Des écailles dans la mémoire
ft. Harmo - Saison XXXII - Hiver
ft. Harmo - Saison XXXII - Hiver
Merci chérie. J'avais jamais remis les pieds ici depuis le réveil de Elhëna. Je lâche un soupir plus rauque. Le bout d'verre toujours planté dans le corps. La secrétaire m'indique l'étage. J'étouffe une plainte quand je monte les marches. Pu*ain. Ça me lance. La douleur me démange dans toute l'épaule : de la clavicule à l'omoplate, derrière. J'suis pas spécialiste de l'anatomie. Y'a des gens qui font des années d'études pour ça, et c'est pas mon délire - on va pas se mentir. Mais j'crois bien qu'elle est déboîtée (au mieux) disloquée (au pire) et la plaie est plus profonde que ce que j'pensais.
Plic.
Ploc.
Plic.
Ploc.
C'est la pluie qui toque au carreau, dehors. C'est le sang qui court sur le carrelage trop propre ici. T'parles d'une urgence ! Et moi qui pensais finir plus tôt ma journée, j'suis garni. Si seulement ce crétin n'était pas aussi saoul après une pinte ou deux, j'en serais pas arrivé jusque là. Par chance, j'étais juste à côté de Ste Mangouste (si on peut appeler ça une chance).
J'attends dans la salle ouverte. Y'a personne, bonjour l'accueil. Y'a un miroir juste là. Je me rapproche un peu plus. Un peu plus encore. J'regarde mon reflet d'écaillé. Mes joues sont rosies par le froid de l'hiver. Mes phalanges aussi, par le choc des coups. Mon épaule tire la tronche. Y'a comme une anomalie bancale et asymétrique dans ce portrait. Ce portrait si parfait.