Il commence à faire plus chaud, ces jours-ci. Tant mieux, parce que je n’aime pas spécialement le froid. Qui supporte le froid, d’ailleurs ? C’est pas du tout agréable, contrairement aux plus hautes températures. Bon, j’avoue que c’est peut-être mon sang égyptien qui parle. Je vais me répéter mais, en Égypte, il fait bien meilleur qu’ici. Il fait même trop chaud, parfois. Et aux États-Unis… Bon, il y fait aussi très froid durant l’hiver. En fin de compte, je ne pense pas qu’il existe un endroit sur Terre où la température puisse me convenir parfaitement. C’est peut-être moi qui suis trop exigeante, du coup. Mais, en même temps, ce n’est pas vraiment de ma faute. Je ne peux pas contrôler ce que je ressens. C’est comme quand je suis avec toi, l’ami. Ce n’est pas moi qui aie décidé qu’une présence invisible allait m’accompagner partout. Et je ne décide pas plus ce que mon corps apprécie ou non.

Mes pas me guident le long du chemin menant au village. Je ne vais pas souvent à Pré-au-Lard, mais les sorties dans ce village sont toujours très agréables. Il y avait eu une bataille de boules de neige entre Poufsouffles durant l’hiver. On s’était bien amusé, tu te souviens ? Et j’avais failli gagner ! Mais bon, là, la neige n’est pas de la partie. D’ailleurs, ce n’est pas pour livrer bataille que je me rends là-bas, mais plutôt pour faire du tourisme. J’ai rendez-vous avec une Gryffondor de la même année que moi, Adélia Grant. Je la connais un peu, et je me dis que ça peut être une bonne façon de devenir son amie si le courant passe bien entre nous. Et je compte sur elle pour me faire visiter, parce que je ne sais presque rien de ce village ! En vérité, mon savoir se résume à la localisation de certains bâtiments, comme les bars ou les boutiques.

Je m’interromps à l’entrée de Pré-au-Lard et m’assieds dans l’herbe en inspirant un bon coup. L’air est agréable, pour une fois. Je récupère un livre dans mon sac et me mets à bouquiner. Enfin, « bouquiner » est un bien grand mot. J’ai encore du mal à lire l’arabe, et comme c’est un recueil de poèmes arabes… Bah, j’essaie de lire et de comprendre ce que je lis, ce qui n’est pas facile à faire. De toutes façons, je suis certaine qu’Adélia arrivera avant même que je puisse comprendre de quoi parle le premier poème.