La curiosité est un vilain défaut [Terminé]

Suite de ce RP pour Tara.
Saison 29.
Automne.
LA.

La sorcière disparue dans l'allée des Embrume pour la deuxième fois de la journée. Elle avait prit beaucoup de retard sur ce qu'elle désirait faire, mais heureusement ne temps ne jouait aucun rôle ici. S'assurant que personne n'était là pour observer, la jeune Phénix s'arrêta brièvement devant une vitre pour observer son reflet. Ce n'était pas là un trouble obsessionnelle de l'apparence, non, mais bel et bien le moyen le plus efficace de s'assurer que son visage était encore bien en place. Tout comme ses cheveux roux. Oui ? Alors on continue.

Tara emprunta plusieurs chemin sinueux sans hésiter une seule seconde. Contrairement à la petite qu'elle venait de quitter, elle avait un assez bon sens de l'orientation. Elle savait où elle devait se rendre. Ce qu'elle ignorait en revanche, c'était qu'aujourd'hui elle ne pourrait pas travailler. La phénix n'avait pas encore eu le temps d'arriver à destination, que déjà de nouvelles protestations se faisaient entendre.

- Quoi encore... ?

La sorcière souffla, résolue, puis pris la direction des voix. Baguette déjà en main, elle se retrouva face à face avec l'homme de tout à l'heure. Le même blaireau bourré qui, visiblement, c'était trouvé une nouvelle proie. Qu'est-ce qu'ils avaient tous à venir sur l'Allée aujourd'hui ?

- Heeee... M'c'est la pseudo Phénix de tout à l'heure. T'es venu te-terminer notre affaire ?

L’œil lubrique il avança en se dandinant, arrachant une grimace dégoûtée à la rousse. Le transformer en mouton n'avait visiblement pas suffit à faire taire l'imbécile.

- Raah... Tu commences sérieusement à m'énerver toi ! cracha-t-elle entre ses dents en le repoussant avant de pointer sa baguette droit sur lui. #Metalo scencio #Silencio.

L'homme fut projeter contre le mur et ne manqua pas d'essayer de se dégager. Tentative vaine qui ne fit que resserrer les liens de métal qui le maintenait contre le mur. Il n'avait qu'à continuer et se faire mal, tant pis pour lui. Elle reviendrait à la fin de la journée pour le libérer s'il était encore là.

Un peu agacée, elle se tourna alors vers l'étudiant. Encore une. Et pourquoi cette fois ?

- Je ne sais pas si tu as remarqué, mais ce n'est pas un parc d'attraction ici.

J'en ai assez ; assez de me limiter à des histoires stupides, aux ragots qui traversent les couloirs ; je veux plus ; je veux prendre mon avenir en main ; ma vie en main ; je veux faire quelque chose de concret ; je veux devenir quelqu'un ; je sais au fond de moi que je ne peux plus me contenter d'écrire de simples faits d'hiver ; des articles sans queue ni tête ; des articles qui m'ennuient ; j'ai essayé pourtant ; être patiente ; mais je ne peux plus ; enlever les œillères, prendre des risques et découvrir le monde tel qu'il est vraiment, j'en meurs d'envie ; je sais que beaucoup n'approuveront pas ; et pourtant... ; l'année prochaine, je devrai être prête à plonger dans le monde des adultes ; dans le monde du travail ; dans le monde des responsabilités et du danger ; suis-je prête ? non ; qui va me préparer à ce qui va m'attendre dehors ? personne ; sept ans dans cette école et j'ignore encore tellement sur l'univers dans lequel je vis ; je ne peux plus attendre que quelqu'un vienne me sauver sur son fidèle destrier ; je prendrai les choses en mains ; je provoquerai le destin ; j'apprendrai comme je l'ai toujours fait : toute seule.

Aujourd'hui me semble être une évidence ; un dimanche où rien ne se passe ; encore ; couchée sur mon lit, je deviens folle ; bouge! bouge! ; le souffle du vent qui rampe sous les fenêtres me prie de le rejoindre ; dehors ; c'est risqué ; je le sais ; imbécile, naïve, imprudente, sotte ; je les entends ; eux, m'entendront-ils un jour ? comprendront-ils que c'est comme ça que je fonctionne ; je ne peux pas m'arrêter de vivre sous prétexte que le danger guette ; le danger guette ; partout et tout le temps ; c'est décidé ; je me débarrasse de tout ce qui pourrait trahir mon statut d'étudiante et me vêts d'une cape noire retrouvée dans les anciennes affaires de ma mère ; j'enfuis mon bloc-notes et ma plume dans ma poche et m'empare de ma baguette ; tu vas le faire...

J'ai longuement réfléchi ; mais une idée en particulier ne cesse de pointer le bout de son nez ; un endroit dit effrayant et dangereux ; un endroit cachant les pires crapules et de nombreux mystères ; un endroit où la puissance se cache dans l'ombre ; l'Allée des embrumes ; que ce que j'espère y trouver ? des réponses ; je veux voir de mes propres yeux ce qui s'y passe ; l'Allée des Embrumes ; elle qui effraie autant qu'elle attire ; pourquoi donc effraie-t-elle autant ? pourquoi donc attire-t-elle autant ? une montagne de questions auxquelles je veux y répondre seule ; ainsi me voilà ; encapuchonnée, adossée à un mur miteux, j'observe ; cela fait maintenant un quart d'heure que j'observe ; j'observe des âmes perdues errer dans l'obscurité ; j'observe des ombres se glisser dans des ruelles ; des silhouettes chuchoter, passer devant moi sans même me lancer un regard ; je reste sur mes gardes cependant ; je la sens cette atmosphère lugubre ; je n'ai pas confiance en elle ; soudain, je la vois ; une jeune fille blonde ; déjà croisée une ou deux fois ; j'en déduis qu'elle est à Poudlard ; elle lance un regard paniqué à droite, à gauche ; j'en déduis qu'elle n'avait pas prévu de faire un petit détour par l'Allée des Embrumes ; un sorcier -à moins que ce soit une sorcière- l'aborde menaçant ; je devine quelques mots ; mes doigts se referment sur ma baguette ; je n'ai pas prévu d'intervenir, mais si jamais cette jeune fille est en danger, je ne pourrai pas la laisser ainsi ; quelqu'un surgit alors ; aux aguets j'observe la scène ; la mine soulagée de l'oisillon m'indique que ce quelqu'un ne lui veut pas de mal ; pour l'instant ; je cligne des yeux et le sorcier a disparu ; l'étudiante et sa sauveuse aussi ; me revoilà seule ; plus pour longtemps ; Quelqu'un est de retour ; elle ne tarde pas à être à nouveau abordée par ce même homme dépravé ; un coup de baguette plus tard et le miséreux est projeté contre le mur ; Quelqu'un semble avoir l'habitude de se promener par ici ; c'est peut-être ma chance ; j'ôte ma capuche et me dirige vers elle ; aussitôt ses yeux posés sur les miens, elle m'attaque sur un ton autoritaire ; apparemment elle a des choses à faire ; moi aussi ; je ne peux pas laisser passer cette chance. J'avais remarqué, oui. Désolée de vous déranger, vous travaillez ici ?

La vieille sorcière que l'homme avait prit en grippe s'en était allée en trottinant à la seconde où Tara apparaissait, sans dire merci. Eh bien de rien ! Sans trop savoir pourquoi toute cette histoire l'énervait. Ce n'était pourtant ni inhabituelle ni difficile à gérer, la jeune étudiante de tout à l'heure se révélait charmante. C'est partiellement sur les nerfs qu'elle se retourna donc vers une autre inconnue, tandis que l'homme gesticulait toujours dans son coin. Quant il aura mal, il arrêtera de bouger et de se débattre, en attendant elle n'éprouvait aucun remord.

J'avais remarqué, oui. Désolée de vous déranger, vous travaillez ici ?

Si elle avait remarqué, que faisait-elle là ? Car le simple fait qu'elle pose ce genre de question prouvait qu'elle non plus, n'était pas une habituée de l'Allée. Elle était belle. Jeune. Une étudiante de plus à première vu, mais Tara démontrait rarement du talent lorsqu'il fallait deviner un âge. Pas d'uniforme, mais elle pouvait très bien l'avoir retiré. Pourquoi venir ici ?

- Tu aurais bien de la chance de croiser quelqu'un qui ne ferait que travailler ici. Que veux-tu savoir exactement ?

Décidément, beaucoup d'âme curieuse venait se perdre aujourd'hui. Tara n'était en revanche pas certaine que l'Allée des Embrumes soit le lieu le mieux indiqué pour répondre à ses questions. Quoi que. cela devait très certainement dépendre des questions. Mais alors, qu'est-ce qui intéressait vraiment cette nouvelle inconnu ?

- Comment tu t'appelles ? A son tour, elle était curieuse.

Son regard ne me semble pas très amical ; elle n'a pas l'air d'apprécier voir une gamine faire sa balade digestive dans un lieu aussi lugubre ; eh bien, je suis libre, non ? je pense savoir manier une baguette et faire preuve de discrétion ; preuve, elle ne m'a pas aperçu jusque-là ; je suppose que des gamins curieux, elle doit en croiser pas mal par ici, si elle travaille dans les environs ; je ne suis pas n'importe quel gamin curieux ; wow, un peu prétentieux ça, Zel ; des étudiants qui ne savent pas réfléchir, j'en connais un paquet ; qui ne cherche qu'une chose : s'attirer des ennuis ; de mon côté, j'essaye de les éviter tant que possible ; mais parfois je n'ai pas le choix ; rester bien tranquillement enchaînée dans mon palais de verre, très peu pour moi ; être libre signifie aussi être confronté au danger.

Une petite mise en garde de la part de Quelqu'un qui ne semble pas vouloir me répondre ; a-t-elle des choses à cacher ? évidemment ; tout le monde a des choses à cacher ; est-ce que sa profession en fait partie ? que veux-tu savoir exactement ? qu'est-ce que je veux savoir ? si tu travailles ici déjà ; je sors mon bloc-notes et mon crayon. Je voudrais écrire un article sur l'Allée des Embrumes. Voir ce qui se cache dans l'ombre. Si tu travailles ici, tu pourrais m'aider. Tu es bien optimiste Zel... Ton interlocutrice n'a pas l'air d'être d'humeur à aider des enfants qui se prennent pour des aventuriers ; je ne suis pas une enfant ; peut-être comprendra-t-elle ; Quelqu'un me demande mon prénom ; je l'observe un moment ; je l'analyse de la tête aux pieds ; qui est-elle ? ai-je suffisamment confiance en elle pour lui donner mon identité ? elle qui ne daigne même pas répondre à ma question ; après tout, au point où on en est... Terry. Mon instinct de survie semble prendre le pas sur ma naïveté ; rassurant ; ma mère sera toujours là pour assurer ma survie, la voilà qui me le prouve à nouveau. Et toi, qui es-tu ?

La sorcière eue un très léger mouvement de recul lorsque l'inconnue sortie de sa robe un bloc-note et un crayon. Sourcils remontés, regard perplexe. Tara ne cachait pas sa surprise. Voilà qui était aussi surprenant qu’inattendu. Tant et si bien qu'elle ne savait plus bien si elle était admirative du courage affiché, ou désespéré par la bêtise évidente. Faire un article c'était bien beau, mais sur quoi ? Sur qui ? L'ombre apparemment. Instinctivement Tara se met alors à avoir peur et à s'imaginer les pires scénarios. Si elle tourne les talons maintenant, qu'est-ce qui empêchera la jeunette de continuer ses explorations et de tomber, cette fois, sur quelqu'un de bien moins recommandable ?

Comme si cela allait pouvoir l'aider à mieux déterminer son âge, la Phénix demanda un prénom. Si elle était diplômée et adulte, alors elle n'aurait plus de raison de s'en faire. Un nom lui est alors donné et la rousse ne peut s'empêcher de rire. Cela sonne faux. Comment elle le sait ?

- D'accord Terry. Moi c'est Tara.

Un air de malice scotché au visage, Tara se décide à faire quelques pas en direction de l'inconnue. Elle espère pouvoir trouver un indice qui trahirait son âge, mais rien. Elle n'est pas douée à ce jeu. La phénix élabore alors un plan, un compromis pour qu'elles puissent toutes les deux avoir ce qu'elles désiraient.

- Je te propose un jeu Terry. Je réponds à tes question si tu réponds aux miennes.

La rousse laissa passer quelques secondes. Le temps de réfléchir.

- Donc. De quoi parlera ton article ?

Quelqu'un hausse un sourcil ; elle ne semble pas convaincue ; bizarre ; moi-même, je suis convaincue ; elle semble être habituée aux baratineurs ; oups ; tant pis, jouer le jeu jusqu'au bout ; elle me donne enfin son prénom ; Tara ; un prénom qui m'est complètement inconnu ; Tara ; un prénom qui n'est d'ailleurs peut-être pas réellement le sien ; qui sait ? Quelqu'un devient donc Tara ; Tara qui me propose un jeu ; un jeu ? répondre à mes questions si je réponds aux siennes ; ça me semble assez simple comme jeu ; je reste sur mes gardes cependant ; quels genres de questions veut-elle me poser ? de quoi va parler mon article ; bonne question ; moi-même je n'en suis pas sûre ; je récolte ce que je trouve et j'improvise par la suite ; pas très professionnel, à la réflexion ; bref, il faut un début à tout. J'aimerais parler de ce que cache l'Allée des Embrumes. On en entend beaucoup parler, mais personne ne sait réellement ce qu'il s'y passe. Je voulais le voir de mes propres yeux. Observer. Tirer le vrai du faux, me faire mes propres idées. Qu'elle trouve ça stupide, irréfléchi, je me fiche ; je sais pourquoi je suis là, je crois en mes idées et je me fais confiance ; je vis.

Ce que j'ai observé jusqu'à maintenant c'est une ambiance lugubre ; des chuchotements aux coins des rues ; un repère pour les âmes désespérées, perdues, rien de bien intéressant ; un peu déçue, mais cette Tara pourra peut-être m'aider, comprendre pourquoi cet endroit malfamé a-t-il autant de secrets ; quels sont ses secrets ? je suis convaincue que je passe à côté de quelque chose, mais quoi ? Et toi ? Que fais-tu dans l'Allée des Embrumes ?

- Prendre des risques pour confirmer l'évidence donc ?

C'est sa manière de résumer. C'est comme ça qu'elle envisage ses raisons. A mi-chemin entre imbécillité et courage. Et finalement, pour cette fois, c'est le courage qui l'emporte même si cela lui fait inévitablement pensé à ses camarades de classes de l'époques. Trop sots pour se croire intouchable ? Le nombrilisme était un mal commun à beaucoup de sorciers, même elle parfois. Un petit sourire, presque impressionnée accrocha donc ses lèvres durant un instant.

Et toi ? Que fais-tu dans l'Allée des Embrumes ?

- Je surveille.

Vérité pur. Tara aurait même put ajouter qu'aujourd'hui elle protégeait. Mais plus le temps passait et plus elle devait renoncer à ses plans premiers. Pour tout dire elle en avait assez d'être ici, loin de la lumière du jour. Un peu de chaleur et de lumière ne ferait pas de mal à cet endroit !

- Tu es journaliste depuis quand ?

La rousse se gratta délicatement la tête, pour ne pas déplacer la perruque. Difficile d'être complètement à l'aise lorsqu'on était pas soit, mais heureusement la sorcière avait de l'expérience. Fut un temps elle serait allée jusqu'à arborer les traits d'un vieillard.

- Tu sais, s'il se passe des choses ici, ce sera forcément dans l'ombre, bien caché. C'est un lieu parfait pour l'ordre noir, par exemple, mais ils ne se monteront pas. Ici c'est plutôt un lieu où l'on obtient discrètement ce que l'on désire. Où l'on complote, bien caché à l'ombre de personnes plus exubérantes, tel que l'ivrogne d'avant ou autres fous.

En tant que journaliste, elle devrait le savoir. Elle ne trouvera rien si elle ne sait pas exactement où chercher.

Prendre des risques pour confirmer l'évidence, c'est ainsi qu'elle résume ma mission du jour ; très bien, est-ce sa manière de m'indiquer que toutes les rumeurs qui circulent sur ce lieu lugubre sont fondées ? finira-t-elle par m'en dire plus ? elle va sans doute se moquer de cette prise de risque à gorge déployée ; le sourire qui se dessine sur son visage ne m'a pourtant pas l'air sarcastique ; je n'arrive pas à cerner la personne qui se tient devant moi ; je n'aime pas trop ça.

Enfin, elle se décide à me répondre ; elle surveille ; elle surveille quoi ? elle surveille qui ? dans quel but ? depuis quand suis-je journaliste ? je me mords la lèvre ; m*rde ; que vais-je lui répondre ? j'aimerais me définir comme une journaliste, mais je n'arriverai pas à mentir ; je ne suis pas journaliste ; j'essaye néanmoins de me bouger les fesses en vue de le devenir ; un jour ; arpenter le monde avec un appareil photo ; découvrir ; dépister ; démasquer ; entrevoir ; révéler ; comprendre. Je ne suis pas journaliste, pas encore du moins. J'essaye d'apprendre, par moi-même.

Il se passe des choses ici, dans l'ombre, bien caché, un lieu où l'on obtient discrètement ce que l'on désire, où l'on complote ; elle semble savoir de quoi elle parle ; je commence à cerner la rousse, ce qu'elle fait ici ; je pense à ces oiseaux qui volent, qui survolent, qui surveillent ; je pense à ces oiseaux de feu que tout le monde connaît et que personne ne reconnaît ; est-elle une phénix ? une auror ? je n'ose pas lui demander ; je vais observer à la place. Pourrais-tu me montrer ? Cette question est complètement absurde, les chances qu'elle accepte sont minces, beaucoup trop minces, mais je m'en fiche ; cette situation ne se reproduira sans doute plus ; je veux voir ; je veux apprendre ; les risques sont parfois nécessaires pour avancer ; je suis prête à les prendre aujourd'hui ; elle l'a sûrement déjà compris ; elle aussi a bien dû commencer un jour.

Elle avait du mal à cerner la personne devant elle. Gentil ou mauvaise ? Courageuse ou stupide ? Brillante ou ignorante ? La phénix avait envie d'imaginer le meilleur pour une fois, elle avait envie d'être optimiste. "Il y a plus de cœurs que de pierre". Tara se battait pour cette certitude.

Je ne suis pas journaliste, pas encore du moins. J'essaye d'apprendre, par moi-même.

- Tu devrais prendre contacte avec Galatéa Peverell. Elle a été journaliste puis rédactrice en chef pendant près de cinq ans, alors elle ne devrait pas être trop mauvaise.

Bonne ou mauvaise, en réalité la sorcière était bien incapable de le décider par elle-même. Si elle faisait cette proposition, c'était avant tout dans l'espoir de pouvoir garder un œil sur la sorcière, lors de sa prochaine aventure dans un lieu sombre.

Puis sa prochaine question franchi le seuil de ses lèvres et Tara reste impassible. Silencieuse. Lui montrer ? Hors de question de révéler ses petits secrets, son identité et sa sécurité ont déjà assez été mis à mal par le passé. Il n'était pas question de la mettre en danger non-plus. Elle souffla alors, un peu agacée, avant de répondre très sérieusement.

- Tu veux voir quoi ? Le sang ? La mort ? La souffrance ? La phénix laissa passer quelques secondes. Tu n'as pas besoin de venir ici pour ça, la misère est partout en ce moment. Retourne sur le Chemin de Traverse, arrête n'importe qui sans la rue et interroge-le. Tu verras qu'il n'y a plus besoin de se rendre dans un lieu sombre ou malfamé pour croiser le mal.

Le ton employé n'était pas moralisateur, ni même froid, mais plutôt à mi-chemin entre l'engagement et la justesse. Et au-delà de ça, l'inconnue disait vouloir découvrir la vérité, mais était-elle seulement prête à en payer le prix ? Peu de personnes pouvaient prétendre savoir ce que signifiait vraiment assister à une guerre.

- Alors... As-tu déjà croisé une ombre ? Ou l'un de tes proches peut-être ? Qui sait, elle avait peut-être été épargnée. Et en tant que future journaliste, que penses-tu de tous ces combats qui sont menés ?

Elle ne rigole pas, je ne lis aucun mépris dans ses yeux, elle me répond tout simplement ; Galatéa Peverell ; ce nom me dit quelque chose ; il me semble l'avoir déjà lu dans un des journaux qui traînaient sur l'une des tables de la salle commune ; en voilà une idée ; demander conseil aux connaisseurs ; pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? Merci, je la contacterai. La rouquine me jeta un regard agacé ; il semblerait qu'elle ne soit pas enchantée à l'idée de m'avoir dans ses pattes.

"Tu veux voir quoi ? Le sang ? La mort ? La souffrance ? Tu n'as pas besoin de venir ici pour ça, la misère est partout en ce moment. Retourne sur le Chemin de Traverse, arrête n'importe qui sans la rue et interroge-le. Tu verras qu'il n'y a plus besoin de se rendre dans un lieu sombre ou malfamé pour croiser le mal."

Bien sûr ; cette réponse était attendue ; des gamins qui prennent des risques de le seul but d'impressionner leurs petits camarades, j'en croise chaque semaine durant mes rondes ; je ne suis pas de ceux-là ; je ne cherche ni sang, ni mort, ni souffrance ; la misère est effectivement à chaque coin de rue ; la misère ne se cache pas ; je ne cherche pas à écrire sur les malheurs du monde - bien qu'il y ait beaucoup à écrire sur ce sujet ; je cherche à trouver les réponses à mes questions ; à observer ce qui se cache dans l'ombre justement ; apprendre à observer, à voir au-delà du voile ; tout cela est très abstrait, j'en suis bien consciente. Je ne cherche pas à voir du sang et de la souffrance, mon but n'est pas de croiser le mal, mais de le comprendre. Je suis jeune pour ça, je ne le nie pas ; je ne foncerai pas tête baissée dans le noir sans prendre des précautions ; si je n'avais pas croisé le chemin de cette sorcière, je ne me serais jamais aventurée seule dans le brouillard ; mais je continue à croire que la vie est loin d'être innocente ; nos chemins se sont croisés, il doit y avoir une raison ; qu'a-t-elle à m'apprendre ?

"Alors... As-tu déjà croisé une ombre ? Ou l'un de tes proches peut-être ? Et en tant que future journaliste, que penses-tu de tous ces combats qui sont menés ?"

Je marque un silence ; ai-je déjà croisé une ombre ? ombre est-elle synonyme de magie noire pour elle ? de mauvais ? il est impossible de n'avoir jamais croisé une ombre ; je la sens qui se glisse partout, je la sens qui me suis, qui m'observe ; je sais qu'elle est là, tout prêt, mais je ne la vois pas ; oui, j'ai déjà croisé une ombre ; oui, j'ai déjà croisé l'Orde noir ; une rencontre qui fut d'ailleurs très inattendue. Oui, j'ai déjà eu l'occasion de... "parler" avec elles. Je me tiens pourtant dans cette ruelle, vivante. J'ai du mal à me ranger dans un camp, à vrai dire, à avoir une opinion précise... J'écoute les arguments de chacun, mais je sais qu'il y aura toujours des informations que j'ignorerai et qui pourraient faire pencher la balance. Ce qui me débecte c'est la violence dont chacun fait preuve et les coups de poignard dans le dos. Je ne suis pas idiote. Tout le monde a des choses à cacher. Que ce soit l'Ordre noir, lâche, qui joue avec la peur des innocents. Que ce soit le Ministère qui pourrit de l'intérieur. Les premières victimes sont celles qui ne demandent qu'une chose : vivre en paix. Prendre part au combat c'est accepter qu'il y ait des victimes, je refuse que ce soit les innocents ! Les seuls qui mériteraient de disparaître sont ceux qui détruisent la vie au lieu de la chérir. Moi, gamine de dix-sept ans, je me battrai pour la vie, jusqu'à ma mort.

La phénix tique sur les mots employés, se reconnait dans l'inconnue. Celle-ci monte alors dans son estime. Peut-être est-ce plus du courage et de la détermination qu'autre chose finalement.

- Si tu trouves des réponses, il faudra me les faire parvenir. Voilà des années que je cherche des réponses en vain.

Comprendre le mal. Est-ce seulement possible ? Comment ? Encore des questions sans réponses. Tara les oublie alors, au profit du moment présent et des questions qu'elle se pose sur l'inconnue. Et là encore, elle tique au moment de sa réponse. Et d'autres questions émerges.

Encore une personne en proie au doute. A ne pas y voir clair. A hésiter. D'aussi loin qu'elle se souvienne, la phénix ne se rappelle pas avoir eu les mêmes problèmes. Même si proches semblaient avoir toujours su vers quel camp se dirigé. La jeune génération donnait l'impression d'être plus hésitante. L'inconnue n'était pas la première à tenir ce discours.

Pourtant... Tara croit bien reconnaître la douce symphonie de la rébellion et de l'engagement. De la justice et des nobles convictions. Cela lui donne le sourire.

- Tu as oublié les Phénix. Ou peut-être les considères-tu plus capables, honorables que le ministère ou les mangemorts ?

Elle attendait une réponse à cette question avec impatience.

- Car tu sembles partager leurs idéaux. Serais-tu une alliée ? Tara savait que non. Voudrais-tu en rencontrer un ?

Je reprends mon souffle ; je me sens un peu idiote d'un coup ; ce n'était peut-être pas très prudent de lui révéler tout ce qui se passe dans ma tête ; tant pis, ce qui est fait est fait ; la rouquine ne semble ni scandalisée, ni offusquée par ma prise de position ; elle m'offre un regard compréhensif ; j'ignore pourquoi, mais mon coeur semble lui faire confiance.

«Si tu trouves des réponses, il faudra me les faire parvenir. Voilà des années que je cherche des réponses en vain.»

Rien n'est impossible ; nous sommes capables du pire et du meilleur ; je suis convaincue que ces réponses sont profondément enfouies, mais tout à fait atteignables ; il suffit de savoir s'y prendre ; d'essayer de rentrer dans sa tête et de m'emparer de ses secrets ; ce qui est loin d'être une chose facile ; il faut continuer à essayer ; encore et encore ; là se trouve la solution, j'en suis convaincue.

«Tu as oublié les Phénix. Ou peut-être les considères-tu plus capables, honorables que le ministère ou les mangemorts ? Car tu sembles partager leurs idéaux. Serais-tu une alliée ? Voudrais-tu en rencontrer un ?»

Mes soupçons sont donc fondés ; la jeune femme qui me fait face est une phénix, je n'en doute plus désormais ; je ne les ai pas oublié, je ne sais simplement pas quoi en penser ; les Phénix, les valeureux, les audacieux, les héros du siècle ; tous ces termes me semblent trop beaux pour être vrais ; qu'ont-t-ils à cacher ? j'ai cette impression qu'ils n'essayent pas de comprendre, qu'ils sont coincés dans leurs idées manichéennes ; elle arrivera peut-être à modifier ma vision des choses. Je ne suis pas une alliée, mais tu le sais déjà n'est-ce pas ? Pour le moment, je préfère m'investir dans la cause autrement, à ma manière. Quelle cause d'ailleurs ? le bien ? la justice ? la vie ? Je n'arrive pas à cerner leurs véritables intentions. Peut-être que parler à l'une d'entre eux pourrait m'éclairer...

Elle est honnête, c'est bien. Mentir ici et maintenant, sur ça, ça aurait été la preuve d'une grande stupidité. "Terry" ne se serait alors attirée que des ennuis ou de la méfiance, plutôt que le respect qu'elle gagnait peu à peu tandis que les questions s'enchaînaient. L'inconnue faisait pourtant naître une grande confusion dans l'esprit de la phénix. Comment était-ce possible de "se battre autrement pour la cause", et donc forcément y adhérer, tout en "n'arriv[ant] pas à cerner leurs véritables intentions" ? Tara garda pourtant ses interrogations pour elle.

Peut-être que parler à l'une d'entre eux pourrait m'éclairer...

La rousse haussa un sourcil, le sourire gentiment moqueur. Elle ne doutait pas un seul instant que "Terry" ait deviné sa véritable identité, cela se ressentait dans cette dernière phrase. Tara n'avait pas été très subtile non plus d'ailleurs. Encouragée par le fait que quelques minutes plus tôt, une simple conversion avait fait gagner une alliée à l'Ordre, la phénix se décida à réitérer l'expérience.

- Tu n'es pas la première que je rencontre qui hésite. Je répondrais donc à toutes tes questions sur l'Ordre -dans la limite du raisonnable-, allez savoir pourquoi, Tara s'était sentie obligée de le préciser, si tu m'expliques où est-ce que l'Ordre du phénix à fait une erreur. Pourquoi est-ce que ta génération doute autant sur nous ?

La sorcière ne se souvenait pas avoir eu ce genre de problème à l'époque de sa propre jeunesse. Ni venait d'elle, ni venant de son entourage. En tout cas, elle n'avait jamais trouvé le phénomène aussi flagrant qu'actuellement. L'Ordre était-il en cause ? Ce n'était pas impossible au yeux de la sorcière. Ou est-ce que cela venait des Mangemorts et de leur campagne de sabotage ?