En ce début d'après-midi, la salle commune était calme, bien trop calme. Les tableaux accrochés aux différents murs de la pièce étaient partis en vadrouille ou manger. Les vieux faisaient déjà leur sieste. Le feu ronronnait paisiblement dans la cheminé. Et même si le printemps était de retour, avril n'en restait pas moins glacial. La thermomètre n’arrivait pas à dépasser pas les cinq degrés et pourtant le soleil ne faisait qu'étinceler dans un drôle de ciel bleu. De loin, rien n'aurait pu laisser paraître que j'étais un sorcier, sauf le lieu peut-être. Gros pull noir, casquette noire, pantalon chino camel et paire de basket noire. J'en pouvais plus de porter mon uniforme et ma cape de sorcier h24. Quand c'était le weekend je pouvais au moins me débarrasser de tout cet attirail pour être enfin... moi.

Assis sur un bon fauteuil, je regardais par la fenêtre. De la tour des Serdaigle, on avait une vue magnifique sur à peu près tout ce qui entourait ce château. Et cette fois-ci, mon regard pointa sur la cabane du garde-chasse et la forêt interdite. Je ne savais même pas qui était en poste cette année, je n'avais vu personne, mais je me disais qu'un de ces quatre, ça me couterait rien d'aller lui rendre visite. Ici, ils étaient plutôt sympa avec les élèves, enfin, c'était mon avis. Quant à elle, la forêt semblait ronronner aussi paisiblement que le feu. Aucun arbre ne bougeait, aucun oiseau ne s'envolait. On aurait dit qu'elle était morte.

Mais après avoir laissé mes yeux se perdre à l'horizon, j'ai décidé de faire ce que je savais le mieux faire, c'est à dire : me fumer une clope. Alors j'ai sorti mon paquet et j'ai pris une des petites bêtes que j'avais roulé la veille. Quand elle m'a vu ouvrir mon paquet, la petite qui lisait un bouquin sur le fauteuil d'à côté a levé les yeux au ciel et est montée dans le dortoir.

- Comme tu voudras gamine, j'suis mieux seul toute manière.

J'ai porté le bijou à mes lèvres et me suis étiré, ça allait faire du bien. Je me suis redressé et j'ai fouillé dans mes poches mais m*rde, j'avais encore oublié mon briquet dans ma veste en jean. Au moment où je m’apprêtais à bouger pour aller le chercher, le heurtoir à pivoté pour laisser entrer quelqu'un. Si c'était cette foutue dame grise, j'étais mort, sinon ça passait.

Une heure de libre, une heure de libre dans son emploi du temps chargé qu'elle allait pouvoir consacrer à ses révisions. Sans doute de l'astronomie elle avait un examen très bientôt, et elle voulait avoir la meilleure note possible, enfin meilleure que les autres. Au début elle pensait que le choixpeau s'était trompé en l'envoyant à Serdaigle, mais avec du recul elle y avait clairement sa place. Quoi que, si elle avait été de  sang de pur, elle aurait été prête à parier qu'elle aurait pu finir à Serpentard. Mais au final qu'importe la maison ça ne change pas grand chose, l'importance était les connaissances acquises et la note finale. De toute façon elle ne se bat pas pour les couleurs de sa maison, mais seulement pour elle et c'était déjà bien suffisant.


Bon direction tour de Sardaigle, le temps passe tellement vite. Des constellations et astres plein la tête, elle répond d'une voix distraite à l'énigme avant de pénétrer dans la salle commune. Elle n'aimait pas cet endroit, toujours bondé d'étudiants rabâchant leurs pathétiques histoires,  ou de filles rigolant stupidement  comme des hystériques dans le but de se faire remarquer par je ne sais qui.  Habituellement c'est un endroit qu'elle traverse le plus rapidement possible pour retrouver sa chambre et étudier seule. Mais aujourd'hui il semble calme, trop calme même.

Elle reste bloquée à l'entrée, profitant de ce silence, elle n'avait jamais eu l'occasion d'admirer la beauté de cette salle. Peut-etre qu'elle allait pouvoir y étudier un peu, avant que le troupeau revienne, repérant un fauteuil elle y prit brutalement en place dans un soupir satisfait. Mais c'est seulement à ce moment là qu'elle remarque qu'elle n'est pas tout à fait seule, un garçon de son année, elle le connaissait de vue seulement, elle n'avait jamais parlé avec, comme elle ne l'avait fait avec personne d'ailleurs. Une cigarette à la bouche il semble lui manquer un truc, ce manque de réflexe lui fit immédiatement penser à un né moldu, comme elle. Il dégageait quelque chose de serein, enfin quelque chose en lui , lui rappelle un peu elle même. Peut-être sa façon de s'isoler au lieu d'être dehors avec les autres, ou son regard blasé. Dans tous les cas il pouvait devenir intéressant.

Sentant qu'il allait s'éloigner je ne sais où, peut être allumer sa cigarette, elle anticipa la chose et se lève brutalement. Sortant d'un geste sa baguette elle le lui alluma d'un geste précis.

- On ne s'emm*rde plus avec les briquets maintenant. Tu attends tes amis ?

Cette dernière question un peu soudaine et pleine d'espoir, était sans doute pour savoir si il n'allait pas au final se révéler être aussi ch*ant et semblable aux autres. Auquel cas il ne voudrait pas le coup.