Lilith était prête à soulever des montagnes. Elle qui, quelques heures auparavant errait sans but dans les rues de Londres, se sentait enfin prête à renouer avec le monde magique qui l'avait vu grandir. Sa rencontre avec Izsa l'avait remise sur pieds et elle se sentait ridicule d'avoir tant hésité à revenir ici.

Un sourire aux lèvres, elle se dirigeait vers le Chaudron Baveur pour prendre une bierraubeurre et pourquoi pas passer du coté du Chemin de Traverse. Malgré son assurance retrouvée, une pointe d'angoisse persistait dans son esprit... Qui allait-elle croiser là bas ? Des personnes connues ou inconnues ? D'anciens amis ou ennemis ? Elle ne savait pas ce qu'elle redoutait le plus parmi ces possibilités.
Elle qui avait perdu l'habitude d'utiliser sa baguette avec les années, elle risquait de replonger dans le bain d'une manière plutôt brutale !

Autour d'elle, le paysage devenait de plus en plus familier. En huit ans, Londres avait changé bien entendu, mais pas au point qu'elle se sente totalement étrangère. Ce sentiment d'être là où elle aurait toujours du rester commençait à devenir de plus en plus présent. Inconsciemment, elle pressa le pas.

Mais au moment où elle allait enfin tourner vers la ruelle sombre qui abritait le bar bien connu des sorciers, une silhouette désinvolte attira son regard... Elle avait déjà croisé cette personne dans une autre vie, elle en était certaine. Mais de là à se souvenir précisément de qui elle pouvait être, il y avait un monde ! Son instinct lui indiquait cependant de se méfier, et Lilith avait pris l'habitude de toujours se fier à son instinct.
La jeune sorcière fit alors glisser sa main droite dans la besace qu'elle trainait partout avec elle, et trouva rapidement ce qu'elle cherchait. Le bout de bois qu'elle avait tant de mal à ré-aprivoiser depuis son retour roulait sous ses doigts. Elle agrippa sa baguette avec force, et ralenti le pas avec une apparente nonchalance. Sans perdre de vue le sorcier ou la sorcière qui s'approchait d'elle, elle fit mine d'observer la vitrine d'un magasin de souvenirs à l'effigie de la famille royale moldue et attendit.

Son "come back" allait peut-être être plus rapide que prévu finalement...

« J’ai sillonné le monde, admiré ses merveilles,
des Dardanelles aux montagnes du Pérou,
Mais rien ne vaut Londres! ! »

parlait ainsi le célèbre Barbier de Séville, M. Todd.
Mal approuvait ses paroles qui surgissaient d’un endroit de sa mémoire alors qu’yel divaguait
sans vraiment s’en rendre compte -
dans les rues de la capitale. Mais
pour tout dire,
la temporalité de l’ancien-ne dirlo se jouait à deux niveaux différents :

la première,
stable mais floue, était, en effet, faite d’immeubles vagues, de bitumes fumants, de bruits lointains, de sensations fragiles, de visages fugaces et éphémères : les rues de Londres, comme yel les avait déjà arpentées dans le passé ;

la deuxième,
rêvée, fantasmée, nostalgique, mais bien plus percutante que la première,
constituée d’images tourbillonnantes, flux et reflux, en continue, `
de vagues, de souvenirs, aux formes et aux couleurs certes indistinctes mais qui tiennent au corps, accrochées à ta tempe, à pleines dents,
qui tapent le rythme de ton coeur,
et contre lesquelles il est inutile de se débattre.

Mal adorait - et alors ?,  cette vaste étendue de ruines qu’était une vie, sa vie - la sienne seulement ?, là devant ses yeux.
Yel remontait les rues, à charcler contre des souvenirs qui lui appartenaient
ou pas vraiment.
Yel ne savait plus très bien ce qui lui appartenait encore.
Yel plongeait la tête dedans, dans ce ressac de subconscience.

Son corps, si fluide d’ordinaire, se raidissait légèrement - un mouvement saccadé dans sa chorégraphie, perdant de sa grâce naturelle. Yel marchait, sans savoir où ses pas l’emmenaient. En outre, la partie encore consciente qui vivait en yel, savait. En catimini, comme pour ne pas attirer l’attention et être absorbée par les vieux démons, la conscience de Mal s’était accrochée à la seule chose qui associait souvenir et concret immédiat : la jeune fille, un peu plus loin, qui prenait le chemin du Chaudron Baveur.

L’avait-yel déjà rencontrée ? Rien de moins sûr, mais son image avait une odeur déjà connue. Petit à petit, la conscience reprenant le dessus, l’attention entière de Mal s’amarra à la présence de l’individu. Les vagues s’éloignèrent.
Pour un temps.

La ruelle dans laquelle Malena s’engagea était plus sombre que les autres. Ça sentait la magie, du moins, les cendres du monde magique, tout proche, un monde duquel yel s’était éloigné-e.
La jeune femme était là, devant un vitrine.

Avec l’insouciance de l’enfant toujours en yel, Malena s’approcha sans discrétion et sans finesse.
Une main sur l’épaule, douce mais peut-être prédatrice pour l’épaule qui ne s’y attend pas
et quelques mots, bruts :

- Salut, on se connait. Non ?

HRP:

Du coin de l'oeil, Lilith voyait cette silhouette suspecte se rapprocher... Ses muscles se tendirent un peu plus, sa main se resserra encore sur sa précieuse baguette et elle fit l'inventaire rapide des sorts dont elle se souvenait dans sa tête. L'étendue de son ignorance piqua sa fierté d'ancienne phénix, ce qui eu pour effet de lui faire serrer un peu plus la mâchoire.

Au fond, elle savait que sa réaction était disproportionnée. Qui pourrait bien l'attaquer en plein jour, à Londres, et dans une rue moldue de surcroit ? Mais elle n'y pouvait rien, ses vieux réflexes semblaient se réveiller un à un. Cet homme - ou femme, elle ne voyait pas assez pour faire des conclusions- réveillait quelque chose d'animal en elle.

Elle en était à "Levicorpus" dans la récitation silencieuse des sortilèges de son répertoire quand elle sentit une main se poser sur son épaule et une voix l'apostropher:

- Salut, on se connait. Non ?

L'ancienne Gryffondor se retourna vivement, et sans lâcher sa baguette au fond de son sac, elle effectua une rapide analyse de la situation. Le jeune homme - ou la jeune femme, elle n'arrivait toujours pas à décider - ne semblait pas hostile. Quelque chose de lointain dans son regard l'intriguait toutefois. Après un silence de quelques secondes qui sembla durer le double, Lilith susurra entre ses dents:

- Oui. Je crois. Poudlard ?

Il était beaucoup trop près d'elle. L'aura de doute que dégageait l'individu commençait à contaminer Lilith. De méfiante, elle devint presque curieuse.
Bien sur qu'ils avaient du se croiser à Poudlard, ils semblaient être à peu près du même âge et Lilith aurait mis sa main à couper que ce n'était pas un moldu qui se tenait devant elle. Mais pas que. Ça la brunette en était certaine. Et c'était ce "pas que" qui empêchait Lilith de ce détendre complètement... Il se dégageait de cette sorcière - cette fois Lilith en était presque certaine - quelque chose de presque électrique, unique. Une nonchalance innocente et inoubliable qu'elle avait déjà croisée en dehors des murs de l'école. Et en dehors des murs de l'école cela voulait dire avec les Phénix. Ou contre eux. Ou bien avec Rurik. Mais c'était impossible.

Lorsqu’on lui tourne le dos,
le danger attaque
t’empoigne l’échine avec ses griffes acérées.
Une seconde, pas plus, le temps d’un écho, voilà le temps qu’il lui faut pour vous paralyser.
Une seconde, pas plus, le temps d’un écho, et l’instinct de survie de la jeune femme avait réagit.
Malena la regarda s’échapper de la menace invisible qu’yel incarnait -yel était la menace, menace furtive, incontrôlée, inconsciente d’elle-même.

Ce n’était donc plus qu’une silhouette qui se dérobait sans cesse à sa curiosité maladive,
mais une mèche rousse, un nez aquilin qui lui faisaient face et des yeux dont la surface,
des yeux verts dont la surface vibraient,
se déformaient comme une masse d’eau sous l’effet du vent,
le vent de la peur,
ou bien était-ce la marée d’adrénaline,
les sensations de vieux réflexes, peut-être, qui déferlaient en elle.
Impossible de le savoir.

Le face à face laissa Mal sans défense le temps de quelques secondes, désarmé-e par le mouvement animal de la jeune femme. Les turbulences créées par son intrusion s’étaient étendues jusqu’à la main de cette dernière. Sa main, glissée dans son sac, s’apprêtait - baguette, couteau, impossible de le savoir non plus, à dégainer.

Prudence donc - un mot inconnu dans le dictionnaire de Malena.

- Oui. Je crois. Poudlard ?


(acte 1)
Avec la même vitesse qu’un mot peut fuser, les souvenirs entrèrent sur scène et entamèrent leur cacophonie terrible,
(acte 2)
et jouèrent leur chorégraphie improvisée semblable à une valse déréglée ou un ballet d’escaliers qui n’en font qu’à leur tête.
(act-
avant que l’acte suivant commence, Mal rassembla les morceaux de lucidité qui commençaient à se détacher et à se perdre dans les dédales du château et revint à l’instant présent.

- Poudlard. Sourire. Le monde entier est passé par Poudlard, chaton.
Peut-être nous y sommes déjà rencontré-es, oui. J’ai l’impression que c’est autre chose, ou non.

Mal la dévisageait avec cet air qu’on lui connaissait, comme si yel voulait transpercer le moindre de vos secrets.

- Face au danger, la moindre hésitation peut-être fatale, regard vers le sac de la jeune femme, qu’un seul instant… de doute...

Mal mit une main dans son dos, comme pour adopter une posture de danse,
- mais suis-je un danger ? demanda-t-yel, dans une délicieuse et taquine provocation.
le tout avec un sourire charmeur, s’il vous plait.

Chaton l'individu venait vraiment de l'appeler chaton? Qui appelait un inconnu chaton dans la rue après l'avoir accosté par surprise ?

- Peut-être nous y sommes déjà rencontré-es, oui. J’ai l’impression que c’est autre chose, ou non.

Bon, déjà Lilith avait la confirmation que c'était bien un.e sorcier.e qui se tenait en face d'elle. Et visiblement, il avait aussi un sentiment de déjà vu. Autre que simplement une relation entre camarades de classe. Lilith n'arrivait pas à retrouver dans les méandres de sa mémoire pourquoi cette rencontre lui faisait peur autant qu'elle l'intriguait.
Avant de pouvoir rétorquer, elle entendit la suite sortir de cette bouche souriante, et intrigante :

- Face au danger, la moindre hésitation peut-être fatale ...  qu’un seul instant… de doute...

Yel avait regardé son sac. Yel savait que Lilith était prête à dégainer. Si jamais le danger se confirmait, elle allait devoir être rapide. Plus rapide que l'autre.

- mais suis-je un danger ? ajouta-il avec un air charmeur.

La main dans le dos n'avait pas échappé au regard acéré de Lilith. Que préparait-il ? Il était tout de même rare de sortir sa baguette de son dos, non ?
Décidant tout de même de jouer franc jeux, et tant pis pour l'effet de surprise, la sorcière dégaina sa baguette, sans oublier de vérifier qu'ils étaient bien seuls. Elle prit un air menaçant, autant qu'elle le pouvait.

- Je ne sais pas si tu es un danger. Mais ton comportement n'appelle pas vraiment à la détente, admet le. Elle ajouta en s'éloignant d'un pas de la menace potentielle : Poudlard donc. Je ne sais pas à quoi tu joues, mais je ne suis pas d'humeur taquine ce soir. après un temps elle ajouta, mordante Chaton

Lilith leva sa baguette en évidence devant elle, prête à réagir à la moindre attaque. Il allait peut-être être le moment de vérifier si elle n'était pas trop rouillée finalement...
Elle espérait tout de même que l'individu allait finir par se dévoiler un peu plus. C'est dans ce but qu'elle ajouta d'une voix qui se voulait cynique:

- Je suis Lilith. Lilith Bee. L'ancienne lionne retroussa ses lèvres dans un sourire sans joie A qui ai-je l'honneur de m'adresser ?

La situation était tendue, et la posture pleine de grâce du sorcier qui lui faisait face était plus que dérangeante. Un mélange de charme et de nonchalance, qui aurait attiré Lilith dans d'autres circonstances...

La danse était lancée,
l’un-e et l’autre, à tour de rôle,
avançait ses pas, tentant de prendre le lead.

Lilith Bee - comme elle se présenterait quelques secondes plus tard - d’un geste assuré mais bien trop précipité au goût de Malena, sortit sa baguette. Yel l’avait provoquée et cherchée mais yel espérait encore vibrer sur ces quelques secondes tendues sur un fil, près à rompre mais sans rompre.

Cette pression-contre pression qu’yel et elle exerçaient l’un-e sur l’autre, avait rappelé à Mal cette sensation de danger qui l’excitait, lui faisait perdre raison - au moins un peu, donnait tout contrôle à son corps, et non plus à l’esprit. Dans ces moments, il n’était plus question de réfléchir mais de laisser parler les instincts, l’animal.

Elle avait donc dégainé. Et le jeu s’en était presque terminé. Presque. - Poudlard donc. Je ne sais pas à quoi tu joues - vraiment ? Mal ne l’avait jamais réellement jamais su, il s’agissait plus d’un besoin, une provocation puérile envoyée à la mort sans doute - mais je ne suis pas d’humeur taquine ce soir. Chaton.

Sourire. Imperceptiblement, Malena fit une moue légèrement déçue.

- Je suis Lilith. Lilith Bee. À qui ai-je l’honneur de m’adresser ? dit-elle, la baguette dressée, aux aguets.

L’honneur, c’était vite dit. L’honneur, Malena en avait bien trop entendu parlé dans sa jeunesse. L’honneur des ainés, l’honneur des traditions, l’honneur de la famille, l’honneur du sang pur… bref, toute une ribambelle de déclinaisons lexicales pour dire la même chose : l’honneur des Kane ! Malena !


- L’honneur
… soupire….
quant à qui tu t’adresse jolie lionne - elle ressemblait en effet à une lionne, babines retroussées, sublime dans sa furieuse envie de vivre, cela dépend des jours et des nuits, on est tantôt l’un-e, tantôt l’autre. Aujourd’hui, en cet instant, c’est encore difficile à dire. Mais sur ces identités variables, je réponds au nom de Malena Kane.

Dans le même temps qu’yel lui lançait un regard de Louve, yel sortit une cigarette de sa poche arrière - de cette main menaçante, et l’alluma. Petit clin d’oeil amusé, léger haussement de tête pour signifier qu’yel reconnaissait une attitude quelque peu déroutante et ce sans aucune raison valable.
Enfin si, celle du jeu.

- Je n’ai pas de baguette sur moi, je ne suis qu’une brebis égarée chez les moldu, cherchant à rejoindre le monde magique. J’avoue - et voici un petit mensonge amusé - ne pas être rassuré-e par ces ruelles sombres. Peut-être voudrais-tu m’accompagner, Lilith Bee. Pause. Quelque chose me dit que tu ne me laisserais pas me perdre par ici, sans défense. Si ?

Malena s’éloigna de quelques pas, lui tournant le dos. La fumée de sa cigarette laissait une trace derrière yel. Yel se retourna à moitié. - et nous pourrons discuter et savoir si je suis vraiment un danger ou non ? Et du quel de mes souvenirs tu es l’origine Lilith. Car oui, je suis certain-e de te connaitre,

Malena Kane. En effet, ce nom ne lui était pas inconnu. Un Poufsouffle ? Serpentard ? Serdaigle ? Est ce que ça avait vraiment de l'importance ?
Ce patronyme pourtant n'évoquait rien de plus à Lilith, ce qui n'était finalement pas pour la rassurer... des sorciers anonymes - ou masqués - qu'elle avait côtoyé assez souvent pour laisser un souvenir si fort ? Il n'y en avait pas tant...
Malena semblait parler par énigme et cela allait vite agacer la jeune femme si le tête à tête durait trop longtemps... Sans parler de la tension nerveuse qu'elle sentait s'emparer de tout son corps.
Un clin d'oeil, une mimique et son interlocuteur sorti une cigarette de derrière son dos. La lionne ne pu s'empêcher de lâcher un soupir de soulagement. Voilà donc la menace contre laquelle Lilith avait sorti sa baguette. Son instinct étaient peut-être lui aussi un peu rouillé tout compte fait.

- Je n’ai pas de baguette sur moi, je ne suis qu’une brebis égarée  *Une brebis égarée... C'est cela. Et moi je suis une demi-géante...*chez les moldu, cherchant à rejoindre le monde magique. J’avoue ne pas être rassuré-e par ces ruelles sombres. Peut-être voudrais-tu m’accompagner, Lilith Bee.

Quelque chose la poussait tout de même à le.a croire au sujet de sa baguette. Un sorcier désarmé était une chose très étrange pour n'importe qui d'autre, mais pas pour Lilith. Elle-même avait laissé la sienne dans un tiroir de sa table de nuit assez longtemps pour savoir que l'on pouvait parfois "oublier". Enfin, oublier était un bien grand mot. Lilith rangea son bâton de tremble, mais le laissa tout de même à portée de main. Les automatismes sorciers finissaient par revenir. Elle s'apprêtait à répondre à la sollicitation de Malena, quand ce.tte dernier.e ajouta avec un ton espiègle.

- Quelque chose me dit que tu ne me laisserais pas me perdre par ici, sans défense. Si ?

Pour seule réponse, Lilith grommela un "Hum" tout en acquiesçant. Sans défense - avec ou sans baguette - yel ne l'était pas, elle en aurait mis sa main à couper.
La cigarette  que Malena avait allumé brillait dans la semi-obscurité de la ruelle, ce qui donnait un air presque fantomatique à ce.tte dernier.e. Lui tournant le dos, yel recracha la fumée qui forma une volute hypnotique sur son sillage.

- et nous pourrons discuter et savoir si je suis vraiment un danger ou non ? Et du quel de mes souvenirs tu es l’origine Lilith. Car oui, je suis certain-e de te connaitre.

- Discutons. Mais je ne suis pas sur que je sois un bon souvenir Malena... En même temps, si elle avait croisé sa route hors de Poudlard, il y avait peu de chance que que ce le soit. Mais je discute mieux avec une cigarette moi aussi...

En terminant sa phrase, Lilith rattrapa Malena et tendit la main vers yel comme un enfant quémanderait un bonbon à sa mère.
Qu'est ce qui lui prenait ? Elle n'avait pas fumé depuis son départ de Paris. Et d'ailleurs elle n'en avait même pas eu l'envie. Mais là, quelque chose la poussait vers son ancienne addiction. Comme un soupçon de malaise dans l'air qui lui rappelait que ces petites bouffées de nicotine la calmaient si bien. Ou bien était-ce l'envie de se donner une consistance face à cet individu si atypique ?
Tout en se calant sur le pas lent et cadencé de son interlocuteur.trice, la sorcière regarda devant elle.

- J'ai moi-même ce sentiment de déjà vu... Mais pas moyen de savoir où. Par contre ton visage ne me dis rien. Ou alors peut-être derrière un masque ? à ces mots, elle se tourna très légèrement afin de scruter le moindre rictus qui pourrait le.a trahir.

C'était une tentative très risquée. Si les soupçons de Lilith étaient fondés, elle était littéralement en train de discuter avec un ancien ennemi mortel. Voir un ennemi mortel tout court. Pourtant, et ce malgré toute la défiance qu'elle pouvait nourrir pour Malena, la jeune femme se rendait peu à peu compte qu'elle prenait plaisir à rentrer dans le jeu. Un jeu du chat et de la souris, restait à savoir qui serait le chat, qui la souris...

Ses cheveux noirs tombaient en boucles sur ses épaules. Derrière cet air nonchalant, le visage de Mal, noble et bien découpé, à l’instant des Kane, était aiguisé par l’attention. Une attention toute tournée vers la Lionne des rues. Celle-ci lui tendit ses griffes et yel y abandonna le reste de sa cigarette. Trêve, pause muette. Calumet de la paix ?
Yel en prit une nouvelle et leurs pas se calèrent, harmonie fragile.

J'ai moi-même ce sentiment de déjà vu... Mais pas moyen de savoir où. Par contre ton visage ne me dis rien. Ou alors peut-être derrière un masque ?

Masque.
La balle de mots avait touché un point, réveillée quelque chose. Un quelque chose jusqu’alors caché dans la mécanique de son corps, un quelque chose anesthésié.
Épaule gauche. Mal tressaillit légèrement.

Masque. Relent d’une autre identité aujourd’hui refoulée - ou presque.
Son passé de Mangemort, parmi toutes choses, était ce qu’il lui restait de plus flou. Comme une grosse gueule de bois. Comme une nuit embrumée par les drogues. Une longue nuit - pas si longue finalement.
Masque. Rien de précis lui revenait, seulement
une couleur - celle de la braise,
ou une température - celle du combat
peut-être bien une odeur - celle de la poudre.

- Hum, commença-t-yel, en soufflant la fumée, des nuits masquées, j’en ai connues quelques unes, en effet. Hautes en couleur, il me semble, dit-yel dans un petit rire.

Le Dragon et la Lionne arrivèrent devant une ruelle plus sombre encore. À gauche, un autre chemin, plus lumineux, se découvrait. - Tu fais remonter des souvenirs lointains. Comme un phénix qui renait de ses cendres, ou comme l’aurore après la nuit, dit-yel avec un énième sourire charmeur, un peu narquois. La Lionne avait-elle découvert un de ses secrets ? Un des secrets dont Malena n’avait même plus conscience.

- Pourdlard semble loin n’est-ce pas ?
Peut-être avons-nous déjà joué-es ensemble lors d’une de ses nuits.

Arrêté-es,
À la croisée des chemins,
- Allons tout droit - vers la ruelle sombre,
le jeu continuait, finalement.

Le.a Sorcier.e eut une réaction à peine perceptible suite à la pique lancée par Lilith. Mais pas assez pour passer inaperçu face à des yeux experts. Sans pourtant réagir directement, Malena confirma avoir connu des "nuits masquées". Mais ce n'était pas assez pour confirmer des soupçons reposant sur une simple impression.
Malgré tout, Lilith prit note et tira sur la cigarette qu'on lui avait offerte. A la première bouffée, une légère toux lui secoua le dos, la seconde fut bien plus agréable.  

- Tu fais remonter des souvenirs lointains. Comme un phénix qui renait de ses cendres, ou comme l’aurore après la nuit.

Malena était-yel juste complètement paumé.e, avait-elles réellement un passé en commun ? *Ou peut-être les deux*
A l'énonciation du mot "Phénix", un rictus vint se poser sur le visage pourtant impassible de Lilith. Elle tourna la tête vers ce qui semblait être la voie la plus sûre, à leur gauche et ferma les yeux quelques instant. Puis, elle porta la cigarette à ses lèvres d'un geste qui se voulait calme et calculé, avant de se retourner et de souffler sa fumée dans le visage de son interlocuteur.rice. Hors de question de dévoiler toutes ses cartes.

- Un phénix, oui... Etrangement j'ai toujours aimé cet oiseaux. Coriace, lumineux, immortel...

Mais qu'est ce qu'elle racontait là ? Ça n'avait aucun sens ! Lilith laissa mourir sa phrase dans un souffle. Pourquoi cet individu la mettait-elle aussi mal à l'aise ? Elle avait vu des gens mourir devant elle, elle avait même tué de sang froid pour la première fois à tout juste 16 ans, et plus que tout, elle avait tenu des conversations entières avec Rurik sans se laisser intimider. Et là, ce.tte sorcier.e au physique élancé et frêle lui faisait perdre ses moyens ? Heureusement, Malena continua.

- Pourdlard semble loin n’est-ce pas ? Peut-être avons-nous déjà joué-es ensemble lors d’une de ses nuits.

Poudlard lui semblait très loin en effet, une autre vie même... Les deux jeunes gens s'étaient arrêtés à l'embranchement de deux rues. Ombre et lumière. Comme deux voies qui s'offraient à eux. Lilith nota l'ironie de la situation: l'aurore après la nuit, Phénix et Mangemorts, ruelle sombre ou chemin éclairé ?

- Tout droit alors.

Et la lionne ouvrit la marche.
La phase d'approche était terminée, la danse était maintenant entamée. Un tango bien cadencé où les deux danseurs étaient aussi fiers l'un que l'autre.

- Tout droit alors,
Malena avait déjà avancé,
ne doutant pas que la belle suivrait les pas de la bête,
assuré-e qu’elle accepterait d’entrer dans son jeu -
non sans prévoir - ses propres coups.
Relancer la partie et l’emmener sur son propre terrain s’il le fallait -
ou lorsqu’il.
Ça non plus, Malena n’en doutait pas.

Chasser, être chassé-e.
Ce jeu, le-a Serdy avait toujours apprécié y jouer.
Le danger, yel l’avait dans le sang,
il battait ses tempes,
lui retournait les entrailles, chatouillait le point,
allumait les papillons,
lui incendiait la peau, lui brûlait les poils,
lui faisait entrevoir l’au-delà de ses propres limites,
comme une boule en fusion prêt-e à jaillir d’yel,
un orgasme explosif, un volcan,
son propre big-bang,
jusqu’à l’overdose ?
Respiration.

Pendant plusieurs minutes, yel, elle, il marchèrent :
Yel Le Dragon, Elle La Lionne, Il le Silence.

Il Le Silence.
Éternel compagnon à la présence parfois délicieuse, parfois gênante,
encombrante.
Ce soir-là, Il le Silence avait apporté ses instruments à percussion - ses talons.
Ici, on entendait que leur bruit
quatre percus au rythme régulier,
qui venait comme le vent,
en amont ou en aval des ruelles sombres,
impossible à savoir,
l’écho brouillait les pistes,
leur bruit
qui claquait sur le bitume détrempé du jour,
le bitume encore fumant des âmes-mégots laissées là abandonnées.

Elle la Lionne marchait à ses côtés.
Yel Le Dragon pouvait ressentir son vif vibrer d’adrénaline. De la peur ?
C’était discret, à peine contrôlé, magnifique de tension.
La digue qui retient les vagues.
Malena s’étonna d’y être influencé-e. Yel tremblait aussi, un peu.
Ou peut-être était-ce yel qui l’influençait, elle.

C’était agréable et démangeant.

Il Le Silence s'éclipsa. On entendait encore le bruit des pas.
- Je suis intrigué-e. Qu’est-ce que ça te fait de savoir, ou ne serait-ce d’envisager, que peut-être. Pause. Le temps d’allumer une cigarette (un brin cinématographique Mal). Que peut-être, tu es ma proie, enivrée par le goût du danger. Pause. Que peut-être, qui sait. Quand. tu arriveras au bout de cette ruelle…

Malena avait entendu cette théorie selon laquelle des animaux syntaxiques existaient. « Le Donc aux allures de gorces, le Lorsque sommeillant comme un loir, [•••] le Puisque, le Sibienque, le Quoique qui dissonne ! »* Et que chacun dans son rôle parait ici ou là, quelque chose, soudain, se passe. Le lien entre deux événements à l’existence potentielle, qui, plouf, attendent leur heure pour être articulé dans le réel, flac, se rencontrent, se plient l’un sur l’autre par l’animal syntaxique.

Le Quand en était un autre. Animal syntaxique.
Quand Lilith arrivait au bout de cette ruelle… Et bien ? Quoi ?
Quel serait le deuxième événement happé, accroché à l’hameçon ?
Qu’allait-il advenir ?
Quand.
Et bien ? Quoi ?
Quelle en serait la conclusion ?

*:

Les deux sorciers avancèrent dans la ruelle. Dans un silence pesant, presque palpable tellement il était lourd autour d'eux. Pourtant des bribes de vie parvenaient encore jusqu'à leurs oreilles. Des bruits de moteurs, un rire d'enfant, des bavardages incessants ...

Tout ceci aurait été envoutant, presque apaisant, si la tension entre eux n'avait pas été toujours aussi tangible. D'un coup, d'une manière que Lilith trouva presque impolie, Malena rompit ce moment suspendu.  

- Je suis intrigué-e. Qu’est-ce que ça te fait de savoir, ou ne serait-ce d’envisager, que peut-être...

Yel prit le temps de rallumer une cigarette. Lilith quant à elle n'avait pas encore tout à fait terminé la sienne, et arrêta son geste à quelques millimètre de ses lèvres.

- Que peut-être, tu es ma proie, enivrée par le goût du danger. Que peut-être, qui sait. Quand. tu arriveras au bout de cette ruelle…

Mal intentionné.e ou non, ce.tte curieu.se sorcier.e avait le sens du suspense. Lilith sentait sa respiration se faire plus hachée, son coeur battre plus vite et de légers picotements se répandre dans sa main droite. Elle n'avait pas cachée sa baguette, elle en aurait peut-être besoin avant de savoir ce qui allait se passer Quand la bout de la ruelle serait là. Une envie irrépressible de continuer la provocation la poussa à répondre.
L'étreinte de Lilith sur sa baguette se resserra encore.
Elle en avait assez de ce petit jeu. Elle n'était pas une proie. Elle ne le serait plus jamais. Si elle suivait Malena, c'était parce qu'yel l'intriguait. Parce que peut-être était-yel lié à son passé d'une manière ou d'une autre et que Lilith vivait pour combler le vide que ce passé avait creusé en elle.

- Ça tombe bien, j'ai des fourmis dans ma baguette... *

Sans crier gare, elle s'arrêta, fit un quart de tour sur elle-même et pointa sa baguette vers le dragon qui fumait encore, envoyant des petites volutes de fumé autour de lui.

- #Obstringere ! Le sort était sorti d'un recoin de sa mémoire. Elle y avait mis toute sa volonté, sentant la magie revenir par vague dans son corps. Le résultat serait conditionné à la force qu'elle mettrai dans ce maléfice. Si tout allait bien, yel serait immobilisé. Trop, yel risquait d'étouffer. Pas assez, ses habits s'ajusteraient parfaitement à sa silhouette.

A l'instant T, qu'il était bon de sentir le pouvoir de nouveau affluer dans son esprit, son bras et son précieux bout de bois, prolongement de sa main.
Un sourire de joie sincère éclairait le visage de la fille aux cheveux auburn. Elle avait oublié cette adrénaline et cette sensation inégalable qui peu à peu s'emparait d'elle. Un mélange de peur, d'invincibilité et de vulnérabilité. La meilleure des méditations, Lilith était ancrée dans le moment présent. N'existaient plus qu'elle, la magie et son adversaire.

*:

6. Le Quand
fut bouffé par le Soudain : l’instant qui échappe à tout contrôle,
celui qui claque, décalque,
convulsion du flux continu,
vague qui fracasse la digue,
celui qui par sa volonté seule,
crée son propre mouvement, sa propre force,
sa propre réalité.

Mal fut emporté-e, presque surpris-e,
le presque étant déjà de trop.
Quelle anomalie s’était coincée dans son corps pour qu’yel ne réagisse pas ?
Était-ce la beauté de ce tout à coup sans crier gare
ou son corps ankylosé par le temps,
courbaturé par les souvenirs encombrants que cette ville, cette ruelle, cette rousse lui rappelait ?

Mal se retrouvait pris-e au piège, entravé-e par ses propres vêtements,
de sa seconde chaire d’ordinaire pourtant leste et vague. La pression du sortilège n’était pas si forte… à croire que la Lionne avait voulu lui laisser la possibilité de s’échapper ou peut-être de lui laisser croire qu’yel avait cette possibilité… ou peut-être qu’elle aussi était rouillée.
Beaucoup d’hypothèses, Mal ne savait sur laquelle s’appuyer.

Le sourire ivresse de déversait sur le visage de la jolie prédatrice.
À cette image, Mal sentit des frémissements au creux de son ventre ;
une énergie oubliée qui s’ancrait dans la peur, dans le désir constant qu’yel avait de séduire la Vie et de tromper de la Mort.
Le corps de sa partenaire de jeu l’hypnotisait.
Il était là. Complètement là.
Le temps s’y fracassait, comme sur un roc, il se blessait contre les courbes sensuelles de celle aux flammes dans les cheveux.

- Tu n’aimes pas être surprise à ce que je vois… le bout de cette ruelle aurait pu être… Bref. Malena reprit sa respiration. Son haut noir collait son sa poitrine. Tu as gardé quelques beaux réflexes… que vas-tu faire de moi terrible démon de la nuit ?

Nul bruit autour, juste les coeurs qui tambourinent et Malena à la merci de Lilith.
- Dans d’autres circonstances, ton sort aurait été trop faible… est-ce calculée… ou est-ce que tes capacités se sont amoindries avec le temps ?

Sans baguette.
Un couteau toujours dissimulée dans sa ceinture. Près de sa main gauche.
La fumée de la cigarette, elle, s’échappait de sa main droite et montait le long de son bras. La cendre commençait à s’ancrer dans sa peau. Il lui était impossible de bouger ses doigts ou du moins, ne voulait-yel pas essayer le faire.

- Tout Dragon que je suis, ma peau ne me protégera pas de la brûlure du feu… veux-tu marquer cette rencontre au fer rouge ou t’approcheras-tu plus près au risque de te brûler les ailes ?

Viens. Approche-toi.

Visiblement, le sort avait eu l'effet escompté. Enfin presque. Malena n'était pas paniqué.e le moins du monde par ce qui était en train de lui arriver. Et pour cause, yel semblait à peine gêné par la pression de ses vêtements sur son corps androgyne. Un sourire inquiétant se lisait sur ce visage non moins intriguant.

- Non, je n'aime pas les surprises. Les yeux de Lilith lançait des éclairs, mais les coins de sa bouche qui continuaient à se relever trahissait le plaisir qu'elle prenait dans cet échange peu conventionnel. Elle ajouta, froide mais sans colèreJe ne suis pas un démon. Et je ne fais que me défendre...

La dernière phrase était-elle vraie ? De quoi, de qui s'était-elle défendue ? Mal' était certe menaçant.e dans son attitude, mais à aucun moment yel n'avait été réellement un danger pour Lilith. La jeune femme avait-elle sur-réagit ? Son instinct lui disait que non, mais que valait son instinct après tant d'années étouffées dans une vie de moldue ...

- Dans d’autres circonstances, ton sort aurait été trop faible… est-ce calculée… ou est-ce que tes capacités se sont amoindries avec le temps ?

- Peut-être suis-je faible. Ou peut-être était-ce calculé. A toi de choisir quelle solution te parait la plus plausible. Un clin d'oeil. Mais attention, c'est toujours dangereux de sous-estimer son adversaire.

Voilà que la Lionne rentrait dans le jeux des devinettes. Un jeux grisant. Et aussi bien utile pour cacher ses faiblesses. Faiblesses qui auraient été flagrante pour qui connaissait mieux la magie.
Alors qu'elle essayait d'analyser la situation, seule face à Malena qui ne bougeait toujours pas, une odeur de brulé vint lui titiller les narines. La fumée de la cigarette que Malena venait tout juste de rallumer continuait inlassablement à voleter autour de son bras droit, la cendre incandescente du mégot se rapprochant dangereusement de sa main immobile.

- Tout Dragon que je suis, ma peau ne me protégera pas de la brûlure du feu… veux-tu marquer cette rencontre au fer rouge ou t’approcheras-tu plus près au risque de te brûler les ailes ?

Se rapprocher de ce dragon, cela ne lui disait rien qui vaille... Mais fallait-il le laisser se consumer pour autant ?
Oubliant presque qu'il existait très certainement un sort - sort basique qui plus est - Lilith s'approcha prudemment de yel. Sa baguette bien ancrée dans sa main, prête à répliquer. Elle aurait pu le.a libérer du sortilège. Elle aurait plus même le.a bruler comme une brindille.
Mais quelque chose de l'ordre du surnaturel attirait l'ancienne rouge et or vers cet individu. Elle courrait très certainement à sa perte. Mais au moins elle vivait. Sans se départir de ses sourcils froncés et de son demi sourire, Lilith avançait. Trois pas la séparait de Mal.

1 pas...
L'odeur de cigarette se mélangeait maintenant avec celle un peu acre de la chair qui commençait à chauffer. Elle plissa le nez.

2 pas...
Une nouvelle odeur dans ses narines. Celle de la peur et de l'excitation mélangée.

1 pas.
Elle pouvait maintenant le.a toucher. Une hésitation, un temps. Qu'allait-il se passer ?