J’aime pas trop être à la maison. Sauf que ça fait quelques temps que j’ai terminé l’école, je sais pas trop combien de temps : je n’ai pas voulu compter car c’est un moyen de trouver le temps encore plus long qu’habituellement. Mais je sais qu’il me reste beaucoup de semaines sachant que les vacances d’été durent plus de deux mois. Et ça va être long, parce que je suis toute seule à la maison. Papa maman et Mark travaillent tout l’été, ils m’ont expliqué gentiment qu’ils avaient trop besoin d’argent pour pouvoir avoir beaucoup de vacances. Alors comme l’été dernier, nous irons chercher mes affaires d’école fin Août. C’est un peu dérangeant car ça veut dire que je ne pourrais pas m’avancer dans mes lectures sur les créatures magiques alors que j’aime beaucoup m’avancer. Bien sûr je peux relire mes manuels de l’année qui vient de se terminer, mais je suis censée tout connaître. En plus, je ne peux même pas m’entraîner à utiliser ma baguette puisque c’est interdit. Et ça, c’est pas comme la Forêt Interdite, il faut absolument que je suive les consignes sinon je risquerais de me faire exclure. Et non non non, pas question ! Donc il faut faire avec. En fait ce qui me dérange le plus, c’est l’idée qu’il n’y ait plus rien dans les magasins fin Août, même si Mark a dit que les vendeurs prévoyaient toujours ce genre de chose. Une rentrée, c’est toujours beaucoup de gens qui font des achats.

Alors je m’ennuie puisque pendant plus de deux mois, je ne vais pas pouvoir apprendre pleins de trucs sur le monde des Sorciers. Il y a d’autres choses à faire bien sûr. Comme dessiner, j’aime bien dessiner. Mais pas à la maison, plus à la maison. Parce qu’en fait, je suis pas vraiment toute seule, il y a mamie. Et mamie est malade, très malade. J’ai pas compris ce qu’elle avait, maman ne m’a pas vraiment expliqué, j’ai surtout trouvé ça super bizarre que Lyliana soit malade en été. D’habitude, c’est en hiver que les gens sont malades… Bref, à la maison il y a donc mamie qui est malade et une sorte d’infirmière qui vient presque toute la journée. Je l’aime pas celle-là, c’est souvent la même et je ne la trouve pas gentille. Elle parle fort et je crois qu’elle me voit encore comme une enfant qui ne comprend rien. Elle a tellement l’air bête quand elle me parle ! C’est pas très gentil, mais c’est vrai. J’ai décidé de ne pas lui parler, mais je crois que ça n’arrange pas les choses. Elle me trouve bizarre mais n’en démord pas, elle continue de me parler alors que je dessine dans la salle à manger. C’est si fatigant ! En plus, c’est à cause d’elle que mes parents doivent travailler pendant presque toutes les vacances : elle veut de l’argent en échange de son travail. Mark dit que c’est normal, et moi je dis que ça ne l’est pas. Enfin si, un peu. Je trouve qu’elle gagne beaucoup de sous alors qu’elle passe son temps à m’embêter. Certes elle s’occupe de mamie, mais elle me dérange grandement. Heureusement, elle cuisine assez bien. Ça rattrape un peu.

Bref, tout ceci pour expliquer que j’ai trouvé une solution pour échapper à cette femme bruyante : je pars me promener dans Londres ! Je reviens pour manger et c’est tout. Ne me croyez pas malpolie non plus, je lui dis bonjour quand elle entre et merci à la fin du repas ! Seulement parce que je sais qu’elle veut être gentille. C’est juste qu’elle s’y prend mal. Elle n’est pas faite pour avoir des enfants… Alors pour éviter le bruit dans la maison, je marche dans la ville. J’ai fait plusieurs tours, c’est rigolo. Enfin, ça dépend des fois, des endroits. Parfois il y a du monde, trop de monde. Alors ça crie, ça rie et ça chahute, ça bouscule. Moi je me glisse entre les gens pour rejoindre les coins moins fréquentés par tous ces gens en vacances qui viennent visiter Londres. Si j’osais, je leur conseillerais l’Espagne, c’est plus joli, plus chaud et plus ensoleillé. Mais c’est trop tard puisqu’ils sont là, alors je ne leur dis rien. Je me contente de les observer, de les dessiner depuis un coin tranquille. Je fais les bâtiments aussi, j’ai un carnet spécial grandes vacances ! Il est déjà bien avancé.

Aujourd’hui n’échappe pas à mes habitudes. Même si celles-ci se trouvent toutes chamboulées avec l’infirmière qui me dit avoir eu une idée exceptionnelle. Et c’est poussée par la curiosité que je me trouve embarquée dans la cuisine pour faire un gâteau. C’est bon les gâteaux. En plus, la dame dit que ça fera plaisir à mamie. Donc je fais un gâteau pour faire plaisir à mamie. Et après, je pars me réfugier dans ma chambre pour lire avant le repas, histoire de vider mon cerveau de tout le blablatage de cette adulte. Qu’est-ce qu’elle parle ! C’est épuisant. Sauf que Mark a bien insisté sur la politesse, alors je fais la petite fille tout à fait intéressée par ce qu’elle raconte alors que dans ma tête, ça pars dans des petites rêveries. Heureusement, l’après-midi finit par arriver et elle accepte de me laisser partir me promener tant que je prends mon sac à dos avec le numéro de téléphone de la maison. Je comprends pas pourquoi elle m’embête autant, mais comme j’ai pas envie qu’elle se plaigne de moi auprès de papa et maman j’accepte. De toute façon, j’ai toujours mon sac à dos avec moi puisqu’il me sert à transporter mon carnet à dessins et mes crayons de couleurs. Dehors, c’est encore tout un parcours compliqué pour atteindre un de ces coins bien plus calmes dans Londres et chercher un endroit où m’installer. Je ne suis pas bien compliquée, ces quelques marches devant une maison suffiront. Parfois je n’ai pas de chances car des gens sortent de la maison, et dans ces moments-là on me demande de partir ou, si la personne est gentille, on me laisse tranquille parce que je dessine. Il paraît que les gens aiment bien quand on dessine. Alors c’est ce que je fais, je m’installe sur les marches d’une maison et je sors mon carnet. Aujourd’hui, je dessine coloré. Du rouge, du jaune, du bleu, un peu de vert et de orange, du violet aussi, et du marron. Un nuage de couleurs ! Si, ça existe. C’est juste que vous ne le voyez pas. C’est bien plus joli que les quelques passants qui marchent dans la rue. Il y en a qui semble bouder, et un autre baille. Être fatigué à cette heure-ci, c’est pas une bonne chose.

Le bleu est au fond, un bleu clair pour poser des couleurs vives et foncées par-dessus. Un joli bleu qui mélange ciel et mer, rivière et océan. Et par-dessus, des tâches de rouge et orange, rose et violet – comme lorsque le soleil sort tout juste de derrière la Terre mais pas tout à fait. Comme si on avait pris un pinceau pour mélanger les couleurs du ciel et en faire un nuage de couleurs. La magie de crayons colorés, c’est comme la magie de la baguette ! Avec ce colovaria qu’on a étudié en cours de métamorphose une fois. Je ne l’ai pas utilisé d’ailleurs, occupée avec le reparo. Il faudra que je pense à l’essayer un jour d’école ! Mais pas aujourd’hui, non aujourd’hui c’est interdit et puis j’ai des crayons. Alors je colore ma feuille jusqu’à ce que le blanc disparaisse. Jusqu’à ce qu’une voix se fasse entendre. Une question un peu bizarre, pourquoi aurais-je perdu mes parents ? Ils sont occupés, ils travaillent, c’est tout. Sauf que la personne à côté de moi ne peut pas le savoir, comment le saurait-elle ? Un inconnu ne peut pas connaître mes parents. Ni moi. Alors je lui réponds distraitement par un «Bien sûr que non je ne les ai pas perdu, ils travaillent !» en continuant de colorier. On se croirait à l’école, pas possible de s’occuper sans être dérangée par une question complètement bête. Désolée pour la personne à côté, mais c’est vrai que cette question est bête. Quand il y a trop de monde, je fais bien attention à rester avec eux pour ne pas me perdre. Je suis assez grande pour savoir faire ça quand même !

Mais l’inconnu n’est pas satisfait, ou s’il est il a d’autres occupations. Apparemment, ça ne lui plaît pas le dessin puisqu’il me parle de feux d’artifice. Je ne sais pas trop quoi en penser, alors je lève la tête pour regarder mon voisin. Il a une drôle de tête, une tête qui n’est pas humaine : c’est celle d’un renard. C’est rigolo, c’est joli aussi, j’aime bien les renards. Même si en plein été, c’est pas forcément une bonne idée de porter un masque, il doit avoir super chaud dessous ! En tout cas, il a l’air d’être adulte parce qu’un enfant ne peut pas être si grand. Sa question me laisse d’autant plus perplexe, car un adulte est censé être réfléchi, non ? Des feux d’artifice en ville, c’est pas une bonne idée. Des feux d’artifice de jour, c’est pas non plus une bonne idée. Et en fait, des feux d’artifice tout court, c’est pas une bonne idée. «J’aime pas le bruit trop fort, et les feux d’artifice c’est bruyant. Mais c’est joli, il y a pleins de couleurs.» Je jette un regard à mon dessin. Maintenant qu’il en parle, ça pourrait être un feu d’artifice ? En calme. Un feu d’artifice calme. Quelle bonne idée ! «De toute façon, il fait jour. C’est bête de faire des feux d’artifice en plein jour !» Je lui fais un sourire rapide avant de repartir à mon dessin en changeant de crayon. Du noir, voilà ce qu’il faut ! Je vais transformer mon nuage coloré en feu d’artifice ! C’est qu’il a une bonne idée, monsieur Renard !

Alors j’ajoute du noir tout autour, du bout de la page jusqu’à ce qu’il se fonde tranquillement dans le bleu. Du noir comme les vêtements du monsieur à côté de moi, du noir comme les plumes d’un corbeau. Monsieur Corbeau était encore plus noir que mon voisin, puisqu’il portait un masque de corbeau. Logique, c’est pour ça que je l’appelle monsieur Corbeau. Il m’a montré les Sombrals, il était gentil monsieur Corbeau. Corbeau, Renard, comme dans la fable. Vous savez, comme dans la fable ! Elle est vieille cette fable, c’est d’un monsieur fontaine. Entre des animaux et des objets, les gens sont vraiment trop bizarres. Bref, dans cette fable il y a un monsieur Corbeau qui tient un fromage, et monsieur Renard veut le récupérer mais l’oiseau ne veut pas, alors le canidé ruse et y arrive. Je souris pensivement en levant la tête vers le drôle d’homme. «Tu aimes le fromage ?» Pour savoir. Pour m’imaginer monsieur Corbeau avec un fromage, assit sur un Sombral invisible tandis que mon voisin serait en train de blablater pour gagner le fromage. Avouez que l’idée est drôle ! Je ris toute seule en changeant de page de carnet. S’il dit oui, je les dessinerais !

Monsieur Renard fait un bruit de Serpent, c’est bizarre pour une telle tête mais pourquoi pas, il peut parler plusieurs langages. Je me demande s’il parle le Renard, vu son masque. En tout cas, il a l’air de s’étonner de ce que je dis, ou peut-être réfléchit-il simplement à voix haute. Les feux d’artifice n’ont-ils pas toujours lieu la nuit ? Pour être sûr de bien les voir, car la nuit est noire et peut ainsi mieux être éclairée par le feu d’artifice qui part exploser dans un bruit assourdissant tout-là haut dans le ciel. Après tout, c’est la nuit qu’on allume les lampes, les feux des voitures et les lampadaires dehors, c’est la nuit qu’on a besoin de lumière fabriquée par les Humains. Alors que le jour est éclairé par le soleil, chaud et lumineux, lui-même étant déjà du feu. Ne serait-ce pas un peu triste d’allumer un feu d’artifice en plein jour ? Les couleurs, aussi vives peuvent-elles êtres, risqueraient d’être avalées par le ciel et les rayons. Mais non, mon drôle de voisin semble trouver que j’ai l’esprit fermé sans que je comprenne trop pourquoi. J’essaie de réfléchir à cette phrase, mais il ne m’en laisse pas le temps, se mettant à parler de feux d’artifice spéciaux qui font des belles formes vivantes. Ses mains s’agitent, et je regarde le mouvement en imaginant là un dragon de feu d’artifice : il faut bien avouer, ça a l’air super beau. Mettons de côté le bruit, l’image colorée et magique prend le dessus alors que je m’étonne tout de même «Les Sorciers ont fait ça aussi ? Ils ont transformés des feux d’artifice moldus en feux d’artifice magiques ?» Ingénieux, avouez ! Peut-être que ça pourrait donner un côté agréable à tout ce boucan lors des fêtes. Mais les Moldus n’en n’ont pas, alors «Est-ce qu’ils font des fêtes les Sorciers avec ces feux d’artifice, comme les Moldus ?»

Le Renard, contrairement à ce qu’on pourrait penser, aime le fromage, comme le Corbeau. Enfin, c’est ce que dit la fable de ce monsieur qui veut être une fontaine, ou je sais plus trop quoi ça fait un moment que j’ai lu ce livre. C’est une hypothèse à vérifier, une scène à dessiner s’il s’avère que c’est bien le cas. Et j’ai de la chance, car à côté de moi il y a un Renard, enfin un Humain-Renard. Alors comme il a l’air d’avoir prévu de rester là, j’en profite, je le lui demande, tout simplement. Il commence par répéter le mot, peut-être n’a-t-il pas compris peut-être n’est-il pas sûr d’avoir compris. Je hoche la tête pour confirmer, ça sert à rien de répéter, et lui s’empresse d’affirmer que oui, il aime ça, il l’adore même ! La scène se précise, Monsieur Corbeau assis sur un Sombral invisible qui vole pour permettre à Monsieur Renard d’attraper le repas lors de la chute de celui-ci. L’idée est magnifique, mon carnet aussi me chuchote qu’il veut le dessin. Mais Monsieur Renard s’interroge lui aussi, il a l’air d’espérer me voir en sortir un morceau. Ou alors sortir des bonbons. Je rie un peu en secouant la tête, quel drôle de monsieur vraiment ! Gourmand comme mon professeur de Métamorphose avec ses cookies ! «Non non, je n’en n’ai pas ! Pourquoi est-ce que je me promènerais avec de la nourriture sur moi ?» Quelle idée étrange, vraiment ! «J’ai mangé à la maison, pas besoin d’avoir à manger le reste du temps.» Ben oui, mais ça il ne pouvait pas le savoir. Et puis sur mon carnet je commence à placer deux formes vagues pour avoir idée de l’emplacement de mes personnages – Monsieur Corbeau là, et Monsieur Renard ici. Le fromage dans les mains de l’oiseau.

J’explique en même temps au drôle de monsieur «Tu vois, je vais te dessiner. Tu connais les fables de monsieur fontaine ? Et bien il y en a une qui parle de toi et de Monsieur Corbeau.» Oui vraiment, très belle coïncidence. «Et comme tu aimes le fromage, c’est parfait ! J’ai pas pensé à demander à Monsieur Corbeau s’il aimait le fromage, mais on va dire que oui.» La dernière phrase est plus un marmonnement pensif suite auquel je lève vers le voisin un regard curieux-inquiet. Non non, il ne faut pas parler de Monsieur Corbeau. Mais le drôle de monsieur à côté de moi ne peut pas le connaître n’est-ce pas ? Sauf si… «Dis, est-ce que toi aussi tu es Mangemort ?» Oui oui oui bien sûr, comment ne pas y avoir pensé avant ? Masques, Corbeau et Renard, la belle équipe ! C’est rigolo. Parce que lui est forcément un Sorcier puisqu’il a parlé de feux d’artifice magiques. Alors je tapote pensivement le carnet du bout du crayon, est-ce vraiment une bonne idée de les dessiner ? Remarquez, ça ne peut pas leur faire de mal.

Quelques mots bafouillés, monsieur Renard semble ne pas savoir quoi répondre alors que je lui demande si les feux d’artifice Sorciers existent vraiment, et si ces drôles de gens-là en font partie. Pourtant, il n’y a rien de compliqué et c’est sûr qu’il est un Sorcier puisque c’est lui qui vient de me parler de ces dragons colorés presque vivants. C’est intéressant cette histoire de formes vivantes dans le ciel après des explosions, même si je n’aime pas le bruit j’aime les couleurs. C’est complexe les feux d’artifice, les Moldus comme on les appelle aiment bien en faire pendant des grandes fêtes. Parfois avec un peu de chance, on peut les apercevoir depuis la fenêtre de la maison et c’est bien pratique car ils font déjà beaucoup moins de bruit ! Finalement, le voisin masqué approuve, ç’a même l’air évident cette histoire de fêtes sorcières. Il énumère quelques trucs rapidement, parle de cirque magique dont l’idée m’émerveille grandement. Avec des créatures magiques ? Des spectacles de Sorciers ? En fait, ils font comme les Moldus – avec la magie en plus. Il propose de m’y amener un jour, les adultes sont vraiment bizarrement gentils. Pourquoi ferait-il ça, monsieur Renard ? Pourquoi pas après tout, il a l’air rigolo. «Ils font des spectacles avec des dragons ? Des créatures magiques ? Est-ce qu’ils leur demande leur accord d’abord ? Il ne faut pas oublier la politesse surtout !» Oui, lorsque la curiosité est bien éveillée je peux parler beaucoup, enfin je trouve que c’est beaucoup. «C’est où ? Au Chemin de traverse ?» Je connais pas d’autres lieux magiques en fait, ça réduit pas mal les propositions.

Le fromage c’est bon, et l’adulte trouve aussi que c’est bon. Sauf qu’il croit que j’en ai, il réclame des bonbons aussi, drôle d’adulte gourmand qui fait l’enfant. Mais je n’en n’ai pas, je ne vois pas pourquoi j’en aurais d’ailleurs et comme il est grand il devrait le savoir. On ne grignote pas entre les repas. Pourtant, il se met à énumérer les soit disant bienfaits du grignotage alors que les adultes disent le contraire. Il est étrange cet adulte-là… Il faut bien dire, c’est autant étonnant qu’amusant. Il a l’air d’y croire en plus, ne parlant d’aucun point négatif alors qu’il y en a plusieurs. Si les repas existent, ce n’est pas pour rien. En plus, grignoter c’est risquer de ne plus avoir faim pour le repas complet qui viendrait ensuite, ce serait bien dommage ! «Mais tu vas attraper des caries, tu vas grossir plus que la normale et tu n’auras plus faim pour les repas d’après !» Le ventre n’est pas extensible voyez-vous. Si même aux adultes il faut apprendre des trucs, on est tous fichu. Parce que déjà qu’il faut qu’on explique pleins de trucs aux élèves de l’école…

Ça ne m’empêche pas de garder mon idée de monsieur Corbeau, monsieur Renard, Sombral et fromage. On va faire une fable moderne ! Oui parce qu’elles datent un peu les fables du monsieur fontaine, avant même les années 2000 ! C’est pour dire à quel point elles sont vieilles. Alors j’explique au monsieur à côté de moi ce que je vais faire, qu’il sache qu’il va apparaître dans mon carnet à dessin, qu’il sache ce qui va se passer. Ce serait presque une représentation à faire, mais nous ne sommes pas dans la Forêt Interdite entourés de Sombrals et apparemment nous n’avons pas de fromage. Je ne crois pas que monsieur Corbeau en aurait lui non plus. Bref, j’explique j’explique je réfléchis et une nouvelle idée vient dans ma tête. Un masque, deux masques, deux animaux qui vivent dans une fable. Exceptionnel ! Ils sont rigolos, ces deux monsieur. Même s’ils ne l’ont pas faits exprès. D’ailleurs, ils ne se connaissent peut-être même pas. Mais si, il s’avère vite que c’est obligé qu’ils se connaissent car monsieur Renard approuve rapidement d’un ton qui a l’air très joyeux que oui, il est un Mangemort. Mon dessin va vraiment être super-parfait avec tous ça !

En attendant, mon voisin s’interroge alors qu’il tapote mon carnet à dessin, il me demande comment je sais et si j’ai rencontré un Corbeau. Cette deuxième question est bizarre, parce qu’évidemment j’ai déjà rencontré des Corbeaux puisque l’oiseau n’est pas vraiment rare. Mais on peut réfléchir un peu, comprendre qu’il parle de la personne masquée. «Oui oui, bien sûr que j’ai rencontré monsieur Corbeau, il m’a montré les Sombrals dans la Forêt Interdite c’est super ! Mais» je mets un doigt devant les lèvres «Il faut pas le dire. Mais bon, si tu es Mangemort je peux te le dire à toi ?» La question est complètement bête puisque c’est déjà fait, l’important est qu’elle soit là n’est-ce pas ? J’espère bien, sinon ce serait embêtant. De toute façon, ils sont gentils les Mangemorts. Enfin, je crois. J’ai bien aimé monsieur Corbeau, il explique très bien. C’était une soirée très intéressante, j’ai appris pleins de trucs ! Mais il ne ressemble pas vraiment à monsieur Renard. Lui parle plus, et il est rigolo à parler feux d’artifice et nourriture. Un peu comme un enfant ?

Il réfléchit, Monsieur Corbeau, comme s’il avait parlé d’un truc qu’en fait il ne connaît pas tant que ça. Pourtant, c’est lui le Sorcier. Enfin, moi aussi mais bon, c’est que le début encore. Et malheureusement, nous n’étudions pas les feux d’artifice ni les spectacles à Poudlard. Remarquez, l’état d’excitation dans la salle serait telle que j’aurais détesté étudier ça. En tout cas, il y a des créatures magiques, quelques unes d’après lui, mais pas de Dragons. Bien sûr, je hoche pensivement la tête en l’écoutant. Il a raison, c’est dangereux cette créature et assez grosse. Dans les livres, le Chevalier semble particulièrement petit à côté. Et puis, un Dragon ça vole alors il faudrait une cage pour éviter qu’il s’enfuit, en plus d’une sorte de muselière pour éviter qu’il brûle tout. Ce serait encombrant, et si triste ! Les Dragons, c’est fait pour voler. Peut-être qu’un jour, j’en verrais un. J’aimerais bien, ce sont des créatures qui remplissent des dizaines de livres d’enfants. «Tu en as déjà vu un ?» Curieuse curiosité qui demande à un inconnu s’il a déjà vu un Dragon. Est-ce que quelqu’un a déjà vu un ? Certainement les écrivains l’ayant décrit, évidemment. C’est pas sûr qu’un Humain-Renard ait pu survivre en voyant cette immense créature ailée et cracheuse de feu. Mais bon, à tout hasard ça aurait pu être le cas.

Et si le Dragon est gros, le Renard ne semble pas s’inquiéter du fait que grignoter fait grossir. Je ne m’en soucie pas vraiment, de toute façon je suis incapable de beaucoup manger, mais papa et maman m’ont déjà dit ça. Ils ne me le disaient pas par besoin, je mange quand il faut mais j’ai pas souvent faim, mais apparemment les adultes se doivent de prévenir les plus jeunes. Certainement pour qu’eux-mêmes préviennent les autres. Alors c’est ce que je fais, vous voyez je suis prévenante quand je veux. L’adulte prévenu déclare qu’il un secret, oh il ne le dit pas bien fort – c’est un vrai secret ! Un drôle de secret qui dit qu’il peut manger sans grossir. Une chose étonnant contraire au fonctionnement du corps, non ? Évidemment, c’est moins étonnant lorsque je l’entends énumérer pleins d’activités qui font bouger et donc utilise la nourriture avalée. Non en effet, il n’est pas prêt de grossir s’il fait tout ça. C’est sûr qu’il a plus faim que moi qui passe mon temps à dessiner, marcher n’étant pas beaucoup plus fatigant quand on voit la vitesse à laquelle je le fais. C’est que ça n’aide pas trop, les petites jambes ! Les adultes à côté de moi, on dirait qu’ils courent. Mais après cette explication, monsieur Renard ajoute un truc bizarre. Intransigeants, mon papa et ma maman ? Je crois que ça dépend du point du vue. «Non, je ne les trouve pas vraiment exigeants. Sinon, je ne pourrais pas me promener je crois. De toute façon, je n’ai pas souvent faim, mon ventre exploserait si je mangeais trop !» Vous avez l’image en tête, là ? C’est dégoûtant, un ventre qui explose. POUF comme dans l’espace dans combinaison. «Mais bon, je ne bouge pas autant moi alors j’ai pas besoin de manger beaucoup. Peut-être qu’en bougeant beaucoup on a très faim ?»

Monsieur Renard, il est rigolo. Il sera vraiment parfait dans ce rôle de Renard voulant avoir le fromage tenu par Monsieur Corbeau sur un Sombral. C’est amusant à imaginer, ça le sera encore plus à dessiner. Mais je risque d’avoir du mal à faire un nouveau dessin tout en bavardant. Mais il faut le souligner, ce que dit le drôle de monsieur à côté de moi est intéressant pour mon dessin. Parce qu’il va être d’autant plus vivant et réaliste puisque les deux Hommes-Animaux sont copains. Meilleur copain en plus. J’aimerais bien lui demander comment il fait pour savoir qu’ils sont amis, mais là n’est pas la question du jour. Non non, aujourd’hui on écoute – et Monsieur Renard semble beaucoup aimer Monsieur Corbeau, ils dit qu’ils sont âmes-sœurs. Ce qui voudrait dire qu’ils sont amoureux, évidemment c’est comme ça dans mes livres. C’est possible en même temps. Heureusement, Monsieur renard ne semble pas embêté du fait que je lui ais raconté ça, en même temps c’est lui qui m’a demandé mais bon, il répète quand même que je ne dois pas en parler aux autres gens. De toute façon, j’aime pas les gens. Qui pourrait bien être intéressé par des histoire de feux d’artifice et d’animaux ? L’adulte parle de vilaines personnes et de langue ensorcelée pour que je raconte. Non non non, pas question. C’était ma promenade, ma découverte, ouste les vilains. Mais bon, c’est très contradictoire ce qu’il dit. Ne pas en parler sans cacher ce que je sais, c’est trop bizarre. Et surtout, cacher ce que je suis c’est compliqué. Tout le monde voit que je suis une humaine… «Pourquoi des gens voudraient savoir que j’ai rencontré des Somrbals avec Monsieur Corbeau qui m’a aussi parlé des Mangemorts ? Ils s’en fichent de ce que je fais...» Je suis juste une petite fille, comme il le dit si bien. Cette idée est étrangement déroutante. Les adultes sont vraiment bizarres.

Et puis Monsieur Corbeau sort un morceau de bois de sa poche et me le présente. C’est sa baguette évidemment, personne ne se promène avec un bout de bois sur soi. Sauf une personne étrange remarquez. Mais bon déjà, il a un masque donc les Moldus doivent le trouver bizarre. Enfin, le plus étrange c’est qu’elle a un prénom cette baguette. Un drôle de prénom d’ailleurs, un prénom numéroté. «Pourquoi tu as donné un prénom à ta baguette ?» Curieuse, étonnée, j’y ais jamais pensé à ça. Ce n’est pas comme si elle allait venir directement dans notre main si on l’appelait… C’est pas vivant. C’est juste magique. Même si des fois, on dirait que la mienne est vivante tellement elle se montre capricieuse. Vilaine baguette qui ne veut pas toujours coopérer.

Non, Monsieur Renard n’a jamais vu de Dragon. Il n’avait pas l’air non plus sûr de lui lorsque je lui ai demandé où c’était. Pourtant, il m’a proposé de m’y amener, c’est un drôle de Monsieur. En plus il aime manger, le fromage comme les bonbons, il ne grossit jamais, il aime les feux d’artifice, il aime bouger puisqu’il dit que c’est ce qu’il faut faire… Vraiment, c’est un drôle de Monsieur. Mais je pense qu’il vaut mieux être étrange comme lui plutôt qu’être embêtant comme beaucoup d’élèves de l’école, lui au moins ne me dit pas qu’il ne faut pas s’asseoir là ni parler aux inconnus ni aller à tel endroit. Parce qu’avec tous ces élèves presque persuadés que la Forêt Interdite va leur sauter dessus, Poudlard est bizarre mais pas bizarre agréable. Encore plus lorsque ces élèves sont les mêmes qui parlent forts et crient tout le temps. Les gens dans Londres sont comme ça parfois eux aussi, mais moins. Il y en a moins des adultes qui disent s’inquiéter de ce que je fais toute seule pour ensuite me dire de rentrer chez moi. Après tout, je fais rien de mal : je dessine. Et personne n’a l’air d’avoir prévu de sortir de cette maison aux marches assez confortables.

Par contre, un Mangemort dans Londres ça peut être étonnant. Un Mangemort avec un masque de Renard aussi, je pensais qu’ils n’étaient que des Corbeaux après avoir rencontré l’un d’eux dans la Forêt Interdite, mais même pas. C’est chouette aussi les Renards, c’est un bel animal et en plus c’est une belle coïncidence de voir que Monsieur Corbeau et Monsieur Renard se connaissent et sont même meilleurs amis. Comme dans la fable avec le fromage, ça va faire un beau dessin. Mais j’avoue que j’ai un peu oublié ce fameux dessin tout juste commencé, intéressée plutôt parce ce que dit l’Homme masqué. Apparemment, des gens seraient capables d’ensorceler ma langue pour que je parle de Monsieur Corbeau et des Sombrals, quelle idée étrange ! Monsieur Renard m’explique, il est bien gentil d’accepter de le faire. Et il dit que les gens n’aiment pas ce groupe, qu’ils veulent tout savoir pour les attraper et les enfermer dans la prison. Monsieur Renard n’a pas l’air d’aimer la prison – je peux le comprendre, qui aimerait ça ? Mais la question importante, c’est surtout : pourquoi n’aime-t-on pas les Mangemorts ? Certes, ils n’ont pas un joli nom. Mais ils veulent une jolie chose, ils veulent que la magie ne soit plus un secret. Monsieur Corbeau a dit que les gens ne comprennent pas cette volonté, et moi je trouve ça complètement idiot. «C’est bête, très bête de devoir se cacher parce que vous avez envie de quelque chose. Mais ce serait plus bête d’aller en prison. Est-ce qu’il y a une prison spéciale Sorciers ? Ils mettent pas les Sorciers avec les Moldus, si ?» Non parce que ça, ce serait encore plus bête. Les Sorciers sont magiques, je suis sûre qu’ils peuvent se sortir d’une prison moldue facilement.

Monsieur Renard a sa baguette avec lui, certainement parce qu’il peut l’utiliser puisqu’il n’est plus élève à l’école de magie. Il lui a donné un nom, un drôle de prénom mais déjà l’idée d’un prénom est étrange. Pourquoi lui a-t-il donné un prénom ? C’est un morceau de bois magique, c’est tout. Mais Monsieur Renard ne pense pas ça, il m’explique qu’une baguette est comme vivante car elle décide d’elle-même. C’est vraiment super bizarre, une baguette vivante qui décide et peut avoir des sentiments. Parfois triste, parfois heureuse, il assure qu’elle mérite une identité et le respect. C’est vrai que le bois, c’est vivant quand il n’est pas coupé. Je sais pas s’il est encore une fois qu’il est coupé, mais c’est intéressant à savoir. D’ailleurs, c’est peut-être pour ça que ma baguette fonctionne rarement ? Parce qu’elle n’a pas de prénom et que ça la rend triste ? Si seulement elle parlait, ça irait mieux. Je me suis déjà fait cette réflexion avant, j’ai cherché tout ce qui pourrait aider ma baguette mais je n’avais jamais pensé à cette possibilité ! Je souris pensivement, j’ai peut-être trouvé, et ce sourire s’agrandit quand la baguette du Renard fait des jolies étincelles. J’adore la magie ! Même si moi, je ne sais pas trop l’utiliser. J’ai hâte d’être à la rentrée, mais pour l’instant il faut écouter l’adulte qui parle de familier, encore un truc inconnu, et de baguette toujours présente. La magie, ça peut tout faire quand on sait l’utiliser. «C’est quoi un familier ? Et comment tu as choisis le prénom de ta baguette ?» Je montre l’objet apparemment vivant avec curiosité «Comment tu sais que ça lui plaît ?» Admettons qu’une baguette peut être heureuse comme triste, elle ne parle pas. Alors comment savoir ?

Sauf qu’il ne faut pas penser qu’à la baguette, à la magie et aux Sorciers. Ici, on est à Londres. Londres ! La ville, les gens, le bruit, mais surtout les Moldus ! Les Moldus qui n’ont pas le droit de savoir que la magie existe, les Moldus qui pensent encore les Licornes inexistantes et les Sorciers des personnes dites normales. Ces pauvres gens qui se croient dans la réalité qui n’est en fait qu’une semi-réalité. Qui pensent que je rêve trop, que je dessine des bêtises, alors que depuis le début c’était la vérité. Qui pensent que les livres sont du fantastique alors que pas du tout. Monsieur Renard le sait lui aussi, il sait qu’il n’a pas le droit de faire preuve de magie devant les Moldus. Il le sait puisqu’il le dit, il parle de prison où on pourrait l’enfermer pour ce qu’il fait. Pourtant, il me demande pourquoi, pourquoi il devrait aller en prison. Et la "bonne réponse", c’est «Parce que tu utilises ta baguette chez les Moldus devant des Moldus.» Il y en a forcément des Moldus qui passent par-là, même si je n’y fais pas attention. «Et c’est interdit, parce qu’il y a un secret. Un secret qui dit que la magie doit être cachée aux Moldus.» Un secret, un mensonge plutôt ! «Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce que les Moldus n’ont pas le droit de savoir que la magie existe ? Pourquoi est-ce que les Sorciers laissent vivre les Moldus dans un mensonge qu’ils croient vrai ?» Je pose un regard aussi curieux qu’embêté sur Monsieur Renard. Je pose peut-être beaucoup de questions. Mais j’ai bien compris que dire des choses pareilles à l’école, c’était pas une bonne idée. Alors peut-être que l’Homme masqué pourrait me dire ? Il doit bien y avoir une explication logique autre que celles que mon cerveau imagine !

Non, les Sorciers ne vont pas dans une prison moldue. C’est bien ce que je m’étais imaginé, mais il faut toujours vérifier les pensées comme on peut et monsieur Renard ici présent semble connaître beaucoup de choses intéressantes. Et puis au moins, je connais le nom de cet endroit : Azkaban. L’homme masqué ne semble pas vraiment en savoir plus, il dit qu’on ne sait pas où elle est mais que c’est horrible là-bas. Une prison pour moi, c’est forcément horrible, enfermer des gens comme ça derrière des barreaux… Même s’ils ont fait une bêtise, on se dit Humain mais ce genre de chose est inhumain. Une cage de murs et de barreaux, une mauvaise nourriture d’après le costumé, en plus de ne pas dormir et de mal vivre. Je ne comprends pas trop pourquoi il serait impossible de dormir, même s’il n’y a pas de lits c’est faisable de dormir par terre quand on est fatigué, on dort n’importe où quand la fatigue nous attrape. Je me demande bien comment il sait ça, peut-être y est-il déjà allé ? Pourtant, il n’a pas eu l’air d’aimer l’idée d’être en prison. Peut-être qu’il y a des histoires sur cette prison ? Je regarderais quand je serais de retour à l’école, la bibliothèque est très riche et je n’ai pas encore tout lu. Je remarque pensivement que «C’est pas normal de faire ça.», pour finalement marquer le nom de la prison sur une page vide du carnet. Au cas où, pour être sûre de ne pas oublier de me renseigner.

Parce qu’on ne peut tout de même pas demander aux adultes de tout nous expliquer, surtout lorsqu’on se dit que cette prison n’a franchement pas l’air agréable, ça ne servirait donc à rien de demander plus de trucs sur un endroit apparemment inquiétant. Par contre, les livres ne savent pas tout et je ne me rappelle pas avoir déjà lu dans une des nombreuses pages tournées cette année que la baguette magique devait être dotée d’un prénom. Ni qu’elle est comme un familier. Alors j’écoute sérieusement monsieur Renard m’expliquer ce qu’est un familier, c’est joli comme mot et définition j’aime bien. Un animal avec qui on a un lien magique, un protecteur et défenseur auquel on doit évidemment rendre la pareille. Comme dans les livres moldus alors ? C’est un peu comme la Licorne ou le Pégase donc, les légendes moldues sont pour certaines réelles. Je contemple la baguette de l’adulte avec intérêt – alors une baguette, c’est pareil que ces familiers ? Il faut bien avouer que je la voyais plutôt comme un morceau de bois remplit d’une magie particulièrement têtue. Et il m’explique, même si je reste un peu dubitative. Je l’ai beaucoup écoutée ma baguette, beaucoup beaucoup ! J’ai tout essayé, mais peut-être pas assez. «Alors je l’écouterai encore plus ma baguette pour essayer de l'entendre. Si elle a un prénom, elle sera contente ? Elle deviendra gentille avec moi ?» Je regarde l’homme-Renard avec espoir, peut-être que je réussirais la prochaine rentrée à faire de la magie correctement si je lui donne un beau prénom ? Il va falloir que je commence rapidement à y réfléchir.

Monsieur Renard ferait un bon professeur, à accepter de répondre à mes questions. Sauf que c’est pas trop sûr que l’école accepterait un Mangemort… Je souris à cette idée, ce serait sacrément rigolo que cet adulte nous fasse cours, un homme-Renard à l’école, j’aime bien l’idée. En attendant, j’ai des explications à moi, c’est déjà bien. Et je reste bien concentrée pour tout bien retenir. Sauf qu’il ne sait pas trop pourquoi les Moldus n’ont pas le droit de voir la magie, pourquoi les Sorciers n’ont pas le droit de la montrer. Pourtant, il cherche quand même une explication, il parle de Moldus qui ont attaqués dans le passé les Sorciers qui ont pris l’habitude de se cacher. Je réfléchis, j’essaie de calculer, c’était il y a longtemps ce dont il parle, non ? Cette loi, elle existe depuis super longtemps, mais vraiment très très très longtemps. Les Sorciers sont rancuniers, surtout que les Moldus n’y croient plus du tout maintenant à la magie. Enfin je ne crois pas, après tout je ne connais pas tous les Moldus du monde. Alors au début, ça leur ferait bizarre de voir des Sorciers avec la baguette à la main en liberté comme imagine monsieur Renard, mais bon les nés-moldus comme moi à Poudlard ont aussi cet effet. Et ensuite, il n’y aurait plus de surprises, plus d’étonnement. Tout serait parfaitement normal ! Rien de plus compliqué à mon avis. «Mais c’était il y a très longtemps que les Moldus attaquaient les Sorciers, maintenant ils sont plus nombreux à ne pas y croire que l’inverse.» C’est vrai, c’est une affirmation cette fois-ci et non une question. «Moi, j'aime bien l'idée qu'il y ait de la magie partout.» je murmure finalement tandis que la main s’agite sur une troisième page, le crayon léger dessus. Un peu de magie, un peu de technologie. Ça fera joli, sur une page. Même si j’en oublie un peu monsieur Renard à côté, d’ailleurs il faudra que je finisse son dessin aussi.

Vraiment, donner un prénom à une baguette est une drôle d’idée. Ça reste un morceau de bois bien taillé dans lequel on a mis un truc qui n’est pas à la portée des Moldus. Et pourtant, c’est suffisant pour la rendre magique, voir même vivante si je comprends bien. Je ne suis pas sûre que l’idée au plaise, mais au fond cela pourrait expliquer bien des choses. Peut-être n’est-ce pas ma magie elle-même qui fonctionne mal, peut-être est-ce juste ma baguette qui est toute tristounette de ne pas avoir d’identité. Monsieur Renard a l’air persuadé qu’un prénom rendra ma baguette heureuse, joyeuse, sans cesse de bonne humeur. Je souris, rassurée. C’est une bonne nouvelle, je vais lui trouver un super beau nom qui la rendra heureuse pour toujours ! Et comme ça, je prouverais que je suis capable d’utiliser ma magie, que je sais lancer des sortilèges tout simple comme des sortilèges un peu plus compliqués, il arrive parfois que ce soit ainsi en cours. Après tout, l’homme masqué à côté de moi est un adulte, enfin je crois. On dirait qu’il l’est. Donc il a raison.

Il a raison pour ma baguette autant qu’il a raison pour le reste. De la magie partout, ce serait magnifique, oui oui oui. Je hoche la tête en ajoutant un trait à mon dessin avant de lever le regard pour observer le monsieur rigolo s’agiter partout, maintenant debout les bras comme agités d’une joie sans frontière. Je crois qu’il aime beaucoup l’idée d’installer la magie dans Londres, hors du Chemin de Traverse, du village au nom bizarre et de Poudlard. Moi aussi je dis oui tandis qu’il ajoute, apparemment sûr de soi, que les Moldus seront contents. Qui ne serait pas content de voir de la magie partout ? Qui n’aimerait pas voir des sortilèges remplacer la technologie ou s’y ajouter ? J’ai juste terminé ma première année, je ne connais pas grand-chose encore mais de ce que j’ai observé, on peut faire plein de choses avec la magie. Alors je pose le crayon, j’applaudis des deux mains en silence – ce serait embêtant de faire du bruit et d’attirer l’attention des Moldus. Il n’empêche que je ne dirais pas non à de la magie dans ma maison.

On pourrait faire pousser des fleurs sur les murs, des jolies fleurs pas seulement du lierre bien sûr, ou lancer des couleurs partout. Seulement sur les maisons dont les habitants sont d’accord, le but n’est pas de les mettre en colère vous voyez. Mais la peinture coûte chère, et les gens qui peignent dehors doivent être payés eux aussi, donc ça demande encore plus d’argent. S’il faut, beaucoup d’habitants pourraient vouloir du bleu ou du rouge sur les façades des bâtiments… Je me souviens, j’ai appris le sort Colovaria pour changer la couleur des objets. D’ailleurs, on peut réparer plein de trucs avec la magie au lieu de jeter ! Donc ça ne peut qu’être bénéfique. En attendant, monsieur Renard ne semble pas vouloir dessiner la magie chez les Moldus, il parle de goûter. Bah oui, on a parlé de fromage, de bonbons, il a dit qu’il aimait beaucoup ça, quoi d’étonnant à l’entendre dire ça ? Rien du tout. Je souris tandis qu’il fait un drôle de geste avant de dire être ravi de m’avoir rencontré. Étranges mots pour un adulte qui aurait pu être embêté d’entendre des questions, de parler à une petite. En même temps, c’est lui qui est venu, je suis tout de même contente de savoir qu’il ne s’est pas ennuyé – s’il s’était ennuyé, il n’aurait pas dit ça. «Bon goûté monsieur Renard au revoir !» Je lui fais un signe de main joyeux pendant qu’il s’en va, saluant les Moldus. Il est amusant cet adulte Mangemort. Moi, j’ai deux dessins à terminer et puis je m’en vais.