Comme à mon habitude depuis quelques temps maintenant, je erre dans les rues longeant le Chemin de Traverse. Je suis de patrouille, attendant qu'il se passe quelque chose. Malheureusement pour moi, mes journées sont plutôt mornes. Mon secteur étant une zone avec essentiellement des habitations de riches, elles étaient toutes protégées par des sortilèges ou même des milices privées pour certaines. Ma seule occupation est donc de saluer les vieilles qui se baladent et sortent leurs petits chiens ou de remettre sur leur chemin les touristes égarés. Rien de bien palpitant quoi.

Mais aujourd'hui quelque chose a changé, ça a commencé par une première explosion. Pas trop violente, j'en ai donc conclu que c'était encore un test de magie d'un excentrique. Une deuxième, beaucoup plus violente a retenti peu après, suivie d'un bruit sourd de quelque chose qui s'effondre. C'était à quelques blocs de maisons de là, il allait me falloir un peu de temps pour y arriver. J'espère que ce sera à temps.

Une dizaine de minutes plus tard, après m'être perdu puis après avoir repris un peu ma respiration, j'arrive enfin sur les lieux, tout essoufflé. Je ne suis plus tout jeune et l'embonpoint m'empêche d'être aussi réactif que dans mes premières années. Mais l'essentiel est que je suis là. J'arrive devant une maison dont la façade est effondrée, sûrement le bruit que j'ai entendu plus tôt. Je sors ma baguette et m'approche, à l’affût du moindre mouvement. Je ne perds pas de temps et envoie un patronus au bureau pour les prévenir d'envoyer du renfort.

Une nouvelle déflagration, différente celle-ci. En plus de souffler une partie de la maison, c'est une impulsion magique que je ressens au plus profond de moi. Quelque chose de très étrange et de nouveau pour moi. Mon dos commence à me faire mal et j'ai du mal à rester debout. Je regarde mes mains et je me rends compte qu'elles commencent à se parer de rides jusque là absentes.

Mon corps continue de vieillir beaucoup trop vite, mes jambes lâchent. Je sens mon coeur qui s'emballe je m'effondre sur les pavés, rattrapé par l'âge. Soudain, plus rien.

HRPG : Comme vous l'avez compris, la faille temporelle vient d'être déclenchée. Vous n'êtes pas "obligé" de réagir étant donné que votre personnage était "Passif", vous n'aurez qu'à considérer que vous étiez suffisamment près pour être touchés.

La brigade de la police magique a été avertie et débarquera sur les lieux rapidement (pas avant le lundi 18 Mai 2020 pour vous laisser le temps de réagir). Vous ne subissez pas les mêmes effets que ce pauvre Aden, c'était juste pour le dramatisme de la scène. A partir de maintenant, votre personnage est "Déphasé" et subit donc des désagréments avec son corps et le temps mais pas au point d'Aden. Cela se passe comme décrit ici.

L'air était devenu irrespirable. Acculés à trois dans le couloir, espérant échapper à la folie meurtrière des trois femmes, Castielle pensait que ça ne pouvait pas être pire. Sauf que c'est précisément quand on se dit ce genre de choses que l'univers décide de vous montrer que vous avez tort. De la lumière, des craquements au milieu des cris de guerre et enfin l'atmosphère craqua. La sorcière avait supporté l'odeur d'un être non-identifié en plein décomposition dans la salle piégée et à la nuit éternelle, une odeur qui prenait au nez, à la gorge et qui donnait mal à la tête. Mais là, c'était encore différent. C'était comme si chaque particule, chaque atome l'entourant s'était chargé d'électricité et de plomb en même temps. En un seconde, quelque chose se brisa et la Poufsouffle fut emportée par une vague invisible. A peine le temps de crier un mot d'encouragement à ses compagnons d'infortune et les voilà déjà hors de sa vue. Un nouveau tourbillon l'emporte, comme si elle était aspirée par un siphon qu'on viendrait d'ouvrir, pour atterrir violemment sur un tas de briques.
Aïe.
L'univers ne lui épargnait vraiment aucune peine aujourd'hui.

Ses yeux encore rougi et lourd de son maléfice passé, Castielle se releva péniblement. Sous le soleil du dehors, elle avait l'impression de sortir d'un cauchemar. Le genre où tu ne comprends rien à ce qui se passe, tu coures partout en essayant d'échapper à une menace que tu ne sais pas déterminer, pour finalement te réveiller le souffle court et la sueur au front. Et c'était exactement ça ! La jeune femme ne saurait expliquer ce qui s'était passé dans cette maison même si elle y mettait toute la bonne volonté du monde ! C'était incompréhensible. Elle avait été le pion d'un jeu dont elle ignorait tout, absolument tout. C'était rageant, frustrant et humiliant au possible. La colère se mêle alors à la peur sur ses lunettes, passant du jaune catastrophé à l'orange embrouillé. Castielle avait mal partout. Au dos, aux jambes, aux yeux, à la tête, au nez, au ventre,... elle était tendue comme une drisse sous grand vent, son corps avait été soumis à une pression et un stress immense durant ces dernières heures.

Claudiquant, se tenant aux murs des maisons environnantes d'un main et se frottant les yeux sous ses verres de l'autre, Castielle arriva sur l'allée principale. Même avec une vue emmêlée, l'endroit était reconnaissable : le Chemin de Traverse. Sa première pensée fut que Harmony ou Lïnwe avait transplané et qu'elle avait dû les lâcher avant d'arriver à destination avec eux. Tout s'était enchaîné si vite ! Il faudra qu'elle les remercie, l'un et l'autre, la prochaine fois qu'elle les verrait. Oui, même le blondinets aux goûts douteux. Après tout, une expérience comme celle-là a au moins le mérite de faire oublier les petites différences de points de vue insignifiantes. Mais avant de penser à plus tard, la sorcière devait se focaliser sur le présent.

Des badauds se rassemblaient autour d'une maison explosée. LA maison. Au vue de la façade effondrée, Castielle pouvait dire adieu à ses affaires qui se trouvaient encore dedans. Ou alors n'y avaient-elles jamais été ? Ce n'est pas demain la veille qu'elle aura cette réponse-là non plus... Les voix montaient dans les aigus, ça parlait d'explosion, de chocs et autres trucs que la rescapée de la catastrophe avait du mal à saisir. Faut dire que ça gueulait beaucoup aussi, et ça appelait à l'aide, quelqu'un était au sol, entouré par la foule soucieuse (et) ou curieuse. Castielle se contorsionna de loin pour entrevoir le blessé en question. Pitié pas Harmony. Pitié pas Lïnwe. Pitié pas Elhiya ou les autres de son groupe. Son soulagement était gonflé de culpabilité quand elle souffla à la vue du vieillard desséché qui gisait sur le sol. Ouf. C'est triste. Mais ouf ! C'est mal. Mais ouf !!

Reculer à petits pas et voir son reflet dans une vitre. Elle avait une bonne tête de coupable. Amochée, échevelée, essoufflée. Ses lunettes et les traits de son visage auraient été un livre ouvert à qui croisait son chemin et était désireux de savoir. La voix de son père avocat vint alors à la rescousse dans son esprit. Elle était innocente, elle n'avait rien fait, mais la police ne l'entend parfois pas de cette oreille. Il fallait qu'elle quitte les lieux. Qu'elle retrouve ses parents. Qu'elle se mette à l'abris. Une fois de plus, à l'abris.
La jeune sorcière remonta alors tout le Chemin de Traverse aussi discrètement que possible. Mordant ses joues pour ne pas laisser transparaître la douleur quand elle marchait, corrigeant au mieux sa claudication pour marcher droit.
Encore un peu, encore un peu...
Elle y est presque !

Le monde moldu, lui serait toujours là.
Les voitures rouleraient, les gens attendraient leur bus ou métro, les costards-cravates passeraient à toute vitesse les yeux sur leur montre et l'oreille collée à leur portable. Oui, ça au moins, ce sera là. Castielle avait besoin, que cette partie du monde n'ait pas explosé elle aussi. Des deux piliers qu'elle possédait, il lui en fallait au moins un de rassurant.

Malheureusement, une fois passée de l'autre côté de la frontière magique, quelque chose clochait ici aussi.
Quelques voitures roulaient toujours, mais étaient vite bloquées par d'autres qui étaient à l'arrêt en plein milieu de la route, sous les invectives des autres conducteurs. Les gens attendaient toujours leurs bus ou leur métro mais ils avaient le nez levé vers les panneaux traqueurs de trajet et râlaient dessus en coeur. Les costards-cravates marchaient toujours aussi vite mais leur regard sur leur montre se faisait réprobateur et ils secouaient leur téléphone à grand coups de Allô ?? ALLÔ ?

Réflexe de moldu : la sorcière vérifia la montre connectée à son poignet. Elle avait pris chère, elle aussi, dans la mêlée, et ne s'allumait plus. Pourtant, les ondes magiques ne devaient pas perturbée ainsi la connexion ici... Elle n'avait pas son téléphone pour vérifier si le soucis était généralisé mais au vu de ce qui se passait autour d'elle, c'était pas nécessaire.
Les panneaux d'affichages, les publicitaires, les écrans et hologrammes, tout appareil connecté à l'ultranet était actuellement en train de buguer sévère.

« pu*ain de bordel de m*rde... »

Elle ne se sentait pas bien.

Qu'est-ce qu'elle avait fait ?

Il y a des fois durant lesquelles, il est préférable de ne rien comprendre aux événements que d’essayer de donner à tout cela. On se retrouve parfois, voire même trop souvent, dans des situations cocasses, on essaye les premières de donner du sens, trouver une explication rationnelle ou non à tout ce qu’il nous arrive pour presque la plupart du temps ne jamais y arriver. Alors arrive ce qui doit arriver avec le temps, on finit par ne même plus essayer de comprendre ce qu’il se passe et on subit tout en se disant que tout ça ira mieux demain. On croise des gens, on avance, on recule, on finit par se perdre dans tout ce labyrinthe énigmatique. Bref, on cherche à comprendre ce qu’on fait là, on repense aux jours précédents et on se pose encore la question de savoir ce qu’on fait ici. Des gens débarquent et vous invitent à les suivre mais pas le temps de décider quoi que ce soit qu’un brouhaha magique retentit, une onde se déplaçant à vitesse vertigineuse s’empare de vous et sans trop comprendre ni pourquoi, ni comment on se retrouver à l’extérieur du bâtiment, la façade de ce dernier complètement détruite, la panique s’empare alors du monde qui essaye tant bien que mal de comprendre ce qu’il vient de se passer et surtout qu’est-ce qu’il faut faire maintenant… Une chose était certaine, un tel événement en plein milieu du chemin de traverse de pouvait que signifier l’arrivée imminente des autorités et qu’avec ce qu’il venait de se passer, se barrer d’ici en quatrième vitesse était sans aucun doute la meilleure des choses à faire. Tenter de se mêler à la foule pour trouver un coin tranquille depuis lequel s’envoler sans paraitre suspect. Je devais maintenant partir.

Il s'était passé trop de choses dans cette pièce, trop de choses qui avaient retourné l'esprit d'Aysha d'une manière plus brutale qu'elle ne l'aurait cru. Ils étaient trop nombreux, trop perdus. Certains avaient rallié leur cause mais la bleue ne savait même en quoi elle consistait, cette cause. Elle ne savait plus qui était leur guide. Cette femme à qui elle avait fait confiance, sans savoir pour quelle raison, était désormais misérable dans leurs yeux. Devant eux, faible. Indigne de leur confiance. Avec le visage de celle qui les avait trompés. Mais ils n'avaient plus aucune certitude, et Aysha repensait déjà aux amis et camarades battus et abandonnés dans les autres pièces. Elle pensait déjà à Matt, Eden, et ce Tobias qu'elle ne connaissait pas. Comment avait-elle pu les défier dans le simple intérêt de cette femme ? Elle se détestait d'avoir suivi cet instinct aveuglement. Elle voyait son besoin d'aventure comme une chose dangereuse, désormais. Mais elle n'avait pas été la seule, non. Ils étaient tous là, ses camarades de fortune. Hugh, Robert, Elias, puis Lilith, Zélie qui était tout près d'elle.

Et tout à coup, cette chose indescriptible.

Aysha ne put même pas comprendre ce qu'il se passait. Un instant, en entendant le brouhaha, les explosions, les bruits de gravat qui venaient d'on ne savait où, elle repensa à l'Oiseau Tonnerre de la pièce d'à côté et se dit que les deux hommes qu'ils avaient laissé avec la bête n'avaient peut-être pas réussi à la maîtriser. Mais elle sentit bientôt une chaleur brûlante enfler dans sa poitrine, une frisson glacé parcourir ses muscle, une impression soudaine d'étouffer, et elle fut si obnubilée par mille choses incompréhensibles qu'elle fut incapable de focaliser son attention sur quoi que ce fut. Est-ce qu'elle était la seule à ressentir cela ? Mais elle n'eut pas le temps de laisser couler son regard sur les visages de ses camarades et de ses ennemis qu'elle ne connaissait même plus. Bientôt elle se sentit aspirée dans le sol et dans l'air tout en même temps, et cette sensation était quelque peu familière, mais il manquait quelque chose. Sa volonté. Elle se sentait aspirée sans pouvoir rien faire contre cela et sans en être responsable. Et pourtant elle ne touchait personne.

Elle eut l'impression que sa poitrine éclatait tandis qu'elle fermait les yeux, aveuglée sans voir pourtant aucune lumière. Et la sensation d'aspiration se stoppa net, si net qu'elle vacilla et que ses jambes se dérobèrent. Elle avait l'impression d'être de retour à ses 15 ans lorsqu'elle avait transplané pour la première fois. Mais elle ne l'avait pas choisi. Et elle ne comprenait plus rien. Elle était sur le Chemin de Traverse. Et la maison n'était plus là. Elle cru un instant avoir rêvé mais elle vit bientôt les visages de ses camarades autour d'elle. Hagards. Des passants jetaient parfois des coups d'oeil vers eux, qui venaient d'apparaître là. Elle ne comprenait plus rien et regardait les sorciers autour d'elle, dont certains transplanaient. Oui, oui. Soudain, elle eut la certitude que c'était la seule chose à faire, bien avant de chercher à comprendre, bien avant de se poser des questions. Elle venait de s'introduire dans une maison, de se battre avec d'autres sorciers, d'en laisser certains pieds et points liés dans une pièce vide. Elle venait de commettre un acte qui lui vaudrait des ennuis. Elle devait fuir elle aussi. Juste à côté d'elle, Zélie soufflait, l'air hagard elle aussi.

- On doit partir, dit-elle.

Sa blessure semblait encore douloureuse. Elles devaient partir. Elle ne savait pas si Zélie avait efreint quelque loi en se trouvant dans cette maison, mais tout cela n'était pas clair. La police arriverait sûrement. On voyait rarement une vingtaine de sorciers transplaner ainsi, blessés, pleins de poussière et de guenilles fraîchement devenues. Quoi qu'il se fût passé dans cette maison, elles devaient s'en aller, et vite. Aysha prit le bras entier de sa camarade et lui lança une oeillade entendue. Elles transplaneraient ensemble, loin d'ici. Et ensuite, elle chercherait à comprendre.

Que s'était-il passé dans cette maison ?

Qu'avaient-ils fait ?

Il fallait partir. Elles partirent.

Alors que tu venais de Castielle, la salle semblait sur le point d'exploser, comme si le combat devenait si électrique que l'ambiance de la pièce en était affectée. Elle t'avait incité à te barrer avec elle et Lïnwe, mais toi, tu hésitais. Était-ce bien raisonnable de partir maintenant alors que tu avais promis protection à Maya ? N'était-ce pas se comporter en lâche que de faire ça plutôt que d'essayer de la sauver, elle qui s'intéressait aux étoiles, au temps et à la recherche, et non au mal-être d'autres personnes ?

Mais elle avait insisté, et tu sentais ta détermination à rester pour te battre s'effriter à la vue du combat qui se déroulait devant tes yeux. Des sortilèges qui visaient pour blesser et qui risquaient de le faire. Et l'une d'elles avait même menacé ta vie. Est-ce que la protection de telles recherches méritait ta mort avec pour seule chance l'idée de gagner quelques minutes ? N'était-ce pas trop cher payé ?

A un moment, tu avais dû céder, puisque tu avais fini par quitter la pièce avec les deux autres en les menant un peu plus loin dans les couloirs, plus à l'abri que proche de cette pièce-bombe, d'où des cris résonnaient, des cris qui ne te disaient rien qui vaille.

Puis soudain, un bruit d'explosion plus grand que les autres et une impulsion de magie t'avait traversé, te faisant sentir mal pendant quelques secondes, comme si tu te déplaçais à grande vitesse, comme un transplanage. En tout cas, pas une sensation agréable, ça c'est sur. Et la chute avait été dure aussi, te coupant momentanément le souffle et te causant probablement quelques bleus.

Et te voilà sur le Chemin de Traverse, un peu hébétée, te relevant difficilement et tentant de retrouver ton souffle. Tu reconnais les environs mais tu n'arrives pas à t'expliquer ce soudain déplacement. Tu n'arrives pas non plus à t'expliquer où sont les autres. Castielle, Lïnwe, vont-ils bien ? Et tous les autres qui étaient dans le bâtiment, peuvent-ils être blessés ? S'ils ont rencontré ces folles qui ont attaqué Maya, tu te doutes bien que oui...

Pourtant, tu sens aussi que tu ne dois pas rester-là. Tout ce remue-ménage ne t'inspire guère, et même si tu considères n'avoir rien fait de mal et avoir été du côté des gens attaqués plutôt que des attaquants, tu ne connais pas toute l'histoire - après tout, Maya était quand même mystérieuse -. Alors une fois ton souffle retrouvé, tu regardes un peu autour de toi et, ne voyant personne que tu connais, tu transplanes rapidement pour atterrir chez toi, un peu plus loin sur le chemin.

Plus tard, il faudra que tu prennes des nouvelles de Lïnwe, Castielle et Lara - dont la boutique est aussi sur le chemin de traverse -, mais pour l'instant, il te faut changer d'habits, effacer les traces de lutte et te reposer. Et prier aussi pour que tu n'aies pas joué un rôle dans la création du chaos, dans la mort de quelqu'un.

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- HRPG -