RP Privé avec Sue Glanmor

Hiver - Saison 30

- Qu'est-ce que tu fais là toi ? Tu bosses le cours d'Histoire de la Magie ?

- Ouais, je me renseigne sur l'histoire et les légendes de Poudlard. Y en a tellement, des bouquins à ce sujet, je ne sais pas lequel est le plus intéressant...

- Je parie que j'ai des choses plus intéressantes à t'apprendre que ces vieux grimoires ! Tu sais, je suis un livre ouvert... et j'en connais des choses sur ce château, tu peux me croire !

Dans son travail, Sue est déconcentrée. Elle a perdu le fil de ses pages et de ses pensées. Agacée, sa langue tape silencieusement contre son palais. Elle compte les secondes pour se retenir de faire le travail de la bibliothécaire et ordonner aux deux Gryffondor de la table d'à côté de se taire. Certes ils chuchotent, mais leurs voix brisent le silence monacal du sanctuaire des livres. Ce n'est pas pour rien que Sue vient souvent par ici. Elle profite de l'ambiance studieuse de ce lieu pour se détacher de l'agitation si commune à Poudlard. C'est ici qu'elle est le plus tranquille pour lire manuels et contes, pour travailler et s'évader. Parfois, il lui arrive de préférer sa salle commune, mais il arrive que son nid soit trop rempli et les oisillons trop bruyants. Ici néanmoins, le trouble se fait plus rare. Ce jour fait exception.

Le regard de Sue tente de s'accrocher à une phrase de son cours de Métamorphose. Impossible pour lui d'avancer. Il s'élève donc et se pose sur le garçon et la fille en pleine discussion. Celui qui semble le plus âgé est celui qui tente se rendre important. La demoiselle secoue la tête, exaspérée. C'est une chose qu'elle adore, faire son intéressante. Mais quand d'autres s'essaient à cet exercice, elle n'a qu'un souhait, les faire descendre de leur petit nuage. Alors qu'elle se dresse et ouvre la bouche, elle est stoppée dans son élan.

- Par exemple, je suis l'un des rares à connaître l'existence d'une salle secrète à Poudlard. Eh oui ! Une salle qui offre tout ce qu'ils veulent à ceux qui le demandent.

- Nan, je te crois pas !

- Si, si, je te dis ! Si tu as besoin de te soulager, tu trouveras des latrines... Bon, ok, ça ça ne donne pas très envie... Mais si tu veux peindre, tu trouveras des toiles et des pinceaux, et si tu souhaites t'entraîner, tu trouveras tout plein de matériel ! Pis l'avantage, c'est que tu es sûre d'être tranquille et que tout ce qui se passe dans cette salle reste dans cette salle.

La bouche se referme lentement et le regard se détourne. Le cerveau de Sue est en ébullition, bien loin de la loi de Gamp qu'elle étudiait quelques minutes plus tôt. Se peut-il que Monsieur-Je-Fais-Mon-Intéressant ait réellement de précieuses informations ? Dans ce cas, l'interrompre est proscrit. La meilleure chose à faire reste de l'écouter et de boire ses explications avec avidité. Alors que le jeune homme se lance dans un récit sur le moyen d'accéder à cette mystérieuse pièce, l'imagination de Sue déborde à l'idée de tout ce qu'elle pourrait en faire. Un sourire étire ses lèvres à mesure qu'elle draine les informations mais il se fane bientôt.

Quoi ? Ils partent déjà ? L'aîné a proposé à son amie de lui montrer tout de suite comment accéder à la salle secrète. Sue ne peut pas manquer la partie pratique de ce cours espionné, c'est certain. Elle va devoir les suivre. Du coin de l’œil, elle surveille leur déplacement. C'est seulement quand ils ne sont plus dans son champ de vision qu'elle décide de fermer son ouvrage et de le ranger dans son sac. Après quoi, elle se lève et se dirige vers la sortie. Voir une autre fille quitter la bibliothèque au même moment ne l'interpelle pas plus que cela. Son objectif est ancré dans son esprit et elle ne souhaite pas s'en dévier. Direction, le septième étage !

La préfète reste à bonne distance des Lions, si bien qu'elle les aperçoit à peine lorsqu'ils disparaissent au détour d'un couloir. Elle sait cependant quelle direction prendre, guidée à la fois par leur présence fugace et par son instinct. Ses pas légers suivent machinalement, doucement. Ses iris gris balaient les murs, les visages, cherchent des repères. Elle grimpe rapidement les escaliers menant au sixième étage puis réalise qu'elle a perdu le rouge et l'or des robes qu'elle poursuit. Là, les couloirs sont moins remplis et on remarque facilement le moindre morceau de tissu noir. D'ailleurs, elle en a vu un de loin. Elle retient sa respiration et presse le pas, décidant de s'approcher afin d'être aussi discrète qu'efficace. Au moment où elle part se dissimuler derrière un pan de mur, elle tombe nez-à-nez avec une fille. Oups !

- Oh, pardon, marmonne-t-elle en s'écartant.

Ne prêtant pas attention à celle qu'elle vient de bousculer, Sue tend le cou pour s'assurer qu'elle a bien retrouvé ceux qu'elle cherchait. Par chance, c'est le cas. Il n'y a plus qu'à les suivre jusqu'à l'étage du dessus afin de graver l'emplacement de la salle secrète dans sa mémoire. En faisant un peu plus attention à ne pas les perdre et à ne pas entrer en collision avec des gens. Si la politesse lui a intimé de s'excuser, elle l'a fait à voix basse et presque à contrecœur. Parce que le simple fait de parler pourrait mettre sa mission en péril.

- Après toi ! Je crois que nous faisons la même chose ici, lui fait savoir la fille dans son dos.

Sue se retourne vivement et la dévisage avec un brin de méfiance. Vêtue de vert et d'argent, un air supérieur imprimé sur son visage clair, elle semble quelque peu amusée de la situation. En effet, comment auraient-elles pu se retrouver toutes deux à pourchasser le couple de Gryffondor si elles n'avaient pas les mêmes raisons ? Il est vrai qu'ils n'ont pas fait preuve d'une grande discrétion - surtout ce garçon qui n'a de cesse de l'exaspérer par sa vantardise.

- Oui, sûrement. Une telle discussion ne passe pas inaperçue. Surtout dans la bibliothèque.

Un aigle et un serpent se croisent à l'intersection de la curiosité et de l'ambition. Ce n'est pas si étonnant, finalement. À son tour, Sue dessine un sourire au coin de ses lèvres. Elle n'avait pas prévu d'être accompagnée lors de sa filature... Mais elle est prête à tolérer sa présence - tant que l'autre ne les trahit pas, et c'est dans leur intérêt commun. La galloise jette de nouveau un œil sur ses cibles et constate qu'elles s'apprêtent à quitter son champ de vision. C'est le moment.

- Allons-y, ils s'en vont. Je n'ai pas envie de les perdre de vue encore une fois.

Toujours des paroles souples et légères, prononcées dans un souffle. Tout pour se fondre dans l'ombre des murs de marbre, disparaître aux pupilles et aux oreilles inattentives. Elle délaisse son poste d'observation et trottine d'un pas qui se veut délicat. Bien vite, elle atteint le point quitté par les lions un instant plus tôt. De là, elle les voit courir dans l'escalier. Le temps qu'ils se retournent pour monter, Sue se dissimule derrière sa muraille et indique une courte pause d'un signe de la main. Si par malheur ils les détectaient, ils renonceraient très certainement à leur plan.

Les bruits de pas et de paroles s'estompent ; il est l'heure de poursuivre le safari. Sue se détache de son appui et va rapidement survoler les marches de l'escalier. Sur la pointe des pieds - vestige d'un enseignement de danse qui lui aura au moins appris à marcher en silence. Un coup d'œil s'interroge et se perd par derrière - la Serpentard suit-elle ? C'est qu'on arrive au septième étage : la clé de la salle secrète est à portée. Il n'est plus temps de tout gâcher, mais plutôt d'ouvrir grand les yeux et d'admirer.

Si Sue est parfaite dans son rôle d'espionne, ce n'est pas le cas de la fille qui l'accompagne. Regardez comme l'une rase les murs presque au point de s'y fondre, tandis que l'autre avance négligemment en plein milieu du couloir. Tout en progressant, elle ne peut s'empêcher de lui jeter des regards inquiets. La Serpentard risque de gâcher sa filature en se conduisant de la sorte ! Finalement, elles auraient peut-être mieux fait de continuer chacune de son côté... Bon, cela aurait été compliqué parce qu'il n'y a qu'un chemin à suivre, mais bon... Elle n'est pas convaincue par sa technique nonchalante. Fort heureusement, les deux méthodes portent leurs fruits. Le binôme silencieux s'arrête à l'angle d'un corridor, tout comme le duo de lions face à un mur.

Quand on lui demande ce qu'elle cherche dans la fameuse salle secrète, la fille rouge dit qu'elle aimerait avoir de quoi s'entraîner aux sorts. Ce n'est pas bête. Que voudrait Sue, pour sa part ? Une bibliothèque complète avec des livres rares ? Non, il y a déjà de quoi faire à Poudlard. Une salle des arts ? Oh oui, ce serait idéal. Ou un stade de Quidditch en intérieur... Ou un endroit pour se détendre... Il y a tant de possibilités. La proposition de sa camarade déçoit le garçon qui semblait avoir prévu autre chose. Cela fait rire la Serpentard à ses côtés, et Sue ne peut pas non plus s'empêcher de pouffer. Le gars est vraiment pathétique. Il est temps qu'il prouve que ce chemin parcouru n'était pas inutile. Il donne des informations supplémentaires sur la façon dont on fait apparaître la pièce. Oui, super, dépêchez-vous maintenant.

Après avoir longé trois fois le couloir à l'endroit indiqué, en pensant à ce qu'ils voulaient, voilà que se dessine une porte sur le mur. C'est bien vrai, alors ! Sue éprouve un immense sentiment de soulagement. Elle a réussi - elles ont réussi. Comme quoi, se mêler de ce qui ne nous concerne pas peut être très enrichissant. Une fois que la fille enthousiaste et le garçon déçu l'ont passée, la porte disparaît - aussi vite qu'elle est arrivée. Maintenant, la voie est libre. La verte commence à s'approcher.

- Eh bien, voilà qui est intéressant...

- Oh, oui. Pour être honnête, je craignais qu'il ait tout inventé juste pour impressionner cette fille.

Les yeux roulent à cette idée. S'il avait vraiment fabulé, cela aurait voulu dire qu'il était parti loin dans son délire. Il ne s'en serait pas sorti indemne, d'ailleurs : l'une des trois filles accrochées à ses lèvres lui aurait fait comprendre son erreur. Le mensonge mal manipulé nous retombe toujours dessus.

Mais il n'y a pas eu fourberie, finalement. Sue s'avance à son tour, fixe l'emplacement de la porte éphémère. Elle pose une main sur le mur de pierre comme pour s'assurer qu'il est bien ce qu'il paraît. La magie est décidément pleine de surprises. Comment qui que ce soit aurait pu se douter qu'un mystère si grand se cachait sous ses doigts ?  Personne. C'est l'un des nombreux secrets que renferme ce château enchanté. Ce château millénaire, qu'aucun élève n'a dû réussir à cerner complètement. Elle a eu de la chance en ce jour. Et le fait d'avoir appris une chose aussi incroyable la mène à s'interroger sur les autres pièces ou chemins secrets dont elle n'a jamais entendu parler. Bizarrement, cette enquête lui ouvre l'appétit. Elle veut en savoir plus. Toujours plus. Ce doit être son côté Serdaigle qui ressort.

Le bras retombe le long du corps alors qu'elle se retourne vers la Serpentard. La première chose à faire, tout de même, est de trouver un point de repère pour ne jamais perdre cette pièce-là. Et ce n'est pas bien compliqué. Derrière sa camarade, une tapisserie mouvante tout ce qu'il y a de plus originale lui saute aux yeux. Encore une fois, Sue a du mal à se retenir de rire face à une scène aussi grotesque. Ce sont des monstruosités sur pattes et en tutus. Elles ont des mouvements si saccadés, si brutaux... Mais, à vrai dire, la préfète était aussi gracieuse que cela quand son père l'a obligée à pratiquer la danse. Au milieu de cette mascarade, un petit personnage semble souffrir des coups portés par ses voisins. La demoiselle se penche vers lui et demande comme on demande une adresse :

- Mais qui êtes-vous ? Et... Qu'est-ce que vous faites ?

- On m'appelle Barnabas le Follet. Je suis le maître à danser de ces trolls, bien sûr !

La Serpentard ne partageait apparemment pas les doutes de Sue quant à la véracité des propos du garçon de tout à l'heure. Selon elle, il n'était pas dans son intérêt de mentir. La galloise hoche la tête. C'est bien vrai, cela ne lui aurait pas servi à grand-chose de mener tout le monde en bateau. Mais elle n'a pas tant d'estime que cela pour les inconnus ; elle considère qu'ils peuvent agir de façon stupide tant qu'ils ne prouvent pas qu'ils sont dotés d'un peu de jugeote. Elle est bien placée pour savoir que certains aiment faire les intéressants pour du vent. Même s'il est vrai que s'enfoncer dans un tel tissu de mensonge aurait été étonnant, elle n'avait pu écarter cette possibilité. Au moins, maintenant, elles sont rassurées : cette porte est bel et bien apparue sous leurs yeux ébahis !

Mais quelle est cette chose face à la porte invisible ? Telle est la nouvelle question. Suivant le regard de Sue, sa camarade découvre à son tour l'horrible tapisserie. Elle semble un peu sous le choc après la révélation de cette scène incongrue. Son expression est difficile à déchiffrer... On dirait presque qu'elle en est dégoûtée. Et dire que, pendant ce temps, la blonde en est tout amusée et parvient même à s'y identifier ! Elle aime bien cette œuvre, au fond, cela fait certainement partie de ses goûts bizarres. C'est donc tout naturellement qu'elle a engagé la conversation avec le personnage de la tapisserie. La réponse de celui-ci semble d'ailleurs avoir réveillé la Verte qui ne manque pas l'occasion de lui faire une remarque, armée d'un sourire moqueur :

- Vous avez pas l'air très à l'aise pourtant, Barnabas. Non seulement votre idée est complètement stupide, mais en plus vous risquez de vous faire blesser par ces créatures. C'est vraiment ce que vous cherchiez à faire ?

- Je suis d'accord, c'est... une drôle d'idée, pouffa Sue, qui ne se serait pas pour autant permis de lui faire la morale si elle avait été seule. Sérieusement, des trolls ?

S'il n'était pas si occupé à esquiver les coups de massue accidentels en tournant sur lui-même, elles auraient clairement pu voir une expression outrée sur le visage du petit bonhomme.

- Mais enfin... Je ne vous permets pas... ! Les trolls sont des créatures méconnues... Ils sont dotés d'une grâce naturelle que je me suis promis de révéler au grand jour. Oh, certes, il leur reste beaucoup à apprendre... pour maîtriser la noblesse de la danse classique...

- Eh bien, bon courage... Ça doit faire une éternité que vous êtes ici à essayer de leur apprendre, et on voit le résultat de votre enseignement... Ça va être encore long.

Petite grimace appréciative de cet entraînement de danse. En même temps, Sue n'est pas objective : elle déteste ce sport. De plus, étant à peu près du même niveau qu'eux, elle ne devrait pas juger la performance des trolls... Ces créatures qui grognent en s'agitant à peu près en rythme ont tout de même quelque chose de comique, de mi-fée, mi-doxy. Peut-être qu'il est dans leur nature d'essayer d'assommer Barnabas en même temps. Cela donne à réfléchir sur la possibilité d'aller à l'encontre de leur nature profonde. Surtout que ce sorcier lui inspire de la pitié à avoir passé sa vie à se blesser afin de poursuivre un objectif inutile et inatteignable. Boarf... Si cela le rend heureux, c'est le principal, non ?

- Au fait... Ça aussi, c'est amusant quand on y pense... Sue s'est associée à cette Serpentard pour prendre en filature un duo de Gryffondor jusqu'à la Salle sur Demande, mais une fois arrivée sur place, la première chose qu'elle fait est de demander son nom à un drôle de personnage sur une tapisserie... et pas à la fille en question. Oups ? On sait que lui c'est Barnabas le Follet, mais je crois que nous ne nous sommes pas présentées. Moi c'est Sue. Sue Glanmor.