Le temps était idéal - Une chaude journée d'été avec tout ce que cela impliquait. Adossé contre la devanture du pub, le Deliers prenait une pause bien méritée. Peu de clients, un Elias et une Koko -boss et ultraboss - moins exigeants. Ses prunelles observaient avec une moue fatiguée la vie se dérouler dans l'artère principale du village : des gamins de son âge occupés à s'envoyer un ballon, des touristes venus des quatre coins du pays, des passants éphémères s'enquillant une glace tout aussi éphémère. Parmi eux son attention fut absorbée quelques instants par une mère et son gamin.
Cette sensation de l'avoir déjà vu. De la connaître. Une vieille jeune ayant sans nul doute passé la trentaine. Sans pour autant être capable de foxtre un nom sur ses cheveux blonds ondulés flottant dans une brise légère quasi inexistante. Le Deliers lâcha l'affaire préférant reporter son attention sur le ballon envoyé de jeune en jeune. A part eux, plus aucun étudiant. Quelle tristesse. Les Autres, ils l'avaient tous abandonnés à son triste Destin. Enfxirés..

S'étirant de fatigue le regard de Matt bascula à nouveau sur la blonde et son bambin. Les mirettes ne purent que constater avec tristesse la glace terrassée chuter par terre alors que son propriétaire n'en avait déjà plus rien à taper, désormais uniquement intéressé par les jeunes et surtout... leur ballon. Sa mère se mit à le courser. Réaction typique de n'importe quelle mère, s'imaginait-il. Jeu du chat et de la souris. La femme courrait après sa progéniture qui slalomait. Des zigzags. Cela lui rappelait quelqu'un... Gisèle. Il rigola. Le petit blondinet slalomait - telle une Djidji pourchassée par le Diable (était-il le Diable ?) - entre des gens naïfs au point de ne pas s'écarter devant cet enfant qui n'avait désormais nulle autre aspiration qu'aller récupérer ce ballon pour s'amuser.

Le griffon se revoyait dans cette mère blonde en train de pourchasser une Gisèle toujours occupée à le fuir. Elle lui hurla dessus avec cette peine perdue d'avance. « Enzo, reviens ici ! » What ? Le Rouge tiqua sur le nom. Ce gamin... Se pourrait-il que ? Et elle... Il reporta ses yeux plissés sur la mère avec plus d'attention. « Nooooon ?! » Mais si. C'était bien elle. L'ancienne prof de potions. Voilà d'où il la remettait : il l'avait déjà eu en cours. Drôle. Et en plus c'était la tutrice de Djidji. Encore plus drôle. Malicia Evans qu'elle s'appelait. Il la remettait intégralement maintenant. Et ce modèle réduit aux cheveux tout aussi blonds. Le fameux Enzo. Celui dont sa camarade lui parlait souvent. Qu'elle gardait un peu comme une grande sœur.

Il fallait trancher. L'envie d'en avoir le cœur net. Propulsé par une impulsion de son pied contre le mur, le Deliers se força pour aller à leur rencontre. « Bonjour Madame. » Trop formel ? Oupsiiii. Et en même temps c'est ce qu'elle était. Une Madame. Les yeux tournés vers le gamin qui ne l'avait même pas calculé. « Salut mon pote. » Un peu moins formel pour le coup. Se recentrant sur la blonde, le Deliers enchaîna rapidement avant qu'elle ne le prenne pour un fou furieux, un Témoin ou autre prospecteur douteux. « Jui Matt Deliers, vous me remettez ? » Non, on s'en foutait. « Vous êtes la tutrice de Djidji pas vrai ? » Devant son absence d'incompréhension le petit Lion rectifia. « ... de Gisèle. Gisèle Llobères. » Il fit mine de réfléchir. Le petit Enzo arrêté semblait toujours aussi fasciné par le ballon voyageur.« Elle n'arrête pas de m'parler de vous. » Enzo par-ci, Enzo par-là. « Elle va bien ? » Qu'est-ce qu'il foutait ? Il parlait trop. Trop d'intérêts. Trop suspect.

La brune n'avait point parlé de lui à sa tutrice. Ah... Un camarade dont on ignorait le nom. Voilà ce qu'il était. Et en même temps, c'était entièrement logique. Pourquoi serait-il plus à ses yeux ? Cela signifiait simplement que Djidji ne parlait pas, ou très peu, de Poudlard à Malicia. Ni de ses potes pour faire délibérément l'impasse dessus. En avait-elle honte ? Quel genre de relations entretenaient-elles ? A l'inverse : de ce que la Llobères lui racontait, l'ambiance était plutôt cool chez Malicia. « Matthéo. Enfin... Matt. Deliers. » Un soupir ennuyé à cette révélation. Il avait envie de savoir comment la brune était en dehors de Poudlard mais poser la question aurait sans doute été déplacé.

La blonde tentait de garder fermement près d'elle un Enzo hyperactif. Elle avoua que Gisèle se portait bien. Tant mieux, c'était tout ce qui lui importait au final. Une après-midi pour elle. Il avait du mal à s'imaginer ce que la brune pouvait bien foutre de son temps libre. Qui était-elle en train d'emmxrder ? C'était lui qu'elle devait emmxrder. Le Deliers y avait pris goût. Certes content pour elle ; mais l'idée de la savoir si loin et de faire sa vie tranquille pépouze lui serrait la poitrine.
En contact tous les deux ? La question le scotcha. Ecrire une lettre à Djidji ? Pour lui dire qu'elle lui manquait un peu (voire beaucoup) et qu'il pensait parfois (voire souvent) à elle ? She was just kidding, wasn't she ? Le Deliers avait sa fierté. Eho. Quand bien même il en crevait d'envie il n'en ferait rien pour ne justement rien dévoiler de ce qu'il ressentait.

« Non. Non. On n'est pas en contact. » Il ne lui écrivait pas. Elle non plus d'ailleurs. Problème réglé. « Puis j'ai pas trop le temps de m'ennuyer. Avec le boulot. » Un signe du menton, le Gryffondor désignait l'enseigne des Trois Balais. Faux. Il trouverait toujours du temps pour elle. « C'est juste que je vous ai reconnu quand vous avez crié Enzo. Et à vous voir courir après lui, l'espace d'un instant je me suis vu courir après Dji.. Sèle. Parce qu'elle passe le plus clair de son temps à m'chercher et ensuite s'échapper. » Oupsiii. Il en avait trop dit là, non ? « Mais au final ça me permet de souffler un peu. Sans toujours l'avoir sur le dos ; ce qui - avouons-le - n'est pas de tout repos. » Il parlait comme s'il avait du vécu. Pas qu'elle était chixante la Llobères mais toujours la première pour l'emmxrder. Et il aimait ça. Et ça lui manquait. Et jamais il ne l'avouerait. Ni à elle. Ni à Malicia. Encore moins à Malicia. Les prunelles se posèrent sur le mini-blond. Trop mignon. Pas un mot. Il se contenait de les regarder, sa mère et lui. Sa mère d'ailleurs à qui Matt venait de déballer une partie de son sac. Il ne la connaissait qu'au travers de sa camarade mais était en train de lui avouer leur complicité qu'il affectionnait tant.

La blonde, sourcils froncés, semblait cogiter à toute vitesse. Elle n'était pas née de la dernière pluie. Le Deliers se doutait bien que Malicia se posait tout un tas de questions. $hit, il n'aurait peut-être pas du venir lui parler. Cela ne ferait qu'éveiller des soupçons futiles sur un sujet futile. Pas de quoi s'alarm.. « T'es l'amoureux de ma soeur ?» « Hein.. que.. quoi ?! » Réponse étranglée. Embarras soudain. Pas con l'gamin. Les prunelles toisèrent le modèle réduit. Pxtain... Il avait quoi : six voire sept ans ce petit bonhomme. Et déjà il posait des questions dévastatrices. Heureusement, sa mère le reprit. Ou pas. Ou si. Les yeux du petit Lion passèrent de l'Un à l'Autre sans trop savoir qui regarder.

Gisèle. Ainsi la Llobères n'était pas du style à prendre de nouvelles. Bah tiens.. J'men étais pas rendu compte.. Les vacances d'été pointaient aussi vites qu'un Deliers oublié. Le fait que Malicia annonce explicitement que la brune n'avait rien de programmé sur les prochaines semaines sous-entendait-il quelque chose ? Ce n'était pas possible pour lui de toute manière, il avait prolongé son stage pour l'été histoire de foutre quelques thunes de côté. Et puis jamais il n'oserait avouer que la brune lui manquait un peu. Non mais on va où là ? Ce serait clairement un aveu de faiblesse. Et en aucun cas il ne fallait exposer ses faiblesses.

Garder par la brune. Pas garder par la blonde. La question était posée. La réponse, un peu moins. Qui gardait et garderait le bambin au final ? Matt eut un sourire à la vision d'une Llobères parfaite dans ce rôle. « J'imagine que tu vas bientôt reprendre ton service ? » Recentrage sur Malicia. Envie d'écourter la rencontre pour partir sereinement et atomiser le petit Enzo, souverain défiant l'autorité maternelle, qui n'en faisait qu'à sa tronche ou réelle envie de savoir si le Deliers allait repartir bosser. Quoiqu'il en soit, il n'y avait pas grande foule dans le bar. Mais il devrait y retourner bientôt. « Vous imaginez bien. » Sourire amusé. « Je faisais une pause mais je vais devoir y retourner. »

Matt s'attarda sur le Enzo boudeur et totalement déterminé à contredire sa mère. Ah. Ah. Excellent. Cela devait pas être facile tous les jours. Ni pour lui. Ni pour elle. « Héé, fait pas la tête bonhomme. T'es en vacances. T'as de la veine. » Pleinement. Le gamin ne semblait pas mesurer sa chance.