Temperence était bien installée à son bureau. Elle travaillait assise derrière son bureau. Elle en avait deux. Un dans le Londres moldu et le second au niveau du ministère de la magie, mais des deux, c’était celui-ci qu’elle préférait. Le vert léger des murs, les lourds rideaux noirs, le mobilier simple.
Dans la pièce, il y avait son bureau, une plaque de verre noire soutenue par deux trépieds du même noir que les tentures. Une lampe posée à gauche pour lui apporter un peu de lumière lorsque le soir tombait puis des feuilles et des livres. Il n’y avait pas d’objet moldu sur son bureau, pas d’ordinateur ou autre. Elle travaillait « à l’ancienne », à la méthode sorcière mais elle était ici pour cela.
Dans un coin de la pièce, il y avait un divan, une petite table basse avec quelques jouets d’enfants anciens. Un bilboquet, un cube de rubik, un pot contenant quelques crayons de couleur. Tout était savamment ordonné de façon à ce qu’il n’y avait aucun désordre. Face à son bureau, il y avait deux sièges du même cuir noir que celui sur lequel elle était assise. Une pièce simple pour travailler avec, en guise de décoration, quelques plantes, une photo de sa famille sur le bureau, une toile d’artiste peu connu sur le mur. Style épuré.
Temperence recevait peu ici. C’était dans l’autre bureau que les gens venait la voir en général. Elle aimait garder cette pièce puis, quand l’envie lui venait après la journée passée assise ici, elle prenait ses affaires et s’affalait à l’étage dans le divan d’Alanya. Elle vivait presque ici au final, une deuxième maison pour elle qui n’avait connu que le luxe d’un manoir richement décoré.
D’un geste de chat, la jeune femme s’étira. Elle tendit ses mains au-dessus de son corps, tirant ses muscles jusqu’à sentir ses vertèbres claquer les unes après les autres. Elle en fit de même avec son cou, ses mains. Elle avait besoin de bouger un peu, de se dégourdir les jambes alors elle se redressa et, comme le poisson rouge piégé dans son bocal, elle fit un tour puis deux et trois. Elle tournait autours de son bureau comme un lion en cage. Elle n’avait pas fini d’éplucher ce dossier. C’était un jeu pour sa mentor que de lui donner des affaires déjà défendues à défendre de nouveau. Elle devait monter un dossier en béton sans quoi, lorsque Alanya l’interrogeait, elle se faisait démolir comme un château de cartes effondré par le vent.
La jeune femme marchait, la tête en l’air et l’esprit ailleurs. Ce fut le grincement de la porte qui la fit redescendre sur terre. Elle vit la petite tête de la secrétaire passer, annonçant un visiteur. Une erreur ? Une personne venue s’égarer dans son bureau en cherchant celui d’Alanya ? Fort peu probable mais toute interrogation s’évanouit lorsqu’elle vit la personne passant le pas de la porte.
Temperence ne lui avait pas donné d’heure. Elle ne s’attendait à le voir venir que la nuit venue, apparaître avec l’ombre pour s’envoler avec la venue du soleil s’il en avait le temps, s’il avait envie de passer la nuit ici ou là, à vivre ce qu’ils vivaient avant. Elle lui offrit un sourire alors que la secrétaire fermait la porte en marmonnant qu’il n’était pas sérieux de ramener ses conquêtes d’un soir sur un lieu de travail et d’étude. Vielle chouette.
La jeune femme le laissa venir à elle, elle le laissa déposer ses lèvres contre sa joue pâle tandis qu’il lui offrait cette rose rouge. Elle aimait les fleurs, comme la majorité des femmes, mais elle avait cette préférence pour les roses car elle en était une dans le fond. Une belle plante entourée d’épines, une fleur empoisonnée.
– Cela faisait un temps que nous ne nous étions pas vus. Bientôt trois ans et tu te souviens encore de ce surnom.
Sa voix était toujours aussi douce et elle tenait la rode entre son pouce et son index, rose qu’elle déposa dans un soliflore qu’elle emplit d’eau du bout de sa baguette.
– Je t'en prie, prends place où bon te semble. Divan ? Siège de cuir ? Ce choix est tien. Désires-tu boire quelque chose ? J’ai de tout… Thé, vin, café, whisky, chocolat, …
Temperence s’appuya sur son bureau, s’asseyant d’une fesse sur la plaque de verre sombre, elle attendait qu’il prenne place pour lui apporter ce qu’il désirait, pour entrer dans le vif du sujet de cette rencontre de trois ans bientôt.