Immense ouf intérieur, un rugissement soulagé alors qu’Azaël le remet sur le toit ferme. Des secondes tendues où Arty pense n’avoir pas séduit le cœur du Seigneur des Ténèbres, il imagine parfaitement derrière le masque l’air blasé et l’indifférence. D’ailleurs, le Fripon se prépare à taper du pied, à continuer de défendre son point de vue, sa petite personne qui pourrait sans aucun doute être utile à la Cause, à affirmer que leurs valeurs étaient profondément les siennes aussi.
Mais nul besoin de prononcer aucun mot, ni de couper une autre des belles bouclettes. Il entend dans les paroles fermes du Masque Rouge son avenir, il était pris, il serait l’un des leurs. Retenir absolument l’explosion de joie tant que 67 n’a pas transplané, il tremble des entrailles. Deux jours, deux jours avant de pouvoir sombrer tout à fait dans les Ténèbres, et agir. Surtout agir, faire bouger la communauté magique en évoluant au cœur de la Cause la plus précieuse.

Le résonnement du crac a à peine le temps de s’éteindre qu’Arty se jette dans les bras d’Azaël pour l’embrasser sur la bouche. Un bruyant smouak. Hop hop, rapide baiser volé avant qu’il ne soit repoussé (évidemment). BOUHIAAAA ! Les baskets sautillent, sautillent de bonheur. C’est enfantin, mais c’est sincère, t’as entendu ça ? t’as entendu ça ? DEUX JOURS ! Quarante-huit heures avant qu’il ne reçoive sur l’avant-bras la fameuse et légendaire marque, j’vais être tellement beau avec ça ! Alors oui, oui évidemment qu’il réalise aussi le sérieux de l’événement, et l’importance de recevoir le tatouage débordant de magie noire. Il pointe du doigt le Meilleur Copain, j’vais être parfait ! J’te promets ! Un raisonnable petit Mangemort. Faut qu’on m’trouve un masque ! Alors voilà, il n’avait pas fini de babiller tant la gaieté ébrouait la bouche du Fripon.

Tu pensais qu'Arty avait tout foiré. Qu'il pouvait s'asseoir sur une potentielle entrée dans l'ordre. Et pourtant, le Maître semble tout de même déceler en lui le potentiel que tu as tenté de lui présenter. Faut bien chercher, parce qu'il est caché au milieu des bouclettes folles et de l'esprit qui ne s'arrête jamais du louveteau, pour le meilleur et pour le pire. Tu comprends cependant à ses mots que tout ceci est de ta responsabilité. Tu étais prêt à te porter garant pour Arty, et à présent, tu n'as pas d'autre choix que d'assumer jusqu'au bout. Lui faire comprendre ce que signifie rejoindre l'Ordre Noir. Le préparer au rituel, et tout cela en deux jours. Tu passes ta main dans tes cheveux. C'est que ça va pas être de tout repos. Pourtant tu acquiesces, évidemment. Après tout, les ordres sont clairs.

- Oui, Maître.

A peine les mots franchissent tes lèvres qu'il disparaît, te faisant pousser un soupir à la fois soulagé et dépité, tandis qu'Arty laisse éclater sa joie en... T'embrassant ? Tes yeux s'écarquillent en sentant cette sensation absolument répugnante et tu le repousses violemment. Sérieux il va pas bien lui, il veut que tu le butes avant même la cérémonie ou quoi ? Et si sa joie devrait faire plaisir à voir, toi, tu te rends juste compte du chemin que tu dois lui faire parcourir en quarante-huit heures pour qu'il prenne tout cela au sérieux. Dans quoi tu t'es encore lancé...

- Calme-toi, t'as entendu, j'dois te préparer. Et la prochaine fois que tu m'embrasses j'te jure que j'te pousse moi-même du toit.

T'es carrément sérieux en disant ça, et ton regard noir le dit pour toi. Tu finis par attraper l'épaule de ton pote sans attendre pour transplaner loin des toits londoniens, afin que seule la Cabane puisse être témoin de ce que vous allez tramez durant les deux prochains jours.