Your Legacy is a Lies [Terminé]

ft Elhiya, LA mutuel et de Luke
Saison 32, 6 Juin 2179
Your Legacy is a Lies - Votre héritage est un mensonge

Doucement, elle cligne des yeux, puis les ouvre. C'est brumeux, elle est encore fatiguée. Son corps entier est en train de brûler. Pourtant ce n'est pas la première fois, c'était moins épuisant que la toute première fois. Elle a l'impression que tout va s'écrouler, qu'elle est incapable de faire quoi que ce soit. Elle tourne la tête, il fait encore nuit. Elle sait exactement ce qu'il s'est passé, il lui faut juste un moment pour se ressaisir et comprendre. Elle soupire en apercevant une silhouette humaine dans sa chambre. La brune sait très bien que ce n'est pas Luke. Il était là au bon moment, mais il doit être avec les autres enfants au Manoir à cette heure. Ou quelque part dans les couloirs de l’hôpital, elle ne sait pas trop. Elle lui a demandé d'être tranquille, parce qu'elle a besoin de réfléchir d'elle-même, savoir quoi faire.

Elle refuse, refusera de la prendre dans ses bras, contrairement à lui. Non ?

Sa poitrine se gonfle, sa mâchoire tremble face à la médicomage. Elle n'ose rien dire, ne rien demander. La brune reste stoïque, muette alors que ça devrait être un de ses plus grands bonheurs. Pourquoi ? Elle tente de se relever, mais elle est encore trop fatiguée. Juste de quoi faire la discussion, un cerveau qui retourne ses pensées pour savoir quel chemin prendre. Où elle est ? Dans le fond, elle a envie de la voir. De savoir qu'elle va bien. Un instinct qu'elle ne peut pas refréner, elle aura beau nier tout ce qu'elle voudra, c'est quelque chose qui outrepasse sa propre conscience.

Ses émeraudes s'ancrent dans les iris d'Elhiya. Ses poings se referment. Elle n'aime pas son enfant, alors pourquoi, elle ne peut s'empêcher d'y penser ? Il occupe toutes ses pensées, elle cherche même un prénom... Et il n'y en a qu'un qui lui vient à l'esprit, un que Luke aimait bien. Est-ce qu'elle va bien ? Tomber de haut. Elle veut y croire, sans le vouloir. Voir autre chose que son enfant décédé d'il y a un an. L'aimer comme elle ne l'a jamais fait. Est-ce vraiment possible pour Alhena, de ne pas aimer son enfant ? Elle a faillit le perdre, à cause des complications vis-à-vis de la faille. Elle aurait pu mourir. L'être frêle et si petit, il aurait pu ne pas voir le jour.

Elle avait paniqué, elle s'en souvient très bien. Pourquoi est-ce qu'elle n'avait pas crié ? Ils avaient tous crié à plein poumons la première fois. Alors pourquoi, quand elle l'avait vu, le nourrisson n'avait pas crié ? Tout était devenu très flou... Comme si elle ne voulait pas se souvenir.

Elle avait hurlé, non ? Qui avait vraiment hurlé ?

Mon LA Accordé
LA HArmony
♫

Une naissance. Tu ne regardais généralement pas trop de ce coté, enviant sans trop comprendre ces mères heureuses, ne pouvant supporter le pincement de ton cœur qui te rappelait combien tu voulais au final te poser, couver, pour de vrai, un petit être qui serait comme Lui Mais tu te contentais de chimères, enfonçant les mains dans les poches, ne demandant qu’a traiter des urgences médicales. Tu voulais des coupures, des brulures, des chutes, ou n’importe quoi qui pouvait t’éloigner de ce qui semblait t’être interdit. Toi tu t’occupais des mouflets du château, c'était déjà pas mal. Ils étaient grands, et une fois le couvre-feu passé ils t’avaient déjà tous oubliée. Une simple ombre dans leurs besoins… c’était plus simple… Pas d'implication.

Alors ce soir, quand à l’accueil on t’interpellait pour venir à l’étage de la salle du travail, t’avais rechigné, ce n’était pas ta priorité. Mais le nom sur la fiche t’interpellait : Alhena. Tu n’avais rien vu de sa grossesse –ou peut-être n’avais tu rien voulu voir-. L’infirmière de garde t’indiquais que la brune avait été amenée quelques instants à peine dans la salle, et qu’il fallait y aller, étant d’astreinte. Plus que ton nouveau Maitre, Alhena était une future nouvelle maman dont le dossier comportait beaucoup de rapports obstétriques et gynécologiques. La grossesse n’avait pas été facile, un déni? Des soucis avec la faille? Et pourtant, à Hollow elle t’avait semblée si forte, si sure d’elle, ne laissant rien transparaitre. Chassant de l’esprit l’idée qu’elle devait avoir une très forte détermination pour arriver à gérer autant dans sa vie de femme, tu regardais qui l’avait suivie pendant ses 9 mois et demandais à ce qu’on prévienne Harmony d’un hibou de l’arrivée du nouveau-né. Vu qu’elle avait suivi l’évolution du fœtus, elle devait être au courant.

Pour une fois, t’avais pas bronché, t’étais montée directement à l’étage, désinfecté tes mains, et rejoint l’équipe qui préparait Alhena. Pour ne pas la déranger dans le travail tu ne lui avais pas manifesté ta présence, vérifiant la régularité des contractions, du pouls –le sien et celui de l’enfant-, mais quelque chose n’allait pas assez rapidement. Sur la feuille tu n’avais pas vu de soucis avec le placenta, mais la danse du cœur de l’enfant n’étaient plus les bons, leurs bonds chantaient trop, ceux de la mère étaient stables pourtant. Tu demandais à faire venir Harmony, il fallait aider le bébé à venir au monde, les indications données à la maman par l’infirmière ne suffiraient pas, et tu ne voulais pas que la brune stresse, une présence réconfortante lui ferait du bien. Tu n’avais beau ne pas être mère, tu en étais persuadée.

Il fallait juste agir vite, autant que la rapidité à laquelle l’étudiante était arrivée. Un sourire de soulagement pour l’accueillir, tu savais qu’elle saurait apaiser la future maman, et toi, tu pouvais t’occuper de la nouvelle venue d’une taille bien frêle. A l’air libre, la jolie petite, n’était pas bien présentable, couverte de ses liquides de vie, tu la confiais à Harmony qui la montrait rapidement à Alhena, pour dire que tout allait bien, puis elle sortait pour la première toilette et t’occupais de la fin de l’accouchement. Il y’avait tant à faire dont elle ne devait pas avoir conscience que tu t’afférais pour que mère et fille puissent se rencontrer le plus rapidement possible.

Quelques longues minutes passaient. Ton nouveau maitre, qui te semblait si fragile à l’instant précis fut amenée dans sa chambre alors que tu attendais dans la même pièce. La petite emmitouflée dans un drap de l’hôpital coincée entre tes bras, tu avançais près du lit pour lui tendre sa fille. « Elle va bien ne t’en fais pas, elle a juste besoin de sa maman. Quand tu te sentiras la force, on la mettra en pyjamas, pour le moment c’est de toi dont elle à besoin, de ta chaleur et…. Désires-tu allaiter ou lui donner un biberon. C’est ton choix, les deux sont bons. Il faut juste que tu la prennes contre toi. Tu veux bien ? » Tu n’imaginais pas que celle qui t’avais dit que vous étiez tous une famille puisse avoir peur de serrer sa petite contre elle. Le sourire doux aux lèvres, les lapis passaient de l’une à l’autre. De la mère à l’enfant, ne sachant pas trop comment rassurer au mieux la brune après ce moment éprouvant. Mais l’enfant dans tes bras chouinait, couinait, réclamant les bons battements de cœur, ceux qui l’avaient bercée tant de mois. Et sans en douter, la petite avait faim aussi.

Avertissement

Ce RP mentionne du contenu sensible :

Autre : Sujet pouvant être sensible sur la grossesse

Afficher quand même

Un monstre.

Elle ne sait pas laquelle des deux l'est.

La brune regarde l'enfant qu'on lui tend. Elle a les bras qui tremblent, la gorge qui n'arrive plus à sortir un seul son. Par Merlin, elle en veut pas. Elle aimerait que sa fille n'existe pas, elle veut son autre enfant, celle qui n'est plus là. Elle ne veut pas tenir celle-ci. Et c'est dur. Elle déglutit. Elle regarde Elhiya, sa bouche s'ouvre et se referme, la brune veut s'exprimer, faire comme si tout était normal. Comme si sa vie était parfaite et que la naissance de cette enfant n'avait rien d'exceptionnel chez les Peverell.

Elle ferme les yeux et détourne les yeux en entendant les cris. Je ne peux pas, j'y arrive pas, je veux pas la prendre dans mes bras. Elle respire bien trop lourdement pour que ça ne soit pas une situation irréelle. C'est bel et bien arrivé, c'est là, devant ses yeux. Peverell réfléchit, encore et encore. Est-ce trop tard pour l'abandonner ? Non, elle ne peut pas le faire. Elle n'y arriva jamais, elle ne pourra jamais faire ce que sa propre mère a fait avec Azaël. Elle ne peut pas se cacher une seconde fois comme elle avait fait avec les triplés. Assumer.

Je vais l'allaiter... Juste... Un long soupire, bien trop douloureux pour qu'on ne s'en rends pas compte. Est-ce que tu peux la garder encore quelques secondes ? Je ne suis pas prête. Elle fait craquer lentement son corps, ses phalanges. Elle se relève finalement difficilement après quelques respirations. Pourquoi c'est toujours si difficile ? Elle se pose bien la question. C'était comme un sacrifice qui cette fois, lui arrachait bien plus que le dernier. Si les triplés, ça avait été plus facile parce qu'Adrian avait été là pour la couvrir, elle n'avait rien pour faire écran de fumée cette fois. Elle devait affronter ses ressentis et ce que la vie lui donnait. Prendre pour redonner la vie.

C'était probablement toi, qui hurlais de terreur, dit la voix.
Tais-toi, tais-toi,

Elle se tourne et Peverell observe son enfant. Elle le déteste tellement et pourtant, pourtant elle n'y arrive pas. Elle finit par accepter de la prendre dans ses bras, les tremblements ne cessent pas. Elle observe sa fille, ce petit être, par Merlin, ça lui donne envie de vomir. Elle fait l'effort quand même. Elle ne dit rien, alors que l'enfant se calme petite à petit. Puis soudainement, Je peux pas, ses bras s'élèvent vers la médicomage. Réveillant à nouveau l'enfant au passage, qui avait commencé par s'assoupir doucement. Je n'arrive pas à voir autre chose que Lyra. Tout grésille dans ses oreilles, elle ne s'entend plus penser. Son corps réclame à nouveau sa fille parce qu'elle garde les bras tendus vers son enfant. Ses paroles vont à l'inverse de son inconscient. J'aimerai être assez forte, dépasser le deuil. Mais elles sont si semblables.

Bien que Lyra ait grandi entre temps, elle se souvient encore de la première fois qu'elle a tenu ses enfants dans ses bras. Elle se souvient du regard de Vesper qu'il l'observe chaque jour de l'année depuis la mort de sa sœur, et Alhena déteste les miroirs. Elle déteste le sien, elle déteste celui de ses enfants. Et ça en est encore un de plus. Son propre comportement la dégoûte, la déroute, parce qu'elle se perd dans ses propres peurs. En fait, je peux encore la tenir encore un peu dans mes bras ? Elle ne sait plus, sa tête se cale contre le cousin derrière-elle. Il n'y a pas de larme, elle aimerait, mais ses sentiments sont si incontrôlables. La froideur incarnée qui revient geler ses veines pour qu'elle enfile à nouveau un masque et qu'elle s'oublie soi-même.

Il faut faire ton devoir,
Fait ce que je te dis, disait la voix de sa mère

Mon LA Accordé

♫

Son regard.
Son regard te troublait. Alhena semblait hésiter, ou ne pas vouloir. Les sourcils se fronçaient que brièvement, tu ne connaissais pas son histoire, tu ne pouvais pas juger ou parler. Puis les mèches brunes tournoyaient soudainement, cachant la mère, exprimant une peur ou un refus. Par réflexe tu berçais doucement l’enfant, lui offrant un peu de ta chaleur. Le biberon ne prenait que quelques minutes à faire, quelques pas suffisaient pour aller le préparer, la petite fille pouvait rester avec toi en attendant. Puis la vérité s’extirpait difficilement de la bouche d’Alhena. Elle n’était pas prête. Ton sourire la couvait soudainement avec tendresse, tes opales validaient d’un mouvement de tête. Ce n'était pas grave Chacun à son rythme

Du temps.
Il lui fallait du temps. Il était possible de le lui offrir. Avec ce lait artificiel. Sans la presser, sans la forcer. Tes bras continuaient le mouvement de balancier pour faire patienter l’enfant. La mère se relevait, tremblotante et fébrile. Elle se faisait violence, ça se voyait. Mais les cris de la petits se fanèrent, reconnaissant que trop bien les battements du cœur maternel. Une se soulageait, l’autre semblait se décomposer. Mauvais échange de procédé Lèvres pincées désolées, tu récupérais le nourrisson et acquiesçait d’une danse de cheveux d’or. Ne pas se forcer. Jamais. Tu voulais le lui dire, la rassurer, qu’elle n’en viennait pas à culpabiliser. Mais la brune usait soudainement d’un prénom inconnu. La curiosité se mourrait instinctivement en voyant ses mains se tendre à nouveau. Conflit intérieur chez la maman. Il lui fallait du repos nécessairement, à moins que ce ne soit autre chose.

Et là...
Écorchant les murs de la pièce aux couleurs pastel, les maux d’Alhena explosaient et dégoulinaient du mur au plafond. Tu n’avais pas pu lire son dossier au complet, tu n’avais pas vu si la mention d’un enfant perdu avait été rajouté, tu n’avais pas pris le temps de demander à Harmony. Tu culpabilisais de lui avoir quasi imposé l’étreinte à sa fille à peine née. Pourtant, la persuasion restait, mère et fille devaient se rencontrer. Peut-être pas de suite, peut-être pas en peau à peau, peut-être avec quelques distances mais dans la même pièce ? Tant d’options à offrir à la brune que tu avais peur de trop lui dire d’un coup. Alors, ce même sourire posé sur les lèvres, peut-être un peu trop compatissant, tu lui proposais une alternative, des secondes de répits pour souffler, tacher se faire conflit avec sa propre conscience. « Je l’habille et je te la donne d’accord ? J’ai pris le petit pyjama qui était tout en haut du sac, si tu en préfères un autre, dis-moi. Ça ne prend que quelques instant pour la mettre au chaud. Mais tu sais…. Ne te force pas si tu ne veux pas de suite… » Te déplaçant juste à coté de son lit, tu lui montrais d’un signe de tête le berceau transparent.

Chose pratique pour voir l’enfant à tout moment, chose pratique pour l’éloigner aussi si le besoin s’en faisait ressentir. Quelques grains de sabliers écoulés, le bonnet enfoncé sur la tête de la petite demoiselle, tu te retournais vers Alhena, tout près de ses draps. « Si tu n’es pas prête, ne t’en fais pas, ce n’est pas grave, tu n’as pas à l’être de suite. D’un coup de baguette le biberon se fait » Ces biberons étaient tout prêt, il n’y avait qu’à viser la tétine après avoir décapsulé la bouteille. « Je ne pars pas, je reste là, dis-moi ce que je peux faire pour toi. Mais la petite doit boire Alhena…. Le papa a dû être prévenu, veux-tu attendre qu’il arrive et qu’il la nourrisse ? » Trop de questions, tu le savais. Mais tu n’avais pas le droit de prendre ces décisions pour elle, tu ne pouvais que la guider et la conseiller…. « Je sais que ce n’est pas Lyra, elle ne la remplacera jamais… Alors si tu veux du temps pour toi, tu as le droit.. Tu as le droit de pleurer, tu as le droit de ne pas l’aimer maintenant, tu as le droit de ne pas vouloir la voir aussi, tu sais… Ne te force pas, prends ton temps, il n’y a aucun souci avec ça. » Simple vérité, accompagnée d’un sourire attristé. Comment faire plus ?

Ce qu’il lui fallait c’était du temps. Mais l’enfant était un de ces êtres capricieux, désireux de voir ses besoins assouvis. Ca aussi c’était normal… « Je peux lui donner le biberon aussi si tu le désires elle sera plus calme après, ca te permettra de te reposer... » Même si ca n’effacerait jamais la douleur béante du passé que la brune trimballait dans son sac de maternité

Je l’habille et je te la donne d’accord ?

Elle hoche la tête, ne répond pas, ne s'oppose pas, à quoi que ce soit. Elle ne se préoccupe pas de ça, de l'habit qu'elle allait porter. Pourtant... Le passé envahi encore son être entier. Une comparaison encore et encore. La dernière fois, elle les avait tenus quelques secondes avant qu'on les lui arrache. Aujourd'hui, c'est l'inverse. L'enfant réclame et la mère repousse, pourquoi ? Alhena n'est pas comme ça, elle ne peut pas être comme ça. Tu ressembles à ta propre génitrice. Elle se haït pour cela, parce qu'elle avait toujours refusé d'être ce que ses propres gênes lui imposaient. Non, pas ses gênes, son éducation. Ils n'étaient pas tous détraqués dans la famille, juste elle et James. Peut-être probablement Elladora aussi. Mais ils n'avaient pas tous était pris dans cette vague de démence et de tourments. Le problème venait simplement de leurs parents, de ce que son propre corps a enregistré. Car, qui aurait pu croire, qu'un jour, l'enfant qui pleurait dans cette forêt rouge, soit un jour mère ? Personne. Elle réagissait de la même manière que celle qui lui avait donné vie, celle dont elle voulait être tout, sauf le portrait.

Non. Sec. Autoritaire à la mention du père. Le problème ne viendra pas de lui, pas cette fois. Alors ça pouvait attendre. Elle devait se faire violence, c'était son devoir, c'était ce qu'elle devait faire et rien d'autre. Soit ce qu'on te demande d'être, toujours. Obéis aux lois de la nature, aux normes, à ce que la société voudrait que tu sois. Ton image est en jeu, fais attention. Fais attention tout le temps. Ne baisse pas ta garde. La voix de sa mère qui tourne en boucle dans sa tête. Elle avait un statut, un nom, une réputation, elle n'échappait pas à la règle malgré tous les efforts du monde. Elle faisait tout pour se cacher et pourtant, on la tirait en arrière pour qu'elle assume la charge d'être la détentrice des rênes des Peverell. Un fardeau, une certaine injustice. Cela n'aurait pas dû être moi, alors pourquoi ?

Non. Encore une fois, mais plus doux. Je n'ai pas le droit à tout ça, de prendre le temps de faire ça... parce que je l'ai déjà fait. Parce que je me suis promise de ne jamais recommencer, de plus jamais abandonner. De ne pas suivre les pas de ceux qui m'ont élevé. Elle tend à nouveau les bras, prends délicatement l'enfant alors que son regard se voile. Elle va s'en occuper, parce qu'elle ne l'avait pas fait avec les autres. Le lait maternel est bien meilleur que celui qui n'est pas naturel. Elle tremble de tout son long, alors que la nouvelle née se calme et lentement se nourrit. Un silence pesant, Alhena ne regarde même plus ce qui l'entoure. Elle serre juste les dents et sa fille, comme si elle allait la perdre. C'était si contradictoire comme scène. Les minutes paraissent si longues. Est-ce que tu peux rester avec moi Elhiya ? Sa voix s'essouffle, comme si elle se fanait. J'aimerai savoir... est-ce qu'elle a crié ? Est-ce qu'elle a hurlé à la vie comme ses frères et sœurs ? Je ne me rappelle pas. Je crois qu'en fait, même, je ne voulais pas m'en rappeler. Au fond de moi, je ne voulais pas l'entendre. Je ne voulais pas qu'elle vive. Pourtant, j'ai eu si peur de la perdre elle aussi. Et je la déteste en même temps, comme tous ceux de ma famille au final, mais elle se retient de le dire.

Ses doigts fins caressent le visage rond du bambin, mais la brune possède toujours cette ombre sur le visage. Elle n'arrive pas à remettre son masque, à redevenir un instant ce qu'on attend d'elle, ce qu'elle doit montrer aux gens. Tu sais pourquoi la plupart des gens m'évitent ou pensent que je suis faite que de glace et d'amertume ? Elle marque une pause. Parce que je suis persuadée qu'il est bien plus dur de ressentir certaines choses, que de ne plus rien ressentir du tout. Et étrangement, comme si c'était inattendu, une lueur du soleil à travers l'orage. Elle relève la tête, elle a ce visage insondable, sans sourire, sans haine, juste lointain. Pourtant, quand je suis avec chacun de mes enfants... Il m'est impossible de ne rien ressentir. Je les ai tous rejetés et je n'ai jamais réussi à ne pas briser la barrière qui les protégeait de moi. La brune regarde enfin la médicomage. On ne se connait pas encore assez bien, je le sais. Mais promets-moi que tu la protégeras de moi, des autres. Est-ce que tu penses pouvoir faire ça ? Et un sourire éteint se dessine lentement sur ses lèvres. Ce n'est pas grave, si tu ne peux pas... Peu de gens en sont vraiment capables.

On pourrait se demander pourquoi, soudainement, elle lui disait ça ? Pourquoi elle lui faisait une telle requête...
Alhena vous répondrait tout simplement : parce que je suis humaine, rien de plus.

Mon LA Accordé

♫

Un refus total et absolu de la venue du père. C’était basiquement la seule chose qui t’avais réellement surprise. Pourtant, aucun mot ne sortait de ta bouche, un simple acquiescement de tête pour lui confirmer que son souhait était pris en compte. Pas de père. Pas aujourd’hui en tout cas. Alhena avait forcément ses raisons. Pas de questionnement, ce n’était pas ton rôle, vous n’étiez même pas intimes. Ici, tu ne devais que t’occuper de la santé de l’enfant et de la mère, outrepasser tes droits ne te venait même pas à l’esprit.

Tu t’exécutais avec douceur, écoutant, attentivement les paroles de la brune sans vraiment les comprendre. Du Temps, tout le monde en avait, il suffisait de bien vouloir accepter de le gaspiller, sans pour autant estimer qu’on abandonnait. Facile à dire du haut de ta 20aine, quasi redevenue célibataire, et surtout sans personne à charge à part toi-même. Alors, tu gardais le silence, n’assurant pas que le colostrum était très important pour le bébé, laissant la brune se faire violence tout en restant à ses cotés. A ton niveau, il n’y avait pas grand-chose que tu pouvais faire, tes opales se ternissaient sur la scène, t’interrogeant sur comment la brune arrivait à traverser cette épreuve avec autant de sang-froid, sans fondre en larmes ou crise de nerf.

Sa question te refaisait lever le nez, les mèches d’or sautillaient en validant, tu ne comptais pas la laisser seule, sauf si elle en réclamait le besoin, même si tu ne savais pas vraiment quoi faire pour la soulager. Machinalement, tu attrapais le coussin de grossesse pour le lui proposer et soulager les gestes de l’allaitement. Ses interrogations fusaient, contradictoires avec son comportement lors du retour de l’enfant dans la pièce, mais tu ne notais pas, ne pouvant te le permettre, te contentant de sourire avec douceur. « Elle va bien, ne t’en fais pas. Elle est très belle et pleine de vie » Peut-être des mots que la maman ne voulait pas entendre, mais c’était pourtant la simple vérité, et voir ton nouveau maitre caresser avec douceur le visage du nourrisson te donnait espoir. Ce lien mère-fille trouverait peut-être le jour, même si ce n’était pas de suite.

Pourtant, cette flammèche lumineuse vacillait un instant. Des aveux que tu comprenais à ton petit niveau de demoiselle. Ressentir pleinement les choses étaient affreusement douloureux et perturbant. Tu t’étais perdue dans les méandres de ce genre de labyrinthes depuis si jeune que tu ne voulais valider entièrement qu’ériger des murs autour de soi était une solution viable. Mais en tant que maman, cela était-il vraiment possible ? Les lapis interrogeaient silencieusement, cherchant des réponses dans les gestes de la jeune mère, souriant à cette réalité qu’elle acceptait de dépeindre. Avec ses enfants, elle ne pouvait fermer les portes de ses émotions. Normal, à ton avis. Mais tu ne voulais rien dire, estimant que tu n’en avais pas le droit. Ni sur le rejet, ni sur cette idée étrange qu’Alhena avait de dire qu’elle devait protéger sa progéniture d’elle-même. Que cachait-elle pour avoir peur pour eux s’ils étaient avec elle ?

Pas de réponse, mais à la place une requête qui haussait tes sourcils bien au-dessus de tes opales ternies. « De… toi ? » et des autres ? Tu ne saisissais pas bien, et esquissais une moue circonspecte quelques secondes. Et Azaël alors ? Il était de la même famille non ? Bien plus légitime que toi à prononcer pourtant ces mots d’une fébrile sincérité. « J’ignore si je suis la bonne personne pour ça. J’ignore si j’ai les capacités nécessaires pour. Mais je t’apporterai l’aide que tu veux. Ici, à Hollow ou ailleurs… Avec la petite bien sur… Mais pourquoi… pourquoi vouloir la protéger de toi ? » Les yeux se détournaient un instant, la canine se plantait dans la chaire molle de la lèvre inférieure avant de se heurter a nouveau aux prunelles de la brune, trop tot pour cette question. « Cette question peut attendre, Je tacherai de t’aider au mieux, ne t’en fais pas. D’ailleurs, comment veux-tu l’appeler… » Tu ne savais pas pourquoi tu avais accepté, peut être car t’avais toujours aimé le rôle de baby sitter, même si là ce n’était pas pareil. Peut être car c’était la première fois que tu voyais Alhena dans cet état et que depuis toujours tu étais incapable d’être imperméable à la douleur d’autrui.

Tu ne savais pas, mais tu savais qu’il fallait un nom à cet enfant, que son existence soit rendu officiellement réelle, tant sur l’administratif que pour la maman, afin qu’elle puisse tourner la page sur sa petite disparue.

De… toi ?

La brune la regarde. La contemple. N'est-ce pourtant pas si évident ? Alhena pensait, plus que quiconque, qu'il était simple à comprendre que le plus grand danger de ses propres enfants, c'était bien elles-même. Trente-trois autant que Peverell. Elle n'amenait jamais rien de bon dans la vie des gens, simplement des complications, des malheurs, des leçons de vie dont on aurait bien pu se passer. Une douleur aiguë dans chaque parcelle de chair. Il était clair, que malgré toutes les bonnes intentions qu'elle pouvait avoir, elle finirait par écraser le peu de ce qu'on lui donnait. Non pas par égoïsme, mais parce qu'elle était comme ça. C'était comme écrit dans ses veines et elle avait beau s'en débattre, ça ne changeait rien au fait, qu'elle avait l'impression de n'avoir jamais rien fait de bien dans sa vie. Derrière ce masque de perfection, des erreurs en boucle, l'ouroboros de la peine. Un jour, j'aimerai trouverai un monde où les larmes ne seraient qu'une légende urbaine.

Le mythe de la pureté.

Cela ne te paraît pas évident ? Probablement que la blonde ne la connaissait pas encore assez pour comprendre, pour voir à travers la froideur, les murs de glace qui entouraient sa propre âme. Je ne peux pas exploser, pas maintenant, mais un jour je le ferai vraiment. Alhena était comme une bombe à retardement d'émotion. Une colère, une douleur, qui s'accumulait sans jamais rien évacuer. Pourquoi ? Parce qu'elle ne savait pas gérer ses sentiments.

Elle ferme les yeux un instant, dans un soupire. Un jour tu comprendras. Je n'ai pas besoin de t'expliquer, tu le verras de toi-même. La maladie... mentale. Pause, un murmure. L'innocence... Ne se perd pas, on la vole. Corrompue. Elle ne finit jamais la phrase. La laisse mourir dans ses pensées. Laisse l'imagination de l'autre chercher ce qu'elle sous-entends, ce qu'elle évoque. Il n'y a pas mille mots pour comprendre que les Peverell ne sont pas les mieux placés pour fonder des familles. Jamais rien ne se passe comme prévu. Ils ont beau grandir comme ils peuvent, leur passé n'est jamais très loin. Toujours le même refrain qui ne s'arrête pas, même après des siècles d'existences.

Plongée à nouveau dans la réalité. Une réflexion qui avait duré, ou pas vraiment avec son mari. Le nom de cet enfant, qu'elle n'aurait jamais cru voir. Elle pensait que la faille avait fait en sorte que jamais, elle ne devienne mère à nouveau. Elle pensait qu'elle aurait encore du temps, que ce ne serait pas imminent. Elle se haïssait pour l'avoir pensé. Parce que maintenant elle savait, elle comprenait enfin. Dans le regard de ses filles, de son fils, elle voyait ses propres peurs, sa propre mortalité, la leur. Les erreurs. Brisée, une flèche en plein cœur. Voilà ce qu'était cet enfant. Cordelia... Un souffle, une douceur. Cordelia Regina Peverell Belt. Un titre à porter, un ton plus dur. Le nom complet, qui marquait ses origines, ses devoirs. Elle n'était pas juste une enfant comme les autres à l'avenir. On lui imposerait ce que le monde souhaitait d'elle. C'est le prénom qu'on a décidé avec Luke.

Pourtant, au plus profond de son âme, la brune sait. Comme si elle connaissait déjà l'avenir. Elle pouvait deviner que cette enfant serait tout, sauf ce qu'elle pouvait désirer à ce jour. Cordélia serait blonde, comme son père, à l'inverse de sa fratrie. Des yeux verts, comme Lyra, comme Alhena, insupportable à soutenir. Trop obéissante pour avoir un vrai caractère face à sa mère. Trop capricieuse et émotive pour être stable avec les autres. Comme Galatéa. Donner des coups de pieds quand elle n'avait pas ce qu'elle voulait, hurler et se rouler par terre quand ça n'allait pas. Peverell ne lui apprendrait pas à gérer ses émotions par la froideur, par cette indifférence. Elle n'y arriverait pas. Elle y verrait quelqu'un d'autre, toute sa vie. Elle savait à l'avance que ça serait quelque chose comme ça. Et la brune n'avait aucune idée d'à quel point elle avait tort, à quel point cet enfant serait bien pire que tout ce qu'elle pouvait imaginer.

Elle serait son propre antéchrist.

Mon LA Accordé

♫

Evidant ? Qu’il y’avait-il qui devait te paraitre évidant ? Trop de paramètres te manquaient. Les seuls que tu avais étaient ceux que la brune t’avait donnés : son matricule, sa capacité d’enseignement, la force dont elle faisait preuve pour chaperonner des Mangemorts, et celle pour étreindre une enfant qu’elle disait ne pas vouloir/pouvoir enlacer au départ. Alors non, tu ne voyais pas en quoi Alhena était plus dangereuse que n’importe quelle autre mère qui avançait forcément sur des œufs à chaque pas qu’elle faisait. Ta tête s’inclinait doucement en les regardant, elle, et sa fille. Si le danger existait vraiment, la brune ne l’aurait pas prise dans ses bras, ne l’allaiterait pas. Ça n’avait pas de sens pour toi. Alors tu ne répondais pas.

Les sourcils se fronçaient juste à l’association de deux mots, te faisant vraiment regreter de n’avoir pu avoir le dossier médical d’Alhena dans les mains. Les yeux se baissaient légèrement, observant la petite qui ne pouvait comprendre ce qui se passait autour d’elle. Chanceuse innocence tout de même que d’ignorer tout ce qui existait, jusqu’à même son propre prénom enfin dévoilé. « Cordelia.. C’est très joli » Qu’importait le nom, de toute façon, ce n’était qu’une simple étiquette dont le bambin, en grandissant, validerait ou non. Une simple nomination que tu notais sur le bloc accroché au berceau transparent juste à côté. Nom au complet, les deux prénoms, les deux noms de famille, bien long pour une si petite fille. Bien lourd comme bagage quand même.

Tu reposais la petite tablette sur le petit lit, l’installant penché vers l’avant comme on te l’avait montré pendant tes cours et laissais les opales caresser la scène qui se jouait devant toi. « Désires tu que vous laisse un peu ou que je l’amène à la nurserie du temps que tu te reposes ? je resterai avec elle » Protocole non obligatoire, mais quitte à avoir accepté à garder un œil sur cette petite aux cheveux clairs, tu voulais bien rester au niveau des berceaux pour remettre les couvertes et surveiller les exigences infantiles. « Tu me diras quand tu te sentiras la force d’avaler quelque chose, ça, il va falloir te forcer un peu.. Pour toi surtout » Doux sourire patient, te doutant qu’Alhena devait avoir milles choses bien plus importantes en tête que se sustenter. Mais t’attendais quand même, qu’elle te dise ce que tu pouvais faire de plus sur cet instant où tout ce qui semblait t’entourer n’était qu’impuissance.

L'espoir est quelque chose de dangereux pour une femme du calibre d'Alhena. C'est quelque chose qui la transforme, fait trembler sa terre jusqu'aux étoiles. Un flou de peinture sur son horizon, là où le ciel touche la mer. Elle y plante ses griffes, s'y accroche si fort qu'elle n'en ressort jamais vivante. Comme si les morceaux de sa peau s'éparpillaient petit à petit à chaque déception. L'espoir, c'est mortel. Cet enfant, les paroles qu'on lui disait, qu'on lui avait dit, embrasaient un feu. Sauf que pour la brune, il était impossible de ne pas se rappeler que le feu justement... ça brûle. Alors, il était évident pour elle, qu'elle se tiendrait loin de tout et n'attendrait rien de plus que ce que le néant peut vous apporter.

Fuir avant d'être abandonnée, d'être rattrapée par la mort_

Alhena depuis quelques temps, était comme un être divin qui faisait l'expérience sordide d'être de l'humanité, du commun des êtres vivants. Elle ne s'était jamais crue vraiment au-dessus de tout, jamais. Du plus profond de son âme, la brune connaissait les vérités, c'était juste que les mensonges étaient plus faciles à avaler en pilule que la réalité. La vérité pure et simple, est rarement pure et jamais simple, disait Oscar Wilde. Une très belle définition de Peverell et de comment elle survivait face au reste du monde. Son vrai problème, c'était qu'elle savait la délimitation entre ce qui était bon et mauvais, et que... elle la dépassait quand même. Et souvent, les remords, ça ronge.

Je vais... La garder avec moi. Elle se mord la lèvre inférieure. Et je veux bien manger quelque chose, je pense que j'en ai besoin. Elle n'avait absolument pas faim, mais elle se connaissait assez pour savoir que cette sensation n'était que mentale. Son corps lui, était bien différent de sa tête. Ce n'était clairement pas la première fois qu'elle dissociait les deux, ce ne serait pas la dernière fois non plus. La brune avait un miroir sous forme de sœur jumelle, il n'empêche qu'elle avait toujours eu l'impression qu'elle n'était jamais seule avec elle-même. Une double personnalité ? Ou tout simplement un mécanisme de défense face à ses traumatismes ? Elle ne se posait pas la question, sa deuxième famille l'aidait à contrôler ce qu'il y avait à retenir chez elle : sa propre haine.

Tu veux être sa marraine ? C'était sorti sans vraiment qu'elle le remarque, mais c'était une vraie question. Elles n'étaient peut-être pas si proches que cela, mais elles étaient une famille pour la brune. D'une manière ou d'une autre. Alors, Alhena faisait ce qu'elle avait toujours fait, elle se tournait vers l'obscurité pour que ses enfants puissent continuer à briller. On pourra en reparler une prochaine fois si tu veux. Elle laisse échapper un dernier sourire.

Un sourire qui glace jusqu'aux os, car jamais elle ne changera.

Fin du RP