Se perdre pour se supporter [Abandonné]

SE PERDRE POUR SE SUPPORTER
— ft. Vanille / Saison hiver / Saison XXIX.

Je profite de la chaleur des livres et des bougies pour me reclure à la bibliothèque. J'aime particulièrement sentir le parfum poussiéreux et intelligent des ouvrages, les bougies consumées et le parfum à la violette de la bibliothécaire ou d'une élève. — Une forme de sagesse dessinent l'air assez lourd qui règne entre les rayons. J'ai cette tendance à préférer des endroits calmes et peu fréquentés aux heures de cours, finalement, pour y réaliser mes devoirs et passer la plus grande partie de la journée. La foule me terrorise depuis que je suis revenue à Poudlard.

Je pense encore au rendez-vous avec l'infirmière de l'autre jour. Une épreuve particulièrement épuisante et éprouvante. Je n'ai que notre entrevue en tête en ce moment. Je suis à la fois impatiente et effrayée par notre prochaine rencontre. Ça me détruit et ça m'aide en même temps. Alors j'essaie au mieux de rompre mes pensées aux mélopées lugubres. J'essaie de suivre la lumière. Les chants des oiseaux qui m'attirent au loin. Au-delà des nuages blancs qui couvrent les montagnes immaculées du paysage hivernal.

C'est pour cette raison en particulier que j'ai du mal à finir mon devoir de botanique. Je les dessine toutes. Une fleur après l'autre. Elles ont toutes une émotion différente, c'est fou. C'est fou. Je me perds à contempler leurs lignes courbes et symétriques. Je me perds, pour mieux me supporter.

Vanille s'ennuie, Gaëlle la boude depuis que le cours de vol; c'est vraiment pas drôle. Il y a comme un grand vide en elle et pas seulement parce qu'elle ne peut pas copier sur la serdaigle pour son devoir de botanique. Quelle matière ingrate ! La petite relit l’énoncé sans comprendre, elle se trémousse sur sa chaise en jetant des regards à droite et à gauche laissant son regard se faire capter par autre chose. Elle a besoin de distraction. Soupire de désespoir. Ce sont tous les malheurs futiles d'une adolescente de quinze ans qui semblent lui faire croire que sa vie est fichue.

La poussière des livres lui donne la nausée, la gamine veut retrouver sa couette et ne plus bouger. L'hiver, c'est nul, il fait froid. Les cours devraient être suspendus. Pourquoi les humains n'hibernent-ils pas ? Tant de question existentielles aux conséquences reflétées dans la feuille vierge de la rouquine. Je suis fichue ! Paroles murmurées au cas où un préfet passerait juste derrière pour la réprimander.

Voilà qu'elle se lève et ses yeux percutent la silhouette fragile d'une adolescente qui semble en plein travail. Vanille plisse les yeux. Se pourrait-il qu'il s'agisse d'un ange envoyé pour la sauver dans sa galère ? Tentant le tout pour le tout, elle décide de s'approcher d'un pas joyeux, toutes ses affaires à bout de bras avant de les poser à côté de la jeune fille. Salut ! J'suis Vanille ! Elle tend la main, joignant un geste à ses mots enthousiastes. Tu ferais pas le devoir de botanique par hasard ? Je dis ça juste au cas où parce que je suis un vrai danger public dans cette matière, du coup tu contribuerais beaucoup beaucoup à la survie de l'humanité si tu voulais bien m'aider.

Elle baratine en battant des cils avant de regarder un peu mieux son interlocutrice. Elle n'a pas l'air dans son assiette. Vanille s'en veux un peu. Elle penche la tête sur le côté et fronce les sourcils. Heu, ça va ? T'as l'air pâlotte.

HRP : LA d'Elhiya.

Se perdre pour se supporter. J'avais lu ça dans un livre, l'autre jour et maintenant, je ne pouvais m'empêcher de le répéter sans cesse dans ma tête, comme un refrain facile à retenir. Ça me rassure, je pense. Ça m'aide à avancer, à continuer, à poursuivre sans effort aucun et sans me demander pourquoi je le fais surtout. L'infirmière m'avait dit de toujours se raccrocher à quelque chose, ou quelqu'un - coûte que coûte. Mon guide à moi, c'était probablement ce livre à la couverture médiocre.

Je
sur
-SAUTE
! !
!
!

Un grand fracas, là, juste devant. J'ai l'impression que l'étagère d'en face s'écroule sur moi et que le monde - ça y est - m'a lâché pour la seconde fois. Je lève les yeux. Une drôle de fille s'approche de moi, me tend la main me salue comme si j'étais [tout le monde] alors que je suis [n'importe qui].

Elle pétillait de malice, comme les enfants qui piquent les bonbons des autres quand ils ont le dos tourné. Je dois avoir une mine affreuse. J'ose un rictus léger. Je lui tends la main. « Bonjour Vanille. » Mais je sais vraiment pas qui c'est. Pour être franche, je ne regarde pas beaucoup les autres élèves de l'école. J'évite leur regard.

— Oui. C'est bien le devoir de botanique. Je... je sais pas quoi dire. Quoi faire. Je ne veux pas lui faciliter la tâche mais en même temps, j'ose pas. Je n'ose pas. C'es terrible. De ne pouvoir rien refuser à personne. « Euh.. tiens. » Je préfère regarder les boutons de sa chemise, parchemin tendu fermement. Et si elle repartait avec mon travail ?