Si un lion traversait la salle commune des Gryffondor, il serait persuadé, en voyant Morgana et Arthur ensemble,, que ce dernier était en train de dormir paisiblement, bercé par les caresses de la jeune femme. La respiration du bouclé était lente et régulière, tout comme celle de Stray qui ronronnait de moins en moins fort, preuve que lui, était bel et bien en train de s’endormir. Du bout des doigts, il caressait discrètement et distraitement les poils longs et doux de son demi-Fléreur. Il était presque jaloux. Lui aussi aimerait regagner les bras de morphée, mais c’était impossible. Il pensait trop. Il était envahi de questions et était encore rongé par la culpabilité. Culpabilité envers son ancien petit ami, mais aussi envers Morgana. Et tout cela, l’empêchait de dormir et s’accumulait donc, le manque de sommeil. Arthur avait, et depuis longtemps, l’habitude de ne pas beaucoup dormir la nuit, mais il se rattrapait toujours en cours ou dans la salle commune, à l’aide de sieste plus ou moins longues. Mais même les siestes ne voulaient pas de lui. Et même les caresses de la lionne ne suffisaient pas à l’aider à se reposer.

Mmh ? Il ouvrit légèrement les yeux, rencontrant le joli visage de son amie. Ah. Elle parlait de Sray et d’Iris. Ouais, c’est clair. Il rit doucement, approuvant ses propos. Deux mois qu’il tentait de rester lui-même face à ses proches. Parce que ce n’était pas lui de se montrer triste. Parce qu’il ne voulait pas les inquiéter. Il savait qu’il y avait pourtant des indices, idiots, mais qui prouvait bien qu’il était affecté par cette rupture. L’odeur de la cigarette qui traînait de plus en plus souvent sur ses vêtements. Les yeux rouges, le soir, dû à de l’herbe. Le ballon de football qui sortait de moins en moins du dortoir. Arthur referma les yeux et soupira. Est-ce qu’il devait lui dire la vérité ? Est-ce qu’elle allait être blessée ? Est-ce qu’elle allait lui en vouloir ? Allait-il la perdre, elle aussi, pour une stupide erreur de parcours ? Il contracta les poings quelques secondes. Que devait-il faire ?

Le Français rouvrit les yeux et observa la jolie blonde pendant de longues secondes. Encore fois, si on lion passerait par là, il aurait l’impression de voir un couple tant Arthur ne bougeait pas et paressait contempler Morgana. Pourtant, il réfléchissait. Voulait-il vraiment lui arracher ce doux sourire qu'elle arborait ? Non, bien sûr que non. Seulement, il n’arrêtait pas de culpabiliser. On ne lui avait pas laissé le choix pour Aliocha, ce dernier avait appris la tromperie par la bouche de quelqu’un d’autre. Le bouclé ne voulait pas que ça recommence. Il préférait qu’elle l’apprenne de sa bouche, plutôt que de celle de l'autre garçon. Morgana… Commença-t-il, presque en chuchotant et en détournant le regard vers le feu de cheminée. Honteux et coupable. Je t’ai pas tout dit sur ma rupture avec Aliocha. Jusque-là, il ne lui apprenait rien. Elle devait s’en douter puisqu’à part lui avoir dit qu’il avait été largué par Lio, il n’avait rien ajouté. Mais ce début de phrase était un bon moyen d’entamer la conversation. S’il m’a quitté, c’est ma faute. Et ça, c'était compliqué à avouer. A s'avouer. Arthur n’avait pas bougé. Peut-être que s’il restait contre elle, elle allait mieux supporter la nouvelle ? Il prit une inspiration et dit, cette fois plus fort : Je l’ai trompé avec. Mais il s’arrêta, une courte pause de quelques secondes. Il était lâche hein ? Avec quelqu’un. Etonnant tout de même, pour quelqu’un qui se montrait habituellement si loyal avec ses proches.

C’était dans ces moments-là, lorsque Arthur devait parler amour, sentiment, d’aveux honteux ou tout simplement se confier, qu’il se sentait peu digne d’un Gryffondor. Tout son courage s’envolait en un seul claquement de doigts et ne restait qu’au final, la lâcheté. Ses doigts caressaient Stray avec automatisme, un geste machinal qui le permettait de s’occuper, de se sentir légèrement moins nerveux. Le bouclé ferma les yeux et se mordit l’intérieur de la lèvre inférieure. Il s’insultait intérieurement de ne pas avoir dit toute la vérité d’une seule traite à Morgana. Il culpabilisait encore plus parce qu’elle continuait à lui caresser le crâne malgré son infidélité et elle l’encourageait à se confier d’une voix douce, dont elle seule avait le secret. Même dans les moments où il était en faute, elle essayait de le réconforter. Il était faible face à elle.  

Le lion passa ses mains sur son visage en soupirant bruyamment. Il détestait cette situation et la nervosité. Tu sais très bien que c’est pas des choses qui arrivent. Grogna-t-il, pas énervé contre elle, mais contre lui. Ce n’était pas des choses qui arrivaient, ce n’était pas involontaire. S’il avait su rester fidèle et contrôler ses hormones ainsi que sa consommation d’alcool il n’en serait pas là. Il prit du temps avant de répondre à la deuxième question. Non pas qu’il doutait, il était certain de ressentir aucun sentiment amoureux. Par contre, il fallait s’avouer qu’il était très attiré physiquement et sexuellement. Non. Il rouvrit les yeux et pencha légèrement sa tête en arrière, pour rencontrer le regard de son amie. C’est pire, hein ? Forcément que ça l’était. Il avait brisé son couple et le coeur de son ancien petit ami pour une pauvre soirée. Une pauvre erreur.

Pourtant… Le Français baissa de nouveau les yeux, pour observer les flammes de la cheminée. Je ne sais pas si je regrette… Courte pause. Enfin ! Si ! Si si, je regrette. Se rattrapa-t-il très rapidement. Puis, il se remit à chuchoter. Aliocha ne méritait pas ça… Son ventre se noua. Il allait avouer à l’oral ce qu’il n’osait même pas penser. A chaque fois, il cherchait à vite passer à autre chose. Mais je crois que je préfère être célibataire… Second soupir. Arthur avait toujours eu besoin de se sentir libre. Très libre. Il avait ce besoin constant d’évasion et de liberté. Malheureusement, en étant en couple, il savait qu’il en perdait une infime part. Le problème c’est que je… Il fit claquer sa langue contre son palais et grogna de mécontentement. Il l’aimait encore. Cela faisait environ deux mois que les deux garçons étaient séparés et pourtant, il était encore amoureux. Enfin c’est Lio quoi… Mais ce n’était plus véritablement un problème en vérité, puisque le français l’avait quitté et n’avait apparemment pas l’intention de pardonner à Arthur. Ce dernier n’avait pas non plus essayé de revenir vers son ex petit copain parce qu’il n’arrêtait pas de se questionner. Ca le tiraillait. Qu’est-ce qui était le plus important pour lui ? Sa liberté ou Aliocha ? Lequel des deux il préférait abandonner ?

Il n’y avait rien de plus agréable que de rester plusieurs heures avec Morgana. Il pourrait passer des jours entiers à simplement se reposer avec elle, tant pour parler, pour dormir ou traîner. S’il ne se sentait pas autant coupable, Arthur serait en train de passer son meilleur après-midi. Papouilles, cheminée, chat ronronnant. La voix douce de la jeune femme le berçait autant que ses mains dans ses bouclettes. Il l’aimait - et cela n’avait rien à voir avec l’amour, mais l’amitié - pour sa gentillesse et sa capacité à se retenir de le juger. Quoi qu’il faisait, elle le soutenait. Ouais… Avoua-t-il toujours aussi peu fier. J’étais en boîte, du côté moldu de Londres. Le lion contracta la mâchoire et souffla de nouveau d’agacement. Ce qui m’énerve c’est que j’aurais pu empêcher ça. Parce qu’on s’était déjà vu une nuit quand j’arrivais pas à dormir. Dans le local de L.E.G.I.T. Les profs sont intervenus avant. Je pense qu’il se serait passé la même chose s’ils n’étaient pas arrivés. Et ça me gonfle parce que… Raah je savais du coup. Je savais que... Il lui plaisait ? Il l’attirait sexuellement parlant ? P*tain et j’ai rien empêché tu vois. Comme victime de ses hormones qu’il ne savait absolument pas contrôlé.

Le lion ferma les yeux, mais toujours aussi peu détendu. Quelque chose clochait dans leur relation ? Impossible. Les défauts et les qualités d’Aliocha le rendaient indiscutablement parfait. Il n’avait jamais commis une seule erreur avec Arthur, ne l’avait jamais fait souffrir, bien au contraire. Quelque chose clochait chez le bouclé, cela lui paraissait déjà plus probable. Il avait tout pour être heureux dans cette ancienne relation, avait tout pour être heureux dans sa vie, mais il n’était jamais satisfait. Pas assez. Il lui manquait toujours quelque chose. Pourtant, il ne se sentait pas plus capricieux que d’autres. Pas plus que son ex petit ami en tout cas.

Il avait fait une erreur, il la regrettait amèrement. Tout de même, est-ce qu’il ne risquait pas de la reproduire ? Est-ce qu’il serait cet éternel insatisfait en quête constante d’une certaine liberté, même dans ses relations. Morgana allait-elle garder le même discours lorsqu’il lui avouera celui qui l’avait accompagné dans cette infidélité ?