Saison 32 - Printemps
LA mutuel

Y a rien à faire, elle arrive pas à s'endormir. Ça fait genre des heures entières qu'elle tourne dans son lit sans trouver la paix. Ou peut-être ça fait pas tant de temps que ça. Mais elle est quasi sûre que tout le monde dort dans le dortoir. Tout le monde sauf elle. Et ça l'emmxrde bien profond. C'est pas comme si y avait grand chose à faire la nuit. En tous cas pas ici, avec le couvre-feu et tout. Nan le mieux ça aurait été qu'elle s'endorme, paf, comme ça. Mais voilà ça venait pas. Et plus elle y pensait, plus elle essayait, moins ça venait. Y avait de quoi devenir cinglé. D'un coup elle se leva pour aller à la salle de bain se passer de l'eau sur le visage. Là. Déjà ça faisait du bien. Déjà ça allait mieux ouais.

Elle se prit la tête entre les mains et poussa un long soupir avant de plonger le regard dans son reflet. Elle avait littéralement des valises sous les yeux. Ses doigts vinrent distraitement emmêler quelques mèches avant qu'elle ne se décide à regagner la chambrée. Quelques ronflements, quelques respirations plus faibles. Winnie ? D'un coup, un lit attire son attention. Un lit vide. Le lit qu'occupait normalement Angela. Elle était où Miss Parfaite ? Elisa sortait de la salle de bain, elle pouvait donc pas y être, elles se seraient forcément croisées... non ? Dans le doute, la Lewis repartit vérifier dans la pièce, qui était évidemment vide. Genre Parfaite Adams bravait le couvre feu ?

Totalement intriguée, et sentant que le sommeil ne viendrait de toutes façons pas, Elisa attrapa sa baguette sur sa table de nuit et enfila ses chaussures dans l'obscurité avant de quitter le dortoir. Ok. Elle voulait définitivement résoudre ce mystère.

Si y avait bien un truc étonnant dans la famille Adams, c'était leur capacité à faire tout ce qui leur passait par la tête sans paraitre le moins du monde se rendre compte que parfois - souvent -, c'était carrément pas correct, adapté, ou même légal. L'Angela se promenait dans les couloirs avec légèreté, bravant un couvre-feu qui semblait futilité dérisoire à son agenda de miss parfaite. Elisa, elle, frôlait les murs, le coeur en tachycardie dès qu'elle frôlait le cadre d'un tableau de trop près. Même si se confronter aux règles faisait partie de sa nature, elle avait conscience des conséquences si elle se faisait choper, et elle préférait carrément les éviter, dans la mesure du possible.

Le cheminement mène bientôt au dehors, et Lewis se félicite d'avoir enfermé ses boucles brunes dans un chignon serré. Se faire emmxrder par des mèches rebelles en pleine mission d'espionnage, non merci. La lune cependant, jouait en sa défaveur. Pleine et lumineuse, elle ébranlait les chances de la serpentard de ne pas se faire choper. Ceci dit, elle ne risque pas de perdre la piste de sa filature. Elle est là, en plein milieu du parc, à minauder sous le projecteur astral comme s'il s'était agit de sa petite scène de spectacle. Elisa secoue la tête, les sourcils joints, les lèvres plissées qui retiennent un rire presque nerveux. Même sans public Mademoiselle Angela tirait la révérence.

La direction du lac est prise, et Elisa a de plus en plus de mal à se dissimuler sur le terrain découvert. Un sort d'illusion aurait été le bienvenu, mais elle ne maîtrisait pas ses informulés. Elle accélère le pas pour passer d'un buisson à un autre, le regard en alerte vissé sur le dos de sa cible - abruptement, ladite cible se retourne pour lui crier de dégager. Lewis se ramasse dans la végétation, jure silencieusement. Bxrdel, elle était repérée ! La tignasse s'emberlificote dans les branches avec insolence, et elle tire quelques cheveux en se relevant, retenant un cri de douleur. La silhouette d'Angela est en train de piquer un marathon, tout droit vers la forêt interdite. Mxrde. Le lac c'était pas mieux comme destination ? C'est même plus tant pas curiosité que la Lewis suit le mouvement avec agilité - sa baguette toujours fermement serrée dans la paume de sa main droite.

Elle allait carrément se mettre en danger cette débile. Elle voulait quoi, embrasser des bébés licornes ? C'était ça le secret de sa perfection incarnée ?

Pourquoi tu me suis ?!

Oh. Elle s'est encore retournée l'Angelette. Et elle est à moins de cinq mètres. Et elle regarde totalement dans sa direction. Y a quelques centimètres carrés de broussaille qui peine à dissimuler le corps palpitant d'une Lewis sur le qui-vive, qu'hésite à carrément s'avancer pour demander à Adams ce qu'elle fout là en pleine nuit ou à se barrer en courant dans la direction opposée.

Elle avait quand même pas fait tout ça pour rien.

J'voulais savoir où t'allais ! Le ton est impérieux. La sorcière s'extirpe de sa pseudo-cachette pour faire face à la camarade extravagante. Et toi alors, qu'est-ce que tu fous là ? Elle s'avance, faisant craquer les quelques branchages parsemant le sol. Au reflet de la lune, le visage d'Angela semblait presque fait de porcelaine, comme une de ces poupées qu'elle détestait étant enfant.

Un bruit sourd fait soudainement frémir les oreilles de la Lewis. Chhhht elle intime à l'interlocutrice. t'as entendu ? On aurait dit un bourdonnement. L'origine ? Quelque part autour d'elles. Mxrde mais c'était quoi cette idée à la cxn que de courir en plein dans la forêt interdite... ? Elles étaient pas à gryffondor pourtant ! Le bourdonnement s'intensifie, si bien qu'Elisa est persuadée qu'elles sont cernés par une horde d'énormes moustiques près à frapper. Un flash bleu entre les branchages la fait sursauter. Là ! Ça semblait pas bien gros, mais le bruit était conséquent. Y en avait combien des machins ? La baguette pointe au hasard des bosquets, mais le regard cherche Angela. J'espère que tu sais te défendre au moins Adams !