Le soleil commence déjà à taper alors que nous ne sommes qu'en début de journée. Le printemps commence déjà bien et c'est plutôt une bonne nouvelle. Depuis le dortoir, j'entends les gens dehors, ils semblent s'amuser et j'aimerai bien en faire de même. Cependant, j'ai un rendez-vous avec quelqu'un que je n'ai pas vu depuis très longtemps : Jennifer Wilson. Je dois dire que je n'ai pas pu lui donner de nouvelles, ni prendre des siennes en raison de certains problèmes personnels dont je vais lui faire part. Évidemment, je la vois pas uniquement dans ce but, sinon, ça serait purement égoïste. J'observe attentivement le coin où je dors. C'est vraiment le bazar et j'ai une flemme tellement énorme de ranger que j'ai envie de tout laisser en plan. Mais, serait-ce respectueux pour mes camarades de dortoir ? Pas vraiment. Je m'empresse de ranger de vieilles affaires et tombe par hasard sur une lettre de Jackson. Mon petit ami. En la parcourant rapidement, je suis un peu perdu. J'ai envie d'avoir de ses nouvelles et en même temps, je n'en ai pas envie. Il m'a fait énormément de mal et je ne peux pas lui pardonner. Et à côté de ça, il y a cette rencontre avec Mister Hopkins. Elle me hante sans cesse : dans les couloirs, dans la grande salle, dans mes rêves et... pendant les cours. Jude par-ci, Jude par-là... Il m'obsède vraiment celui-là, c'est dingue. Je plie la lettre en deux et la fourre en dans ma valise afin de ne pas retomber dessus de sitôt. Aujourd'hui, je n'ai pas cours et j'en profite donc pour vaquer à mes occupations. En septième année, c'est une chose plutôt rare à cause des cours, révisions, devoirs... Je suis tellement surmené, comme mes camarades que j'ai envie de tout envoyer balader.

Assis confortablement dans un fauteuil de la salle commune et sans la présence d'un perturbateur ou d'une perturbatrice dont je ne citerai pas le nom, je ne vois pas l'heure qui tourne à une vitesse considérable. C'est en me décidant de regarder ma montre que je sursaute, non pas que quelque chose m'ai effrayé. J'ai donné rendez-vous à Jennifer dans une rue à Pré-au-Lard et je suis déjà en retard. Je suis un véritable boulet parfois, mais c'est ce qui fait mon charme dit-on parfois. Qualité ou défaut ? Aux gens d'en décider, je ne serai pas objectif sinon. Je dévale les escaliers du château aussi vite que je le peux avant d'arriver dehors. Il fait tellement chaud que je suis déjà en t-shirt pour sortir. Je cours et sens un petit air rafraîchissant qui me caresse le visage. On se croirait en plein été presque. Arrivé, après quelques minutes, dans le village, je contemple la nature avec émerveillement. Les arbres ont des feuilles toutes vertes, ce qui change radicalement de l'hiver où il n'y en a pas du tout. M'enfin, c'est très logique. Je suis tellement perspicace quand je m'y mets... Bref, je dois continuer de marcher. Je déambule dans les rues de Pré-au-Lard jusqu'à arriver dans celle où doit avoir lieu mon rendez-vous amical. Il n'y a plus qu'à attendre !

La perspective de revoir Jennifer aujourd'hui me rend vraiment heureux. S'il en était autrement, ça serait plutôt étrange, n'est-ce pas ? En plus de ça, le temps semble favorable à de pareilles retrouvailles. Quand j'y repense, cela fait un sacré moment que nous ne nous sommes pas vus et j'avoue que ça fait de moi un piètre ami. Pour ma défense, elle ne m'a pas non plus donné de nouvelles, mais je suis sûr qu'elle a ses raisons. Je ne lui en veut pas du tout et j'espère qu'il en va de même pour elle, sinon, je serai clairement déçu. Pour l'occasion et histoire de faire les choses bien, je me suis habillé plus que convenablement malgré la chaleur. Être présentable en ces circonstances me parait essentiel. Ce n'est pas l'avis de tous, je présume, mais c'est en tout cas le mien. Adossé contre un mur, je guette l'arrivée de la jeune Serdaigle. Si ça se trouve, elle a fait comme moi : elle a oublié le rendez-vous et s'en est rendu compte au dernier moment. Mais, il semble que je me sois trompé. En effet, en tournant ma tête vers la gauche, j'observe une fille tout à fait élégante avancer vêtue d'une jupe et d'une veste. Je lui adresse un sourire plus qu'énorme. Depuis le temps... elle a changé et semble avoir acquis une certaine confiance en elle. C'est ce qu'elle dégage de prime-abord.

- Hey. Salut Ezequiel. J'espère ne pas t'avoir fait trop attendre... Ça fait un moment hein mais je suis heureuse de te revoir.

Elle ne m'a pas spécialement fait attendre. C'est moi qui suis arrivé avec une légère avance parce que j'avais peur d'être en retard. Tout simplement. Lorsqu'elle évoque le fait que notre dernière rencontre remonte à un certain moment, je me plonge dans une certaine réflexion. Il y a sûrement un an que nous ne nous sommes pas vus. Effectivement, c'est relativement loin, mais je ne pensais pas autant. Cependant, je ferai attention de ne plus laisser un délai aussi extrême entre cette rencontre et la prochaine. Sinon, ça serait vraiment faire preuve de méchanceté. Et je l'aime beaucoup trop comme amie pour lui faire ça. En la regardant, j'espère qu'elle voit que je suis heureux de la revoir.

- Comment tu vas depuis le temps ? Tu souhaites aller quelque part en particulier ?

Mais c'est qu'elle est euphorique. Tant mieux ! Il est vrai que je n'ai pas pensé à un endroit particulier pour qu'on s'installe tranquillement. Personnellement, où que nous allions, je suis. Cependant, je juge un peu bête le fait de s'enfermer dans un endroit comme un bar ou autre. Après tout, il y a le beau temps qui nous tend les bras. Profitons de ça justement. Je ne réponds pas immédiatement, je pense aussi à ce que je dois lui dire afin qu'elle me donne son avis. L'absence de réponse est involontaire de ma part. Je m'en rend compte à temps et lui dit :

- Non, tu ne m'as pas fait trop attendre. Pour être franc, j'étais un peu en avance, parce que j'ai couru de peur d'être justement en retard. Je suis également très heureux de te revoir depuis la dernière fois dans le parc de l'école, dis-je sur un ton adouci, et je vais bien. Et toi du coup, comment ça va depuis tout ce temps ? D'ailleurs avant tout, on peut simplement marcher dans le village, tant qu'il fait beau. Je t'invite après boire un verre.

Je lui adresse un regarde charmeur en espérant qu'elle accepte, même si cela ne sera d'aucune utilité. Elle sait que j'aime les hommes.

La jeune Serdaigle était rayonnante aujourd'hui et ce, comme n'importe quel moment passé avec elle en cours. Se voir pendant une heure de cours, c'est bien, en dehors, c'est encore mieux, il faut l'avouer. Cette fille, je la perçois comme une bouffée d'oxygène en fait. C'est-à-dire qu'en la voyant, je ne peux qu'être heureux et c'est le genre de personne que j'apprécie de côtoyer quotidiennement. En décidant de lui envoyer une lettre, j'avais juste un peu forcé le destin de manière à ce qu'on puisse se voir en dehors de l'école plus rapidement. De toute manière, mes cours prennent pas mal de mon temps libre et je sais qu'en cinquième année, ce n'est pas non plus de tout repos. Elle a ses BUSE à passer et moi, mes ASPIC. Nous avons tous les deux de très importants examens à la fin de l'année et de mon côté, je ne sais pas si je vais y survivre. Mais je n'ai pas le choix, j'ai envie de réussir mon année et mes études. Ensuite, il faudra que je fasse un choix de carrière et ça, ça risque d'être très complexe. Auror... C'est ça que je veux. Mais encore faut-il y parvenir, parce que je doute que ce soit une tâche aisée.

Je tergiverse, je tergiverse, mais c'est pas le moment. La jeune semble soulagée que je n'ai pas spécialement patienter à l'entendre par son "Ouf". Elle est comme moi, toujours cette peur que les gens patientent de trop pour nous claquer la réflexion en pleine tête. Seulement, les gens oublient parfois qu'il y a un truc qu'on appelle les imprévus. Comme s'ils n'en avaient jamais de leur côté. Marcher sera parfait ? Mais plus que parfait même, ça me fera maigrir un peu. Dernièrement, je ne fais que m’empiffrer et ma santé commence à me le faire doucement ressentir. Dommage de se passer de cette seconde rencontre ? Mais ça aurait été l'apocalypse tu veux dire ? Nan, j'exagère un peu, mais j'aurai été déçu de manquer ce petit rendez-vous amical par cette belle journée de printemps.

- J'te rassure, j'ai aussi peur de me faire désirer parfois, mais... c'est une bonne chose pour certains dans certaines circonstances non ?, dis-je avec un air amusé. Yep, marchons un peu, j'ai besoin de maigrir, j'me trouve pas au top en ce moment pour tout te dire.

L'air un peu dépité et obsédé par une perte de poids soudainement survenue, la jeune Serdaigle ouvre la marche, moi, suivant ses traces. Ou plutôt, marchant à ses côtés, c'mieux. Elle semblait réfléchir à sa réponse et je m'attendais bien évidemment à ce qu'elle contienne de nombreuses informations. En même temps, on s'est pas vu depuis tellement de temps que c'est logique. Ce qui me surprend un peu, c'est l'aisance dont elle fait preuve en ma compagnie. Au moins, j'suis quelqu'un de sociable, ça fait plaisir. Elle commence par me dire que les cours lui prennent une bonne partie de son temps et je sais de quoi elle parle. Non seulement, je l'ai vécu il y a maintenant deux ans, mais je le vis encore cette année. Je suis bien placé pour savoir que ça peut vite être pesant comme situation. Et avec un boulot à côté, ça doit être dur de tout mener de front. Faudrait que je songe à l'aider si elle le veut bien. Et la connaissant, je suis certain qu'elle aura plein d'autres choses à me confier. Moi aussi d'ailleurs, parce que même si je donne l'apparence d'un mec heureux, au fond de moi, c'est... l'exact contraire.

- Ha ben tu m'étonnes que tu n'ais pas le temps de t'ennuyer, mais c'est une bonne chose non ?, demandais-je en marchant, mais je suis sûr que ça ira. Mais t'arrives à tout gérer ? Genre le taff, l'école et tout ? Parce que j'sais pas comment tu y arrives, je me demande si j'en serai aussi capable en fait. D'ailleurs, tu avances dans tes révisions ?

Comme si elle n'était pas assez débordée, voilà que j'en rajoute une couche avec les révisions. Mais j'suis complètement stupide parfois... Je pense que ça m'apprendra à tourner ma langue sept fois dans la bouche avant de lâcher des inepties pareilles. Nous continuons de marcher, mes cheveux volants au gré du petit vent soufflant sur le village de sorciers.

Les rues du village sont relativement silencieuses. C'est assez paradoxal quand on y réfléchit, puisqu'il fait plutôt bon dehors. Et je dois dire que la marche me fait vraiment du bien. C'est comme si je redécouvrais une sensation presque oubliée. Et avec la compagnie d'une amie, ça ne peut qu'être bien. Le tout, maintenant, c'est d'éviter les sujets qui se rapportent à l'école. Je pense qu'on subit suffisamment pour ne pas en rajouter une couche supplémentaire. Au moins, elle approuve le fait que se faire désirer peut être une bonne chose. Je pensais notamment lorsqu'on est en couple pour le coup. Faire rager son copain ou sa copine, c'est parfois amusant, tant que c'est de bonne guerre comme on dit. Mon sourire s'estompe un peu lorsqu'elle parle de la nage. Je sais qu'elle a parfaitement raison, mais il y a une chose qu'elle ne sait pas sur moi et j'avoue avoir un peu honte de l'avouer comme ça. Après, je suis sûr qu'elle ne portera pas de jugement à mon égard, fort heureusement, mais mon ego risque de prendre un petit coup sur le coin du museau. Si je devais détailler davantage, en prenant l'exemple du plongeon qu'elle a failli faire, je me serai clairement noyé. Purement. Simplement. Sans autre forme de procès. Mais cette confidence sortira de ma bouche plus tard.

- T'as raison pour la nage, mais... j'sais pas... na... nager, dis(je la mine renfrognée. J'ai toujours eu très peur de l'eau et la seule chose qui me fait du bien, c'est la marche. Chacun son truc, dis-je avec un haussement d'épaules.

Finalement, c'est venu tout seul. Après tout, je n'ai aucune raison de le lui cacher. Mentir, ce n'est pas mon truc. Je n'aime pas quand on me balance un mensonge à la gueule, alors pourquoi je devrai m'abaisser à une telle chose ? Avant de répondre, un blanc de quelques secondes s'était fait ressentir. Me juge-t-elle trop gros ? Pas assez ? Tant de questions, trop superficielles. C'est mon corps, mon esprit. Elle continue en me disant qu'elle arrive à gérer les deux. Je lui tire mon chapeau, parce que je me doute que ça ne doit pas être simple tous les jours. Allier les études et un travail, quel qu'il soit, demande une organisation exemplaire. Moi-même, je me demande si je serai capable de faire ce qu'elle fait. Parfois, le travail se fait au détriment des études, ce qui se fait ressentir dans les notes obtenues par la suite. Concernant mon rythme, c'est parfois complexe. Je l'ai, je l'ai plus... C'est comme un yo-yo sans fin. Il est difficile de se donner à fond tout le temps en septième année, comme dans les années antérieures. En effet, on sait que la charge de travail est importante, mais bon, faut se rendre à l'évidence, nous ne sommes pas des sur-hommes. Fort heureusement d'ailleurs. Je la vois grimacer à l'évocation des révisions. Serait-elle en galère ? Peut-être que je devrai lui proposer de l'aide si elle en a besoin. Après tout, c'est mon amie aussi, non ? Et moi, ça m'aidera aussi à retenir des choses plus facilement. En tout cas, je pense. En tout cas, elle semble avoir un peu de retard pour le travail d'écolière. Mais elle n'a pas le choix.

- Je commence à avoir un certain rythme, mais ce n'est jamais fiable à cent pour cent tu sais. Parfois, on le perd et par la suite, on le retrouve. C'comme ça chez moi. Quant aux révisions, j'ai plutôt bien avancé dans pas mal de matières. Et si tu as besoin d'aide, hésite pas hein ? Quant à mes relations, c'est un peu chaotique, mais je t'expliquerai ça après qu'on ai parlé du reste. C'est un peu long sinon, dis-je avec un sourire d'excuse. Quant à ta sortie nocturne, promis, je dis rien ! Je ne suis plus préfet.

Si je commence à lui parler de Jude, j'ai peur d'en avoir pour une éternité en fait. Tout comme si je parle de Jackson. Enfin, dans tous les cas, j'aurai du retard sur quelque chose et je ne le souhaite pas.

Une brise, très légère, se lève à mesure que nous continuons notre chemin. Je n'arrive plus à me sortir de la tête sa question concernant mes relations. Je continue de penser à Jackson, mais Jude occupe aussi une très grande partie de mon esprit. Peut-être que je devrai rester seul. Après tout, on dit souvent qu'il vaut mieux être seul que mal accompagné. Seulement, je suis sûr que Jude serai une personne avec qui je pourrai vraiment aller loin. Enfin, ne précipitons pas les choses, c'est le meilleur moyen que je fasse tout capoter. Et je sais que j'excelle dans ce domaine généralement. Je marche, la mine quasiment renfrognée. J'espère qu'elle ne le remarque pas, parce que ce n'est pas contre elle. Je suis toujours dans cette foutue situation et je ne sais plus comment m'en extraire à force. Après, je sais aussi que ça viendra, faut juste que je sois patient et que je fasse les choses bien. Elle revient ensuite sur cette histoire de nage. Le visage couvert de honte, du moins un peu, je l'écoute me dire qu'elle peut m'apprendre à nager. Ce n'est pas une mauvaise chose, puisque ça peut servir dans beaucoup de circonstances. Mais suis-je prêt à ça ? J'ai toujours eu très peur de l'eau, c'est pas maintenant que ça va changer. Mais on peut s'attendre à tout. Quant au fait de me dire que je suis courageux de lui avouer, je ne sais pas si elle peut avoir raison d'une manière ou d'une autre. Je pars du principe que c'est la vie et c'est tout. Je l'ai dit parce que j'ai une certaine confiance en elle et ce n'est pas une chose que j'accorde à tout le monde. Après tout, les gens peuvent très vite nous trahir et je sais de quoi je parle. Maintenant, tout le monde n'est pas à mettre dans le même sac.

- Peut-être qu'on pourra effectivement se voir pour des cours particuliers, mais j'ai peur de ne pas y arriver. Après, je te fais assez confiance pour t'en parler. Et je sais que ça restera entre nous, lui dis-je en souriant.

J'ai l'impression que c'est une personne à qui on peut faire confiance sans problèmes. Lorsque nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes confiés l'un l'autre et c'est une chose plutôt rare. On a souvent envie de garder certaines choses pour soi. Mais se libérer n'est pas une mauvaise chose, loin de là. Elle me remercie pour l'aide proposée et le fait de ne pas dire quoi que ce soit concernant son escapade nocturne. Très sincèrement, qu'aurai-je à y gagner en rapportant ça au corps enseignant ou à la direction ? Rien. De toute façon, même en ayant été Préfet, je ne suis pas parfait, loin de là. Moi aussi j'ai fait des conneries. Je crois que mes aventures avec Castielle ne sont pas à oublier à ce sujet. Elle me parle d'un certains Matt... Deliers ? Sûrement, c'est le seul que j'ai déjà vu en cours. Je ne sais pas si on peut avoir raison d'enfreindre le règlement, mais pourquoi pas, c'est une idée comme une autre hein. Je ne juge pas. Réviser avec elle pourra aussi m'apporter beaucoup de choses positives de toute façon. C'est une méthode d'apprentissage comme une autre j'ai envie de dire. De mon côté, il ne m'est jamais arrivé de sortir hors du château, j'aurai eu bien trop peur des répercussions. Et en tant que Préfet, je ne pouvais pas me le permettre, même si les occasions ont été nombreuses pour moi. Seulement, sortir seul, c'pas intéressant. Et comme j'ai peu d'amis, ben, aucune utilité quoi.

- Tu sais, pour les cours, c'est un peu aléatoire j'ai l'impression. Qu'on révise ou pas, parfois, on peut vite être étonné par les notes obtenues. Mais je favorise les révisions pour avoir une mention à mes examens en fait. Après, on verra bien ce qu'il en sera à la fin de l'année j'ai envie de dire. Et personnellement, je ne me suis jamais vraiment risqué à sortir la nuit, surtout quand j'étais Préfet, j'avais peur des problèmes. Par contre, dégrader le château avec Castielle a été de mise, dis-je en rigolant. En tout cas, dernièrement, mes pensées sont très occupées par deux personnes. Comme je te l'ai dit, mes relations sont chaotiques en fait. T'es sûre d'avoir le temps pour ça ?

Elle va m'envoyer consulter je crois avec toutes les révélations que j'ai à lui faire...

Plus j'y pense et plus je me dis que Jennifer à raison pour la nage. C'est quelque chose qui peut être très utile dans certaines situations, comme le sauvetage de quelqu'un en pleine noyade par exemple. Mais pour l'instant, je ne serai pas dans le rôle du secouriste, mais celui de la victime. En déambulant dans les rues du village, j'en profite aussi pour faire un peu de lèche-vitrine. Il y a un petit moment que je ne me suis pas organisé une petite journée shopping. Peut-être que je pourrai proposer à la jeune Serdaigle, qui sait. Un bref silence s'installe entre nous, comme si nous étions plongés dans nos pensées les plus secrètes. Je suis heureux de savoir qu'elle ne me forcera pas à mettre un pied dans l'eau, certains auraient sûrement insisté. Mais elle a ce que beaucoup de gens n'ont pas ou peu de nos jours : le respect. C'est malheureusement une notion qui se perd. Quand on voit que certains sont méchants, arrogants et insultants, ça fait peur. J'approuve d'un signe de tête à sa proposition. Il faut que je sois prêt pour franchir ce cap. Même si ça paraît facile, quand on est phobique d'une situation, dans mon cas, ce n'est pas aussi simple. Dépasser ses peurs demande un courage colossal, chose dont je ne dispose absolument pas pour le moment. Et je sais que cela viendra avec le temps, parce que je grandirai. Et c'est en grandissant que l'assurance vient. Paris ne s'est pas construit en un jour comme on dit. En évoquant les révisions, la jeune femme semble un peu perturbé. Je le vois à son visage et ça me fait mal pour elle de savoir qu'elle peut en souffrir, même si ce n'est qu'un peu. Oui, chaque chose en son temps, mais il ne faut pas négliger cet aspect de la scolarité, même si ce n'est pas drôle.

- Tu as raison, je suis on ne peut plus d'accord avec toi. Je sais que les révisions peuvent sembler déroutantes, surtout quand on est stressé ou que le courage n'est plus là. Mais c'est important pour réussir ses examens. Après tout, c'est ça qui détermine notre avenir en tant que sorciers et sorcières. Quoi qu'il en soit, n'oublie pas que je suis là pour toi si tu en as besoin, nous sommes amis après tout non ?

C'est à ça que servent les amis aussi. Et je sais que compter sur eux est une nécessité. Seulement, je n'ai pas beaucoup d'amis et j'avoue ne pas avoir fait beaucoup d'effort pour y remédier. Je dois changer cet aspect de ma vie. Et pour ça, il faudrait que je sorte un peu plus, parce que ce n'est pas forcément au château que ça arrivera. Enfin, je ne pense pas en tout cas. Mais je me trompe peut-être. Ses paroles me ramènent doucement à la réalité. Faut que j'arrête de penser pendant que je suis avec elle, elle va croire que je me fiche d'être ici, ce qui n'est pas vrai, cela va de soit. Elle semble presque choquée que j'ai dégradé le château avec Castielle. Pourtant, quand on connaît le personnage, cela n'a rien d'étonnant j'ai envie de dire. Je me demande bien à qui elle pense pour faire ce genre de connerie. Personnellement, je le regrette tellement, surtout que ça m'a coûté une retenue. J'avoue ne pas être fier d'avoir fait une telle chose. C'est pourtant le lieu qui nous héberge chaque année. A quoi ai-je pensé en commettant un tel acte ? Enfin, j'ai déjà la réponse, je me souviens pourquoi j'ai fais ça. Mais ça n'excuse pas tout. Lorsqu'elle me demande quelle partie du château nous avons dégradé, je ne peux pas m'empêcher de percevoir un ton presque sarcastique.

- Pour être franc, j'ai fait ça parce que j'allais mal à ce moment-là. C'était une période assez sombre dans ma vie et j'avais besoin de me sentir exister, de me faire remarquer même. Alors j'ai commis cet acte, aussi puéril soit-il. J'en suis conscient et pas fier du tout. Nous avons dégradé un couloir du deuxième étage en fait et nous nous sommes fait prendre par deux professeurs avant de prendre une retenue... méritée...

La mine sombre, je culpabilise encore. Alors que j'évoque le passé, il me faut maintenant évoquer le présent. Ma vie sentimentale ressemble étrangement à un vieux roman à l'eau de rose ou à une de ces séries romantiques avec un espèce de triangle amoureux. Je ne sais même pas par où commencer. Je crois que Jennifer ne sait même pas que je sortais avec Jackson. Alors il va falloir que je reprenne toute l'histoire. Heureusement qu'elle a du temps, parce que j'ai un beau monologue à lui offrir en guise de réponse. J'espère qu'elle ne me jugera pas sur ce que j'ai pu faire. Enfin, si elle ne l'a pas fait sur mes mauvaises actions, elle ne le fera pas sur ma vie sentimentale. Je risque de me sentir blessé sinon. Je me racle la gorge avant de commencer à parler :

- En fait, il faut déjà que tu saches que je n'ai jamais eu beaucoup de chance en amour. Et je crois que mon histoire ne fera que confirmer ce fait d'ailleurs. Enfin bon. Un jour, j'étais dans la bibliothèque en pleine nuit, parce que je cherchais un livre particulier sur les sortilèges. Et en voulant accéder à la réserve, il y avait une personne derrière moi. Jackson Emerenziana de Serdaigle. J'imagine que tu le connais. Il m'a aidé à accéder à la réserve, sauf que nous n'avions pas beaucoup de temps. J'ai trouvé mon livre, mais lui, n'avait pas forcément trouvé ce qu'il cherchait au sujet de sa véritable famille. Et je dois avouer qu'il m'avait fait fondre. Pour la première fois, je savais ce que signifiait avoir un coup de foudre. Avant de se faire prendre par un professeur, on s'est enfermé dans les toilettes des filles et on s'est embrassé. Je dois avouer que j'avais un mélange de sentiments plutôt agréable en moi. Du coup, on a commencé à sortir ensemble, mais je ne voyais que lui. J'ai vraiment négligé le peu d'amis que j'ai, toi y comprit et je me rends compte que c'était la chose la plus stupide que j'ai fait jusqu'à présent en dehors de mes exploits avec Castielle. Tout se passait bien jusqu'au décès de sa mère. C'est quelque chose qui l'a profondément affecté, ce que je peux comprendre, moi-même ayant perdu mon papa. Après l'enterrement, il m'a confié vouloir partir en Italie pour retrouver ses origines. Je pensais l'accompagner, mais non... Je m'étais trompé. Il voulait se retrouver seul. J'étais très atterré, mais je pouvais comprendre. Seulement, l'accepter était une chose beaucoup plus complexe pour moi. Je lui ai promis de l'attendre et c'est ce que j'ai fait pendant trois longues années. Je pensais qu'il me contacterai de temps en temps, mais non. Et comme je ne savais pas où il se trouvait, je n'avais pas ce moyen non plus. Quelques semaines avant son retour, j'étais plus que mal et je me baladais dans le parc. Puis, un Préfet de Serpentard m'a bousculé sans le vouloir, Jude Hopkins. Il semblait particulier de prime-abord, mais il est gentil en fait. Il m'a conseillé sur mon histoire avec Jackson et j'ai voulu le prendre au mot. Il me disait que je devais profiter, m'amuser. Je comprenais que je devais aller voir ailleurs, puisque techniquement, je n'étais plus vraiment en couple. Alors je me suis laissé emporté et j'ai embrasser Jude. Il ne m'a pas repoussé de suite, mais ça l'a visiblement troublé et il s'est... enfuit. En même temps, j'ai été c*n pour faire une chose pareille. Je m'en veux encore et depuis, il ne me parle plus. On se croise à peine en cours et dans les couloirs. On se regarde à peine et c'est tout. Jackson est revenu, mais j'ai décidé de le quitter, parce qu'il m'a fait trop de mal. Je ne peux pas lui pardonner un tel acte, même si je comprends son envie irrépressible de retrouver ses origines. Il y a des manières de le faire sans détruire ceux qui vous aiment...

Cette conclusion m'arrache les larmes des yeux. Toute cette histoire n'a fait que remonter de lointains souvenirs enfouis en moi, des souvenirs qui font mal. Malgré tout, j'ai réussi à en parler et c'est ce qui compte. Jennifer comprendra peut-être ma réaction vis-à-vis de Jackson, ou non. Mais selon moi, j'ai fait le bon choix. En tout cas, je l'espère. J'essuie mes yeux, presque couvert de honte. Je suis sensible comme garçon, mais c'est ma nature.