Les Voyageurs du Temps [Animation Terminée]

ft Charlie Langforth,
LA de Charlie, Eileen, Irène, Azaël
RP ouvert à tous
Saison 32 - 1er Février 2179
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C'était pour aujourd'hui.

Gorge nouée, la brune regardait une dernière fois le visage de son frère. C'était comme si elle avait peur, peur de plus jamais le revoir dans le même état, ou le revoir tout court. Malgré le fait qu'ils soient en public, elle se permit de l'étreindre avant de le laisser rejoindre son groupe attitré. Alhena ne faisait pas vraiment attention, mais la Ministre était en train de faire un petit discours d'encouragement. Elle remerciait les volontaires et ainsi de suite.

Prenant place non loin du vortex, elle se munit d'une montre à gousset. Tous les préparatifs étaient terminés. Les groupes avaient tous été briefés et les sorts de traçage effectués sur chacun d'eux. Ils pourraient donc suivre en direct qui est où, qui est en danger et... ne rien faire de plus. Elle soupira un grand coup, ferma les yeux. Elle savait très bien que tous les volontaires, même s'ils ne mourraient pas, pouvaient revenir dans un état lamentable. Plusieurs de leurs agents avaient eu des séquelles psychologiques, mais c'était le prix à payer pour réparer leur monde. C'est ce qu'elle se disait chaque jour, pour ne pas trop ressasser ses choix face à cette crise.

Peverell jeta un regard autour d'elle. Il y avait une foule immense, des médias partout et des civils curieux qui regardaient les groupes de loin. Il y avait aussi pas mal de médicomages dirigés par Irène et puis ses équipes, avec toutes leurs cartes et autres objets magiques. Non loin, cachée du public, il y avait la tapisserie qui était surveillée par plusieurs agents. Il était important qu'elle soit sur place, car ironiquement, ils n'avaient plus beaucoup de temps de ce côté de la barrière.

Le discours de Charlie étant terminé, Alhena passa près d'Eileen, l'encourageant du regard. Elle aurait préféré que celle-ci reste à ses côtés pour gérer la situation, mais elle savait aussi que la jeune femme était très têtue. Elle ne pourrait jamais rester là, les bras croisés à attendre que les groupes défilent les uns après les autres. Ce qu'elle comprenait parfaitement, puisque d'une certaine manière Peverell regrettait de ne pouvoir entrer dans cette faille et faire la découverte par elle-même. Mais la vie de l'être qui grandissait dans son ventre, plus le fait qu'elle soit la seule à vraiment savoir comment manipuler la tapisserie de la Thangka du Kalachakra l'empêchait de traverser ce vortex.

Bien. Mesdames et Messieurs, vous avez tous été briefés par un de mes subordonnés. Vous avez tous signé les décharges concernant cette mission. Vous êtes donc tous bien au courant des dangers que vous pouvez potentiellement encourir. Je vous rappelle néanmoins que vous êtes des volontaires et que si vous souhaitez vous désister c'est le dernier moment pour le faire. Nous allons commencer. Son regard se dirigea particulièrement vers quelques visages familiers, mais elle savait d'avance que ça ne changerait rien. Les groupes avanceront les uns après les autres, avec cinq minutes d’intervalle. Ne lâchez surtout pas vos camarades lorsque vous franchirez la faille, au risque de vous perdre dans un autre espace-temps que celui de votre équipe. Elle appuya une fois sur le bouton du petit objet qu'elle avait en main. Que le premier groupe s'apprête à partir, le suivant prendra le relais dans cinq minutes.

Elle se recula, c'était des groupes entre cinq et quatre personnes la plupart du temps et leur entrée dans le portail était toujours aussi stupéfiante. Cette lumière apaisante, presque chaude entourant le vortex, la surprenait toujours. Elle avait même remarqué que parfois, celle-ci changeait de couleur. Elle passait par le bleu, le violet comme le blanc. Alhena ne savait pas trop si cela avait un rapport quelconque avec les époques ou autres, car malgré l'étude de ce phénomène, il n'y avait rien eu de bien concluant là-dessus. Prochain groupe, préparez-vous. Il est temps.

Cette fois on y était, la course contre-la-montre était bel et bien lancée.

Instructions a écrit:: Bonjour tout le monde,

Vous trouverez de plus amples informations concernant le déroulement de l'animation juste ICI

Quant à cette partie de l'event, voici les quelques informations qui vous seront utiles :
- Tous vos personnages ont été soumis à un sort de traçage temporel, pour plus d'explication merci de lire ce RP.
- Tous vos personnages ont été briefés au préalable durant les deux derniers jours sur ce qui vous attend à l'intérieur. Vous savez donc exactement quel est votre but : empêcher que des événements non-historiques se produisent, récupérer un morceau de la tapisserie si possible. Vous savez aussi qu'il y a une possibilité de croiser l'agent Moira O'Ceallaigh et qu'il faudra l'arrêter et la ramener en vie, pour qu'elle soit jugée comme il se doit (vous connaissez donc son visage).
- Tous les participants doivent poster leur départ pour pouvoir ensuite poster dans l'autre sujet.
- Votre groupe traverse la faille en même temps et en gardant un contact physique les uns avec les autres (de préférence en se touchant l'épaule, en se tenant la main tout en étant en file indienne). C'est pourquoi les premiers de chaque groupe à poster, définiront l'ordre de passage d'entrée des équipes dans le vortex (quel groupe entre en premier, en deuxième...). Merci d'en prendre compte.
- En entrant dans la faille, vous êtes en droit d'apporter seulement votre baguette, des notes, des objets magiques ou non magiques (petits et légers seulement) ainsi que des potions. Cependant attention, la faille peut altérer vos objets ou vos potions. Vous risquez donc d'avoir des surprises.

Pour les autres membres :
- Vous pouvez assister de loin à l’événement. Si vous tentez de vous rapprocher alors que vous n'avez aucun passe-droit (vous n’avez pas de proches qui s’aventurent dans la faille, vous n’êtes pas un haut placé du Ministre), des agents de la brigade magique vous demanderont gentiment de reculer, avant d'être plus virulents si vous persistez.

LA des olibrius de mon groupe

C'est le grand jour. Dire que t'es serein serait mentir, mais tu ne pourrais être mieux préparé que tu ne l'es. Grâce à Alhena, t'as pu revoir toutes les grandes lignes de l'histoire de la magie, t'as probablement jamais autant travaillé de ce côté-là, mais t'es prêt. Et t'as suffisamment confiance en tes capacités magiques pour gérer tout contre-temps une fois sur place, notamment par la force. Sac sur le dos, baguette dans la poche, tu n'as emporté que le strict minimum avec toi. Des vivres, quelques fringues, et une seconde baguette de rechange.

Velina t'accompagne jusqu'au vortex où tu retrouves ta soeur, et les autres volontaires. Tu commences par répondre à l'étreinte d'Alhena, lui rappelant en un sourire confiant que tu lui as promis de revenir en un seul morceau et que t'as bien l'intention de tenir cette promesse. Les grands discours qui se jouent autour de toi t'importent peu, une seule chose prend la place dans ton esprit à ce moment : la mission qui t'incombe. Tu as toujours été un bon petit soldat, et aujourd'hui ne fait pas exception. Il est juste rare que tu mettes cette qualité réellement au service du Ministère, mais tout arrive.

Vient alors le moment des au revoir à Velina. Tu la serres tendrement contre toi, respirant les effluves de son parfum durant l'étreinte, comme par peur d'oublier cette sensation. Tu n'as aucune envie de la quitter, de la laisser derrière. Mais tu n'as pas le choix. Quelques baisers sont échangés, mais tu finis par t'écarter à contrecœur dans un dernier regard. Ton groupe est prêt, sauf Arty qui est en pleine phase d'adieux déchirants avec sa dulcinée. Mais l'heure tourne, et le temps n'est pas votre allié.

Un regard d'excuse pour Loredana et t'attrapes ton pote par le col pour le tirer vers toi en un "C'est l'heure" indiscutable. Tu salues les autres présents, l'Elias, qui semble toujours là dans vos aventures. Montgomery, et une inconnue totale. Mais l'heure n'est pas aux présentations. Tu prends la tête de la file, tenant toujours Arty par le col des fois qu'il se décide à se défiler, et les autres prennent également leur place derrière vous, se tenant par l'épaule, la main ou peu importe. Ainsi, tu pénètres dans le portail en premier, suivi d'Arty, de l'inconnue, d'Elias et de Montgomery. Que l'aventure commence !

J'ai piqué un peu le LA de Tulii

Alors oui, il n’avait pas tout écouté, tout retenu, c’était beaucoup d’informations, plus encombrantes les unes que les autres pour son cerveau retourné-chaotique. Il savait qu’aujourd’hui il partait quelque part dans le temps pour y trouver la gloire, la renommée et surtout : l’aventure. Peu lui importait en réalité le succès de la mission ou non, les cicatrices qu’il accumulerait une fois le vortex franchi, il avait cette précieuse opportunité de vivre quelque chose de grand.
Arty n’avait pas peur, absolument chanceux d’être guidé par des boucles insouciantes et inconscientes des dangers qui l’attendaient ; pourtant, il y avait derrière la cage thoracique comme une petite pincée acide, inquiète alors qu’il embrassait Loredana pour peut-être la dernière fois. Il ne pensait pas mourir, pas du tout, mais, sur un malentendu, ce genre de choses arrivait. Si j’meurs tu pourras appeler le bébé Artemis Wildsmith II, c’est un prénom de fille de toute. Il essaie de plaisanter, mais l’intonation et sa frimousse obscurcie ont quelque chose de jaune amer. Faire abstraction de la foule qui grondait autour d’eux afin qu’il imprime profondément derrière le front le visage de l’Amoureuse, il saurait s’y accrocher dans les situations compliquées. Simplement l’embrasser encore - pas tellement envie de lui dire qu’il l’aimait follement, elle le savait, sûrement, ni de déposer entre eux des au revoir tragiques et déchirants – ça lui tordrait davantage le cœur.

Finalement, après les douloureux derniers baisers, les doigts se séparent d’un dernier contact, forcés par la poigne d’Azaël, alors tout trimbalé en arrière il crie : tu m’aimeras toujours si j’reviens super vieux ?! Vrai qu’il se passait des choses bougrement bizarres dans ce truc lumineux. Rejoindre, chancelant, ses acolytes, son équipe, ceux dont sa survie dépendrait peut-être, un petit coucou préoccupé vers eux, car en même temps, il continue la conversation comme si de rien n’était, le nez tourné vers son Meilleur Copain, y’en a qui disent « la valeur n’attend pas le nombre des années », mais moi j’crois que c’est l’inverse, j’suis comme le vin, j’me bonifie – t’as vu mon anorak ? il est beau hein ? J’ai lavé mes baskets j’aurais p’tet pas dû. Un sempiternel babillage qui ne signifiait qu’une chose : Artemis était stressé, non pas des risques et des périls de leur quête, mais effrayé terrifié de ne plus revoir celle qu’il aimait. Il tourne une dernière fois les yeux derrière, essayer de distinguer les longues ondulations de la Métamorphomage parmi les sorciers et sorcières agglutinés, il chuchote à l’oreille de l’Ami : si j’meurs tu veilleras sur Arty junior. Il est obligé, il serre passionnément le coude du Peverell, c’était son rocher dans cette mer inconnue d’aventures ; l’autre main attachée à cette demoiselle qu’il ne connaissait pas, il espère ne pas avoir les doigts trop moites, suintant d’une sueur mélancolique – et s’enfoncer dans la lumière éblouissante.

La Poussière des Âges

Je mordillais doucement mes lèvres. Comme un point final aux derniers doutes qui auraient pu s'emparer des méandres de mon esprit. Santhope disait "Mets un frein sur ta langue, et une sentinelle sur tes lèvres, pour qu'il n'en échappe rien qui détruise ta tranquillité". Alors, en bonne élève, je glissais mes sentinelles blanches et osseuses sur le sombre pulpeux. Miss Peverell laissait le choix de toute une vie. Mais, aujourd'hui, je semblais être face au même dilemme qu'Achille. Et comme lui, le choix était simple. Mon regard brun chaud se posa, insistant, sur les autres silhouettes qui faisaient face. Aujourd'hui, ils étaient des myrmidons, des achéens... et certains d'entre eux finiront Patrocle ou Hector. Dans un profond silence, comme une commémoration avant l'heure, je photographiais une dernière fois les visages des volontaires. Sculptant dans ma mémoire leurs expressions fermés, déterminés et nobles. Je ne connaissais aucune de leur histoire. Étaient-ils là par devoir ? Par patriotisme ? Pour la gloire ? Ou, venait-il comme moi, pour prouver dans ce nouveau pays, que moi aussi j'avais ma place parmi les grands du monde magique? Que moi aussi, par mon ambition, par mes connaissances, et par ma détermination, je pouvais faire partie du grand tout de l'histoire. Du grand tout des recherches.

Mon nom après la mort, contrairement à Achille, j'en avais cure. Ce qui comptait, c'était mon nom parmi les vivants. Être reconnue par ses pairs. Ne plus être Nephtys l'étrangère. Et pour ça, qui avait-il de mieux de montrer toute ma volonté, aujourd'hui, parmi les visages des héros d'un jour ? Qui avait-il de mieux que de toucher de plus près à la source d'autant de magie ? D'autant de terreur ? D'autant de tumulte ? Certes c'était la solution la plus rapide, mais c'était loin d'être la solution la plus facile. Combien, parmi eux, étaient observés par des amis, de la famille ? Combien, parmi eux, étaient comme moi ? Sans personne à qui dire au revoir ? Je les observais. Tous. Je serais spectatrice pour ceux qui n'avaient pas de regards pour eux. Je serais également l'actrice qui sera auprès d'eux. Partageant ce même "baptême du feu" qui uni les hommes plus que les seuls liens du sang.

L'architecte de la mémoire finissait la sculpture des visages d'albâtre. Ils seront peut-être pour certains, érodés par le temps, comme l'étaient les statues antiques, mais certains, peut-être, garderont leurs traits dans le temps. Mon regard se détacha doucement de tous les volontaires, et alla droit vers ceux de Miss Peverell. Que pensait-elle à cet instant ? Aurait-elle voulu venir ? Mes lèvres esquissèrent un sourire. Elle brûlait certainement d'envie. Il y avait tant à découvrir dans les scènes picturales des vies passées. Tous, ici présent, semblaient être à la fois fascinés, attirés, et apeurés par ce qui se cachait derrière la simple question saturnienne du temps. Pour l'instant, seul le Sphinx avait la réponse à l’énigme posée : que se passerait-il ? Aujourd'hui, il n'y avait finalement que des suppositions. Et une certaine excitation. Moi. Nephtys Tzipporah Graves, fille de Marcus Kenton Graves et d'Euryale Noûr Ptahchepsès, descendante de deux familles anciennes de sorciers, allait, aujourd'hui, entrer non pas dans l'histoire future, mais celui du passé. Qu'importe si j'y laissais la vie. Soit j'y arrivais, et je faisais ma propre joie, ma propre réussite, m'ouvrais toutes les portes. Soit j'échouais, et je ne serais plus là pour m'en souvenir vraiment. Prendre de l'âge, qu'importe tant que les portes resteront ouvertes en face d'une femme ambitieuse, passionnée et curieuse. Qu'est-ce qu'était vivre, si ce n'était de se nourrir des émotions les plus intenses ?

Il était l'heure. Un par un les membres du premier groupe s'entassèrent, disparaissant dans les limbes du temps. Un dernier regard insistant vers la Peverell. Étincelant, chaud, comme une promesse déterminée. Je reviendrais. Un léger sourire s'empara de mes commissures. Oui. Je reviendrais avec les autres. Et l’Égyptienne sera plus qu'une simple nationalité. Mon regard quitta la jeune femme pour se diriger vers la lumière. Une main se posa sur mon épaule. Il était temps. Je m'assurais que tout le monde était relié physiquement dans mon équipe, poussais un soupir, et d'un pas franc, franchis la lumière. J'avais hâte de découvrir ce qui nous attendais derrière ce tunnel éblouissant. J'étais la pionnière de notre équipe, le second groupe à passer.

LA ♫ accordé à ma team.

La faille était là, aussi scintillante qu’un reflet céleste sur une étendue miroitante. Il n’y avait rien de plus beau au monde, ni rien de plus incertain. Le regard brillant d’intérêt Tulii caressait ce passage avec une certaine excitation. Ce n’était pas un hasard si elle se trouvait là. Passées les excuses altruistes aux fausses consonances héroïques, Tulii n’avait pas besoin de s’inventer une morale pour prétendre au droit de braver l’inconnu. Non, ce qui la motivait était d’une tout autre nature, celle qui faisait avancer les êtres depuis la nuit des temps ; des rêves de conquêtes. La curiosité était un péché on ne peut plus acceptable, même motivée par une déplorable soif de reconnaissance, la sorcière ne s’en cachait pas et elle n’était pas dupe concernant les autres volontaires. Là, derrière les visages si sérieux et parfois inquiets, elle devinait qui, parmi ces illustres inconnus, partageait cette même vision.

Dans l’attente de l’imminent départ, le regard azuréen de Tulii s’était arrêté sur des détails familiers ; un teint laiteux et une abondance de dentelles, Lestat était là. Elle aurait aimé accompagner le jeune sorcier lors de ce périlleux voyage. Ses connaissances en histoire auraient été un atout non négligeable, une valeur sûre sur laquelle s’appuyer mais dont elle ne bénéficierait pas. Après tout, qui pouvait réellement dire de quoi serait fait cet autre côté du miroir. Une ombre passa devant elle, sonnant l’heure fatidique qui marquerait un tournant dans l’histoire. La sorcière n’avait pas peur, loin de là, l’excitation portait ses pas.

Tulii s’avança confiante en offrant sa main au sorcier situé à sa droite. Il lui semblait confiant dans son anorak au détonnant vert printanier. Elle ne put s’empêcher d’étirer ses lèvres dans un sourire conquis et tourna son regard vers l'extrémité sénestre tendue vers un autre inconnu. Qu’importait qui ils étaient, ils partageaient maintenant le même destin. Elle serra un peu plus ses doigts et se laissa entraîner par le mouvement.

LA accordé à la team

Boum.

L'aventure.

Il s'était ré-engagé dans la joie et la bonne humeur pour ce saut vers l'inconnu. Enfin... dans la joie et la bonne humeur, c'était peut-être un peu poussé. Et l'inconnu n'était pas total. Il ne savait fxutre rien de ce qu'il allait trouver derrière ce vortex, mais il savait pour sûr qu'il avait une chance, même infime, de retrouver Momo. Et Momo lui devait un trésor. Évidemment il avait tout bien suivi les briefings comme quoi fallait sauver l'histoire tout ça tout ça, mais bon. Dans le fond, il était surtout là pour Momo. Momo, le trésor, et l'aventure. En plus il partait avec les copains, et y avait rien pour lui faire plus plaisir.

Y avait aussi une tête inconnue dans la team. Inconnue, mais vraiment fort plaisante à regarder. Kama. C'était un autre attrait à ce voyage intempestif, ça oui. Elle avait un prénom de fleur, et lui l'envie secrète de la cueillir et de lui effleurer les pétales du bout de son pistil. Mais ça, évidemment qu'il l'avait pas évoqué au réunion. Ni ça, ni Momo, ni le trésor qu'il espérait. Non non non. Il était resté assit bien sage à écouter les recommandations d'usage, à savoir qu'usage il n'y avait pas car c'était bien une première fois. Ils étaient un peu comme ces astronautes qu'avaient quitté la planète y des années de ça pour aller se poser sur la lune.

Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour le monde sorcier.

Bref, l'Elias était exalté. Ses pensées allaient vers sa Mokeuse, jeune professeure d'Histoire de la Magie. Il tacherait de lui rapporter un souvenir. Si retour il y avait. Il l'avait pas franchement évoqué ni avec elle, ni avec Loupé, encore moins avec Pokrovski. Il n'avait qu'évoqué le strict minimum : il partait à l'aventure et reviendrait... quand il reviendrait. Ça suffisait. Ça suffisait toujours. C'est l'heure, fait l'Aza en tirant l'Artyste, qui se met à babiller tout plein de mots sans attendre de réelle réponse. Elias porte le regard sur la femme nommée Désir, la voit qui suit le mouvement. Un geste vers Adonys, une main qui salue ce bon vieux présent, et un pas qui le propulse dans le passé.

Vers l'inconnu.

Le coeur s'ébranle.

Lestat avait écouté le discours de Alhena Peverell avec un intérêt incertain. En effet, s’il devait allait au-devant de son destin, il aurait préféré un discours autrement plus épique, transcendé, animé – comme ceux que d’aucuns pouvaient lire dans les romans de capes et de baguettes ! Il aurait voulu des frissons, de l’emballement, de l’excitation de faire partie de quelque chose de plus grand que soi, de plus beau que soi. Il aurait voulu que son sens du sacrifice soit exalté ! Et pourtant, tout ce qu’il voyait autour de lui, c’était des mines fermées, renfrognées presque, conscientes du danger qui les entourait.

Il avait rêvé d’aventures, de quêtes, de découvertes archéologiques magiques. Il avait rêvé qu’il était Merlin, Circé, Dumbledore. Il était temps désormais pour Lestat de faire ses preuves. Lire, c’était réconfortant, facile. Agir, c’était autre chose.

Lorsqu’il s’était levé ce matin-là, il avait choisi avec soin son accoutrement – chemise en dentelle, une paire de caleçons qui lui enserrait les chevilles, chaussures à talonnettes et a pompons couleur noisette. S’il fallait mourir, autant partir avec élégance.

Elégance ? Lestat, Lestat… Ça, c’est l’élégance d’il y a quatre siècles. Tu es ridicule mon pauvre garçon.

Bah, peu importe, il voulait du grandiose, du splendide et c’est comme cela qu’il se le représentait. Hormis sa baguette magique toute neuve, il n’avait rien emporté – pas de souvenirs, pas de photographies, pas de lettres. Lestat n’avait encore rien vécu, qu’aurait-il emporté ?

Une main le tira en arrière et le sortit de ses rêves de gloire. Il se retourna, embrassa sa mère sur le front. Elle n’avait pas l’air particulièrement inquiet. C’était sans doute une façade mais Lestat s’en contenterait.

Son père avait voulu aussi se porter volontaire mais la sagesse de son épouse qui voyait dans son mari grisonnant un vieux crouton l’en avait dissuadé et il avait accepté, avec une certaine réticence, à laisser partir son dernier né. Les au-revoir à la table du petit déjeuner où Lestat avait mangé avec appétit (pas dans son habitude mais eh ! On ne mourrait qu’une seule fois après tout), avaient été touchants. Peu de mots échangés certes, mais de grande importance.

Lestat reporta son attention sur sa mère, lui sourit gentiment et regarda la faille qui s’imposait à lui de toute sa force, de toute sa puissance magique. Passionné d’Histoire comme personne de sa connaissance, il savait que cette tâche était pour lui. Et si elle ne l’était pas, et bien qu’il n’en réchappe pas !

Tu es tellement dramatique Lestat. Tu as dix-sept ans, tu pars avec des sorciers bien plus capables que toi et pourtant tu es toujours convaincu d’être un super crac.

Le jeune sorcier regarda les deux groupes partir devant lui. Il faillit s’étouffer en reconnaissant Tulii dans le premier – il était rare qu’il reconnaisse qui que ce soit tant les gens l’intéressaient peu mais elle, il ne pouvait pas la rater. Il aurait secrètement espéré partir avec elle, il n’aurait su dire si ça aurait été pour mourir en bonne compagnie ou pour lui montrer de quoi il était capable. Cependant, il se rappela qu’il s’était, pour l’instant, montré capable d’à peu près rien, et il se sentit soulagé qu’elle ne parte pas avec lui en fait.

Son groupe était appelé.

Il était temps de partir.

Il est temps de partir, Lestat.

Tiens, la petite voix qui résonnait toujours dans sa tête n’avait plus rien de sarcastique à lui envoyer. Ça ne présageait rien de bon, oh non !

Il s’avança vers la faille, essaya de trouver un bon mot à dire à son camarade de droite avant de lui toucher l’épaule. Une petite boutade, un dicton. Quelque chose quoi ! Comme dans les romans qu’il avait dévoré petit où le héros, sans peur et sans reproche, lançait une tirade cocasse.

Rien ne venait, rien ne vint.

Personne ne t’en tiendra rigueur, Lestat. Tu ne parles déjà à personne en temps normal alors dans de telles circonstances…

Ah ! Un peu d’ironie ! Cela rassura Lestat. Il était prêt à partir désormais.

Aujourd'hui était le grand jour. Izsa s'y était préparée depuis que la Ministère de la Magie avait annoncé que des équipes de citoyens seraient envoyés dans le temps afin de réparer cette faille qui les narguait depuis des mois. Non, en fait, Izsa s'y était préparée depuis bien avant cela. Avant même les premiers bruits de couloir, comme quoi la Ministre songeait à autoriser les expéditions. Dès la première équipe de Langue-de-Plomb envoyée dans le vortex, peut-être. Avant ? Possible. Dès la première fois où elle s'était penchée sur le phénomène, elle se demandait ce qui se passerait si ils le traversaient.

D'autant plus que maintenant, elle en était certaine : on ne pouvait pas mourir dans la faille. Le temps n'acceptait pas ce genre d’aberration. Elle ne mettait en jeu que sa santé mentale. Cela n'avait jamais été son point fort, de toute façon.

Izsa fit un signe de tête à Alhena. Pas comme à sa boss, mais comme à une amie qu'elle risquait de ne pas voir durant des mois.

- Tout se passera bien, dit-elle d'une voix qui se rassurait autant elle-même. Tout le monde finit par revenir, après tout.

Tout le monde finit par revenir. Sauf Moïra, bien sûr. C'était à cause d'elle qu'Izsa s'était retrouvée mêlée à cette affaire, à l'origine. La sorcière était rentrée dans la faille et n'en était jamais sortie. Est-ce que cela avait été son plan depuis le début ? Était-ce elle qui modifiait la timeline, empêchant Hermione Granger d'être élue Ministre et autre aberrations temporelle ? Responsable ou pas, il fallait la retrouver. C'était en partie la faute d'Izsa si tout ceci c'était produit. Il était de son devoir de tout réparer. Protéger l'espace-temps. Rien que ça.

Elle jeta un coup d’œil à son équipe. Elle espérait qu'ils avaient bien écouté les instructions. En tout cas, la présence d'une médicomage parmi eux la rassurait énormément. Même si quelque chose se passait mal, quelqu'un pourrait les soigner. Ou soigner d'autres personnes sur place. Qui allaient-ils rencontrer ? Albus Dumbledore ? Rose Granger-Weasley ? Circé, j'espère qu'on rencontrera Circé. Bon, fallait pas qu'elle prenne trop ses rêves pour une réalité non plus. Jusque là, personne n'était partie au delà de la Grande-Bretagne.

Où tombait donc les premiers groupes qui avaient traversé la faille ? Il y en avait déjà eu trois. Le temps d'attente commençait à peser sur Izsa. La prochaine, ça serait pour eux. Elle fit un signe aux employés du Ministère qui s'occupaient d'encadrer l'endroit. La prochaine, c'était pour eux. Elle serra ses poings, empêchant ses mains de trembler. C'était un sentiment entre l'angoisse et l'excitation. Comme lorsque les tournois de duel commençait, et qu'elle allait affronter son premier adversaire. Ses nerfs étaient à vifs, et aucune réaction physiologique de son corps n'était contrôlable. Il fallait faire avec. Elle fit un pas en avant, et tendit une main vers la personne de son équipe qui serait le plus rapide, ou le moins peureux.

C'était le moment. Il n'y avait plus de retour possible tant que leur mission ne serait pas réalisée.

La gentille Catalina se tenait là parmi tant d'autres volontaires, elle n'aurait pas pensé qu'autant de personnes auraient accepté de participer à ses recherches. Elle-même était encore surprise de sa propre décision, elle avait pourtant été aux premières loges de l'événement avec son appartement sur le chemin de traverse, mais la volonté d'aider et de tout donner, pour protéger les autres, avait une nouvelle fois pris le dessus et l'avait poussé à se trouver en ces lieux à cet instant. Ils avaient pu assister à deux journées de briefing leur expliquant comment tout aller se passer, le système de traçage qu'on allait leur poser, l'importance de ramener les morceaux de tapisserie si jamais leur groupe tombait dessus, mais surtout de remettre l'histoire en ordre, cela devait probablement être le point le plus important de toute cette aventure. Par contre, ce qui inquiétait la jeune femme était le problème de la criminelle nommait Moïra, elle avait beau être doué en sortilège, elle répugnait à l'idée de devoir se battre avec les autres. Mais bon avec un peu de chance ils ne tomberaient pas sur elle.

Catalina n'écoutait plus vraiment ce qui se passait autour d'elle, son esprit était parti vers ses proches qu'elle espérait revoir. Elle avait bien compris qu'il était possible de ne pas revenir de ce voyage temporel et l'idée d'abandonner pour de vrai son frère la mettait dans un état de détresse assez important. Elle se sentait déjà coupable de ne pas avoir été présente pour lui durant leurs adolescences, mais si elle mourrait cela voudrait dire qu'elle n'aurait plus la possibilité des les aider, lui et leur mère. Il fallait à tout prix qu'elle réussisse cette épreuve, serte ils leur avaient été proposés de se désister, mais comment ne pas passer pour une lâche devant tout le monde en partant maintenant, ce n'était pas possible et comment expliquer à sa chère Nicole qu'elle, une femme censé être pleine de principe, avait osé abandonner une mission si importante pour le monde magique, car remette le temps en ordre n'était pas une histoire à prendre à la légère et elle ne pouvait pas dire aux membres du ministère qu'elle abandonnait, il fallait savoir faire passer le bien du plus grand nombre avant ses propres besoins.

La Poufsouffle se rendit alors compte qu'un premier groupe commencer à traversait le vortex plein de lumière, c'était magnifique, mais surtout cela voulait dire qu'il allait falloir se reconcentrer. Apparemment l'opération venait de se lancer, car un deuxième groupe se dirigeait déjà vers son destin. C'était donc à leur tour de s'avancer, Catalina ne connaissait pas du tout les personnes appartenant à son groupe, seulement qu'il y avait deux jeunes femmes qui devaient avoir son âge et une jeune fille et un jeune homme qui semblait bien plus jeune. Ce fut la femme brune qui lança le mouvement du groupe et la Poufsouffle attrapa instinctivement son épaule, cela signifiait donc qu'elle serait la deuxième à rentrer dans le tunnel, une montait d'adrénaline commença à la gagner en approchant de la lumière et elle sentit à peine la main d'une autre personne se poser sur elle. Elle se sentait comme lors de matchs de Quidditch où tout son esprit se vidait pour laisser seulement la place à son objectif. Ils devaient à tout prix réussir leur mission.

Autorisation d’Alhena pour poster
Mon post se situe après celui d’Arty
Avec l’aimable autorisation de Miss Theya Alomora pour abuser de son LA puisque « tant que tu ne la fais pas mourir c’est bon »

La boule au creux de l’estomac, j’avais été obligée de le laisser s’éloigner. Au départ, j’avais exigé de faire partie de tout ça, d’aider, d’arranger, parce que toute cette histoire avait fini par me retourner. Mais malgré mes supplications, il avait fallu me rendre à l’évidence : ça pouvait être dangereux. Je me fichais totalement de ce qu’il pouvait m’arriver à moi, je voulais que mon enfant soit sain et sauf, ne court aucun risque et grandisse tranquillement à l’abris de tout danger. Vivant avec un trouble bipolaire et accompagnée d’un mari Mangemort et Loup Garou, le danger était difficile à éviter, mais lorsque c’était possible, il me fallait m’en éloigner. Je n’étais plus toute seule désormais, il me fallait apprendre à penser deux fois. Et Arty ? Je ne l’avais pas empêcher d’y aller, parce qu’il était important qu’il soit présent, même si je craignais de ne jamais le revoir, je ne savais même pas où il allait exactement. Il était donc difficile, impossible de sourire malgré son désir de garder un ton plaisantin. J’avais espéré jusqu’à la dernière seconde qu’il se ravise de lui-même et fasse demi-tour. Ce ne fut pas le cas.

Pourtant, je ne pouvais pas le laisser partir comme ça, brutalement avec pour dernières paroles une question absolument idiote. Je me tourne vers Theya qui venait de me rejoindre, je ne voulais pas l’attendre seule et il n’y avait qu’elle pour parvenir à me canaliser, même dans les pires moments. Attends. Je m’avance doucement, le besoin de lui dire quelques mots avant qu’il ne s’en aille. L’un des membres de la brigade m’arrête pour me demander mon identité. Après avoir expliqué la raison de mon empressement, il me laisse passer non sans me dire de faire vite. Je m’avance vers Arty, le retourne furtivement, les yeux humides, les lèvres tremblantes. Je l’embrasse, une fois deux fois trois fois avant de le regarder dans les yeux. J’bouge pas d’ici. L’ignorance de tout ça, provoquait une telle angoisse que des larmes s’échappent. Reviens en vie. J’aurais pu en dire davantage, mais j’étais bien trop pudique pour partir dans de grandes déclarations. Je mime un je t’aime avec mes lèvres avant de me détourner pour ne pas qu’il ait l’image d’une Loredana triste lorsqu’il sera parti. Je m’éloigne empêchant l’un des membres de la brigade de m’attraper par le bras. Il était temps pour lui de partir. Je retourne vers Theya, un faux sourire aux lèvres, dans un total contrôle de mes émotions. Mais à l’intérieur, j’étais simplement terrifiée.

Une tension palpable, une solennité glaçante, le Chemin de Traverse retient son souffle.

Il est temps.

Le grand jour est arrivé, sera-t-il le dernier ? Alhena formule quelques mots, rappelle les termes fous qu’ils ont tous signés, pourquoi s’est-il engagé ? Une faille irisée, à la fois mauve, aigue-marine, écarlate ou indigo, fin d’un monde, début d’un autre, étincelant de mystère lorsque le premier groupe y pénètre.

Adonis se tient face au vortex. En ce jour, il ne rayonne pas autant que d’habitude. Ce n’est pas de la peur, seulement de l’appréhension. Que caches-tu derrière ton voile de lumière ? Des centaines de pupilles se posent sur lui, sur son équipe. Mais pour la première fois de sa vie, il a besoin de ces regards, il a besoin de ce soutien. Que va-t-il lui arriver, une fois le voile passé ?

Le Demi-Vélane ne sourit pas. Son sac fermement accroché sur ses épaules, sa baguette de sapin près de son cœur, il attend. Ses parents ont fait le déplacement, à quelques mètres de lui, ils le soutiennent, il le sent. Mais tout comme Adonis, sa mère ne rayonne pas. Sa main diaphane enlace fermement celle de son mari. La Vélane a peur. À ses côtés, le magizoologiste ne quitte pas des yeux son fils. Ils sont humides. Est-ce de la fierté ou de l’inquiétude ? Des aventures, ils en ont vécues tous les trois mais celle-ci, Adonis y pénètre seul avec pour unique aide envisageable, les quelques membres de son équipe. Devant lui, la faille, l’inconnu, le vide, l’obscurité, les ténèbres, l’espace, le temps, le néant absolu. Mais qui a-t-il de l’autre côté ?

Son pouls accélère lorsque le deuxième groupe disparaît. Son cœur tape, tape contre ses côtes. Le vortex se déforme, est-il physique, palpable ou est-ce seulement de la lumière ? Il absorbe tout. Adonis garde la tête haute, il a confiance en ses capacités. Il vaincra. Mais à quel prix ? C’est trop tard, il ne peut plus reculer. Il va plonger. Toutes ces années à travailler, à apprendre sans compter ses heures, était-ce pour ce moment-là ? Il sent sa baguette, son alliée, presque vibrer contre sa poitrine. Ou peut-être est-ce simplement lui qui tremble. Les poignets se serrent, sa gorge est sèche.

Et puis c’est le moment. Adonis prend une grande respiration. Il repense une dernière fois à ses parents et tous les gens qu’il aime. Tout se mélange dans sa tête, il ne sait plus ce qu’il ressent, ce qu’il veut, ce qu’il attend. Son groupe fait un pas en avant. Il oublie tout, son esprit se vide. Il ne réfléchit pas à ce qu’il fait, il pose sa main sur la personne à ses côtés. Qu’importe qui elle est, à ce moment là, seul le contact physique compte. Seul ce contact raccroche Adonis à la réalité.

Ses yeux océan se plongent dans la faille aux mille couleurs. Encore un pas. Il n’y a plus qu’elle, rouge, blanche, cyan, bronze, lilas, l’opalescence l’obsède. Un pas de plus. Les nuances lui pénètrent l’esprit. Toujours plus loin. Elles lui brûlent les rétines. Il ne sent désormais plus que sa main, fermement accrochée à la seule présence qu’il lui reste. Il avance encore. Il voit encore plus de lumières, encore plus de couleurs.

Et puis, son corps bascule.

Et tout disparaît.

« Animation : Les voyageurs du Temps »

Saison 32
1er Février 2179

C’était le 2 Mars 2178. Une envie inopinée de venir flâner dans les ruelles pavées du Chemin de Traverse m’avait fait assisté, aux premières loges, à ce qu’on appellerait plus tard la naissance du Vortex. Le chaos total, les cris, les pleurs, la détresse, des airs de fin du Monde ; même pour des sorciers, nous frôlions le cadre de la science-fiction. Il avait ensuite fallu attendre un an et la conférence de presse de la Ministre Langforth et d’Alhena Peverell, directrice du département des mystères, pour apprendre que si le Monde ne nous avait pas pété à la gueule ce jour-là, c’était pour mieux le voir disparaître sous nos yeux aujourd’hui. Une lente agonie pour un peuple qui n’avait aujourd’hui plus d’autres choix que d’y envoyer les siens pour empêcher l’Histoire de s’écrouler.

Une main sur mon voisin, fermement cadenassée à son coude, j’attends la boule au ventre le départ de notre groupe de volontaires dans la faille. Truc de dingue. Dans ma tête une ribambelle d’insultes, mais aussi des pensées inquiètes que j’avais réussies à chasser difficilement, sont subitement ravivées par l’entrée du groupe nous précédant dans la faille. Parmi eux, Artemis, lui aussi volontaire dans cette expédition. La principale source de mes angoisses. Mon frère venait tout bonnement de disparaître dans un tourbillon bleu, violet et blanc. Mon cœur se tord alors étrangement, peu habitué à cette douleur qui semble frapper chacune de mes cellules au fer rouge. J’ai tout juste le temps de formuler une prière silencieuse pour lui avant que la voix glaciale de Peverell n’annonce : Prochain groupe, préparez-vous. Il est temps. Mes paupières papillonnent. m*rde c’était nous. Mon voisin fait un pas en avant et je l’imite. Un autre encore et nous voilà à quelques mètres du Vortex. Encore un...

Et quelques secondes plus tard, nous étions un morceau du futur débarquant dans une autre époque, un autre temps. Plus question de revenir en arrière. Ce qui était plutôt cocasse, car c’était précisément ce que nous venions de faire.

Suite aux récents événements, une expéditions de sorciers s'est mise en place pour aller réparer le temps, pour aller réparer ce que l'explosion a commise. Ces expéditions peuvent être dangereuses et tu le sais, mais tu n'as pas le choix, ta culpabilité te ronge trop pour que tu puisses faire la sourde oreille. Car tu avais beau ne pas faire partie des "méchants" dans l'histoire, tu as eu ton rôle à jouer dans cet incident. Tu étais là-bas, et peu de personnes le savent. Tu protégeais plutôt que d'attaquer, mais devant la justice, tu n'es pas sûre que cela changera quoi que ce soit.

Alors quand tu as entendu qu'on pouvait partir pour aller réparer le mal causé, tu n'as pas beaucoup réfléchi. Bien sûre, tu n'es pas rassurée de partir et tu aurais préféré rester aux côtés de Lara, mais depuis que tu sais qu'un homme est mort dans l'explosion, tu ne peux pas t'empêcher de regretter d'avoir attiré Amy dans cette histoire et de toi-même avoir eu un rôle si petit soit-il dans cette catastrophe.

Alors présente au rendez-vous, tu écoutes les instruction attentivement, te rapprochant des membres de ton groupe. Tu connais la plupart de près ou de loin. Une Serdaigle, une femme venue un jour dans ton bar, une médicomage dont tu as déjà vu le visage quelque part et... le dernier, tu ne le reconnais pas. Tu regardes aux alentours et tu vois d'autres têtes connues, mais tu ne prends pas le temps de les saluer, toute concentrée que tu es sur ta future mission.

Sauf bien sûr, quand Lara s'approche de toi. Heureuse qu'elle soit venue, tu la serres dans tes bras avant de doucement caresser sa joue de ta main. Tu culpabilises un peu de la laisser de nouveau, mais les risques que vous soyez coincé la-dedans longtemps sont faibles... Normalement, tu pourras revenir auprès d'elle avant que tu aies le temps de lui manquer.

- Je dois le faire, je dois aider à réparer ça. Je reviendrai très vite Lara, je te le promets.

Tu n'as pas besoin de dire quoi que ce soit de plus, car elle va sans doute comprendre les mots qui découlent de ce besoin. Ta culpabilité. Tu tournes la tête brusquement quand tu vois un groupe entrer dans le vortex dans des couleurs étonnantes. Il faut se préparer maintenant, l'heure de se dire au revoir a sonné. Tu embrasses Lara puis tu lui fais signe que ça va aller et qu'elle peut aller plus loin si elle le souhaite.

Tu poses ta main sur l'épaule de ta voisine de devant pour ne pas être séparée d'elle lors du voyage temporel, puis tu te redis tes objectifs : faire que l'histoire se produise comme elle doit se produire, et récupérer un bout de la tapisserie que tu as du protéger par le passé. Et si vous croisez Moira, une des femmes qui attaquaient Maya, il vous faudra l'arrêter.

Tu déglutis, ça risque de ne pas être facile. Mais tandis que votre groupe est appelé et avance donc vers le vortex, tu souris avec un autre objectif en tête : celui de respecter ta promesse et de vite revenir à Lara

Gabin n’avait rien d’un héros. Il n’avait pas cette fibre qui faisait sauter certaines personnes à la rescousse de la veuve et de l’orphelin. Lui c’était plutôt l’inverse. Il avait cette force, cette poussée inconnue, qui l’obligeait bien souvent à fuir devant le danger. C’était plus facile de prendre la poudre d’escampette que de vouloir sauver le monde. Après tout, les cimetières ne sont-ils pas remplis de héros ? C’est valeureux, mais le garçon comptait vivre aussi longtemps qu’il lui en était possible. Surtout que dorénavant, après avoir subit cet étrange événement qui avait repoussé l’étreinte du temps sur son âme et son corps, le franco-slovène voyait un nouveau avenir devant lui. Un avenir long. Les premiers temps avaient été compliqués pour accepter sa nouvelle... particularité. Mais maintenant, après quelques mois moroses et sombres, il avait enfin réussit à remonter vers la surface. Vraiment ? Évidemment. Un nouvel objectif. Un temps précieux et quasiment infini avaient été ses cadeaux de la part du destin. Devenir le roi du monde, une autorité, une icône pour le cet univers, ne semblait plus être impossible pour lui.

Ses prunelles claires détaillèrent les individus qui l’entourait. Aucun doute, nombreux sorciers étaient venus chercher ici gloire et héroïsme. C’était beau. Ça serait sans aucun doute les premiers à tomber. Lui, il restera fidèle à ses principes. Mais que faisait donc le Sprajc ici ? Question légitime. Et les réponses pouvaient être multiples. Une soif de savoir. Une soif de connaissance. Une soif d’exploration. Une soif d’aventure pour rompre la monotonie de ce monde. Et surtout... une beuglante de ses parents l’obligeant à participer à cet événement inédit afin que sa famille, famille d’explorateur de père en fils, soit représentée. Ses vieux étant eu même en exploration à l’autre bout du monde, leur déception avait été si grande de ne pas pouvoir participer à celle la, qu’ils avaient pendant plusieurs jours, harcelé le Serdaigle pour qu’il se décide à venir ici. Voilà tout. Un enfant ne devait-il pas tout faire pour plaire à ses parents ?

Gabin écouta le discours de la Directrice du Département des Mystères sans vraiment y prêter intention. Les discours des politiciens ne l’intéressaient que très peu. Celui là en faisait partie. Les sorciers présents savaient les raisons pour lesquelles ils étaient ici, nul besoin d’épiloguer. Un simple « Bonjour » suivit d’un « Bonne chance vers la mort », aurai sans aucun doute largement suffit. Enfin bon. Les politiciens actuels aimaient se donner en spectacle, attirer l’intention vers eux pour briller de milles feux. Narcissiques qu’ils étaient. Peut-être que le seul qui valait vraiment la peine d’être écouté était le vieux bonhomme qui finançait une partie des explorations des Sprajc-Cousteau. Lui, il était intéressant, sans aucun doute.

Le premier groupe ne tarda pas à se lancer dans cette étrange faille temporelle, disparaissant en une fraction de seconde. Dans l’un des autres groupes, Gabin aperçu Riri, la douce et belle Serpentard. Légère pensée pour elle en espérant qu’elle revienne. C’est qu’il l’appréciait un minimum la sulfureuse verte et or. Son esprit ne tarda pas à divaguer vers les souvenirs d’une soirée londonienne des plus intense et appréciable.

Les minutes s’écoulent. Doucement. Interminables. Puis la voix de la Directrice du Département des Mystères résonna une nouvelle fois. C’était à leur tour. A celui du groupe Sprajc & Compagnie. Joli nom n’est ce pas ? Avant de s’avancer, Le Brun prit quelques instants pour regarder les sorciers qui allaient participer avec lui à cette mystérieuse exploration du temps. Mis à part le visage de la préfète de sa maison, qui semblait le suivre continuellement mais comment lui en vouloir, il ne connaissait personne. Les autres semblaient plus âgés. Plus sages ? Certainement. Mais cela ne l’empêcherai nullement d’en faire qu’à sa tête. Gabin espérait bien pouvoir diriger la petite troupe à son bon vouloir. Il n’aurait aucun hésitation à user du vice et de malice pour manier par le bout du nez tout ce petit monde. Il remarqua également qu’il était le seul homme de la troupe. Dommage. Le bleu et bronze espérait bien que ses compagnons avaient dépassé le temps du « l’homme doit être fort, courage et vaillant. Il ne doit ni craindre la peur, ni la mort ». Car il n’avait rien de toutes ses qualités et c’était tellement « so moldu ».

Une main sur l’épaule d’une des sorcières qui se trouvait devant lui, Gabin avança au rythme du groupe vers la faille. Léger sifflotement s’échappant de ses lèvres. Peut-être que le passé allait l’attirer à tout jamais et qu’il ne reviendrait jamais ? Après tout, si ce qu’il allait voir lui plaisait, le franco-slovène n’allait pas s’interdire de rester à une époque plus... intéressante. Et en une fraction de seconde, à son tour, le temps s’ouvrît pour le laisser fouler un monde inconnu.

Pourquoi ?

Aysha avait l'impression de ne pas avoir eu le choix, et pourtant, elle se savait volontaire. Une incroyable pression pesait sur ses épaules, lourde, étouffante, mêlée à une anxiété sans nom, une angoisse qui lui serrait les entrailles. Elle se revoyait presque, dans la file d'une montagne russe, serrant la main de sa mère et de ses soeurs à l'approche du wagon, se crispant de peur à l'idée de dévaler ces rails à toute allure, l'angoisse vibrante montant un peu plus à chaque seconde, jusqu'à éclater au départ du train. Mais cette angoisse là n'avait pas de commune mesure, elle ne pouvait la comparer à rien tant elle était forte, et pour cause - c'étaient les conséquences de ce qu'elle s'apprêtait à faire qui faisaient toute la différence. Comment avait-elle pu se retrouver là, à porter sur ses frêles épaules le monde entier, à devoir le sauver sans savoir comment. Elle aurait pu ne pas se porter volontaire, certes, mais comment être sûre que les autres y arriveraient ? Comment être sûre que tout n'avait pas été tenté pour sauver ce monde si elle même n'avait pas essayé ? Elle s'en serait voulu toute sa vie. Après tout, c'était elle, qui était déphasé. Elle et quelques autres, et c'étaient pour eux, surtout, que cette faille devait être refermée. Sans doute avait-elle mille autres conséquences qu'elle ne soupçonnait pas. Sans doute Miss Peverell, qui se tenait devant la faille avec un chronomètre dans la main, en savait elle beaucoup plus. Et c'était sans doute pour cela qu'elle affichait un tel air de gravité.

Aysha serra les poings dans les poches de sa veste. Son coeur battait trop fort. Elle sentait sur ses épaules le poids de son sac à dos, pourtant maigrement rempli, selon les consignes qui lui avaient été données. Un livre de médicomagie, juste au cas où. Son arbalète. Quelques sortilèges dénichés au préalable et griffonnés sur un parchemin, des fois qu'ils aient le temps de commencer à vider son sac avant de lancer des sorts. C'était sans doute ridicule. Et sa baguette, aussi, dans sa poche cette fois. Le seul objet véritablement indispensable, sans doute. On les avait longuement briefés, Aysha avait longuement hésité, mais elle était là désormais, et malgré toutes les consignes, elle ne savait pas à quoi s'attendre. C'était l'inconnu qui patientait derrière cette faille. La préfète parcourut les visages des membres de son équipe. Parmi les volontaires, de nombreuses têtes connues, parmi son équipe, encore plus. Elle avait découvert avec un léger soulagement qu'Eileen les accompagnait. Elle connaissait ses talents et lui faisait une confiance presque aveugle. Qu'elle fût une alliée du Ministère ne changeait plus grand chose en cet instant. Gabin qui lui sembla trop jeunes pour faire une pareille excursion, mais après tout, elle aussi, non ? Gabin était l'opposé même d'Eileen : elle ne lui faisait confiance en rien. Il y avait aussi une inconnue, la trentaine, compétente elle l'espérait. Et une dernière jeune femme, vaguement familière. Ils étaient peu. Elle avait peur.

Trois groupes s'étaient déjà engouffrés dans la faille et les minutes s'égrainaient à la fois trop vite et trop lentement. Et puis il fût temps. Eileen s'avança la première, et Aysha posa sa main sur une épaule pour ajouter un maillon à cette petite chaîne qui ne devait sous aucun prétexte se briser lors de l'entrée dans la faille. Elle marchait vers celle-ci comme dans le couloir de la mort et n'entendait presque plus les bruits autour tant son coeur battait, assourdissant. Elle n'entendait pas le sifflottement de Gabin qui semblait trop détendu pour les circonstances. Elle n'entendait plus rien, en fait. Elle ne penait qu'à une chance : il fallait qu'elle en renvienne.