Au détour d'un bout de papier [En cours]

Saison 31 - Été

Il faut l'avouer, elle s'ennuie quand même. Il lui manque ce petit frisson de temps en temps, ce doute qui procure de l'adrénaline. Elle a l'impression que sa vie avait décidé d'être plate, morne. Pas question! Ne pas se laisser faire, et provoquer l'étincelle qui pourrait lui faire vivre un moment unique. C'est décidé. Bon, son idée ne casse pas trois pattes à un niffleur.
Une journée de libre, elle décide de la passer à Pré au Lard. Elle apprécie déambuler dans ses rues, flâner, observer, le considérant comme un lieu d'inspiration. Un grand soleil éclaire sa balade, comme si il voulait lui dire quelque chose. Non, les fracas de génie n'arrivent pas comme dans les livres, c'est un mythe. Comme à son habitude, elle marche le nez en l'air, les mains enfouies dans les poches de son jean. Elle y chiffonne un bout de papier depuis un moment déjà. Un petit sourire en coin illumine alors son doux visage. Elle se dirige alors vers le centre du village, là où de nombreuses rues se croisent. Sortant le papier déjà usé par ses mains, elle y griffonne "Viens ce soir, 22h, à ce coin de rue". Si elle avait écrit ce mot mystérieux, c'est qu'un trou dans le mur d'en face attendait d'être comblé. Le papier y trouve logiquement sa place.

Pourquoi avait-elle fait ça? Pour provoquer peut-être. Voir si quelqu'un était assez méticuleux et attaché aux détails pour trouver son mot, déjà. Mais ce qu'elle espère au fond, c'est de rencontrer quelqu'un d'assez curieux et d'un peu fou aussi pour se pointer à un rendez-vous fixé par un parfait inconnu. Une soirée de folie pourrait se trouver à la clé. À 21h50, elle revient sur le fameux point de rencontre. Elle avait décidé d'ajouter une veste oversize au-dessus de son débardeur, de peur d'avoir trop froid. Elle avait hâte de voir qui allait la rejoindre. En attendant, elle imaginait qu'un beau brun ténébreux aurait pu arriver. Il ne fallait pas trop rêver... Et si un élève de Poudlard se pointait, comment réagirait-elle? Afin de s'assurer que son invité ne soit pas trop louche, elle ne s'était pas postée au lieu exact, mais dans une rue perpendiculaire, à l'ombre d'une enseigne. Elle n'était pas inconsciente non plus, pour risquer que la soirée ne tourne au cauchemar. Non, elle attendait de s'assurer que le nouvel arrivant soit fréquentable, en tirant sur une clope, accompagnée de picotements dans le ventre.

Les rues de pré-au-lard en pleine journée, en plein été n’avaient pas du tout le même charme que les rues de Londres en pleine nuit en été. Alors rien de bien étonnant à ne pas sentir l’entrain et l’enthousiasme de fouler les pavés de la capitale. Pas la même odeur, pas les mêmes contours, le village sorcier n’était définitivement intéressant que lors qu’il neigeait. Là, ça ressemblait trop à des flash-back insipide de shopping en compagnie des parents tout en trainant le pied. Sauf qu’aujourd’hui personne ne la trainait par la main pour avancer. En fait elle n’avançait juste même pas, appuyée contre un mur, le nez vers le ciel en quête d’illumination divine en faisant tourner un bâton de nicotine entre les doigts. Pas dit que quoi que ce soit ne tombe de derrière un nuage, en tout cas pas un briquet… et a bien réfléchir elle n’en n’avait pas besoin vu qu’elle avait sa baguette.

Autant dire que la motivation et l’entrain des jours de beaux temps n’avait pas réussi à la capturer. C’était depuis cet autre soir en fait… tout lui semblait ennuyeux. Tout sauf peu etre lui, à la limite, mais elle n’en était plus bien certaine. Alors elle attendait que le temps passe pour voir si quelque chose, soudainement, captivait sa curiosité. Et pour l’heure : rien.. En même temps, elle n’était pas venue dans le coin en se disant que d’un coup les choses redeviendrait intéressantes. Mais quand même, c’était un peu décevant.

Un soupir parcourant lentement sa cage thoracique, la blonde allumait sa cigarette, prenait une bouffée, et remettait son pied par terre. A force qu’il soit appuyé contre le mur, les fourmis commençaient à la chatouiller. Le soulier tapait au sol pour retrouvait ses sens, au même titre qu’un confetti blanc. Regard vers le ciel pour voir si quelqu’un s’amusait à jeter ses détritus dehors, mais rien. Regard vers le sol, poussant du bout du pied le déchet se demandant d’où il était tombé. Quelques mots à l’encre se dévoilaient. Une note, ou une lettre d’amour déchiré. Rien d’important, autant le ramasser et le jeter à la poubelle.

"Viens ce soir, 22h, à ce coin de rue"

Le sourire s’étirait en coin alors qu’en fait les mirettes étaient devenues curieuses quand le bout de papier avait été ramassé par ses soins. Un rendez vous ? Un rencard ? Un dealer qui laissait ses informations à la vue de tous ? L’intérêt pointait, rendant soudainement les suppositions les plus stupides possibles. Des étudiants qui échangeaient aléatoirement en communication aveugle ? Un dresseur de chauve-souris qui voulait faire une représentation nocturne ? Un type louche qui avait donné cette indication à une personne qui s’était débarrassé du message ? Tant de possibilités que seule sa présence pourrait découvrir.

Fourrant la missive en boule dans sa poche, Elhiya, soudainement amusée à l’idée de passer sa soirée à voir si quelqu’un de marrant allait se pointer et attendre pour rien, décida de venir à l’heure notée pour voir ce qu’il en était. Après tout, ce n’était pas comme si l’amoureux allait lui reprocher de sortir une fois comme sans raison valable. C’était quand même bien plus valable que de dire qu’elle devait essayer de trouver quelques corps frais pour essayer des sortilèges. Et puis… ce n’était pas comme si lui ne disparaissait pas régulièrement non plus. Alors…..

Alors à 20h55, elle quittait ses appartements en simple jeans basquettes, haut fluide et veste en cuir pour se rendre au point de rencontre. Avec un transplanage volontairement fait plus haut dans la rue, Elhiya récupérait son souffle et une cigarette avant de se diriger très calmement vers l’angle de rue. Bâtonnet fumant coincé sur les lèvres, elle se positionnait comme elle l’avait fait plus tot dans la journée, un pied contre le mur, faisant mine de rien attendre, restant attentive au moindre bruit trahissant l’arrivée de quelqu’un. La baguette restait en main, coincée dans la poche de la veste, juste au cas où. Cette même éventualité d’avoir à la sortir d’urgence picotait le ventre d’une douce adrénaline progressive

Elle s'était accroupie, adossée au mur, observant la fumée qui s'échappait de sa bouche pour rejoindre les quelques nuages dans le ciel. Il en fallait peu pour attirer son attention. En même temps, ce n'était pas comme si la rue était animée. Quelques minutes passèrent de cette façon. Elle n'avait même pas daigner tourner son regard vers sa droite, afin de voir si son message avait trouvé destinataire. La curiosité s'emparait d'elle, elle ne tenait plus. Ce sentiment était sa dernière solution pour parer l'ennui qui la bouffait. Allez, un simple regard vers la droite, sans même bouger la tête. Un frisson d'excitation s'empara d'elle. Quelqu'un était bien là. Depuis combien de temps? Aucune idée. Qui était-ce? Pas la moindre non plus. Elle avait juste pu voir des volutes de fumée qui s'échappaient d'un petit point orangé.

Sans réfléchir, elle tendit ses jambes comme si elle était sur des ressorts. C'est d'un pas déterminé qu'elle s'avança vers le mystérieux inconnu. Ou plutôt la mystérieuse inconnue. Une silhouette féminine se dessinait dans l'obscurité, au fur et à mesure que Lenwest se rapprochait. Elle tirait sur sa cigarette plus rapidement que la normale. L'adrénaline peut-être. Une jeune femme blonde semblait attendre, appuyée contre le mur, pile au lieu du rendez-vous qu'elle avait fixé sur ce bout de papier.

Une fois arrivée à son niveau, la jeune femme posa son épaule contre le mur et croisa ses jambes, juste à la hauteur de la belle blonde. Elle l'observa quelques secondes, un sourire en coin. Elle se plaisait dans ces situations inconfortables, laissant planer un petit doute. Et cette situation l'était particulièrement, puisqu'elle avait une impression de déjà-vu. Il était possible qu'elle l'avait déjà croisée au cours d'un de ses voyages. C'est qu'elle en avait rencontré du monde. Mais c'est une impression agréable qu'elle ressentait, comme si elles avaient fait plus que se croiser au cours de leurs vies. Peu importe, elle dénouerait ce mystère en temps voulu. Là, elle voulait savoir pourquoi elle était venue. Elle était persuadée que c'était son mot qui l'avait amenée jusque là. Il fallait en avoir le coeur net.

"Alors c'est toi qui as eu mon mot?" lui lança-t-elle, sur un ton joueur. Elle s'était permise de la tutoyer, au diable les manières et les formalités ce soir, on allait continuer sans elles. La suite n'était pas prévue dans sa tête. Non, elle préférait voir comment la suite se déroulerait sans rien planifier. "Tu t'attendais à quoi?" dit-elle avec un grand sourire. Elle voulait un peu jouer. En attendant la réponse, elle tirait sur sa cigarette, coincée entre deux doigts.

Des pas. En sa direction. Elle regardait furtivement. Juste pour voir la carrure. Juste pour essayer de deviner si c’était pour elle. Le bois serré –juste au cas ou-, elle levait le nez qu’à la libération de mots à son attention. Sourire en coin discret. C’était donc bien l’auteure du message. Désappointement léger en constatant qu’il n’y avait là aucune possibilité de rencard secret ou controversé. « … Faut croire… » La main libre retournait dans la poche pour extirper la boulette de papier et l’envoyer en direction de la jeune femme brune derrière un haussement d’épaule nonchalant. « .. J’sais pas.. En tout cas pas à…. juste toi…. » Moue de gamine sur le visage, en fait, elle avait fini par espérer que quelque chose d’intéressant aurai pu arriver en se pointant ici. « T’es qui d’ailleurs ? ». Pas que ce soit une information primordiale, mais qu’à plisser les yeux sur le minois de la demoiselle, l’impression de l’avoir déjà vu se réveillait.

Mémoire capricieuse, que les traits jeune de son interlocutrice posa sur la possibilité d’avoir étudié ensemble à Poudlard. « Qu’importe après tout... » ce n’était pas avec un nom que le souvenir reviendrait dans tous les cas, alors autant pas chercher plus. Et quitte à être ici à tirer sur une cigarette en même temps qu’elle, autant laisser la curiosité parler. Volute de fumée recrachée, la blonde se remettait normalement à terre avançait vers l’autre fille en esquissant une grimace inquisitrice. « T’espérais tomber sur le sorcier ou la sorcière de tes rêves c’est ca ? avoue ? Genre un loto des rencards ! » Pouffement moqueur. Qui irait mettre un tel message dans un mur si ce n’était pour ce genre de chose en fait ? « Désolée j’suis déjà prise moi » Annonce balancée un peu trop fièrement alors qu’il n’y avait aucune raison. Tentative enfantine de répondre un « nananère » avec plus de mots au final. Pas très mature tout ca. Mais se pointer ici non plus alors tant pis pour la maturité. "T'as caché d'autres mots partout dans le village? ou chez les moldus?" Intérêt soudain pour l'irresponsabilité de la chose. Mais s'imaginer plein de gens en train d'attendre après quelqu'un qui ne venait jamais avait quelques chose d'amusant. Les mirettes vétues d'espièglerie luisaient soudainement, accrochées à la moindre des réponses de la fille

La première réaction de la potentielle inconnu faillit la vexer. Pas juste toi. Et puis quoi encore? Ce n'est pas parce qu'elle ne faisait pas un mètre quatre-vingts avec des gros bras qu'elle était inintéressante. La jeune femme préféra ne pas réagir d'un cil à cette remarque, continuant à ingérer de la fumée en fixant son interlocutrice. La blonde faillit l'interroger sur son identité, mais se rétracta aussitôt. D'accord, on va laisser planer le mystère encore un peu alors. Elle ne paraissait pas très à l'aise. En tout cas c'est l'impression qu'elle donnait. C'est vrai que la démarche de Lenwest pouvait paraître étrange...

D'ailleurs, rapidement, elle précisa qu'elle était "déjà prise". Rire incontrôlé, sorti tout seul. Vraiment, la jeune femme ne s'attendait pas à cette réaction de défense mal assurée. Elle ne souhaitait pas instaurer un malaise entre elles. "Ne t'en fais pas, je ne suis pas du tout venue pour ça, je te laisserai tranquille de ce côté là". Elle se calma, avant de continuer: "Peut-être que tu trouveras ça louche mais je m'ennuyais. Je connais plus grand monde par ici. Et puis j'avais envie de passer une soirée qui changeait de l'ordinaire.". Elle ne savait plus trop quoi dire. "Alors voilà.". Voilà. Ce mot intempestif qui lui sert de conclusion quand l'inspiration lui manque.

L'autre jeune femme lui demanda si elle était la seule victime de petits mots coincés dans un mur. C'était le cas. Mais si cette expérience s'avère sympathique, peut-être que Lenwest réitérera l'expérience ailleurs. "Non, ce soir il n'y a que nous deux. D'ailleurs, envie de faire quelque chose de particulier tant qu'on y est?". L'inconnu aurait pu avoir envie de se balader, d'aller dans un bar, de parler, de chanter, ou même de se barrer. Après tout, elle n'était pas forcément partante pour une soirée imprévue. Avant de continuer la conversation, elle proposa à son interlocutrice de s'asseoir. Un banc se tenait dans une rue perpendiculaire, elle s'y rendit.

Les doutes du début se faisaient de plus en plus fort, et elle ne savait pas trop de quoi parler d'autre. Alors elle ne put s'empêcher de lui faire remarquer: "Dis moi, on s'est pas déjà croisé quelque part? Tu voyages beaucoup? J'ai fait que ça ces dernières années..." Immédiatement après avoir prononcé cette phrase, l'hypothèse poudlardienne surgit. "C'est quoi ton nom? Peut-être bien qu'à moi ça me parlera.". Avant de lui laisser le temps de répondre, elle ajouta "En tous cas ton visage m'apparaît agréable, ça devait pas être un mauvais souvenir.". Elle avait enfin fini avec ses questions. Cigarette à la bouche. Inspiration. Regard vers les étoiles, la fumée qu'elle recrache venant les côtoyer.

Oui oui, forcément ca n’avait rien de glorieux de d’annoncer qu’elle était prise, mais pour le coup, l’ambiance se déridait un peu, arrachant un sourire en coin moqueur à la blondinette. Moqueuse d’elle-même pour le coup, sachant pertinemment que sa répartie était vraiment peu élevée, et qu’elle aurait dû faire mieux un jour de fièvre et de nuit blanche cumulée. N’empéche, la brune avait quand même pris soin de la « rassurer » , provoquant un petit pouffement discret du nez. C’était très attentionnée de sa part pour quelqu’un qui lançait des rencards dans des murs de pré au lard.

Juste toutes les deux. Voilà qui était en fait décevant. Elhiya se voyait courir dans le village pour observer les autres idiots comme elle qui avaient décidé de voir qui viendrait à ces rendez-vous. La déception devait se lire surement sur son visage bien qu’elle tachait de rester totalement détachée et nonchalante à la proposition de faire quelque chose par la suite. Vu qu’elle s’était pointé sans savoir à quoi s’attendre, elle n’avait pas du tout fait un planning de soirée. Alors elle haussait les épaules, s’apprêtant à lâcher le premier truc qui lui venait en tête quand la brune fut prise du même doute qui la caressait en la regardant plus en détail.

Froncement de sourcil. Effectivement sa bouille lui parlait, mais entre les nuits passées dans les bars, les soirs perdus dans les rues moldus, les élèves de Poudlard, les étudiants en médicomagie, c’était un peu vague. Sourire en coin en la regardant scruter les astres de nuit. « Hum. Elhiya Ellis, ancienne serpentarde, étudiante en dernière année de médicomagie et infirmière à Poudlard . J’ai travaillé à Waddiwasi aussi quand j’étais en dernière année à Poudlard, peut être là bas ? A moins que tu ais été une de mes patientes à sainte Mangouste. ? Désolée si c’est le cas, je ne me souviens pas de tout le monde » Véridique en plus. « A moins qu’on ait passé une soirée ensemble, et là, je suis encore plus désolée mais je n’ai plus tout en mémoire. Du coup… Qu’est-ce que tu dirais d’un karaoké devant un verre ? Vu que y’a personne qui t’attends a un autre coin de mur ! ça aurait pu être marrant n’empêche ! On laisse un autre mot pour demain matin ou ce soir plus tard ? »

Ouai fallait avouer que c’était pas mal comme blague stupide quand même