Le chemin de traverse n'est pas mon terrain de chasse de prédilection. Les sorciers sont plus méfiants, sur leur garde et s'y connaissent mieux en vampire que les moldus. Et le risque de tomber sur un auror n'était pas négligeable. Mais c'est le goût du risque qui m'attire  justement ici, car il faut bien avouer que la chasse aux moldus et certes très simple, mais terriblement ennuyeuse. Parce que bon, se rendre dans une soirée alcoolisée au milieu de la nuit, trouver un type déjà bien mort et l'attirer avec un prétexte bidon c'est drôle quelques nuits. Attaquer quelques campeurs perdus en forêt aussi peu complexe.
Et puis il faut changer un peu les saveurs, donc pour ce soir je vais me délecter du sang sorcier.

Comme d'habitude je suis vêtue d'une tenue simple pour ne pas attirer l'attention et les soupçons. Une petite chemise blanche, un jean noir et des tennis. J'avais même pris un sac à main pour avoir l'air d'une étudiante en plein shopping du soir. Feignant d'observer soigneusement les vitrines, je cherche une proie, une personne isolée et jeune de préférence. Je préfère les peaux fermes.
J'arrive à proximité de la célèbre boutique de baguette, prise d'un élan de nostalgie je me souviens du jour de l'achat de ma propre baguette. J'ai l'impression que c'était hier.

Le bruit d'une porte me sort de mes pensées, instinctivement je recule hors du champ de vision de cette potentielle personne. Une jeune fille blonde en sort, sans doute la vendeuse qui ferme boutique, elle fera un repas parfait.
Elle se met en marche, je la suis à distance raisonnable, réglant mon rythme au sien. Rasant toujours les murs pour me fondre dans le décor, je peux entendre son pouls s'accélérer, comme si elle panique déjà. Aurait-elle senti ce qui l'attend ? La blonde laisse dans son sillage une odeur fraîche de jeunesse, avec un soupçon de parfum sucré, ça change de l'odeur d'alcool. Elle s'arrête soudainement et tourne la tête, je m'arrête brutalement aussi mais elle ne  semble pas me voir.  La sorcière continue sa route, le prédateur en fera de même. Cette fois son rythme semble plus régulier, comme si elle s'était décidée à rentrer pour de bon.
C'est le moment parfait pour attaquer.

J'accélère progressivement mon allure maintenant que ma victime semble en confiance, il y a peu de chance qu'elle se retourne et même si elle le fait ça sera sans doute trop tard. Je suis à présent à quelques centimètres d'elle, je peux entendre encore plus clairement son cœur battre et son sang circuler dans ses veines, comme si il m'appelle.
Sans plus attendre je bondis d'un geste agile derrière elle, un bras enroulé autour de sa gorge, l'autre autour de ses bras pour l'empêcher de saisir sa baguette.

- Cri et je t'arrache la gorge. Dis-je d'une voix calme

Sans plus attendre je l'entraîne brutalement dans une ruelle étroite et isolée à l'abri des regards et des passants.

Je peux déjà ressentir la peur et l'anxiété envahir ma victime à partir du moment où elle a senti ma présence. La pauvre, elle qui de base n'avait pas l'air bien sereine, je suis surprise que son coeur n'a pas déjà lâché. J'imagine que c'est la même chose lorsque les moldus tuent un mouton, ce dernier doit sentir la fin arriver et se mettre à paniquer ou hurler. Nous sommes dans le fond tous pareil après tout, mais je me demande comment moi j'aurais réagi si la situation avait été inversé,  la faible humaine que j'étais aurait sans doute fait une malaise ou fermé ses yeux en attendant que ça se termine. Mais une nouvelle fois la chaîne alimentaire est respecté, je suis le prédateur et elle est le repas que j'ai choisi. Elle même avait du avoir pour son repas un pauvre porc ou agneau.
Je devrais sans doute être un peu plus éthique lorsque je me nourris, en assommant ma victime par exemple. Mais j'aimais cette sensation, la sentir se débattre, crier, et surtout ressentir ses forces s'affaiblir.

Mais trêve de bavardages, il est temps de goûter à du sang sorcier. Je plante rapidement mes crocs dans son cou innocent, je crois entendre un cri d'ailleurs. Mais c'est peut-être mon imagination, car je suis trop éprise par ce que je suis en train de boire, plus rien ne compte à présent. Tout devient flou à présent, tous mes sens sont concentrés sur ce précieux liquide. Elle se débat et semble couiner, l'idiote devrait plutôt garder ses forces pour combattre la douleur  ou au moins pour partir avec dignité. J'ai cependant l'impression que ses mouvement se font plus faibles, elle perd rapidement des forces. Mais c'est très rapide en générale, le sang se retrouve aspiré en quelques minutes, et la victime perd en général connaissance.

Mais quelque chose me trouble, je sens une présence approcher. Et le rythme des pas me laisse penser que cette personne sait clairement où elle va, donc ce n'est pas une personne flânant dans les ruelles. L'inconnu semble déterminé et sûr de lui, et si c'était un auror ? Je pousse un grognement en tentant de profiter de quelques gouttes avant de devoir déguerpir. Je n'ai pas le temps de terminer mon repas, il va falloir me remettre rapidement en route avant que le soleil ne revienne.
Poussant un grognement je laisse brutalement ma victime tomber lamentablement au sol, et je cours me camoufler dans la nuit à la recherche d'une nouvelle proie.