Hier soir, le ciel était dégagé, il n'y avait que quelques nuages gris rosés à l'horizon. Je le sais, j'ai passé un moment à observer le le soleil se coucher puis à jouer avec les étoiles. On les voyait bien, surtout que la lune n'était qu'un fin croissant blanc qui n'illuminait que peu le ciel, me permettant ainsi sans réellement le vouloir de bien voir les étoiles. Petits points brillants et immobiles tout là-haut qui, une fois mentalement reliées, dessinent de belles formes dans l'esprit et le ciel. Il y a les formes trouvées depuis longtemps par des adultes à l'imagination bien grande et réelle tout en se basant sur des légendes et autres, puis il y a les formes que je créé moi-même. Parce que c'est amusant d'en imaginer de nouvelles, bien qu'elles ne soient pas tout à fait réelles à cause d'un petit détail. Mais bon, allez chercher un ours dans le ciel, vous verrez à la place une casserole, voilà pourquoi ces adultes qui ont nommés les constellations étaient très certainement des Serdaigles...

Mais ce matin quand je me suis levée, il n'y avait pas le ciel bleu de l'été ni un ciel légèrement voilé comme en automne ou au printemps, c'était un ciel d'hiver pur comme peint d'un gris foncé menaçant de lâcher sa pluie. Mais de toute façon, les étoiles ne sont pas visibles de jour, et j'aime la pluie bien qu'il soit déconseillé de dessiner en-dessous parce que ça abîme les feuilles. Mais marcher sous la pluie, on peut. Et regarder la pluie tomber en écoutant son chant et en dessinant tout en étant protégé par les murs de l'école, on peut aussi. Alors la présence de ces nuages ne me dérange pas vraiment, car après le petit-déjeuner je me retrouve à contempler longuement la salle immense et pleine de livres bien rangés que forme la bibliothèque. Il y a pas mal d'élèves déjà installés, c'est que j'ai un peu traîné en regardant la pluie tomber, mais pas assez pour prendre tout la place car je finis par trouver une table vide pour m'installer. Le week-end dernier, il y avait du monde partout et j'ai dû m'asseoir à la table d'une inconnue, au moins j'ai pu faire un beau dessin mais je préfère la plupart du temps être seule. Ainsi, je me retrouve pas presque forcée de parler pour paraîtrer polie. Aujourd'hui au moins, je n'ai pas besoin de parler car adresser la parole à une table ne sert à rien.

Alors je sors mes affaires, celles que j'ai rapporté de la maison pour dessiner, parce que je ne pense pas que le professeur d'astronomie apprécie de voir de nouveaux dessins dans mes cours, même s'ils ont évidemment un rapport aec les étoiles. Malheureusement ça ne se voit pas toujours, et puis il y a déjà des dessins, mais autant ne pas en rajouter et les faire dans mon carnet qui n'attend que ça. Même si aujourd'hui, j'ai decidé de m'entraîner à tracer les les vraies constellations, celles nommés par les grands adultes, parce que ce sont celles qu'on est censé voir en regardant le ciel, celles qu'on doit savoir dessiner pour les cours. Et même si j'en connais bien certaines, il faut que le tracé soit parfait et surtout que je les connaisse toute !

Une fois, on m'a demandé quelle était ma constellation préférée, c'était une question étrange à laquelle je n'ai jamais répondu mais j'y ais par contre beaucoup réfléchis, sans n'en tirer aucune conclusion. Pourquoi choisir si l'on peut les aimer toutes ? Chaque constellation et chaque étoile a son historie, cette vie réelle ou inventée que j'aime connaître, et ce qui les rend belles chacune. De totue façon, c'est pas gentil de faire des préférences... Comment pourrais-je dire que je préfère le Dragon à Cassiopé ? Ou bien la Grande Ourse à la Petite ? Non non, je pourrais pas ! Alors sur mon carnet, elles vont toutes y aller c'est promis ! Mais petit à petit évidemment, je n'ai que deux mains et un cerveau. Alors au hasard je prends la Petite Ours avec l'étoile polaire, celle du Nord qui permet de ne pas se perdre, ou plutôt de limiter les risques, ou chances ça dépend des personnes et du point de vue, de se perdre en voyage.

Et puis un bruit se fait entendre, une vibration sur la tables tandis que des livres y sont lâchés, une voix se fait entendre, pas agressive du tout malgré le geste un peu brusque, et même plutôt gentille, qui ne demande pas la permission pour s'installer. Je lève un instant la tête et adresse un bref sourire à la jeune fille brune tandis que celle-ci donne un argument tout à fait valable sur le pourquoi du comment elle s'installe ici. Je l'observe un instant, j'ai déjà vu cette tête quelque part il y a peu de temps... La fille semble avoir mon âge, mais je ne m'attarde pas plus sur ce détail inutile et repars rapidement, concentrée, sur mon carnet. La Petite Ourse est comme une petite casserole, avec une forme un peu étrange c'est vrai, dans un des livres que j'ai lu la Petite Ourse avait une longue queue sans que l'on sache réellement pourquoi, car la constellation existe depuis longtemps et parler aux morts impossible. Enfin, je ne le pense pas. Donc on ne saura jamais la vérité, mais les hypothèses c'est bien aussi !

La casserole à moitié commencée, je lève tout de même un petit peu les yeux pour observer les livres ouverts de la demoiselle qui disait ne pas trop s'étaler. Ils ne me dérangent pas, au contraire d'ailleus : l'élève étudie. Et pas n'importe quoi : l'Astronomie. Les étoiles, le repérage... Un beau sujet je trouve, alors je souris pour moi-même, pensive, avant de repartir sur mon dessin. C'est bien, la fille est calme et aime certainement les étoiles. Soudain, la voix se fait réentendre, contente je crois. Le cours de vol... Ah oui voilà ! Heureusement qu'elle y a réfléchit, moi je m'étais arrêté au fait qu'elle s'installe et puis c'est tout. Apparemment, elle non plus ne se souvenait pas de qui j'étais, même si ça ne me dérange pas : les gens savent rarement qui je suis. Étonnant, embêtant ? Non, quand on ne me connaît pas on ne me cherche pas alors je suis tranquille.

La jeune fille pose une question, assez intéressante d'ailleurs, elle voit mon dessin et apparemment y reconnaît les étoiles. Elle ne peut qu'être sympathique... Je hoche la tête, un petit sourire sur mes lèvres, tandis qu'elle me demande si je connais ce thème. Oh oui, il est revenu régulièrement dans mes livres, et les étoiles s'accompagnent de rêves et d'histoires alors... Sauf qu'elle semble vouloir demander de l'aide en disant ne pas comprendre un truc, et curieuse je l'écoute sans rien dire moi-même. Si c'est intéressant et que je juge que je peux l'aider, je le ferais.

Alors je la regarde tendre ses doigts vers le plafond, fermer un oeil, puis baisser la main et rouvrir l'oeil. Elle a l'air de faire des gestes de mesures, mais sans étoiles ce n'est pas facile de s'entraîner ! Mais la question qui suit me laisse muette d'étonnement, enfin c'est plus une façon de parler car je ne parle pas beaucoup mais bon. Elle parle de triangle, de distance entre les doigts, de troisième points, d'angle, de distance entre deux étoiles... Oulà mais c'est quoi ça ? Elle a l'air de se compliquer la vie ! C'est beaucoup plus simple. Oui vraiment, beaucoup plus simple, elle n'a pas dû très bien comprendre les leçons... Je lui souris, gentiment j'espère, les mots seront plus utiles que les gestes seuls ou les dessins seuls, donc je parle. «En fait... L'angle part de ton oeil. Tu relies chaque étoile à ton oeil, l'angle est entre les deux droites, c'est ainsi qu'on mesure la distance entre deux étoiles.» Peu sûre d'avoir bien expliqué, je prends une nouvelle page de mon carnet et dessine repidement un bonhomme, son oeil, et deux étoiles dans le ciel, traçant un trait partant de la première étoile et allant jusqu'à l'autre, faisant de même pour l'autre étoile. Pas besoin d'une oeuvre d'art hein, des bâtons suffiront, faire une échelle correcte est inutile, tant pis pour la beauté...

le dessin sur le carnet (fait à la main pris en photo, j'espère que tu y verras quelque chose...):

«Tu comprends comme ça ? Là et là -je montre les deux croix oranges- ce sont les étoiles. Ces deux traits -je montre les traits bleus partant des étoiles et s'arrêtant devant l'oeil du bonhomme- ce sont les droites entre lesquelles il y a l'angle qu'on mesure -je montre l'arc de cercle vert- et que l'on peut appeler "a". Et cet angle, tu peux le mesurer facilement avec ta main : tu tends bien ton bras, et ensuite tu regardes : ton poing représente 10°, ta main écartée 20°... Mais bien sûr, ce n'est rien de très précis !» Je sourie, peu sûre de moi et mon explication, car je suis vraiment pas forte pour expliquer avec des mots.

Hrp:

Je dessine, un dessin tout simple, faire une œuvre d’art est inutile dans un cas de simple explication de mesure d’angle entre deux étoiles. Elle se lève, se penche, prend une drôle de position qui doit pas être très confortable mais tant qu’elle m’écoute et comprend, ça me va. Puis peut-être qu’elle voit mieux comme ça ? J’explique, je montre ce dont je parle, j’essaie de m’appliquer à faire des belles phrases simples, ce qui n’est pas si simple que ça quand on a pas l’habitude de beaucoup parler. Ce beaucoup dépend des gens, moi là je trouve que je parle beaucoup, mais pour d’autres ça doit sembler relativement peu. Et à la fin je sourie, peu assurée, mais le sourire de la fille est grand, très grand ! Ça peu faire un début de constellation… Mais on n’est pas là pour ça, pas pour rêver, du moins pas pour l’instant. Il faut rester concentrée, et la demoiselle à ma table a certainement tout compris, en tout cas c’est ce que son sourire me fait penser.

Son regard va sur mon dessin, ce bonhomme moche parce que je n’ai pas pris le temps de faire un beau dessin, et un instant je m’inquiète. Il ne faudrait pas qu’elle pense que je dessine toujours comme ça, quelle honte ça serait ! C’était juste pour expliquer… Mais elle ne semble pas s’en formaliser, en tout cas je n’entends aucun commentaire désagréable, ni méchant ou moqueur, au contraire d’ailleurs. Elle a l’air de finalement trouver le concept de mesure simple, c’est sûr qu’après s’être compliqué la vie elle doit trouver ça facile. Je suis contente, contente de voir que mon explication est correcte, que mes phrases n’ont pas été trop maladroite. Et surtout, contente qu’elle ait compris, c’est une chose importante pour moi. Sauf qu’elle me demande l’autorisation de garder mon dessin, et là j’ai un petit problème. En fait, ça me pose plusieurs problèmes. Parce que c’est mon dessin, même si c’est pour expliquer un truc à elle, et qui sait si elle ne risquerait pas de l’abîmer ? Même si ce n’est pas un de mes dessins habituel, ça reste une œuvre dans mon carnet, ce carnet que je m’applique à remplir jusqu’à ce qu’il soit plein et que j’en demande un nouveau. Ce carnet, c’est un peu le souvenir de tout ce que j’ai vu, fait, imaginé et créé. Enlever une page, ce serait enlever un morceau de mes journées. Certes, un petit morceau, mais ça reste un morceau important, ce moment où j’ai parlé pour expliquer une chose très importante et surtout intéressante à une élève de mon âge qui n’avait pas compris, et qui maintenant a compris. Enlever cette page, pour certains ça serait un acte qu’ils feraient sans réfléchir, mais moi je ne peux pas. Désolée.

Déjà perdue dans mes pensées qui se contredisent et argumentent, la jeune fille d’elle-même finit par changer d’avis. A-t-elle compris que je n’en n’avais pas vraiment envie, que je tenais à ce carnet comme d’autres tiennent à leur baguette magique ou à autre chose, qu’importe ce que c’est. Elle lève la main, et je regarde cette main avec curiosité sans comprendre son geste, pour finalement me dire que c’est peut-être une façon d’exprimer un "arrête de réfléchir autant, je vais faire autrement" avant d’utiliser des mots. Je hoche la tête, soulagée, en l’entendant dire qu’elle va recopier le dessin. Oui, très bonne idée ! J’ai bien fait de faire un dessin simple quand même, on va pas dire le contraire. Elle explique pourquoi elle veut faire ainsi, propose un élève qui, un autre jour, aura besoin d’une explication pareille, et l’idée étrangement me plaît. Si j’ai su expliquer à cette fille presque inconnue comment mesurer l’angle entre deux étoiles, je saurai le faire pour quelqu’un d’autre. Et ça m’étonne autant que ça me fait sourire. Puis elle me remercie, c’est gentil de me remercier, j’aime bien quand on me dit merci. «Avec plaisir, je suis contente que tu ais compris, c’est important de bien comprendre.» Moi, je n’aime pas comprendre des trucs. C’est vraiment une sensation horrible que de se poser des questions sans cesse, et c’est bien pour ça que je passe beaucoup de temps ici. «D’habitude, je dessine mieux. Là, c’était juste pour l’explication…» Je me justifie, même si c’est inutile, je ne sais pas pourquoi j’en ressens le besoin mais je ne voudrais pas que ce dessin, aussi simple soit-il, soit pris pour un exemple de ce que je fais habituellement.

Alors la jeune fille sort un parchemin de sous sac, drôle d’endroit de rangement, moi je préfère mon sac mais elle fait comme elle veut. Il y a pleins de trucs gribouillés dessus, un jour elle n’aura plus de place, je pense qu’un carnet serait plus utile si elle a pour habitude de beaucoup écrire. Mais je ne dis rien, la regarde simplement faire mon dessin sur son parchemin à elle, satisfaite de mon idée d’explication. Mark sera content quand je lui raconterai toutes mes journées à Poudlard ! Qui sait, peut-être que mes parents et Lylianna aussi voudront que je leur raconte… Quand la jeune fille a finit, elle me sourit avant de retourner à ses recherches, et je lui fais un sourire moi aussi, sans savoir pourquoi encore une fois. La politesse, c’est important, mais là c’était plutôt un réflexe. Puis je récupère mon carnet, retourne à mes ourses-casseroles, concentrée, appliquée. C’est pour l’astronomie, c’est pour le plaisir aussi. Mais la voix, gentille et agréable, de la demoiselle, revient, elle se rallume comme on allume la lumière pour couper le noir d’une pièce, pour me demander comment je m’appelle. J’aurai pu l’ignorer, faire comme souvent, jeter un regard qui se voudrait menaçant parce que je suis occupée, mais tant de gentillesse c’est touchant, alors je lui réponds, avec un regard un peu curieux, parce qu’il est vrai que malgré le cours de vol je ne sais pas son prénom à elle non plus. «Elida, c’est comme ça je m’appelle. Et je suis à Serdaigle. Et toi ?» Peut-être l’a-t-elle vu, cette dernière information, pour moi école veut dire uniforme alors il est bien rare que je m’habille autrement.

Elle se répète, me dit deux fois que j’ai raison, c’est qu’elle est d’accord avec moi. Si elle n’avait pas été d’accord avec moi, ç’aurait été bizarre, et surtout ç’aurait été en contradiction avec ses interrogations sur la mesure entre deux étoiles. Si elle m’avait dit que comprendre n’était pas important, pourquoi aurait-elle cherché à comprendre ? Ne nous embêtons pas à réfléchir là-dessus, puisqu’elle est d’accord avec moi. C’est bien là l’important, et je suis contente de savoir qu’elle aussi trouve important l’idée de comprendre. Même si je comprends pas trop l’idée de relations plus simples, mais comme je suis pas trop forte à ça je me contente d’un sourire pour acquiescer. On ne parle pas pour ne rien dire.

Ça la fait rire quand je dis que je dessine bien d’habitude, je vois pas pourquoi elle rit car c’est la vérité, et si j’aurai pu m’inquiéter ou me vexer de ce rire, la jeune fille ne m’en laisse pas le temps puisqu’elle se met à parler. Elle me croit, et elle a vu mes dessins de constellations en arrivant, et j’en suis soulagée. Et puis elle parle de la difficulté à se mettre au même niveau que les autres, et c’est là une question qui mérite réflexion. Est-ce compliqué de se mettre au niveau de quelqu’un d’autre ? La question est compliquée. Je n’aime pas voir que quelqu’un ne comprends un truc, je n’aime pas parler non plus, mais si cette personne me demande de l’aide c’est que ça l’intéresse, qu’elle va m’écouter, donc ça ne sera pas parler pour rien. Mais je ne suis jamais sûre d’expliquer correctement, parce que tous les cerveaux sont différents donc on une façon de comprendre différente, alors expliquer c’est compliqué. Mais si ça peut aider à comprendre, alors moi j’aide. Peut-être que c’est parce que je suis "plus jeune" ? Après tout, ça veut dire que je l’ai appris il y a moins longtemps qu’un adulte qui aurait étudié ce sujet enfant, comme moi. Oui vraiment, c’est un questionnement compliqué qui mérite tout de même une sorte de réponse. «Je ne sais pas… Peut-être que ça dépend du sujet qu’on explique, de l’âge qu’on a aussi, et de la personne qui demande l’explication ?» Curieuse, pensive, je réfléchis sérieusement. Après tout, on n’explique pas de la même manière à un adulte qu’à un enfant, n’est-ce pas ?

Finalement je retourne à mes étoiles, la tête pleine de pensées qui tourbillonnent, mais dessiner m’aide à vider mon esprit et à me concentrer sur autre chose de moins… Sérieux. Pourtant, lorsqu’elle me demande mon prénom, je lui réponds sans trop hésiter. Car l’élève m’a paru gentille et intéressante, voir même réfléchie, alors lui parler ne risque pas d’être dangereux. Alors je lui réponds, et je hoche la tête en l’entendant demander si c’est espagnol. Sa question semble plutôt être présente pour vérifier une hypothèse mentale, mais elle mérite approbation, surtout que je suis contente de voir que quelqu’un connaît l’origine de mon prénom. Elle explique que sa maman est espagnole, et je souris, parce que moi c’est mon papa et ma grand-mère (et certainement mon grand-père) qui sont espagnols. C’est rigolo, et ça explique certainement pourquoi la demoiselle est si gentille. Pas que les espagnols soient tous gentils, mais j’aime me dire ça, pour garder une belle image de mon pays. Puis elle se présente, Rose qu’elle s’appelle, et je trouve ça très beau. C’est une fleur, c’est une couleur douce, c’est le printemps, c’est le ciel lors d’un lever ou coucher de soleil. C’est poétique, c’est naturel ! Et quand je lui dis ma "maison", ça la fait sourire tandis qu’elle prend les… Comment on dit ? Estereotipo pour démontrer que j’ai bien expliqué. C’est vrai que ça fait parti des choses que le chapeau bavard avait dit… Mais tous les "Serdaigles" ne le sont pas, enfin je ne crois pas. Bref, c’est pas très important mais ça me fait sourire. Ensuite elle se dit être à Gryffondor, la maison des lions, du rouge et de l’or. Rouge, Rose. Le rose, c’est du rouge dans lequel on a ajouté du blanc. C’est mignon, c’est certainement du hasard mais je trouve ça amusant. Elle ajoute avec un air de secret que son papa était à "Serpentard", je ne vois pas ce qu’il y a de secret mais peut-être que s’en est un, alors promis je dirais rien. De toute façon, je ne vois pas pourquoi je le dirais tant qu’on ne me pose pas la question.

Et soudainement, Rose me propose d’observer un jour les étoiles avec moi. Étonnée il faut bien le dire face à cette idée inattendue mais qui n’est pas mauvaise, je l’écoute dire qu’il faudra attendre un peu car le temps est mauvais. C’est ça qui est dommage, car souvent le ciel de l’hiver est couvert alors que le soleil se couche tôt, ce serait donc la saison parfaite malgré le froid pour observer les étoiles… Car lorsque le beau temps arrive, le soleil se couche plus tard alors il faut attendre… Quoi qu’il en soit, j’admets que je trouve l’idée bonne. Une élève de mon âge gentille, pour l’instant du moins, qui aime les étoiles, il n’y en n’a pas beaucoup. Alors j’accepte. Je souris et je lui dis «Je pense que c’est une bonne idée. Avec un peu de chance, nous aurons quelques soirées d’hivers découvertes, car l’hiver est une bonne saison pour observer les étoiles sans se coucher trop tard. Mais sinon, on fera ça un vendredi soir ou un samedi soir au printemps, quand il n’y a pas de cours le lendemain.» J’ai beau aimer les étoiles je n’ai pas envie de m’endormir en cours le matin, quelle honte ça serait !

La jeune fille à ma table semble d’accord avec les quelques critères que je propose pour expliquer comment se mettre au niveau de quelqu’un d’autre peut être plus ou moins difficile. Elle ajoute elle-même d’autres éléments, et elle a raison. Quand il y a trop de bruit autour de moi, je n’arrive pas à me concentrer donc j’explique certainement moins bien. Pareil, si je dois expliquer quelque chose à plusieurs personnes, j’aurai forcément plus de mal. Enfin, ça dépendrait au sujet du sujet. Et si je ne suis pas plutôt joyeuse, je risquerais de ne rien répondre. Pourtant, je ne suis pas sûre que ça me rende vraiment talentueuse. C’est tout de même bien gentil de me dire une chose pareille, car c’est un compliment sincère, en tout cas je ne ressens pas de mensonge. Peut-être qu’elle le cache bien ? Non, je ne pense pas qu’elle mente. Alors je me contente d’un petit sourire, timide, embêté, sans savoir quoi répondre. Les paroles sont inutiles, donc je ne dis rien, tout simplement. Et elle ne semble pas s’en offenser, car la conversation avance, petit à petit, avec un peu de silence, lentement mais sûrement. Et ça me plaît, de discuter ainsi. Elle n’est pas pressée, moi non plus, elle me laisse le temps de penser… C’est parfait.

Je crois qu’elle est contente que j’accepte sa proposition. J’ai donc bien fait d’accepter ! Et surtout, elle parle des étoiles en s’y connaissant bien. Je hoche la tête en entendant le nom de la constellation d’Orion, cette constellation aux multiples histoires. Il y a beaucoup de version sur cet homme, mais je préfère celle qui dit d’Orion qu’il était un chasseur arrogant, se vantant d’être capable de tuer n’importe quel animal. Il aurait été tué par un scorpion envoyé par Héra, qui ensuite les transforma tout deux en constellations. J’aime cette histoire qui dévoile l’Humain dans toute son horreur. C’est une belle leçon pour les gens comme Orion, pourtant ceux-ci s’en fichent totalement. Enfin bref, je me suis un peu déconcentrée là… Elle a dit que cette constellation était visible seulement en hiver, et l’impression d’avoir rencontré une personne qui s’y connaît en étoiles augmente beaucoup. Oui c’est sûr, pour dire ça, elle s’y connaît bien ! C’est étonnant, mais dans le bon sens, je suis contente. En cours d’astronomie, les élèves avaient l’air de s’y connaître très peu pour certains ! Un peu perplexe tout de même en l’entendant parler d’envoyer un hibou, je me rappelle rapidement qu’ici, le courrier s’envoie par hibou. Un grand sourire vient étirer mes lèvres à l’idée de recevoir un hibou, l’idée est vraiment très attrayante ! «D’accord, c’est une très bonne idée de faire ainsi !» J’espère qu’elle n’a pas vu l’instant d’incompréhension face à l’envoi d’un hibou… Bah, de toute façon, j’ai bien le droit de ne pas tout bien connaître…

La jeune fille commence à rassembler ses affaires, j’en conclue que la conversation est bientôt terminée, pourtant elle enchaîne sur le ciel du printemps et les constellations à voir, celles absentes en ce moment. C’est qu’elle n’est pas une débutante sur ce sujet, c’est sûr et certain. J’écoute ses propositions en hochant la tête, un vendredi soir ou un samedi soir depuis la tour d’astronomie, ce serait parfait ! Est-ce qu’on a le droit d’aller là-haut sans professeur ? Je n’en sais rien, mais qu’importe, on ne pourra pas nous gronder si on regarde les étoiles ! «Ça m’a l’air bien oui. Regarder le ciel pendant les saisons différentes est toujours intéressant.» En fait, il faut d’après moi le regarder tous les soirs, mais je ne rajoute pas ça. Le soir en semaine, il ne faut pas se coucher trop tard. Mais bon, j’ai beau le penser, je ne suis pas toujours mes pensées…

Les affaires de l’élèves sont maintenant rangées, elle m’adresse un joli sourire avant d’annoncer qu’elle a eu sa réponse, et peut-être même un peu plus je pense. Je souris à mon tour tandis qu’elle se lève et me remercie, l’esprit déjà reparti vers mes constellations à dessiner. Je vais pouvoir repartir dans mon carnet. Un simple «À bientôt !» lancé alors qu’elle récupère ses dernières affaires, j’ai déjà la tête ailleurs. Dessiner, dessiner, dessiner ! J’en étais où ? J’ai encore le temps de faire ce que je veux avant d’aller manger.