Je suis à la poursuite de mon rêve, à la poursuite de ce qui m'obsède depuis mes 10 ans, depuis que Maman est partie rejoindre les anges. Je veux soigner tout le monde, trouver un remède à sa maladie, apaiser les corps et les cœurs de ceux qui ont mal et qui doivent subir une maladie ou accompagner un proche qui en subit une. Tout ceci, la Médicomagie, est mon rêve depuis maintenant 10 ans et c'est pour le réaliser que je suis entrer après Poudlard dans une école afin de devenir Médicomage.

Et aujourd'hui, c'est l'un de mes premiers jours directement à Hôpital Ste-Mangouste. Accompagné d'un Médicomage aguerri qui restera avec moi pendant toutes les consultations et me guidera si nécessaire, je vais véritablement soigner des gens et pouvoir appliquer tout ce que j'ai pu apprendre pendant ces derniers mois avec les cours et aussi ce que j'ai appris par moi-même dans tous les livres de Médicomagie que je pouvais me procurer à Poudlard ou sur le chemin de traverse.

Autant vous dire que je suis assez excitée et nerveuse. J'espère que je ne vais rien rater, j'espère que je vais faire les bonnes analyses et permettre à des gens d'aller mieux ou d'être rassurés. En tout cas, on ne peut pas dire que je sois malheureuse : bien que l'ambiance de l'Hôpital me rappelle la perte de ma mère, je l'associe surtout à cette grande joie que j'ai de pouvoir vivre mon rêve et d'être auprès des personnes qui ont besoin de moi. Et du coup, j'ai un léger sourire qui reste collé à mon visage depuis ce matin.

Nous avons déjà vu quelques personnes, des cas assez simples pour commencer, et jusque-là, mon accompagnant faisait les consultations mais en me demandant mon avis, et je crois que je m'en suis plutôt bien sortie. C'est donc avec confiance que j'entre derrière le Médicomage dans une nouvelle salle de consultation pour un bilan général cette fois-ci. Je révise mes sorts dans ma tête, faisant comme si c'était moi qui allait l’ausculter, mais me stoppe quelques secondes en voyant les personnes dans la salle.

Puis, comme si je me réveillais d'un sommeil étrange, un grand sourire naît sur mon visage. Je reconnais l'adulte dans la pièce, c'est Malicia, mon ancienne prof de Potions à Poudlard, qui m'avait une fois amenée pour un voyage à Paris lors de vacances où je devais rester à l'école puisque ma grand-mère n'était pas disponible. A l'époque, elle était enceinte et je crois que le petit bonhomme dont nous allons faire le bilan est celui qui était dans son ventre à cette époque-là. Qu'il a grandit ! Le temps passe...

- Miss Evans ! Heureuse de vous revoir !

Je me tourne alors vers Enzo, un grand sourire aux lèvres.

- Bonjour toi !

Le Médicomage me jette un regard à moitié surpris et fait un aller-retour entre elle et moi. Puis, comme si rien ne s'était passé - ou presque - il commence son baratin habituel.

- Bonjour Madame. Nous sommes ici pour faire un bilan de santé à ce jeune-homme, si j'ai bien compris ? Voyez-vous un inconvénient à ce que l'étudiante en Médicomagie ici présence, Harmony, reste pour la consultation et fasse éventuellement quelques manipulations, sous ma supervision évidemment ?

Tiens, c'est la première fois qu'il propose que je fasse des manipulations pour des patients. Je ne vais pas m'en plaindre, clairement, mais je suis quand même étonnée. Peut être est-ce parce qu'il a compris que je la connaissais et qu'il pense donc qu'elle acceptera plus facilement ? Et en même temps, il s'agit de son fils, donc je serai peut être plus nerveuse qu'habituellement, je ne dois vraiment pas me planter. Je fais donc un sourire légèrement nerveux et attend la réponse, ne sachant pas trop comment agir.

Une chose est sûre : je suis là où je dois être.

Son sourire me rassure et me fait chaud au cœur. Cela me fait très plaisir de revoir mon ancienne professeure mais a priori, le plaisir est partagé. Et son fils... J'ai du mal à croire que cela fait déjà 6 ans depuis la dernière fois que nous nous sommes vu, j'ai du mal à me rendre compte de cela, et en même temps, avec tout ce qui s'est passé, ce n'est pas étonnant. Ma morsure, la rencontre de Megan, puis sa disparition, la rencontre de Lara, la fin de mes études à Poudlard, le début de celles de Médicomagie. Je ne suis plus la petite étudiante timide dont les yeux brillaient d'admiration devant elle. Ou en fait, peut être que si, je suis au fond restée la même, avec une petite part d'ombre en plus : la Bête.

En tout cas, cette marque de confiance me fait très plaisir, d'autant plus quand elle affirme au Médicomage après son blabla habituel qu'il n'y a aucun problème pour que je fasse le bilan. Elle me lance un sourire, que je lui rend aussitôt, sentant mon cœur et mon esprit plus léger de cette réaction. Il faut donc faire un bilan de santé. Je grimace intérieurement, me rendant compte que malgré tous les sorts que j'ai révisé dans ma tête, il n'y en aura sans doute aucun d'utile pour un bilan de santé. Mais je vais m'en sortir !

Malicia nous informe que c'est la première fois qu'elle vient ici, et demande donc s'il est nécessaire qu'elle nous expose la situation. Après un geste de tête du Médicomage, je vais rapidement attraper un formulaire pour créer un dossier médical, prenant au passage une plume à système autoencreur fournies par l'Hôpital pour remplir les nouvelles fiches, et je me mets face à mon ancienne professeure et son fils. Le Médicomage se recule d'un pas et je comprends alors que je vais devoir reprendre le flambeau. Un sourire fier s'affiche sur mon visage.

- Oui, je veux bien. Nous aurions besoin de savoir toutes les informations basiques : prénom, nom, âge, mais aussi les antécédents médicaux et tout ce qui vous semblerait utile de préciser. Et qu'est-ce qui vous amène aujourd'hui pour ce bilan de santé ? Simple contrôle de routine ?

Après avoir fait ma tirade, je souris à Malicia. J'aimerais aussi pouvoir occuper son fils, lui donner un jouet pour que ça semble sans doute moins long pour lui, mais je ne crois pas avoir quelque chose à portée. Un peu déçue, je me contente d'abord de le regarder et de lui adresser à lui aussi un sourire avant de me rendre compte qu'il peut sans doute répondre à certaines de mes questions étant donné qu'il est déjà assez grand pour ça. Je me penche alors vers lui, pour me mettre à sa hauteur, toujours un sourire sur les lèvres.

- Bonhomme, est-ce que tu peux me dire comment tu t'appelles et quel âge tu as ?

J'espère que je n'en ai pas fais trop, j'avoue que je n'ose pas trop regarder le Médicomage pour savoir s'il approuve cela ou non. Je panique alors un peu intérieurement. Et s'il ne pouvait pas parler ? Et s'il ne voulait pas parler ? Et si je lui faisais peur ? Aaaaaah, je n'aurais peut être pas du être aussi entreprenante. Il y a tellement de choses qui pourraient ne pas aller. Bon, je ne me suis pas mise trop proche évidemment, mais on ne sait pas ?

Plus qu'à voir leurs réactions à tous...

Il semble tout timide quand je lui pose la question directement et cela me fait sourire d'autant plus. Il est très attendrissant ce petit, et j'apprends donc de sa bouche qu'il s'appelle Enzo et qu'il a 6 ans. Heureusement, Malicia prends vite la relève en me disant la suite des informations que je veux avoir, à commencer par son nom de famille.

Keats Evans
Keats
Comme Lui

Mon visage devient blanc quelques secondes mais très vite, je me ressaisie. Peut être est-ce quelqu'un d'autre ? Et étonnement, je ne le penses pas. Et dire qu'il y a des liens si resserrés entre ceux qui ont changé ma vie en bien, et ceux qui l'ont changé en mal à un certain moment de mon existence. Je n'en avais aucune idée.

En tout cas, l'évocation de la métamorphomagie est à la fois une information importante à noter et une confirmation qu'il est bien celui que je pense. Mes dernières rencontres avec iel, bien que datant de quelques années aussi, ne peuvent cacher ce fait. Iel a aidé Megan à l'époque après tout.

Je note toutes les informations sur mon parchemin et quand je relève la tête, mon sourire est pleinement revenu, comme si rien ne s'était passé. Et je me concentre alors sur ce que j'ai entendu, ce que j'ai analysé et donc ce que je dois lui conseiller. Chez les métamorphomages, les émotions sont importantes pour le contrôle de leur don - je l'ai vu avec Lara -, mais il ne faut pas s'inquiéter de manifestations étranges.

Je me laisse distraire encore quelques secondes en entendant qu'iel n'est pas là pour aider. Est-il simplement parti ou est-il... mort ? je ne sais pas du tout si cela m'apporterait du réconfort, honnêtement. Sans doute pas, malgré tout ce qui s'est passé. Mais ce bonhomme mérite toute mon attention pour que sa mère puisse recevoir les meilleurs conseils possibles afin qu'il se sente bien dans sa peau en grandissant. Donc je me reconcentre de nouveau.

Ils ne viennent que pour un contrôle de routine, mais le petit n'a pas eu un début de vie facile. Je pense qu'il pourrait vouloir en parler. Ce n'est jamais facile d'en parler au début, mais peut être que ça le soulagerait, s'il a du mal à s'exprimer et à faire confiance. Après, est-ce une bonne idée d'infliger ce genre de chose à un si jeune enfant ? Il ne semble y avoir rien de mal avec Enzo, il est simplement un peu timide, mais ça se travaille.

Je réfléchis tout en finissant de remplir le dossier et le pose à côté quand j'ai fini. Je reviens ensuite face à Malicia et son fils et je regarde d'abord le plus jeune, puis celle qui requiert nos conseils. Je lui souris, comme pour la rassurer, puis j'essaye de bien formuler mes pensées. En espérant que ce soit effectivement ce qu'il faut faire.

- Pour le côté Métamorphomage, vous avez peut être remarqué que de fortes émotions pouvaient provoquer des changements chez Enzo ? C'est normal pour lui et il apprendra à contrôler ce don avec le temps. Il est important de lui faire comprendre que ce n'est pas un problème chez lui, simplement l'expression de son don. Pour son enfance, je ne peux que vous conseiller de passer du temps avec lui, et de faire attention à son bien-être pour voir s'il s'intègre bien avec les autres enfants - ou adultes -, ou si cela a pu le perturber. Si vous pensez que cela peut être le cas, nous pourrions vous proposer d'en discuter avec quelqu'un de plus spécialisé qui saura l'aider à s'ouvrir un peu plus. Pour le développement physique, nous allons pouvoir vérifier cela tout de suite.

C'est beaucoup à encaisser, je sais, et j'ai quand même sous-entendu que si besoin, il pouvait en parler à quelqu'un. Tout le monde ne prend pas forcément bien ce genre d'informations, mais j'ai essayé d'être le plus amicale possible, sans pour autant en perdre mon professionnalisme. Cet enfant me semble en parfaite santé bien qu'un peu timide, mais c'est tout à fait normal quand on rencontre une personne pour la première fois. Après, je suis loin d'être une experte la-dedans.

- Et si vous avez la moindre question, la moindre demande d'éclaircissement, n'hésitez pas, nous tâcherons d'y répondre au mieux.

J'ai très envie de tourner la tête vers le Médicomage, mais je ne le fais pas car je pense que s'il ne m'a pas arrêté, c'est que j'ai du donner de bons conseils peut être ? Il m'aurait sans doute rectifiée si je disais des bêtises, car il ne faudrait pas qu'une personne reparte énervée ou embêtée des conseils qu'une stagiaire aurait donné sous sa supervision.

- Maintenant, si cela vous va, nous allons prendre les mesures d'Enzo. Sa taille, son poids, et voir où il se place par rapport aux autres enfants du même âge.

Je souris, invite la mère et son fils à se diriger vers le premier appareil. Parce que oui, les sorciers n'ont pas encore de sorts pour mesurer taille et poids, il faut donc faire la bonne vieille méthode moldue. Heureusement pour moi, tout cela me semble familier. Il y aurait bien eu un mètre ruban magique qui aurait pu aider normalement, mais nous n'en avons pas ici, je crois.

Pour le RP:

Le Médicomage acquiesce à la question de Malicia en apportant quelques précisions puis me laisse faire jusqu'à ce que j'indique à mon ancienne professeure et à son petit garçon l'endroit où mesurer, moldu à défaut de savoir si on possède un mètre-ruban et si oui, où il se trouve. Il indique alors d'un geste l'endroit où se trouve le précieux outil et je vais le chercher avant de commencer à prendre les mesures du petit garçon.

Le temps passe et les examens aussi, et bientôt, tout est fini. J'ai essayé de tout faire pour mettre à l'aise Enzo, mais je ne suis pas complètement sûre d'avoir réussi. Normal en même temps. Enfin en tout cas, j'ai fini tout ce que je devais faire et ça, au moins, ça doit le rendre heureux. Il va enfin pouvoir partir de cet endroit. Le résultat d'ailleurs, que je donne à Miss Evans, c'est qu'a priori il est assez grand et plutôt mince pour son âge, et qu'il est en parfaite santé. Il pourrait prendre un peu plus de poids, mais ce n'est pas une obligation, surtout à 6 ans. Il aura le temps et l'occasion d'évoluer.

Mais alors que mère et fils allaient partir de la salle, et que je me rends compte qu'ils étaient mes derniers patients de la journée, une idée s'impose dans mon esprit. Je me dis que, peut être, nous pourrions rattraper le temps perdu ? Je ne sais pas trop ce que l'on pourrait se raconter mais après 6 ans, je peux peut être lui raconter mon parcours ? Ou elle, ce qu'elle a fait après avoir quitté son poste de professeure de potions ?

Alors dans une impulsion de courage, je lui demande si elle a un peu de temps après cette consultation et si elle accepterait que je me joigne à eux pour une promenade, un café ou autre chose qui plairait à Enzo et à elle. J'ai du temps libre, et ça me ferait plaisir d'avoir de ses nouvelles.

Pour mon plus grand bonheur, elle accepte, et me voilà vite partie me changer, retirer ma blouse et récupérer mes affaires avant de les retrouver à l'entrée de St Mangouste et de les suivre.

Nous voilà alors un peu plus tard à nous balader sur le chemin de traverse, tranquillement. Mon humeur est beaucoup plus légère, beaucoup moins sérieuse. Après toutes ces consultations en même temps, j'ai le droit de redevenir un enfant. Parfois, être adulte, c'est bien plus compliqué que ce qu'il paraît. Moi, la rêveuse, je dois m'ancrer fermement les pieds sur terre afin d'être la plus efficace possible mais quand je ne révise pas mes cours de Médicomagie ou que je ne travaille pas au Chaudron Baveur, ou encore que je ne suis pas à St Mangouste, j'ai envie - j'ai besoin - de retrouver mes nuages et mes rêves.

C'est sans doute pour ça que, telle une enfant, je bondis alors de pavé en pavé, comme si j'étais revenue 6 ans en arrière. Un grand sourire s'affiche sur mon visage et je me retourne alors, face à la mère et surtout face à Enzo, et me penchant un peu, je lance un sors qui, j'espère, lui arrachera un sourire.

- #Aqua Fullonum

De nombreuses petites bulles sortes de ma baguette et viennent s'envoler dans les airs après être passées devant le petit garçon. Pas trop près, je ne tiens pas à faire éclater les bulles dans ses jolis petits yeux, mais assez proche pour qu'il puisse vouloir les attraper, si cela l'amuse. Souriant d'un sourire enfantin et les yeux pétillants de bulles de bonheur, je me tourne alors vers Miss Evans - Malicia. J'hésite un peu à la tutoyer, maintenant que nous sommes sortis de l'hôpital, mais je crois que je n'ose pas.

- Alors, comment allez-vous ? Cela fait si longtemps, et pourtant j'ai l'impression que c'était hier que vous me donniez ce livre de potions médicomagiques... Je l'ai encore, d'ailleurs. Je le garde précieusement

Je ne sais pas trop quel sujet de conversation lancer, mais j'aimerais prendre des nouvelles de cette professeure qui m'a tant aidé par le passé, tout en n'ennuyant pas trop son fils qui ne doit pas trouver l'idée d'une conversation adulte très amusante.

Alors être une enfant-adulte, le temps d'une promenade, je peux le faire non ? Une personne aux deux visages, aux deux âges, qui serait capable de faire de la marelle tout en discutant de passé et d'avenir comme le font les grandes personnes.

Ou nous pourrions tous être des enfants
Juste le temps de quelques heures

Un rougissement et une moue penaude s'emparent de mon visage à la réflexion que nous pouvons nous tutoyer. Elle a raison, et je le sais, mais en sachant qu'elle a déjà eu un pouvoir autoritaire sur moi - dans le sens où elle était ma professeure - il m'est difficile de passer au tutoiement. Mais après tout ça, maintenant que Poudlard est fini et que je suis dans la vie active, c'est vrai que je vais tacher de le faire plus.

Et quand elle semble heureuse que j'ai gardé son livre, tout en reposant la question comme si elle n'y croyait pas, j'acquiesce de la tête, toute fière. Ce livre, je l'ai feuilleté un bon nombre de fois, et j'ai fais plusieurs fois chacune des potions qu'il contient. Pendant de nombreuses années d'ailleurs, je le trimbalais presque partout avec moi. J'y tiens beaucoup, il montre le soutien qu'elle a eu envers moi quand je voulais réaliser ton rêve. Il montre que je n'étais pas seule. Que je ne le suis toujours pas.

Puis elle dit qu'elle va très bien, ce qui accroche des petits nuages à mon humeur, qui monte encore plus haut dans les airs que là où elle était déjà. Et quand je m'apprête à lui répondre sur tout ce que je fais actuellement, une petite tête vient près de nous, à juste titre puisque l'intégralité des bulles a disparu. Il a une moue boudeuse et le bout du nez mouillé, ce qui me laisse penser qu'il a dû se frotter d'un peu trop prêt à une bulle.

Et effectivement, il se plaint à sa mère d'abord que ce n'est pas rigolo puisqu'il n'y a plus de bulles. J'hésite à en refaire, mais je laisse d'abord l'échange se faire d'un regard attendri tout en voyant Malicia rire doucement. Ce petit garçon est adorable, et il doit d'ailleurs sans doute en jouer. Mais quand il se plaint d'avoir "super mal", je m'alarme légèrement avant de comprendre que c'est juste son vocabulaire d'enfant qui amplifie ce qu'il vit, le faisant même se retourner pour vous bouder un peu plus.

Honnêtement, je sens très bien qu'il va bien
Mais je m'imagine
Qu'il requiert sans doute juste notre attention

D'une façon ou d'une autre

Malicia s'excuse et propose un bisou magique, ce qui fait se retourner le petit Enzo. Je leur lance un nouveau regard attendri, un sourire sur le visage tandis qu'il acqu... secoue la tête ? Mais quel enfant refuse un bisou magique ? Une expression de pure surprise s'affiche sur mon visage quand il réclame un bisou de ma part, un sourire absolument craquant sur le visage.

Comment dire non à une bouille pareille ?

Je jette un coup d’œil rapide à Malicia pour vérifier qu'il n'y aucun souci de son côté et j'acquiesces, le sourire aux lèvres, me mettant à son niveau. Je rigole doucement quand il se tourne pour tirer la langue à Malicia mais je fini par lui faire le bisou tant attendu. Et avant que j'ai pu dire quoi que ce soit d'autre, il est déjà reparti. C'est qu'il est énergique ce petit, on dirait !

Je me relève alors doucement et, le cœur rempli d'un bonheur doux et moelleux, j'écoute son compliment qui me fait rougir et sourire encore plus - si c'était possible -.

- Je suis contente de m'être occupée de lui aussi et merci pour le compliment. Ça compte pour moi.

Pause silencieuse de quelques secondes pendant lesquelles je regarde Enzo se déplacer à droite à gauche avec toute l'innocence qu'un enfant peut avoir. Cela me fait chaud au cœur de voir ce petit garçon accompagner mon ancienne professeure.

- Ton fils est vraiment adorable...

Nouvelle pause, laissant place à l'observation et au silence finalement agréable.

- Du coup, en ce moment je suis Etudiante en Médicomagie et en même temps je travaille en tant que gérante au Chaudron Baveur. Et ça va, pour l'instant je m'en sors pas trop mal je crois. Et toi alors ? Qu'est-ce que tu deviens ? J'imagine que s'occuper de ce petit bout occupe déjà pas mal tes journées ?

Je souris en le voyant d'ailleurs revenir vers nous en courant et tendre ses petits bras. Quand je regarde un peu plus loin - de là où il vient - je vois deux personnes avec une petite au milieu en train de la faire voler dans les airs au fur et à mesure qu'ils marchent. Ses rires résonnent dans la rue et il n'est pas difficile de comprendre que le petit veut peut être faire la même chose.

Je jette un regard à Malicia, l'air de dire que ça ne me dérange pas de faire de même. Après, elle veut peut être simplement discuter.

Mais les deux sont cumulables.

Esprit d'enfant et d'adulte

L'atmosphère est emplie de rires et d'une atmosphère légère comme une barbe-à-papa. Et en même temps, le sérieux est présent puisqu'elle explique ce qu'elle fait actuellement après que je lui ai moi-même fait un petit récap de ce que je fais actuellement. Elle fait des recherches en potions tout en s'occupant du petit. Et elle veut revenir à Poudlard pour enseigner, ce qui fait pétiller tes yeux de bonheur.

- Je m'en sors pour l'instant, ne t'en fais pas. J'aimerais faire plus de recherches aussi, ça m'intéresse vraiment, mais c'est vrai qu'en ce moment, je n'ai pas trop le temps. Quant au fait que tu postules à Poudlard, c'est une très bonne nouvelle je trouve. Tu étais une excellente prof. En tout cas, tu m'as aidé à garder le cap pour atteindre mon rêve et c'est grâce à toi je pense que j'aime autant faire des potions.

Quand Enzo arrive en courant, on se met très vite d'accord et bientôt, le petit vole entre nous, courant quand il est sur le sol pour monter encore plus haut. Je rigole tandis qu'il essaye d'aller toujours plus loin, toujours plus haut. Ce petit est étonnant. En bien. Mais étant un enfant, il fini par se lasser - pour le plus grand bonheur de ton bras qui commence à être douloureux - et repart devant.

Et la discussion reprend

- Je comprends. Transmettre sa passion, aider les autres à avancer, partager quelque chose qu'on aime, c'est précieux. J'espère vraiment que tu auras ce poste.

Puis elle annonce qu'elle est mariée. Surement à Keats, d'ailleurs. Je déglutis, ne sachant pas trop si je dois la féliciter ou pas. Je lui ai pardonné bien sûr, mais c'est difficile de croire qu'une personne que j'admire tant est si proche d'une personne qui m'a fait tant de mal. Je ne sais pas si elle est au courant, ni comment elle le prendrait, alors je repousse au fond ce mal-aise que je ressens, et me concentre sur le reste de la phrase.

- Tant mieux s'il a un équilibre. C'est le principal. Mais j'espère aussi que tu es heureuse.

Je n'ai pas pu m'en empêcher. Lancer cette phrase, comme pour lui demander si la situation lui allait aussi. Elle est mariée, donc je suppose que tout va bien pour elle, mais je préfère vérifier. Instinct protecteur ? Peur liée au passé ? Je ne saurais expliquer ce qui m'a poussé à ajouter cette simple phrase, mais elle est dite. Libre à elle de rebondir dessus ou non.

- Moi... Moi je suis en couple depuis quelques années déjà, même si je suis partie pendant un an à l'étranger au milieu pour me retrouver. J'en avais besoin, j'avais peur de quelque chose que j'aurais pu faire. Ce n'est toujours pas facile, mais ce voyage m'a fait du bien.

J'hésite à lui révéler ma condition de Loup-Garou. Je pense pouvoir lui faire confiance, mais je ne veux pas que cela me retombe dessus. Après tout, les Loups-Garous ne sont pas les créatures les plus appréciées du monde magique. Alors, volontairement, je laisse ce point un peu en suspend, la laissant pousser les questions plus loin si elle le souhaite. Mais ayant aussi peur que la conversation ne se tarisse et ayant une question sur le bout de la langue depuis tout à l'heure, je fini aussi par la poser.

- Tu fais des recherches particulières pour les potions sinon ? Avec un but particulier ? Ou c'est plutôt général ?

Je songerais presque à lui proposer de faire quelques recherches ensemble si nos domaines se rapprochent assez et si elle a le temps et l'envie. Mais je n'ose pas trop, ne voyant pas trop ce que je pourrais lui offrir si elle acceptait et me disant que je n'ai peut être pas le temps nécessaire pour ça en ce moment. Surtout que si elle va à Poudlard, elle n'aura elle non plus plus vraiment le temps pour ça.

Donc tant pis.

J'avais peur que la conversation se tarisse, mais au final plein de sujets restent en suspend. Il y a tellement à dire et j'ai l'impression que le temps est limité. L'impression que cette bulle de retrouvailles va éclater à tout moment alors que je la laisserai bien en place toute la soirée

Pour rattraper le temps perdu

Des paroles sont échangées, je lui raconte une partie de ma vie en omettant certains détails tout en tendant une perche. Je pose des questions, je réponds à d'autres, j'analyse ses réactions, je regarde au loin Enzo et je souris devant sa jeunesse et son insouciance si touchantes.

Je suis contente d'avoir la chance de connaître ce bout de chou et sa maman

Je rougis au compliment sur mon assiduité mais je me stoppe net quand elle parle de ce qui m'est arrivé. Une sueur froide parcoure mon dos tandis que je réfléchis à ce dont elle peut parler. Ma condition de Loup-Garou ? Mais... Comment ?

Puis ça me frappe
Elle doit parler de Grand-Père...
Elle n'était plus là quand l'autre drame est arrivé

Je soupire légèrement, pas sortie d'affaire mais un peu soulagée. Pourtant, je lui fais confiance pour mon statut, mais j'aimerais qu'elle l'apprenne par moi et non par quelqu'un d'autre. Pour l'histoire de Grand-Père, j'avoue que je suis surprise que Léo lui en ait parlé. Et pourtant, quand elle me demande si je connais Léo, je doute.

Que sait-elle ?
Ai-je le droit de lui révéler que le père de son fils est le responsable de la mort de mon grand-père ?
Mais qu'il est pardonné ?

Je soupire un peu intérieurement en sachant que son mari n'est pas Léo. Et en même temps, j'ai mal au cœur de l'entendre me dire qu'elle se sent vide. Je comprends son sentiment, celui d'être attaché à une corde au dessus d'un ravin et de tenir uniquement grâce à la force de cette corde, sans que la principale intéressée n'en ai conscience. Je la comprends et en même temps, je ne veux pas lui dire tout ce que je sais. Je ne veux pas la blesser plus que ce qu'elle est déjà.

- Peut être que ça se fera avec son père ? Mais je te comprends, tu sais. Suite au décès de mon grand-père, j'avais perdu tout espoir. Je crois que la seule chose qui me gardait en vie était la peur. Puis ça a été la soif de vengeance. Donc c'était déjà bien moins sein que toi. En tout cas, si à un moment ça ne va pas, si tu as besoin de te confier ou même de souffler une soirée, n'hésite vraiment pas. Tu ne m'embêtes pas du tout et je suis contente que tu puisses en parler.

J'ai décidé de ne pas répondre à la question sur Léo, sciemment. Si la réponse l'intéresse vraiment, nous en reparlerons plus tard. Ou alors, elle insistera. Et alors, peut être lui révèlerais-je toute l'histoire. Mais vite, très vite, trop vite, je parle un peu de moi et j'en dis trop... Ou pas assez. J'ai dis dans un moment de confiance, dans un moment de partage, que j'avais peur de ce que j'aurais pu faire. Ce qui est effectivement la vérité. Mais comment justifier ça sans tout lui dire, sans tout lui avouer ?

- Je... Je... Je ne suis pas aussi inoffensive qu'on pourrait le croire. Quelque chose est arrivé à Poudlard, quelque chose... Qui pourraient pousser certains à me fuir s'ils savaient. Quelque chose... qui me rend dangereuse pour mes proches.

Je me sens si vulnérable, comme sur un fil au dessus d'un grand ravin avec du vent me soufflant dessus. Mon équilibre ne tient qu'à un fil et pourtant, je continue d'avancer, comme persuadée que de l'autre côté du ravin se trouvera une vallée abondante de fruits, de miel et de fleurs. Je ne sais ce qu'elle va répondre, ni si elle va deviner ce qui m'est arrivé. Mais... J'ai envie d'essayer de continuer de traverser ce ravin.

Peut être que je réussirai à atteindre l'autre bout

Du coup, je change de sujet. Je parle des recherches, complètement intéressée par ce qu'elle fait, et avec dans l'idée de travailler avec elle si elle le souhaitait. Ca serait si agréable de pouvoir partager l'une de mes passions avec l'une de celles qui l'a créée.

Je suis sûre que nous pourrions faire de grandes choses ensemble

- Si tu veux, pour tes recherches, je pourrais y jeter un œil ou bien te donner mon avis au niveau Médicomagique ? Je sais que je ne suis qu'une apprentie, mais quand je suis dans une impasse, ça m'aide toujours d'en discuter ou de changer de sujet de recherche pendant quelques temps. Je ne pourrais pas t'aider pour les tests malheureusement, mais si je peux t'aider autrement, n'hésite pas ! Et oui, c'est un peu ça les recherches, trouver la solution miracle au bout d'un temps de recherche qui semble infini, et sans comprendre comment on est arrivé jusque-là.

Je rigole légèrement. L'atmosphère est étrange : d'un côté lourde de l'autre légère, parfois emplie de non-dits et parfois avec des discussions à cœur ouvert. Mais une chose est sûre, je me sens bien. Je me sens en confiance et je pense que c'est réciproque. J'espère que ça l'est.

En fait je sens bien
Que je pourrais tout lui dire