Everything's falling apart [Terminé]

« Everything's falling apart »

Avec 32
Suite d'ici

Saison 30
Printemps

Rieurs. Oh oui, les Dieux avaient le sens de l'humour, un humour qui fait claquer les dents comme un sceau d'eau glacée jeté sur un corps dénudé. La chair à vif, les cheveux plaqués contre la peau blanche. Fragile comme l'oisillon à la sortie du nid ; brisée de l'intérieur, brisée comme la vague qui se jette sur les rochers, laissant s'échapper par mégarde quelques unes de ses gouttelettes. Ces mêmes gouttelettes qui coulent maintenant sur des joues innocentes. Trop pures pour leur faire peur mais trop lisses pour leur faire obstacle.

Les bâtiments autour se disloquent pour me ressembler, ils perdent pieds, s'affaissent sur eux-mêmes. J'ai la tête en vrac, l'envie furieuse d'arracher chaque parcelle de peau sur mon corps. Pour le changer. Pour devenir une autre. Une autre qui n'aurait pas à mener une guerre contre sa famille, à la voir se réunir pour mieux s'éclater en mille morceaux.

...

Il est tard, peut-être trois ou quatre heures du matin. J'aurais du rentrer depuis longtemps déjà, rejoindre le divan moelleux et les petits biscuits de Chloé. Mais Chloé ne s'en inquiétera pas. Jamais. Elle m'aime et me protège. Mais pas comme ça. Pas comme une mère inquiète de ne pas voir sa fille franchir la porte, une fois le soleil descendant. Ce rôle-ci, elle ne le tenait pas, personne ne l'avait jamais tenu en fait.

Contrairement à lui, mon f... J'avais du mal à le dire à voix haute, mon frère ; non, même en pensée cela sonnait faux. Un frère ne faisait pas ça. Ne s'enfuyait pas, ne réagissait pas comme un fou furieux. Ou comme un lâche. Moi je ne lui avais pas fait faux-bond, je serais restée jusqu'à l'aube ou lui aurait au moins donné une adresse.

Fais ch*er. De la déception, de la colère, de l'injustice... Ça me fait dérailler et mon poing s'échoue contre le mur. J'ai envie de présenter des excuses à mon corps, pour tout ce qu'il a subi et subira encore. Mais tout de suite, les remords s'engloutissent sous la tonne de fureur. Des actes à regretter, de nouvelles cicatrices. Encore.

Le Corbeau se souvient des âmes qu'il croise pour peu qu'elles soient intéressantes, qu'elles lui apportent quelque chose. Il fait souvent en sorte de les recroiser. Seuls les fous et les naïfs peuvent croire à un hasard. Il sait ce qu'il fait, ce qu'il cherche. Il sait où aller. Plusieurs nuits qu'il tourne dans le quartier, pour la revoir, jouer de nouveau avec elle. Il avait aimé la dernière fois. Il ne s'était pas amusé ainsi depuis longtemps. Rendre sa proie dépendante de lui avait été une nouveauté des plus plaisantes, et il avait bien envie de retenter l'expérience.

Et la chance lui sourit en cette nuit plus sombre que les autres. Le printemps a beau être là, il est trop tard pour qu'une quelconque chaleur perce le voile glacé des ténèbres. Les étoiles paraissent plus froides et distantes que jamais, témoins insensibles de ce qu'il se passe sur Terre. Les étoiles sont avec lui, le Corbeau le sait. Elles l'ont toujours été. Longtemps ses seules amies, il ne les a jamais délaissées. La famille des astres célestes coule plus sûrement que celle du sang dans ses veines. Il est un enfant de la nuit. Un oiseau noir dont les plumes se fondent parfaitement dans le décor.

Les étoiles lui ont montré le chemin. L'ont mené jusqu'à elle. Callaghan. Âme perdue, esseulée, torturée. Âme à torturer et à réconforter. A briser pour mieux la reconstruire. Voilà ce qu'il voit en elle. Une toile bientôt vierge, mais aussi noire que lui. Il arrive au moment où le poing s'abat sur le mur en une injonction colérique. Il ne cherche pas à l'arrêter, la laisse faire. Et sa voix résonne en un murmure derrière elle. « Tu n'as même pas besoin de moi pour te détruire. Touches-tu le fond, Riley Callaghan ? » Sinon il serait ravi de l'y aider, véritable chevalier noir londonien.

Le bec se lève de nouveau vers le ciel pour l'observer. Il est d'un calme olympien, exactement comme la dernière fois. Il voudrait l'aider, réellement. Mais il ne connaît qu'une seule façon pour cela, celle qu'il a lui même expérimenté. Et c'est loin d'être la plus évidente. Peut-être même sera-t-elle trop faible pour s'en relever comme il l'a fait. N'a-t-il pas failli lui-même y passer ?

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Saison 30
Printemps

Le choc résonne. Dans le silence de la rue, dans les battements de mon coeur douloureux et dans mes phalanges, qui subissent une nouvelle fois l’assaut de mon poing. Se complaire dans la douleur pour étouffer le cri de haine et de chagrin, qui tiraille et qui se faufile dans toutes mes terminaisons nerveuses. Je ne veux plus l’entendre, ce cri, c’est uniquement pour ça que je fais ce que je fais... Mais ces derniers temps, seule, je n’y parviens plus. Ça ne suffit plus.

Des larmes s’écoulent lentement sur mes joues rougies. Des larmes que j’efface sur mes manches avec rage. Artemis, aussi fugace que fut son passage dans ma vie, m’avait fait plus mal que toutes les gifles, les coups de pied ou de canne, les humiliations, les brûlures, les coupures, les insultes que j’avais connues jusqu’à maintenant. D’avoir touché du doigt une famille pour la voir ensuite s’éteindre dans la même journée, à cause de l’obstination de ce foutu loup-garou, réunissait toutes les pièces du puzzle pour un cataclysme de légende.

Toutes ruminations débordantes, je ne me rends compte de la présence du Corbeau que lorsque son bec s’ouvre pour me susurrer des mots que je ne veux pas entendre. Va te faire voir, ai-je envie de crier, alors même que j’avais eu très envie qu’il soit là pour moi quelques minutes auparavant. Mon esprit est confus, je ne sais plus très bien ce que je fais ou dis. Je crois que c’est pour ça que je dégaine ma baguette, raide comme une planche - et peut-être raide comme mon futur cadavre.

Je vous ai manqué ? Le ton est acide mais la main tremble, ce qui prouve bien le déséquilibre émotionnel qui s’est emparé de moi. Je le menace, le provoque, mais je sais que je n’ai aucune chance seule contre lui. Pas avec ma pauvre petite expérience de midinette de Poudlard et malgré les efforts que j’emploie pour paraître crédible. Au fond, j’ai l’intuition que sa colère pourrait s’avérer utile cette nuit. Que de nouvelles limites pourraient être dépassées et compenser le fait que je sois redevenue une pitoyable orpheline. J’ai besoin d’oublier cette nuit.

#Incarcerem !

La parole était donnée. Il me fallait juste attendre le retour du bâton.

Le Corbeau observe sa proie qui se tourne vers lui, le visage encore brillant des larmes qui ont osé s'y aventurer, la rage pleinement palpable dans le regard et les tremblements qui la parcourent. Il penche la tête légèrement sur le côté, analysant la situation. Elle était prête à se rompre, et il était là pour ce magnifique moment. Que rêver de mieux ? Cependant Trois-Deux n'est pas fou, il voit la colère et la baguette, aussi la sienne ne tarde pas à glisser de sa manche à sa main, laissant l'éclat blanc de l'os contraster avec le reste des couleurs sombres de la nuit. « Je t'ai cherchée en tous cas. » Le ton est toujours aussi doux, murmure qui s'échappe d'un bec meurtrier.

Elle n'ose pas demander ce qu'elle veut, ce qu'elle attend de lui. Elle préfère l'obtenir en le mettant en colère. Quelle erreur, elle n'est pas prête à le voir énervé. Elle n'en a aucune envie, aussi attractive lui paraisse la douleur, elle veut qu'elle reste contrôlée. Trente-Deux se protège d'un simple bouclier au #Protego informulé, laissant les cordes s'écraser sur la barrière protectrice avant de retomber lourdement au sol. Il penche doucement la tête sur le côté. Il ne lui donnera pas ce qu'elle attend de lui. Du moins pas aussi facilement. « Est-ce là tout ce dont tu es capable ? Si tu veux mourir, continue ainsi. » Et pour lui prouver, un petit #Ango Nubes qui s'échappe.

Il laisse la fumée étrangleuse la saisir à la gorge, mais très peu de temps, quelques secondes à peine, simplement pour lui rappeler qu'elle n'était pas à la hauteur. Pas au niveau. Pas encore. Il relâche le sortilège dans la foulée, et se contente de la désarmer d'un #Expelliarmus afin d'être sûr que tout se passe comme il le veut. Il s'approche d'elle après avoir fait disparaître sa baguette dans les pans de sa robe, et vient poser sa main gantée sur sa joue en une caresse paternelle. « Que s'est-il passé, Enfant, pour que tu décides qu'en cette nuit ta vie n'a plus aucune importance ? »

Car le Corbeau est oiseau de mauvaise augure. Il se nourrit de la douleur, de la peur, de la torture de l'âme. Riley Callaghan est sans doute sa proie préférée du moment. Il n'a pas envie de la tuer alors même qu'il n'a pas eu tout le loisir de s'amuser avec elle comme il le souhaiterait. Alors il se montre plus patient, plus insidieux également.

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Saison 30
Printemps

Sinistre, le bec s’incline sur le côté, scrutateur, hypnotiseur. Impossible de détacher mon regard de lui. Impossible d’anticiper l’éclair blanc qui glisse de sa manche ; trop rapide, trop précis. Une fumée s’en échappe, serpente jusqu’à mes lèvres, mon nez, mon espace vital. Aussitôt, un sentiment de noyade imminente, de l’air qui n’arrive plus à mes poumons. Fumier. Tout le long de l’agonie, je contemple impuissante le Mangemort se délecter de son œuvre. D’ailleurs, la devenais-je, son oeuvre ? Était-ce pour cela qu’il continuait à me voir ? Pour calmer ses pulsions tout en me conditionnant ?

Être esclave, de ses désirs ou de ceux d’un autre, quelle différence ? Peut-être que son anonymat avait fait penché la balance, impossible alors de se sentir coupable, de sentir la réprobation ou le dégoût sur son visage. C’était plus facile, plus simple à gérer. Et quelque part j’aimais cette possibilité ; qu’il soit ce parent attentif mais impassible. Il me désarme ensuite - suite logique - tandis que le sortilège d’étouffement se desserre de ma gorge. J’inspire de nouveau à grande goulée l’air, comme s’il s’agissait de la seule bouteille d’eau fraîche au milieu d’un désert. Je découvre ainsi qu’il a un goût, un goût très sec mais un goût de vie.

De nouvelles étoiles apparaissent à côté de son masque qui s'approche soudain de mon visage. Je sens son souffle fétide caresser ma peau comme une plume. Je... je n’ai plus rien., je réponds avec quelques spasmes. Ils sont partis, t-tous partis. Inutile de mentir ou de cacher quoi que ce soit ; il le devinerait immédiatement. Mais j’ai besoin de lui, d’une façon que lui seul pouvait comprendre. Ma joue creuse sa main gantée, s’y appuie un peu. Mais qu’est-ce que je fais ? Le cerveau retourné, je ne distingue même plus les limites d’un tel acte ; j’ai juste le besoin d’être réconfortée et purgée. Dans cet ordre ou dans l’autre, mais il faudra bien que le Corbeau se réveille.

Vous savez quoi faire pour ça ? Vous pouvez me rendre ce service... ?, j’ai envie d’ajouter, mais par honneur je me retiens. J’ai envie de croire que je compte assez pour lui, assez pour qu’il reste à nouveau à mes côtés cette nuit. Je sais... Je sais, dans le fond, que cette relation est malsaine, qu’elle ne devrait même pas être encouragée. Mais on combat le mal par le Mal - n’est-ce pas ? - ; et qui l’incarnait mieux qu’un Mangemort ? Mieux que lui ?

Je détache alors mon crâne de sa main rassurante. Fini la compassion, fini l’apitoiement, signale par un regard appuyé mon Moi révolté.

Perte et abandon pour Riley Callaghan. Comment ne pas comprendre ce vide qu'elle ressent ? Il sait ce que c'est. Quand les tripes sont sorties, retournées et piétinées. Quand la confiance est brisée alors même qu'elle n'était qu'un essai, comme un dernier espoir. La lueur d'une étoile qui s'éteint dans le nuit. La mort de la dernière lumière pour combattre l'obscurité. La joue de l'enfant s'appuie contre le gant, tirant un sourire au masqué. Petit à petit, elle s'abandonne à lui. Il aime cette sensation. Peut-être l'aime-t-il elle aussi, plus qu'il ne le devrait. Comme un reflet d'un passé lointain et pourtant toujours ancré. Une main tendue peut prendre plusieurs formes. Celle du Corbeau commence toujours par faire mal avant de caresser. La douleur est une addiction comme une autre, et les addictions il connaît.

Toujours aucun mot de la part de Trois-Deux tandis qu'elle s'écarte de lui, met fin au contact avec un regard plein de détermination. Forgée par la douleur et la souffrance, elle semble si frêle et si forte à la fois. Un doux paradoxe qu'il ne peut qu'encourager. Il s'éloigne alors d'un pas sans détourner le bec d'elle. Il la regarde en silence, comme pour mieux l'analyser alors même qu'il sait exactement ce qu'il suffit de faire pour qu'elle devienne sienne à jamais. Un pacte tacite qu'elle sera forcée de respecter. Alors la voix s'élève dans la nuit, douce et caverneuse. « C'est à toi d'agir pour ça. » Elle doit devenir celle qu'elle doit être. Et pour cela il ne peut la couver et accéder au moindre de ses désirs, aussi plaisants puissent-ils être le concernant.

Les bras du Corbeau s'écartent, comme pour embrasser la nuit dans les plis sombres de ses vêtements tandis que la paume de ses mains se tourne vers le ciel, dramaturge des ténèbres. « La nuit est à nous, Riley Callaghan. Dis-moi qui ils sont. Ils ne partiront plus. » Ne lui avait-il pas promis, lors de leur dernière rencontre, que l'Ordre serait là pour elle si elle parvenait à montrer une quelconque loyauté ? Elle l'a attaqué ce soir, mais il est prêt à pardonner un écart. Le seul et l'unique, le temps qu'elle comprenne. Parce qu'il n'y a nulle échappatoire lorsqu'un Mangemort décide de faire de toi sa proie.

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Saison 30
Printemps

La fêlure fend tout l'espace dans ma poitrine. Comme s'il avait craqué une allumette sur mon cœur, je sens la brûlure cendrée de ses mots s'attarder. Vive et douloureuse. Etais-je prête à dénoncer mon propre frère ? La douleur était-elle à ce point insupportable qu'il n'y ait qu'un forfait pour y mettre fin ? Non. Je n'ai pas besoin qu'on punisse Artemis. J'ai besoin que mon sauve, moi. Et j'ai l'esprit trop embrumé, mouillé et englué par les larmes de rage que retiennent mes canaux lacrymaux pour trouver une autre solution à la violence.

Pourquoi le Corbeau ne peut-il pas tout simplement faire ce pour quoi il est adulé ? Ce pour quoi il a été appelé ? Non ! Vous ne comprenez rien. RIEN. Des paroles de démente, mais la colère appelle la colère - et la sienne doit se réveiller. Pour que je puisse m'endormir de douleur sans avoir à observer un nouveau soleil se lever sur l'absence chaude et rassurante d'un foyer. Je serre alors fermement les poings, commence à tourner en rond, ravalant tant bien que mal des râles de frustration jusqu'à ne plus pouvoir les retenir du tout. Je souffre, je hurle des mots sans queue ni tête, le corps aussi raide qu'un piquet.

Si le Masqué s'est volatilisé, je ne le remarque même pas dans un premier temps. De l'attention, c'est tout ce que je demande. Qu'on prenne soin de moi, même quand j'exige le contraire. Qu'on m'aime même quand mes actes repoussent. Que je sois l'enfant de quelqu'un avant de devenir le parent de quelqu'un. Y'a un ordre, pu*ain. Des lignes à suivre, des bases à construire... L'abandon ça fait mal, ça créé des meurtrissures que le temps n'apaise en rien. Et je choisis ce soir probablement le pire être sur terre pour répondre à cette attente, mais c'est également le seul à être capable de m'en délivrer. Si lui le peut, si lui le fait, alors... peut-être que ça valait le coup d'y croire encore un peu.

Sa silhouette vient soudain planer au-dessus de mon épaule, son ombre embrassant la mienne sur le macadam. Je cesse immédiatement de gigoter. J'appréhende le contact prochain, électrisée et à fleur de peau, incapable de prédire ma réaction ou de la contrôler. Ses mains peuvent caresser autant que détruire - et je ne sais plus quelle utilité je leur préfère ce soir. Je suis complètement perdue. Je ne veux plus être seule, c'est tout. S'il pouvait se contenter de se taire et de m'accompagner dans la nuit, ça m'irait très bien aussi. Le silence en dit parfois plus que les mots.

La réponse fuse aussitôt, directe, franche, colérique et agressive. Le Corbeau n'en garde pas moins son calme apparent. Nul mouvement ne peut trahir de son agacement face à la réaction de l'Enfant. D'ailleurs, agacé, il ne l'est pas. Il se contente d'observer avec un certain recul. Il observe ce qu'il était il y a de cela plusieurs années. Ce qu'il était avant de comprendre qu'il ne serait jamais seul en choisissant la bonne voie. Rien d'autre que de la colère, parce que tout se transforme en rage. Tristesse, peur, solitude. C'est plus facile à exprimer d'une seule et unique manière.

Il la regarde, marcher de long en large et en travers, les poings serrés et la langue déliée qui hurle à la nuit des maux qu'elle seule peut comprendre. Il ne dit rien, ne bouge pas, ombre dans l'ombre, qui se contente d'être là. Fuir ne fait plus partie de ses méthodes. Fuir n'est plus une option. Callaghan lui a tapé dans l'oeil dès leur première rencontre. Il a vu quelque chose en elle. Il lui a donné ce qu'elle attendait de lui, cette nuit-là, en la considérant comme sa proie. A présent, c'est à elle de se montrer digne de cette attention. Il décide de s'approcher, de mettre fin à la folie qui semble l'emporter loin de lui.

Sa main se pose sur l'épaule de la demoiselle, d'abord. Puis remonte sur sa joue en une caresse avant de l'attirer contre lui, sans se soucier de si elle se débat ou non. Ses bras se referme, l'un dans son dos, l'autre sur ses cheveux, pour la serrer contre lui en une étreinte aussi douce que ferme. Il murmure alors quelques mots qu'il laisse s'échapper dans la nuit. « Tu peux ne plus jamais être seule. Il te suffit de me faire confiance. » N'est-ce pas là la solution la plus évidente qui soit ? Trois-Deux est prêt à être là pour elle. Seulement les choses sont rarement à sens unique.

Il la repousse doucement, se contentant de garder ses deux mains sur ses épaules pour planter son regard dans le sien, à travers le masque. Le ton est plus grave, plus sérieux. Il ne joue pas avec elle. Pas ce soir. « En es-tu capable, Riley Callaghan ? » Il peut la prendre sous son aile. Il peut lui apprendre des choses qu'elle n'ose même pas encore imaginer. Il peut faire d'elle une sorcière extraordinaire. Il a simplement besoin qu'elle se donne entièrement à lui et aux Ombres qui le lient.

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Saison 30
Printemps

De la confusion jaillit de mes lèvres pleines, tremblotantes, ivres d’avoir trop à cracher ou à cacher. Un point d’interrogation muet dans la nuit qui font se froncer mes sourcils. Tout était clair quand je criais, mais alors que le silence revient, je sens un brouillard noir embourber mes neurones. Peut-être aussi parce que les ailes noires du Corbeau s’étaient refermées sur mes épaules frêles, en une fraternelle - ou plutôt paternelle - embrassade qui laissa coite jusqu’à ma respiration. Je suis immobile, l’organe de la raison comme du coeur figés par la glaçante avancée du masqué. Il a sa main, là, sur ma nuque exposée. Et je me déteste presque d’aimer ça. D’aimer la facilité par laquelle on me console. La pathétique, la faible, celle qui se laisse berner par des mots doux et des gestes fermes.

Mais on ne peut pas toujours lutter, hein ? Parfois il faut céder, laisser un peu de place à l’émotion. Aux autres. Se battre c’est bien, mais c’est surtout épuisant. Faut dire, je suis vidée, comme un vieil extincteur qui aurait rendu son dernier souffle pour éteindre l’incendie. « Artemis, Artemis, Artemis... » Son prénom tourne en boucle dans mon cerveau, c’est en lui que j’aimerais placer ma confiance. Et inversement. Mais il est pas là. En fait il n’a été là que douze heures. Sur une vie c’est peu. Mais c’est beaucoup trop pour l’oublier maintenant. Au lieu de ça, c’est un autre qui raffermit sa prise sur moi, et auquel j’accroche mes bras, épaule contre poitrine. J’y frotte mon visage confus, comme un chiot cherchant l’apaisement dans les caresses de son maître, faute d’une mère.

Je sens que c’est noir. Que j’invite le loup dans mon coeur. Réveille toi Callaghan !! C’est un Mangemort. Un Mangemort ! Mais il n’y a en réaction qu’un vague haussement d’épaules. Et alors ? Lui au moins a-t-il la patience d’écouter ma rage, d’y apporter une solution. Même si pour être honnête, je ne saisis pas bien ses intérêts. Enfin, si, je sais. Mais je ne veux juste pas m’y attarder trop longtemps. Faire confiance à l’Ordre Noir c’est comme plonger ses mains dans du béton fraîchement coulé. Peu de temps plus tard, si vous n’y faites rien, vous leur êtes liés. Cela mériterait sans doute quelques considérations, plus qu’une demi-seconde pour répondre en tous cas. Pourtant, je réponds d’une voix blanche, bien sûr, je vous fais confiance, convaincue à ce moment qu’une marche arrière, dans le pire des cas, sera envisageable. J’en aurai toujours l’occasion, n’est-ce pas ?

Fin du RP
Merci de ta patience Ange

!