Pendant que Daisy partait chercher le souafle, Castielle en profita pour se refaire une constance. Bon, un but de marqué, c'était pas la mort ? Puis, comme elle l'avait dit, tout était la faute du handicap qu'elle s'était imposé. Rien de plus ! Tout était parfaitement logique et normal dans cette situation. Pourtant elle ne pouvait s'empêcher d'avoir une sorte de brûlure dans le creux du ventre, sûrement là où s'était réfugié sa fierté blessée, en tain de ruminer. La préfète ne s'avouait pas vaincue pour autant. Elle se trouva une excuse de plus ; en fait, c'était à cause de l'effort musculaire pour garder son oeil fermé. Voilà tout ! Ça avait forcément une incidence ! En réalité, si elle avait son oeil masqué sans effort, ça changerait tout, elle essayait de s'en auto-persuader.

Sortant sa baguette d'une poche intérieure prévue dans tout équipement de Quidditch qui se respecte, la Poufsouffle lança un #Accio informulé. Une seconde d'hésitation avant de la ranger, puis un deuxième sortilège est lancé à son tour, un sourire espiègle se dessinant en même temps sur les lèvres de la batteuse. L'arme magique de retour dans sa poche, il n'y avait plus qu'à attendre. Le jeu allait prendre une tournure particulièrement amusante.

Les éléments mystères en chemin, Castielle trépignait d'impatience et ne le cachait pas le moins du monde. De toute manière, la nuit était tombée et seules les lumières émanant des vitres de l'école illuminait l'obscurité de quelques touches orangées. Les humains et leur préoccupation constante de repousser les ténèbres, une allégorie.

Retour dans le jeu : la poursuiveuse du soir revenait à l'attaque. Comme prévu, elle se remettait dans une bonne position avant de feinter jusqu'à se décider à tirer. Castielle la suivait, de ses deux yeux cette fois, allant et venant d'anneau en anneau, tel un poisson faisant le tour d'un tout petit bocal rectangulaire. Elle n'était pas gardienne depuis une demi-journée qu'elle en avait déjà ras la casquette. Qu'il est ch*ant ce poste ! On se tourne les pouces, on bouge pas et quelques fois on doit frôler la crise cardiaque pour se précipiter et bloquer un tir. Non vraiment, les anneaux ne faisaient en rien concurrence aux cognards, y avait pas photo ! La Pika pourrait se dire alors qu'elle avait bien de la chance d'occuper le seul poste qu'elle estimait amusant de toute l'équipe mais non, pour elle s'était normal qu'elle soit batteuse. Qui serait assez stupide pour la mettre ailleurs de toute manière ? Ce serait comme avoir une F1 et l'envoyer faire du karting ! Absurde !

Le nez levé vers son adversaire, Castielle réagit au quart de tour. Daisy disparaît de son champ de vision aussi vite qu'elle y était apparu et la jeune femme eut un réflexe de batteuse très caractéristique : au lieu d'attraper le souafle et de le garder en main pour le relancer, comme elle aurait du le faire, elle lui donnant un bon coup de poing. Alors. D'un côté c'est efficace : le but n'est pas marqué. D'un autre.... vous avez déjà tapé dans un ballon envoyé à toute vitesse dans votre direction ? « Ça fait - », comme le hurla Castielle dans un américain particulièrement salé, « - mal sa m*** pu*ain de ***** !!! ».

Le souafle retomba aux pieds des anneaux, la main de Castielle secouée comme si ça pouvait faire disparaître la douleur plus vite et enfin la Co-Capitaine vit où se trouvait son attaquante : en dehors des lignes réglementaires. Malgré les lancements dans ses phalanges, Castielle ne fit pas remarquer le hors jeu à sa cadette. Elle savait que la blondinette n'avait pas pu l'ignorer et puis c'était pas étonnant à cette vitesse et avec ce balai qu'elle montait.
« Kshhh Grrr Shhhhh. » bruit étrange que les gens font quand ils ont mal. La batteuse déroula ses articulations de la main pour les remettre en place. Quelques craquements sous les gants mais rien de cassé, juste un mauvais coup à encaisser. La sorcière en avait connu d'autres bien pires que celui-là. « Bon, te faut clairement un nouveau balai. Normalement on devrait en recevoir dans pas longtemps. ». Ré-équiper les Pikas, c'était une discussion qu'elle avait eu avec sa collègue désormais disparue, avant le drame. Jade voulait même aller plus loin et carrément organiser un système de Cheerleading. Étonnamment, malgré les origines ricaines de notre héroïne, cette idée ne l'avait pas plus emballée que ça. Castielle avait depuis longtemps un regard assez péjoratif sur les Cheerleaders... Mais Jade y tenait vraiment. Peut-être qu'elle reconsidérera la question, du coup...

« Bon, c'est rien. Reprends le souafle et cette fois va jusqu'aux anneaux adverses et attends mon top départ. »
Un sifflement fendit l'air autour des deux joueuses : les accessoires mystères arrivaient en force !
De sa main non abîmée, Castielle réceptionna sans mal ses deux trésors : un cache-oeil sorti tout droit des tiroirs privés de Cojocaru et un sachet de bavboules confisquées depuis un bail et qui prenaient la poussière dans la salle des Préfets.

C'est maintenant qu'on va s'amuser !

héhéhé:

J'ignore sa remarque sur mon balais (Je ne peux rien y faire de toutes façons, j'ai l'équipement que j'ai) et j'écoute ses instructions en  fronçant les sourcils derrière mes lunettes de protections.

Elle est sérieuse là ?? La pénombre va rendre la détection des billes impossibles.  Pfff. Je reconnais là son sadisme. Qu'est-ce qui m'a pris de voir si elle avait besoin d'être consolée déjà ?

Dans le fond, c'est pas l'idée d'être couverte de liquide de bavboule qui me débecte. J'ai jamais été chochotte, me salir me fait pas peur. J'ai littéralement plongé mes mains dans de la bouse de dragon il y a peu, sans que personne m'y oblige.  C'était dégueu mais il y avait pas de quoi en faire une histoire. Non, ce qui m'ennuie vraiment c'est que ce soit Castielle qui utilise cette méthode et qu'elle s'amuse à me voir me salir. Je n'ai aucune envie de lui faire ce plaisir et pourtant ça me parait inévitable.

Je la devine sourire de loin. Pfff. Bon allez. C'est un mauvais moment à passer. Je vois mon entraîneuse du jour lever la main. Je me tiens prête.  Aussitôt que la préfète baisse la main, je démarre.

Une première bille vole dans ma direction. Pas bien rapide. C'est un coups d'essai. Je vire de bord avant de me la prendre. J'ai largement, le temps de manœuvrer. Je prie juste pour que Cassie n'ait pas pensé à leur donner un effet boomerang par je ne sais quelle magie, parce que j'ai pas d'yeux derrière la tête !

Je vois Cassie faire partir plusieurs autres partir dans ma direction. J'ai bien du mal à les distinguer. Je plonge vers le sol. Si je maintiens Castielle en hauteur, je devrais mieux voir les billes m'arriver dessus grâce au ciel pas encore tout à fait sombre. Malheureusement, moi je suis habillée avec un grand pantalon blanc et un pull rayé jaune et noir. Aucune chance qu'elle me loupe dans la pénombre , malgrès le cache oeil idiot qu'elle s'est mise je ne sais pas trop pourquoi. Un Cosplay de Madame Cojocaru ? Je préfère la vraie ...

Un projectile me frôle. Il manque de peu de m'avoir. Ah bon sang, elles vont pas toutes droit ces saletés ! De mieux en mieux. Je commence du coups à zigue zaguer, à changer de hauteur régulièrement pour "esquiver". Mon balais n'est pas un modèle de stabilité, chaque virage sec me secoue.  Entre l'obscurité et le cahot du vol, je renonce à essayer de repérer et d'anticiper les trajectoires. Je me concentre sur mes manoeuvres d'évasion, comme un pilote de vaisseau au milieu d'une bagarre stellaire ! (Oui bah, on a les références qu'on peut ... J'adorais les jeux videos Moldus). Ça a presque quelque chose de grisant ! Jusqu'à ce que SPLAT, un projectile me jute littéralement à la figure et m'éclabousse les cheveux de cette substance gluante. Pouah, m*rde !

Je redresse brutalement et change mon rythme de zig zag, histoire d'être un peu moins prévisible. Je continue d'essayer de traverser le terrain dans la direction de Castielle, mais plus je me rapproche, plus la densité de projectiles à esquiver semble augmenter. C'est obligé, elle a trouvé un moyen de rappeler ses bavboules pour en disposer d'autant. Elle doit se démener avec sa baguette comme une chef d'orchestre pour gérer tout ça. Mais j'ai pas le temps de regarder ce qu'elle fait ! Une nouvelle boule vient vomir son jus de bourbe sur le flanc.

*Mayday mayday ! Yellow one touché ! Do a barrel roll ! *

Tiens, pour une fois les pensées parasites qui peuplent mon imagination me donnent une idée. Je tente la manœuvre ! Je agrippe au balais et fait partir mon engin dans une vrille plus ou moins maîtrisée. Le sol, le ciel, le sol, le ciel, ça tourne ! Ça secoue rudement, je suis cramponnée à mon balais, serrant les cuisses autour du manche en bois, les mains grippées sur le manche et les bras raides comme des piquets. Je dois tenir bon ! Les anneaux ne sont plus très loin devant moi.

Je rétablis tant bien que mal mon assiette. Je sens quelque chose de gluant me couler derrière l'oreille. *Yerk. Attends un peu voir Castielle. A sournoise sournoise et demi. Moi aussi je peux te jouer des tours de cochon.*

Je cabre soudain mon balais et file droit à la verticale ! Malheureusement mon vieux Nimbus 3000 manque de "peps" pour faire ça de façon aussi fulgurante que je le voudrais. Conséquence de quoi je me fais toucher de nouveau par un projectile. Je suis plus à ça près. J'atteint rapidement un apic au dessus du terrain, à une quinzaine de mètres à peine de Castielle. Je cherche même pas à me diriger vers un autre anneau que celui qu'elle garde. Et arrive ce que j'attendais : elle me rebalance une bavboule droit dessus. Sauf qu'au lieu de l’éviter celle là, je fonce dessus ! J'étend le pied au moment ou je passe à côté du projectile infâme et lui décoche un coup de pied magistral. SPLAATCH. Une explosion mouillée et gluante macule ma botte, renvoyant un nuage de gouttelette en direction de Cassie en contrebas ainsi que le projectile cracheur que je renvoie droit vers l'envoyeuse. Simultanément je poursuis sur ma lancée et lance  mon souaffle avec un léger lob, dans "l'angle mort" de la gardienne.

Je m'immobilise juste après le lancer, dégoulinante de jus mais affichant un sourire triomphant. *Haha ! Je sais pas si tu va l'arrêter celle-là mais bon courage pour éviter le jus de bavboules qui va avec !*

Comment vous dire qu'à ce moment-là Castielle se sentait incroyablement bien ? Tranquillement assise sur son balais, les jambes détendues dans le vide, une main piochant une bille et l'autre l'envoyant valser comme une fusée en direction de sa cible. Et ça enchaînait : une, deux, trois ! Le sachet de bavboules se vidait plus vite qu'un pop-corn moyen partagé entre deux personnes lors de pubs trop longues avant le lancement d'un film, c'est dire ! Toutes celles qui n'avaient pas explosé étaient rappelées à la case départ pour repartir aussi tôt en course, pfiou! pfiou! pfiou!
Quelque part, on pourrait dire que c'est jouissif mais ça semble encore un peu en deçà de la réalité. Malheureusement Castielle ne connaissait pas de mot exprimant quelque chose de plus jouissif que ce mot-là, alors on fera avec.

Son monde à moitié plongé dans le noir complet et l'autre dans l'obscurité un peu moins complète, la préfète riait de bon coeur en voyant sa petite poursuiveuse gigoter dans tous les sens pour ne pas être touchée. Elle se débrouillait bien malgré la difficulté de la situation et du sadisme des règles du jeu. La Pika suivait consciencieusement le parcours de Daisy tout en ne cessant de la bombarder. En situation réelle de match, l'ennemi est partout, surtout en tant que poursuiveuse. Les batteurs te prennent pour cible, tu te fais attaquer par tes homologues adverses et subit la pression de tes collègues plus le stress d'avoir la quasi entière responsabilité du match et de son score sur les épaules avant que le vif d'or ne soit repéré. Une fois le cochonnet en ligne de mire de ton attrapeur, tu deviens d'un coup invisible mais ça n'enlève rien à l'importance stratégique de ton poste. Alors avec tout ça, il faut être rapide, souple et surtout s'attendre constamment à s'en prendre une d'un côté comme de l'autre ! C'est ce sentiment d'être constamment sous un feu nourri et seule contre l'injustice que Castielle voulait faire goûter à la blondinette. Un simulation faite avec les moyens du bords.

Et puis aussi : c'était marrant. On va pas se mentir.

« AHaha Whooou ! » et voilà que la petite joue les toupies ! Elle tourne tellement vite sur elle-même que Castielle est surprise de ne pas la voir régurgiter son repas du soir. C'était impressionnant et aussi atypique. Les munitions fusent et la sorcière commence à avoir mal au poignet à force de les envoyer à travers le terrain d'un petit coup sec à chaque fois.

La blairelle se serait bien plut à Serdaigle, vu son amour pour les hauteurs. Ce n'était pas la première fois durant ce petit entraînement improvisé qu'elle appliquait la technique de prendre de la hauteur avant de se lancer. Ce n'était pas une mauvaise stratégie en soi mais quand on la répète trop souvent on fini par devenir prévisible. Apparemment, cette leçon-là, Wellington ne l'avait pas comprise. Tant pis pour elle : Castielle lui envoie une belle bille directement sur sa position, il va falloir bouger vite avant de pouvoir espérer tirer !

Sauf que.
Plot twist.

Une pluie de substance dégoûtante s'abat sur la préfète qui a, naturellement, le réflexe de se protéger avec son bras. Oh, ce truc schlinguait nettement plus que ce qu'elle s'imaginait. C'était même pire que ce qu'on lui avait dit ! Les billes devaient être périmées à force de rester au fin fond d'une armoire perdue chez les Préfets, oups.
Daisy avait été maline, très maline ! Attaquant de front plutôt que d'esquiver. Mais surtout : elle avait retourné des règles imposées à son désavantage pour en faire un avantage. C'était tellement beau que Castielle en tirerait une larme de fierté si elle n'avait pas déjà suffisamment pleuré ces derniers jours. Oui, ce but-là, elle l'avouait volontiers : il était bel et bien réussi.

« Joli ! Très joli ! », saluant la stratégie de son adversaire Castielle redescend doucement sur la pelouse. Elle secoue sa manche maculée de tâches de bavboules, sans succès, avant de faire revenir le souafle à elle, dele remettre à sa place et refermer la malle d'un avant dernier coup de baguette.
« C'était bien joué, Well- Daisy. »
Les lumières au bas du château commençaient à faiblir tandis que celles d'en haut ne bougeaient pas. Il était temps de rentrer, sa condition de préfète lui donnait des passe-droit, elles n'auront pas de problèmes mais tout de même mieux valait ne pas exagérer.
Donnant une tape dans le dos de sa cadette avant de faire léviter la malle pour la ramener aux quartiers de l'arbitre.
« Attend-moi là. Je remets ça à sa place et on ira se débarbouiller après. »

Avec plus d'entraînement et un bon balai, elle pourrait bien faire l'affaire, la petite Pouffy.

Joli ? très joli ? Bien joué ? Encore essoufflée, je regarde Castielle l'air éberluée et incrédule.

Vraiment ? Elle disait ça et c'était pas un piège ? Je mets quelques secondes à réagir et je me pose à mon tour, pour lui emboîter le pas, enthousiaste. J'ai des crampes partout, je pue la vieille bavboule et j'ai un mal de chien à l'épaule. Mais rien que pour entendre ça, ça valait le coups ! L'approbation de Cassie, par les temps qui courent, c'est le cadeau le plus précieux qui soit !

Balais sur l'épaule, j’emboîte le pas pour suivre ma potentielle future co-capitaine. La douche chaude nous tend plus que jamais les bras ! Et puisque je suis accompagnée d'une préfète, je vais pouvoir prendre tout le temps du monde sans angoisser à l'idée de griller le couvre feu.

Et vous savez quoi ? Pendant tout ce temps, à aucun moment, ni elle, ni moi n'avons ressassé nos idées noires. Et ça aussi, c'est une sacrée réussite !





[HJ : Merci pour ce rp ! Je pense qu'on peut le clôturer là ]