Donner rendez-vous à l’élève était facile. Son emploi du temps était a disposition et il était possible de le garder sur Londres pour raison médicale, même quand la nuit était tombée. Son suivit hebdomadaire touchait à sa fin, et même s’il n’était que protocolaire, il était possible de faire ce genre d’entrevue loin des regards du corps professoral de Poudlard. Aussi, une fois qu’il avait claqué la porte de l’appartement un cookie à la main, il était fort aisé de récupérer les traits lissés du masque et prendre les escaliers pour sortir de l’autre côté de la rue. Toujours le même lampadaire à l’ampoule non changée Nous seyait parfaitement pour l’attendre. A sa vue, la tête penchée dans le capuchon, Nous commencions à avancer après avoir pu capturé son attention. « Ponctuel visiblement. Suivez-nous » Directives courtes et sans plus de palabres. Nul besoin de lui indiquer où nous allions et vers quoi non le menions.

Les pas résonnaient sur les pavés, mais les rues étaient encore trop remplies pour Nous permettre une disparition et réapparition discrète. Plus le temps filait, plus le parcours finissait par ressembler à une ballade, impression totalement hors sujet qui commençait à Nous agacer. Alors, dans un geste d’impatience, Nous avions agrippé son bras et l’avions entrainé dans un recoin ne laissant derrière nous un craquement sonore peu discret. Tant pis. Notre atterrissage sur les tuiles d’un pub miteux des docks Nous extirpait un soupir mêlé d’irritation et soulagement. Initialement Nous avions planifié d’arriver ici aux premières sorties des clients imbibés de trop d’alcool pour définir nos formes comme réelles. Mais au loin déjà, le pas titubant quelques personnes quittaient les lieux.

Nouveau soupir et abandon du serpentard sur le toit. Le fessier se posait dessus pendant que les mirettes scrutaient les quelques aller-venues des potentiels clients. « Venez là, essayez de trouver ce qui pourrait être une cible viable à vos yeux ». Nous ignorions tout des valeurs Fanch, de ce qu’il pensait des moldus, ou même des victimes collatérales pouvant exister occasionnellement. Quand, plus jeune, notre Enfant avait été amenée ici pour lever la baguette sur un simple badaud, mille questions avaient traversées son esprit. Sans plus d’information de Notre part, Nous attendions de voir sa réaction

Cette façon de vérifier à chaque fois la présence de la marque à notre bras avait pour désagrément inconscient de Nous faire gratter légèrement la zone encrée à la peau. Impression étrange d’avoir encore la sensation que le dessin de l’allégeance était tout frais et picotant. Simple sensation biaisée que nous ignorons en reposant les yeux sur la sortie du pub. Il y’avait bien plus de monde que prévu, de quoi permettre au jeune homme de développer ses craintes ou ses envies. Nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre, et son analyse extrêmement rationnelle et rigoureuse interpelait. La surprise sur son absence d’hésitation interloquait notre Blonde-Enfant qui se murait dans le mutisme le plus total Nous laissant toutes les libertés pour la suite. Aucun doute, la déception pointait chez Elle qui gardait malgré tout l’espoir naïf que ses amis voulaient un monde où vivait en harmonie Sorciers et moldus. Dommage, pour Nous, la remarque du Serpentard était des plus logiques.

Sans un mouvement d’acquiescement ou de mécontentement, nous regardions les deux cibles indiquées. Un homme seul apparemment trop imbibé pour marcher droit, et une femme attendant son prochain bras de fer. Une cible facile et une cible utile. Fanch était un bon observateur, atout certain, par contre, il attendait notre avis et ne donnait pas vraiment le sien. «Intéressant Mister Guivarsh, mais c’est celle qui Vous convient qui nous intéresse. » Sous quel critère mettait-il à mort un parfait inconnu ? N’avait-il vraiment aucun remord et aucun scrupule ? Ou se contentait-il de choisir car Nous lui en donnons l’ordre ? Sa dévotion était-elle sans limite au point d’attaquer si nous lui demandions ? Et ce sans raison ? Nous étions curieuses et controns l’impatience de savoir qui il était vraiment en nous penchant un peu plus au-dessus du vide pour regarder le nouveau bras de fer.

La femme attablée semblait se délecter d’une nouvelle victoire, laissant un male rageux lui jeter des billets au visage, menaçant de la frapper.  La moldue ne semblait pas en danger mais Nous voulions créer un cas de moral à notre élève du soir, juste pour sonder un peu plus son raisonnement. « Qui de elle ou de l’autre type là bas .. »D’un coup de menton nous montrions un saoulard qui s’en prenait à une passante effrayée plus haut dans la ruelle « .. serait votre cible si Nous vous expliquons que nous avons besoin d’un corps qui puisse supporter des greffes ? » La femme semblait avoir des bonnes disposition pour ce que Nous avions à faire, mais elle semblait ne pas être une raclure de fond de bidet comme l’homme qui  violentait désormais sa victime.

Les mirettes fixaient la scène pourtant pas si loin, alors que personne ne voyait ou n’entendait. Le dégout collait à la langue, les choses ne semblaient pas bouger, c’était comme dans ce village insignifiant de la dernière fois. Les moldus étaient sourds à leur environnement, attendant l’extrême limite pour se manifester…. Ecoeurant… La langue claquait le palais bien malgré Nous, notre Enfant Nous forçait à presser le garçon et à rejoindre le frêne-ami dans la poche. « Alors jeune homme ? Quel que soit votre choix, sortez votre baguette, un peu de camouflage sera peut-être utile » Peut-être..

Logique.
Certainement un choix que nous ferions si nous étions persuadées que la magie pouvait fonctionner parfaitement. Mais pour l’heure trop peu d’essais avait été satisfaisants au niveau des compatibilités de greffes pour que Nous ne prenions le risque de créer une créature bancale qu’il nous faudrait éliminer par la suite en toute précipitation. Le risque de la présence de l’Amoureux forçait à limiter les tentatives. L’avoir dans l’appartement quand notre Enfant désirait éveiller ses expérimentations l’avait forcée à se contenter à prendre des notes en prétextant son projet de fin d’étude à Sainte Mangouste. Le Temps n’était que trop gaspillé. Aussi, Nous nous contentions de gratifier le Serpentard d’une validation légère. « Effectivement, elle sera parfaite en temps venu. Mais on nous propose une alternative de moindre qualité mais meilleure augure, voyez-vous ? » Un mouvement de tête vers le haut de la ruelle qu’il n’avait certainement pas vu, notre main gauche sur son poignet libre le faisait quitter notre perchoir pour les pavés humides.

Une fraction de seconde, c’était tout ce que Nous lui offrions. Une fraction de seconde pour nous cacher à la vue de possibles badauds, lui comme les deux moldus, comme Nous. Une fraction de seconde soit pour couvrir la visibilité en cette partie exiguë des docs, soit pour assourdir le moindre des bruits à venir. Une fraction de seconde pour se remettre du court transplanage d’escorte et choisir un sortilège efficace. Une fraction de seconde alors que le frêne visait l’homme de dos, aucune recherche de victoire ou de grandeur, qu’importait l’honneur. Nous n’étions pas là pour jouer les héros, un passe-temps propre au blond dont les ardoises apparaissaient à l’esprit. Qu’en dirait-il, hein ? Notre enfant craignait encore alors qu’elle Nous avait donné les commandes. Stupide risque d’hésitation…   « #Silencio... # Levicorpus » pour le soulard agressif, qu’Il valide ou non, n’était plus dans la liste de nos soucis. Il n’était pas là, Il ne voyait pas la détresse de notre enfant, Il nous avait confié l'intégralité de notre blonde, alors, qu’importait….

Fanch, lui, était présent, et c’était à lui de décider que faire de ce moldu pendu ridiculement par la cheville. Quant à la demoiselle qui nous regardait horrifiée… « Que voulez-vous faire de celle-ci ? Nous ne prendrons que celui-ci » Tétanisée elle semblait vouloir se fondre avec le mur de pierre derrière elle, un souhait que nous aurions bien voulu exhausser s’il était possible. La tête inclinée de côté, Nous nous permettions d’imaginer sa chaire fusionner avec la brique de part chaque centimètre carré de son épiderme, comme si la matière l’aspirait rapidement à elle pour s’en nourrir, ne laissant que les traits tirés de l’effroi qui maquillaient son visage. « Alors ? » Aucun agacement dans notre voix, juste une pointe de curiosité, son esprit rationnel le pousserait vers quoi ? Plusieurs options s’offraient à lui, l’effacement de mémoire pour qu’elle oublie tout, Nous y comprit, une discussion rapide pour lui assurer qu’elle ne rêvait pas et la laisser fuir ou la prendre avec nous pour la suite.

Le bois attendait, tenant l’autre déchet au-dessus du sol ne quittant pas des yeux la jeune femme tremblotante. A son choix, les pieds fouleraient à nouveau les tuiles du point d’observation. Les perchoirs avaient toujours eu nos préférences pour voir sans être vu immédiatement. Il restait encore tant à faire pour saisir la façon dont les idées du jeune hommes s’assemblaient les unes aux autres et voir quelle pourrait être son utilité à l’ordre –autre que la dévotion aveugle-

Une vitre. Nous avions été surprises de ce choix. Le haussement de sourcil derrière le masque était non visible, mais notre absence de réaction trahissait certainement notre étonnement. Néanmoins Nous saluons intérieurement la rapidité d’exécution qui nous cachait tous des curieux et regardions le bois du Serpentard s’abaisser sur la jeune femme pour altérer sa mémoire.  Nouvelle surprise, lui qui n’hésitait pas à sacrifier une douée des bras de fer pour nos expériences prenait soin d’effacer notre présence à l’esprit du témoin. Etrange quand même. Si Nous n’étions pas pour les esclandres, nous n’avons rien contre les « on dit » possible des rencontres effectuées avec des moldus. Mais pourquoi pas.

Acquiesçant a peine d’un hochement de tête nous lâchions notre prise, la laissant s’écraser le nez sur les pavés et glissions un #incarcerem. « Bien » Notion propre à chacun que Nous ne comptions pas développer ça. Transplanage pour rejoindre les tuiles humides en compagnie du moldu saucissonné, le pied droit se posait sur la carcasse de l’homme imbibé d’alcool. Nul besoin de s’approcher pour que les effluves de whisky ne nous retournaient l’estomac. « Il est tout à vous Mister Guivarsh, qu’en pensez-vous ? » Une mort rapide et propre ne nous intéressait pas. Nous avions la curiosité depuis plusieurs nuits de savoir si un être torturé devenait un inferi plus féroce que les autres.

La baguette roulant entre les doigts, la tête s’inclinait sur le côté en regardant l’individu qui ressemblait au père de cette gamine. Disgracieux et sans capacité à éveiller la compassion en Nous, aucun remord quant à son élimination ne venait nous déranger. Notre enfant était bien trop enthousiaste à l’idée de voir si nos suppositions étaient viables qu’elle avait occulté intégralement l’opinion de son cher amour, ce soir encore, absent. Et puis.. Nous avions envie de jouer un peu, pas juste d’analyser les choix du brun avec nous, même si la plus part était surprenant.

Nous nous penchions finalement, accroupies devant le nez de la vermine remplie d’alcool, le rictus amusé aux lèvres. « Croyez vous que les inferi ont besoin de leurs yeux Mister Guivarsh  ou au contraire les priver du sens de la vue peut accroitre leur agilité et leur ouïe ? » Ce qui serait vraiment pratique en cas d’utilisation nocturne ou face à des ennemis camouflés   « #Conjonctivis » la tentation était bien trop grande pour rester sagement à patienter à coté d’un étudiant. De petites flammèches embrassèrent les globes oculaires de l’homme dans une odeur désagréable, mais le spectacle avait quelque chose de fascinant. Impossible de détourner le regard alors que la chaire brulait aussi précisément. Hypnotisant..

Pas la moindre réaction de la part de notre jeune ami, pas de surprise à cette attitude quasi glaciale appréciable. A plusieurs occasions nous avions pu observer son sang-froid et sa grande maitrise des émotions. Un atout certain qui le rendait impassible et extrêmement docile éveillant une pointe de déception dans un coin de tête. Nous aurions voulu que Fanch fût capable de prendre des initiatives, qu’il ne baisse pas le regard comme un sage petit soldat. La loyauté et la dévotion étaient certes attendues mais pas au point de se perdre dans nos jupons. Rien ne le ferait vraiment réagir ?

Les mirettes quittaient le spectacle fumant du déchet moldu, à contre cœur. Le capuchon visé sur notre tête s’inclinait sur le côté, se vissant en direction de notre acolyte. « Relevez donc les yeux Mister Guivarch, Nos pieds n’ont nullement besoin que vous les admiriez » Un soupir nous échappait, l’agacement de le voir enfermé dans une prison d’obéissance grignotait la Patience peu présente sous ces traits lissés. « Levez donc ce bois qui vous sert de baguette, que vous n’ayez pas perdu du temps à Azkaban juste pour avoir parlé à un matricule. Attendez-vous réellement que Nous guidions vos doigts ? » D’un mouvement vif, la main gauche attrapait son poignet droit élevant le morceau de bouleau sur le moldu qu’il avait jugé inintéressant.

Pas envie  de jouer seules, mais surtout pas envie d’avoir un petit chien à notre service. Les années passées à ses côtés, à le voir grandir, à le suivre médicalement, refusaient tout simplement qu’il use de trop de servitude à notre égard. Notre Enfant n’arrivait pas à tolérer autant d’assujettissement d’autant que la facilité à couver persistait. « Devenons-Nous parler aussi à votre place ? Vous n’êtes pas là juste pour observer, montrez-nous les ombres qui vous composent…. Vous n’avez pas hésité à choisir la personne la plus athlétique à l’origine, qu’est-ce qui vous retient ? » La morale ? La conscience ? La peur d’être repéré alors que le sujet d’expérience était, pour l’heure, muet bien qu’odorant ? Ou au contraire la facilité de la chose ? « #Bulla Aqua minima» lancé tout en maintenant la prise sur Fanch.

Petite sphère d’eau suffisamment grande pour accueillir la tête disgracieuse de notre rat de laboratoire et le faire s’agiter ridiculement. Le manque d’air dessinait sur ses courbes ingrates des pas de danses saugrenus et divertissants. Spectacle apte à étirer sous le masque les lèvres rosées avides de s’agrandir. Même notre Enfant commençait à se délecter du jeu, maintenant le sortilège jusqu’à l’extrême limite avant de le relâcher avec Nous. «  Alors ? Au final n’acceptez-vous de sacrifier un moldu que si ce n’est pas vous qui devez le faire ? » Ton sec constant attendant au moins une réponse dans ses gestes.