Saison 29
En Hiver
En Hiver
Je remis du rouge à lèvres, bien qu'il n'était pas rouge, car c'était le seul moyen que j'avais d'arrêter de grommeler. Le patron du bar avait oser dire que je n'étais pas drôle. Moi ? Pas drôle ? Mais je suis le summum du rire mon bon monsieur ! J'ai déridé plus d'une vieille moi ! Ah ! Il allait voir si j'étais pas drôle. Je mets ma perruque en feu si je ne décoche pas un rire ce soir ! Je regardai mes accessoires. J'avais bien ma chaise, mes plantes en pot, ma petite table avec des magazines et une lime à ongle posée dessus et surtout un arrosoir. Alors certes, la tenue que j'avais choisi n'était pas réellement faite pour le jardinage, mais je suis un drag-queen nom de Zeus ! Je m'étais donc munie d'une sobre robe vert émeraude ainsi que quelques bijoux. Mes faux ongles étaient bien collés et j'espérai que le public aussi parce qu'ils allaient mourir de rire. Le rideau se referma et j'ne profitai pour faire installer mon décor par les charmantes personnes qui étaient là pour ça. Je gardai mon arrosoir en main et me plaçai devant les plantes vertes. On annonça mon nom. Le rideau s'ouvrit, et une douche de lumière m'éclairai tandis que je fredonnai en arrosant mes plantes.
-Allez bois-moi ça mon bégonia, cul-sec ! Qui c'est le plus mignon des bégonias ? C'est toi ! C'est toi ! Fis-je comme si je parlai à un petit chien. Je pris ensuite un air agacé, comme si quelqu'un d'autre me parlait. Mais non je fais pas comme si tu n’étais pas là ! Mais au cas où tu n’as pas remarqué, je m’occupe de mes plantes. Dis-je à cette deuxième personne invisible. Mais nooon je ne t’ignore pas ! Mais mes plantes ont soif. Quoi ? Toi aussi ? Et bah tiens ! Alors j'approchai de l'avant-scène et renversai de l'eau juste devant, comme pour arroser quelqu'un.
-Comment ça t’as failli lâcher ? Oui et bien je te signale que ça ne serait pas arrivé si tu n’étais pas pendu à mon balcon parce que tu ne veux pas que je te quitte ! Je laissai un temps histoire que les gens rient avant d'aller poser l'arrosoir. Ca va faire deux heures et quart que tu es là ! Fis-je en m'asseyant et en prenant la lime à ongles. Je parlai tout en m'occupant de ceux-ci. T’as pas l’impression de surréagir Guillaume ? Alexandre ? Aaah Pacôme ! Oui bah faut dire que t’es tout rouge, en sueur et avec les cheveux en pétard alors c’est pas simple de te reconnaître. M'écriai-je en agitant la lime à ongles au dessus de ma tête. Je m'interrompais quelques secondes entre chaque phrase, comme si j'étais dans un vrai dialogue et que l'autre en fasse me répondait mais que j'étais le seul à pouvoir l'entendre. Quoi ça fait un an et demi qu’on est ensemble ? Et baaah euh… En un an et demi moi j’ai eu le temps d’oublier ! Regarde, la semaine dernière j’ai oublié d’aller chercher ma sœur à l’école, est-ce qu’elle me fait la tête ? Je ne crois pas non ! Et bam, dans tes dents Pacôme. Tu vas faire quoi ? Oui et bien peut-être que j’ai pas de sœur mais c’est pas là le sujet ! Ecoute Pacôme, ça serait plus simple pour nous deux si tu lâchais prise. Ouais enfin je voulais dire que tu prennes du recul. Oui bah je vois bien que si tu prends du recul tu finis dans le vide ! Attends, décale-toi sur la gauche. Non l’autre gauche. Je posai la lime à ongle et m'avançai en avant-scène, regardant au loin comme si une voisine de l'immeuble en face me parlait. Oui bonjour Madame Goubert ! C’est quoi sur mon balcon ? Euuuh… Mes décorations de Noël ! Comment ça c’est trop tôt parce qu’on est en avril ? Vous avez bien une tête de lépreuse alors qu’Halloween c’est un octobre ! Oui bah c’est ça, la bonne journée à vous aussi ! Je retins mon bras pour ne pas lui faire un doigt d'honneur. Ne pas suréagir non plus. Je retournai m'asseoir et cette fois pris un magazine que j'ouvris, cachant ma fausse poitrine mais pas ma bouche. Erreur de débutant que de cacher l'instrument de la rigolade. Oui bah tu vois à cause de tes histoires j’vais m’engueuler avec mes voisines moi. Oui bah ça va j’ai compris. J’ai bien vu que tu es malade, complètement malade comme quand ta mère sortait le soir et qu’elle te laissait seul avec ton désespoir. Je pliai le magazine et me penchai en avant pour parler directement à Pacôme. Oui bah d’ailleurs, je vais te dire, toi et ta mère vous n’avez rien à envier à Œdipe. On est bien sur dix ans de psychanalyse là. Je dépliai mon magazine et repris ma position précédente. Mais non ça n’a rien à voir avec le fait que j’aime pas ta mère ! Disons juste que je ne l’apprécie pas. Bon écoute Pacôme, on va pas y passer la journée. Je te quitte, c’est tout. Ca sert à rien de rester suspendu ici. Alors grandis un peu et remonte ! Un moment de silence. Je restai absorber par le magazine. Mes yeux filaient de gauche à droite, comme énervée. Hum hum. Oui. Bien sûr. Hum hum. C’est ça. Moui. Oui. Oui-oui. Oui moi aussi j’ai lâché. Hum … Je jetai le magazine et me levai d'un coup pour aller en avant-scène, regardant en bas. Hein ? Oh le c*n ! Il a lâché ! Je pris un air outré. Il est tombé sur le balcon de la voisine du dessous ! Et elle vient lui ouvrir ! Elle l’invite à entrer ! Oh la radasse elle lui offre du champagne ! Ah non ! Un homme aussi passionné que lui, il est à moi ! Noir.
Je restai là, pantoise, tandis que le public m'applaudissait. La lumière revint et je m'inclinai face à eux. Mon regard fila droit vers le patron du bar qui visiblement était choqué par mon humour décapant. Et bam, dans tes dents Francis. D'un ample mouvement de robe je quittai la scène avant de rejoindre la table réservée aux artistes, qui se trouvait au milieu des autres. Non, je n'allais certainement pas me démaquiller maintenant, avec le temps que j'y avais passé. Surtout que les gens ne me reconnaîtraient plus une fois désapé. Ouais, j'avais toujours rêvé de signer des autographes. Et puis j'aime bien discuter avec mon public, surtout celui-ci qui est composé de moldu. M'enfin, il était temps de jeter un œil à ce qui allait suivre. Bien que mes yeux parcouraient la salle, espérant capter ceux de quelqu'un qui avait apprécié mon show et qui voulait me le faire savoir.
-Allez bois-moi ça mon bégonia, cul-sec ! Qui c'est le plus mignon des bégonias ? C'est toi ! C'est toi ! Fis-je comme si je parlai à un petit chien. Je pris ensuite un air agacé, comme si quelqu'un d'autre me parlait. Mais non je fais pas comme si tu n’étais pas là ! Mais au cas où tu n’as pas remarqué, je m’occupe de mes plantes. Dis-je à cette deuxième personne invisible. Mais nooon je ne t’ignore pas ! Mais mes plantes ont soif. Quoi ? Toi aussi ? Et bah tiens ! Alors j'approchai de l'avant-scène et renversai de l'eau juste devant, comme pour arroser quelqu'un.
-Comment ça t’as failli lâcher ? Oui et bien je te signale que ça ne serait pas arrivé si tu n’étais pas pendu à mon balcon parce que tu ne veux pas que je te quitte ! Je laissai un temps histoire que les gens rient avant d'aller poser l'arrosoir. Ca va faire deux heures et quart que tu es là ! Fis-je en m'asseyant et en prenant la lime à ongles. Je parlai tout en m'occupant de ceux-ci. T’as pas l’impression de surréagir Guillaume ? Alexandre ? Aaah Pacôme ! Oui bah faut dire que t’es tout rouge, en sueur et avec les cheveux en pétard alors c’est pas simple de te reconnaître. M'écriai-je en agitant la lime à ongles au dessus de ma tête. Je m'interrompais quelques secondes entre chaque phrase, comme si j'étais dans un vrai dialogue et que l'autre en fasse me répondait mais que j'étais le seul à pouvoir l'entendre. Quoi ça fait un an et demi qu’on est ensemble ? Et baaah euh… En un an et demi moi j’ai eu le temps d’oublier ! Regarde, la semaine dernière j’ai oublié d’aller chercher ma sœur à l’école, est-ce qu’elle me fait la tête ? Je ne crois pas non ! Et bam, dans tes dents Pacôme. Tu vas faire quoi ? Oui et bien peut-être que j’ai pas de sœur mais c’est pas là le sujet ! Ecoute Pacôme, ça serait plus simple pour nous deux si tu lâchais prise. Ouais enfin je voulais dire que tu prennes du recul. Oui bah je vois bien que si tu prends du recul tu finis dans le vide ! Attends, décale-toi sur la gauche. Non l’autre gauche. Je posai la lime à ongle et m'avançai en avant-scène, regardant au loin comme si une voisine de l'immeuble en face me parlait. Oui bonjour Madame Goubert ! C’est quoi sur mon balcon ? Euuuh… Mes décorations de Noël ! Comment ça c’est trop tôt parce qu’on est en avril ? Vous avez bien une tête de lépreuse alors qu’Halloween c’est un octobre ! Oui bah c’est ça, la bonne journée à vous aussi ! Je retins mon bras pour ne pas lui faire un doigt d'honneur. Ne pas suréagir non plus. Je retournai m'asseoir et cette fois pris un magazine que j'ouvris, cachant ma fausse poitrine mais pas ma bouche. Erreur de débutant que de cacher l'instrument de la rigolade. Oui bah tu vois à cause de tes histoires j’vais m’engueuler avec mes voisines moi. Oui bah ça va j’ai compris. J’ai bien vu que tu es malade, complètement malade comme quand ta mère sortait le soir et qu’elle te laissait seul avec ton désespoir. Je pliai le magazine et me penchai en avant pour parler directement à Pacôme. Oui bah d’ailleurs, je vais te dire, toi et ta mère vous n’avez rien à envier à Œdipe. On est bien sur dix ans de psychanalyse là. Je dépliai mon magazine et repris ma position précédente. Mais non ça n’a rien à voir avec le fait que j’aime pas ta mère ! Disons juste que je ne l’apprécie pas. Bon écoute Pacôme, on va pas y passer la journée. Je te quitte, c’est tout. Ca sert à rien de rester suspendu ici. Alors grandis un peu et remonte ! Un moment de silence. Je restai absorber par le magazine. Mes yeux filaient de gauche à droite, comme énervée. Hum hum. Oui. Bien sûr. Hum hum. C’est ça. Moui. Oui. Oui-oui. Oui moi aussi j’ai lâché. Hum … Je jetai le magazine et me levai d'un coup pour aller en avant-scène, regardant en bas. Hein ? Oh le c*n ! Il a lâché ! Je pris un air outré. Il est tombé sur le balcon de la voisine du dessous ! Et elle vient lui ouvrir ! Elle l’invite à entrer ! Oh la radasse elle lui offre du champagne ! Ah non ! Un homme aussi passionné que lui, il est à moi ! Noir.
Je restai là, pantoise, tandis que le public m'applaudissait. La lumière revint et je m'inclinai face à eux. Mon regard fila droit vers le patron du bar qui visiblement était choqué par mon humour décapant. Et bam, dans tes dents Francis. D'un ample mouvement de robe je quittai la scène avant de rejoindre la table réservée aux artistes, qui se trouvait au milieu des autres. Non, je n'allais certainement pas me démaquiller maintenant, avec le temps que j'y avais passé. Surtout que les gens ne me reconnaîtraient plus une fois désapé. Ouais, j'avais toujours rêvé de signer des autographes. Et puis j'aime bien discuter avec mon public, surtout celui-ci qui est composé de moldu. M'enfin, il était temps de jeter un œil à ce qui allait suivre. Bien que mes yeux parcouraient la salle, espérant capter ceux de quelqu'un qui avait apprécié mon show et qui voulait me le faire savoir.