Il avait fait soleil aujourd'hui. Et j'avais attendu la fin des cours pour essayer un nouveau sort que j'avais appris dans un manuel. Je m'étais caché derrière un buisson qui surplombait des bancs en pierre. Ou du granit? Je ne savais plus vraiment. Les cours de moldus étaient désormais loin derrière moi. Maintenant la magie était une chose à part entière dans mon esprit et ma façon de vivre. Je voulais devenir un grand sorcier et marquer la légende. Mais il fallait travailler avec acharnement.

Et c'était le but de ma.petite cachette. Quelques personnes passaient à proximité mais personne ne faisait attention aux buissons qui bougeaient face à eux. Était-ce si normal que ça? En tout cas j'avais sorti ma baguette et plaçait un petit tas de bois devant moi. Il était bien sec, pile ce qu'il fallait pour qu'il prenne feu plus facilement.

La théorie c'est bien, la pratique c'est encore mieux. Et il me manquait simplement cette dernière. Je me raclais doucement la voix et je sortais ma baguette. Je la tenais fermement et dans une sorte de rond plutôt mal dessiné je chuchotait #incendio . J'attendais quelque chose. Je sais pas un signe, un rond de fumée, une étincelle mais rien ne sortais. Était je simplement un ras de bibliothèque? J'essayais une deuxième fois et de nouveau sans succès.

Je me mettais en position fœtal comme pour contenir toute ma tristesse et ma misérable magie. Tout s'effondrait autour de moi. J'étais un raté. Je travaillerais dans une bibliothèque, aurait de grosses lunettes rondes et ferait chut à tous le monde. Rien que de m'imaginer ça je sanglotais. Je n'entendais plus rien en son. Je regardais juste mes larmes qui s'ecrasaient lourdement sur le sol.

Les cours ont été tellement épuisant que j'ai besoin d'un repos bien mérité. Si toutefois je le mérite, bien sûr. Bien que le temps soit clément, je me demande si une balade au parc est une bonne idée avec la fatigue accumulée toute la journée. Peut-être que je ferai mieux de remonter dans ma salle commune avec un bon roman en guise de détente. En arpentant les couloirs du château, je ne rencontre pas grand monde. Visiblement, beaucoup d'élèves sont déjà sortis ou rentrés dans leurs salles communes. En arrivant chez les Poufsouffle, je m'installe dans un grand fauteuil avec un bouquin. Cependant, en fixant la fenêtre, j'aperçois encore le soleil, comme s'il me sommait de sortir sur le champs. Et peut-être que je ne devrai pas sortir seul. Je sais que mon petit ami est occupé en ce moment, alors je vais sortir accompagné de ma guitare. J'ai encore l'idée de composer une chanson pour lui. Après les paroles, il ne restera plus que la mélodie pour un mélange harmonieux. Alors que je monte pour fouiller dans mes affaires afin de remettre la main sur ma guitare, je tombe sur une lettre de mon père. En la lisant une nouvelle fois, je me souviens qu'elle m'a été envoyée quelques jours avant sa mort. Il me manque terriblement et sa disparition a été tellement soudaine que je ne suis pas prêt de m'en remettre. Je sais que je dois passer à autre chose, mais j'ai du mal encore. Comme si cela me demandait tous les efforts du monde. Le temps est censé être un allier de choix, mais j'ai l'impression que c'est complètement faux. Une larme commence à couler sur ma joue et je donnerai n'importe quoi pour le serrer dans mes bras ou lui dire que je l'aime. Cette absence a créé un vide qui ne sera jamais comblé, jamais.

Je range la lettre et m'empare de la guitare qui se trouvait-là. En descendant les escaliers pour arriver dehors, ma mine se fait sombre. Comme si je venais d'apprendre une mauvaise nouvelle, sauf que je la connais déjà. Dehors, le temps est encore relativement clair et la douce chaleur me fait du bien. Une petite balade dans le parc me fera le plus grand bien. Je m'avance jusqu'à un arbre pas loin de plusieurs buissons pour m'asseoir au sol. Je n'ai pas encore commencé à jouer de la musique que j'entends une voix. Une voix et une formule magique... enfin, je crois. J'observe le buisson avec une certaine attention, comme s'il venait de parler. Mais je réalise, bêtement, que les buissons ne parlent pas. C'est stupide, on est d'accord. Quoi que... la magie existe bien pourtant, alors on peut s'attendre à tout. Je décide de me relever, péniblement, pour aller voir ça de plus près. Derrière le buisson se trouve un jeune homme dans une position étrange. Et il semble triste, puisqu'il pleure. Je l'observe, presque déconcerté. A-t-il des problèmes ? Je ne sais pas si je peux lui demander, peut-être qu'il a envie d'être seul... Oh et puis zut, je vais le voir. Peut-être que je pourrai lui venir en aide. Je suis presque sûr de connaître la raison de ses sanglots, mais je n'en suis pas certain.

- Salut, euh... tu vas bien ? Je peux peut-être t'aider non ?

Maintenant, sa réaction sera à double tranchant. En effet, soit il accepte ma proposition, soit il m'envoie balader. Je me demande à quelle maison il appartient d'ailleurs. Mais que ce soit un pouffy ou un serpy, par exemple, peut importe. Je suis là pour aider s'il y a besoin. Le contraire serai clairement un signe de lâcheté, ce que je ne suis pas. Je fouille dans mon sac afin de trouver des mouchoirs. Je lui tend le petit paquet, en espérant qu'il soit plus calme et disposé à parler.

Alors que mes sanglots se faisaient de plus en plus rapprochés, je n'avais même pas entendu l'élève qui se tenait devant moi. Les yeux rouges, le visage bouffie des pleurs précédent, et j'essayais de temps à autres d'enlever le mucus qui coulaient en même temps sur les perles de larmes. Les chutes du Niagara. Impossible de se calmer et de s'arrêter.

Malgré tout, une voix vint transpercer ce long sanglot. Une voix calme et qui tentait de m'aider. Je relevais brusquement la tête et aperçut la personne devant moi. Amical probablement puisqu'il me tendait un petit paquet de mouchoir. Certes c'était mieux que le revers de ma robe de sorcier. Je saisit le paquet et extirpé l'objet tant convoité. Je depliais méticuleusement le morceau blanc et me mouchais dedans avec force. Les sanglots laissèrent place à des soupirs audible et longs. En tout cas cette nouvelle personne désirait m'apporter de l'aide et je lui en était reconnaissant. Je fis un signe d'approbation de la tête et essayait tant bien que mal d'expliquer cette tristesse profonde.

- Je... Je ...voulais lancer...un sort... Incendio...mais je suis...trop nul.

Les spasmes des longues plaintes se faisait entendre lors de mon élocution. Je devenais rouge pivoine. Mon visage me brûlait et des larmes revenaient troublées ma vue. Effectivement entre la théorie et la pratique il y avait un fossé. Ne serait-je considérer que comme un rat de bibliothèque plutôt qu'un magicien aguerris ? J'essayais un tant soit peu d'enchaîner la conversation.

-Je...suis... Adam Beckerman et je ...suis un pouffsoufle de première année.

J'étais fier de ma maison, mais elle serait-elle fier à moi en me voyant aussi nul en sortilège? Je reniflais bruyamment et m'esclamais

-Pardon....on....je ne t'ai pas remercié...pour les mouchoirs.

Il y a des jours où même si on semble malheureux soi-même, on ne peut pas s'empêcher d'aider les autres qui sont dans le besoin. Je me suis toujours dit qu'il y a des situations pires que celles qu'on peut vivre tout au long de la vie. Après tout, la vie c'est quoi ? Un chemin parsemé d'embûches. Ni plus, ni moins. Tout le monde la voit comme un cadeau, mais parfois, il est empoisonné. C'est peut-être excessif comme réaction, mais c'est ce que je pense en mon for intérieur. Le jeune homme au sol ne semble pas voir que je suis là. Pourtant, c'pas comme si j'étais minuscule si ? Une chose est sûr, il semble avoir du mal à se reprendre et s'il pleure parce qu'il n'arrive pas à lancer le sortilège (pourquoi serait-il triste sinon), je trouve que c'est vraiment surprenant. Personnellement, je n'irai jamais me mettre dans une tristesse aussi profonde, sauf pour d'autres raisons. Alors qu'il relève la tête brusquement, je vois avec euh... enfin... je constate qu'il a vraiment besoin d'un mouchoir. Ou du paquet même. Ses sanglots laissent place à de longs soupirs, comme s'il était essoufflé après un marathon. Mec, détends-toi, il y a pire dans la vie, j'en sais quelque chose. Voilà ce que j'aimerai dire, mais ça serait un peu déplacé et méchant. Le but n'est pas qu'il se remette à pleurer. Et qui avait raison ? Moi ! Il voulait simplement lancer un Incendio, mais il se dénigre beaucoup. Ce n'est donc pas comme ça qu'il va y parvenir, mais bon. A en juger par son visage, il est vraiment jeune. Sûrement un première année.

- Tu peux garder le paquet de mouchoirs, j'pense que t'en auras plus besoin que moi, dis-je avec un petit sourire pour lui rendre le sien. Tu es en première année non ? Parce que tu te mets dans un état vraiment grave pour si peu et c'est dommage. T'sais, on a tous des loupés dans la vie, mais c'est comme ça. Faut vraiment pas que tu pleures parce que t'y arrives pas. Et faut aussi demander de l'aide si besoin.

Je sais que je suis peut-être un peu cru dans mes paroles, mais c'est pourtant ainsi que ça fonctionne. En première année, j'étais comme lui, incapable de gérer mes émotions. Seulement, je sais aussi ce que ça fait et je n'ai pas envie qu'il subisse la même chose. Je crois que j'en ai assez souffert ici, même si Poudlard est un endroit fantastique pour étudier l'art de la magie. Il a encore du mal à parler lorsqu'il évoque les raisons de son état et son prénom. Il me confirme donc être en première année et en plus, c'est un camarade de maison. Si c'est pas génial ça. Il semble gêné par la situation, mais il n'y a pas lieu. Je ne suis pas là pour le juger, mais simplement pour lui expliquer certaines choses. Au mieux il écoute, au pire, il apprendra à ses dépends, à lui de faire un choix ! Une chose est sûre, j'ai envie de l'aider pour son sortilège. Alors qu'il renifle, ce qui a presque le don de m'agacer, même s'il n'y peut rien, il me remercie pour les mouchoirs. Quoi de plus normal ?

- De rien, mais... faut vraiment que tu te ressaisisses. Incendio n'est pas un sortilège très complexe. On l'apprend en première année et tu verras qu'après un entraînement, ça ira mieux. Tu veux peut-être que je t'aide à apprendre le sort ?

Je n'ai jamais eu un élève sous mon aile, mais je crois que je peux réaliser ma bonne action de la journée en lui filant un coup de main pendant quelques temps. Je me souviens que j'avais aussi besoin d'aide, mais personne n'a été là pour me guider sur la bonne voie. Et aujourd'hui, j'ai envie que ça change pour tout le monde.