Quand l'amitié devient une histoire de famille [En cours]

Saison XXXII - Juillet 2179
Avec Theya

La journée était belle, ensoleillée, un week-end qui s'annonçait reposant, sans boutique, sans aventures périlleuses - dommage pour moi -, seulement avec la beauté du jardin et un verre de jus multivitaminé qu'Arty m'avait préparé avec soin. Vêtue d'une longue robe fleurie qui m'arrivait au-dessus des genoux, je m'étais installée depuis dix bonnes minutes sur l'un des canapés du salon de jardin, les jambes tendues puisqu'il devenait compliqué de s'installer confortablement avec un ventre si imposant. Si j'appréciais grandement porter ma fille, il commençait à me tarder de la tenir dans mes bras, là où son poids sera moindre, là où elle ferait connaissance avec ses parents, avec le monde. Un monde pas toujours joyeux, mais avec un père Mangemort, je me plaisais de me dire qu'elle ne craignait rien. Aucun autre n'oserait s'en prendre à elle. En quelque sorte, son appartenance à l'Ordre Noire est davantage une protection qu'une mauvaise chose et j'aimais me dire qu'on parviendrait toujours à lui cacher toutes nos actions - une pensée bien naïve. Mais j'étais persuadée que l'on finirait par trouver le moyen de l'éloigner de tout ça. De la laisser grandir à son rythme, faire en sorte qu'elle ne s'inquiète pas comme une adulte, comme on avait pu le faire très tôt. Il fallait penser aux choses dans le bon ordre.

D'ailleurs, si je suis restée à la maison aujourd'hui, ce n'est certainement pas pour faire la sieste, tourner en rond et ne rien faire, ce n'était pas mon genre. Non, j'avais demandé à Theya de venir passer l'après-midi au Manoir. Arty étant pris par son travail d'acrobate, j'avais espéré qu'elle accepte de découvrir notre maison. D'autant plus que cette invitation n'était pas anodine, mais ça elle ne le savait pas encore. Theya et moi nous étions rencontrées tout à fait par hasard à la fin de ma septième année à Poudlard. Je lui avais sauvé la vie, puis elle avait sauvé la mienne, deux mésaventures qui nous avaient rapprochées et qui faisaient de nous ce que l'on était aujourd'hui : inséparables. Notre relation n'a jamais été très rose. Les disputes, les claques et les regards de dégoût et de déception avaient tracé des lignes de travers sur notre chemin, nous avions toujours fini par les contourner. Sans elle, je serais certainement plongée dans un sommeil éternel, le visage déformé par la douleur et la fatigue, trop optimiste d'avoir pensé que je pouvais voler sans ailes. Si dans ma tête il restait encore beaucoup de travail, l'apparence était plus jolie à regarder. Plus d'os que l'on pouvait voir à travers ma peau - merci les kilos de la grossesse -, un joli ventre rond et un sourire sincère.

Une carafe de jus et toute sorte de choses à grignoter étaient posées sur la table de jardin. Je l'attendais. Ne pouvant plus transplaner durant ma grossesse - trop dangereux - je faisais généralement mes trajets en train jusqu'à Londres. Vivre comme une moldue. Pour éviter à nouveau ce calvaire, il était mieux que Theya vienne directement ici. Plus simple, moins fatiguant.
Alors je l'attends, je jette un oeil impatient sur la zone où il est possible de transplaner. Les jambes gigotent, je me lève, ne tiens plus en place. Ralentie par la grossesse, je fais les cents pas dans le jardin, les deux mains sous le ventre pesant.

Saison XXXII - Juillet 2179
Askip j'suis de retour, enfin un chouïa Nana

♪

Perle d'eau qui roule, roule. Sur cette porcelaine étincelante, brisée, qui a vu les émois de ton passé. Celles de ton présent et peut-être aussi de ton futur.
C'est le liquide froid qui glisse sur ton visage qui te réveille, un peu calcairisé mais pas salé. La langue roule sur tes lèvres pulpeuses, apportant encore un peu plus d'humidité à cette peau échaudée.
Une routine matinale comme il y en avait eu d'autre, mais la boule au ventre grossissant comme une tumeur t'apportait une douleur au plus profond de ta chaire et tes organes.
Elle t'avait invité chez eux et t'avais pas franchement envie de le croiser, t'espérais bien qu'il allait pas se pointer pour que tu puisses profiter de passer du temps avec ta meilleure amie qui attendait ce petit être céleste. Un ange que tu avais hâte de rencontrer, et qui serait tu l'espères à l'image de ta meilleure amie pétillante aux yeux océaniques.

C'était en un tourbillon brillant que tu t'envolais à proximité de leur manoir pour la voir. Elle est son ventre contenant la bénédiction des Cieux.
T'observes un peu, timidement, les lieux et la grande allée. Ça peut être qu'ici alors autant y aller, puis c'est pas comme si le grand méchant loup allait te sauter dessus pour te bouffer. Si ? Peut-être.

Elle était là sur une gigantesque terrasse, t'ouvrais les yeux grands comme des satellites. Nana ! Mais ce bidon est whoa ! Tu es ravissante, bouge pas ! L'instinct protecteur prenait le dessus, tu voulais pas qu'elle fasse d'effort même si c'était deux pas vers toi. Tu la serres dans tes bras, le bidon qui t'empêche de le faire comme tu aurais pu le faire avant, tes bras touchent à peine ses omoplates.
C'est pour quand maintenant ? Tu m'as manqué, vraiment manqué.

Ton pied se tord et glisse sur le sol, le regard rivé par terre comme si tu t'en voulais de ne pas avoir passé plus de temps avec elle. Mais là, c'était aussi ta narratrice qui le pensait.

Je la vois arriver, mon sourire s'agrandit. Jamais je n'aurais pensé que me retrouver devant elle me ferait autant plaisir. Ma grossesse était loin d'avoir été une partie de plaisir, mais j'aimais me dire que ça n'avait été qu'une passade. Qui s'attendait à ce que tout se passe bien alors que d'ordinaire, tout explosait ? Les mauvais souvenirs avaient été balayés, tellement que j'en avais oublié d'en informer Theya. La mort de mes animaux, ma phase dépressive, puis Arty qui disparaît... tout cela avait été rangé dans un coin de ma tête et je n'étais que cette femme enceinte, rayonnante, les cheveux brillants et les seins gonflés. J'étais heureuse oui, ce visage n'était pas un masque, mais il cachait les maux de ces sept derniers mois. Il cachait la peur du terme, de l'accouchement auquel je pourrais ne pas survivre - comme ma mère. Et je ne savais pas, je ne savais pas si je devais lui parler de tout ça aujourd'hui. Ce n'était pas pour cela que je l'avais fait venir, ça devrait attendre quelques minutes, quelques heures ou peut-être quelques années. Il me fallait parfois la préserver. Arty avait du mal à gérer, comment elle le pourrait ?

Les embrassades devenaient de plus en plus compliquées, et c'est pas fini, il a encore deux mois pour grossir encore. Bientôt je tomberai en avant sous ce poids. J'essaie tout de même de lui rendre son câlin, tant bien que mal, sachant pertinemment que ça ne pourrait pas se reproduire très souvent : pas très pratique, ni très agréable à vrai dire, tu m'as manqué aussi, mais l'important c'est que tu sois là. Je lui montre le canapé pour qu'elle s'y installe tandis que je m'approche de la table pour servir deux verres de jus avant de lui en tendre un, pas d'alcool pour moi, pas d'alcool pour toi, c'est le deal, un deal que j'avais créé seule mais tant pis. Je m'installe à côté d'elle, la regarde tout en réfléchissant. Si je t'ai fait venir c'est parce que... le regard dérive, se balade, se pose sur l'un des pommiers du jardin, enfin la petite arrive dans deux mois, euh je t'ai dit que c'était une fille ? Je n'en étais plus très sûre, bref euh... elle arrive fin septembre-début octobre et je voulais savoir si tu voulais qu'elle soit ta filleule. Je ferme les yeux, me retiens de me boucher les oreilles parce que j'attendais l'enthousiasme lui fatiguer les cordes vocales. Je la connaissais assez pour savoir qu'elle prendrait ce rôle très au sérieux, qu'elle parviendrait à être la parfaite petite marraine qui gonflerait sans doute Arty. Lui avait choisi son meilleur ami en tant que parrain, il me semblait impensable de ne pas faire de même de mon côté.

Saison XXXII - Juillet 2179

♪

Palpitation au rythme des percussions,
Lentes pendant quelques secondes puis,
Éperdument rapides.
Une accélération impossible à suivre.

T'es émue par ses retrouvailles même si tu le montres pas vraiment, ça te fait un bien fou d'être avec eux. Oui elle, et son bébé. Bébé fille, fœtus encore au chaud dans cette poche de kangourou humaine.
Les zygomatiques s'étirent sur sa petite boutade non-alcoolisée, aujourd'hui vous serez toutes les deux sobres - pour une fois - mais pour le bien du bébé. Heureusement elle ne faisait pas partie de ses personnes qui consommaient malgré tout de l'alcool pendant la grossesse, pour soi-disant se "détendre". Alors que les effets néfastes sur un fœtus peuvent être gravissimes. Cet idée te donnait envie de vomir, que les personnes peuvent parfois être inconscientes des dangers pour un petit être. Le monde est égoïste.

Il ne faut compter sur personne à par soi, le moi reste la seule bonne direction, la seule bonne décision, car l'autre pourra toujours à un moment où un autre te laisser tomber dans les limbes profondes et obscures.
T'attrapes le verre de jus qu'elle t'a gentiment préparé alors que ta narratrice pense à la théorie du monde égoïste et égocentrique. Elle, elle continue de prendre soin de toi à sa manière.

Tu commences à boire pendant que Madame Wildsmith - t'avais encore du mal à te faire à son nouveau nom, pour toi elle sera toujours l'Étincelle salvatrice. T'écoutes vaguement,- un deal ouais ok pas de soucis et tu la regardes perdre son regard comme gênée par ce qu'elle allait te demander. Tu souris gentiment avant d'agiter encore du liquide dans ta bouche, il est vraiment bon ce jus.

Un prout sonore est buccal s'échappe de tes lèvres en recrachant le jus qui se baladait dans ta bouche.

T'ouvres grand les yeux et la regarde, ébahie. Les joues pleines de gouttelettes de jus sucré, il allait falloir que tu nettoies le bordel que tu as foutu sur le sol et sur le canapé. Pourquoi t'étais si stupéfaite ? C'est pas comme si tu n'étais pas sa meilleure amie depuis eh bien... Longtemps ? Très longtemps. Mais ton attention n'était pas tout à fait concentrée sur cette fameuse annonce, t'avais plutôt choisi le joli paysage de leur maison et imaginé dans ton esprit une petite fille bondir comme un cabri dans ce jardin. Une petite fille aux boucles brunes et aux yeux bleus comme sa mère.
On est jamais vraiment prêt à ce genre de demande, et ta surexcitation te fait bondir du canapé pour te jeter doucement sur Loredana. Enfin jeter est un gros mot hein, on va dire qu'elle est très enthousiaste pour lui faire un câlin. Mais bien-sûr !! Mon Dieu Loredana, bien-sûr que je veux être la marraine !!! Qui est le parrain de cette future merveille ?

Tu prends son visage dans ses mains tu t'attends peut-être à ce qu'elle soit étonnée par ton élan d'affection et lui fait un gros smouak collant sur la joue avant de t'accroupir près d'elle - tu t'occuperas du nettoyage après !
Elle va être gâtée avec moi, tu le sais ça hein Nana ! J'en prendrais soin comme la prunelle de mes yeux ! Je suis tellement heureuse, pour toi, pour vous, et ouais pour moi aussi j'ai le droit quand même ? J'suis marraine !!! Tu te lèves et effectue une petite danse improvisée devant elle, espérant qu'elle soit soulagée de t'avoir divulgué l'intention de son invitation.

T'agites ta baguette pour nettoyer toute le liquide sur le sol et sur le canapé pour te rassoir à côté d'elle. C'est pas trop dur la grossesse ? Enfin t'approches au terme... Arty est... enfin il va bien ? Un peu embarrassée de demander ça, parce qu'elle savait très bien que votre relation n'était pas du tout amicale, c'était comme tu l'avais toujours dis de la pure tolérance. Même s'il y avait eu quelques éclats de voix, parfois. Il fallait quand même s'enquérir du futur papa.