C'était Izsa qui gardait la boutique aujourd'hui. C'était exceptionnel, bien sûr : elle n'avait certainement pas le temps de gérer un emploi du temps au Ministère et en service en même temps. Enfin bon, c'était les fêtes, et il y avait ces flyers bizarres qui se trouvaient pas loin. Le fond de l'air avait comme des odeurs d'ère nouvelle.

En attendant, elle était dans l'ancienne, d'ère. Genre ancienne ancienne, quand elle s'occupait encore de prendre les commandes de tous le monde. Elle qui croyait qu'en étant propriétaire elle allait pouvoir se contenter de vendre des pépites une fois par mois... C'était un retour à la case départ, à la place. Elle soupira, sur la baguette en bois de rose qu'elle préparait pour remplacer celle qu'elle avait vendue tout à l'heure. Bois de rose et plume de Phénix, avait elle choisit. Mais l'histoire de cette baguette là ne viendrait pas. Pas tout de suite, du moins. Car il y avait d'autres choses à raconter. Comme le ou la cliente qui était en train de s'énerver sur leur sonnette.

Izsa reposa son ouvrage et se dirigea vers la boutique, débarquant de l'atelier, traversant les étagères et arrivant derrière le comptoir. Sauf que la cliente, puisque c'était une cliente, était en train d'approcher son nez de leurs fournitures.

Poil de Niffleur...

Elle toussota, prenant son air le plus commerciale possible. Entendez, pas si commercial que ça.

- Madame ? Oui elle avait décidé d'appeler tout le monde Madame, pourvu qu'elles aient l'air d'avoir plus de 15 ans. Vous avez une demande en particulier ?

Et elle avait aussi décidé d'abandonner le "vous voulez acheter une baguette ?" qu'elle sortait avant. Parce que oui, tout le monde voulait une baguette, quand ils rentraient ici. Surtout ceux qui s'énervaient contre la sonnette.

Izsa avait toujours été un peu... eh bien, disons que ça n'était pas étonnant qu'elle avait rapidement abandonné de servir au comptoir malgré son amour pour les baguettes magiques. Le client était roi, mais ici elle se prenait clairement pour Dieu. Bref elle cachait très mal son impatiente. La cliente du s'en rendre compte, puisqu'elle s'excusa en la voyant.

- Oui... Désolée d'avoir été un peu irritable. Quelqu'un a brisé ma baguette sans aucun scrupule, et comme je suis en dernière année à Poudlard, il m'en faut une nouvelle très rapidement.

- Bien sûr, dit-elle avec un hochement de tête compréhensif. Un sorcier sans baguette, c'était un peu comme si il se retrouvait nu. Elle connaissait bien cette sensation entre le moment où elle avait cassé sa première baguette et la fabrication d'Hypérion. Elle ne souhaitait à personne de traverser les sept ans d'errance qu'elle avait subit.

- Je m'en remets donc à votre savoir.

Ok. C'était tout ? Pas d'explication sur la composition de l'ancienne baguette, ou bien sur son caractère ? Pas de petits indices ? Izsa n'était pas du genre à chercher au hasard dans les rayons, ce qu'il pouvait correspondre. Elle détestait quand un client n'était pas directement servit pas la baguette parfaite. Ça n'étai pas grave, bien sûr, mais c'était sa réputation qui l'exigeait. Ne pas faire d'erreur. Ne pas se remettre au hasard.

Elle détailla la jeune femme. Blonde, rien qui ne ressortait du premier coup d'oeil. Il s'agisait d'une étudiante, donc. Septième année. Quelle maison ? Honnêtement, ça aurait pu être n'importe laquelle. Sauf que pour une Poufsouffle, elle était justement... un peu irritable. Et elle s'était excusée trop vite pour une Serpentard. Donc Serdaigle ou Gryffondor. Curieuse. Impatiente. Pas bavarde. Frêne peut-être. Frêne et Niffleur ? Hmm, non, il fallait qu'elle en apprenne plus.

- Vous avez une matière préférée, peut-être ? Un talent ? Ou une passion à côté des cours ? Une idée de ce que vous voudriez faire après Poudlard ?

Izsa n'en était pas à son premier interrogatoire de ce genre. Elle ne demandait jamais directement le caractère des gens, puisqu'elle ne servait plus les premières années. Elle préférait jauger par elle-même ce qu'elle avait sous les yeux.

- Plus vous m'en dites, plus cela sera facile de trouver exactement ce qu'il vous conviendrait.

Ses yeux marrons étaient toujours sur la cliente, dans leur fixation observatrice habituelle. Quelqu'un avait brisé sa baguette, sans aucun scrupule. Elle ne savait pas comment, mais en tout cas elle savait que la cliente ne l'avait pas fait elle-même. Probablement pas un accident, sauf si elle avait tendance à l'exagération. En tout cas, elle lui en voulait. Elle avait un ennemi, ou du moins un genre de rival. Gryffondor. Forcément, Gryffondor.

En définitive, Izsa n'avait pas besoin qu'on lui en dise tant que ça. Mais elle n'était toujours pas sûre, pour le cœur.

Comme tout à l'heure, la jeune femme n'était pas la plus clairvoyante mais elle savait comprendre les indices - pas les plus discrets avouons le - que Izsa parsemait dans son discours. Ou alors elle venait de voir les formulaires des premières années qui traînaient sur le comptoir, au choix. Toujours est-il qu'elle eut le droit à un vrai monologue, cette fois-ci.

- Si je devais me résumer en quelques mots je dirais que je suis quelqu'un d'habituellement très optimiste et rêveuse. Peut-être un peu maladroite et légèrement susceptible. Oh, et je réfléchis beaucoup trop, je passe mon temps à tout analyser. J'ai beaucoup de mal à lâcher prise. Je suis autodidacte aussi, et persévérante ! Je n'ai pas peur des risques, tant qu'ils ne sont pas inutiles.

Ouais, Izsa avait tombée plutôt juste, dans son analyse de comptoir. Comme elle le disait toujours : si c'était une analyse du comptoir d'Ollivander's, alors c'était une très bonne analyse. Elle apprenait surtout le côté optimiste et rêveur. Pas que cela la fasse énormément changer son avis. Frêne frêne frêne, chantonnait la petite voix dans sa tête.

- J'aimerais beaucoup devenir journaliste reporter. Voyager. Découvrir les secrets du monde.

Ah ? Ça c'était très intéressant ! Curieuse, elle l'avait. Voyageuse ? Maintenant elle le savait. Le frêne pouvait toujours convenir, mais elle considérait à présent un autre bois : l'érable. Oui, c'était bien le bois des voyageurs. Et puis il y avait le Séquoia aussi. Ah non, pas Séquoia. Les risques inutiles, ça connaissait un peu trop les gens du genre d'Izsa. Hypérion était bien trop content quand elle se retrouvait dans les pires situations qui existaient pour considéré la prudence.

- Oui... Découvrir... Vivre. Je suis donc actuellement préfète, en septième année à Poudlard, dans la maison des lions. Difficile de choisir une seule matière qui m'intéresse, mais je suis sans aucun doute une adepte des cours de potion, de sortilège, de défense contre les forces du mal et de vol. J'aime énormément voler, je me sens vivante dans les airs. Libre, vous voyez ?

Une Gryffondor, donc, elle ne s'était pas trompée. Maintenant elle re-penchait pour le frêne. Pas que cela fut une science exacte, mais l'érable donnait de meilleurs résultats avec les Serpentards, le frêne avec les Gryffondor. Et elle aimait voler ? Oui, ça n'était pas étonnant, si elle aimait voyager. Mais ça venait de donner une idée à Izsa. Sur le coeur à utiliser, cette fois-ci.

- Voilà. Je pense que c'est à peu prêt tout.

La vendeuse sourit, et ça n'était pas son sourire commercial. Ses lèvres étaient asymétriques dans une mimique victorieuse qu'elle tentait sans succès de dissimuler.

- Je pense que j'ai tout ce dont j'ai besoin. Je reviens tout de suite.

Izsa n'avait toujours pas revu le rangement de la boutique. Elle savait qu'elle devait le faire, mais toujours pas. Il fallait d'abord qu'elle regarde ce qu'elle avait en crin de Gronian. Ça n'était pas le cœur le plus rare, mais les élevages de ses chevaux volants n'étaient pas les plus communs en Angleterre. Ses fournisseurs lui réservaient une petite de leur stock, ce qui n'était pas suffisant pour qu'elle créé une baguette de chaque bois avec. Il y avait érable. Frêne par contre ? Ah, tant pis, elle prit celle en érable. Pour le frêne, elle pouvait tester avec un crin d'Abraxan. Les propriétés de l'énorme animal étaient suffisamment proches de son cousin plus rapide pour avoir une bonne idée de la compatibilité.

Elle ouvrit donc les deux boites sur le comptoir, les présentant à sa cliente :

- Ce sont deux baguettes qui aiment voyager. Celle-ci, le bois d'érable était clair, crémeux, risque d'être un peu trop emportée. L'érable aime voyager, mais il est aussi avide de réussite personnelle. J'ai peur qu'elle manque d'équilibre. L'autre, par contre... aussi un bois clair, mais avec des stries plus prononcées. ne sera pas autant emporté. Le crin d'Abraxan est un cœur très stable. Et même si le frêne peut se montrer têtu, pour un propriétaire déterminé, il convient à quelqu'un de plus attentifs aux autres. C'est un bois très loyal.

Izsa arrivait donc au bout de son raisonnement, et tous les éléments étaient en place pour sa proposition.

- Je pense qu'il vous faudrait une baguette pile entre les deux. Frêne et crin de Gronian. Alors si jamais les essais se montrent fructueux, je pourrais vous la fabriquer pour demain. Evidemment...

Elle fit un geste vers les écrins :

- Il faut d'abord tester, pour être sûres.

Si il y avait une chose sur laquelle Izsa pouvait s'enorgueillir à l'infini sans jamais se sentir prétentieuse, c'était bien ses réalisations dans le domaine des baguettes magiques. Elle s'auto-proclamait génie de la chose sans la moindre trace de second degré. Si la famille Ollivander n'avait pas été une autorité en la matière depuis tant d'années, ça serait le nom Hilswood qui aurait mérité d'être la première association faite au mot "baguette". En résumé, elle aurait bien mit son propre nom sur la devanture de la boutique, sauf qu'elle ne voulait pas perdre les clients les plus traditionnels.

En tout cas, cette journée était encore une preuve de son génie. Puisque l'étudiante prit les deux baguettes en main, et - après un Avis convaincant mais pas exceptionnel - reprit la parole.

- Je pense que la baguette que vous comptez fabriquer sera très bien. Qu'en pensez-vous ?

Eh bien ça n'était pas sur un coup de tête qu'Izsa comptait la fabriquer, de toute évidence. Elle y avait mûrement réfléchit. Du coup forcément :

- Absolument. Et je pourrais personnaliser un peu votre baguette, également. Je pourrais par exemple... Izsa trouva facilement de l'inspiration. Sculpter un Gronian prenant son envol, sur le pommeau. Ou bien travailler sur des motifs rouge et or, si vous voulez un esprit plus Gryffondor.

Et ça, ça n'était que ce qu'elle pouvait proposer en quelques secondes de réflexion. Elle pouvait faire bien mieux.

- Vous auriez des préférences ? Ou bien vous voulez simplement votre baguette sans fioriture ?

[HRP : Tu peux faire une ellipse dans ton prochain RP ]

Depuis qu'elle était devenue propriétaire de la boutique, Izsa mettait un point d'honneur à garder les registres à jour et bien organisés. Il fallait dire que ça n'avait jamais été son point fort, alors il valait mieux démarrer sur de bonne base. Du coup, elle notait bien les noms et prénoms de chaque client, le jour et l'heure à laquelle ils devaient repasser, et la baguette qu'ils venaient prendre. Et, bien sûr, elle gardait ladite baguette sous le comptoir, de sorte à ne pas avoir à chercher à l'autre bout de la boutique le moment venu.

En voyant la cliente de la veille, Izsa ne la reconnu certainement pas. Elle n'était pas la meilleure pour les visages, encore moins quand il s'agissait de client qu'elle n'avait vu qu'une seule fois de toute sa vie. Mais aussitôt qu'elle entendit son nom et son prénom - enfin, surtout la composition de sa baguette - tout lui revint.

- Bonjour, je m'appelle Zélie Hepburn. Je suis venue vous voir hier pour la confection d'une nouvelle baguette. Frêne et crin de Gronian, il me semble.

- Bien sûr ! Tout de suite !

Et tout de suite, ça n'était pas juste une façon de parler. Elle remercia son elle du passé pour avoir bien rangé sa création à l'endroit où elle était supposé être, prit l'écrin dans un des tiroirs du comptoir, et le déposa face à la cliente, ouvert. Elle l'avait fabriqué hier soir, en à peine une heure de travail. Cela lui aurait pris plus de temps si la cliente n'était pas partie sur un design simple, sans le moindre excès. Et puis, au bout de huit ans de fabrication de baguette, on avait la main sûre et on ne perdait plus de temps à hésiter entre les différents outils. Le frêne avait été du beurre entre ses mains expertes.

- Je vous en prie, essayez-là.