Hiver - avec Morfin
Nouveau week-end, nouvelle période de deux jours pendant laquelle on n’a pas d’emplois du temps à suivre ni de travail obligatoire autre que ce qui a été donné par les professeurs, c’est-à-dire peu de choses pour ce week-end ci, alors il y a plus de temps pour chercher de nouvelles créatures magiques dans les livres de la bibliothèque, pour dessiner tout et rien en même temps, pour regarder dehors les coucher et lever de soleil. C’est ce que j’ai fait ce matin : je me suis levée plus tôt que ce que j’aurai pu pour un samedi et, installée à une fenêtre de la tour de ma "maison", j’ai regardé le ciel se colorer lentement. De noir nocturne et blanc lunaire, il est passé progressivement au turquoise limpide, au doré brillant, à l’orange parfait, au rouge rosé tout doux. Des couleurs se suivant telles un arc-en-ciel, côte à côte et légèrement mélangée entre deux. Je n’ai jamais réussi à dessiner un lever de soleil, ni même son coucher, car les couleurs changent trop rapidement pour que je puisse les poser à la perfection sur ma feuille. Chaque essai n’était jamais tout à fait réaliste, et c’est bien pour ça qu’il faut que j’observe attentivement chaque moment que je peux regarder, pour en profiter, car au final le dessiner sur une feuille revient à la rendre immobile, et les changements de couleurs est aussi ce qui fait la beauté de l’arrivée ou du départ du soleil.
Et après le petit-déjeuner dans une Grande Salle pleine d’élèves tout à fait éveillés et bruyants, je me suis réfugiée une nouvelle fois à la bibliothèque, comme souvent je fais car le week-end semble avoir un effet de "transformation en puce" qui fait s’agiter tout le monde. Alors qu’à la bibliothèque, l’adulte veille au calme et je peux y lire mes livres tranquillement. Les Créatures Magiques, c’est ce qu’il me faut apprendre, car les animaux moldus c’est bien, mais ici, les Sorciers ne travaillent que sur ceux magiques, alors il faut que j’apprenne, que je cherche de moi-même pour ne pas paraître idiote en classe ! Et puis j’aime bien la magie, j’aime bien les animaux, alors les deux assemblés ne peuvent être que parfait. C’est vrai, dans tout ce que j’ai lu, il y en a qui n’ont pas l’air très sympa, mais les Licornes et les Botrucs avaient l’air tellement mignons dans le livre de ce matin ! Et ce n’est pas tout ce que j’ai appris depuis la rentrée évidemment, mais il y en a tellement que je ne pas tous les citer. En quelques mois, j’ai découvert pleins de créatures ! Bien sûr je connaissais déjà les Licornes, mais seulement dans les légendes dites Moldues, alors que là ce que je lis à Poudlard c’est de la vérité vraie ! Encore mieux que tout ce que j’avais pu lire avant l’école de magie.
Ces créatures, j’aimerais bien les rencontrer. Qui n’en a pas envie ? Il paraît que tous ces êtres vivants magiques vivent dans la Forêt Interdite. Moi, je trouve que c’est pas juste de nous interdire l’accès à la forêt… Comment apprendre correctement si ce n’est pas en observant de nous-mêmes ? Il y a les cours c’est vrai, mais en cours on ne peut pas tout voir, tandis qu’avec une promenade de quelques heures entre les arbres de la belle forêt qui se trouve juste après le parc… Et puis il faut dire que ça ne fait pas très peur quand on la regarde depuis le parc, elle a même l’air assez accueillante quand on regarde, les arbres sont beaux et on voit le soleil qui passe entre les branches !
C’est comme ça que je me suis retrouvée à sortir dans le parc. Après mes recherches qui ont duré toute la matinée comme d’habitude, j’ai rapidement été mangé à la Grande Salle, puis je suis remontée à la Salle Commune pour m’habiller. On est en hiver, et mêmes si les rayons du soleil se montrent volontiers aujourd’hui, il reste le vent et quelques nuages gris menaçants au loin. Alors je mets un pull et ma cape d’hiver, je prends entre mes bras mon carnet et mon crayon que je sers contre moi comme souvent lorsque je me promène avec, je mets mon sac dans lequel se trouvent deux livres sur le dos, laissant ma baguette sur le lit. À quoi bon la prendre ? Elle ne me servirait à rien d’autre qu’à risquer de la perdre ou de l’abîmer. Donc je la laisse au chaud dans l’école, le dortoir, le lit, sous l’oreiller : elle ne bougera pas, elle ne s’enfuira pas. Et puis je sors dans le parc, le sol par moment boueux de la pluie qu’il y a eu cette nuit collant sous mes pieds. C’est amusant, ça fait mes traces de pas à certains endroits ! Mais pas partout, alors par assez pour qu’on puisse me suivre et savoir que je vais dans un endroit interdit.
Il n’y a personne dans le parc à cette heure-ci, la plupart des élèves finissent tranquillement leur repas, les autres se reposent au chaud dans l’école. Alors je ne risque pas grand-chose à passer discrètement les premiers arbres de la forêt, encore une fois je pense que ma petite taille va m’aider à penser entre les branches si besoin, parce qu’il y en a des très basses ! J’aimerai bien voir un animal, une petite créature magique, oh oui c’est pour ça que je suis venue, alors je ne repartirais pas de sitôt ! Donc je m’avance, m’enfonce dans la forêt dont les arbres deviennent si haut et si gros que je n’en vois ni le haut ni le début des branches. Mais je m’en fiche, j’avance. Le soleil passe moins par ici, c’est amusant, il ne se montre que par petits points sur le sol, les troncs et les branches. Un hululement se fait entendre encore un peu plus loin, une chouette ! Je vais pouvoir dessiner, même si ce n’est pas une créature magique ça reste un animal et je n’ai pas beaucoup de dessins d’oiseaux, eux qui bougent si souvent dans le ciel… Le problème, c’est que marcher silencieusement dans la forêt semble impossible, en plus je ne vois pas très bien, alors forcément je marche sur des branches, et même si je suis légère ça fait crac ! Et la jolie chouettes s’envole, je n’ai que le temps de l’apercevoir que déjà elle est partie. Un soupir, et je continue d’avancer, tournicotant comme je peux autour des arbres nombreux et mal rangés de la forêt.
Crac, font mes pieds sur le sol, crac encore et toujours. Un nouveau crac, mais ce n’est pas moi cette fois-ci, c’est un petit lapin qui déboule près de moi. Je lui souris, le salue en espagnol car les animaux ont bien le droit d’avoir un bonjour eux aussi. On échange un regard, elle a l’air surprise la jolie boule de poils, immobile devant moi. Je m’accroupis lentement, espérant le voir rester là, mais il y a un nouveau crac et le lapin s’en va et je me retrouve à nouveau seule. Un nouveau soupire, et je pense à faire demis-tour pour commencer à rentrer. S’enfoncer plus serait dangereux, et j’ai déjà vraiment beaucoup marché… Mais en me retournant, j’observe les arbres, ils se ressemblent tous, et j’ai pas regardé où j’allais. Alors c’est vite évident : la forêt est grande, et je suis perdue, complètement. Y a plus qu’à attendre qu’une créature arrive et me mange, le livre disait qu’il y en avait… Marcher encore ne servirait à rien à part à me perdre encore plus, alors je m’assois sur un rocher là où un rayon de soleil passe encore, et en serrant un peu plus mon carnet contre moi je reste là à observer et attendre. À la rigueur, je pourrais faire un dessin en attendant une créatures.