguilles en guise de talons, de froid et de marche un peu trop longuette à son goût. Velina s'arrêta, jetant un œil à la pointe de ses bottines, nez vissé dans son cache-nez. Son manteau fuchsia faisait tache dans le paysage grisonnant des immeubles aux fenêtres percées de vide. Le froid glacial, lui, glissait juste en-dessous, s'immisçait sous ses collants à pois et sa robe à volants. Mais elle ne pouvait se targuer de trouver ça stupide ou inutile. Elle aimait bien trop sortir du lot pour faire semblant de ne pas chercher à accrocher l’œil.

Accrocher l’œil, en parlant de ça. Ses yeux bleu d'acier se relevèrent sur une silhouette qu'elle n'avait pas remarqué, assise juste devant le portail dont elle visait justement la destination. Un chien. Un gros chien en plus. Depuis quand Alhena avait-elle un chien ? A moins que ce ne fût un chien errant, ce qui aurait été un peu plus problématique à ce moment-là, vu qu'elle tenait particulièrement à entrer au chaud. Et si Velina était depuis toujours plutôt à l'aise en compagnie des animaux, elle savait aussi qu'aborder un chien inconnu pouvait s'avérer dangereux. Et s'il défigurait son magnifique visage, sous un accès de colère ?
Bon. Elle voyait bien que le chien n'avait pas l'air tout à fait hostile. En fait, il restait assis et poussait quelques gémissements, parfois entrecoupés d'hurlements un peu moins rassurants. Mais en soi, rien de bien inquiétant à ses yeux. Elle était intimement persuadée que le chien n'était pas là par hasard, et qu'il cherchait quelque chose. A moins qu'un autre animal ne traînait derrière les grilles.

Elle tenta un premier pas, discret, en sa direction, bien qu'elle vit instantanément les oreilles du canidé s'allonger, comme s'il l'avait entendue avant même qu'elle ne se décide à avancer. Ne démordant pas, quoiqu'un peu crispé lorsqu'il tourna le museau vers elle, elle allongea le bras sans trembler, en gage d'amitié. Il était plutôt mignon, en plus.
- Hey toi..., lança-t-elle posément, t'es perdu mon beau ?

T'as un peu de mal à comprendre ce que tu fous là. A la base, tu voulais voir Alhena, parce que ça fait hyper longtemps que vous vous êtes pas croisés. Elle ne sait même pas que t'es diplômé, probablement pas non plus que t'es Auror à présent. En fait, elle ne sait pas grand chose. La dernière fois que tu l'as vue, ça remonte à au moins deux ans. Toi qui pensait avoir trouvé une famille auprès d'elle, tu as à présent surtout l'impression de l'avoir perdue. Sans doute à cause de ton comportement. Après tout, tu n'as pas été le plus grand honneur apporté au nom des Peverell, loin de là. Mais les choses ont changées.

Sauf que voilà, t'as eu beau sonner encore et encore, le fichu portail du manoir ne s'est pas ouvert. Elle n'est sûrement pas là. Ou alors elle n'a pas envie de te voir. En tous cas, t'es tout seul, dans le froid, devant le portail d'un énorme manoir à le secouer comme s'il allait s'ouvrir plus vite. Bientôt les gens te prendront pour un cambrioleur. D'ailleurs, t'as hésité à te servir de ce petit canif qui ouvre toutes les serrures, mais ta soeur t'en aurait probablement voulu si tu avais fait une telle chose. Alors au lieu de ça, tu t'es transformé en chien-loup pour attendre sagement devant la grille qu'elle finisse par rentrer.

Ouais, comme ça, avec la fourrure, t'es bien au chaud. Et t'attire pas trop l'attention des passants non plus. T'es juste un toutou bien sage qui attend l'ouverture d'un portail. Aucun risque que quelqu'un appelle la fourrière, pas vrai ? Tu chouines un peu, de temps en temps, pour la forme. T'aimes bien hurler aussi. Juste au cas où elle serait bel et bien à l'intérieur et refuserait de t'ouvrir, pour l'embêter quoi. Enfin, elle ne sait probablement pas que t'es Animagus non plus. Donc ça risque de ne pas trop fonctionner ton truc. De toute façon, t'as fait pipi au coin du portail. Elle avait qu'à être là.

Un bruit se fait entendre derrière toi. Une odeur aussi, du mouvement. Tu te retournes en penchant légèrement la tête sur le côté, humant de la truffe toutes les effluves que t'envoie cette inconnue. Elle sent bon, y'a une odeur de réglisse. Elle tend la main vers toi. Chouette, des caresses ! Tu ne te fais pas prier pour approcher. Son forme animale, ton instinct au contact humain est clairement plus canin que lupin. Tu renifles la main tendue, en remuant la queue. Et tu lèches la main. Miam, réglisse. C'est vachement bon. Tu nettoies la paume de main avec application de ta langue mouillée. Et comme t'en as jamais assez, ton museau remonte pour aller léchouiller des bouts de visages qui sont exposés au froid. Tu entrecoupes tes léchouilles de gémissements mignons pour montrer que t'es gentil et que t'es un bon toutou. Quand même.

LA encore emprunté

Bon, vilain toutou s'avérait bien plus amical que prévu. Velina s'en voulut presque de s'être montrée aussi critique envers une charmante bestiole qui avait tout simplement froid. Ou faim. Elle ne savait pas. Mais ses mains parfumées à la réglisse semblaient lui plaire particulièrement. Étonnant. Elle ignorait que les canidés appréciaient la réglisse.
Ce qui était bon signe, dans tous les cas, c'était que ce toutou semblait l'apprécier plus que de mesure. Sans vraiment la connaître, sans se montrer méfiant au premier abord. Il était donc certain qu'il avait l'habitude d'être au contact des hommes, et qu'il appréciait particulièrement les femmes, visiblement.

Une question se posait : qui était ce toutou ? Était-ce le chien d'Alhena ? Elle ne voyait pas du tout sa Marraine s'occuper d'un compagnon à quatre pattes. Mais alors pas du tout. Elle la voyait plutôt mettre un coup de pied à un toutou qui s'épancherait un peu trop en envie de caresses, sous la table. Ça, ça lui ressemblait bien plus. Et de loin.
- Mais qui es-tu, choupi ? Qu'est-ce que tu fais là tout seul ?
Elle murmurait autant pour elle-même que pour la petite bête. En espérant, grossièrement, qu'elle puisse piger quoi que ce soit à ce qu'elle disait entre deux coups de langue. Même si c'était peine perdue. A priori, Velina ne savait pas parler aux chiens, aussi pratique que cela aurait pu être.
Ses longues phalanges vinrent gratter le museau de la créature, sans une once d'hésitation, puis sa petite tête qui semblait chercher toujours plus de caresses et d'affection. Sans le repousser, elle ne tarda pas à se redresser et finalement se relever pour s'approcher du portail.
- Me voilà bien avancée..., chuchota-t-elle en agrippant les barreaux du portail, sans s'embêter à le secouer. Un portail ne s'ouvrait pas comme ça, aux dernières nouvelles. Et tenter un Alohomora était aussi vain qu'imprudent. Elle se voyait mal lier avec sa marraine en forçant la grille menant à sa propriété privée et en s'incrustant. Quoique. Alhena absente et un toutou à cajoler, ajouta-t-elle pour elle-même, en reportant ses mirettes glaciales sur le fameux chienchien.

Un instant de doute la parcourut. Était-ce vraiment un chien ? Non, parce que dans ce monde, il fallait savoir se méfier de tout, et surtout des situations qui paraissaient pour le moins étranges. Certes, il n'y avait rien de spécifiquement étrange à ce qu'un chien traînât là, mais plutôt qu'il restât planté là à la regarder. Il semblait attendre un truc. D'une manière étrangement humaine. Calme quoique maîtrisant une certaine impatience. Sage, malgré les gémissements canins qu'il laissait parfois échapper.
Sourcils légèrement froncés, Velina se dirigea à nouveau vers la bestiole, grattouillant derrière ses oreilles dressées. Elle semblait chercher quelque chose dans le regard de la créature. Un indice. Quelque chose dans ce style.
- Serais-tu là pour Alhena, toi aussi ?
Quoi qu'il fût, la question n'était pas anodine. Ce chien n'était pas là par hasard. Il ne restait pas là par hasard.

Choupi. Elle t'a appelé choupi. Le genre de surnom inconcevable à accepter sous forme humaine, mais absolument génial sous forme canine. C'est le meilleur compliment qui soit pour un bon chien, pas vrai ? Enfin, ça et "bon chien". Difficile d'aller contre ton instinct de canidé en quête de reconnaissance, tu la remercies en battant frénétiquement de la queue et en poussant un nouveau gémissement capable de fendre n'importe quel coeur. C'est que oui, t'es tout seul. Dans le froid en plus. C'est franchement pas très sympa de laisser un bon chien comme toi dans une telle situation. T'as le droit à quelques grattouilles pour ta peine. C'est cool les grattouilles. T'en taperais presque la patte par terre tellement t'adores ça. Mais faut que tu te tiennes un peu, ça reste une inconnue, même si tu la trouves particulièrement agréable.

Lorsqu'elle se redresse pour se diriger vers le portail, tu la suis. Pas moyen de te détacher d'elle, t'es plus tout seul, alors ça va un peu mieux. Et peut-être qu'Alhena a un peu plus envie de la voir elle que toi. D'ailleurs, c'est qui, elle ? Tu ne l'as jamais vue. En tous cas, le portail ne s'ouvre pas davantage. Il faut croire que ta frangine est vraiment absente et que t'as hurlé à la mort et pissé devant son portail pour rien. C'est dommage. Mais là ou pas, tu peux trouver à peu près n'importe quelle raison d'avoir pissé sur sa grille, alors peu importe. Si elle est pas contente, c'est pareil. T'as le droit à de nouvelles caresses. Tu lèves le museau vers la jeune femme avec un air de chien battu terriblement réussi. Pour qu'elle puisse voir à quel point tu es malheureux d'être ainsi laissé à la porte. C'est pas bien d'abandonner son chien !

Et voilà qu'elle te pose une question. Assis bien droit, les oreilles dressées, tu réponds d'un aboiement bref et sûr de toi. Evidemment que t'es là pour Alhena, qui d'autre ? Et soudain, tu te rends compte que ce n'est peut-être pas le truc le plus évident qui soit étant donné que t'es actuellement un chien. Quel abruti tu peux faire. L'instinct animal prend souvent le dessus sur la raison humaine. Une fois de plus, tu t'es laissé complètement submerger. Tu vas passer pour le pire des imbéciles. Mais il est temps de rétablir la vérité. Tu reprends forme humaine après t'être éloigné de quelques pas. Sourire gêné pour la jeune femme tandis que tu lisses les plis de ton costume.

- Pardonnez-moi, j'ai tendance à oublier que je ne suis pas un vrai chien-loup lorsque je prends cette apparence... J'aurais effectivement aimé voir Alhena. Je suis son frère, Azaël. Il ne me semble pas vous connaître, Miss... ?

Tu tends la main à la demoiselle. Il était sans doute grand temps que les présentations se fassent officiellement, et sous ta forme habituelle.

Les yeux de glace de Velina jaugèrent le jeune homme un bon moment après sa transformation. Une histoire de quelques secondes tout au plus, quoi. Elle avait un peu de mal à y croire. Et non parce qu'elle ne connaissait pas l'Animagie, mais bien parce qu'elle avait appelé le toutou Choupi et que face à elle, maintenant, se dressait un jeune homme pas si choupi que ça. Et même plutôt joli garçon. Bien plus que choupi, en tout cas.
Loin de se laisser intimider, la sorcière se rappela rapidement qui elle était, et pourquoi elle était là, et attrapa la main dudit Azaël avec fermeté, sans se départir du petit sourire malicieux qui avait étiré ses lèvres pleines. Alors c'était le frère d'Alhena ? Sa Marraine lui avait caché bien des choses. Et surtout les plus intéressantes, visiblement.
— Quand on compare l'homme et le chien, on voit malheureusement plus souvent le chien que l'homme, rétorqua-t-elle dans un sourire grandissant, tête légèrement penchée sur le côté.

Elle examinait Azaël avec la discrétion d'une quelconque phryné. Mais quelque chose pointait en elle d'encore moins délicat qu'une simple curiosité intéressée. Elle cherchait justement à voir dans quelle catégorie elle pouvait le ranger. C'était comme ça, une saleté d'automatisme compliqué à combler par une simple entente cordiale. Il fallait qu'elle aille jusqu'au bout de la chose, et peut-être même plus loin encore. Quitte à tout absorber d'un être pour mieux l'oublier. L'utiliser à plus ou moins mauvais escient. Tout dépendant sous couvert de quel astre fou elle agissait cette fois-là.
— Je suis heureuse de voir qu'il s'agit donc là bel et bien d'un exemple d'homme, acheva-t-elle, en poursuite à sa précédente réflexion. Je suis Velina Adams. La filleule de votre sœur, apparemment.

Elle s'éloigna un peu, faisant quelques pas autour du jeune homme pour se rapprocher de la grille, sans se départir du sourcil légèrement froncé qui agitait son faciès souriant. Un peu plus tard, une cigarette glissa entre ses lèvres, dont elle repoussa la fumée dans une longue expiration, les doigts de sa main libre s'emparant de l'un des barreaux du portail.
— Voilà plusieurs années que je connais Alhena et elle ne m'a jamais parlé de vous. Vous êtes du coin ? Je ne sais même pas pourquoi je vous vouvoie, s'esclaffa-t-elle sans préambule en se balançant tranquillement d'avant en arrière, ses petits pieds chaussés suivant la cadence sans se faire prier. Dites, je peux te tutoyer ? acheva-t-elle dans un sourire gamin.

S'il y a bien un défaut à ta forme animale, c'est qu'elle ne te permet pas pleinement d'apprécier la beauté de quelqu'un. A présent que tu es à nouveau humain, cette jeune femme qui semblait déjà belle, apparaît à présent magnifique. Lorsqu'elle se saisit de ta main pour la serrer, ton sourire gêné se transforme en un sourire bien plus charmeur, inconsciemment. Tu ne réponds pas à sa première remarque, bien trop occupé à la regarder. Il faut dire que son sourire lui allait très bien, tout comme cet air malicieux affiché. Heureusement qu'elle t'observe en retour, cela rend sûrement cette rencontre un peu moins étrange.

Tu dois cependant prendre sur toi pour mettre fin à ta contemplation afin d'être en capacité de lui répondre correctement. Velina Adams. Tu n'as jamais entendu parler d'elle, et pourtant, Alhena est semble-t-il sa marraine. Si tu aurais préféré ne jamais rencontrer tes frères, tu aurais cependant adoré rencontrer cette sublime créature plus tôt. Il faudra que tu en touche deux mots à Alhena, elle n'a pas le droit de garder une telle demoiselle cachée... Tu répètes, sans te départir de ton sourire.

- Velina Adams... Ravi de vous rencontrer.

Est-ce le nom des Peverell qui te force à tenir ainsi les civilités d'usage durant la conversation ? Tu n'es pas sûr. Après tout, tu ne t'es jamais senti réellement Peverell. Non, c'est bien cette jeune femme. Tu as envie de faire bonne impression. D'être ce qu'elle attend que tu sois. Elle est si proche que tu peux sentir à nouveau les effluves de son parfum. Pas si bien que sous forme canine, évidemment, mais tes souvenirs olfactifs sont bels et bien présents. Apparemment, Alhena a tendance à oublier de parler des membres de sa famille puisque la demoiselle n'est pas plus au courant de ton existence que tu ne l'étais de la sienne.

- Il faut croire qu'il est difficile pour une Peverell de ne pas garder de secret, mais je dois admettre que cette surprise est loin d'être déplaisante.

Nouveau sourire lorsqu'elle te demande si elle peut te tutoyer. Comme si tu pouvais lui refuser quoi que ce soit. Tu t'approches à ton tour de la grille, mains dans les poches de ton pantalon, uniquement pour être plus près d'elle, bien que tu fasses ton possible pour avoir l'air totalement désintéressé.

- Tu peux me tutoyer, évidemment. Je vis entre Londres et Pré-au-Lard, selon mes envies ou mes besoins.

Dernier regard pour la demeure d'Alhena, dont le portail demeure fermé. Tu reportes alors toute ton attention sur la jeune femme, n'ayant aucune intention de rester ici.

- Tu as quelque chose de prévu ? On peut aller boire un verre et revenir plus tard, je doute que rester devant le portail la fera apparaître.

LA emprunté.

Il adopta le comportement charmeur qu'elle s'attendait bien à côtoyer. Auprès de tous les hommes qu'elle croisait. C'était un peu toujours la même rengaine. A la différence qu'il était difficile de rendre la chose réciproque aux yeux de Velina. Mais quelque chose soufflait à la sorcière que ce jeune homme n'était pas franchement comme les autres. C'était le frère d'Alhena, déjà. Et... Et elle ne savait pas vraiment l'expliquer. Peut-être le trouvait-elle aussi charmant qu'il semblait la trouver à son goût. Ses gestes, son regard, en tout cas, ne mentaient pas. Il était difficile de mentir à Velina. Et l'espace d'un instant, il fût difficile pour elle de mentir en retour. Alors elle se contenta d'un rien, tout simple : un sourire, et un petit mouvement approbateur de l'épaule.
— Oui, oui. Avec plaisir.

M*rde, Velina, c'était quoi ce sourire niais ?
Réprimant sa joie grandissante dans son écharpe, la sorcière s'octroya quelques secondes de silence pour réfléchir. Poser ses pensées. Elle n'avait que trop moyennement envie de montrer au sorcier à quel point sa présence et sa proposition la troublaient. Non, c'était loin d'être son genre. Elle était volontiers Duchesse et au-dessus du reste du monde. Plutôt ça que de se laisser aux bravades faussement insolentes d'une séduction bien trop facile. C'était loin d'être du Velina, de se laisser aguicher aussi facilement.
Elle jeta un regard au sorcier qui marchait désormais à ses côtés, ayant peu à peu repris sa contenance. Un nouveau sourire lui échappa, alors qu'il lui rendit son regard dans ce court instant de silence. Un sourire bien plus mystérieux. Quelque part plus téméraire, en guise de défi lancé. Qui tomberait en premier ?
— Alors, Azaël, lança-t-elle, d'une voix doucereuse, tu m'as dit vivre entre Londres et Pré-au-Lard. Mais que fais-tu de ta vie, exactement ?

L'intérêt était démontré avec toute la conviction qu'on pouvait lui donner. Quand Velina s'intéressait aux gens, ce n'était jamais vraiment sincère. Mais quand c'était le cas, l'éclat dans ses yeux semblait briller d'un tout autre soleil. Un feu-follet qui s'agitait au milieu d'un désert de glace. Et elle avait du mal à contenir les milliers de questions qui lui parcouraient la tête.
Cependant en gage d'obéissance à ses propres principes, tels que la retenue face au désir et l'envie, rien ne sortit de sa bouche. Elle se contenta même plutôt de serrer ses doigts gelés dans les poches de son manteau, en guise d'arrêt face à ses bas instincts. C'était mal, de se laisser avoir trop facilement. C'était mal de se laisser porter ainsi.
Naturellement, leurs pas s'arrêtèrent aux abords d'un pub à moitié vide, et d'un mouvement de la tête, la demoiselle amorça, à son tour, une proposition. Partant ?

Elle accepte ta proposition immédiatement, avec le sourire en plus de ça. Et même si tu l'espérais, voir ton souhait se concrétiser aussi facilement te donne grande satisfaction. Il faut dire que tu n'as pas eu l'occasion de rencontrer beaucoup de filles comme elle. Elle paraît si différente, si... Inaccessible. Peut-être pas pour toi, finalement. Et cette simple pensée te suffit à sourire quelque peu béatement. Vous voilà en route, côte à côte. T'as presque envie de lui proposer ton bras, mais tu ne veux pas aller trop vite en besogne. Bien qu'un simple regard en coin vers la demoiselle te donne envie de profiter au maximum de chaque instant qu'elle veut bien t'accorder.

Mais tu n'es pas n'importe qui. Tu es un Peverell. Et tu sais ce que tu vaux, toi aussi. T'as confiance en toi, en tes charmes. Comment pourrait-il en être autrement ? Il suffit de te regarder pour voir qu'il est bien difficile de t'arriver physiquement à la cheville, et t'en es conscient, même si tu n'en joues pas plus que cela. Autant profiter de tous tes atouts face à cette jeune femme clairement au-dessus des autres. Haussement d'épaules et sourire en coin à sa question tandis que tu lui réponds.

- Je suis Auror, depuis plus d'un an maintenant.

Tu sais que c'est le genre de boulot qui fait son effet. Chasseur de mages noirs, ce n'est pas donné à tout le monde. Le Ministère n'a pas la meilleure des réputations, mais c'est un service qui reste malgré tout composé de l'élite des combattants sorciers, de par sa dangerosité et le dévouement demandé. Il faut dire que t'as plutôt intérêt à ne pas trop compter les heures lorsque t'es en intervention.

- Et toi alors, tu travailles dans quoi ?

A dire vrai, t'as du mal à l'imaginer travailler. Comme si une femme si belle ne devrait pas s'abaisser à mener la même vie minable que tous les autres sorciers de ce monde. Mais tout le monde doit se nourrir, et t'es bien curieux de savoir comment elle s'y prend. Vous voilà devant un pub, pas très engageant, mais qui pourra faire l'affaire. Tu hoches la tête avant de pousser la porte de l'endroit, la laissant galamment passer devant toi avant de la suivre. Une fois installés, tu commandes un simple café pour toi, la laissant décider de ce qu'elle veut avant de relancer la discussion.

- Ton accent indique que tu n'es pas d'ici. D'où viens-tu exactement ? Et comment en es-tu arrivée à te retrouver avec Alhena Peverell en tant que marraine ?