Missy est bien gentille de tout m’expliquer ainsi, j’aime quand c’est précis et bien explicite. J’aime la politesse aussi, bien que je doive souvent me forcer pour l’utiliser. Maintenant que j’ai tous les détails en tête, je n’hésite plus trop même si je ne suis pas très rassurée, ma main se tend vers celle de l’Elfe de maison que je serre bien fort tandis que mes yeux se ferment, bien serrés eux aussi pour ne pas voir ce qu’il va se passer. J’ai trop peur que ça me chamboule l’esprit ce genre de truc incompréhensible et impossible chez les Moldus. À la maison, on voit le chemin changer, les arbres se déplacer – même si en réalité, c’est nous qui nous déplaçons. Alors qu’avec la magie, on est là et puis pouf on est là-bas, sans réel déplacement. Bref, il vaut mieux ne pas y penser, ça fait frissonner.

J’espère que je ne lui fais pas mal, à Missy, à force de serrer comme ça. Mais ça me rassure un peu, juste un peu, et puis ça ne dure pas trop longtemps. Juste le temps d’arriver là où il faut. Je grimace un peu, ça tourne ça tourne, ce n’est pas une super sensation. Je garde les yeux fermés jusqu’à ce que monsieur Jackson me dise qu’on est arrivé. Arrivés chez lui, près de son Ethonan, j’ai hâte de le voir ! Alors j’ouvre les yeux, peut-être un peu trop rapidement parce que le sol et le plafond s’inversent, s’échangent, tournent. Je me laisse tomber à terre, clignant plusieurs fois des yeux, vite rassurée car la grande maison se remet en place sans trop tarder. Ah la magie, comme c’est étrange… Je souris à Missy, lui lançant malgré tout un joyeux «Merci beaucoup !», avant qu’elle n’aille ouvrir une immense porte vitrée.

Impressionnée, je n’ose pas trop regarder autour de moi de peur de paraître malpolie. L’ancien Serdaigle est déjà très gentil de m’inviter à rencontrer ses animaux, je n’ai pas envie de faire quelque chose de mal… Alors je regarde plutôt l’étrange fenêtre, on n’a pas ça à la maison, souriant grandement en apercevant deux chiots adorables entrer dans l’immense maison, aboyant comme pour souhaiter la bienvenue à leur maître. Je reconnais sans difficulté un Husky et un Berger Allemand, la deuxième boule de poils se mettant à me sautiller tout autour. Je ris un peu, le saluant à mon tour d’un «Bonjour !» gentil avant de lui offrir les caresses quémandées. Oui, j’adore les animaux, ça fait un moment qu’on le sait ça ! Et les chiots demandent souvent des caresses, un peu – beaucoup – d’attention de la part de ceux qui les entourent. Vraiment, les animaux sont bien plus gentils que les gens.

Mais mon attention est vite détournée lorsque j’aperçois l’étrange cheval ailé qui s’approche de monsieur Jackson. Il est magnifique et impressionnant, j’ai beau connaître quelques créatures magiques et savoir que la magie est capable de tout, rien n’empêche d’être aussi émerveillée devant un spectacle aussi irréel. Irréel car je suis née-moldue bien sûr, tout Sorcier ne trouvera pas ça aussi spectaculaire. L’ancien Serdaigle me présente la créature comme étant l’Ethonan, j’aurais pu m’en douter mais il faut bien avouer que je suis trop impressionnée pour y penser. Toujours souriante, d’un sourire qui n’a pas disparu depuis que les chiots sont entrés, je m’approche du cheval ailé en douceur. «Il est vraiment… Magnifique ! Est-ce que je peux le caresser ? Comment s’appelle-t-il ? Ou elle ? C’est un mâle ou une femelle ?» Les questions se bousculent, nombreuses, la bouche elle-même s’en étonne. C’est vrai, je ne parle pas souvent autant. Mais là, c’est spécial !

Les animaux moldus et les créatures magiques sont toutes aussi merveilleuses les unes que les autres, c’est sûr et certain. Chacun est différent bien sûr, pas parc qu’il y a de la magie ou non mais parce qu’il y a une grande diversité parmi tous ces êtres vivants, et oui c’est vrai qu’il y a quelques exceptions à cela – les Acromentules, ce genre de créatures terrifiantes et pas très sympathiques vous voyez. Mais à part ceux-là, les animaux sont extraordinaires et la magie sait faire des choses encore plus impressionnantes auxquelles on ne s’attend pas, pas après avoir entendu pendant des années que tout cela n’existent pas. Pourtant, le cheval ailé est bien là, devant moi. Si j’ai déjà vu et caressés des chiots, c’est la première fois que j’approche un Ethonan. C’est vraiment curieux, alors j’ai envie de tout savoir ! C’est que j’aime beaucoup découvrir, mais qui n’aime pas ça ?

Monsieur Jackson semble beaucoup aimer la créature, il la caresse sans même hésiter ou avoir peur. Je n’ai pas peur non plus, mais sait-on jamais : certains animaux, comme les humains d’ailleurs, apprécient moins le contact que d’autres, certains n’aiment pas les inconnus non plus contrairement à d’autres qui sont tout à fait sociables tant qu’ils ont des caresses. Mais l’Ethonan a l’air assez ouvert aux autres, et tranquillement je lève la main pour le caresser lorsque l’ancien Serdaigle assure que j’en ai le droit après m’avoir expliqué qu’il s’agit là d’une femelle. Donc c’est Elle, elle est belle, elle est magnifique, sauf qu’elle n’a pas encore de prénom ! Cette réponse m’étonne grandement, mais peut-être que l’adulte n’a pas sa créature depuis longtemps ? Un prénom, c’est vraiment très important parce que c’est nous, ça nous représente. Si on donne un prénom aux bébés dès leur naissance, ce n’est pas pour rien ! Quoique, il était un temps où cela fonctionnait autrement mais ce n’est plus le cas.

C’est vrai qu’il faut prendre le temps de trouver un beau prénom, le prénom parfait. Il faut avoir des idées aussi, et le fait que monsieur Jackson dise ne pas en avoir m’attriste un peu. Si un jour j’ai un animal, je sais que je ferais une liste de prénoms pour lui avant d’aller le chercher… Parce qu’on ne peut pas vraiment choisir le prénom trop à l’avance, ça dépend aussi de l’être en lui-même, de son physique, de son caractère. En attendant, l’ancien Serdaigle me propose de l’aider. Moi ? Moi, je peux trouver un prénom pour la femelle Ethonan ? Ravie par l’idée, je m’exclame joyeusement que «Oui je vais t’aider !» avant de réfléchir sérieusement. Pendant que l’adulte s’éloigne, je me mets sur la pointe des pieds pour murmurer à l’oreille de la créature «Comment voudrais-tu t’appeler ?». Évidemment, elle ne me répond pas même si elle semble m’écouter.

Il lui faut un beau prénom, un prénom qui représente quelque chose d’important, un prénom avec une belle signification. Je cherche un moment, concentrée, fouillant dans ma mémoire pour me remémorer la mythologie qu’on a étudié avec Mark ou que j’ai apprise dans les livres. J’adore la mythologie, les histoires sont extraordinaires, diverses et variées, et pourtant toutes reliées. C’est pour connaître le ciel que j’ai appris la mythologie, et il y a parmi les Dieux et les Déesses une grande quantité de prénoms magnifiques. Pour un cheval ailé couleur noisette, quel genre de prénom faut-il ? Un court ou un long ? Avec quelle lettre au début ? Le marron comme celui sur la robe de l’Ethonan s’associe bien avec le orange, ça fait un bon duo – je le sais puisque je dessine beaucoup. Je souris en remarquant intérieurement que c’est une des couleurs les plus présentes lors de l’Aurore, le matin, juste avant le lever du soleil.

L’ancien Serdaigle revient soudainement, interrompant mes pensées pour annoncer qu’il a de quoi chevaucher l’Ethonan. Le regard sur les objets posés, j’écoute attentivement l’adulte qui m’explique qu’on peut commencer par apprendre sur la terre avant de galoper pour ensuite s’envoler dans le ciel. Les deux dernières étapes me font un peu peur, mais je sais qu’on n’apprend pas très vite non plus. Et puis, on peut y aller doucement non ? Monsieur Jackson ne m’obligera tout de même pas à galoper trop tôt. C’est que je ne suis jamais montée à cheval moi, on n’en avait pas à la ferme espagnole… Malgré tout, l’idée me plaît alors que hoche la tête enthousiasme : «Je veux bien apprendre à chevaucher ! Tu m’apprendras à la seller aussi ?» Le regard plein d’espoir, j’ajoute précipitamment un «S’il te plaît !», pour ne pas oublier la politesse. C’est important la politesse, autant qu’il est important de savoir prendre soin d’un être vivant.

Je ris un peu tandis que l’Ethonan me pousse gentiment de sa tête. À croire qu’il a déjà envie de se promener, de bouger ! Je suis contente, il a l’air de bien m’aimer. L’inverse aurait été embêtant, mais pas impossible. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas le cas et c’est une très bonne nouvelle. Maintenant qu’on a fait connaissance l’Ethonan et moi, monsieur Jackson nous emmène toutes les deux dans le jardin avec dans ses bras les affaires pour monter la jument ailée. Une main sur la créature magique, je suis l'ancien Serdaigle dans son jardin. On ne va pas très loin, mais suffisamment pour que je continue de réfléchir à une idée de prénom qui me vient soudainement à l’esprit. Si la couleur de l’Ethonan s’accorderait à la perfection avec l’Aurore, pourquoi ne pas l’appeler… «Éos !» Toute excitée, je tourne la tête vers l’adulte. «On pourrait l’appeler Éos ? C’est une divinité grecque, la déesse de l’Aurore. En plus elle a des ailes !» Bon, sa légende à elle n’est pas particulièrement belle mais le prénom, lui, est vraiment très beau je trouve !