Saison 31 - Automne, le jour de la rentrée


*Cet endroit est vraiment…dingue !*

Nathanaël avait grimpé un nombre incalculable d'escaliers, de tous les styles et de toutes les tailles. Des petits à moitié délabrés, des immenses en pierre, des escaliers en colimaçon et même des escaliers qui bougeaient par eux-mêmes... Et il n'avait cessé d'avoir les yeux écarquillés pendant tout le trajet. D'abord pendant le festin, en voyant les plats qui se remplissaient en continu, puis en suivant les préfets de Serdaigle, sa maison à laquelle il devrait désormais s'identifier, dans le dédale du château. Il avait vu des tableaux, beaucoup, de style ancien pour la majorité, mais dont les sujets bougeaient disparaissaient pour réapparaitre dans le tableau voisin. Il aurait voulu s’arrêter pour prendre le temps de regarder tout ça avec attention, mais, sa petite taille aidant, il fut emporté par la foule des élèves sans pouvoir rien y faire.

D’ailleurs, il n’avait pas vraiment pris le temps non plus de jeter un œil aux autres élèves et n'en prit conscience que lorsqu'il arriva à proximité d’une pièce que les préfets désignèrent comme étant leur salle commune. Visiblement, c'était une pièce à laquelle seuls les Serdaigles avaient accès et qui leur permettait de rejoindre leurs dortoirs respectifs.

Le jeune homme suivit le flot des élèves et pénétra dans la salle commune, nichée dans une tour du château, meublée aux couleurs de la maison Serdaigle, le bleu et le bronze. Curieusement, il s’y senti instantanément bien.

Tellement bien qu’il ressenti le besoin de partager ce sentiment avec la première personne qui passerait à côté de lui. Et justement, une jeune fille aux cheveux blonds-roux se tenait à 2 ou 3 mètres de lui. C’était une nouvelle, comme lui. Il l’avait vue lors de la répartition, elle avait rejoint la table des Serdaigles quelques instants après lui.
Il se rapprocha d’elle et, essayant de garder un air détaché, il lança :

- C’est super cet endroit, non ? C’est ta première fois ? Enfin j’veux dire, tu es en première année, non ?!

D’un coup, son allégresse semblait avoir fondu comme neige au soleil, emportant par la même occasion son semblant d’assurance tout neuf. Finalement, il aurait sans doute mieux fait de garder ce ressenti pour lui et d’aller se coucher…

Quand on vous dit pendant presque onze ans que non, la magie n’existe pas, que non, vous ne verrez jamais de Licorne ni de Dragon, quand on vous dit que toutes ces histoires ne sont que des légendes pour faire peur ou au contraire pour émerveiller petits et grands, vous avez du mal à croire cette personne qui vient à la maison pour expliquer ce que sont les Sorciers et ce qu’est Poudlard. Et pourtant, cette personne-là vous montre des preuves : une baguette, un sort, un Chemin remplit de boutiques toutes aussi étranges les unes que les autres. Alors là, vous finissez par y croire car un rêve ne peut pas durer aussi longtemps, ni être aussi précis. Un rêve est souvent farfelu, et si ce nouveau monde est tout aussi farfelu, les choses sont bien trop précises pour avoir été crées en une nuit dans votre esprit.

Et bien, c’est ce qui c’est passé pour moi. Exactement ainsi. On m’a montré de la magie pour de vrai, on m’a amené dans un endroit rempli de gens et de choses étranges, on m’a fait acheter une baguette, des plumes et de l’encre, du parchemin et tout un tas de livres aux noms spéciaux, on m’a fait acheter une cape et des robes de Sorciers. Puis j’ai dû faire mes valises, des grosses valises puisque je ne rentrerais pas à la maison avant Noël. Et on m’a fait traversé un mur dans une gare remplit de monde, et j’ai dû rentrer dans le train qui se trouvait derrière ce mur. Il y avait du monde, beaucoup de monde, je n’ai pas trop apprécié cette partie-là qui consistait à devoir traverser la foule bruyante pour trouver une place. Heureusement, le voyage s’est plutôt bien passé.

Et maintenant, je me retrouve assise dans ce qu’on appelle une Salle Commune. D’abord, j’ai dû m’installer dans une barque, naviguer sur un lac immense alors qu’il faisait tout sombre, patienter dans une petite salle avec tous les autres enfants de mon âge excités comme des petits à la cour de récréation, puis j’ai dû écouter les noms et prénoms pour rejoindre l’adulte qui parlait, m’asseoir sur le tabouret et me laisser poser un chapeau bizarre sur la tête. Il a crié un mot étrange, je n’ai pas compris mais comme je ne suis pas passée la première, je savais où je devais aller : à la table des élèves applaudissant. Tous les première années ont vécu ça, c’était long mais au moins, j’ai eu le temps d’observer la salle. Une très grande salle, avec quatre tables immenses. Et une fois que tout le monde s’est vu attribué un de ces quatre noms étranges, un adulte a parlé, et… PAF ! Le repas est apparu. Oui oui, comme ça, c’était vide puis c’était plein. Je n’ai pas beaucoup mangé, entre la surprise, la curiosité de tout et quand même la peur, je n’avais pas trop faim.

Puis on a monté des marches, beaucoup beaucoup beaucoup de marches, on a vu les escaliers bouger et les tableaux faire de même, puis les personnes que l’on appelle préfets nous on montré cette salle. La Salle Commune des Serdaigles. Dans une tour. Une idée merveilleuse, magnifique. Quoi de mieux qu’une tour pour contempler les étoiles ? Plus on est près, mieux c’est. Même si c’est particulièrement long d’arriver jusque tout là, j’aime l’idée. Alors je me suis avancée, j’ai hésiter – ou aller ? Les fenêtres, les fauteuils, les canapés ? Les plus grands savaient où aller, ils connaissaient l’endroit. Alors j’ai finit par opter pour la simplicité : le sol. J’ai récupéré mes crayons et mon carnet d’abord, mes objets qui ne me quitteront jamais. J’y tiens, en plus mon carnet est tout neuf, c’est Mark qui me l’a gentiment offert. Et je me suis mise par terre, assise en tailleur, il ne sert à rien de chercher la difficulté. Et j’ai commencé à dessiner le château qui apparu à mes yeux comme on le dessine dans les livres, grands, immenses, hauts, aux fenêtres illuminées.

Ce n’est pas très calme ici, les élèves blablatent joyeusement. Ils doivent être contents de se retrouver ? Moi, je connais personne, alors tout le monde me laissera tranquille. Ou pas, parce qu’une voix s’élève tout près de moi. Une voix qui ne vient pas de nulle part, je lève la tête pour regarder qui parle tout en espérant un instant que la voix s’adresse à quelqu’un assis près de moi. Mais non, le garçon me regarde moi. Il est petit, il est forcément en première année. D’ailleurs maintenant que j’y pense, j’ai vu sa tête pendant ce long moment de passage au chapeau bavard ! Il est passé avant moi. Je n’ai pas retenu son prénom, comment aurais-je pu, nous étions bien trop nombreux ! De toute façon, c’est pas très important les prénoms. Ce qui est important, ce sont les questions qu’il a posé. La première idée qui vient, c’est le silence. Pourquoi lui répondre ? Je ne le connais pas, et je ne pense pas vraiment en avoir envie. Mais le grand frère avant mon départ m’a prévenu, il faut parler, essayer d’avoir des amis. J’ai protesté d’ailleurs, mais finalement j’ai accepté, j’ai promis de parler. Un peu. Enfin, c’était surtout pour qu’il me laisse tranquille. Sauf que j’ai promis.

Alors je finis par sourire au garçon qui n’a pas du tout l’air à l’aise, ce que je comprends totalement. Il a dit quoi déjà ? Ah oui, il s’est interrogé sur mon âge, en gros. «Oui je suis en première année.» Il faut un début à tout ! Et pour moi, c’est maintenant. «Toi aussi ?» La question inutile, c’est obligé qu’il soit en première année sinon il serait déjà avec ses amis. Quel élève viendrait me parler sinon ? Remarquez, il n’a pas l’air trop méchant. Pour l’instant. Et pour en être sûre, il faut parler ! S’interroger, avoir une conversation. Et pour ça, s’intéresser à la première question qu’il a posé et que je n’ai pas encore abordé. «C’est vraiment super bizarre ici. Tu trouves pas ? On va à l’école dans un château quand même ! C’est la première fois que je vois ça. Puis, tout est différent ici. Y a de la magie. Tu en avais chez toi, de la magie ?» De ce que j’ai compris, il y a des élèves qui ont l’habitude de la magie, qui en ont chez eux. Parce que la personne qui est venue me voir à la maison, elle ne fait pas ça pour tous les élèves, vous imaginez sinon ça leur ferait un boulot monstre…

*Franchement, Nath, la prochaine fois choisis quelqu'un qui a l'air d'avoir envie de parler !*

La jeune fille en question, qui n'avait rien demandé à personne, était assise en tailleur à même le sol et dessinait tranquillement, ce qui semblait être le château. Nath se sentit encore plus idiot de l'avoir dérangée pour une question aussi nulle, et commença à danser d'un pied sur l'autre.

Mais finalement, elle lui sourit, acquiesça à sa question et lui demanda s'il était bien en première année.

Avant qu'il n'ait eu le temps de lui répondre, la jeune fille enchaîna : "C’est vraiment super bizarre ici. Tu trouves pas ? On va à l’école dans un château quand même ! C’est la première fois que je vois ça. Puis, tout est différent ici. Y a de la magie. Tu en avais chez toi, de la magie ?".

Non seulement Nath était tombée sur une première année, mais visiblement, elle aussi était née moldue ! Finalement, il n'avait pas fait une si mauvaise pioche que ça. Nath sourit largement en comprenant que la jeune fille et lui étaient dans la même situation et s'apprêta à répondre, quand il se fit un peu bousculer par un groupe d'élèves plus âgés qui passa bruyamment juste sous son nez. A rester dans le passage comme ça, ils allaient avoir du mal à discuter.

Aussi, le jeune Serdaigle étant désormais rassuré sur le fait qu'il ne dérangeait pas son interlocutrice, répondit :
- Oui, je suis aussi en première année. Je peux m'asseoir ? demanda-t-il sans attendre la réponse.

Il prit place aux côtés de la Serdaigle et poursuivit :
- C'est vrai que c'est un peu dingue !... Non, complètement dingue en fait ! Tu as vu les armures qui bougent toutes seules dans les couloirs ? Et les plats qui se sont remplis tout à l'heure ? Sans parler de la taille du château, c'est...ça me change de chez moi, c'est sûr, termina-t-il, le regard dans le vague. Il pensa à la petite maison de 90 mètres carrés qu'il partageait avec ses parents et ses 4 frères et sœurs il y a encore deux jours. Et non, il n'y avait pas de magie là bas. Même si la façon dont mon frère réussissait à échapper aux corvées était magique... Si je comprends bien, toi aussi tu viens d'une famille de moldus ?

Il avait posé cette question en baissant légèrement la voix. Non pas qu'il éprouva quelque honte que ce soit à l'idée de mentionner ses origines. Simplement, il avait eu le sentiment, que ce soit dans le train ou au Chemin de Traverse, que certains sorciers n'étaient pas très...accueillants envers les nés moldus. Alors, jusqu'à ce qu'il sache un peu mieux ce qu'il en était pour les autres élèves de Poudlard, il valait mieux faire profil bas.

- Au fait, je m'appelle Nathanaël. Nathanaël Blunt.

Mark serait content s’il savait que dès le premier jour de la rentrée, j’avais accepté de discuter avec un élève, dans un endroit plein de monde qui plus est. J’aimerais bien qu’il soit là lui aussi, il n’est jamais allé à Poudlard mais je suis presque sûre qu’il aurait bien aimé faire de la magie. Sauf qu’il n’est pas un Sorcier, et même s’il avait eu une baguette ça n’aurait pas fonctionné puisqu’il n’en faisait pas avant. Je me demande bien comment ça se fait que dans une famille qui n’a jamais eu de magie entre ses membres, moi j’en ai. C’est super bizarre, mais c’est comme ça, et il faut bien avouer que ça me plaît cette idée de découvrir un tout nouveau monde, même si ça fait un peu peur. En tout cas pour l’instant, mon grand frère n’est pas là, il ne sait pas ce qu’il se passe et ne le saura pas tant que je n’aurais pas envoyé de lettre, alors il faut mettre de côté l’habituel et se concentrer sur cet inconnu qui est venu. Il semble content d’ailleurs, ce garçon de ma "Maison". Content que je réponde certainement, il paraît que les gens n’aiment pas qu’on les ignore alors qu’ils nous parlent… J’ai bien fait de répondre, ce serait embêtant de paraître malpolie dès la rentrée. Quoique, généralement je m’en fiche un peu de l’avis des autres. Mais ce n’est pas comme si mon dessin allait s’en aller, surtout que je n’ai pas eu assez de temps pour contempler le château, l’image n’est pas nette dans l’esprit.

Sauf qu’il n’a pas le temps de répondre à son tour que voilà des élèves plus grands qui passent et le bousculent, bavards et bruyants malpolis. Ils pourraient regarder où vont leurs pas, même si on est un peu au milieu tous les deux. Juste un peu… De toute façon, c’est écrit nulle part qu’il est interdit de s’asseoir par terre, alors je m’installe où je veux. À eux de faire attention, ils n’avaient qu’à s’asseoir au lieu de marcher. Le petit groupe passé, le garçon acquiesce : lui aussi est en première année. Je le savais, j’ai vu sa tête pendant le passage au chapeau bavard. Remarquez, il y a certainement des élèves qui se ressemblent, j’aurais pu me tromper. Il vaut mieux poser la question pour être sûre, non ? Quoi qu’il en soit, il a l’air d’avoir envie de bavarder, demandant l’autorisation pour s’installer mais ne l’attendant pas vraiment. Je hoche la tête tandis qu’il s’assoit déjà, curieuse d’entendre la suite. Est-ce qu’il en avait lui, de la magie chez lui ? Il pourrait m’en parler. Un peu. Enfin, je n’ai pas vraiment besoin qu’on me parle de la magie. Je saurais très bien tout découvrir toute seule.

Je crois que c’est assez simple de comprendre quelle personne est habituée à la magie ou non. Quand on y est habitué, on ne s’étonne pas de tous les trucs "bizarres" qui ont pu se passer devant nos yeux depuis notre arrivée. Pourtant lui s’en étonne, il trouve ça dingue et commence à énumérer toutes ces choses étonnantes. J’ai vu les armures, j’ai vu les plats, j’ai vu les peintures et les escaliers aussi. On pourrait faire une liste immense de ce qui s’est passé d’inhabituel ici ! Sauf que ça pourrait être long, et le garçon enchaîne. Non, il n’avait pas de magie chez lui, comme moi. Il parle pourtant de son frère qui semble faire une magie un peu spéciale, mais j’imagine que c’est une façon de parler ? Chez moi, il n’y avait rien de magique du tout. Rien de magique tel que le verrait un Sorcier, mais les étoiles sont un peu magiques je trouve. Beaucoup de choses peuvent être magiques, sans réellement l’être. Mais ici, à Poudlard, la seule magie qui intéresse les Sorciers est celle qui font d’eux des sang-purs et de nous des nés moldus, si j’ai tout bien compris. D’ailleurs, le garçon s’intéresse à cette histoire de moldus puisqu’il me demande si moi aussi je viens d’une famille sans magie Et il y a bien une chose qu’il faut comprendre maintenant, c’est que si lui est moldu, il ne se moquera pas. Dans le train, j’en ai entendu certains rires là-dessus. Mais cet élève serait vraiment bête de se moquer de ça alors qu’il est "comme moi". «Oui, je suis née-moldue.» Je l’observe un instant, étonnée en me rendant compte qu’il a parlé moins fort en posant cette question. Peut-être que certains se sont moqués de lui, comme j’ai entendu dans le train. Les enfants, et même les plus grands, sont vraiment bêtes. Alors j’ajoute «C’est certainement pour ça qu’on trouve tout bizarre ici. Mais bon, la magie ça a l’air super chouette ! Et puis, ça veut pas dire qu’on sera nul pour autant.» Ça, c’est pas trop sûr, mais il faut être optimiste, et puis les autres sont forcément dans le même cas que nous. Pourquoi un Sorcier depuis toujours dans sa famille serait-il plus fort ?

La premier année semble intéressé par l’idée de se présenter finalement. Si j’ai toujours pensé que connaître que le prénom des autres n’était pas forcément utile, il faut bien avouer que selon les conditions, ça peut toujours être pratique de connaître l’identité de l’autre. Qui sait, peut-être qu’un jour j’aurais besoin de l’utiliser ? En tout cas, lui c’est Nathanaël, et je note ce prénom dans un coin de ma tête en espérant réussir à le retenir. Il n’est pas bien compliqué, j’ai déjà entendu des prénoms impossibles à dire. «Moi, c’est Elida Cestero.» Les noms de famille, je les retiens très rarement. À part le mien, car les adultes y tiennent toujours, mais celui des autres c’est rare. Encore que celui du Serdaigle est assez simple. Typiquement anglais, non ? Un truc comme ça. Ben moi, c’est espagnol. Logique. Est-ce que je suis censée dire autre chose ? Je sais pas trop. Je suis pas douée pour avoir une conversation digne de ce nom. Alors je commence à rajouter une fenêtre à mon dessin du château, essayant de deviner quelles salles de cours peuvent s’y trouver. Les matières sont super étranges ici, les noms des livres achetés sont très étranges. Assez explicite en vrai, mais super bizarres. D’ailleurs… Je relève la tête vers le garçon, curieuse «Tu as lu les livres qu’on devait acheter ? Les matières ont l’air bizarres je crois. Enfin, Astronomie ça va c’est facile et assez normal, mais Potions… C’est moins normal.»

Le jeune homme se perdit dans la contemplation du tapis pendant qu'il attendait la réponse de sa camarade. Alors qu'il en était rendu à effilocher entre ses doigts l'une de ses fibres, la jeune fille indiqua qu'elle était aussi née moldue. Un étau dont Nath n'avait pas eu conscience se desserra dans sa poitrine. Ils étaient au moins deux. C'était idiot comme réflexion, parce qu'il y avait de grandes chances qu'ils soient plus nombreux que cela. Mais voilà, pour son premier soir loin de sa famille, dans un château à l'autre bout de l'Angleterre, au milieu de gens beaucoup plus âgés que lui et dans une école dont il n'avait jamais pu expérimenter un seul cours avant cela, savoir qu'ils étaient au moins deux dans la même situation lui mettait du baume au cœur.

La Serdaigle enchaîna en disant que c'est pour cela qu'ils trouvaient "tout bizarre" ici. Mais elle semblait très enthousiaste à propos de la magie et nota qu'ils ne seraient pas nuls pour autant. Cette remarque plongea Nathanaël dans une réflexion intense : il se rendait compte qu'il n'avait jamais véritablement réfléchit au niveau qui serait attendu à Poudlard. En école moldue, il était bon. Très bon même. Sans vraiment se forcer d'ailleurs. Sa mémoire et sa curiosité lui avaient toujours permis d'être en tête de classe. Mais ici... Comment savoir s'il serait bon en potions, en cours de sortilèges ou en...ah comment ça s'appelait déja ? Un truc concernant des créatures magiques ? Bref, il n'avait qu'une idée très vague de ce que les intitulés mystérieux qu'il avait aperçu en lisant sa liste de fournitures signifiaient vraiment.

La jeune fille se présenta finalement sous le nom d'Elida. Avant de se replonger dans son dessin. Finalement, il n'était peut être pas si asocial que cela. Il commença à sérieusement envisager de se relever pour laisser Elida tranquille, quand celle-ci l'interrogea subitement sur les livres qu'ils avaient dû acheter et sur le caractère normal ou pas des cours.

- Euh oui. Enfin je les ai feuilletés quoi, dit-il mal à l'aise. A dire vrai, vu qu'il les avait acquis seulement 24h avant, ils étaient tous restés emballés et avaient rejoint le reste de son fourbi dans sa valise. Et je pense qu'il va falloir que l'on s'habitue aux trucs...pas normaux, fit-il remarquer en riant. Après tout, on est dans un château, dans lequel j'ai déja croisé deux fantômes et mangé un repas apparu tout seul dans mon assiette. On a dû faire l'acquisition d'un chaudron, d'une baguette magique et la moitié des élèves plus grands se baladaient dans le train avec des hiboux en cage, énuméra-t-il en comptant sur ses doigts. Et on est que le premier jour. Je ne sais pas ce que nous réserve la journée de demain, mais ça promet d'être palpitant...

Un brin d'excitation se faisait entendre dans la voix de Nathanaël. Demain serait résolument plus exaltant que toutes les journées qu'il avait pu vivre avant.

Je crois que je viens de rater ma tentative de conversation. C’est un peu embêtant parce que j’ai fait des efforts là, j’ai fait comme m’a conseillé Mark – ne pas repousser totalement les gens, ne pas seulement dessiner quand j’ai du temps libre, essayer de parler. Mais le Serdaigle ici installé a l’air comme gêné de ma question. Pourtant, il n’y a rien de très dérangeant dans ce que j’ai dit, si ? C’est une des rares idées pour blablater qui me viennent en tête. Même si je préfère parler des étoiles, des animaux ou même de dessins, le seul sujet en lien avec maintenant est celui de la magie, de cette nouvelle école et des matières plus que super bizarres que nous allons avoir. Mais bon, ce n’était pas une question piège ni rien, je voulais juste savoir pour avoir son avis… Il aurait très bien pu ne pas les ouvrir du tout, ça ne m’aurait pas dérangé non plus. Peut-être qu’en fait, j’ai mal posé la question. Parce que moi non plus je ne les ais pas lu, trop de choses totalement inconnues et absurdes pour ça, je les ais rapidement feuilletés pour certain. Alors je me contente d’un sourire, il paraît qu’il vaut mieux sourire quand on ne sait pas quoi dire, lorsqu’il dit les avoir feuilletés. Oui clairement, j’ai mal posé ma question – mais c’est un peu trop tard.

Heureusement, Nathanaël enchaîne et se met à énumérer quelques trucs inhabituels chez les Moldus que l’on a vu depuis le premier jour de la rentrée en disant qu’il va falloir qu’on s’y habitue. Évidemment ! Je crois que la scolarité va être compliqué si on ne s’y habitue pas. Chaque chose en son temps quand même, personnellement je n’aime pas trop les changements mais il faut bien dire que pour l’instant j’apprécie beaucoup. C’est assez contradictoire d’ailleurs. Quoi qu’il en soit, je suis tout à fait d’accord avec le garçon : ça promet d’être palpitant comme il dit ! Tout va être super intéressant, j’ai vraiment hâte de commencer les cours et de voir ce qu’on va y apprendre. Qu’est-ce que les Sorciers peuvent bien faire avec leur baguette ? Et avec ce chaudron dont a parlé Nathanaël ? C’est bien curieux tout ça. «Tu as oublié les escaliers qui bougent et les barques qui avancent toutes seules… Ce qui est sûr, c’est que nous n’avons pas tout vu et qu’il va falloir s’y habituer !» Il va aussi falloir s’habituer aux élèves. On est nombreux, très nombreux, je crois que le nombre de Serdaigles dépasse celui d’élèves à mon école moldue. Déjà que là-bas je les supportais mal… Mais ça, je ne le dis pas, je le garde pour moi. Ce n’est pas vraiment un secret mais je ne crois pas qu’il comprendrait.

Pensive, j’ajoute quelques nouveaux détails à mon dessin sans être réellement très concentrée. Cette rentrée est certainement la plus bizarre qu’il soit. Des enfants, entre onze et… Dix-sept, dix-huit ans peut-être ? Je sais pas trop, on me l’a pas dit à ce que je sache. En tout cas, nous sommes tous plongés dans un château rempli de magie. Il ne peut rien y avoir de plus étrange, c’est sûr et certain. Pendant des années on m’a dit que ça n’existait pas, et là pouf ! Je suis dans une école de magie. Pour l’instant, je n’arrive pas à me faire à cette idée. «Ça veut dire que les Licornes, les Dragons et toutes ces créatures dans les livres existent vraiment.» J’adore cette idée, vraiment. Je crois qu’en plus cette année, on va pouvoir en voir pour de vrai. Il y a un livres dessus je crois, dans les affaires qu’on a dû acheter. «Tu aimes les animaux ? Les créatures magiques ?» Faut faire la conversation ! J’essaie d’être polie, de trouver une question qui ne le mettrait pas mal à l’aise. En même temps, c’est lui qui est venu il pourrait se débrouiller. Mais Mark dit qu’il faut faire des efforts, alors j’en fais. Et en même temps, j’ajoute une Licorne à côté de mon château. Je peux écouter et dessiner en même temps vous voyez.