I Built A Friend [En Cours]

ft Adonys, LA mutuel
Saison 32 - Avril 2179

J'ai construit un ami avec trois bouts de chiffon, du fil à coudre et des boutons.
Je l'ai construit sur la table dans le bureau.

Mais il ne parle pas. On aura beau être ami pour la vie, s'amuser ensemble, il reste un pantin. Alors, je l'ai quitté parce que je devais partir pour pourdlard.

Quand elle est enfin rentrée à la maison, la masquée a observé cette poupée moche. Elle a souri comme personne ne l'avait jamais vu faire. Elles s'est faite, petit à petit à sa présence rassurante. Mais quand bien même c'était agréable, trente-trois est du genre à s'ennuyer rapidement. Elle reste proche de son ami, mais il est temps de s'en faire d'autres et de construire d'autres souvenirs. De belles photos, pleines de sang et d'ironie, ou de sarcasme et d'une main tendue.

Toi_Inconnu, qu'elle observe depuis tout à l'heure, que choisiras-tu ?

Le corps et l'esprit, ne sont pas spécialement dangereux quand on ne désobéit pas, quand on ne provoque pas. Peut-être pourrait-elles même avoir un peu de respect pour ton être ? Tout est possible avec 33.

Je suis rentrée à la maison et je l'ai trouvé sur la table
Avec une note, gribouillée au crayon à papier
Et il a écrit qu'il n'était pas stable quand il était tout seul
_Puis elle l'a perdu

Salut, assise sur une branche, elle baisse les yeux sur sa nouvelle rencontre. Délicieuse chose. Tu es magnifique, je t'apprécie déjà beaucoup. Ne voudrais-tu pas libérer le monde avec moi ? Un si beau sourire qui éclate sur les lèvres. Un nouveau jouet à repeindre. Il faut peut-être le reconstruire un peu, mais pas complètement. Elle fera avec.

Toute manière, il n'y avait que lui ici alors... Qu'est-ce qu'elle avait de mieux à faire désormais ? C'était trop tard pour qu'elle fasse demi-tour, qu'elle ne se délecte pas de pouvoir danser à nouveau à travers ces arbres. Un jour, butera-t-elle contre d'autres choses que la lune et les étoiles ? Peut-être jamais.

Trop paranoïaque, trop folle pour aller autre part. On va tellement s'amuser ensemble, dis oui, dis oui. Mon nouvel ancien ami_

Est-ce que tu as vraiment le choix de toute manière ? Ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle tente de t’étrangler pour avoir plongé dans un simple silence. Les aiguilles tournent, tournent, dépêche-toi de trouver un camp. Elles déteste quand le ciel est vide de mot et la bouche cousue.

_Tu n'es pas cette poupée de chiffon, n'est-ce pas ?

Chanson : I Built a Friend (J'ai construit un ami) par Alec Benjamin

Depuis le temps que je me dis que cette forêt devrait être condamnée de l'extérieur ou, à minima, disposer de défenses plus efficaces. J'en ai ce soir la preuve. Une fois de plus, ce sont les plantes qui m'ont conduit ce soir à m'aventurer sous la coupe des ombres. Enfin m'aventurer... ce n'est pas comme si je n'en avais pas le droit après tout. La forêt est interdite aux élèves, pas aux professeurs. Ignorant cette ombre perchée quelques mètres au-dessus du sol et à quelques pas seulement de ma position, je reste le nez implacablement dirigé vers le sol, la baguette illuminée pour déceler à travers les ronces et les orties la petite graine du Cardamome. Et la nuit, vous en conviendrez, chercher une graine dans la forêt, c'est une idée sacrément stupide !

Je retiens mon souffle lorsque la voie de l'être s'élève dans la nuit. La voie d'une femme, indubitablement, mais l'information n'a aucune valeur en soi. Cette pensée m'arrache un petit rire, comme si j'avais envie d'avoir l'information... à quoi bon me servirait-elle ? Relevant la tête, je dirige doucement ma baguette vers sa position. Lentement, histoire qu'elle ne se sente pas agressée, il serait dommage qu'on en vienne à s'entretuer. Ainsi donc c'est vrai. Vous portez toujours un masque pour dissimuler votre visage. C'est dommage, les yeux et leurs éclats ont souvent bien plus de valeur que les mots. Et c'est d'autant plus vrai lorsque l'on est Legilimens, mais ça je me garde bien de le dire.

M'installant en tailleur à même les feuilles mortes, pas de raison qu'elle soit la seule à être confortablement installée, je dévisage... ou plutôt je scrute son masque sans un mot quelques instants avant de finalement répondre à sa proposition. Libérer le monde ? C'est une lourde charge de travail que tu t'attribues là. On dit bien des choses à votre sujet, que ce soit en Grande-Bretagne ou dans le monde d'ailleurs, mais aucun discours n'est égal. De quel mal souhaites-tu libérer le monde au juste ? Pour une fois que l'occasion m'est donnée de puiser des informations à la source, je ne vais pas me faire prier. Non sans un brin de méfiance dissimulé, j'observe et attends sa prochaine sortie avec impatience.

Tout ce que je veux, c'est que Tu reviennes...

C'est tout ce qu'elles a besoin en ce moment. Que son maître revienne, parce que ça lui bouffe les entrailles. Elle ne fait que tourner en rond, s'imaginer face à des poupées de chiffons, en rencontrer dans la forêt. Elle s'ennuie, 33 se tue à faire mourir le temps. Elle l'attend, bien que ça soit vain. Et ça fait mal, parce qu'elle voudrait juste laisser tomber parfois.

J'essaie, j'essaie vraiment_ Pas assez, lui murmure la voix.

Les yeux et leurs éclats n'ont aucune valeur à Azkaban. Toujours assise sur sa branche, elle ne bouge pas, ne tente rien. Un regard peut dire aussi tellement de choses. Dans le tien, je n'y vois pas un avenir en noir et blanc par exemple. Le corps s'installe plus confortablement. Une soirée plus tranquille qu'elle ne le croyait finalement, pas vraiment de jeu. Juste une discussion, une lune pour accompagner. Comme s'ils étaient de vieux amis qui se retrouvaient tard pour parler de l'univers. Une démence qui voltige, se tient prête sur la ligne de départ, mais ne décolle pas.

Pourquoi trente-trois ? Pourquoi soudainement, tu as des pensées si tristes ?
Doit-on vraiment avoir une raison pour changer de comportement, d'une seconde à l'autre quand on est Elle ?
Non_

En fait, je ne me l'attribue pas. C'était bien ça le problème. On me l'a confié. Elle joue des doigts sur le bois. Une symphonie amère de la vie et de ce que les Mangemorts sont devenus. Une brillance, une aura qui disparaît avec le maître. Elle voudrait redresser la barre, mais c'est comme demander à la mort de jouer avec ses propres nerfs. De son hypocrisie, de cette cage dorée dans laquelle nous nous contentons. Il y a l'horizon qui parle alors qu'elle voudrait danser parmi les feuilles. La gorge qui brûle alors que tout est si compliqué, que les mots si faciles à dire d'habitude, restent coincés.

N'aimerais-tu pas avoir une nouvelle famille ? N'aimerais-tu pas pouvoir vivre librement au milieu des moldus ? Cesser de se cacher, simplement. Elle a ce souffle acide qui lui colle aux dents. Ne voudrais-tu pas m'aider à retirer les masques ? La masquée aimerait savoir ce que tu en penses, cher enfant. Fais-tu partie de ceux qui acceptent de donner leur âme aux ténèbres pour y trouver une nouvelle lumière ? Parce qu'au final, ce n'était qu'une question de point de vue, non ?

Que vois-tu vraiment ? Toi, l'aveugle du monde_