A peine avait-il terminé sa journée de cours qu’Arthur était parti rejoindre son dortoir pour troquer son uniforme sorcier contre une tenue plus confortable. La journée l’avait fatigué et il s’était finalement affalé devant la cheminée de la salle commune. Le regard dans le vide, on pouvait cependant penser qu’il fixait les flammes avec un très grand intérêt. Il allait bientôt pouvoir privatiser ce fauteuil sur lequel il passait la plupart de son temps à s’ennuyer avant de trouver une occupation digne de lui.

Le lion manqua de sursauter lorsqu’il sentit sa casquette disparaître et la rattrapa avec reflexe avant qu’elle ne finisse par terre. Ses bouclettes à la vue de tous, il apprécia la sensation de la légère caresse sur sa tête et son corps fut parcouru d’un agréable frisson. Il savait exactement qui était là. Aliocha. Un sourire idiot sur le visage d’Arthur suivit le baiser qu’il avait reçu de son copain. Ce dernier s’installa à ses pieds, alors le bouclé en profita pour doucement jouer avec les cheveux d’Aliocha, tout en faisant extrêmement attention à ne pas les ébouriffer alors qu’il prenait toujours du temps à se les coiffer. Il y avait tout un tas de qualités, que ce soit physiques ou mentales, qu’Arthur appréciait chez Lio, mais ses cheveux étaient facilement dans son top trois, en concurrence avec ses yeux et son sourire.  

Bref. Le lion avança son buste pour approcher son visage de celui de son copain avec un sourire en coin.  

— Mmh... Tout dépend... Qu’est-ce que tu me proposes ? Dit-il en chuchotant au creux de son cou.  

Il remonta jusqu’à sa joue pour l’embrasser, puis Arthur s’éloigna pour reposer son dos contre le dossier du fauteuil. Il savait qu’Aliocha allait le laisser pour partir en direction de l’Occamy Doré... Pour des raisons toujours obscures. Pourquoi avait-il besoin de travailler ? Le lion ferma les yeux quelques secondes pour réfléchir à ses occupations du week-end. Qui finalement n’allaient pas changer des autres jours de sa vie. Sans Lio, il allait très certainement faire du sport, sortir, faire des conneries avec Matt, Daisy ou Gisèle, ou encore dormir. Pas grand-chose finalement, il soupira, lassé de Poudlard et de son interdiction vis-à-vis des technologies moldus.  

— Plus sérieusement... Non. Pas vraiment. Il continuait de caresser distraitement les cheveux de Lio. Il réfléchissait. Dis-moi... Un sourire innocent. Tu veux pas rester avec moi ? Askin est à Azkaban, il pourra rien te dire, alors on s’en fout. Et au pire... T’as qu'à dire que t'es malade ?

C’était aussi simple que ça la vie, non ? Personne ne pourrait vérifier la véracité de cette information encore moins le propriétaire des lieux, alors qu’est-ce que cela pouvait coûter à Aliocha de rester à Poudlard en compagnie d’Arthur ?

Arthur soupira de déception. Il grogna légèrement de mécontentement tout en s’enfonçant encore plus dans le fauteuil. Comme un enfant à qui on aurait refusé un caprice. L’excuse d’Aliocha ne suffisait pas à convaincre le bouclé. Des habits, son copain en avait déjà plein. Trop ? Pourtant son plan lui paraissait efficace. S’il feignait la maladie auprès de cette femme, elle ne pourrait pas se plaindre et donc, cela ne servirait à rien de le balancer auprès d’Elius. Le bouclé continuait de caresser les cheveux de Lio en réfléchissant à un autre moyen de convaincre son copain de rester. Il fallait un autre plan.  

Il sortit de sa réflexion assez rapidement. Il se remit droit dans son fauteuil pour pouvoir pencher sa tête en arrière et il suivit des yeux Aliocha qui s'éloignait. Le lion fronça légèrement les sourcils, se questionnant sur ses intentions. Qu’est-ce qu’il faisait ? En revenant, Lio paraissait fier de lui. Arthur attrapa le papier et le lut attentivement. Il leva les yeux vers son copain, puis rebaissa le regard vers la feuille. Il ouvrit la bouche et la referma dans la seconde. D’accord. Mais et ensuite ? Que devait-il faire de cette information ? Il posa la feuille et écouta Aliocha.  

— Voir pour aller là-bas ? Répéta Arthur interloqué. Comment ça voir pour aller là-bas ?  

Le lion ne comprenait pas. Aliocha était sérieusement en train de lui proposer d’envoyer sa candidature à la Boutique d’Animaux Magiques ? Lui ? Travailler ? Non seulement il n’en avait pas envie et ensuite, personne ne le prendrait au sérieux. Il ne serait pas à l’aise en tant que vendeur. Mais ce qu’il ne comprenait pas non plus, c’est pourquoi il lui proposait cela maintenant ? Il lui avait certes avoué qu’il ne savait pas quoi faire de ses week-ends, mais il n’avait pas sous-entendu avoir envie de travailler pour arrêter de s’occuper autrement qu’avec ses activités habituelles. Bon, d’accord, il aimait bien les animaux, mais cela ne lui suffisait pas.

— Attends Lio... Tu veux que je travaille ?  

Il ne savait pas s’il lui faisait une blague. Est-ce qu’il devait rire ? Non, son lion préféré ne blaguait pas. Il était très sérieux. Pourtant, il savait très bien qu'Arthur ne s'investissait même pas à Poudlard... Alors pourquoi là-bas ça changerait ? Le bouclé reprit l’annonce dans sa main pour la lire une nouvelle fois. Non, vraiment il ne suivait pas le raisonnement d’Aliocha. Il la reposa sur le canapé et avec une sincérité presque naïve, il demanda :

— Mais, pour quoi faire ?  

Ses parents lui donnaient de l’argent tous les mois, il n’avait besoin de rien de spécial et donc ne manquait de rien. Et en parlant de papa et maman...

— En plus, ça voudrait dire voir mes parents tous les week-ends et... Enfin Non, c’est pas possible. Il sourit légèrement pour dire : Alors ils seraient très contents de savoir qu’on me pousse à travailler hein. Mais... Il hocha la tête de droite à gauche. Non.

Instantanément, Arthur sourit à la vue du clin d’œil que venait de lui faire Aliocha. C’était si agréable cette sensation... Il la ressentait à chaque moment qu’il partageait avec son lion préféré. Une sensation de bien-être et de légèreté.  

— Mmh... Mouais, je sais pas, peut-être... Pour le moment il n’était pas convaincu. Mais peut-être qu’avec un peu de recul, cela pourrait l’intéresser.  On a pas besoin d’excuses pour sortir à Londres toi et moi... Si ? Et puis, si on travaille tous les deux on aura encore moins le temps. Alors que là, je peux m’adapter selon toi et selon tes horaires.  

La suite intéressa bien plus Arthur puisqu’un sourire en coin prit place sur son visage. Ce serait mal connaître le bouclé de penser qu’il allait réellement laisser passer l’opportunité d’embêter Aliocha. Ce dernier venait d’attiser sa curiosité et même sa tentative de revenir sur le sujet principal n’allait pas le sauver. Le bouclé attendait patiemment et innocemment que Lio termine, il le laissait espérer qu’il allait avoir la paix...  

Alors, Arthur l’écoutait et prit même le temps de murmurer une sorte de “Parce que j’ai pas envie”, boudeur, à la question de son copain avant de hausser mollement les épaules. Pour le reste, il préféra répondre intérieurement puisqu’il n’avait pas envie de s’attarder sur ce sujet. Des collègues sympas ? Aliocha lui avait dit quelques minutes plus tôt que sa collègue était vicieuse et qu’elle ne raterait pas une seule occasion de le balancer s’il manquait un jour de travail. Ce n’était pas réellement la définition qu’il se faisait du mot “sympa”. Ensuite, de l’argent il en avait, cela ne l’intéressait pas. Enfin... Ce serait bien plus intelligent qu’il l’économise pour son futur, ce qu’il ne faisait pas. Ses parents n’allaient pas l’aider éternellement et ils comptaient bien arrêter une fois ses études terminées. Finalement, pour lui, le seul point positif dans cette histoire c’était de ne pas rester enfermé dans le château. Mais à quel prix ? Il serait simplement enfermé ailleurs, dans une boutique, à devoir faire des tâches et à subir les ordres de quelqu’un. Ce qui était donc pire qu’à l’école, puisque le week-end aucun adulte ne venait l’embêter.  

Et finalement...  

— Dis-moi Cha’...  

Arthur avait pris une voix qui se voulait douce. Il avait même chuchoté, comme il l’aurait fait si le couple partageait une nuit et qu’il ne voulait pas le réveiller, simplement l’apaiser avant de laisser rejoindre le pays des songes. S’il pouvait ronronner, il l’aurait fait. Ses doigts quittèrent les boucles d’Aliocha pour s'attarder sur son visage. Le lion passait délicatement ses doigts sur les joues de copain. Il l’effleurait presque. Il caressait son nez, et termina son chemin sur ses lèvres. Il s’attarda sur la lèvre inférieure de Lio. Arthur voulait d’abord l’amadouer, lui faire oublier qu’il aimait jouer et le faire gentiment souffrir. Il gardait le silence, le suspense. Et lorsqu'enfin il jugea qu’il avait assez usé de son charme et joué de son air innocent, qu’il avait assez endormi la méfiance de Lio, il stoppa net ses caresses et une lueur d’amusement se mit à briller dans ses yeux. La suite était maintenant prévisible...

— Je crois avoir entendu “enfin” non ? Demanda Arthur avec un sourire en coin. Alors comme ça tu as déjà parlé de moi à ta mère hein ? Il ajouta avec arrogance : Et alors, tu lui as dit quoi sur moi ?  

Par contre, il ne dirait pas non pour plusieurs nuits chez Aliocha. Les lits une place de Poudlard, c’était bien quelques fois, mais il n’y avait pas de place pour deux. Ah et surtout, il n’y aurait pas Matt qui devait maintenant supporter le couple...

Le sujet était maintenant complètement dévié au plus grand plaisir d’Arthur… Qui réfléchira tout de même à la proposition d’Aliocha. Peut-être pas pour la boutique d’animaux magiques, mais autre chose ? Il avait encore le temps d’y repenser, pour le moment, c’était hors de question pour lui de travailler. Il en avait assez avec Poudlard. Le sujet qu’ils venaient d’entamer était déjà largement plus intéressant, quoique légèrement gênant pour un début de relation, mais le lion était plutôt touché de savoir que son copain avait parlé de lui à sa mère. D’abord, il fronça les sourcils, sceptique face aux propos d’Aliocha, mais il ne suffit que d’un baiser pour le détendre et c’est un sourire arrogant qui apparut sur le visage du bouclé.

— Mmh oui, beau et sympa... C’est plutôt une description qui me correspond. Dit-il faussement pensif. J’aurais rajouté incroyablement drôle, cool, footballeur professionnel et très modeste bien sûr. Il haussa les épaules et ses sourcils pour surjouer ses paroles.

Cependant, Arthur ne s’était pas attendu à ce que Lio lui retourne la question. Pourtant c’était logique que ça l’intéresse aussi. Mais à l’inverse, il n’en avait pas parlé à ses parents. Enfin…

— Euh... ouais ! Carrément. Il avait trop hésité. Enfin, disons qu’en début d’année je leur ai dit qu’il y avait un gars nouveau dans le dortoir et… C’est tout ?

C’était tout. Peut-être que ses parents avaient encore la lettre. Il avait simplement répondu à leurs questions, expliquant sa rentrée en racontant toujours les mêmes choses puisque c’était une rentrée comme tant d’autres et il avait pensé ajouter cette information. En vérité, il n’était même pas certain qu’ils aient son nom en tête. Et à part Matt, ses parents ne connaissaient pas son entourage.

— C’est pas parce que j’assume pas notre relation. Se rattrapa Arthur pour ne pas vexer Aliocha. C’est juste que je ne leur parle pas de ma vie. Ils le sauront le jour où tu viendras squatter chez moi. Il réfléchit quelques secondes et sourit. T’auras pas de mal à te faire apprécier d’eux de toute façon. T’es sérieux, talentueux, tu as un bel avenir devant toi... Il ajouta en riant. Tu es Français. Et puis, s’ils apprennent qu’en plus tu m’as plus ou moins proposé de travailler, ils voudront t’échanger avec moi.

Cela se passerait certainement très simplement. Ils apprendraient tout le jour même. Qu’ils allaient avoir de la visite et que l’invité était en fait le copain de leur fils. Il n’était même pas sûr que ses parents connaissent avec exactitude son orientation sexuelle tant il ne parlait jamais de ça.

Finalement Arthur ne s’était pas trop mal rattrapé. Il ne pouvait pas en vouloir à Aliocha d’être vexé. S’il avait été le seul à en parler à ses parents il aurait très certainement réagi de la même façon. Peut-être même qu’il se serait senti profondément honteux, comme s’il était allé trop vite dans sa relation. Mais est-ce qu’on pouvait leur en vouloir alors que c’était pour tous les deux leur première relation ? Arthur grimaça légèrement en entendant ce fameux surnom qu’il détestait toujours autant, mais qui sonnait étrangement bien quand c’était Aliocha qui le prononçait. Il ne dit rien, de toute façon trop concentré à suivre des yeux sa casquette qui n’était plus sur sa tête. Le bouclé la récupéra assez rapidement et la remit à sa place habituelle. Lio aussi rattrapa son geste avec des paroles qui firent sourire Arthur alors que son ventre fut parcouru d’un rapide frisson. Pourtant, un “Quoique...” qui n’avait rien à faire là se fit entendre. Le lion plissa les yeux, curieux de connaître la suite.

— Une tenue Dior hein ? Répéta-t-il en ricanant. Elle ne te servirait à rien. Sur ces mots, il se coucha sur le canapé et se releva légèrement, tout juste assez pour attraper Aliocha et le tirer en avant, l’obligeant à venir au-dessus de lui. La casquette d’Artur tomba en arrière, mais cette fois, il n’essaya pas de la récupérer, elle l’aurait gêné sinon, puisque juste après, il posa une main derrière la nuque de son copain et l'amena à lui pour l’embrasser. Peut-être plus sauvagement que d’habitude, mais il se força tout de même à ralentir la cadence petit à petit alors que déjà le désir commençait à pointer le bout de son nez. Pour terminer, il passa lentement sa langue sur les lèvres d’Aliocha, avant de s’éloigner avec un sourire arrogant. Il le lâcha enfin et mit son bras derrière sa tête. Et puis, tu t’ennuierais sans moi. Dit-il en Français. Puis comme l’heure tournait et qu’il allait bientôt se retrouver seul, il demanda une dernière fois : Tu es sûr de devoir aller au boulot ? Parce que finalement, il s’était fait avoir par son propre acte. Il savait d’avance la frustration qu’il allait ressentir lorsqu’ils allaient se séparer.