On va faire des courses ? [Terminé]

ft Eileen - La partagé
Saison 31 - Mars 2178

Elle souffle.

Parfois, quand elle marche dans la rue, elle se sent observée. Elle ne sait pas vraiment pourquoi, c'est une obsession chez elle de croire que quelqu'un suit ses pas. Alors elle reste toujours sur ses gardes, sa baguette non loin. Alhena, particulièrement ces derniers jours, ne sait pas pourquoi, a l'impression que quelque chose se précipite. Elle y pense, puis souvent, un chat passe et elle oublie à quoi elle réfléchissait. C'était comme si son esprit s'évaporait à chaque bruit, chaque brise.

Lentement, elle pousse la porte. Elle sait qu'elle va trouver Eileen dans ce magasin. Enfin, logiquement. La brune connaît plus ou moins l'emploi du temps de ses employés et Izsa est un cas un peu plus particulier que les autres. Déjà parce qu'elles se connaissent plus que sous l'effet de la hiérarchie, mais aussi parce qu'elle a un autre job, celui de tenir cette boutique légendaire. Peverell n'a jamais vraiment compris l'intérêt qu'elle pouvait y porter, mais c'est comme ça. Les gens avaient leur passion et au final, elle n'avait aucunement le droit de juger. Surtout avec cette serpentard. Leur premier échange avait été plus au moins houleux et puis après, c'était une relation indéfinissable. Alhena ne savait pas si elles étaient amies, proches, inconnues, connaissances. Elle ne comprenait rien, elle savait juste que souvent sa camarade avait des paroles qui lui remettaient les idées en place. C'était une des rares personnes qu'elle écoutait vraiment et dont l'avis comptait. C'était étrange...

Hello, il y a quelqu'un ? Hilswood tu es là ?

Emmitouflée dans son manteau, elle contemple les artefacts qui l'entoure. Ces nombreuses boîtes, si mystérieuse, qui chacune, appartiendrait un jour à un sorcier. Peut-être que certaines attendraient ici pendant des millions d'années, qui sait ? Comment les baguettes pouvaient elles nous choisir au final ? C'est vrai que la question était intéressante, et Peverell était contente que dans son département quelqu'un s'attelle à la tâche pour aller plus loin sur ce sujet. Enfin, c'est ce que faisait Izsa dans son département non ? Alhena ne vérifiait pas vraiment ce que sa camarade faisait, elle avait d'autres choses à faire la plupart du temps. Peut-être que Eileen s'amusait à faire autre chose, mais non. Elle avait confiance en elle, ça avait forcément un rapport avec les baguettes.

Depuis qu'elle travaillait à temps plein -ou presque- dans le Département des Mystères, Izsa passait de moins en moins à la boutique. Il fallait dire que Hugh, Nessa et Jennifer étaient des employés modèles, et elle se voyait mal regarder par dessus leurs épaules. Evidemment, elle se chargeait toujours des demandes les plus compliqués, ne serait-ce que pour ne pas perdre de si précieux ingrédient à cause d'une erreur dans la fabrication leur faisait perdre tout leur pouvoir. Mais ils apprenaient, ça aussi. Bientôt, elle n'aurait plus qu'à venir une fois par mois pour récupérer la caisse. Ah. Bien sûr que non. Personne ne pouvait l'empêcher de continuer à fabriquer des baguettes, même pas elle-même. Plus elles étaient puissantes, plus elles étaient rares, plus leur effets étaient incertains et mal connu, mieux c'était.

Autant dire qu'elle ne servirait plus jamais des premières années en quête d'une première baguette.

Elle était actuellement en train de terminer la sculpture d’ivoire d'une baguette en olivier, chose qui avait le dont de la détendre. Le sphinx était en train de prendre forme. Il fallait encore qu'elle termine sont piédestal et...

- Hello, il y a quelqu'un ? Hilswood tu es là ?

Elle avait parfaitement reconnue cette voix. Elle ne s'y attendait certainement pas attendu. Alhena, ici ? Une pensée effrayante la traversa, comme quoi sa boss venait lui demander des comptes sur son travail. Ça n'aurait tout de même pas été son genre. Non, pas de lui demander des comptes, de venir lui parler à Ollivander's pour ça.

Izsa se leva, rejoignant le comptoir en traversant les rangées d'étagères. Il n'y avait pas à dire, la boutique était vraiment belle maintenant qu'elle avait été refaite à neuf. Une odeur de bois lui caressait les narines, l'une de ses préférées au monde.

- Hey ! Tu viens ici pour quoi ?

D'habitude, elle ne posait pas cette question, parce que la réponse était toujours évidente. Pour une baguette, duh. Mais pour le coup, elle n'en était pas sûre : les deux jeunes femmes se connaissaient depuis suffisamment longtemps pour parler d'autres choses que de boulot.

- Tu n'as pas brisé ta baguette, j'espère ?!

Izsa se souvenait bien de celle qu'elle lui avait vendu, il y avait plusieurs années de cela. Sureau et plume de phénix albinos, avec une émeraude sur le pommeau. Impossible qu'elle oublie ce genre de choses, déjà parce que cette baguette était tout sauf commune, ensuite parce que c'était Alhena. Et la brune n'était pas n'importe qui. Il y avait peu de gens qu'Izsa respectait vraiment. Pas de le sens où elle était une horrible personne avec tout le reste de l'humanité, mais dans le sens où face à ces gens, elle fermait sa grande bouche et faisait attention à ce qu'y allait en sortir, sinon elle risquait de perdre leur respect - et elle ne voulait surtout pas cela. La Peverell, donc, en faisait partie.

C'est vrai que ça sent le bois ici. Qu'il y a quelque chose d'un peu apaisant. La brune ne l'a pas remarqué tout de suite, parce que ça faisait longtemps qu'elle n'y avait pas mis les pieds, mais cet endroit a beaucoup changé. Elle avait entendu parler de rénovation et surtout de destruction, vaguement dans l'air, comme ça. Mais ce n'était pas très clair, peut-être un rêve, elle ne s'attarde que peu sur les détails de ce que font les autres. Donc elle ne sait pas vraiment pourquoi ça a changé, mais c'est plutôt agréable. On y retrouve un peu d'Izsa dans ce nouvel endroit, en fait. Enfin, c'est ce qu'elle ressent. Peut-être qu'elle s'imagine des choses. En ce moment, son esprit vagabond beaucoup. Elle est préoccupée par plein de choses et la rénovation d'Ollivander's était le dernier de ses soucis.

Pour une baguette, comme tout le monde non ? Elle fronce légèrement des sourcils. Alhena était peut-être psychorigide, mais pas au point de suivre Izsa jusqu'à son autre lieu de travail. Il ne fallait pas être très bien dans sa tête pour filer ses employés sans aucune raison apparente. Et non, je n'ai pas brisé ma baguette. Mais... Comment dire. Je crois qu'il va m'en falloir une autre très bientôt. Elle n'en dit pas plus. Sa baguette est loyale, elle l'est aussi. Sauf qu'au plus profond de son être, elle sait que tout change et qu'il lui faut une autre baguette. Et puis elle a lu dans un livre, quelque chose de très intéressant. Elle s'avance lentement pour poser ses coudes sur le comptoir, un léger sourire, le regard un peu vide. J'ai entendu parler d'une baguette ayant un cœur à base d'épine de monstre du fleuve blanc. Comme un aigle qui regarde sa proie, les yeux brillants, elle observe subitement sa subordonnée. Histoire de lui arracher une émotion, une réaction. Elle veut la motiver, lui lancer un défi. Et j'en voudrais une.

Elle se redresse. Son sourire se fait plus froid, plus professionnel. Est-ce que tu as ça en stock ? Je l'aimerai en bois de sureau aussi. Elle plisse les yeux. La dernière fois, Eileen l'avait contredite quand elle avait voulu une certaine composition de baguette. Aujourd'hui, allait-elle faire pareil ? En général, Alhena n'aimait pas les gens qui venaient la contredire. Mais Hilswood faisait partie des rares personnes qui arrivaient à la résigner. Elle avait confiance en ses opinions et si elle s'opposait à quelque chose, elle savait au fond d'elle-même, que l'autre ne le faisait pas sans raison. Peverell se souviendrait toujours dans sa jeunesse, une discussion qu'elle avait eue à propos du mariage. Et même si elle ne l'avait pas écouté, Alhena savait qu'elle avait eu tort ce jour-là. Elle ne lui dira juste jamais...

- Pour une baguette, comme tout le monde non ?

Ah. Oui. D'accord. C'était pas si évident que ça non plus. Izsa la laissa continuer.

- Et non, je n'ai pas brisé ma baguette. Mais... Comment dire. Je crois qu'il va m'en falloir une autre très bientôt.

Pourquoi ça ? Izsa n'y voyait aucune raison logique. C'était la façon dont elle l'avait dit qui la perturbait. "Je crois qu'il va m'en falloir une autre bientôt". Pas exactement le profil typique du client. Elle connaissait le "je crois que ma baguette ne me convient plus", le "j'ai besoin d'une nouvelle baguette maintenant" et le "j'aurais besoin d'une baguette spécifiquement pour [...]" mais pas le "je crois [...] bientôt". Elle leva un sourcil interrogateur.

- J'ai entendu parler d'une baguette ayant un cœur à base d'épine de monstre du fleuve blanc. Et j'en voudrais une. Est-ce que tu as ça en stock ? Je l'aimerai en bois de sureau aussi.

Izsa cligna des yeux, ce qui était sa façon de marquer sa surprise quand elle ne pouvait pas le faire plus explicitement. Une épine dorsale du Monstre du Fleuve Blanc ? Rien que ça ? Non, en y réfléchissant ça n'était pas étonnant : Alhena ne cherchait jamais moins que la perfection. Et la perfection, pour elle, semblait passer par un matériau si rare et précieux que plus aucune baguette n'était construite avec. Épine du Monstre du Fleuve Blanc et Sureau, alors ? Ça n'était pas commun, mais surtout parce qu'aucun des deux n'était commun, que l'un provenait des Etats Unis et y avait quasi-exclusivement été vendu, et l'autre provenait des deux continents mais seuls les fabricants de baguettes européens se risquaient à l'utiliser, malgré sa mauvaise réputation. En tout cas, il était certain que le sureau convenant à la Peverell.

- Je n'ai pas... exactement... ça en stock. J'ai une baguette de Quintana, une antiquité. Ses pouvoirs ont presque entièrement disparut mais... ben c'est Aubépine et Épine dorsale du Monstre, quoi. Ça peut nous donner une idée de si cela fonctionnerait avec toi... Attend ici, je vais la chercher.

Izsa rangeait cette baguette dans la partie la mieux sécurisé de la boutique. Et on était déjà loin de pouvoir rentrer dans Ollivander's comme dans un moulin... Enfin en pleine journée, dans l'avant-boutique, si, bien sûr. A partir du moment où on voulait rentrer dans l'atelier, par contre...

- Une chose de beauté est une joie pour toujours.

Au mot de passe, la porte s'ouvrit. Puis se referma immédiatement derrière elle. Izsa tira une caisse cachée sont une étagère, l'ouvrit, retira tout ce qu'il se trouvait dedans pour fit coulisser le faux fond. Elle saisit alors l'étui qui y était camouflé. Referma le tout puis revint avec son trésor. Le présenta devant la sorcière brune :

- Fait bien attention : elle a plus de deux cents cinquante ans.

Et cela se voyait : le bois était abîmé à plusieurs endroit. Peut-être l'humidité, ou bien les mites. La magie ne pouvait pas infuser des objets jusqu'à la nuit des temps, même si cela était bien dommage. Même avec une puissance telle que celles fabriquées par Thiago Quintana, la baguette avait perdu presque l'intégralité de ses pouvoirs. Mais cela serait peut-être tout de même suffisant pour qu'Alhena ressente une étincelle...

C'est étrange, Alhena s'attendait à un peu plus d'enthousiasme de la part d'Eileen. Après peut-être qu'elle interprétait mal les réactions de sa partenaire ou que celle-ci n'était pas très expressive, ce qui, au final ne dérangerait pas plus que cela la brune. Son entourage était composé principalement de personne portant un masque de fer sur le visage pour éviter qu'on devine leurs émotions. Elle commençait à en avoir l'habitude, limite à ne plus rien en avoir à faire. Mais pour une raison quelconque, quand c'était Hilswood, ça la décevait. Pourquoi avait-elle autant d'espoir en elle ? Personne ne le savait vraiment en fin de compte, leur relation était bizarre.

Oh, euh, très bien. Bon, il n'y en avait pas en stock ici. Peverell s'en doutait un peu, mais elle avait espéré quand même. Eileen, si elle avait mis la main sur un élément aussi rare, en aurait forcément fait une baguette. La brune n'aurait pas pu s'en empêcher non ? Ou pas. Dans tous les cas, elle avait espéré pouvoir sortir de là avec une nouvelle baguette. Visiblement, elle s'était trompée. Une légère grimace sur les lèvres, elle commençait à faire tapoter ses ongles sur le comptoir. La brune n'aimait pas trop attendre, à rester comme ça, le regard dans le vide. Les baguettes, c'était chouette hein, mais ce n'était pas sa passion. Alors forcément ce qui l'entourait l'intriguait mais au bout d'un moment, juste à regarder, ça devenait long. Quand Izsa revient avec sa boîte, Alhena lui lança un beau sourire. Bien évidemment que je vais faire attention, tu devrais me connaître un peu tout de même. Elle n'était pas du genre à être maladroite, loin de là.

S'approchant, elle contempla un peu la baguette pour commencer. Elle regardait sa forme, les traits du bois qui racontait son histoire. C'était comme si, pendant quelques secondes elle discutait avec elle. La baguette était très ancienne mais elle conservait toute sa beauté malgré le temps passé, on avait l'impression qu'elle aussi avait eu ses propres blessures. Dans un silence absolu, la brune fit glisser ses doigts sur le bois. C'était étrange, c'était chaud, apaisant. On aurait dit que la baguette lui répondait, lui disait qu'elle ne pourrait pas la briser en la prenant entre ses doigts. Lentement, doucement, elle prit délicatement la baguette dans sa paume. Elle continuait à l'observer, absorbée par son étrange magie. C'était un moment intense, parce que la baguette ne la rejetait pas mais ne l'acceptait pas non plus. C'était un discours silencieux, et une sorte de vague magique chatouillait ses longs doigts fins. Elle fit un léger geste du poignet, quelques étincelles. Elle n'avait pas vraiment l'intention de lancer de sort, elle voulait juste toucher un instant l'imprévisible.

Elle la reposa ensuite délicatement. Elle était encore, perplexe par cette expérience. C'est... fascinant. Elle avait l'impression de sortir d'une bulle, d'être légèrement ailleurs. C'était de la vieille magie qui résidait là, et ça lui faisait toujours cet effet-là. La brune était fascinée par ce genre de magie, alors elle en restait toujours un peu incertaine, comme suspendue dans le temps. Reprenant ses esprits, elle leva les yeux vers Izsa. Du coup ? Hum... Tu penses que c'est possible de s'en procurer une ? Que fait-on ? Parce que la brune ne lâcherait certainement pas l'affaire. Elle la voulait cette baguette.

Il y avait trois manières pour un vendeur de baguette de savoir si un essai était fructueux. La première, et la moins fiable, c'était de demander au client. Un mensonge pouvait très vite arriver, surtout chez ceux qui pensait avoir tout lu et tout compris du haut de leur symptôme de l'effet Dunning-Kruger. Du bois de tilleul argenté à quelqu'un pas foutu de se concentrer cinq minutes sur un tâche complexe ? Bien évidemment ! Qu'est-ce qui pourrait mal se passer ? Bef. Le second, très fiable mais qui ne se déclenchait pas automatiquement, c'était lorsque la baguette manifestait sa satisfaction de manière expansive. Éclats de lumières, scintillement ou bien - comme ici - quelques étincelles non-équivoque. La dernière méthode, et celle qui demandait plusieurs années d'entrainement avant de savoir appliquer, c'était de savoir lire les plus petites nuances dans l'expression du client.

Avec Alhena, ça n'était certainement pas une tâche facile. Mais la propriétaire de la boutique avait presque dix ans de pratique derrière elle. Il y eu comme une pause. Étrange, presque féerique. Puis la brune reposa la baguette sur le comptoir.

C'est... fascinant.

La baguette avait beau être inerte sur le comptoir, elle semblait presque plus neuve. Comme si se retrouver entre les doigts d'une sorcière digne de ce nom lui avait redonné un peu de sa splendeur d'antant.

- Du coup ? Hum... Tu penses que c'est possible de s'en procurer une ? Que fait-on ?

Izsa considéra la question. Possible ? Oui, c'est possible, j'en suis certaine. Si cela a été fait par le passé, c'est définitivement réalisable. Elle sa bouche se déforma dans un rictus tout sauf optimiste. Par contre, cela ne peut être qu’extrêmement compliqué. Presque impossible. Toute la nuance était dans le presque. Elle soupira, presque résignée. Je donnerais n'importe quoi pour avoir un tel composant entre mes mains, je vais pas te mentir. Mais on ne tombe pas sur des monstres quand on se balade au hasard sur le fleuve blanc. L'inverse, plutôt. Peu importe les efforts qu'ont fourni des générations de fabricants de baguettes, aucun n'est parvenu à trouver comment s'y prenait Quintana...

Elle lâcha un soupire, puis un beau sourire. Signe distinct qu'Alhena n'aimait pas vraiment ce qu'on lui disait. Elle détestait être frustrée, surtout quand on lui disait que c'était impossible ou presque impossible. Pour Peverell, rien ne l'était vraiment. Il suffisait de réfléchir un peu, d'avoir un peu de chance et surtout d'être confiant avant de sauter dans le vide pour voler. Les moldus pensaient bien que la magie n'était qu'un mythe non ? Alors si pour eux la magie était une de leurs multiples légendes, ça voulait dire que celles des sorciers ne pouvaient être que réalisables, non ? Rien n'est impossible. Tout arrive, tout se trouve, tout à une réponse, il suffit de se donner les moyens. Si quelqu'un avait réussi à avoir une baguette avec une épine d'un monstre du fleuve blanc, alors on pouvait très bien le reproduire. Et s'il fallait aller percer le secret d'un sorcier aigri, alors ses deux cobayes préférés, alias Finrod et Eileen, allaient être du voyage pour l'aider à trouver la solution.

Tu sais ce que je déteste le plus Hilswood ? Amère. Les défaitistes. Elle laisse un silence pour que la phrase monte à son cerveau. Tu me crois incapable de dénicher une épine d'un Monstre du Fleuve blanc ? Tu me connais mal alors. Je connais quelques personnes qui pourront nous aider à nous renseigner sur cette bête, dont un grand spécialiste, qui je suis persuadée sera ~~très heureux d'être~~ du voyage. Perfide bouche, un regard d'aigle prêt à plonger sur sa proie. Elle pose ses coudes sur le comptoir, sa tête reposant sur ses mains croisées. Et toi ma chère, tu vas venir aussi, parce que j'aurais besoin de tes talents. Donc dis-moi, Hilswood, quand on aura fini cette mission, tu vas me construire cette baguette n'est-ce pas ? Tout ce qu'elle voulait c'était entendre un oui et un, c'est parti pour l'aventure, de la part de sa compagne. La brune était têtue, la brune aimait partir à l'aventure et la propriétaire de la boutique devait bien le savoir à force. Quand on est avec une Peverell tout peut arriver. C'était probablement dans les gênes, de vouloir partir là où le danger régnait. De faire des trucs insensés simplement pour avoir ce qu'ils voulaient. C'était forcément dans le sang.

Elle lâche une grande respiration. Si Izsa acceptait, alors Alhena ne s'était pas trompée sur les ambitions de la jeune femme. Peut-être même qu'après cette histoire, elles auraient enfin fini par apprendre à vraiment se connaître. La brune avait confiance en l'ex-serpentarde, allait-elle la décevoir en refusant de venir ?

- Tu sais ce que je déteste le plus Hilswood ? Les défaitistes.

Le silence s'installa sans qu'Izsa ne comprenne bien pourquoi. Quel rapport avec la situation ? Non parce qu'elle ne le voyait pas du tout. Défaitiste ? Qui donc ? C'était comme si on lui disait "tu sais ce que je déteste le plus au monde ? Les gâteaux de gélatine. Does not compute.

-Tu me crois incapable de dénicher une épine d'un Monstre du Fleuve blanc ? Tu me connais mal alors. Je connais quelques personnes qui pourront nous aider à nous renseigner sur cette bête, dont un grand spécialiste, qui je suis persuadée sera du voyage. Et toi ma chère, tu vas venir aussi, parce que j'aurais besoin de tes talents. Donc dis-moi, Hilswood, quand on aura fini cette mission, tu vas me construire cette baguette n'est-ce pas ?

- Ben...

Izsa s'était plus ou moins rendue compte que c'était de base la proposition qui était sur la table, sans même qu'elle n'eut besoin de l'expliciter. Il fallait dire qu'elle imaginait pas une petite troupe d'anglais partir à la recherche d'un composant de ce genre sans qu'elle ne soit de la partie. Pas qu'ils allaient forcément en trouver, ça c'était un tout autre problème. Mais si quelqu'un d'autre qu'elle mettait la main sur une épine d'un Monstre du Fleuve Blanc, alors elle devait être la deuxième à y poser ses doigts. Ceci n'était pas négociable.

- Oui. Bien sûr que j'en suis.

Pour appuyer son propos, Izsa écarta les bras, désignant par la même occasion l'entièreté de ce qui les entourait. La boutique. Ollivander's. Toute sa vie, à peu de choses près.

- Je dirige la meilleure boutique de baguettes magiques de toute l'Europe. Tu peux bien imaginer que je ne laisserais personne d'autre que moi fabriquer ta baguette.

Bon, maintenant que ses intentions étaient claires, il était temps de passer au concert. Le plus vite possible.

- On part quand ?

Quoi ben ?

Alhena souleva un sourcil, dos droit et bras croisés. Elle n'allait pas refuser la miss quand même ? Ce serait la blague du ciel, Hilswood qui refuse une aventure pareille ? Ironie du siècle oui. Elle serra les dents un instant, jusqu'à la réponse finale. Pendant une minute, la brune avait eu peur qu'on ait remplacé Eileen, Izsa. Parfois elle ne savait plus comment l'appeler, son nom de famille c'était plus facile du coup. Parfait alors. Peut-être une phrase un peu glaciale, comme si elle n'avait pas aimé le temps de doute qui l'avait traversé un instant.

Un léger sourire se peint finalement sur ses lèvres quand sa camarade se met enfin à gigoter. C'était comme si elle lui ouvrait soudainement les portes de la caverne d'Ali Baba. Oui, il est vrai que sa boutique était quelque chose d'assez mythique et que d'une certaine manière, il était évident qu'elle ne le laisserait pas cette option lui filer sous le nez. Mais la vie réservait tellement de surprises qu'on ne pouvait pas savoir. Elle aurait pu, pour x raisons, ne pas accepter. J’espérais entendre ça. Un petit rire. Dès que possible ma grande. Je viendrais te trouver bientôt. Quelqu'un d'autre doit nous accompagner. Elle allait clairement le prendre par surprise mais elle savait qu'il ne refuserait pas de venir. C'était un passionné, pourquoi passerait-il, comme elles, à côté d'une découverte aussi palpitante. Il n'y avait aucune raison que le grand Finrod Elensar fasse fine bouche face à un monstre du fleuve blanc.

Sachant qu'elles n'avaient plus grand-chose à se dire, la brune fit un signe de tête avec un à plus tard. Elle se détourna de sa collègue et la laissa dans le flou. Elle avait quelqu'un d'autre à voir, avant de confronter les deux experts et partir à la conquête de l’artefact. Une petite visite à la BAM n'allait pas être de refus.

Départ d'Alhena, suite du parcours d'Alhena ici.
Suite avec Eileen et Finrod Lettre 1 ; Lettre 2 puis là.

Fin du RP