Le travail du bois [Terminé]

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#004 - Le travail du bois
avec Nessa Cunningham
Saison 30 - Printemps

Voilà typiquement quelque chose que tu aurais dû faire il y a maintenant plusieurs mois... à ton retour en Grande-Bretagne, tu aurais dû prendre le temps, tu aurais dû la soigner, elle qui est-ce que tu as de plus précieuses, elle qui t'a sortie de tant de situation périlleuse. pendant ces cinq années à explorer les contrer les plus sauvages de la planète, ta baguette en a vu des vertes et des pas mûrs. Aujourd'hui, certains angles sont arrondis, certains motifs sont presque effacés et le bois se fait sec comme une veille branche qui aurait pris l'eau avant de sécher trop longtemps au soleil. Si elle te répond toujours aux doigts et à l’oeil, tu admets toi-même qu'il serait déraisonnable de continuer à l'utiliser ainsi sans en prendre soin.

Poussant la porte du magasin mythique, tu te faufiles jusqu'au comptoir à pas de loup attendant patiemment que quelqu'un se rende compte de ta présence, ta baguette à la main. Tes doigts caressent sans y penser le bois maltraité et souffrant, tu espères simplement que son état n'est pas irrémédiable et qu'ils pourront lui redonner un petit coup de neuf sans pour autant la dénaturer. Poussant un soupir, tu déposes ta baguette meurtrie sur le comptoir avant de commencer à faire les cent pas dans la petite boutique, les mains dans le dos, le regard dans le vague....

Je repense à la veille, j'aime cette ville, j'aime cet appartement, je me demande parfois si j'ai bien fait de revenir, si je peux prétendre à quoique ce soit en me réinvitant dans sa vie maintenant. Mais je serai anéantie de ne pas avoir essayé. De les voir pousser cette porte de bois tous les jours me donnent envie d'être là lorsqu'il la poussera à son tour. Cette journée n'est pas différente des précédentes, il règnent dans la petite échoppe une douceur indispensable à ma profession et une attente palpable des petites têtes qui se présentent à nous.

Mais à cet instant, il n'y a personne d'autre que moi, qui déambule en quête d'une activitéquelconque pour passer le temps. Hugh n'est pas là et c'est dommage, je l'aime bien moi Hugh, il est beau grand et fort. Puis sensuel surtout. La stagiaire, je peine à me souvenir de son nom à chaque fois, mais elle n'est pas méchante non plus. Puis discuter ça passe le temps. Vous l'aurez compris, la sonnette de l'entrée sonne presque comme une libération, et brise la monotonie de l'hiver qui serre toujours un peu la gorge dans l'attente du soir.

Je le laisse attendre un peu au comptoir, je l'aperçois à travers les boites de baguettes empilées, mais j'ai besoin de soigner mon entrée, que son attente ne soit pas vaine et focalisée sur moi, je veux être une libération, la fin de quelque chose et le début d'une autre, je veux tenir entre mes mains le déroulement de sa visite, pour une seconde qu'il soit mon pantin, ne rien laisser au hasard et qu'on me voit, alors je finis tout de même par m'avancer jusqu'à lui, un léger sourire sur les lèvres. J'avise la baguette posée sur le comptoir, le bois meurtri et abîmé qui aurait fortement besoin d'un peu d'entretien.

Bonjour, que puis-je pour vous ?

Une voix féminine s'élève dans ton dos et tu fais volte-face. La demoiselle, sensiblement du même âge que toi, semble observer la baguette tandis qu'elle te demande ce qu'elle peut faire pour toi. Tu approches du comptoir en montrant ta baguette meurtrie par les épreuves. Pour moi, pas grand-chose, cependant ma baguette aurait grand besoin de vos compétences... elle a vu de nombreuses choses et toutes n'était pas forcément agréables pour elle. Elle fonctionne toujours à merveille heureusement, mais je préférerai qu'elle soit parfaite pour prendre mon poste....

Se pointer devant les élèves avec une baguette en piteux état c'est assez moyen. Tu as bien essayé de garder ta baguette en bon état, tu as même acheté une cire à bois spéciale baguette pour qu'elle puisse être brillante comme un sous neuf ! Mais la cire ne colmate pas les éclats et les craquements dans le bois. Pour ça, il n'y a guère que les talents d'un maître baguette qui puissent fonctionner ! Enfin, ça c'est s'il n'est pas trop tard bien sûr... tu serais vraiment ennuyé si tu étais obligé de changer de baguette.

Regarde les murs succomber au silences, la tension délicieuse que je tisse entre nous, j'ai déplié mes aiguilles, je t'ai enroulé avec sans porte de sortie. J'ai tissé lentement ma toile autour de toi, centimètre par centimètre, resserrant à chaque mot un peu plus mon étau. Les tambours viennent des profondeurs, tu ne pourras pas sortir, j'ai verrouillé la porte du bout des lèvres en te saluant, tu le sais tu le sens, tu n'as plus d'autres choix, rester et t'avancer, te tenir droit et quémander un peu de mon temps.

- Pour moi, pas grand-chose, cependant ma baguette aurait grand besoin de vos compétences... elle a vu de nombreuses choses et toutes n'était pas forcément agréables pour elle. Elle fonctionne toujours à merveille heureusement, mais je préférerai qu'elle soit parfaite pour prendre mon poste...

Parle, parle, tu ne te doutes de rien, je te vois bien sincère dans ta démarche mais ce n'est pas ce qui m'intéresse. Ta baguette n'est qu'un bout de bois qui a besoin d'être poli, de passer entre des mains plus experte en la matière. Ce n'est pas ce qui m’intéresse. J'attrape ta baguette en te fixant droit dans les yeux quel poste ? ma curiosité ne connait aucun barrage, je n'ai jamais su l'endiguer. Regarde comme je sais m'intéresser aux autres, comme je laisse courir mes yeux sur ton visage quelques secondes après t'avoir parlé avant de finalement les diriger sur ta baguette. je ne sais pas ce que tu lui as fait, je m'en moque au fond, mais je préfère te laisser penser que je m'en soucie. Te faire parler de tout de rien pour mieux te paralyser. Comment c'est arrivé ? tandis que la main gauche se munit du chiffon et la droite de la cire d'abeilles.
Apprends-moi qui tu es.

Les yeux de la demoiselle semblent vouloir creuser sous les apparences. Questions de circonstances, mais son regard lui est plus profond, il en dit plus que les mots encore. Un sourire offert tandis que tu parcours encore la petite zone offerte aux clients, les mains dans le dos, le regard parcours les rayons derrière le comptoir. Professeur de Défense Contre les Forces du Mal... disons que j'ai passé ces dernières années sur le terrain et que tous les terrains n'étaient pas forcement doux et paisibles.

Certains pourraient se demander si tu n'es pas un peu jeune pour enseigner à Poudlard, mais après tout elle n'est pas beaucoup plus âgée que toi et exerce dans un métier qui te semble tout aussi complexe que l'enseignement si ce n'est plus. Et vous ? Voilà longtemps que vous travaillez ici ? Plus que de la curiosité, il s'agit surtout de politesse. Rester ainsi à parcourir la boutique ou à la regarder travailler sans rien dire ne te semble pas particulièrement aimable. Bien que toi, à sa place, le silence t'aurait plu d'avantage.