Arty se débrouille super bien pour attirer l'attention des gens, tu dois bien lui reconnaître ça. C'est à dire qu'avoir un mec qui hurle dans le magasin en assassinant la sonnette, c'est difficile de passer à côté. Mais il a le mérite d'être efficace, parce que le vendeur qui s'était occupé de vous quelques jours auparavant est directement apparu. Pour sûr qu'il a reconnu la voix insupportable de ton pote impatient. D'un autre côté, il est difficile à oublier Arty, c'est pas faute d'avoir essayé.

En voyant les deux boîtes tenues par le vendeur, un sourire étire tes lèvres. Finalement, t'as tout aussi hâte qu'Arty de découvrir ta nouvelle compagne. Elle doit être absolument parfaite, vous devez ne former qu'un. Lorsqu'il te tend ta baguette, tu ne perds pas de temps pour t'en saisir. Aussitôt, une sensation des plus agréables se fait ressentir. Ton sourire s'élargit, tu sens tout le pouvoir qui dort en cette baguette, et ne demande qu'à être réveillé. Tu sentirais presque ta magie vibrer en elle.

Tu l'observes, la tournes dans un sens, puis dans l'autre. Pas de fioriture, pas de détails inutiles. Un bois brut parfaitement vernis, quelque chose de simple, et de pourtant terriblement efficace, tu peux le sentir sans même lancer le moindre sort.

- Merci... Elle est parfaite...

Tu ne regardes même pas le vendeur. Fabricant ? Peu importe. Tu n'as d'yeux que pour ta nouvelle compagne. En la regardant, un nom te vient spontanément. Samaël. Elle a un pouvoir destructeur hors normes, tu en es certain. C'est seulement lorsqu'il demande si vous voulez des personnalisations que tu relèves la tête vers lui, la main toujours serrée autour du manche en bois. Tu secoues légèrement la tête de gauche à droite.

- Non, ne changez rien.

Du moins sur la tienne. T'as qu'une hâte : pouvoir l'essayer. Aller faire exploser quelques trucs, voir ce dont elle et toi êtes capables ensemble. Voir son pouvoir combiné à celui de la baguette d'Arty. D'ailleurs, tu lances enfin un regard à ton pote, à sa baguette. Bien moins jolie que la tienne, ça va de soi. Juste pour savoir s'il a trouvé sa troisième Odette, si elle lui convient, ou s'il veut lui une personnalisation. Sinon... Il sera temps de partir. D'ailleurs, tu poses une bourse sur le comptoir. Déjà cent gallions. Et t'en ajoutes quelques uns, pour un total de 119 Gallions et 6 Mornilles. Ouais, en gros, tu viens de vider tes poches de la petite monnaie gênante. Problème de riche. Tu précises :

- Pour le fabricant.

Ouais, si c'est pas le vendeur lui-même qui les a fabriquées, il peut aller se faire voir. Mais si c'est lui... Chapeau bas, il mérite son pourboire.

La prise en main lui émoustille directement les boucles ravies. Odette III, dès les premières secondes, surpasse les précédentes – et de loin. Une chaleur incomparable et un dorlotement qui vient chatouiller chaleureusement le cœur. On appelle ça aussi un coup de foudre. Dans un écarquillement des lèvres béates, Arty sourit grandement, comme s’il venait de vivre une épiphanie incroyable. Odette III. Un murmure de présentation qu’il chuchote à la baguette tandis qu’elle vacille entre ses doigts admiratifs.
Jusque dans l’échine, se développe alors un immense sentiment de sécurité, une prolongation du bras qui pourrait gouverner le monde à coups sûrs. Il ne lui manquait plus que ça pour avoir une confiance absolue en lui-même. Un bref retournement vers le Meilleur Copain, apparemment aussi subjugué que lui par sa nouvelle amie. Il hésite, brièvement, à faire toucher les baguettes afin de voir si le fait de s’enlacer pouvait créer des étincelles flamboyantes d’une amitié jamais connue. Mais il se retient, il le ferait plus tard, quand Azaël dormirait et qu’il confectionnerait pour les deux armes un petit lit conjugal en tissu de soie.

Se réveiller de ses pensées fornicatrices de baguettes pour enfin répondre au Vieux Vendeur heu non non merci, elle est très bien comme ça ! Intérieurement, il aurait bien voulu des petits dessins adorables sur le manche d’Odette, une inscription qui déchire tout, comme born to burn ou quelque chose comme ça, mais il ne voulait pas avoir l’air stupide devant Azaël – surprenant. C’est que le Serpentard restait tout de même un modèle à suivre, de temps en temps.
Il se contente alors de sortir lui aussi une somme de gallions exacte, parce que lui n’était pas riche du tout. Merci beaucoup monsieur ! Beaucoup beaucoup ! Sans attendre, pour pimenter élégamment les pièces roulant sur le comptoir, le Blaireautin remue alors pour la première fois Odette III d’un sublime #Orchideus qu’il offre immédiatement à l’Employé. Il méritait bien de très jolies fleurs, puisqu’il avait été à la fois adorable, patient, et perspicace. Voilà pour vous, et en plus, il n’était pas si moche que ça, un petit charme pétillant rien qu’à lui.

Temps de partir. Le Poufsouffle s’ébroue les boucles dans un au revoir poli avant de balancer au Compère un : Vazy viens on va exploser des trucs ! Comme des enfants qui veulent absolument essayer leurs nouveaux jouets là tout de suite maintenant. Alors qu’ils passent la porte de la boutique, Arty envoyant des coucous joyeux au vendeur derrière le comptoir.

Leur confier les baguettes me fait sérieusement mal au cœur. Je n’étais clairement pas assuré qu’ils en soient dignes. A la limite, celui qu’était tout neutre là, pourquoi pas – quoi que bon… Bunyip quoi – mais alors l’excité de la vie avec un morceau d’Eruptif dans les mains. Autant lui confier une pioche pour planter des radis.

Donc je me rongeais les lèvres en attendant leurs réactions respectives et, évidemment, ils étaient pleinement satisfaits. Ce qui ne me rassurait pas le moins du monde. Néanmoins, à l’approche de la monnaie sonnante et trébuchante destinée au fabricant – donc… Ah ! mais à moi ! Cool ! – l’angoisse laissa place au soulagement, et même presque – enfin fallait pas trop pousser non plus – à la gratitude. Bon. Après tout moi j’étais chargé de trouver la baguette pour mon client, l’usage qu’ils en faisaient ne me concernait plus.

J’encaissais donc les gallions – et ça faisait beaucoup – quand je me surpris à apprécier l’attention de l’excité qui m’offrit un bouquet. Mes dents se dévoilèrent pour un sourire ravi et je pris le bouquet avec un « Merci » en admirant les quelques fleurs qu’il m’avait réservées. Et puis, sur une dernière parole à l’innocence farouche, je les entendais s’en aller pour « exploser des trucs ». L’angoisse revint comme un pincement mais je la chassais bien vite pour me marteler cette phrase : je n’étais aucunement responsable des agissements d’une baguette, placée entre de mauvaises mains. Je me le répétais quelques fois encore, afin de m’en convaincre totalement. Bien. Il ne me restait qu’à me consacrer à ce que je savais le mieux faire. Lire les clients pour leur trouver leur moitié.
Un fin sourire étira mes lèvres et je me retirai de nouveau dans l’arrière-boutique, accompagné de ma solitude. Mes deux petites protégées n’étaient plus là pour illuminer mon regard, mais de nombreux autres ingrédients n’attendaient qu’un peu d’attention pour prendre vie.

[Fin du RP]