Cupidon d'un jour... [Abandonné]

Saison 29, Printemps

LA accordé

C'était une belle journée de printemps, chaude et ensoleillée. Les élèves étaient pour la majorité dehors à bronze, réviser ou bavarder. Pour elle ça ne changeait rien, qu'importe le temps elle révise, ou accessoirement part faire un peu de sport. Pourquoi ce même programme qui semble si déprimant ? Tout simplement que sa soif d'écraser les autres avait pris le dessus, et qu'elle ne voulait pas perdre son temps à fréquenter qui que ce soit. Mais malgré ça la jeune femme avait souvent envie de s'amuser un peu.
Elle avait une attirance pour les potions, peut-etre un lien avec le fait qu'elle avait une prédilection pour la cuisine étant jeune, va savoir. En tout cas l'aiglonne prenait plaisir à récolter les ingrédients, concocter soigneusement la mixture, voir sa couleur et odeur se transformer. Mais ce qui lui plaisait le plus étaient d'en contempler les effets. Historia passe machinalement une main dans sa chevelure, surtout avec un résultat pareil songea-t-elle avec un sourire.

Alors c'est ainsi ce matin là, que la blonde descendit, sa potion dissimulée dans son sac, à la table des Serdaigle. Son visage, toujours froid et impassible n'avait pas changé, malgré sa joie profondément dissimulée en elle. Elle avait pris place calmement, en retrait comme à son habitude. Ses gestes étaient cependant plus lents et mesurés, mais une question subsidiait à qui ce breuvage allait-il être destiné ? Personne ne l'attire ici, bien au contraire. Alors ça n'aurait pas beaucoup d'importance au final.Son regard s’arrête sur une jeune fille, celle-ci semble se fondre dans la masse, alors dans un frisson d’excitation mêlé à de l'incertitude elle verse d'un geste habile la potion dans le contenu de son verre. Désolée pour toi, je ne sais absolument pas qui tu es, ni ton nom ou quoi que ce soit, à vrai dire je m'en fiche. Mais grâce à toi ma journée sera moins morose, et je saurai enfin si je peux faire une bonne maitresse des potions.

Et puis surtout je saurai ce que ça fait d’être aimée, vraiment aimée.

La journée avait pourtant bien commencé. Un réveil en douceur, de bonne humeur, le corps légèrement courbaturé par l’activité physique de la veille, ce besoin de courir en sentant le vent s’emmêler dans ses cheveux. La sensation lui avait manqué et elle s’était dit qu’elle ferait ça bien plus souvent désormais. Dans tous les cas, c’est toute pétillante que la jeune femme était descendue dans la Grande Salle pour le premier repas de la journée. Entre conversations énergiques et visages fatigués, l'ambiance était bonne de manière générale. C’est donc avec hâte qu’elle s’installe à côté de ses camarades et amis pour s’assurer que la journée baigne dans une ambiance optimiste et joyeuse. Quoi de mieux en cette saison ?

Évidemment, Soleya n’avait pas remarqué le geste barbare d’une de ses camarades de maison. C’est donc tout à fait inconsciemment et sans se douter de quoique ce soit qu’elle avale son verre d’une traite. Elle ne se rend pas compte qu’elle vient de devenir la victime d’une adolescente à la vie insipide. Le genre qui ne peut pas vivre sans un minimum d’attention de la part des autres. Un égocentrisme à un haut niveau. Pathétique. Toujours est-il que la jolie Soleya se retrouve là, le regard vague qui fixe le mur sans le voir. Les pupilles comme modifiées qui lui envoyaient de fausses images d’un faux amour. Pourtant, c’est un mot qui la ramène à la « réalité », un prénom plus exactement, prononcé par sa voisine de table. Le nom d’Historia. Elle n’écoute pas le reste, reste fixée sur les lèvres qui avaient prononcé ce prénom mélodieux, cette fille à qui elle n’avait jamais parlé. Tu la connais ? Enfin, tu penses que je peux aller lui parler ?

Les yeux pétillants, la camarade bleue hausse les épaules l’air de dire qu’elle n’en valait pas la peine. Mais la brune s’en fiche, se tourne et se retourne jusqu’à apercevoir la chevelure blonde de celle qu’elle cherchait sans relâche. Salut, les yeux se perdent, sur chaque partie du visage de la blonde. Pourtant, le regard de Soleya n’est pas le même, n’a pas le même éclat. Mais qui pourrait le remarquer à cet instant ? Tu veux qu’on aille se promener dans le parc ? Qu’on discute ? Ou je ne sais pas, dis-moi on fait ce que tu veux ! Pauvre petite aigle qui déploie ses ailes à la mauvaise personne. Pauvre petite qui ne se doutait de rien. La voici emprisonnée, à la merci d’une personne en manque d’attention.

La accordé

Regard innocent et désintéressé, elle fait mine d'être intéressée par le contenu de son bol, mangeant cependant d'un geste lent et mesuré. Elle écoute d'une oreille distraite les conversations autour d'elle, parfois c'était intéressant, mais le plus souvent non. Elle déploie toute la force présente en elle pour ne pas jeter de coup d'œil à sa cible, elle qui ne regarde jamais personne ça serait suspect. Allait-elle fonctionner ? Le doute l'envahit, et si elle n'avait pas mélangé la mixture suffisamment longtemps ? C'était sa première mixture aussi compliqué, alors si jamais elle avait foiré et que sa cible se retrouvait empoisonnée ou autre. Une voix la sort brutalement de sa torpeur, elle en sursauta légèrement avant de relever la tête. C'était elle. Et compte tenu de sa proposition, elle n'avait pas échoué, je t'ai eu. Songe-t-elle avec un sourire.

La blonde se lève lentement, un sourire en coin, le cœur bondissant de fierté et d'excitation. Plongeant son regard dans le sien, elle resta la contempler quelques instants. Était-ce mal ce qu'elle faisait ? Probablement. Mais qui s'en va s'en soucier ? Même elle ne se souviendra probablement de rien. Alors Historia lui offre son plus beau sourire.

- Bien sûr, il fait si beau, ça serait dommage de rester enfermées.

Elle lui saisit alors le bras, comme deux amies de longue date, ou comme un chasseur revenant avec son gibier. Elle l'entraîna d'un pas enjoué vers la sortie en direction du parc, sans se soucier du regard des autres. Si regard il y avait...qu'ils aillent tous se faire voir avec leurs commentaires et ragots. Elle avait trouvé un moyen de se divertir, d'améliorer son niveau en potions, et puis surtout de goûter à l'amour au moins une fois.

- Comment tu t'appelles d'ailleurs ? Demande-t-elle d'un ton brusque. J'imagine que tu connais déjà mon nom, ou que tu as entendu des choses et d'autres sur moi..mais n'en tiens pas compte.

Elle avait décidé de lui parler naturellement, comme si elle n'était pas sous l'emprise d'une potion. Sans doute pour que tout cela paraisse plus vrai. Arrivant au bord lac, elle lui lâche le bras et s'assit à l'ombre d'un arbre, une brise légère venait lui caresser lentement son visage, tout était si beau. Elle ferme les yeux quelques secondes, elle allait pouvoir enfin oublier tous ses problèmes et jouer le rôle d'une adolescente amoureuse et insouciante.

- J'aime cet endroit, je viens souvent ici quand j'ai besoin de m'aérer l'esprit.

Elle ne remarquait rien. La naïveté comme principalement touchée par cette manipulation malsaine. Son sourire ne s’efface pas. Bien au contraire, il semble s’élargir à mesure que la voix de sa camarade résonne dans ses oreilles. Le regard vague de l’Aigle dans celui de la Blonde. Les sensations étaient étranges, nouvelles, Soleya avait l’impression d’être dans un rêve, une illusion où il n’y avait qu’elle. Plus rien n’avait d’importance. Elle qui s’intéressait à tout, aimait admirer les étoiles, se promener dans un parc presque vide. Ici, une seule chose importait réellement : être en présence d’Historia, ne pas la lâcher du regard, refuser qu’elle s’éloigne. La tête comme prise d’un sentiment de possession, la volonté de s’éloigner des autres, faire taire le brouhaha derrière elle. Elle entend quelqu’un prononcer son prénom, mais elle ne se retourne pas, se contente de suivre la Serdaigle d’un pas dansant, élégant, les yeux incapables de se détacher de ceux de l’Autre. Elle quitte les lieux sous certains regards interrogateurs.

La Grande Salle regroupait la quasi-totalité de l’école. De ce fait, c’est dans un parc vide que les deux jeunes femmes commencent à traîner leurs pieds. Le silence n’est que de courte durée, une conversation banale, rien de plus. Une voix angélique qui fait bêtement sourire la Brune. Soleya, elle répond simplement, une voix calme, rêveuse, et oui, tu es Historia, bien sûr que je te connais. Puis les lèvres s’étirent en un sourire, je me fiche de ce que les gens disent. Une sincérité, des paroles spontanées qui ne semblaient pas emprunter le même chemin. Pas de réflexions, pas de filtres, pas de retenus possible. C’était comme si elle était contrôlée par une chose invisible à l’intérieur d’elle et que la vraie Soleya était simplement endormie quelque part.

Elle s’installe aux côtés d’Historia qui lui parle de la pluie et du beau temps, une discussion banale qui s’entame sans chichis, semblant ignorer le regard amoureux de l’Irlandaise qui pourrait éjecter des cœurs s’il cela était possible. Moi aussi ! Des mots prononcés avec enthousiasme, comme si elle était certaine qu’il s’agissait de la bonne réponse. Ça nous fait au moins un point commun. Les joues rosissent, le regard s’abaisse, nous arrivions donc au début des paroles qui dégoulinaient d’une douceur à vomir des pétales de roses. J’suis contente qu’on soit là ! J’pensais pas qu’on se parlerait un jour. Le faux désespoir l’avait envahie au moment-même où elle avait bu le contenu de son verre.

Dès l'instant où elle avait préparé cette mixture, elle s'était jurée une chose : faire comme si tout cela est vrai. Elle s'était accordée pour une fois le droit de rêver et de passer un bon moment. Mais elle ne peut s’empêcher d'éprouver un pincement au cœur lorsqu'elle aperçoit la façon dont Soleya la regarde. Pas par remord, mais plutôt envahie par un moment de solitude. Un regard doux, hypnotisé et naïf, un peu drogué aussi mais ça c'est un détail. C'était donc ça l'amour, le vrai ? C'était bien plus dangereux que tous les sorts qu'elle connait alors. Elle s'en fiche de ce que les gens racontent hein ? Bordel que cette potion est puissante. La blonde sait très bien ce que les gens comme cette fille pensent d'elle, bien qu'elle s'en fiche un peu, elle était loin d’être aveugle. Mais après tout un lion ne se soucie pas de ce que pense les moutons, comme le dit si bien son livre moldu préféré.

Elle décroche son regard du lac et remarque ses joues légèrement rosies, elle ne put s’empêcher de sourire. "Tu ne devrais pas être gênée, tu es mignonne avec les joues roses comme ça." lui dit-elle simplement. C'était mielleux et à l'eau de rose, mais ça lui plaisait bien de rentrer dans ce genre de personnage. Elle s'adosse contre l'arbre derrières elles avant de lui répondre. "Hum moi non plus, je ne parle pas à beaucoup de monde il faut dire" On ne serait probablement pas parlé si je n'avais pas versé cette potion d'ailleurs, songea-t-elle avec une pointe d'amusement. Cela peut-etre aurait été mieux pour cette jeune fille d'ailleurs, mais aujourd'hui n'avait pas été son jour de chance.
- On dirait presque que tu m'aimes, c'est mignon ça aussi."
Elle avait prononcé cette phrase avec un ton faussement timide et innocent, décidément jouer les adolescentes amoureuse lui allait plutôt bien.

Le cœur pailleté, débordant d’un romantisme qu’elle ne connaissait pas. Il y avait bien ce petit truc, ce petit détail qui faisait la différence. Une chose presque imperceptible qui lui rappelait qu’il ne s’agissait que d’un leurre, une simple illusion provoquée par la magie. Mais était-il seulement possible qu’une étudiante de seize ans n’ayant jamais connu l’amour puisse faire la différence alors que même les plus expérimentés se lassaient avoir ? Alors oui, Soleya ignore, elle se plonge dans cet idéal qui n’était pas la réalité. Elle ferme les yeux, bien trop faible pour résister à une telle puissance, à quelque chose qu’elle ne pouvait contrôler : l’amour qu’elle ressentait pour Historia. Elle sourit, rougit davantage, se laisse aller dans ce liquide rose et sucré que pouvait lui offrir un simple jus de citrouille du matin. Dans sa tête, ça explose en milliers d’étincelles colorées. Elle l’avait choisie. Elle l’avait choisie elle alors que l’école regorgeait de filles, de garçons tous peut-être plus intéressants qu’elle. Mais elle avait été celle qui était sortie du lot. Pauvre petite.

La Brune sursaute légèrement à l’évocation du verbe aimer. Elle qui n’avait jamais prononcé ces mots, elle qui s’était promis de ne jamais les dire avant de vraiment les penser. Qu’en était-il aujourd’hui ? Manipulée, ensorcelée, prisonnière ? Le corps et la raison allait-il finir par prendre le dessus ? Ou est-ce qu’ils refusaient de se battre, complètement endormis et épris ? C’est un sourire béat qui s’affiche sur son visage, montrant des dents blanches qui démontraient que non, non ils ne se battraient pas tout de suite. Et que oui, oui elle le pensait, s’imaginait l’amour parfait avec la Serdaigle, l’éternel, celui des contes. Je suis amoureuse de toi. C’était spontané, dénué de sens, mais pour Soleya, c’était vrai. Est-ce que tu penses que je peux t’embrasser ? Il y avait la quelque chose de peu recommandé. Demander un baiser ne montrait pas une réelle confiance, pas une réelle expérience non-plus d’ailleurs. Par cette simple question, elle se montrait d’autant plus vulnérable, manipulable. Le réveil allait être d’autant plus brutal.

La accordé

Ces mots résonnent curieusement dans mon esprit. On m'a dit bien des choses dans ma vie, mais jamais avec une telle sincérité. Bon même si au fond de moi je sais que ce n'est pas elle qui parle, mais Amortentia. C'est presque la même chose, non ? Je me contente de sourire à sa proposition, madame est bien rapide et entreprenante. Mais c'est dans la précipitation que je viens de me rendre compte d'une chose, en combien de temps les effets se dissipent ? Ça devait faire une bonne demi-heure qu'on était là, et je préfère ne pas jouer avec le feu. Je crois qu'il est temps de tirer la révérence.
Sans lui répondre je sors un morceau de parchemin de ma poche sur lequel j'inscris un petit mot avec ma baguette, je garde ensuite ce dernier à la main.

- C'est moi qui vais t'embrasser.

Sans lui laisser le temps de répondre, je dépose un baiser sur ces lèvres et lui glisse le petit mot dans sa main.

- Ouvre celui-ci ce soir, c'est une surprise. Je dois y aller, on sera surement amenées à se revoir.

Sourire aux lèvres je me lève sans en demander plus, le contenu de ce mot n'allait sûrement pas lui faire plaisir. D'ailleurs je ne sais pas ce qui me fait le plus sourire, imaginer sa réaction quand elle va le lire ou ce moment magique ?

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